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Style

Variantes Singulier Pluriel
Masculin style styles

Définitions de « style »

Trésor de la Langue Française informatisé

STYLE1, subst. masc.

I.
A. −
1. Poinçon généralement de métal ou d'os, utilisé dans l'Antiquité et au Moyen Âge pour écrire sur des tablettes enduites de cire. Synon. stylet2(v. ce mot A 1).Du fer d'un style à la pointe acérée, Égratignant la cire impitoyable, il [Suétone] a Décrit les noirs loisirs du vieillard (Heredia, Trophées, 1893, p. 70).C'était une tablette à écrire, d'où pendait un style d'argent. La cire en était presque toute usée, mais on avait dû repasser plusieurs fois les mots tracés (Louÿs, Aphrodite, 1896, p. 35).
2. Instrument métallique pointu servant à dessiner, inscrire, inciser quelque chose. Synon. stylet2(v. ce mot A 2 et 3 b).Les (...) styles (...) dont les potiers romains se servaient pour finir leurs ouvrages (Al. Brongniart, Arts céram., t. 1, 1844, p. 424).[Dans les appareils à stencil] l'opérateur écrit, avec un poinçon métallique ou d'agathe, sur une feuille de papier ciré (...). La pointe du style (...) dessine les caractères par une quantité de perforations (Pethoud, Organ. industr. et comm., 1931, p. 188).
3. Petite tige pointue servant à tracer les courbes sur un cylindre enregistreur. Synon. stylet2(v. ce mot A 3 a).Le baromètre enregistreur [des ballons sondes] se compose d'un organe barométrique qui commande un style traçant les courbes sur un tambour qui tourne (Marchis, Nav. aér., 1904, p. 508).
B. − Tige ou fil dont l'ombre indique l'heure en se déplaçant sur un cadran solaire. L'ombre des styles marquait quatre heures de relevée aux cadrans de tous les clochers (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 346).La boussole (...) coïncide avec l'apparition des premières horloges solaires « modernes » (...). La surface permet d'observer la marche de la ligne d'ombre. Le style est soit un gnomon (...), soit un fil (Bassermann-Jordan, Montres, horl. et pend., 1964, p. 101).V. gnomon ex.
II. − Catégorie de l'esthétique permettant de caractériser l'organisation des formes verbales, plastiques, musicales, que l'histoire de l'art a identifiées et décrites comme ayant fait époque ou comme étant marquées par un artiste particulier.
A. − Domaine du lang. et de la ling.
1.
a) Ensemble des moyens d'expression (vocabulaire, images, tours de phrase, rythme) qui traduisent de façon originale les pensées, les sentiments, toute la personnalité d'un auteur. Synon. écriture, plume.Style original, personnel, propre; style d'un auteur, d'un poète; caractère du style (de); travailler son style; former, imiter le style (de). Le caractère de l'homme (...) est son style. Dans le style de Dante, ferme, presque sans épithète, amer et mystique, qui ne sent le gibelin dévot? Dans celui de Montaigne, l'homme heureux, oisif, curieux et paisiblement soigneux de son éloquence (...)? (Vigny, Journal poète, 1854, p. 1317):
1. Pour que l'idée laissât des traces, je me proposais de la revêtir de toutes les ciselures de mon style, d'y prodiguer ces arabesques capricieuses qui sont le sceau de l'artiste, son cachet et son blason; je me promettais (...) de faire osciller ma phrase dans le balancier de l'antithèse, (...) de la faire bondir sur la cataracte de l'énumération, au milieu de substantifs bruyants et d'épithètes écumeuses. Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 61.
P. méton. [À propos d'une œuvre littér.] Ensemble des traits expressifs qui dénotent l'auteur dans un écrit. Style d'une lettre. Le style d'une œuvre littéraire est le système d'oppositions par lequel des modifications expressives (intensification de la représentation, coloration affective, connotation esthétique) (...) sont apportées à l'expression linguistique, au processus de communication minimale (M. Riffaterreds Rom. Philol.t. 14 1960-61, p. 217).
b) Absol. Manière d'écrire ou de parler très personnelle. Absence de style; travail du style. Le style est la volonté de s'extérioriser par des moyens choisis. On confond généralement comme Buffon langue et style, parce que peu d'hommes ont besoin d'un art de volonté (Jacob, Cornet dés, 1923, p. 13).Le style conserve la pensée (...). Mais c'est la pensée qui fait le style. C'est la pensée rude et serrée de Pascal qui donne à sa langue des traits de feu (Chardonne, Attach., 1943, p. 108).
Avoir du style; faire du style (rare). Goncourt a du style, une certaine vie nerveuse (...). Le style, c'est la tournure, c'est le mouvement de l'âme, ses frémissements, ses hardiesses, son élan rendu sensible (Barrès, Cahiers, t. 7, 1908, p. 100).Un gamin des rues emploie des mots pittoresques et façonne ses phrases d'une manière imprévue et piquante; il fait du style sans le savoir (Bally, Lang. et vie, 1952, p. 27).
(Être) dénué de style; sans style; manquer de style. Les Foules de Lourdes de Huysmans (...) un livre de faiseur, sans style et sans véritable émotion, sans forme, sans valeur (Alain-Fournier, Corresp. [avec Rivière], 1909, p. 112).
Créer un style. C'est un des rares ouvrages [À rebours, de Huysmans] qui créent un style, un type, presque un art nouveau (Valéry, Lettres à qq.-uns, 1945, p. 11).
[P. allus. à Buffon et à son discours de réception à l'Académie française, prononcé en août 1753] Le style est l'homme même. Le style reflète l'individualité de son auteur et présente un intéret durable, à la différence du sujet traité. Le style c'est l'homme et l'œuvre l'expression d'une nature et d'une aventure, d'une expérience incommensurable à toute autre et qui, par conséquent, transcende toute catégorie normalisée (Guiraudds Langage, 1968, p. 440).
2.
a) Mode d'expression verbale qui est spécifique de tel genre ou sujet littéraire, qui correspond ou non à certaines normes formelles. Il est un style qui n'est que l'ombre (...), le dessin de la pensée; (...) [il] convient à la métaphysique, où tout est vague et étendu, et aux sentiments de piété, qui ont quelque chose d'infini (Joubert, Pensées, t. 2, 1824, p. 63).Laisse à d'autres les ingéniosités de style, les hardiesses de syntaxe, la poursuite des épithètes rares (...): pour une œuvre (...) dont le fond seul importe, contente-toi d'un style clair, correct, dépouillé (Martin du G., Souv. autobiogr., 1955, p. lxxxv).V. académique ex. 13, ampoulé ex. 5, écrit ex. 3, épistolaire ex. de Joubert.
SYNT. Style littéraire, oratoire, parlé; style admirable, exquis, médiocre; style didactique, énergique, pur; style allégorique, artiste, emphatique, épique, fleuri, lyrique, orné, pittoresque, pompeux, précieux, sublime; style élevé, soutenu; style familier, naïf, naturel, plat, simple; style biblique, chrétien, comique, philosophique, poétique, tragique; beau, haut, joli, mauvais style; écrit d'un/dans un style (+ qualificatif); beauté, charme, élégance, grâce(s), magie, négligence, perfection, pureté, qualité, raffinement, recherche du style (de).
GRAMM. Style direct, indirect. Synon. de discours direct, indirect (v. discours C 1 b).Il y a trop, beaucoup trop de dialogues. Pourquoi ne pas vous servir plus souvent de la forme narrative et réserver le style direct pour les scènes principales? (Flaub., Corresp., 1870, p. 103).Peut-être ne faisait-elle que répéter en style indirect les propos violents qu'elle avait entendus (Proust, Temps retr., 1922, p. 845).
Style figuré. V. figuré A 2 b et ex. de Stendhal.Style lapidaire. V. lapidaire2A et ex. de E. Leclerc.Style noble. V. noble1B 2 a et ex. de Stendhal, ex. 10.Style pressé. V. pressé II A 2 b et ex. de Sainte-Beuve.
b) Absol. [Avec une valeur gén. favorable; beau, bon étant plus ou moins nettement sous-entendus] Mode d'expression verbale qui correspond idéalement à certaines normes formelles. Effet, étude, exercice, morceaux, procédé, tournure de style; art, règles, souci du style. Il avait le don naturel du style, comme si sa plume eût suivi le calque des plus grands écrivains. Il était naturellement antique dans le discours, poëte (...) dans les vers (Lamart., Confid., Graziella, 1849, p. 323):
2. Son exercice [de la lecture] enseigne, paraît-il, le style, la convenance et la façon de disposer, pour l'agrément du lecteur et la satisfaction de notre conscience, la masse informe que nous portons en nous, d'en aménager avec décence le tohu-bohu. Arnoux, Roi, 1956, p. 33.
Figure de style. V. figure I B 3 b et rem.Avoir du style, faire du style (avec une nuance iron.). Les filles publiques en écrivant font du style et de beaux sentiments (Balzac, Splend. et mis., 1847, p. 617).Mon père, il avait du style, l'élégance lui venait toute seule (...). Lempreinte, ce don l'agaçait (...). Il lui a fait recommencer presque toutes ses lettres (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 58).
P. iron. [Mis pour mauvais style] Ton patron nous écrit: J'ai reçu une lettre du général, comme vous, pas trop honnête. Il veut dire: comme celle que vous avez reçue. Tout le reste est de ce style (Courier, Lettres Fr. et Ital., 1806, p. 719).
3. Mode d'expression verbale propre à une école, à une nation, à une époque. Style français, moderne, romantique; style du temps, d'une époque, du XVIIesiècle. La liberté fort grande du style contemporain et parisien ne lui suffisait pas. Il [Balzac] prit celui de Rabelais et de Brantôme pour peindre avec la minutie du seizième siècle, les crudités du seizième siècle (Taine, Nouv. Essais crit. et hist., 1865, p. 11).Dès qu'un auteur (...) parvient à capter quelques mouvements de l'âme dans ces lignes pures, simples, élégantes et légères qui caractérisent le style classique, aussitôt on le porte aux nues (Sarraute, Ère soupçon, 1956, p. 85).
4. Mode d'expression verbale propre à une activité, à un groupe professionnel. Synon. jargon, langage, phraséologie, vocabulaire.Style administratif, diplomatique, télégraphique; style de publicité. Quel contraste je trouvois entre le style boursoufflé et vide des chancelleries de nos Cantons Suisses avec les formes brèves et tranchantes des hommes de la grande république! (Bonstetten, Homme Midi, 1824, p. 208).L'encyclique du Pape est bien belle, accusant Victor-Emmanuel d'établir « des maisons de débauche » (...). Quel bon style poncif que le style ecclésiastique! (Flaub., Corresp., 1860, p. 403).V. commercial A 2 ex. de Flaubert.Style de Palais. V. palais1C 2.
En style de + subst.Selon la façon de s'exprimer de. Marthe très énervée (...) avait traité son époux de « cocu » avec tant de fréquence et de conviction que le malheureux n'avait plus douté de ce qu'on appelle, en style de reporter, « l'étendue de son malheur » (Colette, Cl. s'en va, 1903, p. 257).V. broutille ex. 2.
B. − PEINT., SCULT.
1. Manière personnelle d'utiliser certains moyens artistiques (choix du sujet, des formes, des lignes, jeu des couleurs) qui permet de reconnaître un artiste à travers ses œuvres. Synon. facture1, griffe1, patte1, touche.Ses compositions, toujours étranges et inattendues, (...) étaient bien à lui et n'avaient d'autre style que le sien (...) son unique procédé consistait à peindre (...) en exaspérant la violence de ses reliefs de couleur (Bloy, Femme pauvre, 1897, p. 134).L'énergie morale, la puissance prophétique, la grandeur d'ailleurs convulsive du style de Michel-Ange (Faure, Espr. formes, 1927, p. 104).
Dans le style de + n. propre.D'une manière propre à tel artiste ou qui évoque cet artiste. Les fauteuils (...) racontaient (...) des bergeries dans le style de Boucher et de Watteau (Murger, Scène vie jeun., 1851, p. 126).
P. méton. [À propos (d'un aspect) d'une œuvre] Qualité de ce qui manifeste le tempérament propre d'un artiste. Pour M. Decamps, la couleur était la grande chose (...). Sa couleur splendide et rayonnante avait de plus un style très particulier. Elle était (...) sanguinaire et mordante (Baudel., Salon, 1846, p. 139).
2. [Avec une valeur fortement laud.] Le (grand, haut, etc.) style. Qualité de celui/ce qui révèle une personnalité artistique très affirmée, de celui/ce qui exprime magistralement un sujet, en lui donnant du caractère, de la grandeur ou de ce qui répond idéalement à certaines normes esthétiques. Synon. allure, cachet.Aucun de nos peintres modernes (...) ne serait capable de peindre cette tête [de lady Harley] ; ils y voudraient placer l'imitation de l'antique ou le style, comme on dit à Paris, c'est-à-dire donner l'expression de la force et du calme (Stendhal, Rome, Naples et Fl., t. 1, 1817, p. 33).À la matière sans équivalent de Cézanne s'ajoute la majesté du dessin, qui parvient au style, au grand style, par l'intervention du trait qui (...) résume les inflexions essentielles (Lhote, Peint. d'abord, 1942, p. 131).
En partic. [Chez Nietzsche] La grandeur d'un artiste ne se mesure pas aux « beaux sentiments » qu'il excite (...)! Elle dépend de la mesure dans laquelle il approche du grand style (...). Ce style a ceci de commun avec la grande passion qu'il dédaigne de plaire, qu'il oublie de persuader, qu'il commande, qu'il veut (Fr. Nietzsche, La Volonté de puissance, trad. par G. Bianquis, t. 2, 1937, p. 338).
De grand, haut style. C'est [le Partage de la tunique du Christ] une œuvre de grand style, splendide et pleine, toute ramassée autour de la noble tristesse du Christ (Barrès, Greco, 1911, p. 22).La Loge [par Renoir], conçue dans une harmonie sourde, dans une pénombre chaleureuse, est une œuvre d'élégance quintessenciée et de haut style (Mauclair,Maîtres impressionn.,1923,p. 136).
Avoir du style; (être) sans style. Si l'on entend par style, l'idéal de ce qui est pur et beau transcrit en formules, il [Rubens] n'a pas de style (Fromentin, Maîtres autrefois, 1876, p. 48).Le Faust, d'Ary Scheffer, (...) les religiosités de M. Flandrin, sont (...) sans aucun style, attendu qu'aucun de ces deux hommes n'avait une palette qui lui appartînt (Huysmans, Art mod., 1883, p. 195).
3. P. anal. [À propos de l'aspect d'un paysage, d'une pers.] Qualité de ce qui évoque l'œuvre d'un maître. Ce pays (...) est rustique au possible, ce qui ne l'empêche pas d'avoir un grand style, à cause de ses beaux arbres et de ses verdures immenses (Sand, Corresp., t. 5, 1864, p. 36).Je trouve à la gare (...) un groupe d'une vingtaine de zouaves (...). Rien n'est beau, rien n'a du style, rien n'est sculptural, rien n'est pictural comme ces éreintés d'une bataille (Goncourt, Journal, 1870, p. 583).
C. − ARCHIT., ARTS DÉCOR.
1. Ensemble des traits esthétiques qui caractérisent les œuvres d'une école, d'une nation, d'une époque et qui permettent de les dater, classer, évaluer. L'architecture monastique (...) passa successivement par toutes les variations de formes qui caractérisent les cinq grandes divisions de l'art chrétien: style latin, style byzantin, style roman, style ogival, et style classique ou de la renaissance (Lenoir, Archit. monast., 1852, p. xvi).L'art décoratif secoue le joug de la pesante ornementation Louis quatorzième. (...) vers 1730-1735 un nouveau style est né: le style Louis XV, triomphe de l'asymétrie et de la ligne sinueuse (Viaux, Meuble Fr., 1962, p. 82).V. gothique ex. 1, jésuite ex. 4, modern style ex.
SYNT. Style ancien, barbare, baroque, colonial, décoratif, grec, rétro, rocaille, rococo, rustique, troubadour; style Henri II, Louis XIII, Louis XIV, Régence, Louis XVI, Directoire, Empire, 1900; vieux style; style d'architecture; mélange de styles; unité de style; de/d'un grand style.
De/du/en style + déterminatif; de pur/du plus pur/beau style + déterminatif. Église, maison de style + déterminatif. La mosquée de Sultan Haçan est de pur style arabe (...) et d'une fort belle époque (1347-1361) (Du Camp, Nil, 1854, p. 34).Un salon propre et correct, de style Louis-Philippe, aux meubles froids et lourds (Maupass., Contes et nouv., t. 1, J. Romain, 1886, p. 1293).P. ext. Dans le/de/du style + déterminatif. D'une manière, d'un genre esthétique cherchant à reproduire un style authentique plus ancien. Ce lit, historié en toutes ses parties dans le style Renaissance, tel qu'on le traitait sous Louis-Philippe, présentait (...) un médaillon orné de perles (A. France, Pt Pierre, 1918, p. 280).Les docks de Sainte-Catherine sont du style grec d'il y a cent ans: colonnes antiques entourant des bassins; on dirait un entrepôt sur un temple (Morand, Londres, 1933, p. 308).
2. Absol. Ensemble des traits caractérisant tel genre esthétique particulier. Donner du style à. L'église, où il n'y a plus aucun style: ni la poésie gothique, ni le gracieux de la Renaissance, ni l'austérité janséniste (Michelet, Journal, 1839, p. 311).Le Continental conserve le style. L'électricité se cache sous les globes à gaz des lampadaires (Cocteau, Portr.-souv., 1935, p. 202).
Meuble (de style). (Meuble) qui appartient à un genre esthétique défini, notamment ancien, ou qui imite un genre esthétique ancien sans être d'époque. Les jeunes filles apprenaient par des racontars que l'amour se consomme sur des canapés de style, dans des pièces du genre boudoir (Aymé, Jument, 1933, p. 186).
Avoir du style; (être) sans style. Ce grand village est merveilleux. Il a du style, de l'allure (...). Les cases ne sont plus ces huttes (...) uniformément laides (...), mais vastes, de bel aspect (Gide, Voy. Congo, 1927, p. 768).La maison est sans style, l'appartement sans caractère (Green, Journal, 1946, p. 42).
D. −
1. COST., MODE. Ensemble des traits esthétiques qui caractérisent les créations d'un couturier, les costumes d'une époque, la manière de s'habiller, de porter la toilette propre à telle personne. Style décontracté. Il existe dans la mode des vêtements, dans la manière dont une femme, célèbre par son goût, se tient et marche, un style indescriptible (...). Ce style est le cachet des classes (Balzac, Œuvres div., t. 2,1830,p. 145).« (...) tu as un bien beau tailleur. − (...) il vient de chez Balmain. » Il n'y avait rien à dire contre cette coupe raffinée, (...) je n'étais pas habituée à son nouveau style (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 398).
Fam. Le style + subst. en appos.Si tu avais les moyens, tu aimerais t'habiller comment? (...) Pas le style fille-à-papa-fourrure, pas le style collégienne-bleu-marine, pas le style dame-de-trente-ans (Le Nouvel Observateur, 29 déc. 1980, p. 39, col. 3).V. acerbe ex. 9.
De (grand) style. La maîtrise consistait à alterner les mèches de la chevelure avec les plis brisés de luxueuses étoffes. Il entrait dans la confection de ces coiffures de grand style jusqu'à quinze mètres de linon (Stéphane, Art coiff. fém., 1932, p. 139).
Avoir du style. Tout ornement libre est laid. C'est la raison pour laquelle les costumes ont presque toujours plus de style que les autres objets ornés, et pourquoi une broderie en couleurs plaît plus aisément qu'une peinture (Alain, Beaux-arts, 1920, p. 186).
2. ESTHÉT. VESTIM. ET INDUSTR. Synon. de stylisme (v. ce mot B).Le Centre de style crée un poste de documentaliste (...) chargé(e) de (...) gérer l'information concernant la création industrielle (Le Nouvel Observateur, 4 oct. 1976, p. 82).Elle (...) [a] fait ses premières armes avant de travailler dans une dizaine de bureaux de style. Collections (...), réalisation de cahiers de tendancesils permettent de déterminer les couleurs, les formes, les matières qui deviendront à la mode et conditionnent les productions (Le Monde loisirs, 14 avr. 1984, p. xvi).
E. −
1. MUS., CHORÉGR. Manière de composer particulière à un auteur, une école ou caractère distinctif d'une œuvre. Cette œuvre [symphonie en « ut » majeur], (...) par son style mélodique, par sa sobriété harmonique (...) se distingue (...) des autres compositions de Beethoven (Berlioz, À travers chants, 1862, p. 19).On parle de ses trois manières (...); à la vérité (...), le style de Verdi reste si personnel qu'il suffit d'entendre une phrase d'un de ses ouvrages, même du début de sa carrière, pour le reconnaître (Dumesnil, Hist. théâtre lyr., 1953, p. 162).V. comique ex. de Delacroix.
De style. Une danse de style, comme le menuet, est une danse de politesse (Alain, Beaux-arts, 1920, p. 202).
2. P. anal. Manière personnelle d'interpréter une œuvre musicale, chorégraphique, théâtrale, cinématographique. C'était une assez décente pianiste [MmeOtto] (...) et d'un certain style, celui, en plus moelleusement fade, que lui avait légué feu Otto (Arnoux, Solde, 1958, p. 213).Dans Orphée le ton ne peut être ni familier ni « poétique ». Il doit correspondre à l'écriture d'un texte dur (...). Voilà le style que Jean Marais possède (Cocteau, Poés. crit. I, 1959, p. 248).
III.
A. −
1. Manière habituelle d'appréhender, d'apprécier les choses et de se comporter, propre à une personne ou un groupe. Les dimanches des stalags ressuscitèrent (...) les dimanches de n'importe quelle petite ville française. On y reconnaissait les habitudes familières de la race, son ingéniosité, son amour du bien-vivre, son style aimable et débraillé (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 156):
3. Le monde a son unité (...). Elle est comparable à celle d'un individu que je reconnais dans une évidence irrécusable (...), parce qu'il conserve le même style dans tous ses propos et dans toute sa conduite, même s'il change de milieu ou d'idées. Un style est une certaine manière de traiter les situations... Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p. 378.
P. méton. [À propos d'un trait hum.] Synon. de genre, modalité.Ne parlons pas d'un nouveau type de sainteté (...). Mais les conditions historiques changeantes peuvent donner lieu à des modes nouveaux, à des styles nouveaux de sainteté. La sainteté de François d'Assise a une autre physionomie que celle des stylites (Maritain, Human. intégr., 1936, p. 134).On ne peut consentir à vivre qu'en ignorant tout du style de sa mort et des formes de son vieillissement (Nizan, Conspir., 1938, p. 110).
Locutions
Fam. (Le) style + subst. en appos.; subst. + style + subst. en appos.; subst. + adj. + style; subst. + style + adj. (A) la manière caractéristique de. Il réalisait le type d'un de ces Allemands nouveau style qui affectent de répudier avec des railleries le vieil idéalisme de la race (Rolland, J.-Chr., Matin, 1904, p. 117).Ce que j'appelle, en fait de sortie, le style femme de ménage (Colette, Seconde, 1929, p. 255).Le carré de soie noire, style Pieds-Nickelés, qui protégeait son œil (Malraux, Cond. hum., 1933, p. 196).
Dans le/de style + déterminatif; du style de + déterminatif. À la façon typique de. Quelle différence entre un Cruppi et une larve du style de Hanotaux, toujours biaisant (L. Daudet, Salons et journaux, 1917, p. 188).Je faisais aussi des colères dans le plus pur style Pasquier. La ressemblance était frappante (Duhamel, Nuit St-Jean, 1935, p. 81).Le paranoïaque de style persécuté (Mounier, Traité caract., 1946, p. 358).
De grand style. De vaste envergure, avec des moyens importants. Offensive de grand style. Je proposais de monter une opération de grand style sur le front des armées (...) et de doter cette attaque du maximum de moyens qu'il serait possible de réunir (Joffre, Mém., t. 2, 1931, p. 349).
Style d'action, d'existence, de vie. Manière personnelle d'agir, de se conduire dans la vie. Marie-Dorée découvrait en l'écoutant [la comtesse] un genre d'existence, une éducation, un style de pensée et de vie (...) qu'elle ne soupçonnait pas (L. de Vilmorin, Lit à col., 1941, p. 244).
Être (bien) dans le style de + subst.; être (bien) dans son style de + inf. Être dans les goûts, dans les façons de faire habituelles de. Je n'aime pas beaucoup ça, ces visiteuses que l'on reçoit dans sa chambre. Ce n'est pas dans le style de la maison. Mais, pour une fois! (Bourget, Actes suivent, 1926, p. 159).Rien qui fût moins dans son « style » que d'être assise sur le tapis (Mauriac, Plongées, 1938, p. 18).
2. [Avec une valeur fortement laud.] Le (grand) style (de qqn/qqc.). Manière de se présenter, de se comporter qui marque un rang élevé, qui est empreinte de noblesse, de distinction. Arrivée en bas [de l'escalier], elle rejeta le pardessus. Dans ce rez-de-chaussée (...) d'une nudité pompéienne, Hedwige drapée à l'antique (...), quel style! (Morand, Homme pressé, 1941, p. 133).Pièce monumentale, avec colonnes de marbre, dallage de marbre (...). Tout respire le luxe et le grand style. Ravier: grand, mince, élégant (Montherl., Celles qu'on prend, 1950, i, p. 767).
De (grand) style. C'est dans ma chambre qu'il recevait celle que nous appelions « la dame », une putain de style, (...) je n'ai gardé souvenir que du dégoût qu'elle me causait avec la distinction de son allure, son élégance et son afféterie (Gide, Si le grain, 1924, p. 572).Il avait entrevu d'abord une dispute de grand style, quelque chose de magnifique avec éclats de voix, tirades, agenouillements et sanctions. Il avait préparé des mots cinglants (Duhamel, Passion J. Pasquier, 1945, p. 226).
Avoir, donner du style. Avoir, donner de la dignité, de l'allure, du panache. Myope et maladroit de son corps (...), il se tenait sous les injures, sous les agressions même, intrépide. Son orgueil lui donnait du style (Barrès, Appel soldat, 1900, p. 202).Cette demeure (...) tout ensemble historique et vivante, habitée par des descendants qui ont à la fois du « style » et de la vie (Proust, Chron., 1922, p. 51).Manquer de style. Manquer de classe, de grandeur. Elle avait dû se faire une instruction et une éducation, car elle ne manquait, à l'occasion, ni d'esprit, ni de style, ni de tenue (Zola, Paris, t. 1, 1897, p. 85).
En partic. [À propos d'un employé de maison] Manière élégante d'accomplir son service dans les formes. Le petit vieux saisit (...) le bouton d'une porte (...). Le domestique de haut style l'en décroche avec des précautions respectueuses, et lui dit d'une voix bien cultivée, sévère et douce à la fois:J'en demande pardon à Monsieur (Renard, Lanterne sourde, 1893, p. 29).Les chauffeurs de grand style arrivent (...) en gants mousquetaires, pour vérifier si leurs Rolls ont été bien lavées (Morand, Londres, 1933, p. 177).
B. − Spécialement
1. Arg., vx. Synon. de argent.Nous vendrons ce butin à la première occasion, et nos profondes auront le style qui leur manque (A. Camus, Bohèmes, 1863, p. 193).
2. DR., vx. ,,Manière de procéder en justice`` (Barr. Suppl. 1967, Barr. 1974). Le style du Châtelet. Le style du Parlement (...). Style de la Cour de Rome (Ac. 1798-1935). L'instruction commença sur-le-champ. Avec de si faibles éléments, il était impossible, en style de parquet, d'en tirer une condamnation à mort (Balzac, Splend. et mis., 1847, p. 560).
Clause de style. V. clause A et ex. 2.Cette clause de style, servant d'ironique conclusion à la mise en demeure qui la contredisait (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p. 117).
3. HIST. ,,Point de départ de l'année`` (Fédou Moy. Âge 1980). En France, le style le plus courant était celui de Pâques (...). L'indication « nouveau style » (n. s. ou n. st.) portée à la suite d'une date signifie que celle-ci est exprimée après conversion en style actuel, c'est-à-dire en prenant pour point de départ le 1erjanvier. Ce style du 1erjanvier a été rendu obligatoire par une ordonnance de Charles IX (1564) (FédouMoy. Âge1980).
Vieux style/nouveau style. ,,Vieux style, La manière dont on comptait dans le calendrier, avant sa réformation par Grégoire XIII, et qui est encore suivie en Grèce et en Russie. Nouveau style, La manière dont on compte depuis cette réformation. C'est aujourd'hui le quinze de janvier selon le vieux style, ou simplement, vieux style; et le vingt-six, nouveau style`` (Ac. 1835). Je donne les dates en style décadaire et en style grégorien. Quoique le dernier soit le seul employé maintenant, le premier étoit en usage à l'époque de notre voyage; j'ai dû le conserver parce que les éphémérides Françoises, dans cet invervalle, sont calculées suivant ce calendrier (Freycinet, Voy. terres austr., 1815, p. 469).C'est le 8 mars (style ancien), 20 mars (style nouveau) que Missolonghi (...) a succombé (Delécluze, Journal, 1826, p. 336).
Vieux style. ,,Se dit aussi de l'ère chrétienne, par opposition à l'ère républicaine commencée le 22 septembre 1792`` (Littré). Je suis prisonnier des Anglais depuis le 14 thermidor an VI (ou le 2 août 1798, vieux style, qui, dit-on, redevient à la mode aujourd'hui) (Vigny, Serv. et grand. milit., 1835, p. 145).
4. SPORTS. ,,Manière d'utiliser la technique propre à telle (...) spécialité sportive, que le pratiquant assimile à l'entraînement, pour atteindre dans l'épreuve à l'efficacité et à l'élégance du geste`` (Petiot 1982). La technique du coureur et la maîtrise de ses skis, en un mot son style (...) apparaissent dans le slalom (Comment parlent les sportifsds Vie Lang.1952, p. 140).L'entraîneur corrige le style des rameurs et les amène progressivement à harmoniser leurs mouvements, à acquérir le rythme voulu (Jeux et sports, 1967, p. 1534).
Avoir du style. Grand et bien taillé, Duncan (...) sut ce que c'est que d'avoir du style sur piste [vélocipédique] (Baudry de Saunier, Cycl., 1892p. 445).
REM.
Stylométrie, subst. fém.,ling. Science qui utilise les statistiques pour l'étude du style (supra II A). On peut mesurer le lexique et la syntaxe d'un style (...). La stylométrie usera de tous les moyens de mesurer: on pourra compter, calculer, faire des analyses factorielles, des prévisions statistiques, des comparaisons, (...) son objet global demeure cette propriété de l'ensemble sur laquelle s'exerce finalement le jugement esthétique (J.-M. Zembds Rech. de styl., Nancy, C.R.A.L., 1967, p. 36).
Prononc. et Orth.: [stil]. Ac. 1694, 1718: stile, style; dep. 1740: style. Homon. style2. Étymol. et Hist. A. Ca 1290 estile « manière d'agir » (Gautier de Bibbesworth, Traité sur la lang. fr., éd. A. Owen, 278); ca 1350 stile (Gilles le Muisit, Poésies, I, 125 ds T.-L.); ca 1480 selon son stille « à sa manière » (Myst. Viel Test., 43204, éd. J. de Rothschild, t. 5, p. 295); 1540 changer le stille de sa vie « changer de manière de vivre » (B. de La Grise, L'Orloge des Princes [trad. du texte esp. de A. Guevara], L. III, foXIV ro). B. Ca 1393 « manière de parler » (Ménagier de Paris, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, p. 194, 36); spéc. 1870 gramm. style direct (Flaub., loc. cit.); 1913 style indirect (Péguy, Argent, p. 1233: conjonction latine de style indirect). C. 1. 1536 stile « manière de composer, d'écrire » (R. de Collerye, Œuvres, éd. Ch. d'Héricault, p. 46); spéc. a) id. hault stille « manière la plus noble de s'exprimer par écrit » (Id., ibid., p. 258); b) 1538-58 stille bas (Mellin de Saint-Gelais, Œuvres, t. 2, p. 2); 2. 1699 Beaux-Arts (R. de Piles , Abrégé de la Vie des Peintres, Idée du Peintre parfait, p. 4 ds Brunot t. 6, p. 707, note 7: Que le peintre dessine correctement et d'un stile varié); 3. a) 1671 « caractère propre à une langue » (Bouhours, Les Entretiens d'Ariste et d'Eugène, p. 86 ds Quem. DDL t. 21: stile Asiatique); b) 1734 « caractère général des œuvres des écrivains ou artistes d'un même pays, d'une même époque, etc. » ici, litt. (Voltaire, Lettres philos., t. 2, p. 125: la licence impétueuse du stile anglais); 1742 (J.-B. Dubos, Hist. crit. de l'établissement de la monarchie fr. dans les Gaules, t. 2, p. 367: enseignemens [...] écrits dans le style du sixieme siecle). D. 1346 jur. stille « règlement coutumier » (Arch. JJ 75, fo59 vods Gdf.); 1564 être de style « relever du droit coutumier » (Thierry); 1765 clause de style « clause se trouvant ordinairement dans tous les actes d'une même espèce » (Encyclop.). E. 1. Fin xives. stille « poinçon à écrire » (B.N. lat. 13032, 11800 ds Roques, p. 395); 1546 style (Rabelais, Tiers Livre, chap. 25, éd. M. A. Screech, p. 178, 32); 2. 1562 p. ext. stile « tige dont l'ombre portée sur un cadran solaire indique l'heure » (Bullant, Horolog., p. 10 ds Gdf. Compl.); 3. 1672 « instrument de chirurgie long et pointu » (J. Scultet, L'Arcenal de Chirurgie [ouvrage trad. du lat. par Fr. Deboze], p. 17). F. 1457-66 stille « manière de compter les jours de l'année et de fixer le début de celle-ci » (Ch. des comptes, reg. no6301, A. du royaume de Belgique ds Gdf. Compl.); av. 1630 nouveau stile « manière de fixer le début de l'année postérieure à la réforme de 1582 » (A. d'Aubigné, lettre ds Œuvres, éd. Réaume et de Caussade, t. 1, p. 530); 1802 nouveau style « manière de compter les jours selon le calendrier révolutionnaire » (Nouv. dict. fr.-all. et all.-fr., Basles, S. Flick d'apr. FEW t. 12, p. 266b). Empr. au lat.stilus« tout objet en forme de tige pointue; poinçon pour écrire » (d'où E), puis « manière, style », « œuvre littéraire » en lat. d'époque impériale (d'où A, B, C), « coutume, mœurs » et « règlement, formule juridique » en lat. médiév. (xiiies. et xives. ds Du Cange, s.v. stillus; d'où D), aussi « manière de fixer le début de l'année » (xives. d'apr. Nierm.; d'où F). La graph. avec -y- est due à l'infl. du gr. σ τ υ ̃ λ ο ς « colonne; pointe » (v. style2). Voir FEW t. 12, pp. 266b-268. Bbg. Delbouille (P.). Les Art. style et stylistique dans les nouv. dict. fr. de ling. Cah. d'analyse textuelle. 1976, t. 18, pp. 7-37. −Klinkenberg (J.-M.). Essai de redéfinition sémiol. du concept de style. Fr. mod. 1985, t. 53, pp. 242-245. −Quem. DDL t. 11 (s.v. style de révolution), 27, 31 (s.v. style télégraphique), 36, 37. − Reimann (R.). Obs. sur l'us. contemp. du mot style. B. Inform. Lab. Anal. Lexicol. 1961, t. 5, pp. 43-53. −Rohr Geldbezeichn. 1987, p. 247. −Sayce (R. A.). The Definition of the term style. In: Congrès de l'Assoc. internat. de Litt. comp. 3. 1962, pp. 156-166. −Sempoux (A.). Note sur l'hist. des mots style et stylistique. R. belge Philol. Hist. 1961, t. 39, pp. 736-746.

STYLE2, subst. masc.

A. − Littér. Synon. de colonne.Le papayer qu'on eût pris pour un style d'argent ciselé, surmonté d'une urne corinthienne (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 335).Quoi de plus simple que de poser horizontalement une pierre sur deux styles verticaux? Et cependant, de ce principe si simple, combien les Grecs ont-ils su tirer de conséquences? (Viollet-Le-Duc, Archit., 1863, p. 458).
P. anal. Un peuplier dont le long style s'élevait dans le ciel comme un pinceau (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 119).Vois ce pays (...) Regarde-la, cette colonne italienne (...), cette terre longue et resserrée dans le soleil, Je dis cette Clef royale, et ce style (Claudel, Feuilles Saints, 1925, p. 677).
B. − BOT. Partie du pistil située entre le stigmate et l'ovaire, de forme allongée et cylindrique. [Dans la fleur femelle du châtaignier] l'ovaire (...) est surmonté de six styles cartilagineux et à stigmates simples (Baudrillart, Nouv. manuel forest., t. 1, 1808, p. 161).V. pistil ex.
C. − ZOOL. ,,Petit prolongement pointu, articulé ou non`` (Séguy 1967). Chez les Blattidae [groupe d'insectes ayant pour type les blattes] (...), il existe deux paires de ces appendices terminaux désignés sous le nom de styles (...) qui ont la forme de filets pluriarticulés (E. Perrier, Zool., t. 1, 1893, p. 1162).
REM.
Stylaire, adj.,bot. Qui appartient au style (supra B). Une cause importante de stérilité est la désharmonie entre la constitution d'un style et celle d'un tube pollinique, (...) le tissu stylaire inhibe la croissance du tube pollinique (Cuénot, J. Rostand, Introd. génét., 1936, p. 72).
Prononc. et Orth.: [stil]. Att. ds Ac. dep. 1835. Homon. style1. Étymol. et Hist. 1. 1721 bot. stile synon. de pistil (Trév.); 1765 désigne une partie du pistil (Encyclop.); 2. 1848 synon. de colonne (Chateaubr., Mém., t. 1, p. 335); 3. 1872 zool. (Littré). Empr. au gr. σ τ υ ̃ λ ο ς « colonne; pointe » par la lang. des savants. Voir FEW t. 12, p. 323b.
STAT.Style1 et 2. Fréq. abs. littér.: 4 838. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 7 290, b) 7 192; xxes.: a) 5 880, b) 6 964.
BBG.Reimann (R.). Obs. sur l'us. contemp. du mot style. B. Inform. Lab. Anal. Lexicol. 1961, t. 5, pp 43-47.

Wiktionnaire

Adverbe - français

style \stil\

  1. (Familier) tic de langage utilisé dans le langage oral pour préciser ou illustrer un propos.
    • On va lui offrir une petite surprise, style une bougie décorative.

Nom commun - français

style \stil\ masculin

  1. (Botanique) Filament reliant l’ovaire au stigmate, au centre de la fleur.
    • Le Limettier acide (C. Aurantium, sous-espèce aurantifolia, var. proper), a le fruit limoniforme, terminé par un mamelon quelquefois surmonté par un style persistant. — (Encyclopédie biologique, vol.2 à 3, 1928, page 86)
    • Le style est long car il est nécessaire de tenir haut le stigmate de façon à ce que les abeilles puissent s'y cogner. Cela oblige le tube pollinique à se lancer dans une odyssée difficile et cette épreuve permet à la plante de jauger ses prétendants. — (David George Haskell, 2 avril : L'empire des fleurs, dans Un an dans la vie d'une forêt, traduit de l'anglais (États-Unis) par Thierry Piélat, éd. Flammarion, 2018)
  2. (Vieilli) Sorte de poinçon ou de grosse aiguille, avec la pointe de laquelle les anciens écrivaient sur des tablettes enduites de cire.
    • A ses pieds luisait un objet d’ivoire. Il le ramassa : c’était une tablette à écrire, d’où, pendait un style d’argent. — (Pierre Louÿs, Aphrodite, Mercure de France, Paris, 1896)
  3. Aiguille d’un cadran solaire.
    • Poser un style.
    • Ce style est mal posé.
  4. Manière d'exprimer par écrit les pensées.
    • En bon Champenois, il célébra le vin de Champagne dans une ode en vers iambiques, dont le style vif et pétillant, présente la belle image de cette charmante liqueur. — (Jean-Baptiste-Joseph Boulliot, Biographie ardennaise ou Histoire des ardennais, Paris : Ledoyen, 1830, page 259)
    • Plus tard, lorsqu'il m'arriva d’être reporter dans un journal, on m'envoya visiter à la Toussaint les cimetières de Paris afin d'évoquer dans un style décent la douleur des familles […]. — (Francis Carco, Maman Petitdoigt, La Revue de Paris, 1920)
    • Le style ne doit faire qu’un avec l’idée, comme le sabre avec la main. — (Maurice G. Dantec, Le théâtre des opérations : Journal métaphysique et polémique 1999, Paris, Éditions Gallimard, 2000)
    • Cependant l'un n'implique pas forcément l'autre, et dieu sait que même aujourd’hui il ne suffit pas de tenir un stylo pour avoir une plume. Le style en effet ne se confond pas avec l'écriture, et bien des gens écrivent qui n'ont pourtant aucun style, sauf à l'entendre au sens large : il y a certes un style administratif, très reconnaissable, un style publicitaire... À l'inverse, parfois, quelques mots suffisent : "Impossible rentrer ce soir stop Mensonge suit", ça a du style, avouez du style télégraphique. — (Camille Laurens (écrivain), Tissé par mille, éditions P.O.L., 2005)
  5. Manière d’agir ou de parler.
    • Elle fréquentait les cocktails, skiait et s'adonnait au shopping de luxe, et elle n'était pas du style à traverser le pays pour venir au chevet d'une sœur aînée atteinte du sida. — (Marcia Rose, Service des urgences, traduit de l'américain par Thierry Arson, Éditions Archipoche (L'Archipel), 2017, chap. 32)
  6. (Art) Manière d'exécuter particulière à un artiste, à une époque, à un pays.
    • […]; flétrissez aussi le charlatanisme de ces pseudo-virtuoses qui ont obtenu des succès apocryphes à New-York ou en Californie, et qui, […], viennent défigurer sur nos grandes scènes lyriques des partitions dont elles ridiculisent la majesté par les exagérations de leur style exotique. — (Stéphen de La Madelaine, Études pratiques de style vocal, T.1, 1868, page 18)
    • Ces bois, étendus sur une centaine d’hectares, rejoignaient les deux ailes du château, une ancienne demeure, de style Louis XIII, à l’allure de ce qu’on appelle encore dans certaines campagnes une « maison de noblesse ». — (Alphonse de Châteaubriant, Monsieur des Lourdines, chap.1, 1910)
  7. (Par extension) Caractère de la composition.
    • Le vénérable pont sur le Tarn a non seulement de hautes arches en ogive, mais ses piles de briques, entre les les voûtes et au-dessus des avant-becs, sont percées de baies du même style. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
  8. Vocabulaire, tournure, jargon caractéristique d’un langage administratif ou technique.
    • On peut utiliser le style publicitaire sans faire de la publicité pour autant.
    • Le style administratif est, pour une bonne part, responsable de la mauvaise image de l’administration.
  9. Apparence d’un objet ou d’une personne. Ensemble de caractéristiques définissant son identité.
    • Partez à la découverte de votre style vestimentaire !
    • Inutile de débattre sur le style de cette voiture, ce n’est qu’une affaire de goût.
  10. (Familier) Comportement habituel d’un individu.
    • Ce n’est pas son style de partir comme ça, sans crier gare.
    • Attachez vous de l’importance au style de conduite des autres conducteurs ?
  11. (Familier) Type, genre affectionné ou recherché.
    • Ce mec là, ce n’est vraiment pas mon style.
    • Cette radio diffuse mon style de musique.
  12. Genre, utilisé pour cataloguer quelqu’un ou quelque chose, souligner son appartenance à une catégorie.
    • Un incident de ce style s’était déjà produit dans l’usine.
    • Un diplôme de ce style serait sans doute la clef de la réussite.
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Littré (1872-1877)

STYLE (sti-l') s. m.
  • 1 Terme d'antiquité. Poinçon en métal, en ivoire, en os pointu par un bout et aplati par l'autre, avec lequel les anciens, dès l'origine de l'écriture, ont tracé leurs pensées sur la surface de la cire ou de tout autre enduit mou. Je le voyais, un style ou poinçon à la main, suivre à plusieurs reprises les contours des lettres que son maître avait figurées sur des tablettes, Barthélemy, Anach. ch. 26.

    Le bout aplati servait à effacer ; et retourner le style signifiait effacer, corriger.

  • 2 Terme de gnomonique. Tige qui produit l'ombre dans les gnomons et les cadrans solaires.
  • 3 Terme de botanique. Partie du pistil ordinairement placée au sommet de l'ovaire et portant le stigmate.

    Terme de zoologie. Filet du balancier des diptères.

  • 4 Par métonymie de l'instrument employé pour écrire à l'écriture elle-même, le langage considéré relativement à ce qu'il a de caractéristique ou de particulier pour la syntaxe et même pour le vocabulaire, dans ce qu'une personne dit, et surtout dans ce qu'elle écrit. On connaît à ce style et doux et décevant, Comme en l'art de trahir ton esprit est savant, Tristan, Mariane, III, 3. Ce style figuré dont on fait vanité Sort du bon caractère et de la vérité, Molière, Mis. I, 2. Nous avons vu de vous des églogues d'un style Qui passe en doux attraits Théocrite et Virgile, Molière, Fem. sav. III, 5. Ne quittez jamais le naturel, votre tour s'y est formé, et cela compose un style parfait, Sévigné, 19. Vos chansons m'ont paru jolies, j'en ai reconnu les styles, Sévigné, 19. Je trouvai l'autre jour une lettre de vous… vous aviez dix ans… il y a déjà du bon style à cette lettre, Sévigné, 221. C'est une fort plaisante chose de trouver dans mes lettres des nouvelles de la cour ; elles avaient le style des gazettes, car il y avait aussi des articles de Copenhague et d'Oldembourg, Sévigné, 444. Sa fille est malade ; elle en reçoit pourtant des lettres, mais d'un style qui n'est point fait : ce sont des chères mamans, et des tendresses d'enfant, quoiqu'elle ait vingt ans, Sévigné, 23 octobre 1675. Mandez-moi bien de vos nouvelles ; je vous écris en détail ; car nous aimons ce style, qui est celui de l'amitié, Sévigné, 1er déc. 1690. Mais revenons à nos moutons, car vous voulez des détails, et il me semble que vous m'avez écrit autrefois que c'était le style de l'amitié, Coulanges, dans SÉV. t. x, p. 179, édit. RÉGNIER. C'est lui [Tertullien] qui, par son style ou ferme ou dur comme on voudra l'appeler, enfonce le plus ses traits, Bossuet, 6e avert. 87. Faire parler en même temps avec Moïse tant d'hommes de caractère et de style différent, Bossuet, Hist. II, 13. J'y ai joint [à une nouvelle édition] cinq épîtres nouvelles… elles sont de même style que mes autres écrits, et j'ose me flatter qu'elles ne leur feront point de tort, Boileau, 4e préface. Mon style ami de la lumière, Boileau, Sat. XI. L'un en style pompeux habillant une églogue, Boileau, Disc. au roi. Ne valait-il pas mieux vous perdre dans les nues, Que d'aller sans raison, d'un style peu chrétien, Faire insulte en rimant à qui ne vous dit rien ? Boileau, Sat. IX. Un style trop égal et toujours uniforme En vain brille à nos yeux ; il faut qu'il nous endorme, Boileau, Art. poét. I. Le style le moins noble a pourtant sa noblesse, Boileau, ib. Mais de ce style [le burlesque] enfin la cour désabusée Dédaigna de ces vers l'extravagance aisée, Boileau, ib. Régnier… Dans son vieux style encore a des grâces nouvelles, Boileau, ib. II. Capys qui s'érige en maître du beau style…, La Bruyère, I. Je ne sais si l'on pourra jamais mettre dans les lettres plus d'esprit, plus de tour, plus d'agrément et plus de style que l'on en voit dans celles de Balzac et de Voiture, La Bruyère, I. L'on écrit régulièrement depuis vingt années : l'on est esclave de la construction, l'on a enrichi la langue de nouveaux mots, secoué le joug du latinisme et réduit le style à la phrase purement française, La Bruyère, I. Un style grave, sérieux, scrupuleux, va fort loin, La Bruyère, I. Comme un particulier se peint dans son discours, ainsi le style dominant est quelquefois une image des mœurs publiques, Rollin, Traité des Ét. t. I, Disc. prélim. p. 91, dans POUGENS. Avant que de se mettre à la composition d'un ouvrage, il faut avoir travaillé à se faire un style ; rien de plus utile pour cela que de traduire, D'Olivet, Hist. Acad. t. II, p. 197, dans POUGENS. Il [Zadig] n'a point le bon style oriental ; Zadig se contentait d'avoir le style de la raison, Voltaire, Zadig, 7. Un des plus grands défauts des ouvrages de ce siècle, c'est le mélange des styles, et surtout de vouloir parler des sciences comme on en parlerait dans une conversation familière, Voltaire, Mél. litt. Cons. à un journal. Ce n'est pas qu'il n'y ait quelquefois un grand art, ou plutôt un très heureux naturel, à mêler quelques traits d'un style majestueux dans un sujet qui demande de la simplicité ; à placer à propos de la finesse et de la délicatesse dans un discours de véhémence et de force, Voltaire, ib. Dict. phil. Style, 1. Le style élégant est si nécessaire que, sans lui, la beauté des sentiments est perdue ; il suffit seul pour embellir les sentiments les moins nobles et les moins tragiques, Voltaire, ib. Le style rend singulières les choses les plus communes, fortifie les plus faibles, donne de la grandeur aux plus simples, Voltaire, ib. La force de votre style qui ne perdra rien par la sagesse de votre esprit, Voltaire, Lettr. Servan, 27 sept. 1769. Parlez-moi des Lettres provinciales ! quoi ! vous louez Fénelon d'avoir de la variété ? si jamais homme n'a eu qu'un style, c'est lui : c'est partout Télémaque, Voltaire, Lett. d'Olivet. 6 janv. 1736. Les idées seules forment le fond du style ; l'harmonie des paroles n'en est que l'accessoire, et ne dépend que de la sensibilité des organes, Buffon, Disc. récept. Le style n'est que l'ordre et le mouvement qu'on met dans ses pensées, Buffon, ib. Le style est l'homme même, Buffon, ib. L'accord entre le sujet, la fin et les moyens fait toute la beauté du style, Condillac, Art d'écr. IV, 5. Le style des ouvrages didactiques demande qu'ordinairement les phrases en soient courtes ; il veut encore qu'il y ait entre elles une gradation sensible, Condillac, ib. IV, 2. Style se dit des qualités du discours plus particulières, plus difficiles et plus rares, qui marquent le génie ou le talent de celui qui écrit ou qui parle, D'Alembert, Mél. litt. Œuv. t. III, p. 198. Il [Fontenelle] a eu, comme tous les bons écrivains, le style de sa pensée, D'Alembert, Œuv. t. VI, p. 13. Ces jeunes gens qui croient prendre le style de M. de Voltaire en suivant son orthographe, Rousseau, Dict. de mus. Reprise. Exprimer sa pensée avec le moins de mots et le plus de force qu'il est possible, voilà le style austère et grave, Marmontel, Œuv. t. x, p. 217. Le style de l'histoire doit être simple avec dignité, et d'un ton naturel également éloigné de l'affectation et de la négligence, de l'enflure et de la bassesse, Marmontel, ib. t. VIII, p. 126. Le haut style est partout le même, parce qu'il est partout étranger à l'usage, et qu'il est pris dans l'analogie des images avec les idées, laquelle est à peu près la même dans tous les pays et dans tous les temps, Marmontel, ib. t. VII, p. 410. " Le style du président de Montesquieu ! " disait, il y a quelque temps, avec dédain M. de Buffon ; mais Montesquieu a-t-il un style ? " N'aurait-il pas mérité qu'on eût osé lui répondre : Il est vrai, Montesquieu n'a eu que le style du génie, et vous, monsieur, vous avez le génie du style, Grimm, Corresp. février 1788. D'une affreuse beauté son style étincelant [de Dante] Est, comme son Enfer, profond, sombre et brûlant, Delille, Imag. v. On annonçait [vers 1825] que le grand style, le vrai style, le suprême style allait naître, style à ciselures, style chatoyant et miroitant, Reybaud, Jér. Paturot, I, 1. Tous les paysans ont du style, Töpffer, cité par SAINTE-BEUVE, Moniteur, 16 août 1853.

    Du même style, sans changer de ton. Vantez-nous bien du même style Et les émigrés et Caton, Chénier M. J. Épît. à Delille.

    Prendre même style, être sur le même ton. Sa fleurette pour toi prend encor même style, Corneille, Ment. III, 4.

    Se mettre sur le haut style, parler d'un ton ampoulé. Madame … ce n'est point mon dessein de vous cajoler, ni de me mettre sur le haut style, Guez de Balzac, liv. VII, lett. 22. Quel diable de jargon entends-je ici ? voici bien du haut style, Molière, Préc. 5.

    Les trois styles, le simple, le tempéré et le sublime.

    Style magnifique, celui dont la grandeur vient de la pompe et de l'éclat des expressions.

    Style sublime, style dont la grandeur vient de celle des pensées, que la simplicité de l'expression fait surtout ressortir.

    Style barbare, manière d'écrire grossière et incorrecte.

    Il n'a point de style, il n'a point une manière d'écrire qui soit à lui, et aussi il écrit sans art.

    Les finesses, les grâces du style, certains arrangements, certains tours qui donnent de la grâce, de la finesse au style. Rien de plus difficile que les grâces ; celles du style consistent dans l'aisance, la souplesse, la variété de ses mouvements, et dans le passage naturel et facile de l'un à l'autre, Marmontel, Œuv. t. x, p. 221.

    Style de l'Écriture, les expressions, les formes de langage usitées dans la Bible.

    Style du palais, les formules selon lesquelles on dresse les actes judiciaires.

    Style de palais, les termes dont on ne se sert que dans les procédures et les plaidoiries.

    On dit de même : style de pratique, style de notaire, style de chancellerie, etc.

    On dit, en langage de pratique, clause de style, pour clause que les notaires mettent par habitude dans leurs actes, sans que cela tire à conséquence spéciale.

    Fig. Qui ne sait que, dans le maudit pays où nous écrivons [la France], ces sortes de phrases sont de style de notaire, et ne servent que de passe-port aux vérités qu'on veut établir d'ailleurs ? D'Alembert, Lett. à Voltaire, 10 oct. 1764.

    Fig. Réduire en style, réduire en vaines formules. Il y a des conjonctures dans lesquelles on réduit en style l'obéissance réelle que l'on doit aux rois, Retz, 2, 140.

    Ce n'est qu'un style, ce n'est qu'une simple formule. C'est avec Auguste qu'il n'y a plus de mesure ; le sénat lui décerne l'apothéose de son vivant ; cette flatterie devient le tribut ordinaire payé aux empereurs suivants ; ce n'est plus qu'un style, Voltaire, Dict. phil. Flatterie.

  • 5 Terme de beaux-arts. Caractère de la composition et de l'exécution. Cette peinture est de bon style. Ayez d'abord la pensée, et vous aurez du style après, Diderot, Salon de 1767, Œuv. t. XV, p. 45, dans POUGENS. On sait que le style idéal était consacré aux dieux ; le style héroïque venait ensuite ; puis le style historique et le style athlétique, Quatremère de Quincy, Instit. Mém. hist. et litt. anc. t. IV, p. 208. Les mêmes disproportions qui régnaient au dehors de l'édifice [église gothique] se faisaient remarquer au dedans ; mais ces défauts étaient rachetés par le style hardi des voûtes et l'effet religieux de leurs ombres, Chateaubriand, Mart. liv. v.

    Il se dit de la danse dans le même sens. Si j'étais chargé de la conduite d'un jeune danseur en qui j'aurais aperçu de l'intelligence, quelque amour pour la gloire et un véritable talent, je lui dirais : commencez par avoir un style, mais prenez garde que ce style soit à vous, Cahusac, Dans. anc. et mod. III, 4, 8.

    Absolument. Style l'art d'ennoblir le vrai, et de l'achever en le revêtant d'une apparence nettement caractéristique.

    Style s'emploie aussi pour désigner le style grec, c'est-à-dire la grandeur obtenue par la simplicité des détails.

    Caractère général des œuvres des artistes d'une même époque.

    Particulièrement, caractère général des œuvres d'un artiste. Ce tableau est dans le style de tel maître. On avertirait bien les jeunes peintres de ne pas imiter Antoine Coypel, parce qu'avec du mérite il avait un style vicieux, mais …, Levesque, Instit. Mém. litt. et beaux-arts, t. I, p. 416.

  • 6La manière de procéder en justice (sens qui a vieilli). Le style du parlement. Le style des finances. Style de la cour de Rome. Le style du Châtelet.
  • 7Manière d'envisager ou de présenter des choses, façon d'agir. Laissons ce style [parlons d'autre chose], Molière, Éc. des f. I, 6. Ce langage à comprendre est assez difficile, Madame ; et vous parliez tantôt d'un autre style, Molière, Tart. IV, 5. Je suis devenu là-dessus savant à mes dépens et connais le style des nobles, Molière, G. Dand. I, 1. Il n'y a rien de tel que d'être insolent … j'ai toujours haï ce style ; mais, s'il réussit, il faut changer d'avis, Sévigné, 22 janvier 1674. Je crus voir à Lambesc que le plaisir… des Provençaux était d'animer, de brouiller … ah fi ! quittez ce style de province et de Provence, Sévigné, 7 janv. 1689. Et si vous prenez le chemin de dire : qu'est-ce que cent écus plus ou moins ? ce style fait bien voir du pays, Sévigné, à Mme de Grignan, 12 févr. 1672. C'est [M. de Lavardin] le moins lâche et le moins courtisan que j'aie jamais vu ; vous aimeriez bien son style dans de certains endroits, Sévigné, 16 oct. 1675. Les jésuites criaient contre Pascal, et l'eussent appelé pamphlétaire, mais le mot n'existait pas encore ; ils l'appelaient tison d'enfer, la même chose en style cagot, Courier, Pamphl. des pamphl.
  • 8Vieux style, ancien style, manière de compter dans le calendrier (il retardait de dix jours) avant sa réformation par Grégoire XIII ; nouveau style, la manière dont on compte depuis cette réformation. Quatre dominicains furent brûlés le dernier mai 1509, ancien style, Voltaire, Mœurs, 129. Les Anglais ont adopté le nouveau style en 1752, après l'avoir rejeté pendant 170 ans ; l'Europe entière l'a reçu, à l'exception de la Russie, qui seule s'y refuse encore, Bailly, Hist. ast. mod. t. I, p. 396.

    Vieux style se dit aussi de l'ère chrétienne, par opposition à l'ère républicaine commencée le 22 septembre 1792.

HISTORIQUE

XIVe s. Les bouchiers de Paris tiennent que en un beuf, selon leur style et leur parler, n'a que quatre membres principaux, Ménagier, II, 5.

XVe s. Vous vous ordonnerez par mon conseil, tant que vous aurez appris la maniere et le stile du fait [Piètre du Bois à Philippe d'Artevelle], Froissart, II, II, 101. Que [car] tous deux savez le setille Vous entretenir en tous sens, Myst. du siége d'Orléans, p. 686. Pou [de femmes] veulent estre en une ville Champestre ; ce n'est pas le style ; Elles desirent les cités, Deschamps, Poés. mss. f° 528. Pour la conduite de la feste de l'espinette y avoit aux gages de la ville un herault qui s'appeloit le noble epousté ; ne luy estoit permis de faire aucun stile ou œuvre mecanique, les Rois de l'espinette. En leurs franchises, privileges, libertez, statuts, loix, coustumes, establissements, stiles, observances et usances du pays de Bourdeaux, J. Chartier, Hist. de Charles VII, p. 238, dans LACURNE. Si bien et en si notable style comme on peust voir…, Bouciq. II, 30. Je m'en allay emmy la ville Pour monstrer que j'estoye fricquet, Ferme, duyt et rusé du stille, Esveillé comme ung saupiquet, Coquillart, Monol. de la botte de foin.

XVIe s. Il fut le premier qui changea le style de faire la guerre dont les Romains usoient en ce temps-là, Amyot, Pélop. et Marcell. comp. 4. Il s'aida beaucoup de Demosthenes à former son style, Amyot, Caton, 5. Consideré que ledit stil de la drapperie donne moien à gagner leurs vies …, Souvenirs de la Flandre Wallonne, juil. et août 1867, p. 114. Ils accuserent cette pratique, comme ennemie de leur style ancien [manière d'agir], Montaigne, I, 23. Comme on presenta à Neron à signer, suivant le style, la sentence …, Montaigne, II, 1. Entretenant les enfants de manger, et les faisant aussi enseigner, monstrer et apprendre quelque stile selon leur âge, leur estat et qualité, Nouv. coust. gén. t. I, p. 641. Platon permet, et le style est tel en plusieurs endroits, d'attirer par fraudes et fausses esperances de faveur ou pardon le criminel à descouvrir son fait, Charron, Sagesse, p. 20, dans LACURNE. Styl est l'ordre judiciaire et maniere de proceder en justice tellement reglé et stylé que nul ne le revoque en doute, Grand coust. de France, I, p. 104, dans LACURNE.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

STYLE. Ajoutez : - REM. Chateaubriand a employé style dans son premier sens grec (colonne) : Juste au milieu de ces styles, s'élève une troisième colonne, Mém. d'outre-tombe, éd. de Bruxelles, t. VI, Architecture vénitienne, Antonio. Cela est tout à fait inusité.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

STYLE, (Gramm. Rhétoriq. Eloq. Bel. let.) maniere d’exprimer ses pensées de vive voix, ou par écrit : les mots étant choisis & arrangés selon les lois de l’harmonie & du nombre, relativement à l’élévation ou à la simplicité du sujet qu’on traite, il en résulte ce qu’on appelle style.

Ce mot signifioit autrefois l’aiguille dont on se servoit pour écrire sur les tablettes enduites de cire. Cette aiguille étoit pointue par un bout, & applatie par l’autre, pour effacer quand on le vouloit : c’est ce qui a fait dire à Horace, sæpe stylum vertas, effacez souvent. Il se prend aujourd’hui pour la maniere, le ton, la couleur qui regne sensiblement dans un ouvrage ou dans quelqu’une de ses parties.

Il y a trois sortes de styles, le simple, le moyen & le sublime, ou plutôt le style élevé.

Le style simple s’emploie dans les entretiens familiers, dans les lettres, dans les fables. Il doit être pur, clair, sans ornement apparent. Nous en développerons les caracteres ci-après.

Le style sublime est celui qui fait regner la noblesse, la dignité, la majesté dans un ouvrage. Toutes les pensées y sont nobles & élevées : toutes les expressions graves, sonores, harmonieuses, &c.

Le style sublime & ce qu’on appelle le sublime, ne sont pas la même chose. Celui-ci est tout ce qui enleve notre ame, qui la saisit, qui la trouble tout-à-coup : c’est un éclat d’un moment. Le style sublime peut se soutenir long-tems : c’est un ton élevé, une marche noble & majestueuse.

J’ai vu l’impie adoré sur la terre :
Pareil au cedre, il portoit dans les cieux
Son front audacieux :
Il sembloit à son gré gouverner le tonnerre,
Fouloit aux piés ses ennemis vaincus :
Je n’ai fait que passer, il n’étoit déja plus.

Les cinq premiers vers sont du style sublime, sans être sublimes, & le dernier est sublime sans être du style sublime.

Le style médiocre tient le milieu entre les deux : il a toute la netteté du style simple, & reçoit tous les ornemens & tout le coloris de l’élocution.

Ces trois sortes de styles se trouvent souvent dans un même ouvrage, parce que la matiere s’élevant & s’abaissant, le style qui est comme porté sur la matiere, doit s’élever aussi & s’abaisser avec elle. Et comme dans les matieres tout se tient, se lie par des nœuds secrets, il faut aussi que tout se tienne & se lie dans les styles. Par conséquent il faut y ménager les passages, les liaisons, affoiblir ou fortifier insensiblement les teintes, à-moins que la matiere ne se brisant tout-d’un-coup & devenant comme escarpée, le style ne soit obligé de changer aussi brusquement. Par exemple, lorsque Crassus plaidant contre un certain Brutus qui deshonoroit son nom & sa famille, vit passer la pompe funebre d’une de ses parentes qu’on portoit au bucher, il arrêta le corps, & adressant la parole à Brutus, il lui fit les plus terribles reproches : « Que voulez-vous que Julie annonce à votre pere, à tous vos ayeux, dont vous voyez porter les images ? Que dira-t-elle à ce Brutus qui nous a délivré de la domination des rois » &c ? Il ne s’agissoit pas alors de nuances ni de liaisons fines. La matiere emportoit le style, & c’est toujours à lui de la suivre.

Comme on écrit en vers ou en prose, il faut d’abord marquer quelle est la différence de ces deux genres de style. La prose toujours timide, n’ose se permettre les inversions qui font le sel du style poétique. Tandis que la prose met le régissant avant le régime, la poésie ne manque pas de faire le contraire. Si l’actif est plus ordinaire dans la prose, la poésie le dédaigne, & adopte le passif. Elle entasse les épithetes, dont la prose ne se pare qu’avec retenue : elle n’appelle point les hommes par leurs noms, c’est le fils de Pélée, le berger de Sicile, le cygne de Dircée. L’année est chez elle le grand cercle, qui s’acheve par la révolution des mois. Elle donne un corps à tout ce qui est spirituel, & la vie à tout ce qui ne l’a point. Enfin le chemin dans lequel elle marche est couvert d’une poussiere d’or, ou jonché des plus belles fleurs. Voyez Poétique, style.

Ce n’est pas tout, chaque genre de poésie a son ton & ses couleurs. Par exemple, les qualités principales qui conviennent au style épique sont la force, l’élégance, l’harmonie & le coloris.

Le style dramatique a pour regle générale de devoir être toujours conforme à l’état de celui qui parle. Un roi, un simple particulier, un commerçant, un laboureur, ne doivent point parler du même ton : mais ce n’est pas assez ; ces mêmes hommes sont dans la joie ou dans la douleur, dans l’espérance ou dans la crainte : cet état actuel doit donner encore une seconde conformation à leur style, laquelle sera fondée sur la premiere, comme cet état actuel est fondé sur l’habituel ; & c’est ce qu’on appelle la condition de la personne. Voyez Tragédie.

Pour ce qui regarde la comédie, c’est assez de dire que son style doit être simple, clair, familier, cependant jamais bas, ni rampant. Je sais bien que la comédie doit élever quelquefois son ton, mais dans ses plus grandes hardiesses elle ne s’oublie point ; elle est toujours ce qu’elle doit être. Si elle alloit jusqu’au tragique, elle seroit hors de ses limites : son style demande encore d’être assaissonné de pensées fines, délicates, & d’expressions plus vives qu’éclatantes.

Le style lyrique s’éleve comme un trait de flamme, & tient par sa chaleur au sentiment & au goût : il est tout rempli de l’enthousiasme que lui inspire l’objet présent à sa lyre ; ses images sont sublimes, & ses sentimens pleins de feu. De-là les termes riches, forts, hardis, les sons harmonieux, les figures brillantes, hyperboliques, & les tours singuliers de ce genre de poésie. Voyez Ode, Poésie lyrique & Poete lyrique.

Le style bucolique doit être sans apprêt, sans faste, doux, simple, naïf & gracieux dans ses descriptions. Voyez Pastorale, poésie.

Le style de l’apologue doit être simple, familier, riant, gracieux, naturel & naïf. La simplicité de ce style consiste à dire en peu de mots & avec les termes ordinaires tout ce qu’on veut dire. Il y a cependant des fables où la Fontaine prend l’essor ; mais cela ne lui arrive que quand les personnages ont de la grandeur & de la noblesse. D’ailleurs cette élévation ne détruit point la simplicité qui s’accorde, on ne peut mieux, avec la dignité. Le familier de l’apologue est un choix de ce qu’il y a de plus fin & de plus délicat dans le langage des conversations ; le riant est caractérisé par son opposition au sérieux, & le gracieux par son opposition au desagréable : sa majesté fourrée, une Hélene au beau plumage, sont du style riant. Le style gracieux peint les choses agréables avec tout l’agrément qu’elles peuvent recevoir. Les lapins s’égayoient, & de thim parfumoient leurs banquets. Le naturel est opposé en général au recherché, au forcé. Le naïf l’est au réfléchi, & semble n’appartenir qu’au sentiment, comme la fable de la laitiere.

Passons au style de la prose : il peut être périodique ou coupé dans tout genre d’ouvrage.

Le style périodique est celui où les propositions ou les phrases sont liées les unes aux autres, soit par le sens même, soit par des conjonctions.

Le style coupé est celui dont toutes les parties sont indépendantes & sans liaison réciproque. Un exemple suffira pour les deux especes.

« Si M. de Turenne n’avoit sû que combattre & vaincre, s’il ne s’étoit élevé au-dessus des vertus humaines, si sa valeur & sa prudence n’avoient été animées d’un esprit de foi & de charité, je le mettrois au rang des Fabius & des Scipions ». Voilà une période qui a quatre membres, dont le sens est suspendu. Si M. de Turenne n’avoit sû que combattre & vaincre, &c. ce sens n’est pas achevé, parce que la conjonction si promet au-moins un second membre ; ainsi le style est là périodique. Le veut-on coupé, il suffit d’ôter la conjonction : M. de Turenne a su autre chose que combattre & vaincre, il s’est élevé au-dessus des vertus humaines ; sa valeur & sa prudence étoient animées d’un esprit de foi & de charité ; il est bien au-dessus des Fabius, des Scipions. Ou si l’on veut un autre exemple : « Il passe le Rhin, il observe les mouvemens des ennemis ; il releve le courage des alliés, &c ».

Le style périodique a deux avantages sur le style coupé : le premier, qu’il est plus harmonieux ; le second, qu’il tient l’esprit en suspens. La période commencée, l’esprit de l’auditeur s’engage, & est obligé de suivre l’orateur jusqu’au point, sans quoi il perdroit le fruit de l’attention qu’il a donnée aux premiers mots. Cette suspension est très-agréable à l’auditeur, elle le tient toujours éveillé & en haleine.

Le style coupé a plus de vivacité & plus d’éclat : on les emploie tous deux tour-à-tour, suivant que la matiere l’exige. Mais cela ne suffit pas à-beaucoup-près pour la perfection du style : il faut donc observer avant toutes choses que la même remarque que nous avons faite au sujet de la poésie, s’applique également à la prose, je veux dire que chaque genre d’ouvrage prosaïque demande le style qui lui est propre. Le style oratoire, le style historique & le style épistolaire ont chacun leurs regles, leur ton, & leurs lois particulieres.

Le style oratoire requiert un arrangement choisi des pensées & des expressions conformes au sujet qu’on doit traiter. Cet arrangement des mots & des pensées comprend toutes les especes de figures de rhétorique, & toutes les combinaisons qui peuvent produire l’harmonie & les nombres. Voyez Orateur, Orateurs grecs & romains, Elocution, Eloquence, Harmonie, Mélodie, Nombre, &c.

Le caractere principal du style historique, est la clarté. Les images brillantes figurent avec éclat dans l’histoire : elle peint les faits ; c’est le combat des Horaces & des Curiaces ; c’est la peste de Rome, l’arrivée d’Agrippine avec les cendres de Germanicus, ou Germanicus lui-même au lit de la mort. Elle peint les traits du corps, le caractere l’esprit, les mœurs. C’est Caton, Catilina, Pison : la simplicité sied bien au style de l’histoire ; c’est en ce point que César s’est montré le premier homme de son siecle. Il n’est point frisé, dit Cicéron, ni paré ni ajusté, mais il est plus beau que s’il l’étoit. Une des principales qualités du style historique, c’est d’être rapide ; enfin il doit être proportionné au sujet. Une histoire générale ne s’écrit pas du même ton qu’une histoire particuliere ; c’est presque un discours soutenu ; elle est plus périodique & plus nombreuse.

Le style épistolaire doit se conformer à la nature des lettres qu’on écrit. On peut distinguer deux sortes de lettres ; les unes philosophiques, où l’on traite d’une maniere libre quelque sujet littéraire ; les autres familieres, qui sont une espece de conversation entre les absens ; le style de celle-ci doit ressembler à celui d’un entretien, tel qu’on l’auroit avec la personne même si elle étoit présente. Dans les lettres philosophiques, il convient de s’élever quelquefois avec la matiere, suivant les circonstances. On écrit d’un style simple aux personnes les plus qualifiées au-dessus de nous ; on écrit à ses amis d’un style familier. Tout ce qui est familier est simple ; mais tout ce qui est simple n’est pas familier. Le caractere de simplicité se trouve sur-tout dans les lettres de madame de Maintenon : rien de si aisé, de si doux, de si naturel.

Le style épistolaire n’est point assujetti aux lois du discours oratoire : sa marche est sans contrainte : c’est le trop de nombres qui fait le défaut des lettres de Balzac. Il est une sorte de négligence qui plaît, de même qu’il y a des femmes à qui il sied bien de n’être point parées. Telle est l’élocution simple, agréable & touchante sans chercher à le paroître ; elle dédaigne la frisure, les perles, les diamans, le blanc, le rouge, & tout ce qui s’appelle fard & ornement étranger. La propreté seule, jointe aux graces naturelles, lui suffit pour se rendre agréable.

Le style épistolaire admet toutes les figures de mots & de pensées, mais il les admet à sa maniere. Il y a des métaphores pour tous les états ; les suspensions, les interrogations sont ici permises, parce que ces tours sont les expressions même de la nature.

Mais soit que vous écriviez une lettre, une histoire, une oraison, ou tout autre ouvrage, n’oubliez jamais d’être clair. La clarté de l’arrangement des paroles & des pensées, est la premiere qualité du style. On marche avec plaisir dans un beau jour, tous les objets se présentent agréablement ; mais lorsque le ciel s’obscurcit, il communique sa noirceur à tout ce qu’on trouve sur la route, & n’a rien qui dédommage de la fatigue du voyage.

A la clarté de votre style, joignez s’il se peut la noblesse & l’éclat ; c’est par-là que l’admiration commence à naître dans notre esprit. Ce fut par-là que Cicéron plaidant pour Cornélius, excita ces emportemens de joie & ces battemens de mains, dont le barreau retentit pour-lors ; mais l’état dont je parle doit se soutenir ; un éclair qui nous éblouit passe légerement devant les yeux, & nous laisse dans la tranquillité où nous étions auparavant ; un faux brillant nous surprend d’abord & nous agite ; mais bientôt après nous rentrons dans le calme, & nous avons honte d’avoir pris du clinquant pour de l’or.

Quoique la beauté du style dépende des ornemens dont on se sert pour l’embellir, il faut les ménager avec adresse ; car un style trop orné devient insipide ; il faut placer la parure de même qu’on place les perles & les diamans sur une robe que l’on veut enrichir avec goût.

Tâchez sur-tout d’avoir un style qui revête la couleur du sentiment, cette couleur consiste dans certains tours de phrase, de certaines figures qui rendent vos expressions touchantes. Si l’extérieur est triste, le style doit y répondre. Il doit toujours être conforme à la situation de celui qui parle.

Enfin il est une autre qualité du style qui enchante tout le monde, c’est la naïveté. Le style naïf ne prend que ce qui est né du sujet & des circonstances : le travail n’y paroît pas plus que s’il n’y en avoit point ; c’est le dicendi genus simplex, sincerum, nativum des Latins. La naïveté du style consiste dans le choix de certaines expressions simples qui paroissent nées d’elles-mêmes plutôt que choisies ; dans des constructions faites comme par hasard, dans certains tours rajeunis, & qui conservent encore un air de vieille mode. Il est donné à peu de gens d’avoir en partage la naïveté du style ; elle demande un goût naturel perfectionné par la lecture de nos vieux auteurs françois, d’un Amyot, par exemple, dont la naïveté du style est charmante.

Il paroît assez par tous ces détails, que les plus grands défauts du style sont d’être obscur, bas, empoulé, froid, ou toujours uniforme.

Un style qui est obscur & qui n’a point de clarté, est le plus grand vice de l’élocution, soit que l’obscurité vienne d’un mauvais arrangement de paroles, d’une construction louche & équivoque, ou d’une trop grande brieveté. Il faut, dit Quintilien, non seulement qu’on puisse nous entendre, mais qu’on ne puisse pas ne pas nous entendre ; la lumiere dans un écrit doit être comme celle du soleil dans l’univers, laquelle ne demande point d’attention pour être vue, il ne faut qu’ouvrir les yeux.

La bassesse du style, consiste principalement dans une diction vulgaire, grossiere, seche, qui rebute & dégoûte le lecteur.

Le style empoulé, n’est qu’une élévation vicieuse, il ressemble à la bouffissure des malades. Pour en connoître le ridicule, on peut lire le second chapitre de Longin, qui compare Clitarque, qui n’avoit que du vent dans ses écrits, à un homme qui ouvre une grande bouche pour souffler dans une petite flute. Ceux qui ont l’imagination vive tombent aisément dans l’enflure du style, ensorte qu’au-lieu de tonner, comme ils le croient, ils ne font que niaiser comme des enfans.

Le style froid vient tantôt de la stérilité, tantôt de l’intempérance des idées. Celui-là parle froidement, qui n’échauffe point notre ame, & qui ne sait point l’élever par la vigueur de ses idées & de ses expressions.

Le style trop uniforme nous assoupit & nous endort.

Voulez-vous du public mériter les amours,
Sans cesse en écrivant variez vos discours ;
Un style trop égal & toujours uniforme
En vain brille à nos yeux, il faut qu’il nous endorme.
On lit peu ces auteurs nés pour nous ennuyer,
Qui toujours sur un ton semblent psalmodier.

La variété nécessaire en tout, l’est dans le discours plus qu’ailleurs. Il faut se défier de la monotonie du style, & savoir passer du grave au doux, du plaisant au sévere.

Enfin, si quelqu’un me demandoit la maniere de se former le style, je lui répondrois en deux mots, avec l’auteur des principes de littérature, qu’il faut premierement lire beaucoup & les meilleurs écrivains ; secondement, écrire soi-même & prendre un censeur judicieux ; troisiemement, imiter d’excellens modeles, & tâcher de leur ressembler.

Je voudrois encore que l’imitateur étudiât les hommes ; qu’il prît d’après nature des expressions qui soient non-seulement vraies, comme dans un portrait qui ressemble, mais vivantes & animées comme le modele même du portrait. Les Grecs avoient l’un & l’autre en partage, le génie pour les choses, & le talent de l’expression. Il n’y a jamais eu de peuple qui ait travaillé avec plus de goût & de style ; ils burinoient plutôt qu’ils ne peignoient, dit Denis d’Halycarnasse. On sait les efforts prodigieux que fit Démosthène, pour forger ces foudres, que Philippe redoutoit plus que toutes les flottes de la république d’Athènes. Platon à quatre-vingt ans polissoit encore ses dialogues. On trouva après sa mort, des corrections qu’il avoit faites à cet âge sur ses tablettes. (Le chevalier de Jaucourt.)

Style, harmonie du. Voyez Oratoire, Harmonie, Éloquence. (D. J.)

Style, (Logiq.) le style des Logiciens & des Philosophes ne doit avoir d’autre but que d’expliquer exactement nos pensées aux autres ; c’est pourquoi il convient d’établir quelques regles particulieres à ce genre de style ; telles sont les suivantes.

1°. De ne s’écarter jamais des significations reçues des termes.

2°. Que les mêmes termes soient toujours pris dans le même sens.

3°. De fixer la signification des mots qui ont un sens vague & indéterminé.

4°. De désigner les objets essentiellement différens par des noms différens.

5°. Le logicien ou le philosophe doit toujours user des expressions les plus propres, & ne point employer plus de mots que ceux qui lui sont précisément nécessaires pour établir la vérité de la proposition qu’il avance. Voyez à ce sujet Wolf. Disc. prélimin. de la Logique, c. v. (D. J.)

Style oriental, (Prose & Poésie.) le style oriental a cet avantage, qu’il éleve l’ame, qu’il soutient l’attention, & qu’il fait lire avec une sorte de plaisir, des choses qui pour le fond ne sont pas toujours nouvelles. (D. J.)

Style, Poésie du, (Poésie.) la poésie du style, comme M. le Batteux l’a remarqué, comprend les pensées, les mots, les tours, & l’harmonie. Toutes ces parties se trouvent dans la prose même ; mais comme dans les arts, tels que la Poésie, il s’agit non seulement de rendre la nature, & de la rendre avec tous ses agrémens & ses charmes possibles ; la Poésie, pour arriver à sa fin, a été en droit d’y ajouter un degré de perfection, qui les élevât en quelque sorte au-dessus de leur condition naturelle.

C’est pour cette raison que les pensées, les mots, les tours, ont dans la Poésie une hardiesse, une liberté, une richesse, qui paroîtroit excessive dans le langage ordinaire. Ce sont des comparaisons toutes nues, des métaphores éclatantes, des répétitions vives, des apostrophes singulieres. C’est l’Aurore, fille du matin, qui ouvre les portes de l’orient avec ses doigts de roses ; c’est un fleuve appuyé sur son urne penchante, qui dort au bruit flatteur de son onde naissante ; ce sont les jeunes zéphirs qui folâtrent dans les prairies émaillées, ou les nayades qui se jouent dans leurs palais de crystal ; ce n’est point un repas, c’est une fête.

La poésie du style consiste encore à prêter des sentimens intéressans à tout ce qu’on fait parler, comme à exprimer par des figures, & à présenter sous des images capables de nous émouvoir, ce qui ne nous toucheroit pas, s’il étoit dit simplement en style prosaïque.

Mais chaque genre de poëme a quelque chose de particulier dans la poésie de son style ; la plûpart des images dont il convient que le style de la tragédie soit nourri, pour ainsi dire, sont trop graves pour le style de la comédie ; du-moins le poëme comique ne doit-il en faire qu’un usage très-sobre. Il ne doit les employer que comme Chrémès, lorsque ce personnage entre pour un moment dans une passion tragique. Nous avons déjà dit dans quelques articles, que les églogues empruntoient leurs peintures & leurs images des objets qui parent la campagne, & des événemens de la vie rustique. La poésie du style de la satyre doit être nourrie des images les plus propres à exciter notre bile. L’ode monte dans les cieux, pour y emprunter ses images & ses comparaisons du tonnerre, des astres, & des dieux mêmes : mais ce sont des choses dont l’expérience a déjà instruit tous ceux qui aiment la Poésie.

Il faut donc que nous croyions voir, pour ainsi dire, en écoutant des vers : ut pictura poesis, dit Horace. Cléopatre s’attireroit moins d’attention, si le poëte lui faisoit dire en style prosaïque aux ministres odieux de son frere : ayez peur, méchans ; César qui est juste, va venir la force à la main ; il arrive avec des troupes. Sa pensée a bien un autre éclat ; elle paroît bien plus relevée, lorsqu’elle est revétue de figures poétiques, & lorsqu’elle met entre les mains de César, l’instrument de la vengeance de Jupiter. Ce vers,

Tremblez, méchans, tremblez : voici venir la foudre.


me présente César armé du tonnerre, & les meurtriers de Pompée foudroyés. Dire simplement qu’il n’y a pas un grand mérite à se faire aimer d’un homme qui devient amoureux facilement ; mais qu’il est beau de se faire aimer par un homme qui ne témoigna jamais de disposition à l’amour ; ce seroit dire une vérité commune, & qui ne s’attireroit pas beaucoup d’attention. Quand Racine met dans la bouche d’Aricie cette vérité, revêtue des beautés que lui prete la poésie de son style, elle nous charme. Nous sommes séduits par les images dont le poëte se sert pour l’exprimer ; & la pensée de triviale qu’elle seroit, énoncée en style prosaïque, devient dans ses vers un discours éloquent qui nous frappe, & que nous retenons :

Pour moi, je suis plus fiere, & fuis la gloire aisée
D’arracher un hommage à mille autres offert,
Et d’entrer dans un cœur de toutes parts ouvert.
Mais de faire fléchir un courage inflexible,
De porter la douleur dans une ame insensible,
D’enchaîner un captif de ses fers étonné,
Contre un joug qui lui plaît vainement mutiné,
Voilà ce qui me plaît, voilà ce qui m’irrite.

Phedre, acte II.

Ces vers tracent cinq tableaux dans l’imagination.

Un homme qui nous diroit simplement : je mourrai dans le même château où je suis né, ne toucheroit pas beaucoup. Mourir est la destinée de tous les hommes ; & finir dans le sein de ses pénates, c’est la destinée des plus heureux. L’abbé de Chaulieu nous présente cependant cette pensée sous des images qui la rendent capable de toucher infiniment :

Fontenay, lieu délicieux,
Où je vis d’abord la lumiere,
Bien-tôt au bout de ma carriere
Chez toi je joindrai mes ayeux.
Muses qui dans ce lieu champêtre
Avec soin me fîtes nourrir,
Beaux arbres qui m’avez vu naître,
Bien-tôt vous me verrez mourir.

Ces apostrophes me font voir le poëte en conversation avec les divinités & avec les arbres de ce lieu. Je m’imagine qu’ils sont attendris par la nouvelle qu’il leur annonce ; & le sentiment qu’il leur prête, fait naître dans mon cœur un sentiment approchant du leur.

La poésie du style fait la plus grande différence qui soit entre les vers & la prose. Bien des métaphores qui passeroient pour des figures trop hardies dans le style oratoire le plus élevé, sont reçues en poésie ; les images & les figures doivent être encore plus fréquentes dans la plûpart des genres de la Poésie, que dans les discours oratoires ; la Rhétorique qui veut persuader notre raison, doit toujours conserver un air de modération & de sincérité. Il n’en est pas de même de la Poésie qui songe à nous émouvoir préférablement à toutes choses, & qui tombera d’accord, si l’on veut, qu’elle est souvent de mauvaise foi. Suivant Horace, on peut être poëte en un discours en prose ; & l’on n’est souvent que prosateur dans un discours écrit en vers. Quintilien explique si bien la nature & l’usage des images & des figures dans les derniers chapitres de son huitieme livre, & dans les premiers chapitres du livre suivant, qu’il ne laisse rien à faire, que d’admirer sa pénétration & son grand sens.

Cette partie de la Poésie la plus importante, est en même tems la plus difficile : c’est pour inventer des images qui peignent bien ce que le poëte veut dire ; c’est pour trouver les expressions propres à leur donner l’être, qu’il a besoin d’un feu divin, & non pas pour rimer. Un poëte médiocre peut, à force de consultations & de travail, faire un plan régulier, & donner des mœurs décentes à ses personnages ; mais il n’y a qu’un homme doué du génie de l’art, qui puisse soutenir ses vers par des fictions continuelles, & par des images renaissantes à chaque période. Un homme sans génie, tombe bien-tôt dans la froideur qui naît des figures qui manquent de justesse, & qui ne peignent point nettement leur objet ; ou dans le ridicule qui naît des figures, lesquelles ne sont point convenables au sujet. Telles sont, par exemple, les figures que met en œuvre le carme auteur du poëme de la Magdelaine, qui forment souvent des images grotesques, où le poëte ne devoit nous offrir que des images sérieuses. Le conseil d’un ami peut bien nous faire supprimer quelques figures impropres ou mal imaginées ; mais il ne peut nous inspirer le génie nécessaire pour inventer celles dont il conviendroit de se servir, & qui font la poésie du style ; le secours d’autrui ne sauroit faire un poëte ; il peut tout au plus lui aider à se former.

Un peu de réflexion sur la destinée des poëmes françois publiés depuis cent ans, achevera de nous persuader, que le plus grand mérite d’un poëme, vient de la convenance & de la continuité des images & des peintures que ses vers nous présentent. Le caractere de la poésie du style a toujours décidé du bon ou du mauvais succès des poëmes, même de ceux qui par leur étendue, semblent dépendre le plus de l’économie du plan, de la distribution, de l’action, & de la décence des mœurs.

Nous avons deux tragédies du grand Corneille, dont la conduite & la plûpart des caracteres sont très défectueux, le cid & la mort de Pompée. On pourroit même disputer à cette derniere piece le titre de tragédie ; cependant le public enchante par la poésie du style de ces ouvrages, ne se lasse point de les admirer ; & il les place fort au-dessus de plusieurs autres, dont les mœurs sont meilleures, & dont le plan est régulier. Tous les raisonnemens des critiques ne le persuaderont jamais, qu’il ait tort de prendre pour des ouvrages excellens deux tragédies, qui depuis un siecle, font toujours pleurer les spectateurs.

Nos voisins les Italiens ont aussi deux poëmes épiques en leur langue la Jérusalem délivrée du Tasse, & le Roland furieux de l’Arioste, qui, comme l’Iliade & l’Eneïde, sont devenus des livres de la bibliotheque du genre humain. On vante le poëme du Tasse pour la décence des mœurs, pour la dignité des caracteres, pour l’économie du plan ; en un mot pour sa régularité. Je ne dirai rien des mœurs, des caracteres, de la décence & du plan du poëme de l’Arioste. Homere fut un géometre auprès de lui ; & l’on sait le beau nom que le cardinal d’Est donna au ramas informe d’histoires mal tissues ensemble qui composent le Roland furieux. L’unité d’action y est si mal observée, qu’on a été obligé dans les éditions postérieures d’indiquer, par une note mise à côté de l’endroit où le poëte interrompt une histoire, l’endroit du poëme où il la recommence, afin que le lecteur puisse suivre le fil de cette histoire. On a rendu en cela un grand service au public ; car on ne lit pas deux fois l’Arioste de suite, & en passant du premier chant au second, & de celui-là aux autres successivement, mais bien en suivant indépendamment de l’ordre des livres, les différentes histoires qu’il a plutôt incorporées qu’unies ensemble. Cependant les Italiens, généralement parlant, placent l’Arioste fort au-dessus du Tasse. L’académie de la Crusca, après avoir examiné le procès dans les formes, a fait une décision autentique qui adjuge à l’Arioste le premier rang entre les poëtes épiques italiens. Le plus zélé défenseur du Tasse, Camillo Pelegrini, confesse qu’il attaque l’opinion générale, & que tout le monde a décidé pour l’Arioste, séduit par la poésie de son style. Elle l’emporte véritablement sur la poésie de la Jérusalem délivrée, dont les figures ne sont pas souvent convenables à l’endroit où le poëte les met en œuvre. Il y a souvent encore plus de brillant & d’éclat dans ses figures que de vérité. Je veux dire qu’elles surprennent & qu’elles éblouissent l’imagination, mais qu’elles n’y peignent pas distinctement des images propres à nous émouvoir.

Il résulte de tout ce détail, que le meilleur poëme est celui dont la lecture nous touche davantage ; & que c’est celui qui nous séduit au point de nous cacher la plus grande partie de ses fautes, & de nous faire oublier volontiers celles mêmes que nous avons vues, & qui nous ont choqués. Or c’est à-proportion des charmes de la poésie du style qu’un poëme nous intéresse. Du Bos, réflexions sur la poésie. (D. J.)

Style, (Peint.) le style appartient en peinture à la composition & à l’exécution ; il y a des peintres qui travaillent dans un style héroïque, & d’autres, dans un style champêtre. Pour ce qui concerne l’exécution, un tableau peut être d’un style ferme, ou d’un style poli. Le style ferme est une touche hardie, qui donne de la force & de l’action à l’ouvrage, tels sont les tableaux de Michel-Ange. Le style poli finit & termine toutes choses : c’est à quoi se sont le plus attachés les peintres hollandois. Le style ferme est quelquefois trop dur, & le style poli trop composé, trop travaillé, mais leur union fait les délices des amateurs. (D. J.)

Style, en Musique, est la maniere de composer, d’exécuter & d’enseigner. Cela varie beaucoup selon les pays, le caractere des peuples & le génie des auteurs ; selon les matieres, les lieux, les tems, les sujets & les expressions, &c.

On dit le style de Handel, de Rameau, de Lully, de Destouches, &c. le style des Italiens, des François, des Espagnols, &c.

Le style des musiques gaies & enjouées est bien différent du style des musiques graves ou sérieuses. Le style des musiques d’église n’est pas le même que celui des musiques pour le théâtre ou pour la chambre. Le style des compositions italiennes est piquant, fleuri, expressif : celui des compositions françoises est naturel, coulant, tendre, &c.

De-là viennent les diverses épithetes qui distinguent ces différens styles ; on dit style ancien & moderne ; style italien, françois, allemand, &c. style ecclésiastique, dramatique, de la chambre, &c. style gai, enjoué, fleuri ; style piquant, pathétique, expressif ; style grave, sérieux, majestueux ; style naturel, coulant, tendre, affectueux ; style grand, sublime, galant ; style familier, populaire, bas, rampant.

Style dramatique ou récitatif, c’est un style propre pour les passions. Voyez Récitatif.

Style ecclésiastique, c’est un style plein de majesté, grave & sérieux, & capable d’inspirer la piété.

Stile de motet, c’est un style varié, fleuri, & susceptible de tous les ornemens de l’art ; propre par conséquent à remuer les passions, mais sur-tout à exciter l’admiration, l’étonnement, la douleur, &c. Voyez Motet.

Style de madrigal ; c’est un style affecté à la tendresse, à l’amour, à la compassion & aux autres passions douces. Voyez Madrigal.

Style hyporchematique, c’est le style qui convient au plaisir, à la joie, à la danse, &c. & plein par conséquent de mouvemens prompts, vifs, gais & bien marqués.

Style symphonique ; c’est le style des instrumens. Comme chaque instrument a sa destination particuliere, il y a aussi son style. Le style des violons, par exemple, est ordinairement gai ; celui des flûtes est triste, languissant, &c. celui des trompettes, animé, gai, martial, &c.

Style mélismatique, c’est un style naturel, & sur lequel on chante presque sans avoir appris ; il est propre pour les ariettes, les vilanelles, les vaudevilles, &c.

Style de phantaisie, ou phantaisie, stylo phantastico ; c’est un style d’instrument ou une maniere de composer & d’exécuter, libre de toute contrainte, &c.

Style de danse, stylo choraico ; il se divise en autant de branches différentes qu’il y a de différens caracteres de danse. Il y a donc le style des sarabandes, des menuets, des passepiés, des gavottes, des rigaudons, des bourées, des gaillardes, des courantes, &c. Voyez ces mots.

Les anciens avoient aussi leurs styles différens dont nous avons parlé aux mots, Modes, Mélopée, &c. (S)

Style, (Littérat.) stylus, c’étoit, comme je viens de dire, un poinçon, ou une grosse aiguille, avec la pointe de laquelle les anciens écrivoient sur des tablettes enduites de cire. Voyez Tablette en cire.

Quintilien conseille pour apprendre aux enfans à écrire, de faire graver toutes les lettres sur une planche, afin que la trace des caracteres dirigeât le style, & que la main trouvant une égale résistance aux extrémités, ne sortît point de son modele ; par cette méthode l’enfant, à force d’imiter des caracteres fixes, ne pouvoit manquer de rendre promptement sa main sûre, sans aucun besoin de maître pour la conduire ; car, ajoute notre judicieux critique, c’est une chose fort importante de savoir écrire bien, & vîte ; & c’est ce que les personnes de condition négligent un peu trop. Si Quintilien vivoit parmi nous, il auroit dit négligent au point, qu’on reconnoit un homme de qualité à son écriture illisible, & aux fautes d’ortographe. (D. J.)

Style, en Chronologie, (Hist. mod.) signifie une maniere particuliere de supputer le tems par rapport au retranchement de dix jours du calendrier dans la réformation qui en fut faite sous Grégoire XIII.

Le style est ancien ou nouveau.

Le vieux style est la maniere de compter selon le calendrier Julien, qu’on suit en Angleterre & dans quelques autres états protestans, qui ont refusé d’admettre la réformation. Voyez Julien.

Le nouveau style est la maniere de compter suivant le calendrier Grégorien, qui est suivi par les catholiques & par d’autres, en conséquence de la réformation. Voyez Grégorien.

Ainsi il y a une différence de dix jours entre le vieux style & le nouveau ; le dernier avance beaucoup devant le premier, de façon que quand les catholiques, par exemple, comptent le 21 de Mai, nous ne comptons que le 11.

Cette différence de dix jours est accrue d’un jour en 1707, & est maintenant de 11 jours ; par la raison que cette année n’étoit pas bissextile dans le vieux style, & qu’elle l’étoit dans le nouveau ; de sorte que le dixieme de l’un répondoit au vingt-unieme de l’autre.

Cependant il y a différens endroits, même parmi les protestans, où on a commencé à admettre le nouveau style ; & il est assez vraissemblable qu’avec le tems le vieux style sera tout-à-fait abandonné. A la diette de Ratisbonne, en 1700, il a été résolu par le corps des protestans de l’empire, qu’on retrancheroit onze jours du vieux style pour l’ajuster à l’avenir au nouveau : le même réglement a été fait depuis en Suede & en Danemark ; l’Angleterre est presque le seul état qui retienne le vieux style. Voyez Calendrier.

Style de chasse, voyez Chasse.

Style, (Jurisprud.) en terme de pratique signifie la maniere dont on a coutume de rédiger les actes ; les notaires ont leur style, c’est-à-dire un certain ordre de discours, de certaines expressions qui leur sont propres. Il y a des clauses de style, c’est-à-dire qui se trouvent ordinairement dans tous les actes de même espece ; quelques-unes de ces clauses ne sont que de pur style sans rien ajouter aux conventions, comme le promettant, obligeant, renonçant des notaires qui seroient sous-entendus, quand même on ne les auroit pas exprimés.

Le style judiciaire est la forme que l’on suit pour l’instruction & pour les jugemens dans les tribunaux ; autrefois chaque tribunal avoit son style particulier ; l’ordonnance de 1667 a eu pour objet de rendre partout la procédure un forme ; on avoit même dessein de faire des formules imprimées pour toutes sortes d’actes, afin de rendre par-tout le style uniforme ; mais les difficultés que l’on trouva dans l’exécution de ce projet le firent abandonner, & l’on se contenta de vendre le papier qui étoit destiné à contenir ces formules, que l’on timbre en tête d’une fleur-de-lis ; telle fut l’origine du papier & du parchemin timbré, dont l’usage commença en France en 1673.

Malgré les précautions que les ordonnances ont prises pour rendre par-tout le style uniforme, il subsiste encore bien des différences dans le style de la plûpart des Tribunaux.

Nous avons plusieurs styles anciens & nouveaux, qui sont des instructions sur la maniere de procéder dans chaque tribunal ; tels sont l’ancien style du parlement qui est dans les œuvres de Dumoulin, les styles civil, criminel & du conseil, de Gauret ; le style de Gastier ; le style du châtelet, &c. Voyez Forme, Formules, Ordre judiciaire, Papier timbré, Procédure. (A)

Style mercantile, (Commerce.) c’est celui qu’employent les marchands & les négocians dans les affaires de leur négoce, & dont ils se servent dans leurs écritures pour eux-mêmes, pour leurs associés, leurs correspondans & leurs commissionnaires ; il n’est pas étrange que le commerce ait son style, comme toutes les autres sciences, & il seroit honteux de ne le pas savoir, quand on a la sagesse d’embrasser cette utile profession. (D. J.)

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Étymologie de « style »

Provenç. estil ; espagn. estilo ; ital. stile ; du lat. stylus, proprement poinçon, puis style, qui vient du grec στῦλος, colonne, pointe, poinçon, rattaché à στύω, ériger, qui tient à sthā, stare, être debout.

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(Date à préciser) Anciennement stile. Du latin stilus (« tige de plante », « pieu », « poinçon », « stylet pour écrire ») qui a donné stylus par faux rapprochement avec le grec ancien στῦλος, stŷlos (« colonne, pilier »).
Camille Laurens résume ainsi l’histoire du mot : « Dans l’Antiquité, le style désignait ce poinçon de fer ou d’os qui servait à écrire sur de la cire, et dont l’autre extrémité, aplatie, permettait d’effacer ce qu’on avait écrit. Il y a quelque chose d’émouvant, des siècles après, à reconnaître dans cet objet l’ancêtre du stylo. Mais à l’époque déjà, par glissement métonymique de l’instrument à son résultat, le style est aussi la manière d’écrire, la tournure de l’expression. Cicéron l’emploie dans ce sens figuré dès le premier siècle avant notre ère. Cependant l’un n’implique pas forcément l’autre, et dieu sait que même aujourd’hui il ne suffit pas de tenir un stylo pour avoir une plume. Le style en effet ne se confond pas avec l’écriture, et bien des gens écrivent qui n’ont pourtant aucun style, sauf à l’entendre au sens large : il y a certes un style administratif, très reconnaissable, un style publicitaire… À l’inverse, parfois, quelques mots suffisent : « Impossible rentrer ce soir stop Mensonge suit », ça a du style, avouez — du style télégraphique. » — (Camille Laurens, Tissé par mille, 2005, éditions P.O.L.)
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Phonétique du mot « style »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
style stil

Citations contenant le mot « style »

  • Plus une idée est belle, plus la phrase est sonore. Gustave Flaubert, Correspondance, à Mlle Leroyer de Chantepie, 1857
  • Le style est autant sous les mots que dans les mots. Gustave Flaubert, Correspondance, à Ernest Feydeau, 1860
  • C'est la pensée toute vivante qui dicte le style immortel. Dès qu'elle a trouvé ce qu'elle cherche, elle n'est plus. Pierre Louis, dit Pierre Louÿs, Poétique, Crès
  • Une page bien écrite est celle dont on ne saurait enlever une syllabe sans fausser la mesure de la phrase. Pierre Louis, dit Pierre Louÿs, Poétique, Crès
  • Le style de celui-là dit qu'il sait s'habiller, et de celui-ci qu'il n'a pas besoin d'habit. Robert Mallet, Apostilles, Gallimard
  • Qu'est-ce que l'art ? - Ce par quoi les formes deviennent style. André Malraux, Les Voix du silence, Gallimard
  • Le style n'est que le mouvement de l'âme. Jules Michelet, Journal, 4 juillet 1820 , Gallimard
  • Le style, c’est l’oubli de tous les styles. De Jules Renard / Journal - 7 Avril 1891 , 
  • La première qualité du style, c'est la clarté. De Aristote , 
  • Le meilleur style est celui qui se fait oublier. De Stendhal , 
  • Il soigne son style mais il ne le guérit pas. De Bernard Grasset , 
  • L'adjectif, c'est la graisse du style. De Victor Hugo , 
  • La mode se démode, le style jamais. De Coco Chanel , 
  • Ce style figuré, dont on fait vanité, Sort du bon caractère et de la vérité : Ce n'est que jeu de mots, qu'affectation pure, Et ce n'est point ainsi que parle la nature. Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, Le Misanthrope, I, 2, Alceste
  • Le style n'est que l'ordre et le mouvement qu'on met dans ses pensées. Georges Louis Leclerc, comte de Buffon, Discours sur le style, prononcé à l'Académie française, le jour de sa réception, 25 août 1753
  • J'estime par-dessus tout d'abord le style, et ensuite le vrai. Gustave Flaubert, Correspondance, à Louis Bonenfant, 1856
  • Sans morale, il n'y a plus de vin de Bordeaux, ni de style. La morale, c'est le goût de ce qui est pur et défie le temps. Jacques Boutelleau, dit Jacques Chardonne, L'Amour, c'est beaucoup plus que l'amour, Albin Michel
  • C'est […] cette manière d'épauler, de viser, de tirer vite et juste, que je nomme le style. Jean Cocteau, Le Secret professionnel, Stock
  • [Le style] est une façon très simple de dire des choses compliquées. Jean Cocteau, Le Secret professionnel, Stock
  • Le style est l'homme même. Georges Louis Leclerc, comte de Buffon, Discours sur le style, prononcé à l'Académie française, le jour de sa réception, 25 août 1753
  • Le style est la poésie dans la prose, je veux dire une manière d'exprimer que la pensée n'explique pas. Émile Chartier, dit Alain, Avec Balzac, Gallimard
  • Ce siècle, autre en ses mœurs, demande un autre style. Théodore Agrippa d'Aubigné, Les Tragiques
  • Quand on voit le style naturel, on est tout étonné et ravi, car on s'attendait de voir un auteur, et on trouve un homme. Au lieu que ceux qui ont le goût bon et qui en voyant un livre croient trouver un homme, sont tout surpris de trouver un auteur. Blaise Pascal, Pensées, 29 Pensées
  • Avoir un style exact, précis, en relief, essentiel, qui réveillerait un mort. Jules Renard, Journal, 29 mai 1898 , Gallimard
  • La clarté est la politesse de l'homme de lettres. Jules Renard, Journal, 7 octobre 1892 , Gallimard
  • Le style, c'est l'oubli de tous les styles. Jules Renard, Journal, 7 avril 1891 , Gallimard
  • Un mauvais style, c'est une pensée imparfaite. Jules Renard, Journal, 15 août 1898 , Gallimard
  • Le despotisme frappe le style de bêtise. Henri Beyle, dit Stendhal, Promenades dans Rome, Marginalia
  • Le style est comme le parfum d'un état primitif des esprits. Eugène Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle, Style
  • C'est la pensée qui donne au style sa beauté, mais chez les pseudo-penseurs c'est le style qui doit orner les pensées. Arthur Schopenhauer, Parerga und Paralipomena
  • Le style embaume les oeuvres. De Anonyme , 
  • Le style est un sentiment du monde. De André Malraux / Les Voix du silence , 
  • C’est très élastique, un style. De Griffo / Evene.fr - Novembre 2006 , 
  • La prudence est le style des aveugles. De Yvon Rivard / L'Ombre et le double , 
  • Chez les uns, le style naît des pensées ; chez les autres, les pensées naissent du style. De Joseph Joubert , 
  • Le style n'est rien, mais rien n'est sans le style. De Antoine de Rivarol / Notes, pensées et maximes , 
  • Le style, c’est l’homme ; quand le style est obscur, il faut déjà s’inquiéter. De André Comte-Sponville / Evene.fr - Janvier 2007 , 
  • Jean Lucas dévoile grossièrement les traits de son transfert. "Grégory Lorenzi m'a appelé, le coach Olivier Dall'Oglio aussi. Il m'avait déjà appelé l'année dernière. Brest est une bonne équipe, j'ai vu comment elle joue, j'aime son style de jeu", a souligné le milieu brésilien qui assure "pouvoir jouer en 8 ou en 6, dans un milieu à deux ou à trois". Foot National, Brest : Jean Lucas "aime le style de jeu" du SB29
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Traductions du mot « style »

Langue Traduction
Anglais style
Espagnol estilo
Italien stile
Allemand stil
Chinois 风格
Arabe أسلوب
Portugais estilo
Russe стиль
Japonais スタイル
Basque estiloa
Corse stile
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Synonymes de « style »

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