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Style

Variantes Singulier Pluriel
Masculin style styles

Définitions de « style »

Trésor de la Langue Française informatisé

STYLE1, subst. masc.

I.
A. −
1. Poinçon généralement de métal ou d'os, utilisé dans l'Antiquité et au Moyen Âge pour écrire sur des tablettes enduites de cire. Synon. stylet2(v. ce mot A 1).Du fer d'un style à la pointe acérée, Égratignant la cire impitoyable, il [Suétone] a Décrit les noirs loisirs du vieillard (Heredia, Trophées, 1893, p. 70).C'était une tablette à écrire, d'où pendait un style d'argent. La cire en était presque toute usée, mais on avait dû repasser plusieurs fois les mots tracés (Louÿs, Aphrodite, 1896, p. 35).
2. Instrument métallique pointu servant à dessiner, inscrire, inciser quelque chose. Synon. stylet2(v. ce mot A 2 et 3 b).Les (...) styles (...) dont les potiers romains se servaient pour finir leurs ouvrages (Al. Brongniart, Arts céram., t. 1, 1844, p. 424).[Dans les appareils à stencil] l'opérateur écrit, avec un poinçon métallique ou d'agathe, sur une feuille de papier ciré (...). La pointe du style (...) dessine les caractères par une quantité de perforations (Pethoud, Organ. industr. et comm., 1931, p. 188).
3. Petite tige pointue servant à tracer les courbes sur un cylindre enregistreur. Synon. stylet2(v. ce mot A 3 a).Le baromètre enregistreur [des ballons sondes] se compose d'un organe barométrique qui commande un style traçant les courbes sur un tambour qui tourne (Marchis, Nav. aér., 1904, p. 508).
B. − Tige ou fil dont l'ombre indique l'heure en se déplaçant sur un cadran solaire. L'ombre des styles marquait quatre heures de relevée aux cadrans de tous les clochers (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 346).La boussole (...) coïncide avec l'apparition des premières horloges solaires « modernes » (...). La surface permet d'observer la marche de la ligne d'ombre. Le style est soit un gnomon (...), soit un fil (Bassermann-Jordan, Montres, horl. et pend., 1964, p. 101).V. gnomon ex.
II. − Catégorie de l'esthétique permettant de caractériser l'organisation des formes verbales, plastiques, musicales, que l'histoire de l'art a identifiées et décrites comme ayant fait époque ou comme étant marquées par un artiste particulier.
A. − Domaine du lang. et de la ling.
1.
a) Ensemble des moyens d'expression (vocabulaire, images, tours de phrase, rythme) qui traduisent de façon originale les pensées, les sentiments, toute la personnalité d'un auteur. Synon. écriture, plume.Style original, personnel, propre; style d'un auteur, d'un poète; caractère du style (de); travailler son style; former, imiter le style (de). Le caractère de l'homme (...) est son style. Dans le style de Dante, ferme, presque sans épithète, amer et mystique, qui ne sent le gibelin dévot? Dans celui de Montaigne, l'homme heureux, oisif, curieux et paisiblement soigneux de son éloquence (...)? (Vigny, Journal poète, 1854, p. 1317):
1. Pour que l'idée laissât des traces, je me proposais de la revêtir de toutes les ciselures de mon style, d'y prodiguer ces arabesques capricieuses qui sont le sceau de l'artiste, son cachet et son blason; je me promettais (...) de faire osciller ma phrase dans le balancier de l'antithèse, (...) de la faire bondir sur la cataracte de l'énumération, au milieu de substantifs bruyants et d'épithètes écumeuses. Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 61.
P. méton. [À propos d'une œuvre littér.] Ensemble des traits expressifs qui dénotent l'auteur dans un écrit. Style d'une lettre. Le style d'une œuvre littéraire est le système d'oppositions par lequel des modifications expressives (intensification de la représentation, coloration affective, connotation esthétique) (...) sont apportées à l'expression linguistique, au processus de communication minimale (M. Riffaterreds Rom. Philol.t. 14 1960-61, p. 217).
b) Absol. Manière d'écrire ou de parler très personnelle. Absence de style; travail du style. Le style est la volonté de s'extérioriser par des moyens choisis. On confond généralement comme Buffon langue et style, parce que peu d'hommes ont besoin d'un art de volonté (Jacob, Cornet dés, 1923, p. 13).Le style conserve la pensée (...). Mais c'est la pensée qui fait le style. C'est la pensée rude et serrée de Pascal qui donne à sa langue des traits de feu (Chardonne, Attach., 1943, p. 108).
Avoir du style; faire du style (rare). Goncourt a du style, une certaine vie nerveuse (...). Le style, c'est la tournure, c'est le mouvement de l'âme, ses frémissements, ses hardiesses, son élan rendu sensible (Barrès, Cahiers, t. 7, 1908, p. 100).Un gamin des rues emploie des mots pittoresques et façonne ses phrases d'une manière imprévue et piquante; il fait du style sans le savoir (Bally, Lang. et vie, 1952, p. 27).
(Être) dénué de style; sans style; manquer de style. Les Foules de Lourdes de Huysmans (...) un livre de faiseur, sans style et sans véritable émotion, sans forme, sans valeur (Alain-Fournier, Corresp. [avec Rivière], 1909, p. 112).
Créer un style. C'est un des rares ouvrages [À rebours, de Huysmans] qui créent un style, un type, presque un art nouveau (Valéry, Lettres à qq.-uns, 1945, p. 11).
[P. allus. à Buffon et à son discours de réception à l'Académie française, prononcé en août 1753] Le style est l'homme même. Le style reflète l'individualité de son auteur et présente un intéret durable, à la différence du sujet traité. Le style c'est l'homme et l'œuvre l'expression d'une nature et d'une aventure, d'une expérience incommensurable à toute autre et qui, par conséquent, transcende toute catégorie normalisée (Guiraudds Langage, 1968, p. 440).
2.
a) Mode d'expression verbale qui est spécifique de tel genre ou sujet littéraire, qui correspond ou non à certaines normes formelles. Il est un style qui n'est que l'ombre (...), le dessin de la pensée; (...) [il] convient à la métaphysique, où tout est vague et étendu, et aux sentiments de piété, qui ont quelque chose d'infini (Joubert, Pensées, t. 2, 1824, p. 63).Laisse à d'autres les ingéniosités de style, les hardiesses de syntaxe, la poursuite des épithètes rares (...): pour une œuvre (...) dont le fond seul importe, contente-toi d'un style clair, correct, dépouillé (Martin du G., Souv. autobiogr., 1955, p. lxxxv).V. académique ex. 13, ampoulé ex. 5, écrit ex. 3, épistolaire ex. de Joubert.
SYNT. Style littéraire, oratoire, parlé; style admirable, exquis, médiocre; style didactique, énergique, pur; style allégorique, artiste, emphatique, épique, fleuri, lyrique, orné, pittoresque, pompeux, précieux, sublime; style élevé, soutenu; style familier, naïf, naturel, plat, simple; style biblique, chrétien, comique, philosophique, poétique, tragique; beau, haut, joli, mauvais style; écrit d'un/dans un style (+ qualificatif); beauté, charme, élégance, grâce(s), magie, négligence, perfection, pureté, qualité, raffinement, recherche du style (de).
GRAMM. Style direct, indirect. Synon. de discours direct, indirect (v. discours C 1 b).Il y a trop, beaucoup trop de dialogues. Pourquoi ne pas vous servir plus souvent de la forme narrative et réserver le style direct pour les scènes principales? (Flaub., Corresp., 1870, p. 103).Peut-être ne faisait-elle que répéter en style indirect les propos violents qu'elle avait entendus (Proust, Temps retr., 1922, p. 845).
Style figuré. V. figuré A 2 b et ex. de Stendhal.Style lapidaire. V. lapidaire2A et ex. de E. Leclerc.Style noble. V. noble1B 2 a et ex. de Stendhal, ex. 10.Style pressé. V. pressé II A 2 b et ex. de Sainte-Beuve.
b) Absol. [Avec une valeur gén. favorable; beau, bon étant plus ou moins nettement sous-entendus] Mode d'expression verbale qui correspond idéalement à certaines normes formelles. Effet, étude, exercice, morceaux, procédé, tournure de style; art, règles, souci du style. Il avait le don naturel du style, comme si sa plume eût suivi le calque des plus grands écrivains. Il était naturellement antique dans le discours, poëte (...) dans les vers (Lamart., Confid., Graziella, 1849, p. 323):
2. Son exercice [de la lecture] enseigne, paraît-il, le style, la convenance et la façon de disposer, pour l'agrément du lecteur et la satisfaction de notre conscience, la masse informe que nous portons en nous, d'en aménager avec décence le tohu-bohu. Arnoux, Roi, 1956, p. 33.
Figure de style. V. figure I B 3 b et rem.Avoir du style, faire du style (avec une nuance iron.). Les filles publiques en écrivant font du style et de beaux sentiments (Balzac, Splend. et mis., 1847, p. 617).Mon père, il avait du style, l'élégance lui venait toute seule (...). Lempreinte, ce don l'agaçait (...). Il lui a fait recommencer presque toutes ses lettres (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 58).
P. iron. [Mis pour mauvais style] Ton patron nous écrit: J'ai reçu une lettre du général, comme vous, pas trop honnête. Il veut dire: comme celle que vous avez reçue. Tout le reste est de ce style (Courier, Lettres Fr. et Ital., 1806, p. 719).
3. Mode d'expression verbale propre à une école, à une nation, à une époque. Style français, moderne, romantique; style du temps, d'une époque, du XVIIesiècle. La liberté fort grande du style contemporain et parisien ne lui suffisait pas. Il [Balzac] prit celui de Rabelais et de Brantôme pour peindre avec la minutie du seizième siècle, les crudités du seizième siècle (Taine, Nouv. Essais crit. et hist., 1865, p. 11).Dès qu'un auteur (...) parvient à capter quelques mouvements de l'âme dans ces lignes pures, simples, élégantes et légères qui caractérisent le style classique, aussitôt on le porte aux nues (Sarraute, Ère soupçon, 1956, p. 85).
4. Mode d'expression verbale propre à une activité, à un groupe professionnel. Synon. jargon, langage, phraséologie, vocabulaire.Style administratif, diplomatique, télégraphique; style de publicité. Quel contraste je trouvois entre le style boursoufflé et vide des chancelleries de nos Cantons Suisses avec les formes brèves et tranchantes des hommes de la grande république! (Bonstetten, Homme Midi, 1824, p. 208).L'encyclique du Pape est bien belle, accusant Victor-Emmanuel d'établir « des maisons de débauche » (...). Quel bon style poncif que le style ecclésiastique! (Flaub., Corresp., 1860, p. 403).V. commercial A 2 ex. de Flaubert.Style de Palais. V. palais1C 2.
En style de + subst.Selon la façon de s'exprimer de. Marthe très énervée (...) avait traité son époux de « cocu » avec tant de fréquence et de conviction que le malheureux n'avait plus douté de ce qu'on appelle, en style de reporter, « l'étendue de son malheur » (Colette, Cl. s'en va, 1903, p. 257).V. broutille ex. 2.
B. − PEINT., SCULT.
1. Manière personnelle d'utiliser certains moyens artistiques (choix du sujet, des formes, des lignes, jeu des couleurs) qui permet de reconnaître un artiste à travers ses œuvres. Synon. facture1, griffe1, patte1, touche.Ses compositions, toujours étranges et inattendues, (...) étaient bien à lui et n'avaient d'autre style que le sien (...) son unique procédé consistait à peindre (...) en exaspérant la violence de ses reliefs de couleur (Bloy, Femme pauvre, 1897, p. 134).L'énergie morale, la puissance prophétique, la grandeur d'ailleurs convulsive du style de Michel-Ange (Faure, Espr. formes, 1927, p. 104).
Dans le style de + n. propre.D'une manière propre à tel artiste ou qui évoque cet artiste. Les fauteuils (...) racontaient (...) des bergeries dans le style de Boucher et de Watteau (Murger, Scène vie jeun., 1851, p. 126).
P. méton. [À propos (d'un aspect) d'une œuvre] Qualité de ce qui manifeste le tempérament propre d'un artiste. Pour M. Decamps, la couleur était la grande chose (...). Sa couleur splendide et rayonnante avait de plus un style très particulier. Elle était (...) sanguinaire et mordante (Baudel., Salon, 1846, p. 139).
2. [Avec une valeur fortement laud.] Le (grand, haut, etc.) style. Qualité de celui/ce qui révèle une personnalité artistique très affirmée, de celui/ce qui exprime magistralement un sujet, en lui donnant du caractère, de la grandeur ou de ce qui répond idéalement à certaines normes esthétiques. Synon. allure, cachet.Aucun de nos peintres modernes (...) ne serait capable de peindre cette tête [de lady Harley] ; ils y voudraient placer l'imitation de l'antique ou le style, comme on dit à Paris, c'est-à-dire donner l'expression de la force et du calme (Stendhal, Rome, Naples et Fl., t. 1, 1817, p. 33).À la matière sans équivalent de Cézanne s'ajoute la majesté du dessin, qui parvient au style, au grand style, par l'intervention du trait qui (...) résume les inflexions essentielles (Lhote, Peint. d'abord, 1942, p. 131).
En partic. [Chez Nietzsche] La grandeur d'un artiste ne se mesure pas aux « beaux sentiments » qu'il excite (...)! Elle dépend de la mesure dans laquelle il approche du grand style (...). Ce style a ceci de commun avec la grande passion qu'il dédaigne de plaire, qu'il oublie de persuader, qu'il commande, qu'il veut (Fr. Nietzsche, La Volonté de puissance, trad. par G. Bianquis, t. 2, 1937, p. 338).
De grand, haut style. C'est [le Partage de la tunique du Christ] une œuvre de grand style, splendide et pleine, toute ramassée autour de la noble tristesse du Christ (Barrès, Greco, 1911, p. 22).La Loge [par Renoir], conçue dans une harmonie sourde, dans une pénombre chaleureuse, est une œuvre d'élégance quintessenciée et de haut style (Mauclair,Maîtres impressionn.,1923,p. 136).
Avoir du style; (être) sans style. Si l'on entend par style, l'idéal de ce qui est pur et beau transcrit en formules, il [Rubens] n'a pas de style (Fromentin, Maîtres autrefois, 1876, p. 48).Le Faust, d'Ary Scheffer, (...) les religiosités de M. Flandrin, sont (...) sans aucun style, attendu qu'aucun de ces deux hommes n'avait une palette qui lui appartînt (Huysmans, Art mod., 1883, p. 195).
3. P. anal. [À propos de l'aspect d'un paysage, d'une pers.] Qualité de ce qui évoque l'œuvre d'un maître. Ce pays (...) est rustique au possible, ce qui ne l'empêche pas d'avoir un grand style, à cause de ses beaux arbres et de ses verdures immenses (Sand, Corresp., t. 5, 1864, p. 36).Je trouve à la gare (...) un groupe d'une vingtaine de zouaves (...). Rien n'est beau, rien n'a du style, rien n'est sculptural, rien n'est pictural comme ces éreintés d'une bataille (Goncourt, Journal, 1870, p. 583).
C. − ARCHIT., ARTS DÉCOR.
1. Ensemble des traits esthétiques qui caractérisent les œuvres d'une école, d'une nation, d'une époque et qui permettent de les dater, classer, évaluer. L'architecture monastique (...) passa successivement par toutes les variations de formes qui caractérisent les cinq grandes divisions de l'art chrétien: style latin, style byzantin, style roman, style ogival, et style classique ou de la renaissance (Lenoir, Archit. monast., 1852, p. xvi).L'art décoratif secoue le joug de la pesante ornementation Louis quatorzième. (...) vers 1730-1735 un nouveau style est né: le style Louis XV, triomphe de l'asymétrie et de la ligne sinueuse (Viaux, Meuble Fr., 1962, p. 82).V. gothique ex. 1, jésuite ex. 4, modern style ex.
SYNT. Style ancien, barbare, baroque, colonial, décoratif, grec, rétro, rocaille, rococo, rustique, troubadour; style Henri II, Louis XIII, Louis XIV, Régence, Louis XVI, Directoire, Empire, 1900; vieux style; style d'architecture; mélange de styles; unité de style; de/d'un grand style.
De/du/en style + déterminatif; de pur/du plus pur/beau style + déterminatif. Église, maison de style + déterminatif. La mosquée de Sultan Haçan est de pur style arabe (...) et d'une fort belle époque (1347-1361) (Du Camp, Nil, 1854, p. 34).Un salon propre et correct, de style Louis-Philippe, aux meubles froids et lourds (Maupass., Contes et nouv., t. 1, J. Romain, 1886, p. 1293).P. ext. Dans le/de/du style + déterminatif. D'une manière, d'un genre esthétique cherchant à reproduire un style authentique plus ancien. Ce lit, historié en toutes ses parties dans le style Renaissance, tel qu'on le traitait sous Louis-Philippe, présentait (...) un médaillon orné de perles (A. France, Pt Pierre, 1918, p. 280).Les docks de Sainte-Catherine sont du style grec d'il y a cent ans: colonnes antiques entourant des bassins; on dirait un entrepôt sur un temple (Morand, Londres, 1933, p. 308).
2. Absol. Ensemble des traits caractérisant tel genre esthétique particulier. Donner du style à. L'église, où il n'y a plus aucun style: ni la poésie gothique, ni le gracieux de la Renaissance, ni l'austérité janséniste (Michelet, Journal, 1839, p. 311).Le Continental conserve le style. L'électricité se cache sous les globes à gaz des lampadaires (Cocteau, Portr.-souv., 1935, p. 202).
Meuble (de style). (Meuble) qui appartient à un genre esthétique défini, notamment ancien, ou qui imite un genre esthétique ancien sans être d'époque. Les jeunes filles apprenaient par des racontars que l'amour se consomme sur des canapés de style, dans des pièces du genre boudoir (Aymé, Jument, 1933, p. 186).
Avoir du style; (être) sans style. Ce grand village est merveilleux. Il a du style, de l'allure (...). Les cases ne sont plus ces huttes (...) uniformément laides (...), mais vastes, de bel aspect (Gide, Voy. Congo, 1927, p. 768).La maison est sans style, l'appartement sans caractère (Green, Journal, 1946, p. 42).
D. −
1. COST., MODE. Ensemble des traits esthétiques qui caractérisent les créations d'un couturier, les costumes d'une époque, la manière de s'habiller, de porter la toilette propre à telle personne. Style décontracté. Il existe dans la mode des vêtements, dans la manière dont une femme, célèbre par son goût, se tient et marche, un style indescriptible (...). Ce style est le cachet des classes (Balzac, Œuvres div., t. 2,1830,p. 145).« (...) tu as un bien beau tailleur. − (...) il vient de chez Balmain. » Il n'y avait rien à dire contre cette coupe raffinée, (...) je n'étais pas habituée à son nouveau style (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 398).
Fam. Le style + subst. en appos.Si tu avais les moyens, tu aimerais t'habiller comment? (...) Pas le style fille-à-papa-fourrure, pas le style collégienne-bleu-marine, pas le style dame-de-trente-ans (Le Nouvel Observateur, 29 déc. 1980, p. 39, col. 3).V. acerbe ex. 9.
De (grand) style. La maîtrise consistait à alterner les mèches de la chevelure avec les plis brisés de luxueuses étoffes. Il entrait dans la confection de ces coiffures de grand style jusqu'à quinze mètres de linon (Stéphane, Art coiff. fém., 1932, p. 139).
Avoir du style. Tout ornement libre est laid. C'est la raison pour laquelle les costumes ont presque toujours plus de style que les autres objets ornés, et pourquoi une broderie en couleurs plaît plus aisément qu'une peinture (Alain, Beaux-arts, 1920, p. 186).
2. ESTHÉT. VESTIM. ET INDUSTR. Synon. de stylisme (v. ce mot B).Le Centre de style crée un poste de documentaliste (...) chargé(e) de (...) gérer l'information concernant la création industrielle (Le Nouvel Observateur, 4 oct. 1976, p. 82).Elle (...) [a] fait ses premières armes avant de travailler dans une dizaine de bureaux de style. Collections (...), réalisation de cahiers de tendancesils permettent de déterminer les couleurs, les formes, les matières qui deviendront à la mode et conditionnent les productions (Le Monde loisirs, 14 avr. 1984, p. xvi).
E. −
1. MUS., CHORÉGR. Manière de composer particulière à un auteur, une école ou caractère distinctif d'une œuvre. Cette œuvre [symphonie en « ut » majeur], (...) par son style mélodique, par sa sobriété harmonique (...) se distingue (...) des autres compositions de Beethoven (Berlioz, À travers chants, 1862, p. 19).On parle de ses trois manières (...); à la vérité (...), le style de Verdi reste si personnel qu'il suffit d'entendre une phrase d'un de ses ouvrages, même du début de sa carrière, pour le reconnaître (Dumesnil, Hist. théâtre lyr., 1953, p. 162).V. comique ex. de Delacroix.
De style. Une danse de style, comme le menuet, est une danse de politesse (Alain, Beaux-arts, 1920, p. 202).
2. P. anal. Manière personnelle d'interpréter une œuvre musicale, chorégraphique, théâtrale, cinématographique. C'était une assez décente pianiste [MmeOtto] (...) et d'un certain style, celui, en plus moelleusement fade, que lui avait légué feu Otto (Arnoux, Solde, 1958, p. 213).Dans Orphée le ton ne peut être ni familier ni « poétique ». Il doit correspondre à l'écriture d'un texte dur (...). Voilà le style que Jean Marais possède (Cocteau, Poés. crit. I, 1959, p. 248).
III.
A. −
1. Manière habituelle d'appréhender, d'apprécier les choses et de se comporter, propre à une personne ou un groupe. Les dimanches des stalags ressuscitèrent (...) les dimanches de n'importe quelle petite ville française. On y reconnaissait les habitudes familières de la race, son ingéniosité, son amour du bien-vivre, son style aimable et débraillé (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 156):
3. Le monde a son unité (...). Elle est comparable à celle d'un individu que je reconnais dans une évidence irrécusable (...), parce qu'il conserve le même style dans tous ses propos et dans toute sa conduite, même s'il change de milieu ou d'idées. Un style est une certaine manière de traiter les situations... Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p. 378.
P. méton. [À propos d'un trait hum.] Synon. de genre, modalité.Ne parlons pas d'un nouveau type de sainteté (...). Mais les conditions historiques changeantes peuvent donner lieu à des modes nouveaux, à des styles nouveaux de sainteté. La sainteté de François d'Assise a une autre physionomie que celle des stylites (Maritain, Human. intégr., 1936, p. 134).On ne peut consentir à vivre qu'en ignorant tout du style de sa mort et des formes de son vieillissement (Nizan, Conspir., 1938, p. 110).
Locutions
Fam. (Le) style + subst. en appos.; subst. + style + subst. en appos.; subst. + adj. + style; subst. + style + adj. (A) la manière caractéristique de. Il réalisait le type d'un de ces Allemands nouveau style qui affectent de répudier avec des railleries le vieil idéalisme de la race (Rolland, J.-Chr., Matin, 1904, p. 117).Ce que j'appelle, en fait de sortie, le style femme de ménage (Colette, Seconde, 1929, p. 255).Le carré de soie noire, style Pieds-Nickelés, qui protégeait son œil (Malraux, Cond. hum., 1933, p. 196).
Dans le/de style + déterminatif; du style de + déterminatif. À la façon typique de. Quelle différence entre un Cruppi et une larve du style de Hanotaux, toujours biaisant (L. Daudet, Salons et journaux, 1917, p. 188).Je faisais aussi des colères dans le plus pur style Pasquier. La ressemblance était frappante (Duhamel, Nuit St-Jean, 1935, p. 81).Le paranoïaque de style persécuté (Mounier, Traité caract., 1946, p. 358).
De grand style. De vaste envergure, avec des moyens importants. Offensive de grand style. Je proposais de monter une opération de grand style sur le front des armées (...) et de doter cette attaque du maximum de moyens qu'il serait possible de réunir (Joffre, Mém., t. 2, 1931, p. 349).
Style d'action, d'existence, de vie. Manière personnelle d'agir, de se conduire dans la vie. Marie-Dorée découvrait en l'écoutant [la comtesse] un genre d'existence, une éducation, un style de pensée et de vie (...) qu'elle ne soupçonnait pas (L. de Vilmorin, Lit à col., 1941, p. 244).
Être (bien) dans le style de + subst.; être (bien) dans son style de + inf. Être dans les goûts, dans les façons de faire habituelles de. Je n'aime pas beaucoup ça, ces visiteuses que l'on reçoit dans sa chambre. Ce n'est pas dans le style de la maison. Mais, pour une fois! (Bourget, Actes suivent, 1926, p. 159).Rien qui fût moins dans son « style » que d'être assise sur le tapis (Mauriac, Plongées, 1938, p. 18).
2. [Avec une valeur fortement laud.] Le (grand) style (de qqn/qqc.). Manière de se présenter, de se comporter qui marque un rang élevé, qui est empreinte de noblesse, de distinction. Arrivée en bas [de l'escalier], elle rejeta le pardessus. Dans ce rez-de-chaussée (...) d'une nudité pompéienne, Hedwige drapée à l'antique (...), quel style! (Morand, Homme pressé, 1941, p. 133).Pièce monumentale, avec colonnes de marbre, dallage de marbre (...). Tout respire le luxe et le grand style. Ravier: grand, mince, élégant (Montherl., Celles qu'on prend, 1950, i, p. 767).
De (grand) style. C'est dans ma chambre qu'il recevait celle que nous appelions « la dame », une putain de style, (...) je n'ai gardé souvenir que du dégoût qu'elle me causait avec la distinction de son allure, son élégance et son afféterie (Gide, Si le grain, 1924, p. 572).Il avait entrevu d'abord une dispute de grand style, quelque chose de magnifique avec éclats de voix, tirades, agenouillements et sanctions. Il avait préparé des mots cinglants (Duhamel, Passion J. Pasquier, 1945, p. 226).
Avoir, donner du style. Avoir, donner de la dignité, de l'allure, du panache. Myope et maladroit de son corps (...), il se tenait sous les injures, sous les agressions même, intrépide. Son orgueil lui donnait du style (Barrès, Appel soldat, 1900, p. 202).Cette demeure (...) tout ensemble historique et vivante, habitée par des descendants qui ont à la fois du « style » et de la vie (Proust, Chron., 1922, p. 51).Manquer de style. Manquer de classe, de grandeur. Elle avait dû se faire une instruction et une éducation, car elle ne manquait, à l'occasion, ni d'esprit, ni de style, ni de tenue (Zola, Paris, t. 1, 1897, p. 85).
En partic. [À propos d'un employé de maison] Manière élégante d'accomplir son service dans les formes. Le petit vieux saisit (...) le bouton d'une porte (...). Le domestique de haut style l'en décroche avec des précautions respectueuses, et lui dit d'une voix bien cultivée, sévère et douce à la fois:J'en demande pardon à Monsieur (Renard, Lanterne sourde, 1893, p. 29).Les chauffeurs de grand style arrivent (...) en gants mousquetaires, pour vérifier si leurs Rolls ont été bien lavées (Morand, Londres, 1933, p. 177).
B. − Spécialement
1. Arg., vx. Synon. de argent.Nous vendrons ce butin à la première occasion, et nos profondes auront le style qui leur manque (A. Camus, Bohèmes, 1863, p. 193).
2. DR., vx. ,,Manière de procéder en justice`` (Barr. Suppl. 1967, Barr. 1974). Le style du Châtelet. Le style du Parlement (...). Style de la Cour de Rome (Ac. 1798-1935). L'instruction commença sur-le-champ. Avec de si faibles éléments, il était impossible, en style de parquet, d'en tirer une condamnation à mort (Balzac, Splend. et mis., 1847, p. 560).
Clause de style. V. clause A et ex. 2.Cette clause de style, servant d'ironique conclusion à la mise en demeure qui la contredisait (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p. 117).
3. HIST. ,,Point de départ de l'année`` (Fédou Moy. Âge 1980). En France, le style le plus courant était celui de Pâques (...). L'indication « nouveau style » (n. s. ou n. st.) portée à la suite d'une date signifie que celle-ci est exprimée après conversion en style actuel, c'est-à-dire en prenant pour point de départ le 1erjanvier. Ce style du 1erjanvier a été rendu obligatoire par une ordonnance de Charles IX (1564) (FédouMoy. Âge1980).
Vieux style/nouveau style. ,,Vieux style, La manière dont on comptait dans le calendrier, avant sa réformation par Grégoire XIII, et qui est encore suivie en Grèce et en Russie. Nouveau style, La manière dont on compte depuis cette réformation. C'est aujourd'hui le quinze de janvier selon le vieux style, ou simplement, vieux style; et le vingt-six, nouveau style`` (Ac. 1835). Je donne les dates en style décadaire et en style grégorien. Quoique le dernier soit le seul employé maintenant, le premier étoit en usage à l'époque de notre voyage; j'ai dû le conserver parce que les éphémérides Françoises, dans cet invervalle, sont calculées suivant ce calendrier (Freycinet, Voy. terres austr., 1815, p. 469).C'est le 8 mars (style ancien), 20 mars (style nouveau) que Missolonghi (...) a succombé (Delécluze, Journal, 1826, p. 336).
Vieux style. ,,Se dit aussi de l'ère chrétienne, par opposition à l'ère républicaine commencée le 22 septembre 1792`` (Littré). Je suis prisonnier des Anglais depuis le 14 thermidor an VI (ou le 2 août 1798, vieux style, qui, dit-on, redevient à la mode aujourd'hui) (Vigny, Serv. et grand. milit., 1835, p. 145).
4. SPORTS. ,,Manière d'utiliser la technique propre à telle (...) spécialité sportive, que le pratiquant assimile à l'entraînement, pour atteindre dans l'épreuve à l'efficacité et à l'élégance du geste`` (Petiot 1982). La technique du coureur et la maîtrise de ses skis, en un mot son style (...) apparaissent dans le slalom (Comment parlent les sportifsds Vie Lang.1952, p. 140).L'entraîneur corrige le style des rameurs et les amène progressivement à harmoniser leurs mouvements, à acquérir le rythme voulu (Jeux et sports, 1967, p. 1534).
Avoir du style. Grand et bien taillé, Duncan (...) sut ce que c'est que d'avoir du style sur piste [vélocipédique] (Baudry de Saunier, Cycl., 1892p. 445).
REM.
Stylométrie, subst. fém.,ling. Science qui utilise les statistiques pour l'étude du style (supra II A). On peut mesurer le lexique et la syntaxe d'un style (...). La stylométrie usera de tous les moyens de mesurer: on pourra compter, calculer, faire des analyses factorielles, des prévisions statistiques, des comparaisons, (...) son objet global demeure cette propriété de l'ensemble sur laquelle s'exerce finalement le jugement esthétique (J.-M. Zembds Rech. de styl., Nancy, C.R.A.L., 1967, p. 36).
Prononc. et Orth.: [stil]. Ac. 1694, 1718: stile, style; dep. 1740: style. Homon. style2. Étymol. et Hist. A. Ca 1290 estile « manière d'agir » (Gautier de Bibbesworth, Traité sur la lang. fr., éd. A. Owen, 278); ca 1350 stile (Gilles le Muisit, Poésies, I, 125 ds T.-L.); ca 1480 selon son stille « à sa manière » (Myst. Viel Test., 43204, éd. J. de Rothschild, t. 5, p. 295); 1540 changer le stille de sa vie « changer de manière de vivre » (B. de La Grise, L'Orloge des Princes [trad. du texte esp. de A. Guevara], L. III, foXIV ro). B. Ca 1393 « manière de parler » (Ménagier de Paris, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, p. 194, 36); spéc. 1870 gramm. style direct (Flaub., loc. cit.); 1913 style indirect (Péguy, Argent, p. 1233: conjonction latine de style indirect). C. 1. 1536 stile « manière de composer, d'écrire » (R. de Collerye, Œuvres, éd. Ch. d'Héricault, p. 46); spéc. a) id. hault stille « manière la plus noble de s'exprimer par écrit » (Id., ibid., p. 258); b) 1538-58 stille bas (Mellin de Saint-Gelais, Œuvres, t. 2, p. 2); 2. 1699 Beaux-Arts (R. de Piles , Abrégé de la Vie des Peintres, Idée du Peintre parfait, p. 4 ds Brunot t. 6, p. 707, note 7: Que le peintre dessine correctement et d'un stile varié); 3. a) 1671 « caractère propre à une langue » (Bouhours, Les Entretiens d'Ariste et d'Eugène, p. 86 ds Quem. DDL t. 21: stile Asiatique); b) 1734 « caractère général des œuvres des écrivains ou artistes d'un même pays, d'une même époque, etc. » ici, litt. (Voltaire, Lettres philos., t. 2, p. 125: la licence impétueuse du stile anglais); 1742 (J.-B. Dubos, Hist. crit. de l'établissement de la monarchie fr. dans les Gaules, t. 2, p. 367: enseignemens [...] écrits dans le style du sixieme siecle). D. 1346 jur. stille « règlement coutumier » (Arch. JJ 75, fo59 vods Gdf.); 1564 être de style « relever du droit coutumier » (Thierry); 1765 clause de style « clause se trouvant ordinairement dans tous les actes d'une même espèce » (Encyclop.). E. 1. Fin xives. stille « poinçon à écrire » (B.N. lat. 13032, 11800 ds Roques, p. 395); 1546 style (Rabelais, Tiers Livre, chap. 25, éd. M. A. Screech, p. 178, 32); 2. 1562 p. ext. stile « tige dont l'ombre portée sur un cadran solaire indique l'heure » (Bullant, Horolog., p. 10 ds Gdf. Compl.); 3. 1672 « instrument de chirurgie long et pointu » (J. Scultet, L'Arcenal de Chirurgie [ouvrage trad. du lat. par Fr. Deboze], p. 17). F. 1457-66 stille « manière de compter les jours de l'année et de fixer le début de celle-ci » (Ch. des comptes, reg. no6301, A. du royaume de Belgique ds Gdf. Compl.); av. 1630 nouveau stile « manière de fixer le début de l'année postérieure à la réforme de 1582 » (A. d'Aubigné, lettre ds Œuvres, éd. Réaume et de Caussade, t. 1, p. 530); 1802 nouveau style « manière de compter les jours selon le calendrier révolutionnaire » (Nouv. dict. fr.-all. et all.-fr., Basles, S. Flick d'apr. FEW t. 12, p. 266b). Empr. au lat.stilus« tout objet en forme de tige pointue; poinçon pour écrire » (d'où E), puis « manière, style », « œuvre littéraire » en lat. d'époque impériale (d'où A, B, C), « coutume, mœurs » et « règlement, formule juridique » en lat. médiév. (xiiies. et xives. ds Du Cange, s.v. stillus; d'où D), aussi « manière de fixer le début de l'année » (xives. d'apr. Nierm.; d'où F). La graph. avec -y- est due à l'infl. du gr. σ τ υ ̃ λ ο ς « colonne; pointe » (v. style2). Voir FEW t. 12, pp. 266b-268. Bbg. Delbouille (P.). Les Art. style et stylistique dans les nouv. dict. fr. de ling. Cah. d'analyse textuelle. 1976, t. 18, pp. 7-37. −Klinkenberg (J.-M.). Essai de redéfinition sémiol. du concept de style. Fr. mod. 1985, t. 53, pp. 242-245. −Quem. DDL t. 11 (s.v. style de révolution), 27, 31 (s.v. style télégraphique), 36, 37. − Reimann (R.). Obs. sur l'us. contemp. du mot style. B. Inform. Lab. Anal. Lexicol. 1961, t. 5, pp. 43-53. −Rohr Geldbezeichn. 1987, p. 247. −Sayce (R. A.). The Definition of the term style. In: Congrès de l'Assoc. internat. de Litt. comp. 3. 1962, pp. 156-166. −Sempoux (A.). Note sur l'hist. des mots style et stylistique. R. belge Philol. Hist. 1961, t. 39, pp. 736-746.

STYLE2, subst. masc.

A. − Littér. Synon. de colonne.Le papayer qu'on eût pris pour un style d'argent ciselé, surmonté d'une urne corinthienne (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 335).Quoi de plus simple que de poser horizontalement une pierre sur deux styles verticaux? Et cependant, de ce principe si simple, combien les Grecs ont-ils su tirer de conséquences? (Viollet-Le-Duc, Archit., 1863, p. 458).
P. anal. Un peuplier dont le long style s'élevait dans le ciel comme un pinceau (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 119).Vois ce pays (...) Regarde-la, cette colonne italienne (...), cette terre longue et resserrée dans le soleil, Je dis cette Clef royale, et ce style (Claudel, Feuilles Saints, 1925, p. 677).
B. − BOT. Partie du pistil située entre le stigmate et l'ovaire, de forme allongée et cylindrique. [Dans la fleur femelle du châtaignier] l'ovaire (...) est surmonté de six styles cartilagineux et à stigmates simples (Baudrillart, Nouv. manuel forest., t. 1, 1808, p. 161).V. pistil ex.
C. − ZOOL. ,,Petit prolongement pointu, articulé ou non`` (Séguy 1967). Chez les Blattidae [groupe d'insectes ayant pour type les blattes] (...), il existe deux paires de ces appendices terminaux désignés sous le nom de styles (...) qui ont la forme de filets pluriarticulés (E. Perrier, Zool., t. 1, 1893, p. 1162).
REM.
Stylaire, adj.,bot. Qui appartient au style (supra B). Une cause importante de stérilité est la désharmonie entre la constitution d'un style et celle d'un tube pollinique, (...) le tissu stylaire inhibe la croissance du tube pollinique (Cuénot, J. Rostand, Introd. génét., 1936, p. 72).
Prononc. et Orth.: [stil]. Att. ds Ac. dep. 1835. Homon. style1. Étymol. et Hist. 1. 1721 bot. stile synon. de pistil (Trév.); 1765 désigne une partie du pistil (Encyclop.); 2. 1848 synon. de colonne (Chateaubr., Mém., t. 1, p. 335); 3. 1872 zool. (Littré). Empr. au gr. σ τ υ ̃ λ ο ς « colonne; pointe » par la lang. des savants. Voir FEW t. 12, p. 323b.
STAT.Style1 et 2. Fréq. abs. littér.: 4 838. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 7 290, b) 7 192; xxes.: a) 5 880, b) 6 964.
BBG.Reimann (R.). Obs. sur l'us. contemp. du mot style. B. Inform. Lab. Anal. Lexicol. 1961, t. 5, pp 43-47.

Wiktionnaire

Adverbe - français

style \stil\

  1. (Familier) tic de langage utilisé dans le langage oral pour préciser ou illustrer un propos.
    • On va lui offrir une petite surprise, style une bougie décorative.

Nom commun - français

style \stil\ masculin

  1. (Botanique) Filament reliant l’ovaire au stigmate, au centre de la fleur.
    • Le Limettier acide (C. Aurantium, sous-espèce aurantifolia, var. proper), a le fruit limoniforme, terminé par un mamelon quelquefois surmonté par un style persistant. — (Encyclopédie biologique, vol.2 à 3, 1928, page 86)
    • Le style est long car il est nécessaire de tenir haut le stigmate de façon à ce que les abeilles puissent s'y cogner. Cela oblige le tube pollinique à se lancer dans une odyssée difficile et cette épreuve permet à la plante de jauger ses prétendants. — (David George Haskell, 2 avril : L'empire des fleurs, dans Un an dans la vie d'une forêt, traduit de l'anglais (États-Unis) par Thierry Piélat, éd. Flammarion, 2018)
  2. (Vieilli) Sorte de poinçon ou de grosse aiguille, avec la pointe de laquelle les anciens écrivaient sur des tablettes enduites de cire.
    • A ses pieds luisait un objet d’ivoire. Il le ramassa : c’était une tablette à écrire, d’où, pendait un style d’argent. — (Pierre Louÿs, Aphrodite, Mercure de France, Paris, 1896)
  3. Aiguille d’un cadran solaire.
    • Poser un style.
    • Ce style est mal posé.
  4. Manière d'exprimer par écrit les pensées.
    • En bon Champenois, il célébra le vin de Champagne dans une ode en vers iambiques, dont le style vif et pétillant, présente la belle image de cette charmante liqueur. — (Jean-Baptiste-Joseph Boulliot, Biographie ardennaise ou Histoire des ardennais, Paris : Ledoyen, 1830, page 259)
    • Plus tard, lorsqu'il m'arriva d’être reporter dans un journal, on m'envoya visiter à la Toussaint les cimetières de Paris afin d'évoquer dans un style décent la douleur des familles […]. — (Francis Carco, Maman Petitdoigt, La Revue de Paris, 1920)
    • Le style ne doit faire qu’un avec l’idée, comme le sabre avec la main. — (Maurice G. Dantec, Le théâtre des opérations : Journal métaphysique et polémique 1999, Paris, Éditions Gallimard, 2000)
    • Cependant l'un n'implique pas forcément l'autre, et dieu sait que même aujourd’hui il ne suffit pas de tenir un stylo pour avoir une plume. Le style en effet ne se confond pas avec l'écriture, et bien des gens écrivent qui n'ont pourtant aucun style, sauf à l'entendre au sens large : il y a certes un style administratif, très reconnaissable, un style publicitaire... À l'inverse, parfois, quelques mots suffisent : "Impossible rentrer ce soir stop Mensonge suit", ça a du style, avouez du style télégraphique. — (Camille Laurens (écrivain), Tissé par mille, éditions P.O.L., 2005)
  5. Manière d’agir ou de parler.
    • Elle fréquentait les cocktails, skiait et s'adonnait au shopping de luxe, et elle n'était pas du style à traverser le pays pour venir au chevet d'une sœur aînée atteinte du sida. — (Marcia Rose, Service des urgences, traduit de l'américain par Thierry Arson, Éditions Archipoche (L'Archipel), 2017, chap. 32)
  6. (Art) Manière d'exécuter particulière à un artiste, à une époque, à un pays.
    • […]; flétrissez aussi le charlatanisme de ces pseudo-virtuoses qui ont obtenu des succès apocryphes à New-York ou en Californie, et qui, […], viennent défigurer sur nos grandes scènes lyriques des partitions dont elles ridiculisent la majesté par les exagérations de leur style exotique. — (Stéphen de La Madelaine, Études pratiques de style vocal, T.1, 1868, page 18)
    • Ces bois, étendus sur une centaine d’hectares, rejoignaient les deux ailes du château, une ancienne demeure, de style Louis XIII, à l’allure de ce qu’on appelle encore dans certaines campagnes une « maison de noblesse ». — (Alphonse de Châteaubriant, Monsieur des Lourdines, chap.1, 1910)
  7. (Par extension) Caractère de la composition.
    • Le vénérable pont sur le Tarn a non seulement de hautes arches en ogive, mais ses piles de briques, entre les les voûtes et au-dessus des avant-becs, sont percées de baies du même style. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
  8. Vocabulaire, tournure, jargon caractéristique d’un langage administratif ou technique.
    • On peut utiliser le style publicitaire sans faire de la publicité pour autant.
    • Le style administratif est, pour une bonne part, responsable de la mauvaise image de l’administration.
  9. Apparence d’un objet ou d’une personne. Ensemble de caractéristiques définissant son identité.
    • Partez à la découverte de votre style vestimentaire !
    • Inutile de débattre sur le style de cette voiture, ce n’est qu’une affaire de goût.
  10. (Familier) Comportement habituel d’un individu.
    • Ce n’est pas son style de partir comme ça, sans crier gare.
    • Attachez vous de l’importance au style de conduite des autres conducteurs ?
  11. (Familier) Type, genre affectionné ou recherché.
    • Ce mec là, ce n’est vraiment pas mon style.
    • Cette radio diffuse mon style de musique.
  12. Genre, utilisé pour cataloguer quelqu’un ou quelque chose, souligner son appartenance à une catégorie.
    • Un incident de ce style s’était déjà produit dans l’usine.
    • Un diplôme de ce style serait sans doute la clef de la réussite.
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Littré (1872-1877)

STYLE (sti-l') s. m.
  • 1 Terme d'antiquité. Poinçon en métal, en ivoire, en os pointu par un bout et aplati par l'autre, avec lequel les anciens, dès l'origine de l'écriture, ont tracé leurs pensées sur la surface de la cire ou de tout autre enduit mou. Je le voyais, un style ou poinçon à la main, suivre à plusieurs reprises les contours des lettres que son maître avait figurées sur des tablettes, Barthélemy, Anach. ch. 26.

    Le bout aplati servait à effacer ; et retourner le style signifiait effacer, corriger.

  • 2 Terme de gnomonique. Tige qui produit l'ombre dans les gnomons et les cadrans solaires.
  • 3 Terme de botanique. Partie du pistil ordinairement placée au sommet de l'ovaire et portant le stigmate.

    Terme de zoologie. Filet du balancier des diptères.

  • 4 Par métonymie de l'instrument employé pour écrire à l'écriture elle-même, le langage considéré relativement à ce qu'il a de caractéristique ou de particulier pour la syntaxe et même pour le vocabulaire, dans ce qu'une personne dit, et surtout dans ce qu'elle écrit. On connaît à ce style et doux et décevant, Comme en l'art de trahir ton esprit est savant, Tristan, Mariane, III, 3. Ce style figuré dont on fait vanité Sort du bon caractère et de la vérité, Molière, Mis. I, 2. Nous avons vu de vous des églogues d'un style Qui passe en doux attraits Théocrite et Virgile, Molière, Fem. sav. III, 5. Ne quittez jamais le naturel, votre tour s'y est formé, et cela compose un style parfait, Sévigné, 19. Vos chansons m'ont paru jolies, j'en ai reconnu les styles, Sévigné, 19. Je trouvai l'autre jour une lettre de vous… vous aviez dix ans… il y a déjà du bon style à cette lettre, Sévigné, 221. C'est une fort plaisante chose de trouver dans mes lettres des nouvelles de la cour ; elles avaient le style des gazettes, car il y avait aussi des articles de Copenhague et d'Oldembourg, Sévigné, 444. Sa fille est malade ; elle en reçoit pourtant des lettres, mais d'un style qui n'est point fait : ce sont des chères mamans, et des tendresses d'enfant, quoiqu'elle ait vingt ans, Sévigné, 23 octobre 1675. Mandez-moi bien de vos nouvelles ; je vous écris en détail ; car nous aimons ce style, qui est celui de l'amitié, Sévigné, 1er déc. 1690. Mais revenons à nos moutons, car vous voulez des détails, et il me semble que vous m'avez écrit autrefois que c'était le style de l'amitié, Coulanges, dans SÉV. t. x, p. 179, édit. RÉGNIER. C'est lui [Tertullien] qui, par son style ou ferme ou dur comme on voudra l'appeler, enfonce le plus ses traits, Bossuet, 6e avert. 87. Faire parler en même temps avec Moïse tant d'hommes de caractère et de style différent, Bossuet, Hist. II, 13. J'y ai joint [à une nouvelle édition] cinq épîtres nouvelles… elles sont de même style que mes autres écrits, et j'ose me flatter qu'elles ne leur feront point de tort, Boileau, 4e préface. Mon style ami de la lumière, Boileau, Sat. XI. L'un en style pompeux habillant une églogue, Boileau, Disc. au roi. Ne valait-il pas mieux vous perdre dans les nues, Que d'aller sans raison, d'un style peu chrétien, Faire insulte en rimant à qui ne vous dit rien ? Boileau, Sat. IX. Un style trop égal et toujours uniforme En vain brille à nos yeux ; il faut qu'il nous endorme, Boileau, Art. poét. I. Le style le moins noble a pourtant sa noblesse, Boileau, ib. Mais de ce style [le burlesque] enfin la cour désabusée Dédaigna de ces vers l'extravagance aisée, Boileau, ib. Régnier… Dans son vieux style encore a des grâces nouvelles, Boileau, ib. II. Capys qui s'érige en maître du beau style…, La Bruyère, I. Je ne sais si l'on pourra jamais mettre dans les lettres plus d'esprit, plus de tour, plus d'agrément et plus de style que l'on en voit dans celles de Balzac et de Voiture, La Bruyère, I. L'on écrit régulièrement depuis vingt années : l'on est esclave de la construction, l'on a enrichi la langue de nouveaux mots, secoué le joug du latinisme et réduit le style à la phrase purement française, La Bruyère, I. Un style grave, sérieux, scrupuleux, va fort loin, La Bruyère, I. Comme un particulier se peint dans son discours, ainsi le style dominant est quelquefois une image des mœurs publiques, Rollin, Traité des Ét. t. I, Disc. prélim. p. 91, dans POUGENS. Avant que de se mettre à la composition d'un ouvrage, il faut avoir travaillé à se faire un style ; rien de plus utile pour cela que de traduire, D'Olivet, Hist. Acad. t. II, p. 197, dans POUGENS. Il [Zadig] n'a point le bon style oriental ; Zadig se contentait d'avoir le style de la raison, Voltaire, Zadig, 7. Un des plus grands défauts des ouvrages de ce siècle, c'est le mélange des styles, et surtout de vouloir parler des sciences comme on en parlerait dans une conversation familière, Voltaire, Mél. litt. Cons. à un journal. Ce n'est pas qu'il n'y ait quelquefois un grand art, ou plutôt un très heureux naturel, à mêler quelques traits d'un style majestueux dans un sujet qui demande de la simplicité ; à placer à propos de la finesse et de la délicatesse dans un discours de véhémence et de force, Voltaire, ib. Dict. phil. Style, 1. Le style élégant est si nécessaire que, sans lui, la beauté des sentiments est perdue ; il suffit seul pour embellir les sentiments les moins nobles et les moins tragiques, Voltaire, ib. Le style rend singulières les choses les plus communes, fortifie les plus faibles, donne de la grandeur aux plus simples, Voltaire, ib. La force de votre style qui ne perdra rien par la sagesse de votre esprit, Voltaire, Lettr. Servan, 27 sept. 1769. Parlez-moi des Lettres provinciales ! quoi ! vous louez Fénelon d'avoir de la variété ? si jamais homme n'a eu qu'un style, c'est lui : c'est partout Télémaque, Voltaire, Lett. d'Olivet. 6 janv. 1736. Les idées seules forment le fond du style ; l'harmonie des paroles n'en est que l'accessoire, et ne dépend que de la sensibilité des organes, Buffon, Disc. récept. Le style n'est que l'ordre et le mouvement qu'on met dans ses pensées, Buffon, ib. Le style est l'homme même, Buffon, ib. L'accord entre le sujet, la fin et les moyens fait toute la beauté du style, Condillac, Art d'écr. IV, 5. Le style des ouvrages didactiques demande qu'ordinairement les phrases en soient courtes ; il veut encore qu'il y ait entre elles une gradation sensible, Condillac, ib. IV, 2. Style se dit des qualités du discours plus particulières, plus difficiles et plus rares, qui marquent le génie ou le talent de celui qui écrit ou qui parle, D'Alembert, Mél. litt. Œuv. t. III, p. 198. Il [Fontenelle] a eu, comme tous les bons écrivains, le style de sa pensée, D'Alembert, Œuv. t. VI, p. 13. Ces jeunes gens qui croient prendre le style de M. de Voltaire en suivant son orthographe, Rousseau, Dict. de mus. Reprise. Exprimer sa pensée avec le moins de mots et le plus de force qu'il est possible, voilà le style austère et grave, Marmontel, Œuv. t. x, p. 217. Le style de l'histoire doit être simple avec dignité, et d'un ton naturel également éloigné de l'affectation et de la négligence, de l'enflure et de la bassesse, Marmontel, ib. t. VIII, p. 126. Le haut style est partout le même, parce qu'il est partout étranger à l'usage, et qu'il est pris dans l'analogie des images avec les idées, laquelle est à peu près la même dans tous les pays et dans tous les temps, Marmontel, ib. t. VII, p. 410. " Le style du président de Montesquieu ! " disait, il y a quelque temps, avec dédain M. de Buffon ; mais Montesquieu a-t-il un style ? " N'aurait-il pas mérité qu'on eût osé lui répondre : Il est vrai, Montesquieu n'a eu que le style du génie, et vous, monsieur, vous avez le génie du style, Grimm, Corresp. février 1788. D'une affreuse beauté son style étincelant [de Dante] Est, comme son Enfer, profond, sombre et brûlant, Delille, Imag. v. On annonçait [vers 1825] que le grand style, le vrai style, le suprême style allait naître, style à ciselures, style chatoyant et miroitant, Reybaud, Jér. Paturot, I, 1. Tous les paysans ont du style, Töpffer, cité par SAINTE-BEUVE, Moniteur, 16 août 1853.

    Du même style, sans changer de ton. Vantez-nous bien du même style Et les émigrés et Caton, Chénier M. J. Épît. à Delille.

    Prendre même style, être sur le même ton. Sa fleurette pour toi prend encor même style, Corneille, Ment. III, 4.

    Se mettre sur le haut style, parler d'un ton ampoulé. Madame … ce n'est point mon dessein de vous cajoler, ni de me mettre sur le haut style, Guez de Balzac, liv. VII, lett. 22. Quel diable de jargon entends-je ici ? voici bien du haut style, Molière, Préc. 5.

    Les trois styles, le simple, le tempéré et le sublime.

    Style magnifique, celui dont la grandeur vient de la pompe et de l'éclat des expressions.

    Style sublime, style dont la grandeur vient de celle des pensées, que la simplicité de l'expression fait surtout ressortir.

    Style barbare, manière d'écrire grossière et incorrecte.

    Il n'a point de style, il n'a point une manière d'écrire qui soit à lui, et aussi il écrit sans art.

    Les finesses, les grâces du style, certains arrangements, certains tours qui donnent de la grâce, de la finesse au style. Rien de plus difficile que les grâces ; celles du style consistent dans l'aisance, la souplesse, la variété de ses mouvements, et dans le passage naturel et facile de l'un à l'autre, Marmontel, Œuv. t. x, p. 221.

    Style de l'Écriture, les expressions, les formes de langage usitées dans la Bible.

    Style du palais, les formules selon lesquelles on dresse les actes judiciaires.

    Style de palais, les termes dont on ne se sert que dans les procédures et les plaidoiries.

    On dit de même : style de pratique, style de notaire, style de chancellerie, etc.

    On dit, en langage de pratique, clause de style, pour clause que les notaires mettent par habitude dans leurs actes, sans que cela tire à conséquence spéciale.

    Fig. Qui ne sait que, dans le maudit pays où nous écrivons [la France], ces sortes de phrases sont de style de notaire, et ne servent que de passe-port aux vérités qu'on veut établir d'ailleurs ? D'Alembert, Lett. à Voltaire, 10 oct. 1764.

    Fig. Réduire en style, réduire en vaines formules. Il y a des conjonctures dans lesquelles on réduit en style l'obéissance réelle que l'on doit aux rois, Retz, 2, 140.

    Ce n'est qu'un style, ce n'est qu'une simple formule. C'est avec Auguste qu'il n'y a plus de mesure ; le sénat lui décerne l'apothéose de son vivant ; cette flatterie devient le tribut ordinaire payé aux empereurs suivants ; ce n'est plus qu'un style, Voltaire, Dict. phil. Flatterie.

  • 5 Terme de beaux-arts. Caractère de la composition et de l'exécution. Cette peinture est de bon style. Ayez d'abord la pensée, et vous aurez du style après, Diderot, Salon de 1767, Œuv. t. XV, p. 45, dans POUGENS. On sait que le style idéal était consacré aux dieux ; le style héroïque venait ensuite ; puis le style historique et le style athlétique, Quatremère de Quincy, Instit. Mém. hist. et litt. anc. t. IV, p. 208. Les mêmes disproportions qui régnaient au dehors de l'édifice [église gothique] se faisaient remarquer au dedans ; mais ces défauts étaient rachetés par le style hardi des voûtes et l'effet religieux de leurs ombres, Chateaubriand, Mart. liv. v.

    Il se dit de la danse dans le même sens. Si j'étais chargé de la conduite d'un jeune danseur en qui j'aurais aperçu de l'intelligence, quelque amour pour la gloire et un véritable talent, je lui dirais : commencez par avoir un style, mais prenez garde que ce style soit à vous, Cahusac, Dans. anc. et mod. III, 4, 8.

    Absolument. Style l'art d'ennoblir le vrai, et de l'achever en le revêtant d'une apparence nettement caractéristique.

    Style s'emploie aussi pour désigner le style grec, c'est-à-dire la grandeur obtenue par la simplicité des détails.

    Caractère général des œuvres des artistes d'une même époque.

    Particulièrement, caractère général des œuvres d'un artiste. Ce tableau est dans le style de tel maître. On avertirait bien les jeunes peintres de ne pas imiter Antoine Coypel, parce qu'avec du mérite il avait un style vicieux, mais …, Levesque, Instit. Mém. litt. et beaux-arts, t. I, p. 416.

  • 6La manière de procéder en justice (sens qui a vieilli). Le style du parlement. Le style des finances. Style de la cour de Rome. Le style du Châtelet.
  • 7Manière d'envisager ou de présenter des choses, façon d'agir. Laissons ce style [parlons d'autre chose], Molière, Éc. des f. I, 6. Ce langage à comprendre est assez difficile, Madame ; et vous parliez tantôt d'un autre style, Molière, Tart. IV, 5. Je suis devenu là-dessus savant à mes dépens et connais le style des nobles, Molière, G. Dand. I, 1. Il n'y a rien de tel que d'être insolent … j'ai toujours haï ce style ; mais, s'il réussit, il faut changer d'avis, Sévigné, 22 janvier 1674. Je crus voir à Lambesc que le plaisir… des Provençaux était d'animer, de brouiller … ah fi ! quittez ce style de province et de Provence, Sévigné, 7 janv. 1689. Et si vous prenez le chemin de dire : qu'est-ce que cent écus plus ou moins ? ce style fait bien voir du pays, Sévigné, à Mme de Grignan, 12 févr. 1672. C'est [M. de Lavardin] le moins lâche et le moins courtisan que j'aie jamais vu ; vous aimeriez bien son style dans de certains endroits, Sévigné, 16 oct. 1675. Les jésuites criaient contre Pascal, et l'eussent appelé pamphlétaire, mais le mot n'existait pas encore ; ils l'appelaient tison d'enfer, la même chose en style cagot, Courier, Pamphl. des pamphl.
  • 8Vieux style, ancien style, manière de compter dans le calendrier (il retardait de dix jours) avant sa réformation par Grégoire XIII ; nouveau style, la manière dont on compte depuis cette réformation. Quatre dominicains furent brûlés le dernier mai 1509, ancien style, Voltaire, Mœurs, 129. Les Anglais ont adopté le nouveau style en 1752, après l'avoir rejeté pendant 170 ans ; l'Europe entière l'a reçu, à l'exception de la Russie, qui seule s'y refuse encore, Bailly, Hist. ast. mod. t. I, p. 396.

    Vieux style se dit aussi de l'ère chrétienne, par opposition à l'ère républicaine commencée le 22 septembre 1792.

HISTORIQUE

XIVe s. Les bouchiers de Paris tiennent que en un beuf, selon leur style et leur parler, n'a que quatre membres principaux, Ménagier, II, 5.

XVe s. Vous vous ordonnerez par mon conseil, tant que vous aurez appris la maniere et le stile du fait [Piètre du Bois à Philippe d'Artevelle], Froissart, II, II, 101. Que [car] tous deux savez le setille Vous entretenir en tous sens, Myst. du siége d'Orléans, p. 686. Pou [de femmes] veulent estre en une ville Champestre ; ce n'est pas le style ; Elles desirent les cités, Deschamps, Poés. mss. f° 528. Pour la conduite de la feste de l'espinette y avoit aux gages de la ville un herault qui s'appeloit le noble epousté ; ne luy estoit permis de faire aucun stile ou œuvre mecanique, les Rois de l'espinette. En leurs franchises, privileges, libertez, statuts, loix, coustumes, establissements, stiles, observances et usances du pays de Bourdeaux, J. Chartier, Hist. de Charles VII, p. 238, dans LACURNE. Si bien et en si notable style comme on peust voir…, Bouciq. II, 30. Je m'en allay emmy la ville Pour monstrer que j'estoye fricquet, Ferme, duyt et rusé du stille, Esveillé comme ung saupiquet, Coquillart, Monol. de la botte de foin.

XVIe s. Il fut le premier qui changea le style de faire la guerre dont les Romains usoient en ce temps-là, Amyot, Pélop. et Marcell. comp. 4. Il s'aida beaucoup de Demosthenes à former son style, Amyot, Caton, 5. Consideré que ledit stil de la drapperie donne moien à gagner leurs vies …, Souvenirs de la Flandre Wallonne, juil. et août 1867, p. 114. Ils accuserent cette pratique, comme ennemie de leur style ancien [manière d'agir], Montaigne, I, 23. Comme on presenta à Neron à signer, suivant le style, la sentence …, Montaigne, II, 1. Entretenant les enfants de manger, et les faisant aussi enseigner, monstrer et apprendre quelque stile selon leur âge, leur estat et qualité, Nouv. coust. gén. t. I, p. 641. Platon permet, et le style est tel en plusieurs endroits, d'attirer par fraudes et fausses esperances de faveur ou pardon le criminel à descouvrir son fait, Charron, Sagesse, p. 20, dans LACURNE. Styl est l'ordre judiciaire et maniere de proceder en justice tellement reglé et stylé que nul ne le revoque en doute, Grand coust. de France, I, p. 104, dans LACURNE.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

STYLE. Ajoutez : - REM. Chateaubriand a employé style dans son premier sens grec (colonne) : Juste au milieu de ces styles, s'élève une troisième colonne, Mém. d'outre-tombe, éd. de Bruxelles, t. VI, Architecture vénitienne, Antonio. Cela est tout à fait inusité.

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Étymologie de « style »

(Date à préciser) Anciennement stile. Du latin stilus (« tige de plante », « pieu », « poinçon », « stylet pour écrire ») qui a donné stylus par faux rapprochement avec le grec ancien στῦλος, stŷlos (« colonne, pilier »).
Camille Laurens résume ainsi l’histoire du mot : « Dans l’Antiquité, le style désignait ce poinçon de fer ou d’os qui servait à écrire sur de la cire, et dont l’autre extrémité, aplatie, permettait d’effacer ce qu’on avait écrit. Il y a quelque chose d’émouvant, des siècles après, à reconnaître dans cet objet l’ancêtre du stylo. Mais à l’époque déjà, par glissement métonymique de l’instrument à son résultat, le style est aussi la manière d’écrire, la tournure de l’expression. Cicéron l’emploie dans ce sens figuré dès le premier siècle avant notre ère. Cependant l’un n’implique pas forcément l’autre, et dieu sait que même aujourd’hui il ne suffit pas de tenir un stylo pour avoir une plume. Le style en effet ne se confond pas avec l’écriture, et bien des gens écrivent qui n’ont pourtant aucun style, sauf à l’entendre au sens large : il y a certes un style administratif, très reconnaissable, un style publicitaire… À l’inverse, parfois, quelques mots suffisent : « Impossible rentrer ce soir stop Mensonge suit », ça a du style, avouez — du style télégraphique. » — (Camille Laurens, Tissé par mille, 2005, éditions P.O.L.)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Provenç. estil ; espagn. estilo ; ital. stile ; du lat. stylus, proprement poinçon, puis style, qui vient du grec στῦλος, colonne, pointe, poinçon, rattaché à στύω, ériger, qui tient à sthā, stare, être debout.

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Phonétique du mot « style »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
style stil

Fréquence d'apparition du mot « style » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « style »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « style »

  • Chez les uns, le style naît des pensées ; chez les autres, les pensées naissent du style.
    Joseph Joubert
  • Il soigne son style mais il ne le guérit pas.
    Bernard Grasset
  • La mode se démode, le style jamais.
    Coco Chanel
  • Ce siècle, autre en ses mœurs, demande un autre style.
    Théodore Agrippa d'Aubigné — Les Tragiques
  • Le style est l'homme même.
    Georges Louis Leclerc, comte de Buffon — Discours sur le style, prononcé à l'Académie française, le jour de sa réception, 25 août 1753
  • Le style embaume les oeuvres.
    Anonyme
  • Le style, c'est l'oubli de tous les styles.
    Jules Renard — Journal, 7 avril 1891 , Gallimard
  • Ce style figuré, dont on fait vanité, Sort du bon caractère et de la vérité : Ce n'est que jeu de mots, qu'affectation pure, Et ce n'est point ainsi que parle la nature.
    Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière — Le Misanthrope, I, 2, Alceste
  • J'estime par-dessus tout d'abord le style, et ensuite le vrai.
    Gustave Flaubert — Correspondance, à Louis Bonenfant, 1856
  • C'est […] cette manière d'épauler, de viser, de tirer vite et juste, que je nomme le style.
    Jean Cocteau — Le Secret professionnel, Stock
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Traductions du mot « style »

Langue Traduction
Anglais style
Espagnol estilo
Italien stile
Allemand stil
Chinois 风格
Arabe أسلوب
Portugais estilo
Russe стиль
Japonais スタイル
Basque estiloa
Corse stile
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Synonymes de « style »

Source : synonymes de style sur lebonsynonyme.fr

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Style

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