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Style
Sommaire
Variantes | Singulier | Pluriel |
---|---|---|
Masculin | style | styles |
Définitions de « style »
Trésor de la Langue Française informatisé
STYLE1, subst. masc.
STYLE2, subst. masc.
Wiktionnaire
Adverbe - français
style \stil\
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(Familier) tic de langage utilisé dans le langage oral pour préciser ou illustrer un propos.
- On va lui offrir une petite surprise, style une bougie décorative.
Nom commun - français
style \stil\ masculin
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(Botanique) Filament reliant l’ovaire au stigmate, au centre de la fleur.
- Le Limettier acide (C. Aurantium, sous-espèce aurantifolia, var. proper), a le fruit limoniforme, terminé par un mamelon quelquefois surmonté par un style persistant. — (Encyclopédie biologique, vol.2 à 3, 1928, page 86)
- Le style est long car il est nécessaire de tenir haut le stigmate de façon à ce que les abeilles puissent s'y cogner. Cela oblige le tube pollinique à se lancer dans une odyssée difficile et cette épreuve permet à la plante de jauger ses prétendants. — (David George Haskell, 2 avril : L'empire des fleurs, dans Un an dans la vie d'une forêt, traduit de l'anglais (États-Unis) par Thierry Piélat, éd. Flammarion, 2018)
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(Vieilli) Sorte de poinçon ou de grosse aiguille, avec la pointe de laquelle les anciens écrivaient sur des tablettes enduites de cire.
- A ses pieds luisait un objet d’ivoire. Il le ramassa : c’était une tablette à écrire, d’où, pendait un style d’argent. — (Pierre Louÿs, Aphrodite, Mercure de France, Paris, 1896)
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Aiguille d’un cadran solaire.
- Poser un style.
- Ce style est mal posé.
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Manière d'exprimer par écrit les pensées.
- En bon Champenois, il célébra le vin de Champagne dans une ode en vers iambiques, dont le style vif et pétillant, présente la belle image de cette charmante liqueur. — (Jean-Baptiste-Joseph Boulliot, Biographie ardennaise ou Histoire des ardennais, Paris : Ledoyen, 1830, page 259)
- Plus tard, lorsqu'il m'arriva d’être reporter dans un journal, on m'envoya visiter à la Toussaint les cimetières de Paris afin d'évoquer dans un style décent la douleur des familles […]. — (Francis Carco, Maman Petitdoigt, La Revue de Paris, 1920)
- Le style ne doit faire qu’un avec l’idée, comme le sabre avec la main. — (Maurice G. Dantec, Le théâtre des opérations : Journal métaphysique et polémique 1999, Paris, Éditions Gallimard, 2000)
- Cependant l'un n'implique pas forcément l'autre, et dieu sait que même aujourd’hui il ne suffit pas de tenir un stylo pour avoir une plume. Le style en effet ne se confond pas avec l'écriture, et bien des gens écrivent qui n'ont pourtant aucun style, sauf à l'entendre au sens large : il y a certes un style administratif, très reconnaissable, un style publicitaire... À l'inverse, parfois, quelques mots suffisent : "Impossible rentrer ce soir stop Mensonge suit", ça a du style, avouez du style télégraphique. — (Camille Laurens (écrivain), Tissé par mille, éditions P.O.L., 2005)
- Manière d’agir ou de parler.
- Elle fréquentait les cocktails, skiait et s'adonnait au shopping de luxe, et elle n'était pas du style à traverser le pays pour venir au chevet d'une sœur aînée atteinte du sida. — (Marcia Rose, Service des urgences, traduit de l'américain par Thierry Arson, Éditions Archipoche (L'Archipel), 2017, chap. 32)
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(Art) Manière d'exécuter particulière à un artiste, à une époque, à un pays.
- […]; flétrissez aussi le charlatanisme de ces pseudo-virtuoses qui ont obtenu des succès apocryphes à New-York ou en Californie, et qui, […], viennent défigurer sur nos grandes scènes lyriques des partitions dont elles ridiculisent la majesté par les exagérations de leur style exotique. — (Stéphen de La Madelaine, Études pratiques de style vocal, T.1, 1868, page 18)
- Ces bois, étendus sur une centaine d’hectares, rejoignaient les deux ailes du château, une ancienne demeure, de style Louis XIII, à l’allure de ce qu’on appelle encore dans certaines campagnes une « maison de noblesse ». — (Alphonse de Châteaubriant, Monsieur des Lourdines, chap.1, 1910)
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(Par extension) Caractère de la composition.
- Le vénérable pont sur le Tarn a non seulement de hautes arches en ogive, mais ses piles de briques, entre les les voûtes et au-dessus des avant-becs, sont percées de baies du même style. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
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Vocabulaire, tournure, jargon caractéristique d’un langage administratif ou technique.
- On peut utiliser le style publicitaire sans faire de la publicité pour autant.
- Le style administratif est, pour une bonne part, responsable de la mauvaise image de l’administration.
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Apparence d’un objet ou d’une personne. Ensemble de caractéristiques définissant son identité.
- Partez à la découverte de votre style vestimentaire !
- Inutile de débattre sur le style de cette voiture, ce n’est qu’une affaire de goût.
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(Familier) Comportement habituel d’un individu.
- Ce n’est pas son style de partir comme ça, sans crier gare.
- Attachez vous de l’importance au style de conduite des autres conducteurs ?
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(Familier) Type, genre affectionné ou recherché.
- Ce mec là, ce n’est vraiment pas mon style.
- Cette radio diffuse mon style de musique.
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Genre, utilisé pour cataloguer quelqu’un ou quelque chose, souligner son appartenance à une catégorie.
- Un incident de ce style s’était déjà produit dans l’usine.
- Un diplôme de ce style serait sans doute la clef de la réussite.
Littré (1872-1877)
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1 Terme d'antiquité. Poinçon en métal, en ivoire, en os pointu par un bout et aplati par l'autre, avec lequel les anciens, dès l'origine de l'écriture, ont tracé leurs pensées sur la surface de la cire ou de tout autre enduit mou.
Je le voyais, un style ou poinçon à la main, suivre à plusieurs reprises les contours des lettres que son maître avait figurées sur des tablettes
, Barthélemy, Anach. ch. 26.Le bout aplati servait à effacer ; et retourner le style signifiait effacer, corriger.
- 2 Terme de gnomonique. Tige qui produit l'ombre dans les gnomons et les cadrans solaires.
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3 Terme de botanique. Partie du pistil ordinairement placée au sommet de l'ovaire et portant le stigmate.
Terme de zoologie. Filet du balancier des diptères.
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4 Par métonymie de l'instrument employé pour écrire à l'écriture elle-même, le langage considéré relativement à ce qu'il a de caractéristique ou de particulier pour la syntaxe et même pour le vocabulaire, dans ce qu'une personne dit, et surtout dans ce qu'elle écrit.
On connaît à ce style et doux et décevant, Comme en l'art de trahir ton esprit est savant
, Tristan, Mariane, III, 3.Ce style figuré dont on fait vanité Sort du bon caractère et de la vérité
, Molière, Mis. I, 2.Nous avons vu de vous des églogues d'un style Qui passe en doux attraits Théocrite et Virgile
, Molière, Fem. sav. III, 5.Ne quittez jamais le naturel, votre tour s'y est formé, et cela compose un style parfait
, Sévigné, 19.Vos chansons m'ont paru jolies, j'en ai reconnu les styles
, Sévigné, 19.Je trouvai l'autre jour une lettre de vous… vous aviez dix ans… il y a déjà du bon style à cette lettre
, Sévigné, 221.C'est une fort plaisante chose de trouver dans mes lettres des nouvelles de la cour ; elles avaient le style des gazettes, car il y avait aussi des articles de Copenhague et d'Oldembourg
, Sévigné, 444.Sa fille est malade ; elle en reçoit pourtant des lettres, mais d'un style qui n'est point fait : ce sont des chères mamans, et des tendresses d'enfant, quoiqu'elle ait vingt ans
, Sévigné, 23 octobre 1675.Mandez-moi bien de vos nouvelles ; je vous écris en détail ; car nous aimons ce style, qui est celui de l'amitié
, Sévigné, 1er déc. 1690.Mais revenons à nos moutons, car vous voulez des détails, et il me semble que vous m'avez écrit autrefois que c'était le style de l'amitié
, Coulanges, dans SÉV. t. x, p. 179, édit. RÉGNIER.C'est lui [Tertullien] qui, par son style ou ferme ou dur comme on voudra l'appeler, enfonce le plus ses traits
, Bossuet, 6e avert. 87.Faire parler en même temps avec Moïse tant d'hommes de caractère et de style différent
, Bossuet, Hist. II, 13.J'y ai joint [à une nouvelle édition] cinq épîtres nouvelles… elles sont de même style que mes autres écrits, et j'ose me flatter qu'elles ne leur feront point de tort
, Boileau, 4e préface.Mon style ami de la lumière
, Boileau, Sat. XI.L'un en style pompeux habillant une églogue
, Boileau, Disc. au roi.Ne valait-il pas mieux vous perdre dans les nues, Que d'aller sans raison, d'un style peu chrétien, Faire insulte en rimant à qui ne vous dit rien ?
Boileau, Sat. IX.Un style trop égal et toujours uniforme En vain brille à nos yeux ; il faut qu'il nous endorme
, Boileau, Art. poét. I.Le style le moins noble a pourtant sa noblesse
, Boileau, ib.Mais de ce style [le burlesque] enfin la cour désabusée Dédaigna de ces vers l'extravagance aisée
, Boileau, ib.Régnier… Dans son vieux style encore a des grâces nouvelles
, Boileau, ib. II.Capys qui s'érige en maître du beau style…
, La Bruyère, I.Je ne sais si l'on pourra jamais mettre dans les lettres plus d'esprit, plus de tour, plus d'agrément et plus de style que l'on en voit dans celles de Balzac et de Voiture
, La Bruyère, I.L'on écrit régulièrement depuis vingt années : l'on est esclave de la construction, l'on a enrichi la langue de nouveaux mots, secoué le joug du latinisme et réduit le style à la phrase purement française
, La Bruyère, I.Un style grave, sérieux, scrupuleux, va fort loin
, La Bruyère, I.Comme un particulier se peint dans son discours, ainsi le style dominant est quelquefois une image des mœurs publiques
, Rollin, Traité des Ét. t. I, Disc. prélim. p. 91, dans POUGENS.Avant que de se mettre à la composition d'un ouvrage, il faut avoir travaillé à se faire un style ; rien de plus utile pour cela que de traduire
, D'Olivet, Hist. Acad. t. II, p. 197, dans POUGENS.Il [Zadig] n'a point le bon style oriental ; Zadig se contentait d'avoir le style de la raison
, Voltaire, Zadig, 7.Un des plus grands défauts des ouvrages de ce siècle, c'est le mélange des styles, et surtout de vouloir parler des sciences comme on en parlerait dans une conversation familière
, Voltaire, Mél. litt. Cons. à un journal.Ce n'est pas qu'il n'y ait quelquefois un grand art, ou plutôt un très heureux naturel, à mêler quelques traits d'un style majestueux dans un sujet qui demande de la simplicité ; à placer à propos de la finesse et de la délicatesse dans un discours de véhémence et de force
, Voltaire, ib. Dict. phil. Style, 1.Le style élégant est si nécessaire que, sans lui, la beauté des sentiments est perdue ; il suffit seul pour embellir les sentiments les moins nobles et les moins tragiques
, Voltaire, ib.Le style rend singulières les choses les plus communes, fortifie les plus faibles, donne de la grandeur aux plus simples
, Voltaire, ib.La force de votre style qui ne perdra rien par la sagesse de votre esprit
, Voltaire, Lettr. Servan, 27 sept. 1769.Parlez-moi des Lettres provinciales ! quoi ! vous louez Fénelon d'avoir de la variété ? si jamais homme n'a eu qu'un style, c'est lui : c'est partout Télémaque
, Voltaire, Lett. d'Olivet. 6 janv. 1736.Les idées seules forment le fond du style ; l'harmonie des paroles n'en est que l'accessoire, et ne dépend que de la sensibilité des organes
, Buffon, Disc. récept.Le style n'est que l'ordre et le mouvement qu'on met dans ses pensées
, Buffon, ib.Le style est l'homme même
, Buffon, ib.L'accord entre le sujet, la fin et les moyens fait toute la beauté du style
, Condillac, Art d'écr. IV, 5.Le style des ouvrages didactiques demande qu'ordinairement les phrases en soient courtes ; il veut encore qu'il y ait entre elles une gradation sensible
, Condillac, ib. IV, 2.Style se dit des qualités du discours plus particulières, plus difficiles et plus rares, qui marquent le génie ou le talent de celui qui écrit ou qui parle
, D'Alembert, Mél. litt. Œuv. t. III, p. 198.Il [Fontenelle] a eu, comme tous les bons écrivains, le style de sa pensée
, D'Alembert, Œuv. t. VI, p. 13.Ces jeunes gens qui croient prendre le style de M. de Voltaire en suivant son orthographe
, Rousseau, Dict. de mus. Reprise.Exprimer sa pensée avec le moins de mots et le plus de force qu'il est possible, voilà le style austère et grave
, Marmontel, Œuv. t. x, p. 217.Le style de l'histoire doit être simple avec dignité, et d'un ton naturel également éloigné de l'affectation et de la négligence, de l'enflure et de la bassesse
, Marmontel, ib. t. VIII, p. 126.Le haut style est partout le même, parce qu'il est partout étranger à l'usage, et qu'il est pris dans l'analogie des images avec les idées, laquelle est à peu près la même dans tous les pays et dans tous les temps
, Marmontel, ib. t. VII, p. 410." Le style du président de Montesquieu ! " disait, il y a quelque temps, avec dédain M. de Buffon ; mais Montesquieu a-t-il un style ? " N'aurait-il pas mérité qu'on eût osé lui répondre : Il est vrai, Montesquieu n'a eu que le style du génie, et vous, monsieur, vous avez le génie du style
, Grimm, Corresp. février 1788.D'une affreuse beauté son style étincelant [de Dante] Est, comme son Enfer, profond, sombre et brûlant
, Delille, Imag. v.On annonçait [vers 1825] que le grand style, le vrai style, le suprême style allait naître, style à ciselures, style chatoyant et miroitant
, Reybaud, Jér. Paturot, I, 1.Tous les paysans ont du style
, Töpffer, cité par SAINTE-BEUVE, Moniteur, 16 août 1853.Du même style, sans changer de ton.
Vantez-nous bien du même style Et les émigrés et Caton
, Chénier M. J. Épît. à Delille.Prendre même style, être sur le même ton.
Sa fleurette pour toi prend encor même style
, Corneille, Ment. III, 4.Se mettre sur le haut style, parler d'un ton ampoulé.
Madame … ce n'est point mon dessein de vous cajoler, ni de me mettre sur le haut style
, Guez de Balzac, liv. VII, lett. 22.Quel diable de jargon entends-je ici ? voici bien du haut style
, Molière, Préc. 5.Les trois styles, le simple, le tempéré et le sublime.
Style magnifique, celui dont la grandeur vient de la pompe et de l'éclat des expressions.
Style sublime, style dont la grandeur vient de celle des pensées, que la simplicité de l'expression fait surtout ressortir.
Style barbare, manière d'écrire grossière et incorrecte.
Il n'a point de style, il n'a point une manière d'écrire qui soit à lui, et aussi il écrit sans art.
Les finesses, les grâces du style, certains arrangements, certains tours qui donnent de la grâce, de la finesse au style.
Rien de plus difficile que les grâces ; celles du style consistent dans l'aisance, la souplesse, la variété de ses mouvements, et dans le passage naturel et facile de l'un à l'autre
, Marmontel, Œuv. t. x, p. 221.Style de l'Écriture, les expressions, les formes de langage usitées dans la Bible.
Style du palais, les formules selon lesquelles on dresse les actes judiciaires.
Style de palais, les termes dont on ne se sert que dans les procédures et les plaidoiries.
On dit de même : style de pratique, style de notaire, style de chancellerie, etc.
On dit, en langage de pratique, clause de style, pour clause que les notaires mettent par habitude dans leurs actes, sans que cela tire à conséquence spéciale.
Fig.
Qui ne sait que, dans le maudit pays où nous écrivons [la France], ces sortes de phrases sont de style de notaire, et ne servent que de passe-port aux vérités qu'on veut établir d'ailleurs ?
D'Alembert, Lett. à Voltaire, 10 oct. 1764.Fig. Réduire en style, réduire en vaines formules.
Il y a des conjonctures dans lesquelles on réduit en style l'obéissance réelle que l'on doit aux rois
, Retz, 2, 140.Ce n'est qu'un style, ce n'est qu'une simple formule.
C'est avec Auguste qu'il n'y a plus de mesure ; le sénat lui décerne l'apothéose de son vivant ; cette flatterie devient le tribut ordinaire payé aux empereurs suivants ; ce n'est plus qu'un style
, Voltaire, Dict. phil. Flatterie. -
5 Terme de beaux-arts. Caractère de la composition et de l'exécution. Cette peinture est de bon style.
Ayez d'abord la pensée, et vous aurez du style après
, Diderot, Salon de 1767, Œuv. t. XV, p. 45, dans POUGENS.On sait que le style idéal était consacré aux dieux ; le style héroïque venait ensuite ; puis le style historique et le style athlétique
, Quatremère de Quincy, Instit. Mém. hist. et litt. anc. t. IV, p. 208.Les mêmes disproportions qui régnaient au dehors de l'édifice [église gothique] se faisaient remarquer au dedans ; mais ces défauts étaient rachetés par le style hardi des voûtes et l'effet religieux de leurs ombres
, Chateaubriand, Mart. liv. v.Il se dit de la danse dans le même sens.
Si j'étais chargé de la conduite d'un jeune danseur en qui j'aurais aperçu de l'intelligence, quelque amour pour la gloire et un véritable talent, je lui dirais : commencez par avoir un style, mais prenez garde que ce style soit à vous
, Cahusac, Dans. anc. et mod. III, 4, 8.Absolument. Style l'art d'ennoblir le vrai, et de l'achever en le revêtant d'une apparence nettement caractéristique.
Style s'emploie aussi pour désigner le style grec, c'est-à-dire la grandeur obtenue par la simplicité des détails.
Caractère général des œuvres des artistes d'une même époque.
Particulièrement, caractère général des œuvres d'un artiste. Ce tableau est dans le style de tel maître.
On avertirait bien les jeunes peintres de ne pas imiter Antoine Coypel, parce qu'avec du mérite il avait un style vicieux, mais …
, Levesque, Instit. Mém. litt. et beaux-arts, t. I, p. 416. - 6La manière de procéder en justice (sens qui a vieilli). Le style du parlement. Le style des finances. Style de la cour de Rome. Le style du Châtelet.
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7Manière d'envisager ou de présenter des choses, façon d'agir.
Laissons ce style [parlons d'autre chose]
, Molière, Éc. des f. I, 6.Ce langage à comprendre est assez difficile, Madame ; et vous parliez tantôt d'un autre style
, Molière, Tart. IV, 5.Je suis devenu là-dessus savant à mes dépens et connais le style des nobles
, Molière, G. Dand. I, 1.Il n'y a rien de tel que d'être insolent … j'ai toujours haï ce style ; mais, s'il réussit, il faut changer d'avis
, Sévigné, 22 janvier 1674.Je crus voir à Lambesc que le plaisir… des Provençaux était d'animer, de brouiller … ah fi ! quittez ce style de province et de Provence
, Sévigné, 7 janv. 1689.Et si vous prenez le chemin de dire : qu'est-ce que cent écus plus ou moins ? ce style fait bien voir du pays
, Sévigné, à Mme de Grignan, 12 févr. 1672.C'est [M. de Lavardin] le moins lâche et le moins courtisan que j'aie jamais vu ; vous aimeriez bien son style dans de certains endroits
, Sévigné, 16 oct. 1675.Les jésuites criaient contre Pascal, et l'eussent appelé pamphlétaire, mais le mot n'existait pas encore ; ils l'appelaient tison d'enfer, la même chose en style cagot
, Courier, Pamphl. des pamphl. -
8Vieux style, ancien style, manière de compter dans le calendrier (il retardait de dix jours) avant sa réformation par Grégoire XIII ; nouveau style, la manière dont on compte depuis cette réformation.
Quatre dominicains furent brûlés le dernier mai 1509, ancien style
, Voltaire, Mœurs, 129.Les Anglais ont adopté le nouveau style en 1752, après l'avoir rejeté pendant 170 ans ; l'Europe entière l'a reçu, à l'exception de la Russie, qui seule s'y refuse encore
, Bailly, Hist. ast. mod. t. I, p. 396.Vieux style se dit aussi de l'ère chrétienne, par opposition à l'ère républicaine commencée le 22 septembre 1792.
HISTORIQUE
XIVe s. Les bouchiers de Paris tiennent que en un beuf, selon leur style et leur parler, n'a que quatre membres principaux
, Ménagier, II, 5.
XVe s. Vous vous ordonnerez par mon conseil, tant que vous aurez appris la maniere et le stile du fait [Piètre du Bois à Philippe d'Artevelle]
, Froissart, II, II, 101. Que [car] tous deux savez le setille Vous entretenir en tous sens
, Myst. du siége d'Orléans, p. 686. Pou [de femmes] veulent estre en une ville Champestre ; ce n'est pas le style ; Elles desirent les cités
, Deschamps, Poés. mss. f° 528. Pour la conduite de la feste de l'espinette y avoit aux gages de la ville un herault qui s'appeloit le noble epousté ; ne luy estoit permis de faire aucun stile ou œuvre mecanique
, les Rois de l'espinette. En leurs franchises, privileges, libertez, statuts, loix, coustumes, establissements, stiles, observances et usances du pays de Bourdeaux
, J. Chartier, Hist. de Charles VII, p. 238, dans LACURNE. Si bien et en si notable style comme on peust voir…
, Bouciq. II, 30. Je m'en allay emmy la ville Pour monstrer que j'estoye fricquet, Ferme, duyt et rusé du stille, Esveillé comme ung saupiquet
, Coquillart, Monol. de la botte de foin.
XVIe s. Il fut le premier qui changea le style de faire la guerre dont les Romains usoient en ce temps-là
, Amyot, Pélop. et Marcell. comp. 4. Il s'aida beaucoup de Demosthenes à former son style
, Amyot, Caton, 5. Consideré que ledit stil de la drapperie donne moien à gagner leurs vies …
, Souvenirs de la Flandre Wallonne, juil. et août 1867, p. 114. Ils accuserent cette pratique, comme ennemie de leur style ancien [manière d'agir]
, Montaigne, I, 23. Comme on presenta à Neron à signer, suivant le style, la sentence …
, Montaigne, II, 1. Entretenant les enfants de manger, et les faisant aussi enseigner, monstrer et apprendre quelque stile selon leur âge, leur estat et qualité
, Nouv. coust. gén. t. I, p. 641. Platon permet, et le style est tel en plusieurs endroits, d'attirer par fraudes et fausses esperances de faveur ou pardon le criminel à descouvrir son fait
, Charron, Sagesse, p. 20, dans LACURNE. Styl est l'ordre judiciaire et maniere de proceder en justice tellement reglé et stylé que nul ne le revoque en doute
, Grand coust. de France, I, p. 104, dans LACURNE.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
STYLE. Ajoutez : - REM. Chateaubriand a employé style dans son premier sens grec (colonne) : Juste au milieu de ces styles, s'élève une troisième colonne,
† Mém. d'outre-tombe, éd. de Bruxelles, t. VI, Architecture vénitienne, Antonio. Cela est tout à fait inusité.
Encyclopédie, 1re édition (1751)
STYLE, (Gramm. Rhétoriq. Eloq. Bel. let.) maniere d’exprimer ses pensées de vive voix, ou par écrit : les mots étant choisis & arrangés selon les lois de l’harmonie & du nombre, relativement à l’élévation ou à la simplicité du sujet qu’on traite, il en résulte ce qu’on appelle style.
Ce mot signifioit autrefois l’aiguille dont on se servoit pour écrire sur les tablettes enduites de cire. Cette aiguille étoit pointue par un bout, & applatie par l’autre, pour effacer quand on le vouloit : c’est ce qui a fait dire à Horace, sæpe stylum vertas, effacez souvent. Il se prend aujourd’hui pour la maniere, le ton, la couleur qui regne sensiblement dans un ouvrage ou dans quelqu’une de ses parties.
Il y a trois sortes de styles, le simple, le moyen & le sublime, ou plutôt le style élevé.
Le style simple s’emploie dans les entretiens familiers, dans les lettres, dans les fables. Il doit être pur, clair, sans ornement apparent. Nous en développerons les caracteres ci-après.
Le style sublime est celui qui fait regner la noblesse, la dignité, la majesté dans un ouvrage. Toutes les pensées y sont nobles & élevées : toutes les expressions graves, sonores, harmonieuses, &c.
Le style sublime & ce qu’on appelle le sublime, ne sont pas la même chose. Celui-ci est tout ce qui enleve notre ame, qui la saisit, qui la trouble tout-à-coup : c’est un éclat d’un moment. Le style sublime peut se soutenir long-tems : c’est un ton élevé, une marche noble & majestueuse.
J’ai vu l’impie adoré sur la terre :
Pareil au cedre, il portoit dans les cieux
Son front audacieux :
Il sembloit à son gré gouverner le tonnerre,
Fouloit aux piés ses ennemis vaincus :
Je n’ai fait que passer, il n’étoit déja plus.
Les cinq premiers vers sont du style sublime, sans être sublimes, & le dernier est sublime sans être du style sublime.
Le style médiocre tient le milieu entre les deux : il a toute la netteté du style simple, & reçoit tous les ornemens & tout le coloris de l’élocution.
Ces trois sortes de styles se trouvent souvent dans un même ouvrage, parce que la matiere s’élevant & s’abaissant, le style qui est comme porté sur la matiere, doit s’élever aussi & s’abaisser avec elle. Et comme dans les matieres tout se tient, se lie par des nœuds secrets, il faut aussi que tout se tienne & se lie dans les styles. Par conséquent il faut y ménager les passages, les liaisons, affoiblir ou fortifier insensiblement les teintes, à-moins que la matiere ne se brisant tout-d’un-coup & devenant comme escarpée, le style ne soit obligé de changer aussi brusquement. Par exemple, lorsque Crassus plaidant contre un certain Brutus qui deshonoroit son nom & sa famille, vit passer la pompe funebre d’une de ses parentes qu’on portoit au bucher, il arrêta le corps, & adressant la parole à Brutus, il lui fit les plus terribles reproches : « Que voulez-vous que Julie annonce à votre pere, à tous vos ayeux, dont vous voyez porter les images ? Que dira-t-elle à ce Brutus qui nous a délivré de la domination des rois » &c ? Il ne s’agissoit pas alors de nuances ni de liaisons fines. La matiere emportoit le style, & c’est toujours à lui de la suivre.
Comme on écrit en vers ou en prose, il faut d’abord marquer quelle est la différence de ces deux genres de style. La prose toujours timide, n’ose se permettre les inversions qui font le sel du style poétique. Tandis que la prose met le régissant avant le régime, la poésie ne manque pas de faire le contraire. Si l’actif est plus ordinaire dans la prose, la poésie le dédaigne, & adopte le passif. Elle entasse les épithetes, dont la prose ne se pare qu’avec retenue : elle n’appelle point les hommes par leurs noms, c’est le fils de Pélée, le berger de Sicile, le cygne de Dircée. L’année est chez elle le grand cercle, qui s’acheve par la révolution des mois. Elle donne un corps à tout ce qui est spirituel, & la vie à tout ce qui ne l’a point. Enfin le chemin dans lequel elle marche est couvert d’une poussiere d’or, ou jonché des plus belles fleurs. Voyez Poétique, style.
Ce n’est pas tout, chaque genre de poésie a son ton & ses couleurs. Par exemple, les qualités principales qui conviennent au style épique sont la force, l’élégance, l’harmonie & le coloris.
Le style dramatique a pour regle générale de devoir être toujours conforme à l’état de celui qui parle. Un roi, un simple particulier, un commerçant, un laboureur, ne doivent point parler du même ton : mais ce n’est pas assez ; ces mêmes hommes sont dans la joie ou dans la douleur, dans l’espérance ou dans la crainte : cet état actuel doit donner encore une seconde conformation à leur style, laquelle sera fondée sur la premiere, comme cet état actuel est fondé sur l’habituel ; & c’est ce qu’on appelle la condition de la personne. Voyez Tragédie.
Pour ce qui regarde la comédie, c’est assez de dire que son style doit être simple, clair, familier, cependant jamais bas, ni rampant. Je sais bien que la comédie doit élever quelquefois son ton, mais dans ses plus grandes hardiesses elle ne s’oublie point ; elle est toujours ce qu’elle doit être. Si elle alloit jusqu’au tragique, elle seroit hors de ses limites : son style demande encore d’être assaissonné de pensées fines, délicates, & d’expressions plus vives qu’éclatantes.
Le style lyrique s’éleve comme un trait de flamme, & tient par sa chaleur au sentiment & au goût : il est tout rempli de l’enthousiasme que lui inspire l’objet présent à sa lyre ; ses images sont sublimes, & ses sentimens pleins de feu. De-là les termes riches, forts, hardis, les sons harmonieux, les figures brillantes, hyperboliques, & les tours singuliers de ce genre de poésie. Voyez Ode, Poésie lyrique & Poete lyrique.
Le style bucolique doit être sans apprêt, sans faste, doux, simple, naïf & gracieux dans ses descriptions. Voyez Pastorale, poésie.
Le style de l’apologue doit être simple, familier, riant, gracieux, naturel & naïf. La simplicité de ce style consiste à dire en peu de mots & avec les termes ordinaires tout ce qu’on veut dire. Il y a cependant des fables où la Fontaine prend l’essor ; mais cela ne lui arrive que quand les personnages ont de la grandeur & de la noblesse. D’ailleurs cette élévation ne détruit point la simplicité qui s’accorde, on ne peut mieux, avec la dignité. Le familier de l’apologue est un choix de ce qu’il y a de plus fin & de plus délicat dans le langage des conversations ; le riant est caractérisé par son opposition au sérieux, & le gracieux par son opposition au desagréable : sa majesté fourrée, une Hélene au beau plumage, sont du style riant. Le style gracieux peint les choses agréables avec tout l’agrément qu’elles peuvent recevoir. Les lapins s’égayoient, & de thim parfumoient leurs banquets. Le naturel est opposé en général au recherché, au forcé. Le naïf l’est au réfléchi, & semble n’appartenir qu’au sentiment, comme la fable de la laitiere.
Passons au style de la prose : il peut être périodique ou coupé dans tout genre d’ouvrage.
Le style périodique est celui où les propositions ou les phrases sont liées les unes aux autres, soit par le sens même, soit par des conjonctions.
Le style coupé est celui dont toutes les parties sont indépendantes & sans liaison réciproque. Un exemple suffira pour les deux especes.
« Si M. de Turenne n’avoit sû que combattre & vaincre, s’il ne s’étoit élevé au-dessus des vertus humaines, si sa valeur & sa prudence n’avoient été animées d’un esprit de foi & de charité, je le mettrois au rang des Fabius & des Scipions ». Voilà une période qui a quatre membres, dont le sens est suspendu. Si M. de Turenne n’avoit sû que combattre & vaincre, &c. ce sens n’est pas achevé, parce que la conjonction si promet au-moins un second membre ; ainsi le style est là périodique. Le veut-on coupé, il suffit d’ôter la conjonction : M. de Turenne a su autre chose que combattre & vaincre, il s’est élevé au-dessus des vertus humaines ; sa valeur & sa prudence étoient animées d’un esprit de foi & de charité ; il est bien au-dessus des Fabius, des Scipions. Ou si l’on veut un autre exemple : « Il passe le Rhin, il observe les mouvemens des ennemis ; il releve le courage des alliés, &c ».
Le style périodique a deux avantages sur le style coupé : le premier, qu’il est plus harmonieux ; le second, qu’il tient l’esprit en suspens. La période commencée, l’esprit de l’auditeur s’engage, & est obligé de suivre l’orateur jusqu’au point, sans quoi il perdroit le fruit de l’attention qu’il a donnée aux premiers mots. Cette suspension est très-agréable à l’auditeur, elle le tient toujours éveillé & en haleine.
Le style coupé a plus de vivacité & plus d’éclat : on les emploie tous deux tour-à-tour, suivant que la matiere l’exige. Mais cela ne suffit pas à-beaucoup-près pour la perfection du style : il faut donc observer avant toutes choses que la même remarque que nous avons faite au sujet de la poésie, s’applique également à la prose, je veux dire que chaque genre d’ouvrage prosaïque demande le style qui lui est propre. Le style oratoire, le style historique & le style épistolaire ont chacun leurs regles, leur ton, & leurs lois particulieres.
Le style oratoire requiert un arrangement choisi des pensées & des expressions conformes au sujet qu’on doit traiter. Cet arrangement des mots & des pensées comprend toutes les especes de figures de rhétorique, & toutes les combinaisons qui peuvent produire l’harmonie & les nombres. Voyez Orateur, Orateurs grecs & romains, Elocution, Eloquence, Harmonie, Mélodie, Nombre, &c.
Le caractere principal du style historique, est la clarté. Les images brillantes figurent avec éclat dans l’histoire : elle peint les faits ; c’est le combat des Horaces & des Curiaces ; c’est la peste de Rome, l’arrivée d’Agrippine avec les cendres de Germanicus, ou Germanicus lui-même au lit de la mort. Elle peint les traits du corps, le caractere l’esprit, les mœurs. C’est Caton, Catilina, Pison : la simplicité sied bien au style de l’histoire ; c’est en ce point que César s’est montré le premier homme de son siecle. Il n’est point frisé, dit Cicéron, ni paré ni ajusté, mais il est plus beau que s’il l’étoit. Une des principales qualités du style historique, c’est d’être rapide ; enfin il doit être proportionné au sujet. Une histoire générale ne s’écrit pas du même ton qu’une histoire particuliere ; c’est presque un discours soutenu ; elle est plus périodique & plus nombreuse.
Le style épistolaire doit se conformer à la nature des lettres qu’on écrit. On peut distinguer deux sortes de lettres ; les unes philosophiques, où l’on traite d’une maniere libre quelque sujet littéraire ; les autres familieres, qui sont une espece de conversation entre les absens ; le style de celle-ci doit ressembler à celui d’un entretien, tel qu’on l’auroit avec la personne même si elle étoit présente. Dans les lettres philosophiques, il convient de s’élever quelquefois avec la matiere, suivant les circonstances. On écrit d’un style simple aux personnes les plus qualifiées au-dessus de nous ; on écrit à ses amis d’un style familier. Tout ce qui est familier est simple ; mais tout ce qui est simple n’est pas familier. Le caractere de simplicité se trouve sur-tout dans les lettres de madame de Maintenon : rien de si aisé, de si doux, de si naturel.
Le style épistolaire n’est point assujetti aux lois du discours oratoire : sa marche est sans contrainte : c’est le trop de nombres qui fait le défaut des lettres de Balzac. Il est une sorte de négligence qui plaît, de même qu’il y a des femmes à qui il sied bien de n’être point parées. Telle est l’élocution simple, agréable & touchante sans chercher à le paroître ; elle dédaigne la frisure, les perles, les diamans, le blanc, le rouge, & tout ce qui s’appelle fard & ornement étranger. La propreté seule, jointe aux graces naturelles, lui suffit pour se rendre agréable.
Le style épistolaire admet toutes les figures de mots & de pensées, mais il les admet à sa maniere. Il y a des métaphores pour tous les états ; les suspensions, les interrogations sont ici permises, parce que ces tours sont les expressions même de la nature.
Mais soit que vous écriviez une lettre, une histoire, une oraison, ou tout autre ouvrage, n’oubliez jamais d’être clair. La clarté de l’arrangement des paroles & des pensées, est la premiere qualité du style. On marche avec plaisir dans un beau jour, tous les objets se présentent agréablement ; mais lorsque le ciel s’obscurcit, il communique sa noirceur à tout ce qu’on trouve sur la route, & n’a rien qui dédommage de la fatigue du voyage.
A la clarté de votre style, joignez s’il se peut la noblesse & l’éclat ; c’est par-là que l’admiration commence à naître dans notre esprit. Ce fut par-là que Cicéron plaidant pour Cornélius, excita ces emportemens de joie & ces battemens de mains, dont le barreau retentit pour-lors ; mais l’état dont je parle doit se soutenir ; un éclair qui nous éblouit passe légerement devant les yeux, & nous laisse dans la tranquillité où nous étions auparavant ; un faux brillant nous surprend d’abord & nous agite ; mais bientôt après nous rentrons dans le calme, & nous avons honte d’avoir pris du clinquant pour de l’or.
Quoique la beauté du style dépende des ornemens dont on se sert pour l’embellir, il faut les ménager avec adresse ; car un style trop orné devient insipide ; il faut placer la parure de même qu’on place les perles & les diamans sur une robe que l’on veut enrichir avec goût.
Tâchez sur-tout d’avoir un style qui revête la couleur du sentiment, cette couleur consiste dans certains tours de phrase, de certaines figures qui rendent vos expressions touchantes. Si l’extérieur est triste, le style doit y répondre. Il doit toujours être conforme à la situation de celui qui parle.
Enfin il est une autre qualité du style qui enchante tout le monde, c’est la naïveté. Le style naïf ne prend que ce qui est né du sujet & des circonstances : le travail n’y paroît pas plus que s’il n’y en avoit point ; c’est le dicendi genus simplex, sincerum, nativum des Latins. La naïveté du style consiste dans le choix de certaines expressions simples qui paroissent nées d’elles-mêmes plutôt que choisies ; dans des constructions faites comme par hasard, dans certains tours rajeunis, & qui conservent encore un air de vieille mode. Il est donné à peu de gens d’avoir en partage la naïveté du style ; elle demande un goût naturel perfectionné par la lecture de nos vieux auteurs françois, d’un Amyot, par exemple, dont la naïveté du style est charmante.
Il paroît assez par tous ces détails, que les plus grands défauts du style sont d’être obscur, bas, empoulé, froid, ou toujours uniforme.
Un style qui est obscur & qui n’a point de clarté, est le plus grand vice de l’élocution, soit que l’obscurité vienne d’un mauvais arrangement de paroles, d’une construction louche & équivoque, ou d’une trop grande brieveté. Il faut, dit Quintilien, non seulement qu’on puisse nous entendre, mais qu’on ne puisse pas ne pas nous entendre ; la lumiere dans un écrit doit être comme celle du soleil dans l’univers, laquelle ne demande point d’attention pour être vue, il ne faut qu’ouvrir les yeux.
La bassesse du style, consiste principalement dans une diction vulgaire, grossiere, seche, qui rebute & dégoûte le lecteur.
Le style empoulé, n’est qu’une élévation vicieuse, il ressemble à la bouffissure des malades. Pour en connoître le ridicule, on peut lire le second chapitre de Longin, qui compare Clitarque, qui n’avoit que du vent dans ses écrits, à un homme qui ouvre une grande bouche pour souffler dans une petite flute. Ceux qui ont l’imagination vive tombent aisément dans l’enflure du style, ensorte qu’au-lieu de tonner, comme ils le croient, ils ne font que niaiser comme des enfans.
Le style froid vient tantôt de la stérilité, tantôt de l’intempérance des idées. Celui-là parle froidement, qui n’échauffe point notre ame, & qui ne sait point l’élever par la vigueur de ses idées & de ses expressions.
Le style trop uniforme nous assoupit & nous endort.
Voulez-vous du public mériter les amours,
Sans cesse en écrivant variez vos discours ;
Un style trop égal & toujours uniforme
En vain brille à nos yeux, il faut qu’il nous endorme.
On lit peu ces auteurs nés pour nous ennuyer,
Qui toujours sur un ton semblent psalmodier.
La variété nécessaire en tout, l’est dans le discours plus qu’ailleurs. Il faut se défier de la monotonie du style, & savoir passer du grave au doux, du plaisant au sévere.
Enfin, si quelqu’un me demandoit la maniere de se former le style, je lui répondrois en deux mots, avec l’auteur des principes de littérature, qu’il faut premierement lire beaucoup & les meilleurs écrivains ; secondement, écrire soi-même & prendre un censeur judicieux ; troisiemement, imiter d’excellens modeles, & tâcher de leur ressembler.
Je voudrois encore que l’imitateur étudiât les hommes ; qu’il prît d’après nature des expressions qui soient non-seulement vraies, comme dans un portrait qui ressemble, mais vivantes & animées comme le modele même du portrait. Les Grecs avoient l’un & l’autre en partage, le génie pour les choses, & le talent de l’expression. Il n’y a jamais eu de peuple qui ait travaillé avec plus de goût & de style ; ils burinoient plutôt qu’ils ne peignoient, dit Denis d’Halycarnasse. On sait les efforts prodigieux que fit Démosthène, pour forger ces foudres, que Philippe redoutoit plus que toutes les flottes de la république d’Athènes. Platon à quatre-vingt ans polissoit encore ses dialogues. On trouva après sa mort, des corrections qu’il avoit faites à cet âge sur ses tablettes. (Le chevalier de Jaucourt.)
Style, harmonie du. Voyez Oratoire, Harmonie, Éloquence. (D. J.)
Style, (Logiq.) le style des Logiciens & des Philosophes ne doit avoir d’autre but que d’expliquer exactement nos pensées aux autres ; c’est pourquoi il convient d’établir quelques regles particulieres à ce genre de style ; telles sont les suivantes.
1°. De ne s’écarter jamais des significations reçues des termes.
2°. Que les mêmes termes soient toujours pris dans le même sens.
3°. De fixer la signification des mots qui ont un sens vague & indéterminé.
4°. De désigner les objets essentiellement différens par des noms différens.
5°. Le logicien ou le philosophe doit toujours user des expressions les plus propres, & ne point employer plus de mots que ceux qui lui sont précisément nécessaires pour établir la vérité de la proposition qu’il avance. Voyez à ce sujet Wolf. Disc. prélimin. de la Logique, c. v. (D. J.)
Style oriental, (Prose & Poésie.) le style oriental a cet avantage, qu’il éleve l’ame, qu’il soutient l’attention, & qu’il fait lire avec une sorte de plaisir, des choses qui pour le fond ne sont pas toujours nouvelles. (D. J.)
Style, Poésie du, (Poésie.) la poésie du style, comme M. le Batteux l’a remarqué, comprend les pensées, les mots, les tours, & l’harmonie. Toutes ces parties se trouvent dans la prose même ; mais comme dans les arts, tels que la Poésie, il s’agit non seulement de rendre la nature, & de la rendre avec tous ses agrémens & ses charmes possibles ; la Poésie, pour arriver à sa fin, a été en droit d’y ajouter un degré de perfection, qui les élevât en quelque sorte au-dessus de leur condition naturelle.
C’est pour cette raison que les pensées, les mots, les tours, ont dans la Poésie une hardiesse, une liberté, une richesse, qui paroîtroit excessive dans le langage ordinaire. Ce sont des comparaisons toutes nues, des métaphores éclatantes, des répétitions vives, des apostrophes singulieres. C’est l’Aurore, fille du matin, qui ouvre les portes de l’orient avec ses doigts de roses ; c’est un fleuve appuyé sur son urne penchante, qui dort au bruit flatteur de son onde naissante ; ce sont les jeunes zéphirs qui folâtrent dans les prairies émaillées, ou les nayades qui se jouent dans leurs palais de crystal ; ce n’est point un repas, c’est une fête.
La poésie du style consiste encore à prêter des sentimens intéressans à tout ce qu’on fait parler, comme à exprimer par des figures, & à présenter sous des images capables de nous émouvoir, ce qui ne nous toucheroit pas, s’il étoit dit simplement en style prosaïque.
Mais chaque genre de poëme a quelque chose de particulier dans la poésie de son style ; la plûpart des images dont il convient que le style de la tragédie soit nourri, pour ainsi dire, sont trop graves pour le style de la comédie ; du-moins le poëme comique ne doit-il en faire qu’un usage très-sobre. Il ne doit les employer que comme Chrémès, lorsque ce personnage entre pour un moment dans une passion tragique. Nous avons déjà dit dans quelques articles, que les églogues empruntoient leurs peintures & leurs images des objets qui parent la campagne, & des événemens de la vie rustique. La poésie du style de la satyre doit être nourrie des images les plus propres à exciter notre bile. L’ode monte dans les cieux, pour y emprunter ses images & ses comparaisons du tonnerre, des astres, & des dieux mêmes : mais ce sont des choses dont l’expérience a déjà instruit tous ceux qui aiment la Poésie.
Il faut donc que nous croyions voir, pour ainsi dire, en écoutant des vers : ut pictura poesis, dit Horace. Cléopatre s’attireroit moins d’attention, si le poëte lui faisoit dire en style prosaïque aux ministres odieux de son frere : ayez peur, méchans ; César qui est juste, va venir la force à la main ; il arrive avec des troupes. Sa pensée a bien un autre éclat ; elle paroît bien plus relevée, lorsqu’elle est revétue de figures poétiques, & lorsqu’elle met entre les mains de César, l’instrument de la vengeance de Jupiter. Ce vers,
Tremblez, méchans, tremblez : voici venir la foudre.
me présente César armé du tonnerre, & les meurtriers
de Pompée foudroyés. Dire simplement qu’il
n’y a pas un grand mérite à se faire aimer d’un homme
qui devient amoureux facilement ; mais qu’il est
beau de se faire aimer par un homme qui ne témoigna
jamais de disposition à l’amour ; ce seroit dire
une vérité commune, & qui ne s’attireroit pas beaucoup
d’attention. Quand Racine met dans la bouche
d’Aricie cette vérité, revêtue des beautés que lui prete la poésie de son style, elle nous charme. Nous
sommes séduits par les images dont le poëte se sert
pour l’exprimer ; & la pensée de triviale qu’elle seroit,
énoncée en style prosaïque, devient dans ses
vers un discours éloquent qui nous frappe, & que
nous retenons :
Pour moi, je suis plus fiere, & fuis la gloire aisée
D’arracher un hommage à mille autres offert,
Et d’entrer dans un cœur de toutes parts ouvert.
Mais de faire fléchir un courage inflexible,
De porter la douleur dans une ame insensible,
D’enchaîner un captif de ses fers étonné,
Contre un joug qui lui plaît vainement mutiné,
Voilà ce qui me plaît, voilà ce qui m’irrite.
Ces vers tracent cinq tableaux dans l’imagination.
Un homme qui nous diroit simplement : je mourrai dans le même château où je suis né, ne toucheroit pas beaucoup. Mourir est la destinée de tous les hommes ; & finir dans le sein de ses pénates, c’est la destinée des plus heureux. L’abbé de Chaulieu nous présente cependant cette pensée sous des images qui la rendent capable de toucher infiniment :
Fontenay, lieu délicieux,
Où je vis d’abord la lumiere,
Bien-tôt au bout de ma carriere
Chez toi je joindrai mes ayeux.
Muses qui dans ce lieu champêtre
Avec soin me fîtes nourrir,
Beaux arbres qui m’avez vu naître,
Bien-tôt vous me verrez mourir.
Ces apostrophes me font voir le poëte en conversation avec les divinités & avec les arbres de ce lieu. Je m’imagine qu’ils sont attendris par la nouvelle qu’il leur annonce ; & le sentiment qu’il leur prête, fait naître dans mon cœur un sentiment approchant du leur.
La poésie du style fait la plus grande différence qui soit entre les vers & la prose. Bien des métaphores qui passeroient pour des figures trop hardies dans le style oratoire le plus élevé, sont reçues en poésie ; les images & les figures doivent être encore plus fréquentes dans la plûpart des genres de la Poésie, que dans les discours oratoires ; la Rhétorique qui veut persuader notre raison, doit toujours conserver un air de modération & de sincérité. Il n’en est pas de même de la Poésie qui songe à nous émouvoir préférablement à toutes choses, & qui tombera d’accord, si l’on veut, qu’elle est souvent de mauvaise foi. Suivant Horace, on peut être poëte en un discours en prose ; & l’on n’est souvent que prosateur dans un discours écrit en vers. Quintilien explique si bien la nature & l’usage des images & des figures dans les derniers chapitres de son huitieme livre, & dans les premiers chapitres du livre suivant, qu’il ne laisse rien à faire, que d’admirer sa pénétration & son grand sens.
Cette partie de la Poésie la plus importante, est en même tems la plus difficile : c’est pour inventer des images qui peignent bien ce que le poëte veut dire ; c’est pour trouver les expressions propres à leur donner l’être, qu’il a besoin d’un feu divin, & non pas pour rimer. Un poëte médiocre peut, à force de consultations & de travail, faire un plan régulier, & donner des mœurs décentes à ses personnages ; mais il n’y a qu’un homme doué du génie de l’art, qui puisse soutenir ses vers par des fictions continuelles, & par des images renaissantes à chaque période. Un homme sans génie, tombe bien-tôt dans la froideur qui naît des figures qui manquent de justesse, & qui ne peignent point nettement leur objet ; ou dans le ridicule qui naît des figures, lesquelles ne sont point convenables au sujet. Telles sont, par exemple, les figures que met en œuvre le carme auteur du poëme de la Magdelaine, qui forment souvent des images grotesques, où le poëte ne devoit nous offrir que des images sérieuses. Le conseil d’un ami peut bien nous faire supprimer quelques figures impropres ou mal imaginées ; mais il ne peut nous inspirer le génie nécessaire pour inventer celles dont il conviendroit de se servir, & qui font la poésie du style ; le secours d’autrui ne sauroit faire un poëte ; il peut tout au plus lui aider à se former.
Un peu de réflexion sur la destinée des poëmes françois publiés depuis cent ans, achevera de nous persuader, que le plus grand mérite d’un poëme, vient de la convenance & de la continuité des images & des peintures que ses vers nous présentent. Le caractere de la poésie du style a toujours décidé du bon ou du mauvais succès des poëmes, même de ceux qui par leur étendue, semblent dépendre le plus de l’économie du plan, de la distribution, de l’action, & de la décence des mœurs.
Nous avons deux tragédies du grand Corneille, dont la conduite & la plûpart des caracteres sont très défectueux, le cid & la mort de Pompée. On pourroit même disputer à cette derniere piece le titre de tragédie ; cependant le public enchante par la poésie du style de ces ouvrages, ne se lasse point de les admirer ; & il les place fort au-dessus de plusieurs autres, dont les mœurs sont meilleures, & dont le plan est régulier. Tous les raisonnemens des critiques ne le persuaderont jamais, qu’il ait tort de prendre pour des ouvrages excellens deux tragédies, qui depuis un siecle, font toujours pleurer les spectateurs.
Nos voisins les Italiens ont aussi deux poëmes épiques en leur langue la Jérusalem délivrée du Tasse, & le Roland furieux de l’Arioste, qui, comme l’Iliade & l’Eneïde, sont devenus des livres de la bibliotheque du genre humain. On vante le poëme du Tasse pour la décence des mœurs, pour la dignité des caracteres, pour l’économie du plan ; en un mot pour sa régularité. Je ne dirai rien des mœurs, des caracteres, de la décence & du plan du poëme de l’Arioste. Homere fut un géometre auprès de lui ; & l’on sait le beau nom que le cardinal d’Est donna au ramas informe d’histoires mal tissues ensemble qui composent le Roland furieux. L’unité d’action y est si mal observée, qu’on a été obligé dans les éditions postérieures d’indiquer, par une note mise à côté de l’endroit où le poëte interrompt une histoire, l’endroit du poëme où il la recommence, afin que le lecteur puisse suivre le fil de cette histoire. On a rendu en cela un grand service au public ; car on ne lit pas deux fois l’Arioste de suite, & en passant du premier chant au second, & de celui-là aux autres successivement, mais bien en suivant indépendamment de l’ordre des livres, les différentes histoires qu’il a plutôt incorporées qu’unies ensemble. Cependant les Italiens, généralement parlant, placent l’Arioste fort au-dessus du Tasse. L’académie de la Crusca, après avoir examiné le procès dans les formes, a fait une décision autentique qui adjuge à l’Arioste le premier rang entre les poëtes épiques italiens. Le plus zélé défenseur du Tasse, Camillo Pelegrini, confesse qu’il attaque l’opinion générale, & que tout le monde a décidé pour l’Arioste, séduit par la poésie de son style. Elle l’emporte véritablement sur la poésie de la Jérusalem délivrée, dont les figures ne sont pas souvent convenables à l’endroit où le poëte les met en œuvre. Il y a souvent encore plus de brillant & d’éclat dans ses figures que de vérité. Je veux dire qu’elles surprennent & qu’elles éblouissent l’imagination, mais qu’elles n’y peignent pas distinctement des images propres à nous émouvoir.
Il résulte de tout ce détail, que le meilleur poëme est celui dont la lecture nous touche davantage ; & que c’est celui qui nous séduit au point de nous cacher la plus grande partie de ses fautes, & de nous faire oublier volontiers celles mêmes que nous avons vues, & qui nous ont choqués. Or c’est à-proportion des charmes de la poésie du style qu’un poëme nous intéresse. Du Bos, réflexions sur la poésie. (D. J.)
Style, (Peint.) le style appartient en peinture à la composition & à l’exécution ; il y a des peintres qui travaillent dans un style héroïque, & d’autres, dans un style champêtre. Pour ce qui concerne l’exécution, un tableau peut être d’un style ferme, ou d’un style poli. Le style ferme est une touche hardie, qui donne de la force & de l’action à l’ouvrage, tels sont les tableaux de Michel-Ange. Le style poli finit & termine toutes choses : c’est à quoi se sont le plus attachés les peintres hollandois. Le style ferme est quelquefois trop dur, & le style poli trop composé, trop travaillé, mais leur union fait les délices des amateurs. (D. J.)
Style, en Musique, est la maniere de composer, d’exécuter & d’enseigner. Cela varie beaucoup selon les pays, le caractere des peuples & le génie des auteurs ; selon les matieres, les lieux, les tems, les sujets & les expressions, &c.
On dit le style de Handel, de Rameau, de Lully, de Destouches, &c. le style des Italiens, des François, des Espagnols, &c.
Le style des musiques gaies & enjouées est bien différent du style des musiques graves ou sérieuses. Le style des musiques d’église n’est pas le même que celui des musiques pour le théâtre ou pour la chambre. Le style des compositions italiennes est piquant, fleuri, expressif : celui des compositions françoises est naturel, coulant, tendre, &c.
De-là viennent les diverses épithetes qui distinguent ces différens styles ; on dit style ancien & moderne ; style italien, françois, allemand, &c. style ecclésiastique, dramatique, de la chambre, &c. style gai, enjoué, fleuri ; style piquant, pathétique, expressif ; style grave, sérieux, majestueux ; style naturel, coulant, tendre, affectueux ; style grand, sublime, galant ; style familier, populaire, bas, rampant.
Style dramatique ou récitatif, c’est un style propre pour les passions. Voyez Récitatif.
Style ecclésiastique, c’est un style plein de majesté, grave & sérieux, & capable d’inspirer la piété.
Stile de motet, c’est un style varié, fleuri, & susceptible de tous les ornemens de l’art ; propre par conséquent à remuer les passions, mais sur-tout à exciter l’admiration, l’étonnement, la douleur, &c. Voyez Motet.
Style de madrigal ; c’est un style affecté à la tendresse, à l’amour, à la compassion & aux autres passions douces. Voyez Madrigal.
Style hyporchematique, c’est le style qui convient au plaisir, à la joie, à la danse, &c. & plein par conséquent de mouvemens prompts, vifs, gais & bien marqués.
Style symphonique ; c’est le style des instrumens. Comme chaque instrument a sa destination particuliere, il y a aussi son style. Le style des violons, par exemple, est ordinairement gai ; celui des flûtes est triste, languissant, &c. celui des trompettes, animé, gai, martial, &c.
Style mélismatique, c’est un style naturel, & sur lequel on chante presque sans avoir appris ; il est propre pour les ariettes, les vilanelles, les vaudevilles, &c.
Style de phantaisie, ou phantaisie, stylo phantastico ; c’est un style d’instrument ou une maniere de composer & d’exécuter, libre de toute contrainte, &c.
Style de danse, stylo choraico ; il se divise en autant de branches différentes qu’il y a de différens caracteres de danse. Il y a donc le style des sarabandes, des menuets, des passepiés, des gavottes, des rigaudons, des bourées, des gaillardes, des courantes, &c. Voyez ces mots.
Les anciens avoient aussi leurs styles différens dont nous avons parlé aux mots, Modes, Mélopée, &c. (S)
Style, (Littérat.) stylus, c’étoit, comme je viens de dire, un poinçon, ou une grosse aiguille, avec la pointe de laquelle les anciens écrivoient sur des tablettes enduites de cire. Voyez Tablette en cire.
Quintilien conseille pour apprendre aux enfans à écrire, de faire graver toutes les lettres sur une planche, afin que la trace des caracteres dirigeât le style, & que la main trouvant une égale résistance aux extrémités, ne sortît point de son modele ; par cette méthode l’enfant, à force d’imiter des caracteres fixes, ne pouvoit manquer de rendre promptement sa main sûre, sans aucun besoin de maître pour la conduire ; car, ajoute notre judicieux critique, c’est une chose fort importante de savoir écrire bien, & vîte ; & c’est ce que les personnes de condition négligent un peu trop. Si Quintilien vivoit parmi nous, il auroit dit négligent au point, qu’on reconnoit un homme de qualité à son écriture illisible, & aux fautes d’ortographe. (D. J.)
Style, en Chronologie, (Hist. mod.) signifie une maniere particuliere de supputer le tems par rapport au retranchement de dix jours du calendrier dans la réformation qui en fut faite sous Grégoire XIII.
Le style est ancien ou nouveau.
Le vieux style est la maniere de compter selon le calendrier Julien, qu’on suit en Angleterre & dans quelques autres états protestans, qui ont refusé d’admettre la réformation. Voyez Julien.
Le nouveau style est la maniere de compter suivant le calendrier Grégorien, qui est suivi par les catholiques & par d’autres, en conséquence de la réformation. Voyez Grégorien.
Ainsi il y a une différence de dix jours entre le vieux style & le nouveau ; le dernier avance beaucoup devant le premier, de façon que quand les catholiques, par exemple, comptent le 21 de Mai, nous ne comptons que le 11.
Cette différence de dix jours est accrue d’un jour en 1707, & est maintenant de 11 jours ; par la raison que cette année n’étoit pas bissextile dans le vieux style, & qu’elle l’étoit dans le nouveau ; de sorte que le dixieme de l’un répondoit au vingt-unieme de l’autre.
Cependant il y a différens endroits, même parmi les protestans, où on a commencé à admettre le nouveau style ; & il est assez vraissemblable qu’avec le tems le vieux style sera tout-à-fait abandonné. A la diette de Ratisbonne, en 1700, il a été résolu par le corps des protestans de l’empire, qu’on retrancheroit onze jours du vieux style pour l’ajuster à l’avenir au nouveau : le même réglement a été fait depuis en Suede & en Danemark ; l’Angleterre est presque le seul état qui retienne le vieux style. Voyez Calendrier.
Style de chasse, voyez Chasse.
Style, (Jurisprud.) en terme de pratique signifie la maniere dont on a coutume de rédiger les actes ; les notaires ont leur style, c’est-à-dire un certain ordre de discours, de certaines expressions qui leur sont propres. Il y a des clauses de style, c’est-à-dire qui se trouvent ordinairement dans tous les actes de même espece ; quelques-unes de ces clauses ne sont que de pur style sans rien ajouter aux conventions, comme le promettant, obligeant, renonçant des notaires qui seroient sous-entendus, quand même on ne les auroit pas exprimés.
Le style judiciaire est la forme que l’on suit pour l’instruction & pour les jugemens dans les tribunaux ; autrefois chaque tribunal avoit son style particulier ; l’ordonnance de 1667 a eu pour objet de rendre partout la procédure un forme ; on avoit même dessein de faire des formules imprimées pour toutes sortes d’actes, afin de rendre par-tout le style uniforme ; mais les difficultés que l’on trouva dans l’exécution de ce projet le firent abandonner, & l’on se contenta de vendre le papier qui étoit destiné à contenir ces formules, que l’on timbre en tête d’une fleur-de-lis ; telle fut l’origine du papier & du parchemin timbré, dont l’usage commença en France en 1673.
Malgré les précautions que les ordonnances ont prises pour rendre par-tout le style uniforme, il subsiste encore bien des différences dans le style de la plûpart des Tribunaux.
Nous avons plusieurs styles anciens & nouveaux, qui sont des instructions sur la maniere de procéder dans chaque tribunal ; tels sont l’ancien style du parlement qui est dans les œuvres de Dumoulin, les styles civil, criminel & du conseil, de Gauret ; le style de Gastier ; le style du châtelet, &c. Voyez Forme, Formules, Ordre judiciaire, Papier timbré, Procédure. (A)
Style mercantile, (Commerce.) c’est celui qu’employent les marchands & les négocians dans les affaires de leur négoce, & dont ils se servent dans leurs écritures pour eux-mêmes, pour leurs associés, leurs correspondans & leurs commissionnaires ; il n’est pas étrange que le commerce ait son style, comme toutes les autres sciences, & il seroit honteux de ne le pas savoir, quand on a la sagesse d’embrasser cette utile profession. (D. J.)
Étymologie de « style »
Provenç. estil ; espagn. estilo ; ital. stile ; du lat. stylus, proprement poinçon, puis style, qui vient du grec στῦλος, colonne, pointe, poinçon, rattaché à στύω, ériger, qui tient à sthā, stare, être debout.
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(Date à préciser) Anciennement stile. Du latin stilus (« tige de plante », « pieu », « poinçon », « stylet pour écrire ») qui a donné stylus par faux rapprochement avec le grec ancien στῦλος, stŷlos (« colonne, pilier »).
- Camille Laurens résume ainsi l’histoire du mot : « Dans l’Antiquité, le style désignait ce poinçon de fer ou d’os qui servait à écrire sur de la cire, et dont l’autre extrémité, aplatie, permettait d’effacer ce qu’on avait écrit. Il y a quelque chose d’émouvant, des siècles après, à reconnaître dans cet objet l’ancêtre du stylo. Mais à l’époque déjà, par glissement métonymique de l’instrument à son résultat, le style est aussi la manière d’écrire, la tournure de l’expression. Cicéron l’emploie dans ce sens figuré dès le premier siècle avant notre ère. Cependant l’un n’implique pas forcément l’autre, et dieu sait que même aujourd’hui il ne suffit pas de tenir un stylo pour avoir une plume. Le style en effet ne se confond pas avec l’écriture, et bien des gens écrivent qui n’ont pourtant aucun style, sauf à l’entendre au sens large : il y a certes un style administratif, très reconnaissable, un style publicitaire… À l’inverse, parfois, quelques mots suffisent : « Impossible rentrer ce soir stop Mensonge suit », ça a du style, avouez — du style télégraphique. » — (Camille Laurens, Tissé par mille, 2005, éditions P.O.L.)
Phonétique du mot « style »
Mot | Phonétique (Alphabet Phonétique International) | Prononciation |
---|---|---|
style | stil |
Citations contenant le mot « style »
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Plus une idée est belle, plus la phrase est sonore. Gustave Flaubert, Correspondance, à Mlle Leroyer de Chantepie, 1857
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Le style est autant sous les mots que dans les mots. Gustave Flaubert, Correspondance, à Ernest Feydeau, 1860
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C'est la pensée toute vivante qui dicte le style immortel. Dès qu'elle a trouvé ce qu'elle cherche, elle n'est plus. Pierre Louis, dit Pierre Louÿs, Poétique, Crès
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Une page bien écrite est celle dont on ne saurait enlever une syllabe sans fausser la mesure de la phrase. Pierre Louis, dit Pierre Louÿs, Poétique, Crès
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Le style de celui-là dit qu'il sait s'habiller, et de celui-ci qu'il n'a pas besoin d'habit. Robert Mallet, Apostilles, Gallimard
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Qu'est-ce que l'art ? - Ce par quoi les formes deviennent style. André Malraux, Les Voix du silence, Gallimard
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Le style n'est que le mouvement de l'âme. Jules Michelet, Journal, 4 juillet 1820 , Gallimard
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Le style, c’est l’oubli de tous les styles. De Jules Renard / Journal - 7 Avril 1891 ,
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La première qualité du style, c'est la clarté. De Aristote ,
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Le meilleur style est celui qui se fait oublier. De Stendhal ,
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Il soigne son style mais il ne le guérit pas. De Bernard Grasset ,
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L'adjectif, c'est la graisse du style. De Victor Hugo ,
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La mode se démode, le style jamais. De Coco Chanel ,
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Ce style figuré, dont on fait vanité, Sort du bon caractère et de la vérité : Ce n'est que jeu de mots, qu'affectation pure, Et ce n'est point ainsi que parle la nature. Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, Le Misanthrope, I, 2, Alceste
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Le style n'est que l'ordre et le mouvement qu'on met dans ses pensées. Georges Louis Leclerc, comte de Buffon, Discours sur le style, prononcé à l'Académie française, le jour de sa réception, 25 août 1753
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J'estime par-dessus tout d'abord le style, et ensuite le vrai. Gustave Flaubert, Correspondance, à Louis Bonenfant, 1856
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Sans morale, il n'y a plus de vin de Bordeaux, ni de style. La morale, c'est le goût de ce qui est pur et défie le temps. Jacques Boutelleau, dit Jacques Chardonne, L'Amour, c'est beaucoup plus que l'amour, Albin Michel
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C'est […] cette manière d'épauler, de viser, de tirer vite et juste, que je nomme le style. Jean Cocteau, Le Secret professionnel, Stock
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[Le style] est une façon très simple de dire des choses compliquées. Jean Cocteau, Le Secret professionnel, Stock
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Le style est l'homme même. Georges Louis Leclerc, comte de Buffon, Discours sur le style, prononcé à l'Académie française, le jour de sa réception, 25 août 1753
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Le style est la poésie dans la prose, je veux dire une manière d'exprimer que la pensée n'explique pas. Émile Chartier, dit Alain, Avec Balzac, Gallimard
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Ce siècle, autre en ses mœurs, demande un autre style. Théodore Agrippa d'Aubigné, Les Tragiques
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Quand on voit le style naturel, on est tout étonné et ravi, car on s'attendait de voir un auteur, et on trouve un homme. Au lieu que ceux qui ont le goût bon et qui en voyant un livre croient trouver un homme, sont tout surpris de trouver un auteur. Blaise Pascal, Pensées, 29 Pensées
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Avoir un style exact, précis, en relief, essentiel, qui réveillerait un mort. Jules Renard, Journal, 29 mai 1898 , Gallimard
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La clarté est la politesse de l'homme de lettres. Jules Renard, Journal, 7 octobre 1892 , Gallimard
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Le style, c'est l'oubli de tous les styles. Jules Renard, Journal, 7 avril 1891 , Gallimard
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Un mauvais style, c'est une pensée imparfaite. Jules Renard, Journal, 15 août 1898 , Gallimard
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Le despotisme frappe le style de bêtise. Henri Beyle, dit Stendhal, Promenades dans Rome, Marginalia
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Le style est comme le parfum d'un état primitif des esprits. Eugène Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle, Style
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C'est la pensée qui donne au style sa beauté, mais chez les pseudo-penseurs c'est le style qui doit orner les pensées. Arthur Schopenhauer, Parerga und Paralipomena
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Le style embaume les oeuvres. De Anonyme ,
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Le style est un sentiment du monde. De André Malraux / Les Voix du silence ,
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C’est très élastique, un style. De Griffo / Evene.fr - Novembre 2006 ,
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La prudence est le style des aveugles. De Yvon Rivard / L'Ombre et le double ,
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Chez les uns, le style naît des pensées ; chez les autres, les pensées naissent du style. De Joseph Joubert ,
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Le style n'est rien, mais rien n'est sans le style. De Antoine de Rivarol / Notes, pensées et maximes ,
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Le style, c’est l’homme ; quand le style est obscur, il faut déjà s’inquiéter. De André Comte-Sponville / Evene.fr - Janvier 2007 ,
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Jean Lucas dévoile grossièrement les traits de son transfert. "Grégory Lorenzi m'a appelé, le coach Olivier Dall'Oglio aussi. Il m'avait déjà appelé l'année dernière. Brest est une bonne équipe, j'ai vu comment elle joue, j'aime son style de jeu", a souligné le milieu brésilien qui assure "pouvoir jouer en 8 ou en 6, dans un milieu à deux ou à trois". Foot National, Brest : Jean Lucas "aime le style de jeu" du SB29
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En respectant le style de notre moitié, on va le gâter avec accessoire qui va révolutionner sa façon de se vêtir. Si monsieur rêve d'un look de gentleman et de respirer l'élégance à la Française, rien de plus original et chic qu'une paire de boutons de manchette pour upgrader sa chemise de tous les jours. Au contraire, vous avez à vos côtés un homme au style sportwear ? Optez pour un bob, mais attention, en velours, pour un look au sommet des tendances dont il ne se lassera pas. Si le portefeuille demeure être un incontournable des cadeaux que l'on fait à un homme, cette année, on dit adieu à la version classique et boring. On change les codes et on lui offre un portefeuille au style canon validé par les fans de mode, avec le tour de cou offert par Lacoste. Pour résumer, la Saint-Valentin 2021 est synonyme de tremplin pour le vestiaire masculin (et ce sera entièrement grâce à vous.) Grazia.fr, Saint-Valentin : ces accessoires mode à offrir pour upgrader le style de ces messieurs - Grazia
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Samuel Eto'o a placé l'entraîneur portugais en tête de sa liste de préférences, tout en assurant que Pep Guardiola est également un entraîneur "to" et que ce n'est qu'une question de style. BeSoccer, Eto'o préfère le style de Mourinho à celui de Guardiola - BeSoccer
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Le mot «figure de style» nous renvoie inéluctablement au temps de notre enfance ou de nos études littéraires, quand les paronomases, les polyptotes et les isocolies n’avaient aucun secret pour nous. LEFIGARO, Êtes-vous incollable sur les figures de style?
Traductions du mot « style »
Langue | Traduction |
---|---|
Anglais | style |
Espagnol | estilo |
Italien | stile |
Allemand | stil |
Chinois | 风格 |
Arabe | أسلوب |
Portugais | estilo |
Russe | стиль |
Japonais | スタイル |
Basque | estiloa |
Corse | stile |
Synonymes de « style »
- manière
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- touche
- façon
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- langage
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- braille
- dialecte
- euphémisme
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