La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « roue »

Roue

Variantes Singulier Pluriel
Féminin roue roues

Définitions de « roue »

Trésor de la Langue Française informatisé

ROUE, subst. fém.

A. − Organe de forme circulaire, tournant autour d'un axe passant par son centre, qui a de multiples utilisations. L'Amérique est le pays de la ligne droite. Jusqu'à l'arrivée des Européens, la roue, le tour lui étaient inconnus (Morand, Air indien,1932, p. 22):
Il n'y a guère à hésiter pour qualifier la roue de « plus grande invention de tous les temps ». C'est elle, en effet, qui constitue la partie essentielle de la plupart de nos machines, le volant de nos moteurs, la turbine de nos centrales, l'engrenage, la roue dentée, la poulie, le pignon ou le boulon. P. Rousseau, Hist. transp.,1961, p. 15.
1. Organe de forme circulaire sur lequel repose un véhicule, et qui, en tournant, permet le déplacement de celui-ci. Nous voilà (...) lancés à une allure folle sur le pavé raboteux des petites rues. La jante ferrée des roues y fait un fracas de marteau et d'enclume (Farrère,Homme qui assass.,1907, p. 157).Au bout de quelques tours de roue, l'omnibus s'arrêta (Gyp,Souv. pte fille,1928, p. 89).
SYNT. Roue d'une brouette; roues d'une bicyclette, d'un tricycle, d'une charrette, d'un camion, d'une voiture; roue en acier, en bois; roue arrière; roue avant; roue ferrée; roue à rayons, pleine; roue porteuse, motrice, directrice; roue voilée; canon, grue, brancard sur roues; véhicule haut sur roues; véhicule à deux roues, à quatre roues; camion à roues jumelées; bandage, corps, cercle, chapeau, enjoliveur, jante, moyeu, pneu, tambour d'une roue; train de roues; braquage, blocage, patinage des roues; bruit, fracas, grincement des roues.
Roue folle. Roue indépendante de l'essieu sur lequel elle tourne librement. Pour le matériel des mines, une solution radicale (...) que l'on ne saurait employer sur les chemins de fer de grande vitesse (...) c'est l'indépendance des roues, rendues folles sur l'essieu (Haton de La Goupillière,Exploitation mines,1905, p. 721).P. compar. Il mania les chardonnerets [blessés] les uns après les autres, et tous le troublèrent par leur effarement menu. Ses impressions tournèrent comme des roues folles (Renard,Lanterne sourde,1893, p. 62).
Roue libre. Dispositif d'une bicyclette qui rend le pédalier indépendant du mouvement de la roue. Descendre une côte en roue libre. Tribout (...) décrivait ainsi son invention, la roue libre: « Les pédales impriment le mouvement, mais ce mouvement ne les entraîne pas, et elles se transforment en étriers immobiles jusqu'à ce que le cavalier veuille presser ou reprendre le mouvement » (Jeux et sports,1967, p. 1482).Au fig. En roue libre. ,,Sur la lancée, sans forcer`` (Petiot 1982). Il éprouvait une impression curieuse; il était débrayé, en roue libre, et descendait sans effort, comme en rêve, dans une sorte de bien-être inconnu (Morand,Homme pressé,1941, p. 76).
Roue de secours. [Dans un véhicule automob.] Roue supplémentaire destinée à remplacer celle dont le pneu est crevé. Il disait [Pagnol]: « La roue de secours est la réhabilitation de la cinquième roue du carrosse » (R. Castans, Marcel Pagnol m'a raconté,1975, p. 176 ds Rey-Chantr. Expr. 1979).
En compos. Roue-cage. Roue métallique associée à une roue motrice munie d'un pneumatique, permettant d'augmenter la surface portante d'un tracteur dans une terre détrempée dont l'adhérence est faible (d'apr. Lar. agric. 1981). Roue-squelette. ,,Roue métallique très large montée à la place d'une roue à pneumatique, motrice ou directrice, de tracteur ou de machine automotrice`` (Lar. agric. 1981).
P. méton., subst. masc. comp. Deux(-)roues. Véhicule à deux roues (bicyclette, vélomoteur, motocycle). V. deux I A 3 f.Voie réservée aux deux roues.
Expr. fam.
Pousser à la roue. V. pousser I A 1.
Sur les chapeaux de roues. Á toute allure. Démarrer sur les chapeaux de roues; prendre un virage sur les chapeaux de roues.
Mettre des bâtons dans les roues. Susciter des difficultés à quelqu'un, faire obstacle à quelque chose. V. bâton ex. 10.
La cinquième roue du carrosse*.
Pop., vieilli. [P. réf. aux roues de voiture plus grandes à l'arrière qu'à l'avant] Roue de derrière, ou plus rarement, roue de charrette. Pièce de cinq francs en argent. (Ds Esn. 1966). Il avait étouffé deux roues de derrière, deux belles pièces de cent sous neuves, une dans chaque soulier (Zola,Assommoir,1877, p. 761).Tu te mets à passer en revue les faits et gestes de ton père (...), tu lui reproches les misérables roues de charrette qu'il offre à quelques amis crève-la-faim (Miomandre,Écrit sur eau,1908, p. 187).
Vieilli. Roue de carrosse. Large plaque de fard sur les joues. Fardée en roue de carrosse. Madame Soudry se permettait un soupçon de rouge (...) mais cette légère teinte avait changé, par la force de l'habitude, en plaques de vermillon si pittoresquement appelées des roues de carrosses par nos ancêtres (Balzac,Paysans,1850, p. 270).
[Sur le modèle d'autres expr.] Faire feu des quatre roues. V. feu1I A 2 a loc.Á toutes roues. Très vite. V. à toutes jambes (v. jambe A 1 c loc.).Il se souvenait d'avoir été frôlé par un fiacre fuyant à toutes roues, comme il traversait le pont Louis-Philippe (Zola,L'Œuvre,1886, p. 23).
Surtout dans le lang. sportif, en partic. cycl. Roue à roue, roue dans roue. En peloton, en étant très près. V. allure ex. 9.
Sur la roue, dans la roue (de qqn). Immédiatement derrière. Finir dans la roue de qqn. Toujours Aïcha marchait sur ses talons. Et elle prenait le trot dans sa roue, sans un ordre, si Raboliot sautait en selle à la vue d'un képi bleu (Genevoix,Raboliot,1925, p. 160).Soudain X (...) secoue la meute et déclenche les hostilités (...). Y, flanqué de trois autres fuyards saute sur sa roue. Les cinq fugitifs creusent l'écart (Comment parlent les sportifsds Vie Lang.1952, p. 176).
Prendre la roue (de qqn). Suivre. Vieux Jean, si tu veux arriver second, tu n'as qu'à prendre ma roue (L'Auto,14 juill. 1933, p. 1 ds Grubb Sports 1937, p. 64).P. anal. V. bolide A rem. ex. de Fallet.
Sucer la roue (de qqn). ,,« Coller » obstinément à la roue arrière d'un adversaire en refusant de le relayer`` (Petiot 1982).
Montrer sa roue arrière. Battre un adversaire au sprint (d'apr. Petiot 1982).
P. méton. Distance égale au diamètre d'une roue, utilisée pour évaluer l'écart qui sépare les concurrents. Gagner d'une roue, d'une demi-roue. À la hauteur de son pédalier, il sent qu'un nouveau rival regagne inexorablement du terrain. « D'où sort-il, celui-là? Il va me sauter? Non. Non. Je garde une roue d'av... [d'avance] » (Jeux et sports,1967, p. 1530).
TENNIS. Roue de bicyclette. ,,Manche gagnée sans que l'adversaire ait pu gagner un jeu`` (Petiot 1982). Victoire par deux roues de bicyclette 6-0, 6-0. Camille Benjamin (...) fut exécutée en l'heure de midi par Chris Evert-Lloyd qui lui infligea sans pitié une double « roue de bicyclette » (Le Monde,9 juin 1984, p. 13).
2. Disque, cyclindre plat, entrant dans la construction d'un mécanisme, d'une machine, d'un outil, qui reçoit ou transmet un mouvement.
a) Disque, cylindre dont la circonférence est dentée ou présente une gorge, qui est entraîné par une autre roue dentée, une vis sans fin, une chaîne, une courroie, un arbre ou entraîne l'un d'eux. Roue du rouet; roue d'engrenage; roue d'horloge; roue d'échappement; roues dentées cylindriques, coniques; roues à denture droite, à denture hélicoïdale; roue folle; roue à gorge. L'axe moteur [de la bicyclette] porte (...) entre le moyeu et la manivelle, la roue dentée ou grand pignon (Baudry de Saunier,Cycl.,1892, p. 203).Dans un engrenage, on appelle roue motrice la roue qui transmet le mouvement et roue menée celle qui le reçoit. Par ailleurs lorsque la différence entre les diamètres des deux roues est grande, on appelle pignon la plus petite et roue, l'autre (Encyclop. Sc. Techn.t. 51971, p. 211).
Roue d'angle. Roue dont les dents sont obliques et qui engrène avec une roue semblable dont l'axe fait un angle avec celui de la première. L'axe de rotation du moteur [électrique] est parallèle à la voie, et il attaque l'essieu [de la locomotive] par l'intermédiaire d'une roue d'angle (Haton de La Goupillière,Exploitation mines,1905, p. 774).
Roue de friction. Roue transmettant le mouvement par frottement. La transmission par roulement pur, caractéristique des roues de friction (qui nécessitent toutefois des dispositifs particuliers pour éviter le glissement) (Encyclop. Sc. Techn.t. 51971, p. 211).
Roue à rochet. Roue qui porte à sa circonférence des dents inclinées entre lesquelles peut pénétrer un cliquet ou rochet mobile, ne permettant le mouvement de rotation que dans un sens. Le balancier n'est amorti par aucun organe inutile, tel que les roues à rochet et les aiguilles; il ne porte que l'échappement et un contact électrique (Decaux,Mesure temps,1959, p. 82).
MÉD. [P. anal. avec la libération successive des crans d'une roue dentée] Phénomène, signe de la roue dentée. ,,Série de saccades successives perçues lors de la mobilisation passive d'une articulation`` (Méd. Flamm. 1975). À l'examen, on constate une résistance à l'allongement d'une articulation en flexion; lorsque l'on force, l'articulation se relâche par saccades; ce phénomène est connu sous le nom de signe de la roue dentée (Quillet Méd.1965, p. 347).
Expr. pop., vieilli. Se graisser les roues. Boire. Sans doute que j'ai bu un coup! Quand l'ouvrage donne, faut bien se graisser les roues (Zola,Assommoir,1877, p. 462).
b) [Dans une calculatrice] L'un des disques portant dix dents correspondant aux dix chiffres, chaque disque commandant la rotation du suivant lorsqu'il a fait un tour complet. Les roues de la machine de Pascal portaient donc des séries de dix dents sur lesquelles étaient écrits les chiffres 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9. Chaque roue était affectée à un ordre décimal particulier: ordre 0 ou unités, ordre 1 ou dizaines, ordre 2 ou centaines, etc... (Couffignal,Mach. penser,1964, p. 13).
c) [Dans un mécanisme d'impression] Roue d'impression, roue des types. Disque dont le pourtour porte en relief un jeu de caractères alphanumériques. L'axe du récepteur [du télégraphe imprimeur Hughes] est horizontal et porte une roue en acier sur laquelle sont gravées les lettres de l'alphabet, on l'appelle roue des types (...). Un électro est disposé près de cette roue de telle sorte que si un courant le traverse, il fasse appuyer au moyen de son armature, la bande de papier contre la roue des types (A. Leclerc, Télégr. et téléph.,1924, p. 138).
d) MAR. ,,Volant à rayons et à poignées remplaçant la barre pour manœuvrer à distance un gouvernail`` (Merrien 1958). L'homme de la barre n'aurait qu'à donner un tour de roue, et le yacht le Duncan voguerait aussi facilement vers Calcutta que vers Concepcion (Verne,Enf. cap. Grant, t. 1, 1868, p. 58).
Rem. ,,Ce mot ne désigne que l'objet lui-même et non l'usage qu'on en fait, pour lequel on dit toujours barre: tenir la barre, l'homme de barre, donner de la barre`` (Merrien 1958).
e) Roue de cordier. Synon. de rouet.Là, le long d'une coquette muraille (...) se trouvaient le poteau pourri, la vieille roue et les piquets à râteaux qui constituent la fabrique d'un cordier de village (Balzac,Paysans,1844, p. 41).
f) Roue de potier. Plateau circulaire tournant sur lequel on place la matière à façonner. Synon. tour2.Wooley découvrit en 1930 à Ur, dans une couche archéologique de la période dite d'Uruk (vers -3250), des fragments d'une roue de potier (P. Rousseau, Hist. transp.,1961, p. 18).
g) Cylindre plat, massif dont le mouvement est utilisé pour broyer ou polir. Synon. meule.Roue du rémouleur, du lapidaire. Les objets [à polir] en acier sont adoucis au moyen de roues en émeri d'abord (H. Fontaine, Électrolyse,1885, p. 72).On casse les noix au maillet de bois pour en retirer les « tuches », qu'écrasera la roue de pierre dans l'auge pour en tirer l'huile (Menon, Lecotté,Vill. Fr., 2, 1954, p. 88).
h) Roue de poulie. Petit cylindre plat creusé d'une gorge à sa circonférence, qui fait partie d'une poulie et tourne dans la chape. Synon. réa, rouet.Si fracassé qu'eût été l'avant de la Durande, Gilliatt était parvenu à sauver les deux bossoirs avec leurs trois roues de poulies (Hugo,Travaill. mer,1866, p. 270).
3. Grand cylindre dont la circonférence est garnie d'éléments utiles.
a) Grand cylindre plat dont la circonférence est garnie de palettes, d'augets, placé dans un cours d'eau dont il transforme l'énergie cinétique en énergie mécanique. Roue hydraulique, à eau; roue à palettes planes, à palettes courbes; roue à godets; roue à aubes. Un petit ruisseau, qui s'échappe sous la roue du moulin qu'il fait mouvoir, va ensuite arroser des prairies (Bern. de St-P.,Harm. nat.,1814, p. 365).V. meule1A 1 ex. de Brunerie.
Roue en dessus/en dessous/de côté. Roue qui reçoit l'eau à sa partie supérieure/à sa partie inférieure/à la hauteur de son axe. Pour l'utilisation de la force hydraulique, on ne connaissait aux époques reculées que la roue en dessus (Haton de la Goupillière,Exploitation mines,1905, p. 487).
b) Roue (élévatoire). Roue à eau utilisée pour élever l'eau jusqu'à un réservoir ou à un canal d'irrigation. Les roues élévatoires sont des engins (...) qu'on peut utiliser (...) pour des élévations ne dépassant pas quelques mètres. On emploie la roue à palettes, la roue à godets, ou la roue à tympans (Haton de la Goupillière,Exploitation mines,1905p. 649).La grande nappe de l'Oronte où tournent en bourdonnant et en ruisselant d'eau les grandes roues qui montent l'eau jusqu'à des aqueducs pour la dispenser dans les champs (Barrès,Cahiers, t. 10, 1914, p. 362).
c) MAR. L'une des deux roues à aubes fixées de chaque côté d'un bateau. Vapeur à roues. Le bateau à roues, avec sa machine de Watt, commençait à donner satisfaction; comment eût-on osé substituer une hélice à cette mécanique qui marchait si bien? (P. Rousseau, Hist. techn. et invent.,1967, p. 248).
d) Roue pelleteuse ou roue-pelle. ,,Machine destinée aux parcs de minerai et de charbon dont l'organe de travail est constitué d'une roue à godets`` (Termes nouv. Sc. Techn. 1983).
4. Disque, cylindre tournant sur son axe.
a) Roue du pilori. V. pilori ex. de Hugo.
b) Cylindre placé dans une cage et qu'un animal peut faire tourner par le mouvement de ses pattes, sans avancer. Synon. rouet.Tout en s'agitant dans sa solitude comme un écureuil dans sa roue, il bâillait d'ennui et de langueur (Theuriet,Mariage Gérard,1875, p. 5).V. cage ex. 5.
P. anal. Grande roue en bois, mue par un animal ou un homme, qui entraîne un treuil. Elle aime à voir, à la cuisine, tourner la broche des rôtis par un marmiton aux mains sales ou par un chien qui court sans avancer jamais, dans une grande roue (Boylesve,Leçon d'amour,1902, p. 40).V. cage ex. 6.
c) MUS. Roue(-archet). Disque frotté de colophane, actionné par une manivelle, qui tient lieu d'archet dans certains instruments. Vielle à roue. [L'organistrum] ayant la forme d'une grande guitare (...) monté de trois cordes passant sur un chevalet et mises en vibration par le frottement d'une roue que l'on faisait tourner à l'aide d'une manivelle (Grillet, Ancêtres violon, t. 1, 1901, p. xix).
d) Grande roue. Manège formé de nacelles disposées sur une roue dressée. On est passé devant la grande Roue... Mais on a préféré encore les bords de la Seine (Céline,Mort à crédit,1936, p. 95).
e) Roue de loterie, ou vieilli, roue de fortune. Tambour contenant les numéros qu'on tire au sort; disque vertical, marqué de numéros sur son pourtour, le numéro gagnant étant désigné par une languette qui, lorsque la roue s'arrête, reste engagée entre les clous qui séparent les numéros. Un champ de foire convenablement fourni de chevaux de bois, de roues de fortune et de saltimbanques (Gautier,Italia,1852, p. 7).La roue des loteries grinçait comme des étoffes qu'on déchire (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Père Amable, 1886, p. 230).
f) Partie mobile de la roulette. Il tire à lui les trois mille six cents francs et, toujours sans rien savoir du jeu, les place sur la rouge (...). La roue tourne. Il gagne encore (Balzac,Goriot,1835, p. 163).
B. − (Supplice de) la roue. Supplice qui consistait à étendre le condamné sur une croix de Saint-André, à lui rompre les membres et la poitrine avec une barre de fer et à l'exposer sur une roue de carrosse placée à l'extrémité supérieure d'un poteau. La décapitation est réservée aux gentilshommes. Le billot est un de leurs privilèges. Parmi les supplices roturiers, la roue me paraît l'emporter sur la vulgaire pendaison (Gautier,Fracasse,1863, p. 470).
C. − P. anal. (de forme)
1. Objet de forme circulaire. À Yap, une île de la Micronésie, nous observons un phénomène également bizarre. Là les indigènes ont des coquillages-monnaies, mais prisent davantage des roues en calcaire dont le diamètre mesure de 60 centimètres à 1 m 90 (Lowie,Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 172).
En partic.
Synon. moins usité de rouelle.Une figure représentant des juifs mutilant un enfant, et ils y sont reconnaissables à la roue ou rouelle de drap qu'ils portent sur leurs vêtements (A. France,Rôtisserie,1893, p. 187).
Meule de fromage. Une roue de gruyère. Voir Luq.-Boud. Lait. 1981.
BROD. Motif ajouré, rond. V. poinçon I A ex. de Colette.
2. Locutions
a) En roue. En forme de roue. Étaler sa queue en roue. Des cheveux roux en roues sur les oreilles (Colette,Cl. ménage,1902, p. 237).
b) Faire la roue
α) [À propos de certains oiseaux] Déployer les plumes de la queue en éventail. La roue. La queue ainsi étalée. Les dindons se rengorgeaient, gloussaient en faisant la roue (Cladel,Ompdrailles,1879, p. 135).Un paon de métal émaillé, dont il venait de donner la commande au maître ciseleur et dont il venait d'assortir lui-même toute la roue en pierreries (Lorrain,Phocas,1901, p. 5).Un porche de ferme s'ouvrit. Seul, sous la voûte, un paon apparut, en pleine roue (Giono,Eau vive,1943, p. 240).
Au fig. Se pavaner, parader, chercher à se mettre en valeur. Faire de l'embarras, du genre, du fla fla! Aujourd'hui, c'est la mode. On se jette de la poudre aux yeux, on fait la roue... on se gonfle... comme des ballons (Labiche,Poudre aux yeux,1861, ii, 13, p. 395).Visite d'un jeune écrivain (...) qui, visiblement, se propose de m'éblouir, et rien ne me paraît plus ennuyeux que cette façon de faire intellectuellement la roue, car il n'y a guère que le parfait naturel qui m'éblouisse (Green,Journal,1943, p. 21).
β) GYMN. Tourner latéralement sur soi-même en s'appuyant alternativement sur les mains et sur les pieds. Il entrait ordinairement dans les coulisses où ses camarades étaient réunis, en faisant la roue sur les pieds et sur les mains, ou quelque autre tour gentil (Stendhal,Chartreuse,1839, p. 142).
D. − [La roue en tant que symb.]
1. [Symb. solaire en raison de sa disposition rayonnante et de son mouvement] Jésus, à une certaine époque, a été identifié avec le soleil. Il s'inscrit au milieu de la roue à rayons. Son monogramme, dans le disque dérivé de la roue solaire, conserve un sens lumineux. Et l'antique roue solaire persiste dans maints types iconographiques du Moyen Âge (Montherl.,Bestiaires,1926, p. 516).
2. [Symb. des cycles, des recommencements, des révolutions, en raison de son mouvement]
La roue de la Fortune. [Attribut de la Fortune, divinité du Hasard, symbole des vicissitudes de la destinée hum.] La Fortune à sa roue Attache mille ambitieux, Les précipite dans la boue Ou les élève jusqu'aux cieux (Béranger,Chans., t. 3, 1829, p. 62).Dans le grand nombre d'idées et de projets d'amélioration qu'il [le marquis d'Argenson] a agités, le temps a fait son triage, et il en est vraiment qui, par un singulier tour de roue de la Fortune, semblent devenus des à-propos (Sainte-Beuve,Caus. lundi, t. 14, 1859, p. 259).
La roue tourne. Les choses changent, évoluent. C'était encore un de ceux qui étaient toujours avec les vainqueurs, (...) il sentait bien que la roue tournait et prenait ses précautions: planquer quelqu'un comme elle, n'était pas une mauvaise garantie (Triolet,Prem. accroc,1945, p. 231).
Vieilli. Être en haut/en bas de la roue. Être dans la prospérité/dans l'infortune. Frappé des merveilles réalisées par l'architecte Grindot, au moment où la fortune avait mis son patron en haut de la roue, Crevel, comme il le disait dans son langage, n'en avait fait ni eune ni deusse, quand il s'était agi de décorer son appartement (Balzac,Cous. Bette,1846, p. 107).
Roue de fortune. Dixième lame du tarot qui symbolise le changement (d'apr. Riffard Ésotérisme 1983).
Littér. La roue du temps. Le passage inexorable du temps auquel on ne peut échapper. Si les ministres passent, les bureaux restent, et (...) ils sont les vrais ministres. Oui, sans doute, mais c'est précisément là qu'est le danger, car ceux qui les occupent, ne sont que trop enclins à ralentir la roue du temps, je veux dire, à perpétuer les routines pour se donner le moins de tracas possible (Michelet,Chemins Europe,1874, p. 131).
[Dans le bouddhisme, p. réf. aux transmigrations] Mais cet enfer n'est point éternel (...) dès qu'elle y a subi sa peine, l'âme, mise dans la roue des métempsycoses, y prend la forme sous laquelle elle doit renaître sur la terre (A. France,Vie littér,1891, p. 83).Ses yeux et sa bouche sont clos, ses pieds retirés sous lui et sa main qui pend dans le « geste du témoignage » indique la terre. Tel, sous l'arbre sacré, se conçut le parfait Bouddha: échappé à la roue de la vie, il participe à sa propre immobilité (Claudel,Connaiss. Est,1907, p. 28).
ASTROL. La roue des animaux, des signes. Le zodiaque. Le génie mystagogique a varié les emblêmes par lesquels on a désigné le monde et le zodiaque; cette grande roue est le zodiaque appelé par les Hébreux la roue des signes (Dupuis,Orig. cultes,1796, p. 587).Cette partie du ciel a été nommée par les Grecs zodiaque au sens de roue des animaux ou mieux roue de la vie (Divin.1964, p. 185).
3. Roue d'Ixion. [P. réf. à Ixion qui pour avoir trompé Zeus fut lié à une roue enflammée tournant éternellement dans le Tartare] Ce Tantale, toujours prêt à boire cette eau, à saisir ces fruits qui le fuient toujours; cette pierre de Sysiphe, toujours remontée ou poursuivie; ce cercle, symbole éternel de l'éternité, écrit sur la roue d'Ixion, sont autant d'hiéroglyphes parlans (J. de Maistre,Soirées St-Pétersb., t. 1,1821,p. 410).
4. Roue de flamme, roue enflammée. [P. réf. aux visions d'Ézéchiel (Éz, I, 15-21; X, 6, 19; XI, 22)] [Massillon] met sa gerbe en ordre et l'asseoit en quelque sorte sur les roues du char sacré (...) la parole de Bossuet se confond le plus souvent avec le char lui-même, avec la roue enflammée qui emporte le Prophète (Sainte-Beuve,Caus. lundi, t. 9, 1853, p. 36).J'adore encore le Maître (...) et je pleure les jours où, me couvrant de mes ailes, je formais avec la multitude des enfants de la lumière, une roue de flamme autour de son trône glorieux (A. France,Révolte anges,1914, p. 115).
Prononc. et Orth.: [ʀu]. Homon. roux et formes de rouer. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin xies. rode « pièce de forme circulaire qui, en tournant sur un essieu, communique un mouvement » (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, p. 125); ca 1180 ruee dou char (Proverbe au Vilain, 33 ds T.-L.); d'où loc. a) xves. [éd. 1531] etre la quinte roue « être inutile » (Perceforest, t. 1, fol. 122 ds Littré); 1700 être la cinquième roue du chariot (Saint-Simon, éd. A. De Boislisle, VII, 142); b) 1559 poulser a la roue « aider à la réussite d'une affaire » (Amyot, Pélop., 53 ds Littré); 2. a) ca 1155 röe « disque tournant » ici fig. (Wace, Brut, 1920 ds T.-L.: Fortune ad sa röe tornee); 1384 roue de la fortune « décoration représentant la roue de la Fortune » (Arch. du Pas-de-Calais A 541ads Gay); d'où 1609 sur le haut de la roue « dans une grande prospérité » (Régnier, Sat., XIV, 48, éd. G. Roubaud); 1666 au plus haut de la roue (Boileau, Sats., V, 66, éd. A. Cahen); b) 1690 rouë de Fortune « tambour où l'on enferme les numéros pour les tirer au sort » (Fur.); 3. a) déb. xiies. roe « au purgatoire, grande roue à laquelle sont accrochés des gens qui tournent à toute vitesse » (Benoit, Voyage de St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 1360); b) 1534 « roue où l'on attachait les condamnés » (Edit, janvier ds Isambert, Rec. gén., t. 12, p. 400 [sens att. indirectement par le dér. enrouer « soumettre au supplice de la roue », déb. xiiies. Jean Bodel, Jeu de St Nicolas, éd. A. Henry, 537]); 4. a) 1174-76 « objet de forme circulaire qui entre dans la constitution d'une machine comme organe de transmission » (Guernes de Pont-Sainte-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 223); b) 1757 roue de gouvernail « roue munie de poignées qui sert à manœuvrer le gouvernail » (Encyclop. t. 7, p. 782); 5. p. anal. a) 1269-78 faire la roe (d'un paon) et p. ext. « déployer en rond le bas d'un vêtement » (Jean de Meung, Roman de la Rose, éd. F. Lecoy, 13538: et li souviegne de la roe Que li paons fet de sa queue: face ausinc du mantel la seue); d'où fin xives. « se pavaner » (Eustache Deschamps, Balades, éd. De Queux de Saint-Hilaire, t. 4, 318); b) 1734 faire la roue « tourner sur soi-même » (Crebillon Fils, L'Ecumoire, p. 232); 1870 gymn. (Littré); 6. 1725 roue de devant « pièce de deux francs » roue de derrière « pièce de cinq francs » (Le Vice puni ou Cartouche ds Sain. Sources arg. t. 1, p. 336); 7. 1932 les deux-roues « terme générique désignant tout véhicule à deux roues » (L'Auto, 17 janv. ds Petiot). Du lat. rota « roue, rouleau ». La forme roue, dont la forme anc. et rég. ruee, et reue qui existe encore dans les pat. du Nord, de l'Est et de l'Ouest, est due à une réfection sur le verbe rouer* (du lat. rotare) et le dimin. rouelle* (du lat. rotella). Voir FEW t. 10, p. 496a, note 36. Fréq. abs. littér.: 2 071. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 038, b) 4 024; xxes.: a) 3 830, b) 2 607. Bbg. Chautard Vie étrange Argot 1931, p. 666. − Quem. DDL t. 5, 9, 14, 16, 18.

Wiktionnaire

Nom commun - français

roue \ʁu\ féminin

  1. Objet de forme circulaire, destiné à tourner autour d'un axe et permettant à un véhicule de rouler.
    • L’adhérence de la roue sur le rail, qui agit le long du plan incliné en sens contraire du mouvement de translation, et produit la rotation de la roue en s’opposant à ce qu’elle puisse glisser sans tourner. — (Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences, 1837, V.5, page 910)
    • Le train s’ébranle en ce moment, les roues de la locomotive patinent sur le rail, puis la vitesse s’accélère… — (Jules Verne, Claudius Bombarnac, chapitre I, J. Hetzel et Cie, Paris, 1892)
    • On entendait, sur le pavé, le craquement des roues des hautes charrettes chargées de choux, de navets, de poireaux, de carottes […]. — (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
    • Au fracas grinçant des roues, se devinait le cheminement des camions. — (Francis Carco, Brumes, Éditions Albin Michel, Paris, 1935, page 41)
  2. Pièce, objet en forme de roue qui entre dans la construction d’une machine et qui sert à la faire se mouvoir.
    • Deux grands défauts qu’on doit éviter dans un engrenage, c’est qu’il soit trop fort ou trop foible. Dans le premier cas, les dents de la roue sont sujettes à quoter, c'est-à-dire, que les deux pointes de deux dents voisines vont toucher les deux faces opposées des deux ailes du pignon ; de sorte que ni la roue, ni le pignon ne peuvent se mouvoir. — (Denis Diderot, Jean Le Rond d'Alembert, Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, 1782, page 457)
  3. Objet circulaire que l’on fait tourner.
    • Ainsi, sous ce point de vue, l’on peut considérer une roue de Loterie comme un dé à 43,949,268 faces, sur chacune desquelles seroit marqué un quine diffèrent; car on conçoit que la roue en tournant 5 fois, ou que le dé en roulant une fois, présenteront chacun au moment du repos, un quine quelconque. — (Sébastien Antoine Parisot, L'art de conjecturer à la loterie, An X (1801), page 34)
    • Devant eux, se dressait une grande roue foraine décorée de sapins et de guirlandes de Noël.[…]. A peine eurent-ils pris place que la roue fit un léger mouvement pour permettre à d’autres passagers de monter à bord dans la nacelle suivante. — (Joël Mulatin, La Roche celtique, 2009, page 19)
  4. (Gymnastique) Figure consistant, à partir d'une position debout, à retourner son corps avant de le ramener à sa position de départ, en s’aidant généralement des mains pour s’appuyer sur le sol lorsque la tête est en bas.
  5. (Par ellipse) Roue à aubes.
    • Notre paquebot s’appelle l’Astara, de la Compagnie Caucase et Mercure. C’est un gros bateau à roues, qui fait trois fois par semaine le service d’une côte à l’autre. — (Jules Verne, Claudius Bombarnac, chapitre III, J. Hetzel et Cie, Paris, 1892)
  6. Supplice où, après avoir rompu les bras, les jambes et les reins au criminel, on l’attachait sur une roue.
    • 2500. Le Viol est puni de la Corde, étant commis envers me Vierge, une Femme mariée, &c. […]. On pourroit punir de la Roue le Viol qui auroit été commis envers une Fille non nubile. — (Le droit général de la France et le droit particulier à la Touraine et au Lodunois, contenant les matières civiles, criminelles et ecclésiastiques, et une explication méthodique des disposition des coutumes de Touraine et de Lodunois, tome 1, par Thomas Jules Armand Cottereau, Tours : chez F. Vauquer-Lambert, 1778, p. 213)
    • L’on apercevait tout de suite au bout de chaque sentier, sans broussailles et sans détour, la roue, le gibet ou le pilori. — (Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, 1831)
    • […] le jour d'hui encore le cadavre du nommé Denise, qui avoit expiré sur la roue pour réparation de l’assassinat par lui commis, & qui avoit été porté & exposé le soir précédent au Lieu-Patibulaire, en fut enlevé, enterré, dit-on, à côté, sur les sept heures du matin, & le poteau & la roue sur lesquels il étoit exposé, emportés. — (Arrêt du Parlement, qui fait défenses d'enterrer les Suppliciés sans une Permission, du 21 Juillet 1755 ; dans Recueil des édits, déclarations, lettres-patentes, arrêts et règlements du Roi, part.1, 1774)
  7. (Plus rare) (Histoire) Rouelle imposée aux juifs du Moyen Âge.
    • Bien qu’il ait déjà été question dès 1208, dans les statuts synodaux édictés par Eudes de Sully, évêque de Paris, d’imposer aux juifs un signe en forme de roue, la rouelle ne fut officiellement imposée en France qu’en 1227 par le Concile de Narbonne. […]. La roue devait, ordinairement, se porter sur la poitrine. […]. Le défaut du port de la roue était passible d’amende et même de châtiments corporels. — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
  8. (Héraldique) Meuble représentant l’objet du même nom dans les armoiries. Elle est généralement représentée sous la forme d’une roue de char romain ou de carrosse selon les époques, avec un moyeu et des rayons (dont le nombre est à indiquer, habituellement 6 ou 8). À rapprocher de engrenage, roue dentée, roue d’engrenage, roue de moulin, roue de Sainte-Catherine et roue d’horloge.
    • D’azur à la roue de six rayons d’or, qui est de la commune de Sorbon des Ardennes → voir illustration « armoiries avec une roue »
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Littré (1872-1877)

ROUE (roue) s. f.
  • 1Machine de forme circulaire qui, en tournant sur son essieu, sert à mouvoir quelque chose. Carrosse à quatre roues. Les grandes roues, les petites roues. D'un carrosse, en tournant, il accroche une roue, Et du choc le renverse en un grand tas de boue, Boileau, Sat. VI. Comme une mère… Qui voit, devant ses pas, un enfant jeune et beau Tomber sous une roue ou s'engloutir sous l'eau, P. Lebrun, Voy. de Grèce, VIII, 7.

    Pousser à la roue, pousser une roue pour aider les chevaux à tirer la voiture.

    Fig. Pousser à la roue, aider quelqu'un à réussir dans une affaire. Le duc de Noailles, qui songeait à s'assurer la dépouille de M. de Beauvillier, poussait incessamment à la roue [pour le renverser], Saint-Simon, 56, 179. Poussant trop à la roue il peut tout renverser, Boissy, Impatient, IV, 11.

    Fig. Mettre, jeter des bâtons dans les roues, susciter des obstacles, entraver une affaire.

    Cela sert comme une cinquième roue à un carrosse, cela est tout à fait inutile.

    On dit dans le même sens : c'est une cinquième roue à un carrosse. Châteauneuf avait le talent de rapporter les affaires au conseil des dépêches, mieux qu'aucun magistrat ; du reste, la cinquième roue d'un chariot, Saint-Simon, 77, 259. Pontchartrain fort contraire à M. le duc d'Orléans ; la Vrillière dont la charge et l'emploi étaient la cinquième roue d'un chariot, Saint-Simon, 393, 70.

    Fig. et populairement. Des roues de derrière, des pièces de cinq francs en argent, ainsi dites parce qu'elles sont nos plus grosses pièces de monnaie.

  • 2 Terme de marine. Roue de gouvernail, roue dont les rayons se prolongent au delà de la jante ; ces prolongements sont les leviers au moyen desquels les timoniers font tourner la roue pour agir sur la barre du gouvernail.
  • 3Faire la roue, se dit des sauteurs qui font le moulinet avec leur corps, posant les mains en terre et levant les jambes en l'air, puis retombant sur les jambes et levant les mains en l'air, et ainsi de suite.

    Faire la roue sur soi-même, tourner sur son axe. Tandis que le soleil fait la roue sur lui-même, Voltaire, Oreilles, 2.

    En parlant du paon, du dindon, déployer sa queue en rond. Ce paon fait la roue. C'est, ce semble, pour étaler à nos yeux toutes ses beautés qu'il [le paon] fait cette pompeuse roue qui les met en évidence, Rollin, Traité des Ét. V, art. 3 et 4.

    Fig. et familièrement. Cet homme fait la roue, il se pavane. Gardez-vous… Des systèmes dorés aux plumages changeants Qui dans les carrefours s'en vont faire la roue, Hugo, Crép. 17.

  • 4 Terme de mécanique. Pièce en forme de roue qui entre dans la composition d'une machine et qui sert à la mouvoir. Dents d'une roue. Les roues d'une horloge, d'une montre. Mainte roue y tient lieu [dans une montre] de tout l'esprit du monde ; La première y meut la seconde ; Une troisième suit : elle sonne à la fin, La Fontaine, Fabl. X, 1.

    Par extension. Des ignorants qui n'en ont examiné qu'une roue [de la nature], dont ils connaissent à peine quelques dents, forment des conjectures sur leur engrenure dans cent mille autres roues, dont ils ignorent le jeu et les ressorts, Diderot, Mém. Prom. scept.

    Fig. La crainte, cette grande roue des gouvernements arbitraires, y tenait lieu de morale et de principes, Raynal, Hist. phil. VI, 12.

    Terme de mécanique. Roue d'angle, roue dentée dont les dents sont sur une surface conique, et qui sert à transmettre le mouvement à un arbre qui n'est pas parallèle à celui sur lequel elle est calée ; le plus souvent ces deux arbres sont à angle droit.

    Roue de champ, celle qui a ses dents perpendiculaires au plan.

    Roue persique, roue employée à élever l'eau.

    Roue à eau ou hydraulique, roue mue par l'eau.

    Roue à sabots, roue destinée à l'irrigation.

    La maîtresse roue, la roue principale d'une machine.

    Fig. Toute la cour comprit qu'elle [la duchesse de Bourgogne] pourrait bien vouloir et se mettre en état de devenir la maîtresse roue de la machine de la cour et peut-être de l'État, Saint-Simon, 206, 28.

  • 5Roue-archet, roue pleine frottée de colophane, qui dans la vielle tient lieu d'archet.
  • 6Sorte de pupitre tournant qui se plaçait dans les anciennes bibliothèques (celle de Charles V, au Louvre, par exemple).
  • 7 Terme de marine. Roue de cordage, cordage cueilli ou plié plusieurs fois sur lui-même, en rond.

    On dit aussi pli de cordage.

  • 8 Terme de loterie. Roue de fortune, tambour en forme de roue, où l'on enferme les numéros pour les tirer au sort.
  • 9 Fig. La roue de la fortune, ou, simplement, la roue, les vicissitudes dans les événements humains. Sort, voilà de tes jeux, et la roue a tourné, Rotrou, Vencesl. IV, 6. Qu'à son gré désormais la fortune me joue ; On me verra dormir au branle de sa roue, Boileau, Ép. V. Il y a mille André dans le monde auxquels il n'a manqué qu'un tour de roue de la fortune pour en faire des hommes d'un vrai mérite, Voltaire, l'Homme aux 40 écus, le Bon sens de M. André. Lorsque la fortune à sa roue Attache mille ambitieux, Béranger, Tournebr.

    Être au haut, au plus haut de la roue, être dans une grande élévation, dans la plus grande élévation. Aujourd'hui gros, enflés, sur le haut de la roue…, Régnier, Sat. XI. Ainsi de la vertu la fortune se joue : Tel aujourd'hui triomphe au plus haut de la roue…, Boileau, Sat. I.

    Être au bas, au plus bas de la roue, être dans un grand abaissement, dans le plus grand abaissement.

  • 10Anciennement, genre de supplice dans lequel, après avoir rompu un condamné, on l'attachait sur une roue. Un des assassins [d'Albert I], nommé Rodolphe de Varth, seigneur considérable, est pris, et c'est par lui que commence l'usage du supplice de la roue, Voltaire, Ann. Emp. Henri VII, 1309. Étendre un homme sur une croix de Saint-André, lui casser les bras et les cuisses, et le mettre en cet état sur une roue de carrosse, nous paraît une barbarie qui offense trop la nature humaine, Voltaire, Dial. XXIV, 15. Quand on l'eut conduit [Patkul] au lieu du supplice, et qu'il vit les roues et les pieux, il tomba dans des convulsions de frayeur, et se rejeta dans les bras du ministre, qui l'embrassa en le couvrant de son manteau et en pleurant, Voltaire, Charles XII, 3. Le pauvre homme [un vieillard nommé Martin] a expiré sur la roue, et le tout par une méprise ; qu'on me dise à présent quel est l'homme qui est assuré de n'être pas roué ! Voltaire, Lett. d'Alembert, 31 janv. 1770. La pauvre veuve Calas n'a point encore reçu du roi de dédommagement pour la roue de son mari ; je ne sais pas au juste la valeur d'une roue ; mais je crois que cela doit être cher, Voltaire, Lett. d'Argental, 1er avr. 1765.

    Fig. Être sur la roue, souffrir de grandes douleurs physiques ou morales. Le roi a souffert aujourd'hui sept heures de suite, comme s'il eût été sur la roue, Maintenon, Lett. à Mme de Brinon, 1686, t. II, p. 187, dans POUGENS. Voilà les dangers inévitables des longueurs affreuses que le sort nous fait subir ; je serai sur la roue jusqu'à demain, où j'attends le retour du…, Corresp. du gén. Klinglin, I, 425.

  • 11Marque en forme de roue. Le concile de Latran ordonna qu'ils [les Juifs] portassent une petite roue sur la poitrine, pour les distinguer des chrétiens, Voltaire, Mœurs, 103. (voy. ROUELLE, à l'historique).
  • 12 Terme de couture. Roue, faux ourlet en étoffe rapportée, placé au bas d'une jupe.
  • 13 Terme d'alchimie. Roue élémentaire des sages, la révolution d'une année ; la conversion des éléments.

HISTORIQUE

XIIIe s. De fortune me tourne diversement la roe, Berte, XXXIII. Quant sus sa roe [la fortune] les fait estre, la Rose, 4873.

XIVe s. De deux roes la pire est celle qui braira, Guesclin. 20842. Jacques de Parvis et Jean Grosbois, huchiers, pour leur peine d'avoir dessemblé tous les bancs et deux roes qui estoient en la librairie du roy au palais, De Laborde, Émaux, p. 486.

XVe s. Anglois avoient fait ouvrer et charpenter deux beffrois de gros merrains à trois estages et seant chacun beffroi sur quatre roes, Froissart, I, I, 237. Or voeil parler del estat del orloge ; La premeraine roe qui y loge, Celle est la mere et li commencemens Qui fait mouvoir les aultres mouvemens, Froissart, Orloge amoureux. Sire chevalier vous avez aujourd'hui fait la roue [parcouru] par le tournoy, et tant que vous en avez grant bruit ; mais vous ne passerez par ici…, Perceforest, t. V, f° 11. Il m'est advis que je suis la quinte roue du chariot, qui ne sert de riens, ib. t. I, f° 122. Et n'est nulle chose plus vraye, Que telz prelaz moult se resjoient, Quant grosses tourbes de gens voient Après eulx, là monstrant leur roe, Deschamps, Poés. mss. f° 522. Comme iceulx compaignons se feussent mis à jouer pour le vin à un jeu appellé le jeu des roes de fer en place commune et publique, Du Cange, rota.

XVIe s. Et falloit bien peu poulser à la roue pour faire trebucher le tyran en totale ruine, Amyot, Pélop. 53. Si fut attaché et lié à la roue où l'on gehennoit les criminelz, Amyot, Nicias, 53. Il gaigne là dedans cinquante pieces [de canon] sur roues, et force poudres, D'Aubigné, Hist. II, 85. Si tost que ce cheval eut les deux pieds de devant à terre, il fit une roue qui escarta ceux qui environnoient le batteau, D'Aubigné, ib. II, 451. … Sa peine est plus cruelle Que s'il tournoit là bas la rou' continuelle, Ronsard, 142. L'heur du monde n'est rien qu'une roue inconstante, D'un labeur eternel montant et descendant, Desportes, Œuvres chrestiennes, Sonnets, 12. Les bœufs qui servoient aux jardins royaux de Suse, pour les arrouser et tourner certaines grandes roues à puiser de l'eau, Montaigne, II, 173.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Encyclopédie, 1re édition (1751)

ROUE, s. f. (Méch.) est une machine simple consistant en une piece ronde de bois, de métal, ou d’autre matiere qui tourne autour d’un aissieu ou axe. Voyez Aissieu & Axe.

La roue est une des principales puissances employées dans la méchanique, & est d’usage dans la plûpart des machines ; en effet, les principales machines dont nous nous servons, comme horloges, moulins, &c. ne sont que des assemblages de roues. Voyez Horloge, Moulin, &c.

La forme des roues est différente, suivant le mouvement qu’on veut leur donner, & l’usage qu’on en veut faire. On les distingue en roues simples & roues dentées.

La roue simple, ou la roue proprement dite, est celle dont la circonférence est uniforme, ainsi que celle de son aissieu ou arbre, & qui n’est point combinée avec d’autres roues. Telles sont les roues des voitures faites pour avoir un mouvement double ; l’un circulaire autour de l’axe, l’autre rectiligne pour aller en avant, quoique, à la vérité, ces deux mouvemens ne soient qu’apparens, puisqu’il est impossible qu’un corps puisse avoir à la fois deux directions. Voyez Chariot.

Le seul & unique mouvement qu’ait la roue, est un mouvement curviligne, composé du mouvement progressif & du mouvement circulaire ; ce qu’on peut voir aisément en fixant un cray on sur la roue, de maniere qu’il marque sa trace sur la muraille pendant que la roue tourne ; car la ligne qui se trouve tracée alors est une vraie courbe ; cette courbe s’appelle par les Géometres cycloïde, & elle est d’autant moins courte, que le crayon a été placé plus proche de l’axe. Voyez Cycloïde.

Dans les roues simples, la hauteur doit toujours être proportionnée à la hauteur de l’animal qui la fait mouvoir. La regle qu’il faut suivre, c’est que la charge & l’axe de la roue soient de même hauteur que la puissance : car si l’axe étoit plus haut que la puissance qui tire, une partie de la charge porteroit sur elle, & si l’axe étoit plus bas, la puissance tireroit d’une maniere désavantageuse, & auroit besoin d’une plus grande force. Cependant Stevin, Wallis, &c. prétendent que pour tirer un fardeau sur un terrain inégal, il est plus avantageux de placer les traits des roues au-dessous de la poitrine du cheval.

La force des roues simples résulte de la différence entre le rayon de l’aissieu & celui de la roue. Cette force se mesure par cette regle. Le rayon de l’axe ou de l’aissieu est celui de la roue, comme la puissance au poids à soutenir.

Une roue qui tourne, doit être regardée le plus souvent comme un levier du second genre, qui se répete autant de fois qu’on peut imaginer de points à la circonférence. Car chacun de ces points est l’extrémité d’un rayon appuyé d’une part sur le terrain, & dont l’autre bout, chargé de l’aissieu qui porte la voiture, est en même tems tiré par la puissance qui le mene ; de sorte que si le plan étoit parfaitement uni, & de niveau, si la circonférence des roues étoit bien ronde, & sans inégalités, s’il n’y avoit aucun frottement de l’axe aux moyeux, & si la direction de la puissance étoit toujours appliquée parallelement au plan, une petite force meneroit une charge très-pesante. Car la résistance qui vient de son poids, repose, pour ainsi dire, entierement sur le terrain par le rayon vertical de la roue, dont l’extrémité est appuyée sur ce même terrain.

Mais de toutes les conditions que nous venons de supposer, & dont le concours seroit nécessaire pour produire un tel effet, à peine s’en rencontre-t-il quelqu’un dans l’usage ordinaire. Les roues des charrettes sont grossierement arrondies & garnies de gros cloux : les chemins sont inégaux par eux-mêmes, ou ils le deviennent par le poids de la voiture qui les enfonce ; ces inégalités, soit des roues, soit du terrain, font que la roue s’appuie sur le terrain par un rayon oblique à la direction de la puissance ou de la résistance ; de sorte que la puissance est obligée de soutenir une partie du poids, comme si le poids étoit placé sur un plan incliné. D’ailleurs, il se fait toujours à l’endroit du moyeu un frottement très-considérable. Enfin les creux & les hauteurs qui se trouvent souvent sur les chemins changent aussi la direction de la puissance, & l’obligent à soutenir une partie du poids, c’est de quoi on peut s’assurer journellement. Car une charrette qui se meut assez facilement sur un terrain horisontal, a souvent besoin d’un plus grand nombre de chevaux pour être tirée sur un plan qui va tant soit peu en montant.

Mais s’il n’est pas possible de se mettre absolument au-dessus de toutes ces difficultés, on peut cependant les prévenir en partie en employant de grandes roues ; car, il est certain que les petites roues s’engagent plus que les grandes dans les inégalités du terrain ; de plus, comme la circonférence d’une grande roue mesure en roulant plus de chemin que celle d’une petite, elle tourne moins vîte, ou elle fait un moindre nombre de tours pour parcourir un espace donné, ce qui épargne une partie des frottemens. On entend par grandes roues celles qui ont cinq ou six piés de diametres ; dans cette grandeur, elles ont encore l’avantage d’avoir leur centre à-peu-près à la hauteur d’un trait de cheval, ce qui met son effort dans une direction perpendiculaire au rayon qui pose verticalement sur le terrain ; c’est-à-dire dans la direction la plus favorable, au moins dans les cas les plus ordinaires. Leçons de physique de M. l’abbé Nollet.

C’est la même regle, pour ces sortes de roues, que pour la machine appellée axis in peritrochio, c’est-à-dire tour ou treuil ; en effet, la roue simple n’est autre chose qu’une espece de treuil, dont l’aissieu ou axe est représenté par l’aissieu même de la roue, & dont le tambour ou peritrochium est représenté par la circonférence de la roue.

Les roues dentées sont celles dont les circonférences ou les aissieux sont partagées en dents, afin qu’elles puissent agir les unes sur les autres & se combiner.

L’usage de ces roues est visible dans les horloges, les tournebroches, &c. Voyez Horloge, Montre.

On donne le nom de pignon aux petites roues qui engrenent dans les grandes. On les appelle aussi quelquefois lanternes, & ces petites roues servent beaucoup à accélerer le mouvement, comme il n’est personne qui ne l’ait remarqué. Les roues dentées ne sont autre chose que des leviers du premier genre multipliés, & qui agissent les uns par les autres ; c’est pourquoi la théorie des leviers peut s’appliquer facilement aux roues, & on trouvera par ce moyen le rapport qui doit être entre la puissance & le poids pour être en équilibre. Voyez Pignon, Engrenage, Dent, Calcul, &c.

La force de la roue dentée dépend du même principe que celle de la roue simple. Cette roue est, par rapport à l’autre, ce qu’un levier composé est à un levier simple. Voyez Levier, &c.

La théorie des roues dentées peut être renfermée dans la regle suivante. La raison de la puissance au poids, pour qu’il y ait équilibre, doit être composée de la raison du diametre du pignon de la derniere roue au diamettre de la premiere roue, & de la raison du nombre de révolutions de la derniere roue au nombre des révolutions de la premiere, faites dans le même tems. Mais cette théorie demande une explication plus particuliere.

Le poids A est à la force appliquée en D, par le principe du levier, comme OCD à BC ; cette force est à la force en G, comme EG est à EF ; la force en G est à la force en K, comme HK est à HI. Donc le poids est à la force en K, comme CD x EG x HK est à BC x EF x HI, c’est-à-dire, de la raison du produit des rayons des roues au produit des rayons des pignons, ce qui revient à la proportion précédente ; mais cette derniere proportion est plus simple & plus aisée à saisir.

1°. En multipliant le poids par le produit des rayons des pignons, & en divisant le tout par le produit des rayons des roues, on aura la puissance qui doit soutenir ce poids. Supposons, par exemple, que le poids à soutenir A (Pl. de la Méchanique, fig. 63.), soit de 6000 livres, BC de 6 pouces, CD de 34 pouces, EF de 5 pouces, EG de 35 pouces, HI de 4 pouces, HK de 27 pouces, le produit de BC par EF, par HI sera 120, & celui de CD, par EG, par IK de 32130. Multipliant donc 6000 par 120, & divisant le produit par 32130, on aura pour la puissance capable de soutenir les 6000 livres, & une petite augmentation à cette puissance suffira pour enlever le poids.

2°. En multipliant la puissance par le produit des rayons des roues, & en divisant le produit total par le produit des rayons des pignons, le quotient sera le poids que la puissance peut soutenir. Ainsi, si dans l’exemple, c’eût été la puissance de qui eût été donnée, on auroit trouvé pour le poids qu’elle peut soutenir 6000 livres.

3°. Une puissance & un poids étant donnés, trouver le nombre des roues, & quel rapport il doit y avoir dans chaque roue entre le rayon du pignon & celui de la roue, pour que la puissance étant appliquée perpendiculairement à la circonférence de la derniere roue, le poids soit soutenu.

Divisez le poids par la puissance, resolvez le quotient dans les facteurs qui le produisent, & le nombre des facteurs sera celui des roues ; & les rayons des pignons devront être en même proportion à l’égard des rayons des roues, que l’unité à l’égard de ces différens facteurs. Supposons, par exemple, qu’on ait un poids de 3000 livres, & une puissance de 60, il vient 500 au quotient, qui se résout dans les facteurs 4, 5, 5, 5. Il faut donc employer quatre roues, dans l’une desquelles le rayon du pignon soit à celui de la roue comme 1 à 4, & dans les autres comme 1 à 5.

4°. Lorsqu’une puissance meut un poids par le moyen de plusieurs roues, l’espace parcouru par le poids est à l’espace parcouru par la puissance, comme la puissance au poids. Et par conséquent plus la puissance sera grande, plus le poids aura de vitesse, & réciproquement.

5°. Les espaces parcourus par le poids & par la puissance, sont entr’eux dans la raison composée du nombre des révolutions de la roue la plus lente, au nombre des révolutions de la roue la plus prompte, & de la circonférence du pignon de la roue la plus lente à la circonférence de la roue la plus prompte. Et comme l’espace parcouru par le poids est toujours à l’espace parcouru par la puissance, dans la raison de la puissance au poids, il s’ensuit que la puissance est toujours au poids qu’elle peut soutenir, dans la même raison composée du nombre des révolutions de la roue la plus lente, au nombre des révolutions de la roue la plus prompte, & de la circonférence du pignon de la roue la plus lente, à la circonférence de la roue la plus prompte.

6°. La circonférence du pignon de la roue la plus lente, & la circonférence de la roue la plus prompte, étant données, aussi-bien que la raison qui est entre les nombres des révolutions de la premiere de ces roues à l’autre, trouver l’espace que doit parcourir la puissance, afin que le poids parcoure un espace donné.

Multipliez la circonférence du pignon de la roue la plus lente par l’antécédent de la raison donnée, & la circonférence de la roue la plus prompte par le conséquent de la même raison. Trouvez ensuite une quatrieme proportionnelle à ces deux produits & à l’espace qu’on veut faire décrire au poids, & vous aurez l’espace que doit parcourir la puissance. Supposons, par exemple, que la raison des révolutions de roue la plus lente à celle de la plus prompte, soit celle de 2 à 7, que l’espace à faire parcourir au poids soit de 30 piés, le rapport de la circonférence du pignon de la roue la plus lente à la circonférence de la roue la plus prompte étant supposé celui de 3 à 8, on aura avec ces conditions 280 piés pour l’espace que doit parcourir la puissance.

7°. La raison de la circonférence de la roue la plus prompte à celle du pignon de la plus lente, la raison des révolutions de ces roues & le poids étant donnés, trouver la puissance.

Multipliez les antécédens de ces deux raisons l’un par l’autre, & faites de même des conséquens ; trouvez ensuite au produit des antécédens, à celui des conséquens, & au poids donné une quatrieme proportionnelle, & vous aurez la puissance cherchée. Que la raison des circonférences soit celle de 8 à 3, par exemple, la raison des révolutions celle de 7 à 2, & que le poids soit de 2000, on aura pour la puissance. On trouveroit de la même maniere le poids, si c’étoit la puissance qui fût donnée.

8°. Les révolutions que doit faire la roue la plus prompte, pendant que la plus lente en fait une, étant données, ainsi que l’espace dont il faut élever le poids, & que la circonférence de la roue la plus lente, trouver le tems qui sera employé à l’élévation de ce poids.

Trouvez premierement une quatrieme proportionnelle à la circonférence du pignon de la roue la plus lente, à l’espace que le poids doit parcourir, & au nombre des révolutions de la roue la plus prompte, & vous aurez le nombre des révolutions que doit faire cette roue, pendant que le poids s’éleve de la quantité demandée. Trouvez ensuite par expérience le nombre des révolutions que fait la roue la plus prompte dans une heure, & faites servir ce nombre de diviseur au quatrieme terme de la proportion dont on vient de parler, le quotient sera le tems employé à l’élévation du poids.

Au reste, il est bon de remarquer en finissant cet article, que quoique la multiplication des roues soit souvent fort utile dans la méchanique, soit pour aider le mouvement, soit pour l’accélérer, cependant cette même multiplication entraîne aussi d’un autre côté, une plus grande quantité de frottemens, & qui peut devenir si considérable, qu’elle égaleroit, ou même surpasseroit l’avantage que la multiplication des roues pourroit produire. C’est à quoi on ne fait pas souvent assez d’attention lorsqu’on veut construire une machine, & sur-tout si cette machine est un peu composée. Voyez Machine & Frottement. Voyez aussi Engrenage, Dent, &c. Wolf & Chambers. (O)

Roue d’Aristote, est le nom d’un fameux problème de méchanique, sur le mouvement d’une roue autour de son essieu. On appelle ainsi ce problème, parce qu’on croit qu’Aristote est le premier qui en ait parlé.

Voici en quoi la difficulté consiste. Un cercle qui tourne sur son centre, & qui se meut en même tems en ligne droite sur un plan, décrit sur ce plan une ligne droite, égale à sa circonférence, pendant le tems d’une révolution.

Maintenant si ce cercle que l’on peut appeller déférent, a au-dedans de lui un autre cercle plus petit, qui lui soit concentrique, qui n’ait de mouvement que celui qu’il reçoit du déférent, & qui soit, si l’on veut, le moyeu d’une roue de carrosse, ce petit cercle ou moyeu décrira pendant le tems d’une révolution, une ligne droite égale, non à sa circonférence, mais à celle de la roue : car le centre du moyeu fait autant de chemin en ligne droite, que le centre de la roue, puisque ces deux centres ne sont qu’un même point.

Le fait est certain, mais il paroit difficile à expliquer. Il est évident que tandis que la roue fait un tour entier, elle doit décrire sur le plan une ligne égale à sa circonférence. Mais comment peut-il se faire que le moyeu, qui tourne en même tems que la roue, décrive une ligne droite plus grande que sa circonference ?

La solution d’Aristote ne contient qu’une bonne explication de la difficulté. Galilée qui a cherché à la résoudre, a eu recours à une infinité de vuides infiniment petits, qu’il suppose répandus dans la ligne droite que décrivent les deux cercles ; & il prétend que le petit cercle n’applique point sa circonférence à ces vuides, & qu’ainsi il ne décrit réellement qu’une ligne droite égale à sa circonférence, quoiqu’il paroisse en décrire une droite plus grande.

Mais il saute aux yeux que ces petits vuides sont tout-à-fait imaginaires. Et pourquoi le grand cercle y appliqueroit-il sa circonférence ? D’ailleurs la grandeur de ces vuides devroit être plus ou moins considérable selon le rapport des deux circonférences.

Le P. Taquet prétend que le petit cercle fait sa révolution plus lentement que le grand, & décrit par ce moyen une ligne plus longue que sa circonférence, sans néanmoins appliquer aucun des points de sa circonférence à plus d’un point de la base. Mais cette hypothèse n’est pas plus recevable que la précédente.

M. Dortous de Mairan, aujourd’hui membre de l’académie royale des Sciences de Paris, & de plusieurs autres, a aussi cherché une solution du probleme dont il s’agit, & l’a envoyée à l’académie des Sciences, en 1715. MM. de Louville & Saumon, ayant été nommés pour l’examiner, assurerent dans leur rapport qu’elle satisfaisoit pleinement à la difficulté : voici en quoi cette solution consiste.

La roue d’un carrosse est simplement tirée ou poussée en ligne droite. Son mouvement circulaire ne vient que de la résistance du plan sur lequel elle se meut. Or cette résistance est égale à la force avec laquelle la roue est tirée en ligne droite, puisqu’elle détruit le mouvement que doit avoir dans cette direction le point de la roue qui touche le plan. Les causes de ces deux mouvemens, l’un droit, l’autre circulaire, sont donc égales, & par conséquent aussi leurs effets, ou les mouvemens qu’elles produisent doivent être égaux. C’est pour cette raison que la roue décrit sur le plan une ligne droite égale à sa circonférence.

A l’égard du moyeu il n’en est pas de même. Il est tiré en ligne droite par la même force que la roue ; mais il ne tourne que parce que la roue tourne, il ne peut tourner qu’avec elle, & dans le même tems qu’elle. D’où il s’ensuit que le mouvement circulaire du moyeu est moindre que celui de la roue, dans le rapport des deux circonférences, & que par conséquent le mouvement circulaire du moyeu est moindre que son mouvement rectiligne.

Puis donc que le moyeu décrit nécessairement une ligne droite, égale à la circonférence de la roue, il s’ensuit, selon M. de Mairan, qu’il ne peut la décrire qu’en glissant, ou par ce qu’on appelle mouvement de rasion. En effet, les points du moyeu ne peuvent s’appliquer aux points d’une ligne droite, plus grande que la circonférence du moyeu, sans glisser en partie sur cette ligne droite ; & il est clair qu’ils doivent glisser plus ou moins, selon que le moyeu est plus petit ou plus grand. Voyez Roulement & Glisser. Hist. de l’acad. 1715.

On concevra aisément comment il se peut faire que les mouvemens circulaires & rectilignes soient inégaux, si au lieu de supposer que le cercle roule tandis qu’il avance, on suppose qu’il ne fasse que se mouvoir simplement en ligne droite sur un plan, & que durant ce tems un point mobile parcoure sa circonférence. Il est certain que ce point mobile est alors dans le même cas que seroit un point de la circonférence, en supposant qu’elle roulât. Or la vîtesse de ce point mobile peut être ou égale, ou plus grande, ou plus petite que celle du cercle pour aller en avant. Si elle est égale, c’est le cas du roulement ordinaire, qui n’a aucune difficulté. Si elle est plus grande, c’est le cas dont nous parlons ici, où la ligne que décrit le centre du cercle, par son mouvement progressif, est plus grande que la circonférence décrite durant le même tems par le point mobile. Or comme on n’a aucune peine à concevoir que la vîtesse du point mobile soit moindre que celle du centre du cercle, on peut substituer cette idée à celle du mouvement de rasion, pour n’avoir plus aucune difficulté.

Si la vîtesse du point mobile étoit plus grande que celle du cercle, alors la ligne décrite par le cercle, seroit moindre que la circonférence ; & c’est ce qui arriveroit, par exemple, à la circonférence d’une roue, si on faisoit tourner le moyeu sur un plan.

On peut encore, pour résoudre la difficulté dont il s’agit, se servir d’un autre moyen. Imaginons un cercle qui tourne autour de son centre, tandis que ce centre est emporté en ligne droite, il est évident que le mouvement rectiligne du centre n’a rien de commun avec le mouvement de rotation du cercle, & que par conséquent, deux mouvemens peuvent être dans tel rapport qu’on voudra. Or une roue qui avance sur un plan, peut être imaginée comme un cercle qui tourne sur son centre, tandis que ce centre est emporté parallélement au plan sur lequel la roue se meut. Donc le premier de ces deux mouvemens n’est pas plus difficile à concevoir que l’autre. Voyez Cycloïde. (O)

Roue persane ou persique, dans l’Agriculture, c’est une machine propre à élever une quantité d’eau suffisante à l’inondation des terres limitrophes des rivieres, & dans les endroits où le courant de l’eau est trop bas, ou n’a pas assez de force pour le faire sans secours étranger. Voyez Roue.

Roue à feu, (Artif.) c’est une roue préparée d’une façon particuliere, qui tourne fort vîte & vomit du feu.

Roue, s. f. terme de Carrier, la roue des Carriers est un bâti de menu bois de charpente, qui a au-moins vingt-deux piés de circonférence. Le long du cercle qui forme cette roue est l’échellier, c’est-à-dire des chevilles ou échelons de bois de huit pouces de longueur, & d’un pouce & demi de grosseur, qui de pié en pié traversent le bord de la roue. C’est en montant d’échelon en échelon le long de l’échellier que les manœuvres carriers donnent le mouvement à la roue, ou plutôt à l’arbre à l’un des bouts duquel la roue est attachée & élevée perpendiculairement sur l’horison. Les proportions les plus ordinaires de l’arbre sont de quatorze piés de longueur sur deux piés de diametre. (D. J.)

Roue, grande ou petite, terme de Charron, c’est un cercle entier composé de plusieurs gentes, au milieu de ce cercle est un moyeu d’où partent plusieurs raies qui vont se joindre & s’enchâsser dans les gentes ; tout cela se proportionne à la grandeur des roues. Voyez les figures, Planches du Charron & les figures du Sellier.

Roues de carrosse, de chariot, &c. on trouve dans les Transactions philosophiques quelques expériences sur l’avantage des grandes roues dans toutes sortes de voitures ; voici leurs résultats.

1°. Quatre roues de pouces de haut, c’est-à-dire de moitié plus petites que celles qu’on emploie ordinairement dans les chariots, ont tiré un poids de livres aver-du-poids sur un plan incliné, avec une puissance moindre de six onces que deux des mêmes roues employées avec deux plus petites, dont la hauteur n’étoit que de de pouces de haut.

2°. Que toute voiture est tirée avec plus de facilité dans les chemins raboteux, lorsque les roues de devant sont aussi hautes que celles de derriere, & que le timon est placé sous l’aissieu.

3°. Qu’il en est de même dans les chemins d’une terre grasse ou dans ceux de sable.

4°. Que les grandes roues ne sont pas des ornieres si profondes que les petites.

5°. Que les petites roues sont meilleures lorsqu’il s’agit de tourner dans un petit espace.

Roue, s. f. (Machine de Charpenterie.) grand assemblage de bois de charpente de figure cylindrique, qui est attachée au bout du treuil des grues & de quelques autres machines propres à élever de pesans fardeaux. Il y a de ces roues qui sont doubles, & au-dedans desquelles les ouvriers peuvent marcher pour leur donner le mouvement, telles sont celles des grues. D’autres sont simples, & n’ont que de sortes chevilles qui traversent leur bord extérieur de pié en pié en forme d’échellier, sur lesquelles un ou deux ouvriers mis à côté l’un de l’autre (l’échellier entre deux) montent pour les faire tourner. On se sert ordinairement de celles-ci pour les engins des carrieres de pierre. Savary. (D. J.)

Roue, s. f. terme de Coutelier, la roue des Couteliers qu’un garçon tourne avec une manivelle de fer sert à donner le mouvement aux meules & aux polissoirs, sur lesquels se remoulent, s’adoucissent & se polissent les ouvrages tranchans & coupans de coutellerie ; comme les couteaux, rasoirs, lancettes, ciseaux, bistouris, &c. on en a fait ailleurs la description. (D. J.)

Roue du milieu, chez les Fileurs d’or, est une roue de bois, pleine & plus grande que les autres de cette espece ; elle est placée à-peu-près au centre du rouet vis-à-vis la roue du moulinet, par qui elle est mue.

Roue du moulinet est une roue de bois en plein, la plus petite des roues du rouet des Fileurs d’or ; elle est placée au-dessous de la grande roue sur le derriere vis-à-vis la roue du milieu, qui n’ayant pas d’autre arbre que le sien, reçoit le mouvement d’elle. On l’appelle roue du moulinet, parce que c’est par elle que les moulinets sont mis en jeu. Voyez Roue du milieu & Moulinets.

Roue, s. f. (Manuf. de glaces.) ce qu’on appelle de la sorte dans les manufactures des glaces, & dont on se sert pour adoucir celles du plus grand volume, ne tourne pas autour d’un aissieu, mais est posé horisontalement & attaché sur ce qu’on nomme la table. Elle est de bois, à rayons, forte & légere, environ de six piés de diametre. Savary. (D. J.)

Roue dont se servent les Graveurs en pierres fines, est une roue de bois placée sous le tablier, dont l’usage est de faire mouvoir l’arbre du touret. Voyez les Planches & les figures de cet article. Cette roue doit être plombée, pour qu’elle conserve plus long-tems la vîtesse imprimée par la marche ou pédale, sur laquelle l’ouvrier appuie le pié alternativement. Voyez l’article Gravure.

Roue dans l’Horlogerie signifie en général un cercle de métal qui a des dents à sa circonférence. Les Horlogers employent différentes sortes de roues ; mais celles dont l’usage est le plus répété dans les montres & pendules sont composées d’un anneau c, voyez les figures & les Planches des barettes b (voyez Barettes), d’un centre ou petit cercle l, & enfin d’un arbre ou pignon sur lequel la roue fixée au moyen d’une assiette tourne parfaitement droit & rond, de façon que le tout ensemble se nomme toujours roue comme roue de rencontre, de champ, &c. qui signifie cette roue & le pignon sur lequel elle est enarbrée.

Nom des roues dont les différentes horloges sont composées.

Roues du mouvement d’une montre. La premiere est la grande roue portée sur l’arbre de la fusée. Voyez Montre, Fusée, & les figures. Dans cette figure la partie K représente une éminence, que les Horlogers appellent goutte ; elle sert à augmenter la longueur du trou de la roue ou son canon, & à fortifier cette partie, pour que de l’autre côté on puisse y faire une petite creusure pour noyer une goutte d’acier, dont on verra l’usage article Fusée. La partie obscure o est une creusure continuée jusqu’au bord c ; c’est dans cette creusure que sont ajustées les pieces de l’encliquetage, & c’est sur son fond que porte le rochet de la fusée.

La seconde roue d’une montre simple est la grande roue moyenne, voyez les P. l& les fig. qu’on nomme dans les pendules roue de longue tige ; elle a une tige t du côté de la platine des piliers qui sert à porter la chaussée e : comme, par la disposition du calibre, cette roue se trouve ordinairement au centre du cadran, on dispose toujours le nombre des roues, de façon qu’elle fasse un tour en 60 minutes ; c’est ce qui fait qu’on met l’aiguille des minutes sur la chaussée. Voyez Chaussée, Rouage, Calibre, Montre, &c.

La petite roue moyenne est la troisieme roue, voyez les fig. suiv. elle est plate, & à-peu-près semblable à la précédente, si ce n’est qu’elle est un peu plus petite, & qu’elle est enarbrée sur un pignon de six ou de sept au moyen d’une petite assiette. Voyez Assiette. Cette roue engrene dans le pignon de roue de champ.

La roue de champ, voyez les fig. se présente la premiere quand on ouvre une montre. Ses dents, au lieu d’être perpendiculaires à son axe, lui sont paralleles, & s’élevent perpendiculairement sur le plan de son cercle & de ses barettes. Cette forme est requise dans cette roue, afin qu’elle puisse engrener dans le pignon de roue de rencontre, dont la tige perpendiculaire à celle du balancier est posée parallelement aux platines.

Roue de rencontre. Les dents de cette roue, la derniere d’un mouvement simple, sont toujours en nombre impair. Ce sont des especes de pointes renversées, posées parallelement à l’axe comme celles de la roue de champ ; elles engrenent dans les palettes, ainsi qu’il est expliqué à l’article Echappement. Voyez les Planches de l’Horlogerie, & leur explication. Le pivot de la roue de rencontre qui est voisin de cette roue roule dans un trou percé dans le nez de la potence, l’autre dans le bouchon de contre-potence. On étampe quelquefois ces deux dernieres roues, afin de rendre leur champ plus dur. Voyez la fig. 22.

Roues de la cadrature. Ce sont deux roues plates, savoir la roue de cadran de 40 dents, & celle des minutes de 36. Voyez les fig. & les Planches. La premiere est rivée sur un canon qui entre librement sans cependant avoir trop de jeu sur celui de la chaussée. Cette roue qui est retenue avec un jeu convenable entre le cadran & la platine des piliers porte l’aiguille des heures par l’extrémité de son canon qui passe au-travers du cadran.

La roue des minutes, autre fig. autrement appellée roue de renvoi, est menée par le pignon de chaussée qui est de douze ; elle porte un pignon de dix, qu’on nomme pignon de renvoi ; ce pignon mene la roue de cadran : il est percé à son centre, & tourne avec la roue qu’il porte sur une tige fixée perpendiculairement sur la platine des piliers sous le cadran, comme on le voit dans les fig.

Roue de vis sans fin, fig. suiv. est une roue qui engrene dans les pas de la vis sans fin, & qui entre à quarré sur l’arbre de barrillet ; elle sert à bander le ressort au moyen de la vis sans fin.

Roue de rosette, figures suivantes, est la roue qui engrene dans le rateau, & qui sert à faire avancer ou retarder la montre.

Roues d’une répétition. On distingue dans une répétition le rouage du mouvement d’avec celui de la sonnerie ; les roues du premier & celles de la cadrature sont semblables à celles des montres simples, quant aux roues de sonnerie qui sont au nombre de cinq, si l’on en excepte la premiere, qu’on nomme grande roue de sonnerie, qui a un encliquetage, & est assez semblable à la grande roue du mouvement ; ce sont des roues plates montées sur des pignons de six ; elles vont en diminuant jusqu’à la derniere qui engrene dans le délai. Voyez l’article Sonnerie, où l’on explique l’usage de ces roues.

Roues du mouvement des pendules. Celles qui sont à ressort en ont ordinairement cinq, que l’on distingue de la maniere suivante, Planches suiv. de l’Horlogerie : 1°. le barrillet R, 2°. la seconde roue S, 3°. la roue à longue tige T, 4°. la roue de champ V, & enfin la roue de rencontre X, qu’on appelle aussi quelquefois roue à couronne. Ces deux dernieres ne different qu’en grandeur de celles du même nom d’une montre. On vient de voir ce que c’est que la roue à longue tige, qui répond à la grande roue moyenne ; & quant au barrillet, c’est un barrillet ordinaire qui a des dents à sa circonférence. Dans les pendules à secondes où l’on n’emploie presque plus l’échappement à roue de rencontre, la derniere roue ou roue d’échappement s’appelle le rochet ; & la roue de champ qui par-là devient une roue ordinaire, s’appelle alors la troisieme roue, parce que ces pendules n’en ont que quatre, & la premiere s’appelle la grande roue. Voyez Rochet. En général dans toutes sortes de pendules d’horloges, &c. la premiere roue du mouvement s’appelle la grande roue, & la derniere rochet ou roue de rencontre, selon qu’elle est plate ou formée en roue de rencontre. Il en est approchant de même dans les montres, quoiqu’ordinairement la derniere roue conserve le nom de roue de rencontre, quoiqu’elle ne soit pas faite de la même façon que celles à qui on donne communément ce nom.

Roues de sonnerie. Le nombre de ces roues n’est pas absolument fixe, il differe selon les sonneries ; dans les pendules, il est ordinairement de cinq, le barrillet 2 W, la seconde roue P, la roue de chevilles O, la roue d’étoquiau M, la roue du volant N, il y a de plus le volant E : comme nous venons de dire, qu’il y a en général dans toutes les horloges une grande roue, une roue de rencontre ou un équivalent ; il y a de même aussi dans toutes les sonneries une grande roue, une roue de chevilles & une roue d’étoquiau. Dans les horloges, la grande roue est en même tems la roue de chevilles. On donne ce nom à cette roue, parce qu’elle porte des chevilles qui servent à lever les queues des marteaux ou des bascules. La roue d’étoquiau prend son nom d’un étoquiau qui est à sa circonférence, & qui sert à arrêter la sonnerie ; cette cheville, quand la sonnerie est en repos, s’appuyant sur la détente ; cette roue fait ordinairement un tour par coup de marteau. Voyez Sonnerie. Dans plusieurs sonneries elle ne fait qu’un demi-tour ; elle est alors garnie proche de sa circonférence d’une espece d’anneau coupé en deux par son milieu, & la détente après que l’heure a sonné s’engage dans les entailles de ces deux portions d’anneau. Cette maniere d’arrêter la sonnerie est plus sûre pour des horloges mal exécutées que par un étoquiau, comme nous l’avons dit plus haut. On appelle cette derniere roue roue de cercle. Voyez Sonnerie, Horloge, Pendule, &c. Il y a encore la roue de compte, qui est la même chose que le chaperon. Voyez Chaperon.

Outil à placer les roues de rencontre, instrument dont se servent les Horlogers. Voyez Rapporteur.

Grande Roue, nom que les Horlogers donnent en général à la premiere roue du mouvement de la sonnerie, &c. de toutes sortes d’horloges. Voyez Roue.

Grande Roue moyenne, nom que les Horlogers donnent à la seconde roue d’une montre. Voyez Roue.

Roue a travailler ou Meule, en terme de Lapidaire, est un disque de fer, de cuivre ou de plomb représenté, voyez les Pl. du Lapidaire. e est la roue vue par-dessus, c’est-à-dire, du côté sur lequel on taille ces pierres, qui est uni pour celles de fer & de cuivre, & taillé comme une lime pour celles de plomb. La fig. c représente la meule vue par-dessus, où l’on voit quatre trous dont l’usage est de recevoir les pointes de l’assiette de l’arbre, dont la partie supérieure entre dans le trou rond qui est au centre de la meule ou roue qui est retenue sur cet arbre au moyen d’une clavette qui le traverse. Voyez les Pl. de cet article & leur explic. & du lapidaire.

Roue de chasse I, parmi les Lapidaires est la principale roue de leur moulin qui donne le branle à celle sur laquelle ils travaillent les pierres, au moyen d’une corde sans fin. Cette roue est mûe par la manivelle H qu’on voit sur la table de ce moulin représenté Pl. du lapidaire. Voyez aussi une autre fig. qui représente les mêmes parties séparées du moulin : V la roue de châsse, X crapaudine & pivot inférieur de cette roue, T quarré de la manivelle, bba corde sans fin qui après avoir passé dans la gravûre de la roue de châsse V, va passer sur la poulie de la meule Y, Z pivot & crapaudiere inférieure de l’arbre de la meule, Z pivot supérieur qui entre dans une piece de bois N qui traverse le nez de la potence MN entre lesquels l’arbre de la meule Y tourne par le moyen de la corde sans fin bba qui lui transmet le mouvement imprimé par la manivelle à la roue de châsse V.

Roue a chever est, parmi les Lapidaires, une roue plus petite que la roue ordinaire à travailler les pierres ; elle est le plus souvent de fer, de figure tant-soit-peu convexe, & se place au-dessus de la roue à travailler au même arbre qu’elle, & elle sert pour chever les pierres concaves. Voyez Chever.

Roue, en terme de Potier, c’est un instrument sur lequel on façonne les grosses pieces qu’on ne peut travailler au tour.

C’est une grande roue dont les rayons s’élevent de la circonference jusqu’à une espece de moyeu ou billot tournant aisément sur son pivot, & dont la surface est fort unie. Cette roue est mise en mouvement par le potier avec un bâton. Voyez les Pl. & les fig.

Roue, s. f. terme de Tourneurs. Les Tourneurs & les Potiers d’étain se servent d’une roue pour tourner sur le tour les ouvrages qui sont ou d’un trop grand volume ou d’un trop grand poids. Cette roue qui n’a guere moins de quatre piés de diametre, a tout-autour de sa circonférence extérieure une cannelure dans laquelle se met la corde : son axe ou essieu qui est de fer, porte de chaque bout dans les trous de deux jambages de bois élevés d’à-plomb sur des semelles aussi de bois ; pour fortifier ces jambages, il y a quatre liens à contre-fiches, deux à chacun ; chaque extrémité de l’essieu est quarrée pour y emboîter des manivelles. Lorsqu’on veut travailler, on passe la corde dont les deux bouts sont joints ensemble avec de la ficelle, sur la cannelure de la roue, & on lui fait aussi faire un tour sur la piece de bois, de pierre, d’étain, ou de telle autre matiere que ce soit, qu’on veut tourner, ou bien sur le mandrin auquel la piece est attachée ; alors un ou deux hommes, suivant l’ouvrage, tournant la roue avec les manivelles, font tourner la piece que le tourneur dégrossit, & à laquelle il donne telle figure sphérique qu’il juge à propos, avec divers outils de fer, qui sont propres aux ouvrages de tour. Savary. (D. J.)

Roue, terme de Vitrier. Les Vitriers appellent les roues du tire-plomb, deux petits cylindres d’acier posés l’un dessus l’autre, qui servent à refendre les plombs des panneaux & vitrages. Trévoux. (D. J.)

Roue-manœuvres, (Marine.) commandement de replier les manœuvres.

Roue, (Crit. sacr.) Cette piece de bois tournée en rond, & qui se meut sur un aissieu, se prend au propre & au figuré dans l’Ecriture. Comme les Hébreux fouloient quelquefois le grain avec la roue d’un chariot, Isaïe, dit xxiij. 27. « On ne fait point passer la roue du chariot sur le cumin » : c’est une allégorie pour signifier que Dieu ne traite pas si séverement les foibles que les forts. Quand le même prophete dit ailleurs, ch. v. 28. « Les roues de leurs chars sont rapides comme la tempête » : il désigne par cette similitude les Chaldéens qui devoient venir fondre sur la Judée. Roue est encore pris au figuré pour cours, révolution : « la langue enflamme tout le cours de notre vie, rotam vitæ nostræ, Τὸν τροχον τῆς γενεσέως, Jacq. iij. 6 : c’est-à dire, la langue médisante n’est propre qu’à rendre notre vie malheureuse. Si vous parlez mal des autres, peut-être entendrez-vous parler plus mal de vous ». C’est un vers d’Hésiode, auquel revient celui-ci : « Le mal qu’on dit d’autrui, ne produit que du mal. » (D. J.)

Roue, (Jurisprud.) est un supplice pour les criminels, dont l’usage est venu d’Allemagne. La peine de la roue s’exécute sur un échafaud dressé en place publique, où après avoir attaché le condamné à deux morceaux de bois disposés en sautoir en forme de croix de Saint-André, l’exécuteur de la haute-justice lui décharge plusieurs coups de barre de fer sur les bras, les cuisses, les jambes & la poitrine ; après quoi il le met sur une petite roue de carrosse, soutenue en l’air sur un poteau. Le criminel a les mains & les jambes derriere le dos, & la face tournée vers le ciel pour y expirer dans cet état.

Anciennement, & encore dans quelques pays, le criminel étoit attaché tout-d’un-coup sur une grande roue de charrette, où on lui cassoit les membres.

Quelquefois, pour adoucir la peine, les cours par un retentum qu’ils mettent au-bas de l’arrêt, ordonnent que le condamné sera étranglé dans le tems de l’exécution.

Cette peine n’a lieu que pour des crimes atroces : tels que l’assassinat, le meurtre d’un maître par son domestique, le vol de grand chemin, le parricide, le viol.

Les femmes ne sont point condamnées à cette peine, par des raisons de décence & d’honnêteté publique, voyez le gloss. de M. de Laurriere, & les in stitutes au droit criminel de M. de Vouglans. (A)

Roue, terme de Blason. Quand elle est représentée avec des rasoirs & fers tranchans, elle s’appelle roue de Sainte-Catherine. Menestrier. (D. J.)

Wikisource - licence Creative Commons attribution partage dans les mêmes conditions 3.0

Étymologie de « roue »

Bourguig. reue ; picard, reue, reule, provenç. et portug. roda ; espagn. rueda ; ital. rota, ruota ; du lat. rota ; sanscr. ratha, du radical ri, aller (le th est inorganique, pour t).

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Du latin rota (« roue (de char, de potier, de la Fortune) ; instrument de supplice »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « roue »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
roue ru

Fréquence d'apparition du mot « roue » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « roue »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « roue »

  • La roue de la fortune tourne plus vite que celle du moulin.
    Miguel de Cervantès
  • La vie du début à la fin, c'est la roue de la fortune.
    Philip Roth — Le rabaissement
  • Demeurer immobile, à écouter... c'est la tranquillité de l'axe au centre de la roue...
    Charles Morgan — Fontaine
  • Le centre est immobile : la roue avance, son centre ne bouge pas.
    Jacques Chaban-Delmas
  • La cinquième roue de la charrette gêne plus qu’elle n’aide.
    Proverbe français
  • Du char, la plus méchante roue est celle qui crie toujours.
    Proverbe français
  • C'est la mauvaise roue du chariot qui grince le plus.
    Proverbe français
  • Sans cesse le progrès, roue au double engrenage, Fait marcher quelque chose en écrasant quelqu’un.
    Victor Hugo — Les Contemplations
  • La plus méchante roue crie le plus.
    Proverbe français
  • Que la création est une grande roue Qui ne peut se mouvoir sans écraser quelqu’un.
    Victor Hugo — Les Contemplations
Voir toutes les citations du mot « roue » →

Traductions du mot « roue »

Langue Traduction
Anglais wheel
Espagnol rueda
Italien ruota
Allemand rad
Chinois
Arabe عجلة
Portugais roda
Russe рулевое колесо
Japonais ホイール
Basque gurpila
Corse rota
Source : Google Translate API

Synonymes de « roue »

Source : synonymes de roue sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot roue au Scrabble ?

Nombre de points du mot roue au scrabble : 4 points

Roue

Retour au sommaire ➦

Partager