La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « noyer »

Noyer

Variantes Singulier Pluriel
Masculin noyer noyers

Définitions de « noyer »

Trésor de la Langue Française informatisé

NOYER1, verbe trans.

I. − Emploi trans.
A. − Qqn1noie qqn2.[Le compl. d'obj. désigne un animé]
1. Faire périr par asphyxie en plongeant dans un liquide. Les Russes qui sont (...) civilisateurs, ainsi qu'il a paru quand ils ont noyé cinq mille Chinois dans l'Amour (A. France,Pierre bl., 1905, p.211).J'ai vu un chat qu'on noyait revenir douze fois au quai (Giraudoux,Lucrèce, 1944, i, 7, p.52):
1. ... une de ces galères remplies de pauvres et de malheureux que Galérius faisoit noyer sur des côtes solitaires. Quelques-unes des victimes, dégagées de leur prison par les vagues, nagent vers la barque des soldats... Chateaubr.,Martyrs, t. 3, 1810, p.124.
Proverbe. Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage. V. chien II B 4 b.
En partic. Noyer le poisson. Fatiguer le poisson pris à l'hameçon pour le sortir plus facilement de l'eau. Quand tu as pris une belle perche, un brochet de poids et que tu le files derrière ton bateau, comment appelles-tu ça? −Noyer le poisson?... −Tout juste! (A. Daudet,Immortel, 1888, p.78).Au fig. Créer la confusion, embrouiller les choses pour éluder une question, donner le change, tromper quelqu'un. Il est naturellement incertain, et son art est de faire passer son incertitude pour politique. Il noie le poisson par hésitation et inconsistance (Montherl.,Reine morte, 1942, ii, 2etabl., 5, p.195).
Au fig. Noyer qqn sous un flot (de paroles). Étourdir quelqu'un en parlant beaucoup. Le procédé le plus universel est de fatiguer le juge, de le noyer sous un flot de raisonnements contraires (Taine,Notes Paris, 1867, p.271).
2. Au fig., vieilli. Jeter le discrédit sur, causer la perte de, ruiner, couler. Celle-ci [la Reine] noyait savamment le Prince en lui laissant toute liberté d'agir selon ses goûts et ses élans (La Varende,Anne d'Autr., 1938, p.198).
B. − Qqn/qqc.1noie qqc.2
1. [Le compl. d'obj. désigne un inanimé concr.]
a) Recouvrir d'eau. Pendant ce temps, une mer septentrionale (...) noyait le Danemark et la Hollande, tapissant son fond d'une argile bleue (Lapparent,Abr. géol., 1886, p.365).La même pluie continua de noyer les coteaux et les plaines de la Champagne (Adam,Enf. Aust., 1902, p.326).
En partic.
α) Anéantir, rendre inutilisable, faire disparaître à l'aide de grandes quantités de liquide. Un moyen radical [d'éteindre un incendie] consiste à noyer la mine, en laissant monter les eaux (Haton de La Goupillière,Exploitation mines, 1905, p.1356).V. glacier1ex.:
2. L'ardeur de Madame du Toît semblait à l'Anglaise inhumaine. Elle considérait sa voisine comme un phénomène historique, une survivance de la vieille Europe, une contemporaine de ces gueux qui ouvraient les écluses de leurs fleuves et noyaient leur pays plutôt que de subir l'invasion... Tharaud,Dingley, 1906, p.62.
Noyer la poudre. Mouiller la poudre pour la rendre inutilisable afin d'empêcher une explosion. (Dict. xixeet xxes.).
Noyer le carburateur. Empêcher le fonctionnement du carburateur par une trop grande arrivée d'essence. (Dict. xxes.).
β) Mettre une trop grande quantité d'eau. Noyer son vin. Quoiqu'il soit urgent de bien mouiller le fumier pour obtenir une fermentation égale et soutenue, il faut bien se garder de le noyer: le fumier trop mouillé pourrit sans donner de chaleur (Gressent,Potager mod., 1863, p.178).
Noyer la chaux, le plâtre. Délayer la chaux, le plâtre dans une trop grande quantité d'eau. (Dict. xxes.).
γ) Baigner. Deux grosses larmes noyaient ses yeux (Zola, OEuvre, 1886, p.163).
P. anal. Noyer une révolte dans le sang. Réprimer sauvagement et de façon très meurtrière une révolte, en faisant couler le sang. En 1794, les ouvriers de Breslau s'insurgèrent; la province fut occupée militairement et l'émeute noyée dans le sang (Lefebvre,Révol. fr., 1963, p.335).
b) P. anal. Faire disparaître au sein d'une masse compacte. Il est important, dans les ponts pour routes, de ne pas noyer les pièces principales dans des voûtes en briques ou dans du béton (Bricka, Cours ch. de fer, t. 1, 1894, p.161).C'est le chauffage par rayonnement, passant par des conduits noyés dans le béton du sol (L. Benoist,Musées, 1960, p.63).
Noyer un clou. Enfoncer un clou jusqu'à ce que sa tête disparaisse dans le bois. (Dict. xixes. et xxes.).
2. [Le compl. d'obj. désigne un inanimé concr. visible ou plus gén. un inanimé abstr.]
a) Recouvrir d'une matière autre que liquide, dissimuler au regard en estompant les contours. Le boulevard était plongé dans un brouillard léger, transparent, qui noyait les formes et mettait un halo jaune autour de chaque lumière (Daniel-Rops,Mort, 1934, p.343).
PEINT. Fondre les contours, les couleurs d'une figure. Cette technique souple et vaporeuse qui noie les contours dans un clair-obscur savamment ménagé, nous la trouvons chez Prud'hon (Réau,Art romant., 1930, p.23).
P. anal. et littér. Recouvrir un bruit par un autre. Le vent faisait gémir les branchages autour d'eux, et noyait le bruit de leur marche (Van der Meersch,Invas. 14, 1935, p.55).
P. métaph. Des avalanches de fleurs rouges, violettes et bleues s'écroulaient au long des troncs d'arbres et noyaient les murs (Beauvoir,Mandarins, 1954, p.431).
b) Rendre confus par un manque de rigueur, rendre indiscernable par des digressions. Noyer ses arguments, sa pensée dans des phrases interminables. Un faiseur de sermons, un prétendu observateur qui noie les quelques vérités qu'il trouve, dans un gâchis stupéfiant de divagations philosophiques (Zola,Doc. littér., Dumas fils, 1881, p.199).Il fallait voir Lannes pesant ses réponses, levant ses yeux blancs au plafond, crispant ses mains et essayant de noyer ses nouveaux mensonges dans un bredouillement indistinct! (L. Daudet,Police pol., 1934, p.216).
c) Faire disparaître, faire que s'oublie ou se perde (quelque chose). Il promettait de travailler, il oubliait sa promesse et noyait ce souci passager dans ses débauches (Balzac,Illus. perdues, 1839, p.467).Grand délice que celui de noyer son regard dans l'immensité du ciel et de la mer! (Baudel.,Poèmes prose, 1867, p.16).L'habitude sublime de noyer toutes les trivialités de la vie dans l'intime joie des spéculations transcendantes et des attendrissements supérieurs (Bloy,Femme pauvre, 1897, p.99).
Noyer son chagrin dans l'alcool, dans le vin. V. chagrin3A.
II. − Emploi pronom.
A. − Qqn se noie (dans qqc.).[Le suj. désigne un humain ou un animal; le compl. prép. un liquide] Mourir par immersion, soit volontairement, soit par accident. Éliane se pend. Philippe, plus tard, tentera de se noyer, et n'en aura pas le courage (Green,Journal, 1931, p.77):
3. La chasse royale (...) amena en ces années quelques incidents, les seuls qui rompaient la monotonie du désert, −un cerf aux abois qui se jetait et se noyait dans l'étang −un paysan qui se noyait pour le repêcher. Sainte-Beuve,Port-Royal, t. 5, 1859, p.124.
Au fig. Se noyer dans un crachat (fam.); se noyer dans un verre d'eau, une goutte d'eau. Être incapable de surmonter une difficulté même mineure. Il était surchargé de travail, quoiqu'il n'eût plaidé que cinq fois depuis le commencement de l'année. −Vous vous noyez dans un verre d'eau! lui disait Vagnièze (Chardonne,Épithal., 1921, p.160).
B. − Qqn ou qqc.1se noie dans qqc.2
1. [Le compl. prép. désigne un objet visible ou un inanimé abstr.] Disparaître en s'effaçant dans un ensemble plus vaste. Les Alpes se noyaient dans un firmament sans nombre et sans fond (Lamart.,Raphaël, 1849, p.137).Ah! Qu'il eût été bon de se perdre, de se noyer au plus profond d'une ville populeuse! (Mauriac,Th. Desqueyroux, 1927, p.259).Les rues qui partent du quai se noient très vite dans les terrains vagues (Vercel,Cap. Conan, 1934, p.53).
2. [Le suj. désigne une pers.; le compl. prép. un inanimé abstr.] S'adonner à (une occupation, un plaisir), se laisser submerger par (un état d'esprit), jusqu'à l'anéantissement, la ruine. Se noyer dans la débauche:
4. Je me demande si elle ne souhaite pas, quelquefois, d'être délivrée de cette douleur monotone, de ces marmonnements qui reprennent dès qu'elle ne chante plus, si elle ne souhaite pas de souffrir un bon coup, de se noyer dans le désespoir. Sartre,Nausée, 1938, p.27.
[Sans compl.] Courir à sa perte. Je suis fou, je me noie, je dois suivre les conseils d'un ami et ne pas m'en croire moi-même (Stendhal,Rouge et Noir, 1830, p.395).Tu ne sais pas ce que c'est que d'avoir mal et de s'enfoncer. Tu ne sais pas ce que c'est que se noyer, se salir, se vautrer (Anouilh,Sauv., 1938, ii, p.207).
3. [Le compl. prép. désigne un inanimé abstr.] Sombrer, se perdre. Il ne manquait jamais de se noyer (...) dans la multiplicité des conseils qu'il sollicitait (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p.197).Le peuple est las d'un gouvernement qui le ruine et ne fait rien pour lui. Chaque jour éclatent de nouveaux scandales. La République se noie dans la honte. Elle est perdue (A. France,Île ping., 1908, p.201).
Se noyer dans les détails. Perdre de vue l'essentiel au profit des détails. Breughel a ici son célèbre paradis. Vous connaissez la façon de ce maître, il se noie dans les détails et se perd dans les infiniment petits (Du Camp,Hollande, 1859, p.32).
REM. 1.
Noyable, adj.Qui peut se noyer, qui perd vite pied, qui est rapidement abattu. Je l'aurais cru moins noyable sous un revers (Goncourt,Journal, 1893, p.382).
2.
Noiement, subst. masc.,hapax. Viennent alors les vents qui hochent l'arbre, et le noiement des pluies! (Claudel,Échange, 1894, p.700).
Prononc. et Orth.: [nwaje], (il) noie [nwa]. Homon. noyer2. Att. ds Ac. dep.1694. Conjug. v. aboyer. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 trans. neier «faire périr dans l'eau» (Roland, éd. J. Bédier, 2798: Ne seit ocis o en Sebre neiet); 1176-84 noiier (Gautier d'Arras, Eracle, éd. G. Raynaud de Lage, 4847); b) ca 1165 réfl. «se donner la mort par immersion» (Troie, 7328 ds T.-L.); c) 1174-76 id. «couler, périr accidentellement par immersion» (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 378: si se neia); 2. 1174-78 intrans. «disparaître sous les eaux» (Étienne de Fougères, Manières, éd. R. A. Lodge, 18: terre neent, eives sorondent); 1500 trans. «faire disparaître sous les eaux» (Coutume du pays et duché de Bourbonnais, titre VIII, VI ds Nouv. Coutumier gén., éd. A. Bourdot de Richebourg, t. III, 1198); 3. «recouvrir d'une quantité d'eau, de liquide assez grande pour éteindre, étouffer, faire disparaître» a) ca 1220 el sanc noiés (Gui de Cambrai, Barlaam et Josaphat, 10289 ds T.-L.); 1673 noyer dans le sang (ici une ville) (Racine, Mithridate, III, I); b) 1240-80 noier dans le vin ici pronom. (Baudouin de Condé, Li contes des Hiraus, 139-40 ds Dits et Contes, éd. A. Scheler, p.157: tous se noient De vin); 4. 1605 [éd.] trans. «envelopper complètement dans une maçonnerie un objet de bois ou de fer» (O. de Serres, [Théâtre d'agric.], 766 ds Littré); 5. 1607 [éd.] id. «mouiller abondamment» [se] noyer de pleurs le visage (Malherbe, Consolation a Caritée sur la mort de son mari, 3 ds OEuvres compl., éd. L. Lalanne, t.1, p.32 [fin xiiies. noyer en plours (Dits âme, A. 29 i ds T.-L.)]); 1694 noyer son vin d'eau (Ac.); 6. av. 1628 pronom. «se laisser submerger par quelque chose, perdre pied» (Malherbe, Lettres, Paris, 1645, livre I, lettre 30, p.195: on se noye en amour aussi bien qu'en une rivière); 1831 se noyer dans les détails (Balzac, OEuvres div., t. 2, p.365); 7. a) 1676 peint. trans. noyer les couleurs les unes avec les autres (Félibien); b) 1680 «fondre les contours» (Rich.); c) 1803 fig. «recouvrir entièrement, envelopper jusqu'à rendre indiscernable» (Chateaubr., Génie, t.2, p.145); 1823 pronom. (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, p.470); 8.1680 id. «ruiner le crédit, la position de quelqu'un» (Sévigné, Lettres, éd. M. Monmerqué, VI, 400); 9. 1733 «rendre sa pensée confuse, insaisissable par un langage prolixe] (Voltaire, Le Temple du goût, p.70); 1867 noyer [un juge] sous un flot de raisonnements (Taine, loc. cit.). Du lat. class. necare «faire périr, tuer (avec ou sans effusion de sang)», en partic. «sans se servir d'une arme», qui a pris en lat. pop. le sens de «noyer», att. en lat. médiév.: 590 (Gregor. Turon., Glor. mart., c. 104, SRM., I, p.559 ds Nierm.); la disparition du subst. nex, necis «mort violente» a favorisé la perte du sens propre qui a été exprimé par d'autres mots, v. occire, tuer; la forme du rad. aux formes inaccentuées a été étendue à tout le verbe, ce qui a permis de le distinguer de nier*. Fréq. abs. littér.: 1549. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1853, b) 2770; xxes.: a) 3137, b) 1633. Bbg. Lanly (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp.106-107. _ Quem. DDL t.21 (s.v. noyable).

NOYER2, subst. masc.

A. − Grand arbre des régions tempérées, à feuilles caduques, à fleurs disposées en chatons ou en épis, dont le fruit est la noix.
BOT. Genre d'arbres appartenant à la famille des Juglandacées, comprenant de nombreuses variétés. Du doigt, il montra (...) une espèce de noyer gigantesque qui s'élevait solitairement du milieu des eaux (Verne, Enf. cap. Grant, t.1, 1868, p.214).Charles emmena le poulain dans un recoin de prairie qu'ombrageait un noyer superbe et que contournait la rivière (Gide, Immor., 1902, p.416).
B. − P. méton. Bois de noyer utilisé notamment en menuiserie et en ébénisterie. Meuble en loupe, en ronce de noyer. Un lit de sangles, quelques chaises de bois blanc, une table de noyer composaient tout l'ameublement de cette sévère demeure (Cladel, Ompdrailles, 1879, p.352):
. Il y a des sabots d'aulne, d'ormeau et de noyer, et des sabots de hêtre. Ils sont couleur naturelle ou peints. Le hêtre est blanc veiné de roux, l'ormeau plus gris, le noyer terre d'ombre strié de noir (...). Les sabots pour hommes et les sabots pour femmes ne sont pas de même coupe, ni de même bois. La matière commune, l'aulne ou le hêtre, chausse l'homme, la fibre fine, l'ormeau et surtout le noyer, la femme. Pesquidoux, Chez nous, 1921, p.211.
Prononc. et Orth.: [nwaje]. Homon. noyer1. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1150 «arbre qui produit des noix» peskiers ne periers ne noiers (Le conte de Floire et Blanchelor, éd. J. L. Leclanche, 2028); 1487 noyer (Vocab. lat.-fr., Genève, Loys Garbin); b) 1382-84 «bois de cet arbre utilisé en ébénisterie» un coffre de noier (Le Compte du Clos des Galées de Rouen, éd. Ch. Bréard, p.17); 2. 1690 «nom donné à divers arbres de genres différents» noyer de Canada (Fur.). D'un lat. pop.*nucarius «noyer», dér. du lat. class. nux, v.noix. Fréq. abs. littér.: 259. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 523, b)388; xxes.: a) 402, b) 204.

Wiktionnaire

Verbe - français

noyer \nwa.je\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se noyer)

  1. Asphyxier par immersion.
    • J’ai failli moi-même être englouti avec mon cheval par les sables mouvants du Tahaddart, entre Tanger et Azila, et j’ai manqué me noyer dans l’embouchure du Tensift. — (Frédéric Weisgerber, Au seuil du Maroc Moderne, Institut des Hautes Études Marocaines, Rabat : Les éditions de la porte, 1947, page 106)
    • J’avais l’impression de me noyer et une angoisse terrible, celle de la mort elle-même m’étreignit. — (Henri Alleg, La Question, 1957)
    • Noyer un homme, un chien. — Il le jeta dans l’eau et le noya. — Il s’est noyé dans la rivière.
  2. (Figuré) (Mécanique) Remplir un moteur de liquide : essence, eau…
    • Ah ben bravo ! D’avoir roulé sur cette route inondée, t’as noyé ton moteur !
    • Maintenant que tu as appuyé une dizaine de fois sur le starter, ton moteur est noyé.
  3. Inonder ; recouvrir d’eau.
    • Les colleurs d’affiches après avoir enduit de colle très liquide le panneau d’affichage appliquent leur papier en le noyant littéralement de colle pour que l’allongement soit rapide et le glissement facile. — (Papyrus : Revue de toutes les industries du papier, de l'imprimerie, & du livre, 1920, vol. 1-2, page 94)
    • Les pluies ont noyé la campagne.
    • Le déluge noya toute la Terre.
    • Les écluses qu’on lâcha noyèrent deux lieues de pays.
    • Des yeux noyés de larmes, des yeux pleins de larmes
  4. Faire disparaître dans la masse.
    • Des hommes mûrs pleuraient à la vue du drapeau étoilé soutenu par tout le corps de ballet noyé sous les clartés des projecteurs. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 213 de l’édition de 1921)
    • Noyer un clou : Enfoncer la tête d’un clou dans la masse du bois.
  5. (Figuré) S’alcooliser pour éviter d’affronter un problème.
    • Si je pensais que le souverain bien fût la joie, je ne douterais point qu’on ne dût tâcher de se rendre joyeux, à quelque prix que ce pût être, et j’approuverais la brutalité de ceux qui noient leurs déplaisirs dans le vin, ou les étourdissent avec du pétun. — (René Descartes, « Lettre à Élisabeth Egmond, du 6 octobre 1645 », dans Correspondance avec Élisabeth, Presses électroniques de France, 2013)
  6. Faire absorber et disparaître dans un ensemble vaste ou confus.
    • Il faut sans cesse se bidonner. Tout est noyé dans l’esclaffement, si bien que ce qui se dit de sérieux semble tout aussi dérisoire que la dérision qui vient d’en être produite. — (Jean-Loup Chiflet, Dictionnaire amoureux de l'Humour, éditions Plon, 2012)
    • Noyer les couleurs, les détails, les contours.
  7. (Pronominal) Se suicider en se jetant à l’eau.
    • Dans un accès de désespoir, il alla se noyer.
  8. Se perdre.
    • C’est un homme qui se noie, se dit d’un homme qui se ruine, qui se perd.
    • L’espace d’un instant, elle s’est vue finir à la rue. « Je n’y arrivais plus, raconte Sonia, 41 ans. Je ne savais pas où demander de l’aide. » (…) Alors, elle s’est peu à peu noyée dans le quotidien. — (Marie Charrel et Zeliha Chaffin, Illectronisme : les laissés-pour-compte du tout-numérique, Le Monde, le 7 septembre 2021)
  9. (Jeux de boules) Pousser une boule au delà d'une certaine ligne nommée noyon, qui est après le but.

Nom commun - français

noyer \nwa.je\ masculin

  1. (Botanique) Grand arbre à feuilles caduques alternes imparipennées, aux petites fleurs femelles verdâtres réunies par deux à quatre et donnant des noix (drupes indéhiscentes) (Juglans L.).
    • La route parcourt une campagne fertile et variée par des jardins, par des plantations de noyers, et par des coteaux plantés de vignes : à gauche, ou suit presque constamment le cours de l’Yonne; […]. — (Girault de Saint-Fargeau, Guide pittoresque du voyageur en France, Firmin Didot frères, 1837, volume 1 (Route de Paris à Genève : Département de l'Yonne), page 1)
    • Je tuai bientôt mon second tourdre (tourdre : grive), mais plus petit que le premier, à la nuit tombée, le distinguant à peine, sur un noyer dans le champ de M. de La Peyrouse, je crois, au-dessus de notre Pelissone (id est : de notre vigne Pelissone). — (Stendhal, Vie de Henri Brulard, tome II, Édition Henry Debraye, Librairie ancienne Honoré et Édouard Champion, Paris, 1913, p.43 → lire en ligne)
  2. (Par métonymie) Le bois du noyer.
    • Sans attendre sa réponse, elle se rendit à la cuisine où il la suivit, jetant un bref regard circulaire à la pièce avant de s’installer à son invitation sur l’une des chaises paillées autour de la table de noyer. — (Danielle Stamenkovic, Les Anges Gardiens des Collines, 2002, page 257)
    • Ici c’est la réserve de bois commence Commont. Là, du noyer de première qualité. Tu peux remarquer les veines qui forment les lignes légères comme de la fumée. De la racine de noyer, c’est à dire la racine principale. — (Gilbert Bordes, L’année des coquelicots, chapitre 24, 2013)
    • Nous trouvâmes des trésors anciens que l’on retapa, comme des vieux meubles en noyer ou la vaisselle qui avait servi pour l’auberge durant plus d’un demi-siècle. — (Stéphanie Bideau, Fanny, juste un papillon, 2014, page 103)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

NOYER. n. m.
Arbre qui porte les noix. Planter des noyers. Une allée de noyers. Battre un noyer pour en faire tomber les noix. Bois, racine de noyer. Une commode en bois de noyer. Il désigne, par extension, le Bois de noyer. Une table de noyer, un lit de noyer ou en noyer.

Littré (1872-1877)

NOYER (no-ié ; plusieurs prononcent noi-ié ; J'r ne se lie jamais ; au pluriel, l's se lie : des no-ié-z en fleur) s. m.
  • 1Genre de la famille des juglandées.

    Le noyer commun, qui a plusieurs variétés, telles que le noyer à coque dure, le noyer à coque tendre ou noyer mésange, le noyer de jauge, le noyer à gros fruit long. Encore que l'on dise que celles de son sexe soient de l'humeur des ânes et des noyers, de qui l'on ne tire point de profit qu'en les battant fort et ferme, Francion, liv. VII, p. 265. Tous ses bords sont couverts de saules non plantés Et de noyers souvent du passant insultés, Boileau, Épît. VI.

    Par abréviation, une table de noyer, un lit de noyer, une table, un lit de bois de noyer.

  • 2Noyer à feuilles de frêne, ancien nom de la ptérocarpe fraxinifoliée, qui a fait partie du genre noyer.

    Noyer du Japon, nom vulgaire de la gingko bilobée (conifères).

    Noyer de Ceylan ou des Indes, nom vulgaire de la justicie adhatode (acanthacées) de Linné (Inde) ; c'est la carmentine en arbre de certains auteurs.

    Noyer de la Jamaïque, un des noms vulgaires de la hure crépitante (euphorbiacées) de Linné, dite vulgairement sablier, Legoarant

    Noyer vénéneux, le mancenillier (euphorbiacées).

HISTORIQUE

XIIIe s. Peskiers, ne periers, ne noiers, Autre cier arbre qui fruit port, Fl. et Bl. 2026.

XVIe s. Pour les chasteneraies et nojeraies, c'est à dire pour les lieux emplantés universellement de chastaniers et noiers, De Serres, 641. Un noyer en une vigne, un porceau en un blé, c'est assez pour tout gaster, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 431. Le pouvre ressemble au noyer [il est en proie à chacun], Génin, Récréat. t. II, p. 244.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. NOYER.
1Ajoutez : La noix est, chez beaucoup de peuples, un des principaux symboles dans les cérémonies du mariage ; au siècle dernier, tout nouveau couple salinois devait planter un noyer aux environs de la ville, Ch. Toubin, Du culte des arbres, Paris, 1862, p. 15.
Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « noyer »

(Nom commun) (Vers 1150) De l’ancien français noier, du latin nucalis (« de noix ») devenu *nucarius, de nux (« noix »).
(Verbe) (1100) De l’ancien français neier, du latin necare (« tuer ») qui a pris le sens spécialisé de « tuer par immersion ». Le sens de « recouvrir d’eau » apparaît en 1500 ; celui de « faire absorber dans un ensemble vaste ou confus » au XVIIe siècle. La forme pronominale apparaît en 1774.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Berry, nogier, nougier, nouère ; prov. noguier, nogier ; cat. noguer ; d'une forme fictive, nucarius, dérivée du latin nux, noix.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Phonétique du mot « noyer »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
noyer nwaje

Fréquence d'apparition du mot « noyer » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « noyer »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « noyer »

  • L'homme dont le destin est de se noyer se noiera dans un verre d'eau.
    Proverbe juif
  • Oh, elle avait beaucoup parlé (pour noyer le poisson ?) de Bruno, de leur séparation, de l’échec que cela représentait pour elle. Marine avait joué à fond la carte du désespoir amoureux…
    Marie Nimier — Sirène
  • Je pourrais noyer le poisson, m’en tirer par des clichés, et vous servir tout à trac l’épopée du Sauveur, des martyrs et tutti quanti.
    Yann Queffélec — Le Charme noir
  • LE TRIBUNAL L’avocat s’adresse au valet d’un ton menaçant.Ne tentez pas de noyer le poisson. Je vous ai demandé si Aguerra riait quand on lui a annoncé la répression de la révolte paysanne. J’y viens, dit le valet.
    Jean-Paul Sartre — L’Engrenage
  • Quelle heure est-il ? Je regardai ma montre Six heures. Mais n’essaie pas de noyer le poisson. Je t’ai dit que j’allais t’expliquer mais je veux d’abord voir les infos.
    Sylvie Granotier — Sueurs chaudes
  • Angoisse métaphysique : ou l’apaiser avec un Dieu, ou la noyer dans le plaisir, ou la guérir par des pilules.
    Edmond Rostand — Carnets
  • Il faut bien aviser à ne pas se noyer en voulant secourir ceux qui se noient.
    Baltasar Gracian y Morales — L'homme de cour
  • Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage, Et service d'autrui n'est pas un héritage.
    Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière — Les Femmes savantes, II, 5, Martine
  • La loi médiatique consiste à tempérer, à cacher, à noyer, à effacer l’information.
    Michel-Antoine Burnier et Patrick Rambaud — Le journalisme sans peine
  • Si tu veux te noyer, à quoi bon te torturer à chercher une eau peu profonde.
    Proverbe bulgare
Voir toutes les citations du mot « noyer » →

Traductions du mot « noyer »

Langue Traduction
Anglais walnut
Espagnol ahogar
Italien noce
Allemand nussbaum
Chinois 核桃
Arabe جوز
Portugais noz
Russe грецкий орех
Japonais くるみ
Basque intxaur
Corse a moscà
Source : Google Translate API

Synonymes de « noyer »

Source : synonymes de noyer sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « noyer »

Combien de points fait le mot noyer au Scrabble ?

Nombre de points du mot noyer au scrabble : 8 points

Noyer

Retour au sommaire ➦