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Mystique

Variantes Singulier Pluriel
Masculin et féminin mystique mystiques

Définitions de « mystique »

Trésor de la Langue Française informatisé

MYSTIQUE, adj. et subst.

I. − Adjectif
A. − Dans les domaines de la relig., de la philos.Relatif au mystère, à une croyance surnaturelle, sans support rationnel. Chiffre, nombre, triangle mystique. Les sept voyelles mystiques qui formaient la formule sacrée, proférée dans les temples des planetes (Dupuis,Orig. cultes, 1796, p.38).Le Christ [du retable de Bâle] (...) tient un globe sur lequel on voit son monogramme entre les deux lettres mystiques alpha et oméga (Mérimée,Ét. arts Moy. Âge, 1870, p.344).Qu'est donc Platon? Un mystique héritier d'une tradition mystique où la Grèce entière baignait (S. Weil,La Source grecque, Paris, Gallimard, 1953, p.77):
1. À son sommet la philosophie est mystique. Elle plonge dans le mystère obscur par excès de lumière. Ce qui est caché se révèle. Les voiles se déchirent et les yeux voient tandis que les oreilles entendent murmurer les secrets que les autres seraient incapables d'ouïr. M.-M. Davy, Initiation médiév., Paris, Albin Michel, 1980, p.12.
En partic.
1. RELIG. CHRÉT. Agneau* mystique.
Corps mystique. Le Christ. L'Eucharistie est considérée comme la perpétuation du «sacrifice» de l'Homme-Dieu et la condition du rattachement vital du chrétien à son «corps mystique» (G. Vallin,Voie de gnose et voie d'amour, Sisteron, éd. Présence, 1980, p.77).L'Église. Se croire seul est une illusion. On ne peut être catholique tout seul. On est catholique dans le corps mystique de l'Église, ou pas du tout (Green,Journal, 1957, p.306).
Pain, vin mystique. L'Eucharistie. Ce pain et ce vin mystiques qui nous sont présentés à la table sainte brisent le moi et nous absorbent dans leur inconcevable unité (J. de Maistre,Soirées St-Pétersb., t.2, 1821, p.235).
Rose* mystique. L'un des noms de la Vierge Marie.
2. SOCIOL. Pensée mystique. ,,Chez Lévy-Bruhl (...) type de pensée (...) fondé sur la croyance à des forces, à des influences, à des actions imperceptibles aux sens et cependant réelles: ex. le coeur, le foie, la moelle, etc. sont censés procurer telle ou telle qualité à ceux qui s'en repaissent`` (L.-M. Morfaux, Vocab. de la philos. et des sc. hum., Paris, Armand Colin, 1980, p.230).
B. − Caché, secret; dont la signification n'est discernable que par rapport au mystère; allégorique, symbolique. Nuit, soleil mystique. Marc-Aurèle et le traître (...) puisent à la même source l'eau mystique qui fait vivre leur âme; et cette source n'est pas dans leur intelligence (Maeterl.,Sag. et dest., 1898, p.105).Héloïse (...) accouchera d'un fils; elle lui donnera le nom, mystique et pédantesque, d'Astralabe (J. Jolivet,Abélard, Paris, Seghers, 1969, p.20).Retenir le sens littéral du Cantique serait une erreur monstrueuse. Seul le sens mystique permet d'en saisir le contenu (M.-M. Davy, Initiation médiév., Paris, Albin Michel, 1980, p.239).
DR. Testament mystique. ,,Document que le testateur remet clos et scellé à un notaire qui, en présence de six témoins, dresse sur l'enveloppe un acte de suscription`` (Foulq.-St-Jean 1962). Lorsque le testateur voudra faire un testament mystique ou secret, il sera tenu de signer ses dispositions (Code civil, 1804, art.976, p.177).
C. − Qui concerne, qui reflète les croyances, les pratiques ou l'expérience propres au mysticisme. Contemplation, dévotion, état, expérience, extase, foi, littérature, livre, théologie, union mystique. Alexandre vécut à part, dans les idées mystiques qui commençaient à le dominer (Chateaubr.,Congrès Vérone, t.1, 1838, p.203):
2. La vie mystique du chrétien est une vie d'union à Dieu accordée à l'âme par la grâce. Le plus humble fidèle qui sert Dieu et le prie vit déjà d'une vie surnaturelle, c'est-à-dire en relation avec Dieu. Au plan psychologique, le sentiment confus et intermittent qu'il a de cette présence divine en lui est une ébauche d'expérience mystique. J. Ancelet-Hustache,Maître Eckhart et la mystique rhénane, Paris, éd. du Seuil, 1966, p.6.
Nuit mystique. Le docteur de la nuit mystique (...) La Nuit, pour saint Jean de la Croix, est le grand symbole de la vie mystique (Y. Pellé-Douël,St Jean de la Croix, Paris, éd. du Seuil, 1960, p.89).
[En parlant de pers.] Auteur, penseur, théologien mystique. Au XIIesiècle le philosophe mystique apparaît hanté par le désir de voir la face divine, de contempler son essence (M.-M. Davy, Initiation médiév., Paris, Albin Michel, 1980, p.102).
D. − P. anal. et souvent péj. Qui a le caractère intuitif, passionné, absolu du mysticisme. Âme, amour, exaltation, idéal, matérialisme, rêverie, socialisme mystique. Napoléon reste supérieur encore grâce au sentiment mystique qu'il a de sa destinée (Proudhon,Révol., 1852, p.153).
PATHOL. Délire mystique. ,,Délire chronique à thème religieux s'accompagnant presque constamment d'hallucinations visuelles (apparitions de Dieu, de la Vierge, des Saints)`` (Moor 1966).
Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Une proximité dangereuse (...) rattache souvent, sur les limites de l'expérience, le «mystique» au «pathologique». Entre la folie et la vérité, les liens sont énigmatiques et ne constituent pas un rapport de nécessité (Encyclop. univ.t.111971, p.525).
II. − Emploi subst.
A. −
1. RELIG. Personne qui adhère à des croyances surnaturelles, qui possède une foi religieuse intuitive et p. ext. qui s'adonne à des pratiques de dévotion intense. Les mystiques arabes, chrétiens, hindous. Plusieurs Pères de l'église, Thomas A-Kempis, Fénélon, S. François-de-Sales, etc. (...) ont été des mystiques, c'est-à-dire des hommes qui faisoient de la religion un amour, et la mêloient à toutes leurs pensées comme à toutes leurs actions (Staël,Allemagne, t.5, 1810, p.87).Depuis quelques siècles, on a pris l'habitude de nommer mystiques ceux et celles qui ont fait cette expérience de la présence de Dieu en eux à un degré suréminent (J. Ancelet-Hustache,Maître Eckhart et la mystique rhénane, Paris, éd. du Seuil, 1966, p.8):
3. Le pur «mystique» ne se soucie pas tant de «comprendre» que d'aimer, et parfois au détriment de la vérité. Cette attitude est très nette par exemple chez un Ramakrishna. Il ne recherche pas tant la cohérence du vrai que l'intensité de l'amour; d'où la divergence qui oppose parfois les bases «dogmatiques» ou «théoriques» de la spéculation théologique et l'expérience spirituelle du «mystique». G. Vallin,Voie de gnose et voie d'amour, Sisteron, éd. Présence, 1980, p.125.
P. exagér. Personne atteinte de délire mystique. La maréchale de Noailles, actuellement vivante (1780) est une mystique comme Madame Guyon, à l'esprit près. Sa tête s'était montée au point d'écrire à la Vierge (Chamfort,Caract. et anecd., 1794, p.102).Suivant certains, le prince était un illuminé, une sorte de mystique, qui donnait dans l'extravagance (Morand,Bouddha, 1927, p.104).
2. P. anal. Personne qui adhère avec une passion extrême à un idéal artistique, politique, social. Les mystiques de la Révolution. Alors j'ai dit à M. l'abbé que mon mari faisait penser bien souvent à un mystique sans Dieu. − «Quelle lueur! a dit l'abbé, − quelles lueurs les femmes quelquefois tirent des simplicités des impressions et des incertitudes de leur langage!» (Valéry,Soirée avec M. Teste, 1895, p.51).
B. − Emploi subst. fém.
1. RELIG., PHILOS. Étude, connaissance du mysticisme, de la spiritualité mystique. La mystique allemande, orientale; la mystique du XIIesiècle, des néo-platoniciens. La mystique (...) met l'accent sur l'élément irrationnel plus que sur les aspects sociaux, moraux ou dogmatiques de la religion (J. Ancelet-Hustache,Maître Eckhart et la mystique rhénane, Paris, éd. du Seuil, 1966, p.5).M. Gabriel Marcel (...) fait «revivre en notre temps (...) la mystique spéculative, dont le secret semblait à jamais perdu» (M. de Corte,Introductionds G. Marcel, Positions et approches concrètes du mystère ontologique, Louvain/Paris, éd. Nauwelaerts, 1967, p.38):
4. ... au xviiesiècle seulement on se met à parler de «la mystique», le recours à ce substantif correspondant à l'établissement d'un domaine spécifique (...). Un espace délimite désormais un mode d'expérience, un genre de discours, une région de la connaissance. Encyclop. univ.t.111971, p.522.
2. Ensemble des mouvements spirituels par lesquels l'âme accède à la présence divine. Mystique cistercienne, franciscaine, médiévale. Comme chez saint Bernard, comme chez François et Claire d'Assise, la mystique des deux Mechtilde et de sainte Gertrude est tout imprégnée d'émotion et de tendresse (J. Ancelet-Hustache,Maître Eckhart et la mystique rhénane, Paris, éd. du Seuil, 1966, p.19):
5. Quand on reproche au mysticisme de s'exprimer à la manière de la passion amoureuse, on oublie que c'est l'amour qui avait commencé par plagier la mystique, qui lui avait emprunté sa ferveur, ses élans, ses extases; en utilisant le langage d'une passion qu'elle avait transfigurée, la mystique n'a fait que reprendre son bien. Bergson,Deux sources, 1932, p.39.
3. P. anal.
a) Croyances, doctrines, thèses, idéologies, etc. qui suscitent une adhésion de caractère passionné. Mystique démocratique, hitlérienne, scientifique. 1848 fut une restauration républicaine, et une explosion de la mystique républicaine (Péguy,Notre jeun., 1910, p.85).Les hommes sont les vermines de la terre. Il fallait que le terrorisme devînt une mystique (Malraux, Cond. hum., 1933, p.352).Le second facteur positif du communisme, c'est qu'il propose, lui aussi, une mystique. Elle est mêlée de patriotisme (...). C'est cette mystique qui permet à une dictature doctrinaire, intolérante, et parfois cruelle, de durer (Maurois,Mes songes, 1933, p.55):
6. ... grâce à Marcel Déat, grâce au Rassemblement National Populaire, elle [la France] connaîtra enfin une mystique, une foi, un idéal, et pour tout dire, une éthique, que jamais, dans le passé, un parti quelconque ne sut lui imposer. L'Œuvre, 23 févr. 1941.
b) Sentiment exacerbé et absolu centré sur une représentation privilégiée et quasi mythique; p. ext. tout idéal quel qu'il soit. Mystique de l'amitié, de l'art, de la force, du pacifisme. Mystique du chef (Legrand 1972). Élever des autels à la science, (...) créer une mystique des hauts fourneaux et des moteurs à explosion (Aymé,Brûlebois, 1926, p.53).Le travail, le dessin étaient devenus chez lui une passion, une discipline, l'objet d'une mystique et d'une ethique qui se suffisaient à elles seules (Valéry,Degas, 1936, p.112):
7. ... la mystique des temps nouveaux a pour symboles le laboureur courbé sur sa charrue et le forgeron desséché par les feux de la forge, le bureaucrate penché sans répit sur ses chiffres. L'Œuvre, 15 avr. 1941.
REM. 1.
Mysticaillerie, subst. fém.,péj. On ne sait pas tout ce que l'enfance en se retirant laisse en nous de débris. Ah! faux sentiments, «mysticaillerie» comme disait Courrège! (Mauriac,Fleuve de feu, 1923, p.199).
2.
Mysticiser, verbe trans.,hapax. Rendre mystique, transformer, métamorphoser. Essayons de nous représenter l'émoi des marins qui, abandonnant la Méditerranée familière, s'aventuraient dans les vastes étendues de l'océan. Et ne nous étonnons pas que les périls réels en aient été transfigurés et, si l'on peut dire, «mysticisés» en une sombre mythologie de fantômes, de monstres et de dieux hostiles (P. Rousseau,Hist. transp., 1961, p.143).
3.
Mysticisant, -ante, part. prés. en emploi subst.Celui, celle qui a des tendances mystiques. Cette période mystérieuse que Valéry ne veut pas qu'on appelle «inspiration», parce qu'il est persuadé, malgré mes dénégations, que nous entendons par ce mot, nous autres mystiques ou mysticisants, une je ne sais quelle dictée miraculeuse (H. Bremond,Racine et Valéry, 1930, p.38 ds Quem. DDL t.13).
Prononc. et Orth.: [mistik]. Att. ds Ac., adj. dep. 1694, subst. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1380 adj. «qui a un sens caché, relatif aux mystères de la foi» (J. Lefevre, trad. La Vieille, 20 ds T.-L.); ca 1480 corps mistique (Myst. du v. Testament, éd. J. de Rothschild, III, 318); 1583 corps mystique (du Christ) (Jodelle, Ode de la chasse ds Œuvres, éd. C. Marty-Laveaux, t.2, p.320); 1690 théol. (Fur.); b) 1704 «qui a trait à l'expérience directe de Dieu» (Trév.); 2. a) 1601 subst. fém. «étude, connaissance du mysticisme» (Charron, Sagesse, II, 2 ds Littré); b) 1689 subst. masc. «ensemble des pratiques du mysticisme» (Mmede Sévigné, Lettres, éd. M. Monmerqué, t.9, p.199); 3. 1690 subst. masc. «celui, celle qui se livre au mysticisme» (Id., ibid., p.414); 4. 1850 subst. «celui qui montre une passion extrême dans la défense de ses idéaux» (Nerval, Illuminés et illuminisme, Almanach cabalistique ds Œuvres, t.2, éd. de La Pléiade, p.1220). Empr. au lat. mysticus «mystique, relatif aux mystères», empr. au gr. μ υ σ τ ι κ ο ́ ς «qui concerne les mystères, mystique». Fréq. abs. littér.: 3075. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1644, b) 1881; xxes.: a) 4749, b) 7810.
DÉR.
Mystiquement, adv.D'une manière mystique. Dans le Wisconsin, chez les Menomini, garçons et filles se retiraient à l'époque de la puberté, s'abstenaient de boire et de manger et priaient afin d'être visités mystiquement (Lowie,Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p.339).Enseigner mystiquement les mystères (d'apr. Théol. cath.t.14, 11939, p.487). [mistikmɑ ̃]. 1reattest. 1470 mistiquement (Le Livre de la discipline d'amour divine, fo66a, éd. 1537 ds R. Ét. rab., IX, p.313); de mystique, suff. -ment2*. Fréq. abs. littér.: 30.
BBG. Certeau (M.). Mystique au 17es.: le probl. du lang. mystique. In: [Mél. Lubac (H. de)]. Paris, 1964, pp.267-291. _ Quem. DDL t.1 (s.v. mystiquement); 10. _ Wagner (R. L.). Lang. poét. In: [Mél. Lesch (E.)]. Stuttgart, 1955, pp.424-429.

Wiktionnaire

Nom commun 2 - français

mystique \mis.tik\ féminin

  1. Ensemble des pratiques qui conduisent aux états mystiques et l’ensemble des connaissances qui en découlent.
    • Il n’avait que cela pour lui, mais il l’avait au moins, l’amour passionné de la mystique et de la liturgie, du plain-chant et des Cathédrales ! — (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915)
    • Il n'existe plus de communauté humaine, d'unité de civilisation qui s'inspire du mazdéisme de Zarathustra ; et nulle ne s'inspira jamais de la mystique des soufis, et pour cause. — (Denis de Rougemont, Comme toi-même : Essais sur les Mythes de l'Amour, Albin Michel, 1961, p.228)
  2. (Par extension) Système d’affirmations se rapportant à un objet qu’on met au-dessus de toute discussion ou auquel on attribue une sorte de vertu magique.
    • La mystique révolutionnaire.
    • La mystique de l’ancien régime, etc.

Nom commun 1 - français

mystique \mis.tik\ masculin et féminin identiques

  1. Personne expérimentant régulièrement ou en permanence un contact direct ou une union parfaite avec Dieu.
    • […]; et, d’autre part, elle citait, de mémoire, des morceaux d’une mystique un peu bizarre de la fin du XVIe siècle, Jeanne Chézard de Matel, la fondatrice de l’ordre du Verbe Incarné, […]. — (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915)
    • Loin de paraître comme inconciliables avec la piété, les commentaires nouveaux pouvaient sembler à certains mystiques parisiens un compromis heureux entre le néoplatonisme augustinien, l’abélardisme aristotélicien et l’esprit positif des savants ou des astrologues. — (Matthieu-Maxime Gorce, L'essor de la pensée au moyen âge : Albert le Grand - Thomas d'Aquin, Paris : Letouzey et Ané, 1933, Slatkine Reprint, 1978, p. 55)
    • Et, chose curieuse, plusieurs de ces descendants du plus rationaliste de nos rabbins, sont des mystiques notoires, notamment […] Salomon Louria, l'un des plus grands cabalistes (…). — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
    • Le mystique traditionnel a pour caractéristique de croire possible l'expérience directe de Dieu et de son salut par la piété, l'ascèse et le renoncement au monde sans passer par la religion, ses lois, ses sacrements. — (Michel Potay, Le mystique sympa)
    • Beaucoup de mystiques décrivent leur expérience comme une alternance de lumière et de ténèbres. — (Max Huot de Longchamp, Qu'est-ce qu'un mystique?, Novalis, Montréal, 2021, p. 181)

Adjectif - français

mystique \mis.tik\ masculin et féminin identiques

  1. Qui a un sens caché, relatif à la religion.
    • Les pythagoriciens attribuent une signification mystique aux nombres et aux figures.
  2. (Spécialement) Relatif au mysticisme ; qui participe du mysticisme.
    • Il n'est rien de plus inepte qu'un séminariste ; rien de moins propre à être un jour ce que l'on veut qu'il soit, un pasteur éclairé : ces jeunes gens n'ont la tète remplie que de fadaises mystiques. — (Nicolas Edme Restif de La Bretonne, Monsieur Nicolas, part.1 : Souvenirs d’enfance, an V)
    • Scientifique repenti, Philippulus est le seul savant dans les aventures de Tintin à se référer aussi fortement au divin. Il présente tous les symptômes de la « théomanie », monomanie qui désigne ce qui jadis pouvait relever du délire mystique. Le théomane, qui peut passer de l'exaltation à l'abattement, prétend être en relation directe avec Dieu. — (Albert Algoud, Dictionnaire amoureux de Tintin, Plon, 2016)
  3. (Congo-Kinshasa) (Populaire) Bizarre, au sens de suspect.
    • Vieux, vous étiez mystiques ! Et la Convention de Genève alors ? se hasarda Sera Sera, le jeune homme de confiance, qui était un garçon sensible. — (In Koli Jean Bofane, Mathématiques congolaises, 2008, p. 169)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

MYSTIQUE. adj. des deux genres
. Qui a un sens caché, relatif à la religion. Les Pythagoriciens attribuent une signification mystique aux nombres et aux figures. Il signifie plus précisément Qui a rapport au mysticisme, qui participe du mysticisme. Des aspirations mystiques. Des idées mystiques. Une philosophie mystique. Un livre mystique. Substantivement, Un mystique, une mystique, Celui, celle qui est adonné au mysticisme. Testament mystique. Voyez TESTAMENT.

LA MYSTIQUE, nom féminin, désigne l'Ensemble des pratiques qui conduisent aux états mystiques et l'ensemble des connaissances qui en découlent. Par extension, ce mot désigne un Système d'affirmations se rapportant à un objet qu'on met au-dessus de toute discussion ou auquel on attribue une sorte de vertu magique. La mystique révolutionnaire. La mystique de l'ancien régime, etc.

Littré (1872-1877)

MYSTIQUE (mi-sti-k') adj.
  • 1Qui a un caractère de spiritualité allégorique, en parlant des choses de la religion. L'Église est le corps mystique de Jésus-Christ. Le secret de l'Esprit de Dieu caché dans l'Écriture ; car il y a deux sens parfaits, le littéral et le mystique, Pascal, Lett. à Mlle de Roannez, 2. De peur qu'il [M. Périer] donne bien plus de soin et de peine au bâtiment d'une maison qu'il n'est pas obligé de faire, qu'à celui de cette tour mystique dont tu sais que saint Augustin parle dans une de ses lettres, Pascal, Lett. à Mme Périer, 5 nov. 1648. Le saint travail de l'Église pour enfanter de nouveau en Notre-Seigneur ceux qu'elle a perdus dans le schisme du dernier siècle, est l'effort commun de tout le corps mystique de Jésus-Christ, Bossuet, 1re instr. sur les prom. de l'Église, 1. Et Jésus-Christ même se voyait contraint [dans des persécutions], au grand malheur des hommes ingrats, de chercher d'autres voiles et d'autres ténèbres que ces voiles et ces ténèbres mystiques dont il se couvre volontairement dans l'eucharistie, Bossuet, Reine d'Anglet. Il [Tertullien] dit dans le livre du Baptême que, nous autres chrétiens, nous sommes des poissons mystiques, qui ne pouvons naître que dans l'eau, ni conserver notre vie qu'en y demeurant, Bossuet, Sermons, Rechutes, 2. Les fidèles, qui sont les membres du corps mystique de Jésus-Christ, Bourdaloue, 2e dim. après l'Épiphan. Dominic. t. I, p. 64.

    Substantivement. Le mystique, ce qu'il y a de raffiné dans la spiritualité. Corbinelli est tout pétri dans le mystique, il y a plus d'un an ; je suis dans cette confidence : tous les dehors de la place sont tellement pris, qu'il ne peut souffrir d'autres lectures, Sévigné, 11 sept. 1689.

  • 2Qui a un caractère comme mystique. La coutume fait toute l'équité, par cette seule raison qu'elle est reçue ; c'est le fondement mystique de son autorité, Pascal, Pens. III, 8, édit. HAVET.
  • 3Qui raffine sur les matières de dévotion et sur la spiritualité. Auteur mystique. Livre mystique. Je vous dirai que Corbinelli est plus mystique que jamais ; il est au delà de sainte Thérèse, Sévigné, 612.
  • 4 S. m. et f. Un mystique, une mystique, celui, celle qui est livrée au mysticisme. Bien informés que ces dangereuses manières de prier [les états d'oraison], introduites par quelques mystiques de nos jours, se répandaient insensiblement, même dans votre diocèse, Bossuet, Ordonn. sur les états d'oraison. Quand on vient avec nos mystiques à faire un dogme formel de l'indifférence du salut, jusqu'à ne le plus désirer ni demander, Bossuet, États d'orais. IX, 7. C'est ainsi quelquefois qu'un indolent mystique, Au milieu des péchés tranquille fanatique, Du plus parfait amour pense avoir l'heureux don, Et croit posséder Dieu, dans les bras du démon, Boileau, Ép. XI. L'histoire ne nous a rien raconté de nos mystiques, que nous ne retrouvions dans Jamblique, Diderot, Opin. des anc. philos. (éclectisme).
  • 5 S. f. Étude de la spiritualité. Attaché aux saints pères et aux principes de la théologie, dont la mystique est une branche, Bossuet, Rem. Rép. à la relat. sur le quiétisme, VII, 1. La nouvelle mystique, les doctrines des nouveaux mystiques, Bossuet, Instr. sur les étais d'orais. III, 20.

HISTORIQUE

XVIe s. La theologie, mesme la mystique, nous enseigne que, pour bien preparer notre ame à Dieu et à l'impression du Saint Esprit, il faut la vuider, nettoyer…, Charron, Sagesse, II, 2.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

MYSTIQUE. Ajoutez :
6Testament mystique, voy. TESTAMENT, n° 1.
Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « mystique »

Lat. mysticus, de μυστιϰὸς, qui vient de μύστης, initié (voy. MYSTE, MYSTÈRE).

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

(Siècle à préciser) Du latin mysticus (« relatif aux mystères »), emprunté au grec μυστικός, mystikos (« secret »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « mystique »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
mystique mistik

Fréquence d'apparition du mot « mystique » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Citations contenant le mot « mystique »

  • Le tricheur est celui qui corrige le sort, donc le réel : c'est un mystique en son genre.
    Antonin Artaud — Lettre à Steve Passeur, 13 décembre 1931 , Gallimard
  • La mystique est l'antidote de la sensualité engendrée dans l'âme.
    Thérèse Tardif — Désespoir de vieille fille
  • Du rituel à la mystique, la frontière est floue. L'hygiène dentaire est une religion, une religion de salut dont la brosse à dents est le Messie.
    François Cavanna — Coup de sang
  • Le soufisme, la branche mystique et ésotérique de l’Islam
    lecourrierdelatlas — Le soufisme, la branche mystique et ésotérique de l’Islam
  • La noblesse est une propriété mystique de la liqueur séminale.
    Paul Valéry
  • Toute mystique est outrance.
    Milan Kundera — Le livre du rire et de l’oubli
  • Tout parti vit de sa mystique et meurt de sa politique.
    Charles Péguy — Notre jeunesse, Gallimard
  • Le tricheur est celui qui corrige le sort, donc le réel : c'est un mystique en son genre.
    Antonin Artaud — Lettre à Steve Passeur
  • Le langage de l'amour naissant est le langage de la mystique, de la théologie et de la poésie.
    Francesco Alberoni — Le Choc amoureux
  • Laeticia Hallyday a vécu une période de deuil très douloureuse après la mort de Johnny Hallyday en décembre 2017. La veuve du taulier a vécu une période qu'elle qualifie de "mystique" qui a été "pesante" pour ses deux filles Jade et Joy.
    Closermag.fr — Laeticia Hallyday "mystique" : ce rituel "pesant" pour Jade et Joy à Saint-Barth - Closer
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Traductions du mot « mystique »

Langue Traduction
Anglais mystical
Espagnol místico
Italien mistico
Allemand mystisch
Chinois 神秘
Arabe الروحاني
Portugais místico
Russe мистический
Japonais 神秘的な
Basque mistikoan
Corse mistico
Source : Google Translate API

Synonymes de « mystique »

Source : synonymes de mystique sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « mystique »

Combien de points fait le mot mystique au Scrabble ?

Nombre de points du mot mystique au scrabble : 22 points

Mystique

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