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Moitié

Variantes Singulier Pluriel
Féminin moitié moitiés

Définitions de « moitié »

Trésor de la Langue Française informatisé

MOITIÉ, subst. fém.

A. − [Avec une valeur arithmétique ou nombrable]
1. Une des deux parties égales d'un tout. La moitié de 4 est 2. La majorité absolue des suffrages se compose de la moitié des voix, plus une (Ac.).L'Irlande (...) pouvait demander au fermier non plus (...) cinq mille francs de fermage (...), mais seulement la moitié de ce fermage, deux mille cinq cents francs (Jaurès,Ét. soc., 1901, p.240):
1. Le fisc (...) percevant avec peine un milliard sur six, prélèverait fort aisément deux milliards sur vingt-quatre: ce serait un dégrèvement de moitié, une réduction du 6eau 12e. Fourier,Nouv. monde industr., 1830, p.2.
Locutions
À moitié. [Dans les affaires, dans l'agriculture] En partageant les profits, les récoltes et les pertes éventuelles en deux parties égales. Bail, cheptel à moitié; donner, prendre une terre à moitié. Prendre un marché avec quelqu'un à moitié de perte et de gain, à moitié perte et gain (Ac.). Le métayage (...) où le partage à moitié fruits est la règle (Pesquidoux,Livre raison, 1928, p.228).Non, je ne mettrai pas mes fermes à moitié. Ce n'est pas l'usage de ce pays (H. Bazin,Vipère, 1948, p.175).
De moitié. Être, se mettre de moitié (avec qqn). Former (avec quelqu'un) une association où les profits et les pertes éventuelles sont partagés en deux parties égales. Ils sont de moitié dans cette affaire. Si vous voulez jouer, je serai de moitié avec vous dans votre jeu (Ac.).
Par moitié. En deux parties égales. Partager les revenus, les bénéfices par moitié (Ac.).Les conseillers généraux et les conseillers d'arrondissement sont nommés pour six ans; ils sont renouvelés par moitié tous les trois ans et sont indéfiniment rééligibles (Bacquias,Conseil gén. et conseil arrondiss., 1934, p.116).
Pour moitié. Pour, en ce qui concerne chacune des deux parties égales d'un tout. Les dettes de la communauté sont pour moitié à la charge de chacun des époux (Code civil, 1804, art. 1482, p.272).Juridiction disciplinaire (...) composée de membres pour moitié élus par les personnels intéressés et pour moitié nommés à parts égales par les ministres (Réforme hospit., 1959, p.26).
Emploi adv. [Avec un comparatif] Deux fois. Vous avez acheté ce livre moitié trop cher (Ac.1935).Si un couple amoureux se compose de deux femmes, il est parfait; s'il n'en a qu'une seule, il est moitié moins bien; s'il n'en a aucune, il est purement idiot (Louys,Aphrodite, 1896, p.105).
Fam. Moitié-moitié. En deux parties égales. Partager le butin moitié-moitié (Colin 1971).
2. Une des deux parties à peu près égales d'un tout. Mettre la moitié d'eau, moitié d'eau dans son vin. Faire bouillir un liquide jusqu'à ce qu'il soit réduit à la moitié, à moitié (Ac.):
2. Pour (...) mettre en évidence [la dissymétrie latérale du visage], il suffit d'accoler les photos de deux moitiés droites ou de deux moitiés gauches de la face; la fiche dissymétrique ainsi obtenue attire l'attention sur les traits significatifs en doublant l'effet. Mounier,Traité caract., 1946, p.219.
SYNT. Moitié d'un pain, du poids, de la population, de la production, du temps, de la valeur; première, deuxième moitié du XXesiècle; bonne, grande, grosse, petite moitié; augmenter, diminuer, réduire (qqc.) de (la) moitié.
Faire la moitié du chemin*.
Vx. ,,Offrir la moitié de son lit à quelqu'un``, ,,Offrir place dans son lit à quelqu'un. On dit, dans un sens analogue, Prendre la moitié du lit de quelqu'un`` (Ac. 1835, 1878).
Rem. Lorsque le mot est le suj. d'un verbe, celui-ci peut porter la marque du plur. ou non. La moitié des blessés mourront (Malraux, Cond. hum., 1933, p.213). − Je n'ai déjà que trop de clients. − Dont la moitié ne paie pas, et dont l'autre paie très mal (Beauvoir, Mandarins, 1954, p.185).
Locutions
À moitié. À demi. Bouteille à moitié pleine, à moitié vide; à moitié blanc, à moitié noir; fermer les yeux à moitié. Ses yeux luisaient avec malice, sous de lourdes paupières comme des volets à moitié baissés (Jouve,Scène capit., 1935, p.155).V. amphibie ex. 6.
À moitié prix. Pour un prix égal à environ la moitié du prix normal; p. ext., à prix très réduit. Papa a fait une affaire, aujourd'hui (...)! Il a acheté un petit bois à moitié prix. Des gens étaient obligés de vendre vite; une bonne occasion (Villiers de L'I.-A.,Contes cruels, 1883, p.115).
De moitié. [Avec un comparatif] Deux fois moins/plus... (que ce qui est attendu, habituel). Être plus court de moitié. Il a été trop long de moitié dans son discours (Ac.).Un fossé, moins profond de moitié (Romains,Hommes bonne vol., 1938, p.150).
Emploi adv. Moitié..., moitié... À demi..., à demi... Synon. mi- II B.Moitié endormi, moitié éveillé; moitié blanc, moitié noir; moitié de gré, moitié de force. Ces jolies filles moitié abeilles, moitié cigales (...) travaillaient en chantant toute la semaine (Murger,Scènes vie boh., 1851, p.234).Un bar fréquenté par des gens suspects (...) moitié marché noir, moitié mouchards (Vailland,Drôle de jeu, 1945, p.77):
3. ... Liliane se résolut à ne rien dire à sa mère des propos de la princesse, moitié pour ne pas l'affliger, moitié, surtout, parce qu'elle aurait eu grand'peine à prendre sur elle-même de parler de semblables choses. Gobineau,Pléiades, 1874, p.123.
Moitié chair, moitié poisson. Synon. rare de ni chair*, ni poisson.Un de ces faubourgs équivoques de province, moitié chair, moitié poisson, sortes de traits d'union tirés entre la ville et la campagne (Courteline,Train 8 h 47, 1888, 2epart., 3, p.118).
Moitié figue*, moitié raisin. Synon. vieilli de mi-figue* mi-raisin.
Vx. Moitié guerre, moitié marchandise. ,,Vaisseau moitié guerre, moitié marchandise`` , ,,Vaisseau chargé de marchandises, qui est armé et en état de se défendre`` (Ac. 1835, 1878). Proverbial et fig., ,,Moitié guerre, moitié marchandise`` , ,,se dit en parlant D'une conduite, d'un procédé équivoque et douteux. Cet homme a fait sa fortune moitié guerre, moitié marchandise. Il signifie aussi, Moitié de force, moitié de gré. On l'a fait consentir à cet arrangement moitié guerre, moitié marchandise`` (Ac. 1835, 1878).
3. P. anal., vx et littér. ou fam. Compagne, épouse. Adam, (...) dont les tendresses À sa douce moitié prodiguaient les caresses (Delille,Paradis perdu, t.3, 1804, p.103).Le vieux Davy était assis près de sa porte, avec sa vénérable moitié aux cheveux roux, et une demi-douzaine de petits monstres de la même couleur (Nerval,Filles feu, Jemmy, Paris, H. Champion, 1931 [1854], p.231):
4. Bien que la pert' de ma moitié Fut pour mon âme un coup bien rude, Quéqu'temps après j'me suis r'marié, Histoir' d'en pas perdr' l'habitude... Verlaine,Poèmes div., Faut hurler avec les loups, 1896, p.147.
Vx et littér. Affranchi pour jamais de tes liens mortels, Vas-tu jouir enfin de tes droits éternels? Oui, tel est mon espoir, ô moitié de ma vie! (Lamart.,Médit., 1820, p.62):
5. À sa place d'honneur se distingue Nisus; (...) À ses côtés veillait le charmant Euryale. (...) Soudain Nisus s'écrie: «Ô moitié de mon ame! Est-ce un dieu qui m'inspire, est-ce un dieu qui m'enflamme?» Delille,Énéide, t.3, 1804, p.215.
4. P. méton. Milieu. S'arrêter à la moitié du chemin; être parvenu à la moitié de son existence. Le diamètre coupe le cercle par la moitié. Scier une pierre par la moitié (Ac.). Le soleil est à la moitié de sa course (Lautréam.,Chants Maldoror, 1869, p.235).Les souvenirs d'enfance se ravivent quand on a atteint la moitié de la vie (Durry,Nerval, 1956, p.132).
Loc. À moitié (de) + subst. Au milieu de. La muraille (...) avait à moitié de sa hauteur une longue planche où les sacs formaient une suite de petites bosses (Flaub.,Éduc. sent., t.2, 1869, p.145):
6. Milton mourut juste à moitié terme entre deux révolutions, quatorze ans après la restauration de Charles II, et quatorze ans avant l'avènement de Guillaume. Chateaubr.,Litt. angl., t.2, 1836, p.98.
À moitié chemin*. Synon. à mi-chemin.
B. − [En fonction de quantificateur, avec une visée soit vers l'entier, soit vers le zéro]
1. Partie importante d'un tout. Être absent la moitié du temps. Surmonter cette terreur du qu'en dira-t-on, dont se compose la moitié de la morale conventionnelle des gens du monde (Theuriet,Mariage Gérard, 1875, p.138):
7. Taine et Renan condamnent la moitié des écrivains − mais tout particulièrement les classiques − sur leur «arrière-pensée littéraire». Paulhan,Fleurs Tarbes, 1941, p.48.
Locutions
À moitié. Partiellement, en grande partie. Être à moitié endormi, étouffé, étranglé, mort; maison à moitié écroulée. Il était à moitié asphyxié par la fumée, il en avait plein la gorge, le nez, les yeux (Triolet,Prem. accroc, 1945, p.262):
8. Je vais (...) m'embarquer sur l'Union qui ne naviguera pas demain, sans doute, car la Seine est à moitié gelée. Flaub.,Corresp., 1862, p.2.
Faire (un travail, les choses) à moitié. Laisser (un travail) inachevé, (le) bâcler, ne pas s'y consacrer. Tu laisses la besogne à moitié faite! En voilà une lâcheté! Je vais finir, moi! (R.Bazin,Blé, 1907, p.12):
9. Il n'attendait rien (...) de cette banale croisière nocturne, mais Marino ne faisait jamais les choses à moitié. Le Redoutable, sur cette mer rassurante, avançait paré pour une rencontre, son équipage alerté, ses canons approvisionnés. Gracq,Syrtes, 1851, p.61.
De moitié. Pour une grande part, beaucoup. Il semble que le public, par ses sots préjugés, soit de moitié avec le gouvernement pour éteindre dans le coeur des académiciens jusqu'à l'envie de se distinguer (Marat,Pamphlets, Charlatans mod., 1791, p.265).Romaine ma première voisine, de moitié dans mes bonheurs et mes malheurs, comme j'étais dans les siens (Pesquidoux,Livre raison, 1928, p.268).
Pour moitié. Pour une grande part, pour beaucoup. Je vous prie de me mettre par la pensée pour moitié dans tous vos bienfaits; ça me portera bonheur (Sandeau,Mllede La Seiglière, 1848, p.327).Avoir gâché ses dons, contribué pour moitié à la ruine de sa mère, et être là, jeune et bien portant (Montherl.,Célibataires, 1934, p.758).
Emploi adv. À demi. Ils vous laissent sur la place moitié sans connaissance par la strangulation (Dict. compl. arg. Myst. Paris, 1844, p.64).Une variété d'œillets laquelle n'était pas moitié aussi belle, (...) aussi grande quant aux dimensions des fleurs que celles qu'ils avaient obtenues depuis longtemps chez la princesse (Proust,Guermantes 2, 1921, p.437).
Fam. Moitié(-)moitié; moitié, moitié. Entre les deux. Il le veut sérieusement [mourir], mais il pense à ce qu'il laisserait, et alors, il ne sait plus, il fait moitié moitié (Giono,Solit. pitié, 1932, p.138).Le film était bon? − Moitié, moitié (Davau-Cohen1972).
2. P. anal., fam., péj. [En parlant d'une pers.] Moitié de + subst.Personne qui n'a qu'une (petite) partie des qualités attribuées à quelqu'un. Un bâtard, une moitié de Médicis, un butor que le ciel avait fait pour être garçon boucher ou valet de charrue (Musset,Lorenzaccio, 1834, i, 2, p.92):
10. [Private Scott] désapprouvait (...) les fantaisies héroïques de son chef. Non qu'il fût peureux, mais (...) il venait d'épouser une charmante fille et, comme l'enseigne le capitaine Gadsby, (...) un homme marié n'est plus qu'une moitié d'homme. Maurois,Silences Bramble, 1918, p.86.
En partic. ,,Personne de petite taille. Une moitié d'homme`` (Ac. 1935).
Rem. V. mi- rem. 3.
Prononc. et Orth.: [mwatje]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. «L'une des deux parties sensiblement égales d'un tout» a) ca 1100 «d'un tout non dénombrable» (Roland, éd. J. Bédier, 473: Demi Espaigne vus durat il en fiet, L'altre meitet avrat Rollant, sis niés; 1205: En dous meitiez li ad briset le col); b) ca 1165 «d'un tout dénombrable» (Benoît de Ste-Maure, Troie, 8976 ds T.-L.: Toz desconfiz les ont chaciez, Ja n'en eschapast la meitiez); 2. début xiies. «partie d'un tout» (Benedeit, St Brendan, 954, ibid.: A denz tant fort la detirat [la beste] Que en tres meitez la descirat [in tres partes distraxit]); 3. 1165 «l'une des deux parties plus ou moins importantes d'un tout» greignor l'une meitié (Benoît de Ste-Maure, op. cit., 23024, ibid.); ca 1220 valoir mieus la moitié (Jean Renart, Lai de l'Ombre, 738, ibid.); 1erquart xiiies. (Renclus de Molliens, Miserere, 164, 10, ibid.: Mout porroies estre vaillans a le moitié mains de labour); 1690 la moitié du temps (Fur.); id. la plus grande moitié du zodiaque (ibid.); 4.1340-80 «l'une des deux parties rigoureusement égales d'un tout» (Baudouin de Condé, v. infra B 3 a); 1690 (Fur.: le diamettre couppe un cercle par la moitié); 5. a) 1330 moitié de ma vie désigne la Vierge (Chant du Roussigneul, éd. E. Walberg, 2); b) [par allusion au mythe de l'Androgyne du Banquet de Platon; cf. Loys le Roy dit Regius, Le Sympose de Platon, 1558, p.38, d'apr. G. Gougenheim ds Mél. E. Gamillscheg, 1952, p.45: ... les Androgynes, pour leur peché et orgueil avoir esté divisez en deux moitiez: desquelles sommes descenduz. Que par Amour soyons réunis, cherchant chacun sa moitié] 1542 sa moitié (A.Heroet, L'Androgyne de Platon, éd. F. Gohin, p.325, ibid.: Ainsi resent [la partie du tout restée sur terre] de sa moitié la perte Et ne veult rien que l'avoir recouverte); 1552 ma fiere moitié désigne une femme aimée (Ronsard, Amours, Sonnet 17, 7, éd. P. Laumonier, t.4, p.20); 1552 ma moitié désigne un homme aimé (Jodelle, Cléopâtre, IV, d'apr. G.Gougenheim, loc. cit.); 1610 sa plus chère moitié désigne une épouse (Montchrestien, Reine d'Écosse, III, ibid.); 1662 fam. votre moitié id. (Molière, École des femmes, I, 1). B. Loc. 1. a) ca 1170 de la mité loc. adv. (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 3100); 1596 de moitié (E. Pasquier, Recherches de la France, éd. Paris, 1643, VI, 12, p.487: Pompée qui... avoit accreu l'Estat de moitié); b) 1671 estre de moitié avec quelqu'un (Pomey); 2. a) ca 1179 moitié... moitié loc. adv. (Renart, éd. M. Roques, 1125: Il [Grinberz] li otroia ce qu'il vost Puis le baisa et si l'asout Moitié romanz, moitié latin); b) 1283 moitié a moitié (Beaumanois, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 472); 1318 moitiet-moitiet (Charte, Tournaisis, éd. Ch. Doutrepont ds Z. fr. Spr. Lit. t. 22, 1900, p.100); 3. a) 1216 a moitié loc. adv. «en deux moitiés, par le milieu» (Guillaume le Clerc, Fergus, 117, 12 ds T.-L.: ... en travers li a trenchïe La teste et le col a moitié); 1340-80 a moitiet «pour une partie qui est rigoureusement la moitié» (Baudouin de Condé, Dits et contes, 207, 67 ibid.: ... ot ja sa journee Faite a moitiet [li solaus] ... Car venus fu a mïedi); b) 1232 dr. doner [une piece de vigne] a mouteit «de manière à partager les bénéfices par moitié» (Coll. de S. Sauv. A Moselle ds Gdf. Compl.); 1580 fig. (Montaigne, Essais, I, XXVIII, éd. A. Thibaudet et M. Rat, p.192: [en parlant d'un ami] Nous étions à moitié de tout); c) xiiies. a meitez «en partie seulement, imparfaitement» (Sermon poitevin, 6 ds T.-L.: Dex ne pardona pas a meitez); d) av. 1646 à moitié loc. prép. à moitié chemin (ap. F. Maynard, Œuvres, éd. 1646 d'apr. FEW t.6, 1, p.608 a); 1690 id. (Fur.). Du lat. medietas, -atis «milieu, centre» dans la lang. class. qui semble forgé, à partir de medius, par Cicéron (Tim., 23, TLL, s.v., 555, 55) pour traduire le gr. μ ε σ ο ́ τ η ς au sens de «moyen terme, moyenne (math.)»: ut in singulis intervallis particularum animae essent bina media - vix enim audeo dicere ,,medietates``, quas Graeci μ ε σ ο ́ τ η τ α ς appellant; sur le modèle de socius-societas. Le sens de «moitié» apparaît au iies. (Pseud. Quintil. ds TLL, s.v., 557, 55) et se développe au siècle suivant. À rapprocher du sens A 5 a, Horace, Odes, I, III, 8: Et serves animae dimidium meae (il s'agit de Virgile qu'un navire emporte vers la Grèce); cf. Schol. Hor. gloss. carm. 2, 17, 8 ds TLL, 557, 57: tu es medietas meae animae. À rapprocher de tenir, donner... à moitié, dr. (B 3 b), le lat. médiév. laborare (810-813), tenere (1021), dare (ca 1090) ad medietatem (Nierm.). Fréq. abs. littér.: 6606. Fréq. rel. littér.: xixes.: a)11112, b) 11153; xxes.: a)9103, b) 7160. Bbg. Gir. t.2 Nouv. rem. 1834, pp.62-63. _ Gougenheim (G.). La Déchéance d'un terme platonicien: ma moitié. In: [Mél. Gamillscheg (E.)]. Tübingen, 1952, pp.44-50.

Wiktionnaire

Adverbe - français

moitié \mwa.tje\

  1. À demi.
    • Du pain moitié seigle, moitié froment.
    • Il boit toujours moitié eau, moitié vin.
    • Vous avez acheté ce livre moitié trop cher.

Nom commun - français

moitié \mwa.tje\ féminin

  1. L’une des parties d’un tout divisé, partagé également en deux.
    • En général, pour qu'une personne puisse se voir en entier dans un miroir, la hauteur de celui-ci doit égaler au moins la moitié de la hauteur de la personne. — (Douglas C. Giancoli, Physique générale: Ondes, optique et physique moderne, 1993, page 67)
    • La moitié de 4 est 2.
    • La majorité absolue des suffrages se compose de la moitié des voix, plus une.
  2. (Plus courant) Portion, une part qui est à peu près de la moitié.
    • Cette fois, ce fut Damen que les soldats congratulèrent. Il revêtait désormais un prestige nouveau à leurs yeux, en tant que celui dont les réflexes affûtés avaient sauvé la moitié des hommes et la totalité du vin. — (C.S. Pacat, Prince Captif, tome 2 : Le Guerrier, traduit de l'anglais (Australie) par Louise Lafon, éd. Milady/Bragelonne, 2017, chap. 8)
    • Faire bouillir un liquide jusqu’à ce qu’il soit réduit à la moitié, à moitié.
  3. (Familier) Personne de petite taille.
    • Une moitié d’homme.
  4. (Figuré) Femme par rapport à son mari.
    • A partager sa couche
      La belle l'invita
      En quelques coups de hache
      Il la lui débita
      L'époux au bruit du bris
      Survint un peu inquiet
      Il partagea l'mari
      Pour garder sa moitié
      — (Boby Lapointe, Sentimental bourreau)
  5. (Plus rare) (Figuré) — (époux) par rapport à son épouse.
    • L’envie de s’encanailler sexuellement auprès d'un « wesh wesh » de banlieue était passée pour la pulpeuse Marjorie qui s'orientait davantage vers une vie de « Marie-Chantal » à la disposition d'une moitié politicienne. — (Marek Corbel, Il était une fois 1945, Marseille : IS Édition, 2013, règle n°1)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

MOITIÉ. n. f.
L'une des parties d'un tout divisé, partagé également en deux. Les deux moitiés d'un cercle, d'un carré. La moitié de 4 est 2. Il en faut retrancher la moitié. La majorité absolue des suffrages se compose de la moitié des voix, plus une. La moitié de cette succession lui appartient. Il a moitié dans cette succession. Il désigne assez ordinairement, dans une acception moins rigoureuse, une Portion, une part qui est à peu près de la moitié. La moitié d'un pain. Mettre la moitié d'eau, moitié d'eau dans son vin. Faire bouillir un liquide jusqu'à ce qu'il soit réduit à la moitié, à moitié. Augmenter, diminuer une longueur de moitié, de la moitié. La moitié de la vie se passe à souffrir. Passer la moitié du temps à la campagne. La moitié du temps il est sans argent. Il a mangé la moitié de son bien. Il n'a fait encore que la moitié de son ouvrage. Je l'ai trouvé grandi de moitié. Venez auprès de moi, je vous donnerai la moitié de ma place. Une bonne moitié, Un peu plus de la moitié. Partager quelque chose par moitié, Prendre chacun la moitié d'une chose qui était à partager. Partager les revenus, les bénéfices par moitié. Couper, partager une chose par la moitié, La couper, la partager en deux moitiés. Le diamètre coupe le cercle par la moitié. Scier une pierre par la moitié. Partager un différend, le différend par la moitié, se dit en parlant d'un Marché où des deux côtés on a fait des concessions sur ce qui empêchait de conclure.

MOITIÉ signifie, familièrement, Personne de petite taille. Une moitié d'homme.

MOITIÉ se dit figurément d'une Femme par rapport à son mari. Il a perdu sa chère moitié.

MOITIÉ s'emploie aussi adverbialement pour signifier À demi. Du pain moitié seigle, moitié froment. C'est une étoffe moitié soie, moitié laine. Il boit toujours moitié eau, moitié vin. Moitié l'un, moitié l'autre. Moitié de gré, moitié de force. On dit dans le même sens : Vous avez acheté ce livre moitié trop cher. Prov. et fig., Moitié figue, moitié raisin. Voyez FIGUE.

À MOITIÉ, loc. adv. En partie, à demi. Cela est à moitié pourri. Le tonneau est à moitié vide. La bouteille n'est qu'à moitié pleine. Il est à moitié ivre. Ce qu'on vous a dit n'est qu'à moitié vrai. À moitié se dit en parlant de Terres et d'affaires commerciales pour signifier que Le produit doit être partagé par moitié entre le propriétaire et le fermier, ou entre les deux associés. Donner, prendre des terres à moitié. Il laboure cette terre à moitié. Il fait ces vignes à moitié. Donner à moitié fruits. Prendre un marché avec quelqu'un à moitié de perte et de gain, à moitié perte et gain. À moitié chemin, À la moitié du chemin. Il est resté à moitié chemin. À moitié prix, Pour la moitié du prix ordinaire.

DE MOITIÉ, loc. adv. usitée dans certaines phrases, comme Il a été trop long de moitié dans son discours, Il a été beaucoup plus long qu'il ne fallait. Être de moitié, se mettre de moitié avec quelqu'un, Faire avec lui une société dans laquelle la perte et le gain se partagent par moitié. Ils sont de moitié dans cette affaire. Si vous voulez jouer, je serai de moitié avec vous dans votre jeu. Je me mettrai de moitié avec vous. Fig. et fam., En rabattre de moitié ou de la moitié, en parlant d'une Personne, signifie L'estimer bien moins qu'on ne faisait. Je le croyais honnête homme, mais s'il a fait ce que vous dites, j'en rabats de moitié. On dit aussi, pour donner à entendre qu'un récit, un éloge, une plainte sont exagérés : Il faut en rabattre la moitié, il faut en rabattre moitié.

Littré (1872-1877)

MOITIÉ (moi-tié) s. f.
  • 1Une des deux parties égales dans lesquelles un tout est divisé. Les deux moitiés d'un cercle. La moitié de 12 est 6. Dans les assemblées, la moitié des voix plus une fait la majorité absolue. La moitié de cette succession lui appartient. Il a moitié dans tous les meubles. Avant que de ses deux moitiés Le vers que je commence ait atteint la dernière, Chénier, ïambes.

    Couper, partager une chose par la moitié, la couper, la partager en deux parties égales. Le diamètre coupe le cercle par la moitié.

    Partager un différend, le différend par la moitié, se relâcher des deux côtés, dans un marché, dans une contestation, sur ce qui empêche de conclure, de s'entendre. Je lui demandais mon congé et mes gages, il a partagé le différend par moitié ; il m'a donné mon congé et me retient mes gages, Regnard, Attendez-moi sous l'orme, 3.

    Partager quelque chose par la moitié, prendre chacun la moitié d'une chose qui était à partager.

  • 2 Par extension, une part qui est à peu près la moitié. La moitié d'un pain, d'un poulet. Il n'a fait que la moitié de son ouvrage. Venez vous asseoir auprès de moi, je vous donnerai la moitié de ma place. Il fuit et le reproche et les yeux du sénat, Dont plus de la moitié piteusement étale Une indigne curée aux vautours de Pharsale, Corneille, Pompée, I, 1. Quand vous me demanderiez la moitié de mon royaume, je vous la donnerais, Sacy, Bible, Esther, V, 6. Des enfants de Japet toujours une moitié Fournira des armes à l'autre, La Fontaine, Fabl. II, 6. Quand il n'y aurait que votre barbe, c'est déjà beaucoup, et la barbe fait plus de la moitié d'un médecin, Molière, Mal. imag. III, 11. Les femmes, qui font la moitié du monde, Pascal, Prov. II. Vous ne connaissez pas la moitié de ma tendresse pour vous, Maintenon, Lett. à M. d'Aubigné, 12 juillet 1678. Le pain bis renfermé d'une moitié décrut, Boileau, Sat. X. Il n'en fallait pas la moitié tant pour…, Hamilton, Gramm. 6. L'intérêt de l'État fut leur suprême loi [des sultans] ; Et d'un trône si saint la moitié n'est fondée Que sur la foi promise et rarement gardée, Racine, Baj. II, 3. Heureux si j'avais pu ravir à la mémoire Cette indigne moitié d'une si belle histoire, Racine, Phèdre, I, 1. La moitié de la terre à son sceptre est soumise, Racine, Esth. I, 1. La moitié du genre humain périt avant l'âge de huit ans un mois, c'est-à-dire avant que le corps soit développé, et avant que l'âme ne se manifeste par la raison, Buffon, Prob. de la vie, Œuv. t. X, p. 241. Le plus grand usage, ou le plus grand abus que l'homme ait fait de sa force, c'est d'avoir asservi et traité souvent d'une manière tyrannique cette moitié du genre humain, faite pour partager avec lui les plaisirs et les peines de la vie, Buffon, Œuv. t. IV, p. 332. La moitié de Paris riait, et l'autre moitié murmurait ; les convulsionnaires protestaient que ces démêlés finiraient tragiquement, Voltaire, Hist. parl. LXVI. Oui, la moitié du monde a toujours mangé l'autre, Voltaire, Marseillais et Lion.

    La moitié du temps, pendant une bonne partie de son temps. La moitié du temps il est sans argent.

    Offrir la moitié de son lit à quelqu'un, offrir place dans son lit à quelqu'un.

    La moitié suffit, se dit pour mettre fin à des exhortations, représentations, reproches que l'on trouve inutiles ou déplacés.

    On dit, pour donner à entendre qu'un récit, un éloge, une plainte sont exagérés : il en faut rabattre la moitié.

    On dit de même : n'en croire que la moitié. La princesse n'ajouta pas foi à tout ce qu'on lui dit : elle pensa qu'elle ne devait en croire que la moitié, Genlis, Mme de Maintenon, t. II, p. 6, dans POUGENS.

  • 3Moitié de la vie, moitié de moi-même, termes d'affection. Pleurez, pleurez, mes yeux, et fondez-vous en eau : La moitié de ma vie a mis l'autre au tombeau, Corneille, Cid, III, 3. En faveur de Cinna je fais ce que je puis, Et tâche à garantir de ce malheur extrême La plus belle moitié qui reste de lui-même, Corneille, Cinna, IV, 6. Laisser à ces tyrans la moitié de soi-même, Voltaire, Alz. II, 1. Ô moitié de ma vie ! cher époux, Voltaire, Orphel. IV, 5.
  • 4Femme, à l'égard de son mari, dans le style élevé et poétique. Rends-toi digne du nom de ma chaste moitié, Corneille, Hor. IV, 7. Ô d'un illustre époux noble et digne moitié, Corneille, Pomp. III, 5. Ô vous, à ma douleur objet terrible et tendre, Reste du grand Pompée, écoutez sa moitié, Corneille, Mort de Pompée, V, 1. Votre digne moitié, couchée entre des fleurs, Tout près d'ici m'est apparrue, La Fontaine, Fabl. VIII, 14. Laissez à Ménélas racheter d'un tel prix La coupable moitié dont il est trop épris, Racine, Iphig. IV, 4. L'usage a permis qu'en quelques occasions on puisse appeler sa femme sa moitié : " Mânes du grand Pompée, écoutez sa moitié. " Ce mot fait là un effet admirable, Voltaire, Comm. Héraclius, V, 1. Et leurs tristes moitiés, compagnes de leurs pas, Emportent leurs enfants, gémissants dans leurs bras, Voltaire, Henr. VIII.

    Hors de là, il ne se dit, aujourd'hui du moins, que dans le langage familier. Avez-vous pris la peine d'en parler à madame votre chère moitié ? Hauteroche, Crisp. médec. I, 2. …Or c'étaient les moitiés De nos galants, La Fontaine, Rém. Et ce n'est pas peu d'heur que d'être sa moitié [de Tartufe], Molière, Tart. II, 3. Je vous conjure de faire mes compliments à votre chère moitié, Sévigné, à Pompone, 24 nov. 1664. Mandez-moi de vos nouvelles, si vous avez votre aimable moitié…, Sévigné, à Guitaut, 20 avr. 1683. Et je suis convaincu que nombre de maris Voudraient de leurs moitiés se voir loin à ce prix, Regnard, Démocr. I, 1.

  • 5La plus belle moitié du genre humain, les femmes en général. Il est capable de nous rendre ridicules à la plus belle moitié du monde, Guez de Balzac, liv. IV, let. 19.
  • 6Moitié, pris adverbialement pour signifier à demi. Moitié sérieusement, moitié en plaisantant. Moitié par adresse, moitié par force, il se rendit le plus puissant, Bossuet, Hist. III, 5. Moitié vaincue par les raisons, et moitié attendrie de reconnaissance pour toute la peine que je lui voyais prendre, afin de me persuader, Marivaux, Marianne, 8e part. Chaque corps serait composé de moitié Chinois et moitié Tartares, Montesquieu, Esp. X, 15. Je suis un pauvre vieillard, moitié poëte, moitié philosophe, et qui n'est pas à moitié persécuté, quoiqu'il ne dût être qu'un objet de pitié, étant surchargé de quatre-vingt-quatre ans et de quatre-vingt-quatre maladies, Voltaire, Lett. à Mme Dubocage, 2 nov. 1777. Les Français seront toujours moitié tigres et moitié singes ; ils se réjouiront également à la Grève et aux danseurs de corde du boulevard, Voltaire, Lett. Panckoucke, 30 avril 1777. Cette dynastie fondant par les mains d'un vieux et sage roi la monarchie représentative au milieu d'une cour moitié d'ancien régime, moitié de noblesse nouvelle, Villemain, Souvenirs contemporains, les Cent-Jours, ch. 2.

    Moitié guerre, moitié marchandise, voy. MARCHANDISE.

    Moitié figue, moitié raisin, voy. FIGUE.

    Moitié chair, moitié poisson, voy. POISSON.

  • 7À moitié, avec le nom suivant sans article et sans préposition, en partageant par moitié ce dont il s'agit. Louer une terre à moitié fruits.

    À moitié chemin, à la moitié du chemin. Elle était tombée malade dans une petite ville à moitié chemin d'Édimbourg, Staël, Corinne, XVII, 8.

    À moitié prix, pour la moitié du prix ordinaire.

    Dans le langage rural, à moitié, pris absolument, signifie : en partageant par moitié les produits entre le tenancier et le propriétaire. Donner, prendre des terres à moitié. Il laboure cette terre à moitié. Il fait cette vigne à moitié.

    À moitié de, dans le même sens. Une fille est une marchandise qu'on ne saurait garantir, et l'on n'en a pas plutôt fait l'emplette qu'on voudroit en être défait à moitié de perte, Regnard, la Sérén. sc. 1.

    À moitié de perte et de gain, et aussi à moitié perte et gain, en partageant également soit la perte soit le gain. Prendre un marché à moitié de perte et de gain.

    À moitié, en partie, à demi. De l'argent plus d'à moitié dépensé. Un fruit à moitié pourri. [L'enfant] Prit la fronde, et du coup tua plus d'à moitié La volatile malheureuse, La Fontaine, Fabl. IX, 2. Seigneur, le traître est expiré, Par le peuple en fureur à moitié déchiré, Racine, Esth. III, 8. Le crime de tes mains n'est commis qu'à moitié, Voltaire, Fanat. IV, 5.

    On dit plus rarement : plus qu'à moitié. De l'argent plus qu'à moitié dépensé.

  • 8Être de moitié, se mettre de moitié, être, se mettre en société avec quelqu'un, de manière que la perte et le gain se partagent par moitié. Ils sont de moitié dans cette affaire. Mettons-nous de moitié pour cette partie d'écarté.

    Fig. Être de moitié, prendre part ; mettre de moitié, faire partager. Si tu veux, avec toi je serai de moitié, Corneille, le Ment. IV, 6. Ma fille est de moitié de tout ce que je vous dis ici, Sévigné, à Moulceau, 4 fév. 1696. Je trouve ce livre admirable [les Essais de morale de Nicole] ; personne n'a écrit sur ce ton que ces messieurs ; car je mets Pascal de moitié à tout ce qui est de beau, Sévigné, 23 sept, 1671. Vous ne sauriez trop en parler [l'espérance d'un régiment pour le jeune Grignan], ni trop me conter toutes vos pensées, ni tous vos raisonnements pour et contre, ni le dialogue de la crainte et de l'espérance ; je suis de moitié de tout cela, Sévigné, 598. Mon amour-propre était de moitié avec le sien, dans tous les affronts que je supposais qu'elle essuyait, Marivaux, Marianne, IIe part. Pour ton bonheur qu'ils [l'hymen et l'amour] règnent de moitié, Béranger, Coin de l'am.

    Être de moitié, consentir. Villeroy manda au roi qu'il obéirait avec soumission et sans se plaindre, mais qu'il n'attendît pas de lui qu'il en fût jamais de moitié, Saint-Simon, 159, 91.

  • 9De moitié, ou de la moitié, loc. adv. signifiant de beaucoup. Le moindre bruit que l'on peut faire Est le plus sûr de la moitié, La Fontaine, Joc. Sa taille [de Mme de Montespan] qui n'est pas de la moitié si grosse qu'elle était, sans que son teint, ni ses yeux, ni ses lèvres en soient moins bien, Sévigné, 29 juill. 1676. Je suis plus riche de la moitié que je ne voudrais, Fénelon, Pittacus. Les Caraïbes sont de la moitié plus heureux que nous, Rousseau, Ém. I.

    En rabattre de moitié ou de la moitié, se dit pour exprimer qu'on diminue beaucoup l'estime qu'on avait pour une personne.

REMARQUE

Si les mots moitié, tiers, quart, etc. expriment précisément la moitié, le tiers, le quart, ils sont collectifs généraux, et le verbe s'accorde avec le collectif : La moitié des députés a voté pour, et l'autre moitié contre le projet de loi. La moitié des recrues est dirigée sur Paris, et l'autre sur Lyon. Mais, s'il ne s'agit pas d'une quantité précise, le collectif n'a en réalité d'autre valeur que celle de beaucoup, de quantité ; alors il devient collectif partitif, et c'est le nom qui suit le collectif qui est le sujet du verbe : La moitié, le tiers, le quart des fruits de ce fruitier sont gâtés. De la même façon on dira : Une douzaine d'exemplaires de cette grammaire vous coûtera quinze francs, et : Une douzaine de livres étaient épars sur son bureau. Mais cette remarque n'est point une règle absolue ; et Corneille ne l'a pas suivie dans ces vers : Maxime et la moitié s'assurent de la porte, L'autre moitié me suit, et doit l'environner [Auguste], Cinna, II, 3.

HISTORIQUE

XIe s. De la citet l'une meitiet est sue [sienne], Ch. de Rol. CXV.

XIIe s. Li reis Annon fist prendre les messages le rei David, e rere [raser] la meité des barbes, et colper lur vestures très par les nages [fesses], Rois, p. 152.

XIIIe s. Ele voloit partir [partager] en le [la] meson, moitié à moitié, et venir de se [sa] partie à l'ommage de son segneur, Beaumanoir, XIV, 9. Miex [elle] t'en prisera la moitié, la Rose, 2580.

XIVe s. Nennil, ce dit Bertran ; par Dieu le fruit de vie, J'ai d'une femme assez, et trop de la moitié, Guesclin. V. 17898.

XVe s. Tout soit du conquest moitié à moitié, Froissart, II, II, 37. Attendant le soleil levant, Moitié dormant, moitié veillant, Environ l'aube ou peu avant, Chartier, Excusation de maître Alain. De par celli [celle] qui est la moitié de ma vie, Me vint un bon salut, qui m'ame a resbaudie, Ms. d'Avranches (1682, 2943, 170)

XVIe s. N'estoyt medecin qui en sceust à la moitié tant comme il faisoyt, Rabelais, Garg. I, 23. La ville estant augmentée de la moitié, on ajouxta cent nouveaux patriciens sabins aux cent premiers romains, Amyot, Rom. 30. À la fin ilz prirent le hazard de passer à travers le païs des Brutiens, et, moitié de gré, moitié par force, feirent tant qu'ilz gaignerent la ville de Rege, Amyot, Timol. 27. Nous estions à moitié de tout, Montaigne, I, 216. Ancien proverbe, que la moitié passe le tout, Pasquier, Lett. t. I, p. 760.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

MOITIÉ, s. f. (Gram.) Il se dit indistinctement de l’une des deux parties égales dans lesquelles un tout est ou est censé divisé ; il se dit des choses & des personnes. La femme est la moitié de l’homme. Il se prend au simple & au figuré. On peut prendre à la lettre le bien que le public jaloux dit de ceux qui le gouvernent ou qui l’instruisent ; il faut communément rabattre la moitié du mal, que sa méchanceté se plaît à exagérer.

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Étymologie de « moitié »

Bourguig. mitié ; provenç. meitat, mitat ; espagn. mitad ; portug. metade ; ital. metà ; du latin medietatem, de medius (voy. MI).

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Du latin medietas.
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Phonétique du mot « moitié »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
moitié mwatie

Citations contenant le mot « moitié »

  • Ô tristesse ! on passe une moitié de la vie à attendre ceux qu'on aimera et l'autre moitié à quitter ceux qu'on aime.
    Victor Hugo — Tas de pierres, Éditions Milieu du monde
  • La moitié d'un ami, c'est la moitié d'un traître.
    Victor Hugo — La Légende des siècles
  • Le centaure moderne : la moitié d’un homme et la moitié d’une voiture de sport.
    Edith Grobleben
  • La seconde moitié de notre vie n'est employée qu'à porter le deuil de la première moitié.
    Alphonse Karr — Sous les tilleuls
  • Pleurez, pleurez, mes yeux et fondez-vous en eau ! La moitié de ma vie a mis l'autre au tombeau.
    Pierre Corneille — Le Cid, III, 3, Chimène
  • On passe la moitié de sa vie à retenir sans comprendre, et l'autre moitié à comprendre sans retenir.
    Antoine de Rivarol
  • La moitié de ce que nous écrivons est nuisible, l'autre moitié est inutile.
    Henry Becque — Notes d'album
  • La parole est moitié à celui qui parle, moitié à celui qui écoute.
    Michel de Montaigne
  • C'est une première victoire. La moitié des 200 livreurs sans-papiers de Frichti en grève depuis le mois de juin ont obtenu l'accès à une procédure de régularisation, tandis qu'un accord signé avec l'entreprise ouvre aux autres un fonds de solidarité, a-t-on appris mercredi de sources concordantes. 
    LExpress.fr — La moitié des livreurs sans-papiers de Frichti en passe d'être régularisés - L'Express
  • La moitié du monde n'apprécie pas ce qui amuse l'autre moitié.
    Jane Austen — Emma
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Images d'illustration du mot « moitié »

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Traductions du mot « moitié »

Langue Traduction
Anglais half
Espagnol medio
Italien mezzo
Allemand hälfte
Chinois
Arabe نصف
Portugais metade
Russe половина
Japonais ハーフ
Basque erdia
Corse a mità
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Synonymes de « moitié »

Source : synonymes de moitié sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « moitié »

Combien de points fait le mot moitié au Scrabble ?

Nombre de points du mot moitié au scrabble : 7 points

Moitié

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