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Mer

Variantes Singulier Pluriel
Féminin mer mers

Définitions de « mer »

Trésor de la Langue Française informatisé

MER, subst. fém.

I.
A. − Vaste étendue d'eau salée qui occupe la plus grande partie de la surface terrestre. Synon. flots (littér. et poét.), océan.Lorsqu'elle voyait la mer monter, balayer la terre de sa houle (Zola,Joie de vivre,1884, p. 904).La phosphorence [sic] verte de la mer qui venait grésiller à leurs pieds (Nizan,Conspir.,1938, p. 26).La mer est déserte, la mer qui roule des galets, la mer qui n'a pas de limites et qui enrobe les cinq parties du monde (Cendrars,Bourlinguer,1948, p. 167):
1. Au delà commençait la grande mer, frémissante et grise, dont l'extrémité se perdait dans les brumes. Il fallait y regarder attentivement pour comprendre où se terminait la mer, où le ciel commençait, tant la limite était douteuse, tant l'un et l'autre avaient la même pâleur incertaine, la même palpitation orageuse et le même infini. Fromentin,Dominique,1863, p. 164.
SYNT. Mer agitée, creuse, démontée, dure, forte, grosse, houleuse, moutonneuse; mer belle, calme, étale, immobile, plate, sereine, tranquille; mer bleue, verte; bord, fond, rivage de la mer; bruit, grondement, mugissement de la mer; flux et reflux de la mer; avoir la maîtrise, l'empire de la mer; courir terre et mer, traverser la mer.
1. Locutions
a) Loc. adj. ou adv. Par mer. Par la voie maritime, par bateau. Commerce par mer; voyager par mer. Il s'en travaillait [du coton] à présent au delà de trente millions de livres, bien que nous ne pussions en recevoir par mer, et qu'il nous vînt d'aussi loin par terre que de Constantinople (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 450).Les transports par mer ont permis la spécialisation des pays sur le plan international (Lesourd, Gérard,Hist. écon.,t. 1, 1968, p. 274).
Fam. Chercher quelqu'un par mer et par terre. Chercher quelqu'un partout, sans se décourager. (Dict. xixes., Rob.).
b) Loc. adv. En mer. En cours de navigation. Il s'était joint à un groupe de missionnaires qui se rendaient à Madagascar et était mort en mer (Lacretelle,Silbermann,1922, p. 103).[Le capitaine Davis] ne quittait pas la passerelle lorsqu'il pouvait y avoir en mer le moindre danger (Peisson,Parti Liverpool,1932, p.15).
c) Loc. nom.
Grande mer. Synon. vieilli de haute mer (v. haut1I A 3 et supra ex.).
DR. MAR.
Haute mer. Zone maritime qui jouit d'un régime de liberté en ce qui concerne la navigation et la pêche (d'apr. Barr. 1974). Oui, la mer est libre, tout au moins tant qu'il s'agit de la haute mer, jusqu'aux limites parfois imprécises des eaux territoriales (M. Benoist, Pettier,Transp. mar.,1961, p. 13).
Mer territoriale. Zone maritime, située entre la côte et le large, sur laquelle s'exerce l'autorité de l'État riverain. Synon. eaux* territoriales:
2. Jusqu'en 1971, la législation française ne contenait aucune règle générale relative à la largeur de la mer territoriale mais seulement des textes particuliers relatifs à certaines compétences exercées par l'État français sur une frange plus ou moins étendue d'eaux côtières. QUID,1979, p. 1374, col. c.
MAR. Basse* mer; coup* de mer; écumeur* de mer; gens* de mer; homme* de mer; haute* mer; loup* de mer; mer d'huile*; paquet* de mer; pleine* mer.
MINÉR. Écume* de mer. MYTHOL. Serpent* de mer. PÊCHE. Fruits* de mer. ZOOL. Anémone* de mer; chien* de mer; éléphant* de mer; étoile* de mer; lion* de mer; ortie* de mer; veau* de mer.
Rem. On dit aussi éléphant* marin, lion* marin, veau* marin.
d) Loc. verb.
Fam. Être salé comme mer. Être excessivement salé. Cette viande, cette soupe, cette sauce est salée comme mer (Ac.).
Lancer la (une) bouteille* à la mer.
MARINE
Mettre à la mer (vieilli), en mer (vieilli). Quitter le port. Cet amiral, ce capitaine vient de mettre en mer (Ac.1798-1878):
3. Après le coucher du soleil, aucune chaloupe ne pouvait mettre à la mer; les bateaux pêcheurs étaient comptés, et la nuit ils restaient au port sous la responsabilité d'un lieutenant de marine. Chateaubr.,Mém.,t. 2, 1848, p. 658.
Mettre un canot à la mer. Débarquer un canot du bord:
4. Le bateau vint mouiller sous le vent de ces falaises raides, qui faisaient planer sur la mer une accalmie et une fraîcheur de cave; on mit un canot à la mer; Vanessa me fit signe de descendre avec elle seule. Gracq,Syrtes,1951, p. 158.
Prendre la mer
[Le suj. désigne une pers.] S'embarquer. J'ai beaucoup voyagé, disait Eric Vidame, et j'ai souvent pris la mer (Duhamel,Suzanne,1941, p. 300).
[Le suj. désigne un bateau] Quitter le mouillage, commencer à naviguer. À un seul cri de commandement le canot de sauvetage, près du sémaphore, avait largué ses palans. Il prenait la mer, déjà, avec ses six hommes et le patron (Mille,Barnavaux,1908, p. 88).
Tenir la mer. Naviguer au large. Anton. caboter.Ce vaisseau a beaucoup souffert: il n'est plus en état de tenir la mer (Ac.1935).Ce sont [les cuirassés d'escadre] des navires capables de bien tenir la mer (Croneau,Constr. nav. guerre,t. 1, 1892, p.123).
Au fig.
Fam. Avaler* la mer et les/ses poissons.
Labourer le rivage de la mer (vieilli). Entreprendre l'impossible, perdre sa peine. (Dict. xixeet xxes., sauf Ac.).
Porter (de) l'eau à la mer, en la mer. Accomplir une tâche inutile, perdre sa peine. C'est porter l'eau à la mer (Ac.).
2. Expressions
MARINE
Il y a de la mer. La mer est houleuse. L'hydroplanage [action pour un hydravion de glisser sur l'eau] devient délicat lors qu'il y a de la mer (A.-B. Duval, Hébrard, Nav. aér.,1928, p. 183).
Un homme* à la mer!
Au fig.
Fam. C'est, ce n'est pas la mer à boire*.
(C'est) une goutte d'eau* dans la mer.
B. − En partic. [Gén. suivi d'un adj. ou d'un compl.] Étendue d'eau salée, de dimensions relativement limitées, qui est plus ou moins isolée de la masse océanique principale. Mer équatoriale, tropicale; mers antarctiques; mer Baltique, mer Méditerranée, mer Noire; mer d'Irlande, mer du Nord. Dans un silence des mers polaires (Vallès,Réfract.,1865, p. 54).Il n'y a pas de mer plus mal faite que la mer Rouge. On croirait qu'elle est large: ce n'est qu'une apparence et qu'une illusion (Mille,Barnavaux,1908, p. 115):
5. De leur côté les Alpes achèvent sur ce littoral le grand demi-cercle concave qu'elles opposent à la Méditerranée. Cette mer a peu d'ouvertures vers l'intérieur; presque partout elle est bloquée par des montagnes. Vidal de La Bl.,Tabl. géogr. de Fr.,1908, p. 19.
OCÉANOGRAPHIE
Bras* de mer.
Mer bordière. Mer située sur une plate-forme continentale, en bordure d'un océan avec lequel elle communique largement (d'apr. Géomorphol. 1979):
6. Cette communication assez précaire avec le Pacifique (...) justifie qu'on puisse considérer l'océan Arctique comme dépendant uniquement de l'Atlantique, ou, suivant une expression consacrée, comme une mer bordière de l'Atlantique. Rouch,Régions polaires,1927, p. 12.
Mer fermée ou mer intérieure. Mer totalement isolée des océans ou ne communiquant avec eux que par un détroit. La mer Caspienne est une mer intérieure (Ac.1878, 1935):
7. Trois «parties du monde», c'est-à-dire trois mondes fort dissemblables, bordent ce vaste lac salé [la mer Méditerranée]. (...) cette mer fermée, qui est en quelque sorte à l'échelle des moyens primitifs de l'homme, est tout entière située dans la zone des climats tempérés: elle occupe la plus favorable situation du globe. Valéry,Variété III,1936, p. 247.
II.
A. − P. anal.
1.
a) Vaste étendue d'eau non salée. La rivière débordée couvrait la campagne, c'était une mer (Ac.1835-1935):
8. ... le torrent, cette mer souterraine, la terreur des houillères du Nord, une mer avec ses tempêtes et ses naufrages, une mer ignorée, insondable, roulant ses flots noirs, à plus de trois cents mètres du soleil. Zola,Germinal,1885, p. 1528.
b) Vaste étendue (d'un élément non liquide). Synon. océan (de qqc.).Mer de blé, de sable, de toits. La mer moutonnante des frondaisons (Pergaud,De Goupil,1910, p. 171).La mer de boutons d'or et de myosotis des prairies (Peyré,Matterhorn,1939, p. 12):
9. C'est une vaste mer de glace [le glacier de Grindelwald en Suisse] traversée en sillons brisés, et en tous sens, de larges crevasses de couleur bleue, et hérissée d'espace en espace de hautes pyramides. Chênedollé,Journal,1820, p. 104.
Spécialement
ASTRON. ,,Vaste étendue du paysage lunaire ne présentant que des accidents faibles ou isolés`` (Astron. 1973). La terre (...) dont l'océan est beaucoup plus grand que toutes les mers de la lune (Bern. de St-P.,Harm. nat.,1814, p.372):
10. Les principales mers lunaires sont la mer des Pluies et l'océan des Tempêtes dans la partie nord-est (...), enfin des mers moins bien délimitées dans les zones beaucoup plus couvertes de cratères de la moitié sud de la lune... Muller1980.
MÉTÉOR. Mer de nuages. ,,Aspect de la surface supérieure d'une couche de nuages, lorsque celle-ci comporte des ondulations plus ou moins nettement apparentes, des largeurs très diverses, dont l'ensemble suggère les vagues de l'océan`` (Villen. 1974). Les montagnards connaissaient aussi les mers de nuages (Saint-Exup.,Terre hommes,1939, p. 143).
2.
a) Grande quantité (d'un liquide), écoulement abondant. Synon. flots (de qqc.).Une mer de sang (Ac.1878, 1935).
b) P. méton.
Mer d'airain. Grand bassin de bronze qui, dans le Temple de Jérusalem, servait à la purification des prêtres. La purification se faisait, chez les Juifs, dans des vases de métal (...); au temple de Jérusalem, la mer d'airain était un vaste bassin rond (Lenoir,Archit. monast.,1852, p. 101).
Vieilli. Grand vase de terre contenant une certaine quantité de vin, qu'on remplit à mesure qu'on y puise. Il a une mer de vin de Chypre (Ac.1798-1878).
B. − Au fig., littér.
1. Caractère houleux (d'un sentiment, d'une situation); milieu plein d'agitation et de fluctuations. Mer de l'existence, des passions. Le tournoiement des intérêts, des passions, des plaisirs qui font de Paris une mer aussi dangereuse aux chastes amours qu'à la pureté des consciences (Balzac,Lys,1836, p. 183).Le matin arriva, où je devais me lancer sur la mer du monde (Baudel.,Paradis artif.,1860, p. 393).
2. Grande quantité de quelque chose. Libre de nager, de patauger, de s'ébattre en une pleine mer de documents officiels, de débats jurisprudentiels, de rapports administratifs accumulés les uns sur les autres depuis les premiers âges de la Direction, il passait d'exquises journées à galoper de son cabinet aux archives (Courteline,Ronds-de-Cuir,1893, I, 3, p. 42).Une mer de mots. V. immersion A 3 ex. de Fromentin.
III. − Loc. adj. De mer
A. − Qui appartient à la mer ou qui en provient. Synon. marin.On reproche au sable de mer d'être trop fin (Bourde,Trav. publ.,t. 2, 1929, p. 220):
11. Ils ne souffraient pas beaucoup, excepté ceux qui burent de l'eau de mer − car il y avait un peu de biscuit à manger, mais pas d'eau douce à boire − et qui devinrent fous. Mille,Barnavaux,1908, p. 276.
En partic. [En parlant d'un animal] Qui vit dans la mer. Poissons de mer. La tortue de mer va sortir des eaux (Audiberti,Quoat,1946, 2etabl., p. 54).
B. −
1. Qui se trouve au bord de la mer; qui dépend de la mer. Synon. côtier, marin, maritime.Dans les provinces et dans les ports de mer (Marat,Pamphlets,Nouv. dénonc. Necker, 1790, p. 185).Le 17 octobre 1854, vingt-six vaisseaux de ligne français et anglais s'embossaient devant les forts de mer de Sébastopol (Ledieu, Cadiat,Nouv. matér. nav.,t.2, 1899, p.478).
2. En partic.
a) [En parlant d'un animal] Qui vit près de la mer. Aux îles Foeroé, il assista à la recherche des nids d'oiseaux de mer, dans les crevasses à pic (Lautréam.,Chants Maldoror,1869, p. 150).Des embruns lui mouillaient les cheveux, des puces de mer lui sautaient dans les jambes (Queffélec,Recteur,1944, p. 42).V.courlis ex. 1.
b) [En parlant du climat, d'une condition atmosphérique] Qui vient de la mer, qui est marqué par l'influence de la mer. Elle voulait s'imprégner de l'air de mer (Michelet,Journal,1858, p. 429).La rude brise de mer le lavait des odeurs du Quartier Latin (Zola,Joie de vivre,1884, p. 848).Les pins faisaient rideau contre le vent de mer (Montherl.,Célibataires,1934, p. 901).
C. − Qui se fait sur mer, par mer. Synon. maritime.Aventures de mer. Ses longues croisières et ses dures campagnes de mer (Cendrars,Bourlinguer,1948, p. 244).
Fortune de mer. V. fortune B 3 .
Voie de mer. Liaison maritime. En concurrence avec la voie de mer, une voie terrestre (...) fut organisée par les Marseillais (Vidal de La Bl.,Tabl. géogr. de Fr.,1908, p. 22).
D. −
1. Propre à la navigation sur mer, à la marine. Synon. maritime, naval.Ce n'est qu'en 1838 que la construction en fer fut appliquée aux bâtiments de mer (Croneau,Constr. nav. guerre,t. 1, 1892, p. 3).
Biscuit* de mer.
Mal* de mer.
2. En partic. Qui relève de la marine militaire. Synon. naval.Armée de mer. Non moins considérable avait été l'autre faute de M. Hanotaux, celle qui consistait à risquer un choc avec l'Angleterre avant d'avoir vérifié l'état de nos forces de mer (Maurras,Kiel et Tanger,1914, p. 229).
Prononc. et Orth.: [mε:ʀ]. Homon. maire, mère. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1050 «vaste étendue d'eau salée» (Alexis, éd. Chr. Storey, 79); ca 1145 halte mer «partie de la mer éloignée du rivage» (Wace, Conception N.D., 67 d'apr. Keller); 1672 (c'est) ... la mer à boire (Mmede Sévigné, Lettres, éd. M. Monmerqué, III, 85); 1808 ce n'est pas la mer à boire (Hautel t. 2); 2. 1607 basse mer «marée basse» (Oudin, Thresor des deux langues); 1691 pleine mer «marée haute» (Ozanam, p. 361); 1849 mer d'huile (Lamart., Confid., Graziella, p. 153); 3. ca 1155 (entrer) en mer «s'embarquer» (Wace, St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 839); 1671 prendre la mer «faire voile» (Pomey); 1677 mettre à la mer «lancer un navire à l'eau» (ds Jal); 1831 un homme à la mer! sens propre (Will.); 1893 fig. (DG); 4. 1859 dr. mer territoriale (Bonn.-Paris); 5. ca 1135 «partie de mer portant un nom spécial» (Couronnement Louis, 310 ds T.-L.: La Roge Mer); 1691 mer intérieure «mer privée d'écoulement vers l'océan» (Ozanam, p. 359); 1865 mers polaires (Vallès, Réfract., p. 54); 1874 mer équatoriale, tropicale (Lar. 19e); 6. 1740 mer (des humeurs) «tache du disque de la lune» (Trév.). B. 1. 1721 «élément liquide abondamment répandu» (ibid.); 2. 1786 mer des glaces (Besson, Manuel pour les savans et les curieux qui voyagent en Suisse, t. 1, p. 150 ds Quem. DDL t. 21); 1791 mer de glace (Staël, Lettres jeun., p. 461); 3. ca 1460-65 fig. mer de Desplaisance (Ch. d'Orléans, Œuvres, éd. P. Champion, 450). C. 1798 «grand vase de terre empli de vin, qu'on remplit à mesure qu'on y puise» (Ac.). Du lat. mare «mer», au sens propre et fig., et «vaste récipient». Fréq. abs. littér.: 17 782. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 29456, b) 28793; xxes.: a) 22688, b) 21416. Bbg. La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 140. _ Quem. DDL t. 19.

Wiktionnaire

Nom commun - français

mer \mɛʁ\ féminin

  1. (Géographie) Vaste étendue d’eau salée qui baigne les diverses parties de la terre.
    • Le flux et le reflux de la mer.
    • Poisson, bain de mer.
    • Faire un voyage par mer, en mer.
    • Mer : a) Ensemble des eaux salées recouvrant la partie immergée de la planète terre. S’oppose à terre d). On dit aussi océan mondial. Les étendues d’eau fermées, même salées, situées à l’intérieur des terres (mer Caspienne, mer Morte, mer d’Aral) ne sont pas considérées malgré leur nom, comme faisant partie de la mer. Voir aussi HYDROSPHÈRE.
      b) Division géographique non majeure de l’océan mondial, caractérisée par ses limites continentales ou insulaires et éventuellement des particularités hydrologiques.
      — (Mer, Dictionnaire hydrographique (S-32) de l’Organisation hydrographique internationale (OHI), 2010)
  2. (Marine) Son état pour la navigation.
    • Le temps se modère un peu ; la mer toujours affreuse; le navire se comporte toujours très-bien, la mâture ne bouge pas quoique le navire tangue beaucoup. — (« Les Feux flottants », dans le Magasin pittoresque, vol. 36, 1868, p. 118)
    • Dès le 14 au matin, une effroyable tourmente du sud-ouest vint assaillir ces escadres, et, soulevant une mer monstrueuse, leur fit courir les plus grands périls. — (Frédéric Zurcher et Élie-PhilippeMargollé, Les Naufrages célèbres, chapitre 19, Hachette, Paris, 1873, 3e édition, 1877, page 184)
    • Après avoir laissé derrière nous les Orcades, nous entrâmes en plein Atlantique, et la mer s’enfla prodigieusement. — (Jules Leclercq, La Terre de glace, Féroë, Islande, les geysers, le mont Hékla, E. Plon & Cie, Paris, 1883, page 29)
    • Le Firecrest tanguait fortement contre une mer très dure, plongeant son étrave dans les lames. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil ; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • Comment allait se passer notre amerrissage sur une mer aussi démontée ? — (Jean Mermoz, Mes vols, Flammarion, 1937, page 72)
    • Mer : […] c) État d’agitation de la surface de la mer au sens a) sous l’effet des vagues et de la houle. Voir état de la mer. — (Mer, Dictionnaire hydrographique (S-32) de l’Organisation hydrographique internationale (OHI), 2010)
  3. (Par hyperbole) Grande étendue de liquide.
    • La rivière débordée couvrait la campagne, c’était une vraie mer.
    • Une mer de sang : Une grande quantité de sang répandu.
  4. (Par hyperbole) Vaste étendue.
    • Nous trouvons des places au milieu d'une mer de chapeaux dans le brouhaha étouffé des conversations. La mariée arrive avec le retard de circonstance, […]. — (Mark Mills, En attendant Doggo, traduit de l’anglais par Florence Hertz, éditions Belfond, 2016)
    • Ces terrains secs et pierreux, ces sols très légers portaient jadis une mer de vignes de Saint-Michel à Junay sur la rive gauche de l’Armançon, de Maison Rouge à Dannemoine sur la rive droite. — (Loïc Abric, Jean-François Delorme et Hélène Liebert, « En Tonnerrois », dans Le Crémant de Bourgogne: Deux siècles d’effervescence, sous la direction de Jean-François Bazin, Editions Dunod, 2015, page 72)
  5. (Héraldique) Meuble représentant une étendue liquide dans les armoiries. Il s’agit d'une zone colorée couvrant le tiers inférieur du champ (donc mouvant de la pointe) avec une ligne de découpe supérieure ondée rappelant les vagues ainsi que d’ombrages ou lignes également ondées sur la zone colorée. On la dit ombrée quand les vagues sont représentées d’un autre émail.
    • D’azur, aux trois colonnes d’argent à chapiteau corinthien surmontées de trois coquilles du même et mouvant d’une mer de sinople, qui est de la commune de Saint-Aubin-sur-Mer du Calvados → voir illustration « armoiries avec une mer »
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

MER. n. f.
La vaste étendue d'eau salée qui baigne les diverses parties de la terre. Le flux et le reflux de la mer. Le rivage, le bord, l'eau, les sables, le fond de la mer. Les flots, les vagues de la mer. Poisson de mer. Eau de mer. Bains de mer. Mer orageuse. La mer était grosse, agitée, houleuse, moutonneuse, phosphorescente. Mer calme. Mer poissonneuse. Mer semée de bancs et d'écueils. Aller sur mer, en mer. Faire un voyage par mer. Mettre une embarcation à la mer. Jeter des marchandises à la mer. Combattre sur terre et sur mer. Cette nation a eu longtemps l'empire de la mer, la maîtrise de la mer. Il se dit aussi spécialement des Portions de cette vaste étendue d'eau qui baignent telle ou telle région et qui portent chacune un nom spécial. La mer Méditerranée. La mer Baltique. La mer Noire. La mer Rouge. Mer intérieure, Vaste lac d'eau salée qui n'a pas de communication avec les autres mers. La mer Caspienne est une mer intérieure. Vent de mer, Vent qui souffle du large. Oiseaux de mer, Oiseaux qui vivent sur les mers ou sur les côtes de la mer. Mal de mer, Indisposition causée par le mouvement du navire. Pleine mer, ou Haute mer, La partie de la mer qui est éloignée des rivages. Prendre la haute mer. Naviguer en haute mer, en pleine mer. Bras de mer. Voyez BRAS. Port de mer, Ville ou endroit situé sur le bord de la mer et offrant un abri aux navires. Écumeur des mers. Voyez ÉCUMEUR. Homme de mer, Homme dont la profession est de naviguer sur mer. Gens de mer. Coup de mer, Tempête de peu de durée. Il se dit aussi d'une Vague. Durant cette tempête, un coup de mer emporta notre gouvernail. Armée de mer, Ensemble des troupes et des forces navales d'un État. Tenir la mer, Naviguer. Ce vaisseau a beaucoup souffert : il n'est plus en état de tenir la mer. Il est basse mer, la mer est basse, La mer est vers la fin de son reflux. Il est haute mer, la mer est haute, Elle est pleine. La mer est étale. Voyez ÉTALE. Fam., Cette viande, cette soupe, cette sauce est salée comme la mer, Elle est trop salée. Fig. et fam., C'est la mer à boire. Voyez BOIRE. Par exagération, Il avalerait la mer et les poissons. Voyez AVALER. Fig., C'est porter l'eau à la mer. Voyez EAU. Fig., C'est une goutte d'eau dans la mer. Voyez EAU. Un homme à la mer! se dit proprement d'un Homme qui tombe à la mer. Il se dit figurément d'un Homme dont la situation matérielle et morale est perdue.

MER se dit quelquefois, par exagération, d'une Grande étendue d'eau non salée. La rivière débordée couvrait la campagne, c'était une mer. Il se dit quelquefois, par analogie, d'une Vaste étendue de terre couverte de sable. Le désert n'offrait aux yeux qu'une mer de sable. Fig., Une mer de sang, Une grande quantité de sang répandu.

Littré (1872-1877)

MER (mèr) s. f.
  • 1La vaste étendue d'eau salée qui baigne toutes les parties de la terre. Je vais passer la mer, pour voir si l'Afrique, que l'on dit produire toujours quelque chose de rare, a rien qui le soit tant qu'elles [deux dames], Voiture, Lett. 39. On équipe par ses conseils et presque à ses dépens un vaisseau qui doit porter dans la Chine les richesses de l'Évangile ; le ciel, la mer, les vents favorisent d'abord cette entreprise, Fléchier, Aiguillon. Quoi ! pour noyer les Grecs et leurs mille vaisseaux, Mer, tu n'ouvriras pas des abîmes nouveaux ? Racine, Iphig. V, 4. Les vents agitent l'air d'heureux frémissements, Et la mer leur répond par ses mugissements, Racine, ib. V, 6. Au seul son de sa voix [de Dieu], la mer fuit, le ciel tremble, Racine, Esth. I, 3. La mer la plus terrible et la plus orageuse Est plus sûre pour nous que cette cour trompeuse, Racine, ib. III, 1. L'empire de la mer a toujours donné aux peuples qui l'ont possédé une fierté naturelle, parce que, se sentant capables d'insulter partout, ils croient que leur pouvoir n'a plus de bornes que l'Océan, Montesquieu, Esp. XIX, 27. L'étendue de la mer est aussi grande que celle de la terre ; ce n'est point un élément froid et stérile, c'est un nouvel empire aussi riche, aussi peuplé que le premier, Buffon, Quadrup. t. IV, p. 10. Ô mer, terrible mer, quel homme à ton aspect Ne se sent pas saisi de crainte et de respect ! De quelle impression tu frappas mon enfance ! Delille, Hom. des ch. III. Cette superbe mer sur laquelle l'homme jamais ne peut imprimer sa trace, Staël, Corinne, I, 4. Que j'aime à contempler dans cette anse écartée La mer qui vient dormir sur la grève argentée, Sans soupir et sans mouvement ! Lamartine, Harm. I, 10. Terre, assoupissez vos échos ; Étends tes vagues sur les plages, ô mer…, Lamartine, ib. I, 2.

    Chacune des grandes portions de cette masse d'eau. La mer Atlantique, Germanique, Britannique, Pacifique. J'ai visité l'Élide, et, laissant le Ténare, Passé jusqu'à la mer qui vit tomber Icare, Lamartine, Phèd. I, 1. La Méditerranée, cette mer si connue de tout temps par les nations les plus savantes, toujours couverte de leurs vaisseaux, traversée de tous les sens possibles par une infinité de navigateurs, n'avait que huit cent soixante lieues d'occident en orient, au lieu de onze cent soixante qu'on lui donnait, erreur presque incroyable, Fontenelle, Élog. Delisle. On n'avait point encore la véritable étendue ou figure de la mer Caspienne, que l'on doit aux conquêtes et aux découvertes du feu czar, Fontenelle, ib. C'est la mer Méditerranée que l'Écriture appelle d'ordinaire la grande mer, Fleury, Mœurs des Israél. tit. VII, 2e part. p. 70 et 71, dans POUGENS. Hannon, dans la négociation avec les Romains, déclara qu'il ne souffrirait pas seulement qu'ils se lavassent les mains dans les mers de Sicile, Montesquieu, Esp. XXI, 11. On a donné à ce bras de l'Océan le nom de mer Rouge, parce qu'elle a en effet cette couleur dans tous les endroits où il se trouve des madrépores sur son fond, Buffon, Hist. nat. preuv. théor. terr. Œuvr. t. II, p. 128. On sait que la mer Rouge doit son nom à la présence d'innombrables petites algues (trichodesmie d'Ehrenberg) qui, particulièrement accumulées parfois dans certains golfes, donnent aux eaux la coloration du sang, Grimard, Revue des Deux-Mondes, 1er avril 1867, p. 667.

    Particulièrement, les deux mers, l'Océan et la Méditerranée. Avant lui [Louis XIV], la France, presque sans vaisseaux, tenait en vain aux deux mers, Bossuet, Mar.-Thér. J'entends déjà frémir ces deux mers étonnées De voir leurs flots unis au pied des Pyrénées, Boileau, Ép. I.

    Mer démontée, voy. DÉMONTÉ.

    Haute mer, tout parage de la mer qui est hors de la vue de toute terre et qu'on nomme aussi le large, Romme, dans JAL.

    Pleine mer, synonyme de haute mer.

    Fig. Il vogue en pleine mer, se dit d'un homme dont la fortune est bien établie.

    Fig. Il est en pleine mer, se dit de celui qui avance dans un long travail.

    Mer intérieure, locution employée parfois pour Méditerranée.

    On donne aussi le nom de mer intérieure à de grandes masses d'eau salée qui n'ont aucune communication avec les autres mers. La mer Caspienne est une mer intérieure.

    Bras de mer, partie de la mer qui passe entre deux terres assez proches l'une de l'autre.

    Port de mer, ville ou endroit situé sur le bord de la mer et ayant un port.

    Sur mer, se dit, dans une signification particulière, pour indiquer qu'une localité est sur le rivage de la mer. Boulogne-sur-mer.

    Écumeur de mer, pirate, corsaire.

    Homme de mer, homme dont la profession est de naviguer sur mer ; au plur. les gens de mer. Les gens de mer [chez les Romains] étaient ordinairement des affranchis, Montesquieu, Esp. XXI, 12. On s'attendait encore moins qu'un prince qui était saisi d'un effroi machinal qui allait jusqu'à la sueur froide et à des convulsions quand il fallait passer un ruisseau, deviendrait un jour le meilleur homme de mer dans le Septentrion, Voltaire, Russ. I, 6.

    Armée de mer, flotte composée de vaisseaux armés en guerre.

    Mettre un vaisseau en mer, lui faire quitter le port. On n'a point eu d'ordre de mettre la flotte en mer, Sévigné, 572.

    Absolument, mettre en mer, mettre à la mer, quitter le port. On ne doute pas qu'une perte si considérable n'excite de grandes clameurs contre le prince d'Orange, qui avait toujours assuré les alliés que nous ne mettrions cette année à la mer que pour nous enfuir et nous empêcher d'être brûlés, Racine, à Bonrepaux, Lett. 41.

    Se mettre en mer, s'embarquer. Elle se met en mer au mois de février, malgré l'hiver et les tempêtes, Bossuet, Reine d'Anglet.

    Prendre la mer, commencer une navigation.

    Par mer, c'est-à-dire sur la mer. Louis est le rempart de la religion ; c'est à la religion qu'il fait servir ses armes redoutées par mer et par terre, Bossuet, Mar.-Thér.

    Fig. et familièrement. Chercher quelqu'un par terre et par mer, le chercher en divers endroits.

    Tenir la mer, naviguer, courir en haute mer, loin des ports et des rades.

    La mer est basse en cet endroit, il n'y a pas beaucoup d'eau.

    Familièrement. Cette viande, cette sauce, cette soupe est salée comme mer, elle est trop salée.

    C'est la mer à boire, se dit pour exprimer qu'une chose est pleine de longueurs et de difficultés, ou qu'elle ne finit pas. Si j'apprenais l'hébreu, les sciences, l'histoire, Tout cela c'est la mer à boire ; Mais rien à l'homme ne suffit, La Fontaine, Fabl. VIII, 25. J'ai passé à la poste, mon petit homme m'a renouvelé ses excuses ; mais je n'en suis pas mieux ; ma lettre [la lettre que j'attends] est entre les mains de ces maudits facteurs, c'est-à-dire la mer à boire, Sévigné, 23 mai 1672.

    En un sens contraire, ce n'est pas la mer à boire, se dit d'une chose qui ne présente pas de grandes difficultés.

    Par exagération, c'est un homme qui avalerait la mer et les poissons, se dit d'un homme qui a une grande soif ou un appétit désordonné ; et fig. d'un homme très cupide.

    Fig. Porter de l'eau en la mer, porter quelque chose en un lieu où il y en a grande abondance.

    Fig. C'est une goutte d'eau dans la mer, c'est-à-dire ce que vous apportez ne paraîtra rien ; le secours que vous donnez est un rien à côté de ce qu'il faudrait, etc.

    Fig. Labourer le rivage de la mer, prendre une peine inutile.

    Rois de la mer, titre des chefs des anciens pirates du Nord.

  • 2 Terme de marine. La mer, la marée. Pleine mer. La mer est pleine.

    La mer monte, la mer descend, se dit du flux et du reflux.

    Il est basse mer, la mer est vers la fin de son reflux.

    Grandes mers, par opposition à mortes eaux, les marées de syzygie, qui sont plus fortes que les autres.

  • 3Coup de mer, tempête de peu de durée.

    Il se dit aussi d'une vague. Durant cette tempête, un coup de mer emporta notre gouvernail.

  • 4 Au plur. Les mers, l'ensemble des eaux de la mer considérées d'une manière vague. Ô voyage bien différent de celui qu'elle avait fait sur la même mer, lorsque, venant prendre possession du sceptre de la Grande-Bretagne, elle voyait, pour ainsi dire, les ondes se courber sous elle, et soumettre toutes leurs vagues à la dominatrice des mers ! Bossuet, Reine d'Anglet. Ainsi tel… S'en va, mal à propos, d'une voix insolente, Chanter du peuple hébreu la fuite triomphante, Et, poursuivant Moïse au travers des déserts, Court avec Pharaon se noyer dans les mers, Boileau, Art p. I. Souveraine des mers qui vous doivent porter, Racine, Mithr. I, 3. Errant dans toute l'étendue des mers, Fénelon, Tél. I. Mais déjà l'ombre plus épaisse Tombe et brunit les vastes mers, Lamartine, Médit. Baïa.
  • 5 Par exagération, grande étendue d'eau non salée. La rivière débordée couvrait la campagne, c'était une mer.
  • 6Mer de sable, vaste étendue de terre couverte de sable. Que dirons-nous de ces mers de sable qui traversent le milieu de l'Afrique ? Voltaire, Jenni, 9.
  • 7 Fig. Mer se dit d'une grande quantité. C'est dans des mers de sang qu'on a noyé [en Angleterre] l'idole du pouvoir despotique ; mais les Anglais ne croient point avoir acheté trop cher leurs lois, Voltaire, Dict. phil. Parlement d'Anglet. Que dis-je ? quelquefois sur une armée entière L'affreux orage roule une mer de poussière, Delille, Trois règnes, II.
  • 8 Fig. Mer se dit quelquefois pour signifier la vie, les affaires humaines. Ma très chère bonne, je crois que votre enfant a besoin de ce qu'il vous demande ; la difficulté c'est de lui pouvoir donner ; votre état est une mer où je m'abîme, Sévigné, 12 juill. 1690. Pour moi, sur cette mer qu'ici-bas nous courons, Je songe à me pourvoir d'esquif et d'avirons, Boileau, Ép. V. Et de mille bienfaits sa lumière suivie Nous prête son fanal sur la mer de la vie, Delille, Trois règnes, IV.

    Il se dit aussi pour exprimer certains abîmes moraux. Quand je regarde quelquefois en moi-même cette mer si vaste et si agitée, si j'ose parler de la sorte, des raisons et opinions humaines, Bossuet, 2e serm. Quinquagésime, 1. Son âme tout entière est plongée dans une mer de tribulation et d'amertume, Massillon, Carême, Passion. Et découvrait au loin les célestes puissances Errantes sur les flots d'une mer de souffrances, Bernis, Relig. veng. I. Perdu dans la mer immense de mes malheurs, je ne puis oublier les détails de mon premier naufrage, Rousseau, Confess. X. Au lieu du repos dont j'avais besoin pour la raffermir [ma tête], je me trouve ici submergé dans des mers d'indignités et d'iniquités, au moment même où…, Rousseau, Lett. à du Peyrou, 27 sept. 1767.

    Il se dit encore de l'immensité de l'érudition, du savoir. Pline servira bien à mon dessein ; les écrits de ce personnage sont une grande mer dans laquelle il fait bon pêcher, Patin, Lett. t. II, p. 554. Après cela, docteur, va pâlir sur la Bible, Va marquer les écueils de cette mer terrible, Boileau, Sat. VIII. La préface du Codex juris gentium diplomaticus est un morceau de génie, l'ouvrage est une mer d'érudition ; il parut en 1693, Diderot, Opin. des anc. phil. (leibnitzianisme).

  • 9 Terme d'antiquité. Mer d'airain, énorme cuve dont les prêtres juifs se servaient dans leurs purifications. Il fit [Achaz] aussi ôter la mer de dessus les bœufs d'airain qui la portaient, et il la mit sur le pavé du temple qui était de pierre, Sacy, Bible, Rois, IV, XVI, 17. Il [Hiram] fit aussi une mer de fonte, de dix coudées d'un bord jusqu'à l'autre, qui était toute ronde, Sacy, ib. III, VII, 23. L'immense bassin que Salomon fit couler en métal pour le temple de Jérusalem, et que l'on a désigné sous le nom de mer d'airain, avait 10 coudées de diamètre et 5 de profondeur… c'était, au dire de l'historien Josèphe, une demi-sphère creuse, Saigey, Métrologie, p. 20, édit. 1834.
  • 10Jarre ou autre vase de terre dans lequel est une certaine quantité de vin, qu'on remplace, qu'on renouvelle à mesure qu'on y puise. Il a une mer de vin de Chypre.
  • 11Mer agitée, sorte de décoration de théâtre qui représente une mer agitée. La mer agitée est composée de longues lanternes angulaires de toile ou de carton bleu, qu'on enfile à dos broches parallèles, et qu'on fait tourner par des polissons, Rousseau, Hél. II, 23.
  • 12 Mer de lait, dite par les Hollandais mer d'hiver, mer représentant l'aspect de campagnes couvertes de neige ; ce phénomène paraît dû à la présence d'animalcules si petits que l'œil, ne pouvant en séparer la clarté individuelle, subit une impression analogue à celle de la lumière stellaire de la voie lactée, Trébuchet, Comptes rendus, Acad. des sc. t. LI, p. 1010.
  • 13Mer de glace, nom d'un grand glacier dans la région du Mont-Blanc.
  • 14S'est dit de différentes taches du disque de la lune, où l'on a cru voir des mers glacées.
  • 15Ecume de mer, voy. ÉCUME, n° 4.

REMARQUE

Le mot mer, au singulier, se prend dans deux sens : 1° l'amas des eaux qui environne la terre ; 2° dans une acception plus restreinte, une certaine étendue d'eau salée contiguë aux côtes et portant un nom particulier comme la mer d'Irlande, la mer du Nord, etc. Dans cette signification mer a un pluriel : les deux mers ; les mers qui baignent la Sicile etc. ; mais M. Jullien remarque que les mers a aussi un emploi où il n'est le pluriel de mer ni dans l'un ni dans l'autre sens : " Ce pluriel, dit-il, ne représente pas du tout une réunion de choses semblables dont chacune soit une mer. Une particularité analogue se remarque dans airs, cieux, eaux. Il n'est pas difficile de voir que, pour ces mots, la pluralité s'offre toujours comme indistincte et indivise ; il en résulte dans la signification de ce nombre une sorte de confusion et d'obscurité favorable à la poésie et à la haute éloquence, qui fait que ces expressions les cieux, les eaux, les mers, etc. sont plus poétiques que le singulier, quoiqu'elles signifient exactement la même chose. "

HISTORIQUE

XIe s. E ço lur dist, cum s'en fuït par mer, E cum il fut en Alsis la citet, St-Alexis, LXXVII. Tres qu'en la mer [il] conquist la tere altaigne, Ch. de Rol. I.

XIIe s. En mer se mettent, n'i ont plus demoré, Roncis. 118. Qui tint Amiens et Bologne sor mer, ib. 180. Sire [il] fu de Illande, une terre où mers clot, Sax. XVII. Aussi com en là mer est puissanz la balaine, ib. XX. Or le [mon cœur] doinst Diex à droit port arriver, Car il s'est mis en mer sans aviron, Couci, X.

XIIIe s. Il n'[y] a si bele fame deça ne delà mer, Berte, III. La mer a esté grosse, et la tempeste chaça nos vaissiaus sur terre, et furent brisié, H. de Valenciennes, XXXII. À tant est Flore en haute mer, Fl. et Bl. 1386.

XVe s. Là monterent-ils en mer, Froissart, I, I, 51. La mer homme n'attent, Leroux de Lincy, Prov. t I, p. 78.

XVIe s. Que diray plus ? certes un tel aimer, C'est Dedalus volettant sur la mer, Marot, I, 193. La mer de Medoc est nommée mer sauvage, par ce qu'il y a très souvent des orages violens, Vie du duc d'Épernon, p. 221, dans LACURNE. Goutte à goutte la mer s'esgoutte, Cotgrave Les rivieres retournent en la mer, Cotgrave Qui veut apprendre à prier aille souvent sur la mer, Cotgrave

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

MER. Ajoutez :
16 Terme d'antiquité. Mer Érechthéide, nom donné à un chasma (voy. ce mot au Supplément), qui se trouvait dans l'acropole d'Athènes, Rev. crit. 31 mars 1877, p. 203. (Érechthéide est dérivé d'Érechthée, Ἐρεχθεὺς, un des surnoms de Neptune, et aussi nom d'un des héros primitifs de l'Attique.)
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Étymologie de « mer »

Bourguig. mar ; provenç. et espagn. mar ; ital. mare ; du lat. mare ; comparez le celtique mair, mor ; le slave more ; l'allem. Meer ; goth. marei. Corssen et Curtius rapprochent mare du sanscrit maru, le désert, c'est-à-dire l'élément mort, stérile, ἀτρύγετος πόντος.

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(1050) Du latin mare (« mer »)[1].
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « mer »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
mer mɛr

Fréquence d'apparition du mot « mer » dans le journal Le Monde

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Évolution historique de l’usage du mot « mer »

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Citations contenant le mot « mer »

  • La mer est aussi profonde dans le calme que dans la tempête.
    John Donne — Sermons
  • Ce toit tranquille, où marchent des colombes, Entre les pins palpite, entre les tombes […].
    Paul Valéry — Charmes, le Cimetière marin Gallimard
  • […] Il est des portes sur la mer que l'on ouvre avec des mots.
    Rafael Alberti — Sobre los ángeles, El ángel de las bodegas
  • Les êtres ont la mobilité et l'éphémère durée des vagues ; seules, les choses qui leur ont servi de témoins sont comme la mer et demeurent immuables.
    Édouard Estaunié — Les Choses voient, Grasset
  • Mettre un frein à la femme, c'est mettre une limite à la mer.
    Félix Lope Vega — La Dama boba
  • La mer est un espace de rigueur et de liberté.
    Victor Hugo
  • La liberté des mers, avec leur solitude, Qui parleront toujours au sel de notre sang
    Louis Brauquier — Eau douce pour navires, Gallimard
  • Ô mers, ô volières de ma Mémoire !
    Jules Laforgue — Les Complaintes, Complainte du pauvre chevalier-errant
  • Notre vie est semblable à la mer vagabonde, Où le flot suit le flot, et l'onde pousse l'onde, Surgissant à la fin au havre de la mort.
    Jean-Baptiste Chassignet — Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
  • Mais l'homme indifférent au rêve des aïeux Écoute sans frémir au fond des nuits sereines La mer qui se lamente en pleurant les sirènes.
    José Maria de Heredia — Les Trophées, Antoine et Cléopâtre , Lemerre
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Traductions du mot « mer »

Langue Traduction
Anglais sea
Espagnol mar
Italien mare
Allemand meer
Chinois
Arabe البحر
Portugais mar
Russe море
Japonais
Basque itsasoa
Corse mare
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Synonymes de « mer »

Source : synonymes de mer sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « mer »

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Nombre de points du mot mer au scrabble : 5 points

Mer

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