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Manche

Variantes Singulier Pluriel
Féminin manche manches

Définitions de « manche »

Trésor de la Langue Française informatisé

MANCHE1, subst. masc.

A. − Partie d'un outil, d'un instrument, généralement de forme allongée et plus ou moins droite, par laquelle on le tient lorsqu'on l'utilise. Manche d'un couteau, d'une raquette, d'un battoir (Ac.). Il enfonça le poignard jusqu'au manche dans la gorge de Fanny, qui mourut sur le coup (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 301).À force de travailler il a la peau aussi dure et aussi tannée que le manche de ses outils (Péguy, Porche Myst., 1911, p. 180).La lame est montée sur un manche de châtaignier (Pesquidou., Chez nous, 1923, p. 76):
1. J'eusse voulu des variations précises: le bruit de la machine qui patine en côte (...) le coup de marteau, de ce marteau à long manche dont on ausculte les boggies... Schaeffer, Rech. mus. concr., 1952, p. 19.
SYNT. Poêle, casserole à long manche; manche d'ivoire, de nacre, de bois; manche à balai; manche de fouet, de hachette, de cachet, de parapluie, de pinceau; manche pliant, démontable.
Au fig., pop. Manche à balai. Personne grande et maigre. À Saint-Marcel-la-Pitié, un grand manche à balai, sexagénaire fébrile (...) se jeta presque sous le capot de l'autobus (Arnoux, Double chance,1958, p. 209).
1. Spécialement
a) AGRIC. Manche de charrue. Synon. de mancheron.Le laboureur, en haletant sur le manche de sa charrue, les priait de fortifier ses bras (Flaub.,Tentation, 1874, p. 161).
b) MUS. Partie allongée sur laquelle sont tendues les cordes et par laquelle on tient les instruments à archet et à corde pincée. Manche de contre-basse. Léandre, ne lâchant pas le manche de la guitare, se mit à tirer de ça, de là, avec brusques saccades, le pauvre Matamore (Gautier, Fracasse, 1863, p. 121).En examinant un violon on y remarque: (...) le manche, fixé par son talon dans le haut de la caisse, et dont l'extrémité forme la tête, ornée d'une volute et contenant les chevilles (Grillet, Ancêtres viol.,t. 2,1901, p. 4).
c) ART CULIN. . Os dépassant d'une pièce de viande (gigot, côtelette) par lequel on peut la saisir. Ranger les navets autour, mettez une papillote au manche du gigot (Gdes heures cuis. fr.,J. Gouffré,1877, p. 184).
Manche à gigot, à côtelette. Pince emmanchée réglable, servant à maintenir un gigot (des côtelettes) lorsqu'on le (les) découpe. Coutellerie acier inoxydable. Manche à gigot (Catal. jouets [Louvre],1936).
d) ZOOL. Manche de couteau. Coquillage bivalve ayant l'aspect d'un manche (Littré).
e) AÉRON. Manche (à balai). Le levier qui commande la montée, la descente et l'équilibre latéral d'un avion. Le débattement angulaire du manche à balai pour la profondeur doit être légèrement multiplié par rapport à celui du gouvernail, (...) pour un avion acrobatique (Guillemin, Constr. calcul et essais avions,1929, p. 152):
2. L'avion revint, prit son terrain un peu court; le pilote tira sur le manche; l'appareil bondit comme une pierre ricoche, et retomba de tout son poids, brisé. Malraux, Espoir, 1937, P. 494.
f) IMPR. Manche de pointe. ,,Petit morceau de bois où se trouve placée une pointe à corriger`` (Carabelli, [Lang. impr.], s.d.).
g) SPORT. Manche d'aviron. Partie de l'aviron qui prolonge la pelle (d'apr. Will. 1831; dict. xixes.).
2. Locutions
Branler* dans le manche, au manche.
Jeter le manche après la cognée.*
Être du côté du manche (fam.). Être du côté de ceux qui détiennent un pouvoir, du côté du plus fort et en retirer un avantage. Ah! C'est bien regrettable, que la noblesse ne s'occupe pas davantage de mieux se connaître et de faire front commun. C'est pourtant quelque chose, sapristi, d'avoir été pendant quatre cents ans du côté du manche! (Montherl.,Bestiaires,1926, p. 890):
3. Il [le pape] n'a pas voulu se mettre contre les empires centraux, parce que, au début, il a cru que ces empires centraux allaient à une victoire sûre, et il est toujours bon, même pour un pape, de se trouver du côté du manche. Le Dantec, Savoir!1920, p. 56.
S'endormir sur le manche (pop.). Ne pas travailler beaucoup, ne rien faire, s'arrêter dans son effort. (Dict. xxes.).
Tomber sur un manche (pop.). Tomber sur un obstacle, une difficulté imprévue. Synon. tomber sur un os*.Tu pourrais pas gagner ta vie dans l'état où tu te trouves!... C'est pas à ton âge voyons qu'on se détruit comme ça la santé, parce qu'on est tombé sur un manche!... (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 690).
B. − Arg. et pop.
1. Membre viril. (Ds Sandry-Carr. 1963, Car. Argot 1977). Avoir le manche. Être en érection (Ds Sandry-Carr. 1963, Car. Argot 1977).
2. Imbécile, maladroit. Être manche. Le plus fort, c'est que Mathieu l'engueulait, après ça, lui disait: «C'est complètement idiot, vous raisonnez comme un manche» (Sartre, Âge de raison, 1945, p. 143).Avec le marché noir, je me suis démerdé comme un manche (Queneau, Zazie, 1959, p. 50).
3. Vx. Patron, contremaîre. Sentant son patron s'amener, L'arpett' crie, en cessant d'flâner: «V'là l'manche!» (France, 1907).
REM.
Manche-à-balle(s),(Manche-à-balle, Manche-à-balles) subst. masc.,région. (arg. étudiants de Belgique). Étudiant qui se signale par son zèle à travailler. Synon. arg. fayot (d'apr. Baet. 1971, p. 386).
Prononc. et Orth.: [mɑ ̃:ʃ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1180 «partie d'un outil ou d'un instrument par laquelle on peut le tenir» (Marie de France, Fables, 49, 10 ds T.-L.); p. ext. a) 1611 terme de mus. (Cotgr.); b) 1690 «os par lequel on peut saisir un morceau de viande» (Fur.); c) 1916, 8 mai aéronaut. (Journal ds Esn. Poilu); 2. p. plaisant. 1842 manche à balai «personne maigre» (Reybaud, J. Paturot, p. 156); 3. pop. 1914, août tomber sur un manche «rencontrer un gros obstacle» (d'apr. Esn. Poilu). Du lat. tardif manicus, att. seulement dans une glose au sens de «manche, poignée» (FEW t. 6, p. 218).
DÉR.
Mancheron, subst. masc.,agric., gén. au plur., vieilli. L'une des pièces de bois ou de fer munies de poignées et placées à l'arrière d'une charrue ou d'une machine agricole, qui servent à la diriger. Synon. manche1.Tenir les mancherons. Ils ne peuvent pas se défaire du balancement pris aux mancherons de la charrue (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 260).La conduite des semoirs peut être faite de trois façons différentes: soit par une chaîne de traction et mancherons à l'arrière (Ballu, Mach. agric.,1933, p. 22).Je baissai la tête en avant pour appuyer de tout mon poids sur les deux mancherons de chêne, et l'énorme attelage s'ébranla (Bosco, Mas Théot., 1945, p. 298). [mɑ ̃ ʃ ʀ ɔ ̃]. 1reattest. xives. [ms.] (Jean de Meung, Rose, ms. Corsini, fo130c ds Gdf.); de manche1, suff. -eron (v. -on). On rencontre la forme manchereau (1275, Rose, éd. F. Lecoy, 19680).

MANCHE2, subst. fém.

I.
A.− Partie du vêtement, de forme et de dimension variable, dans laquelle on passe le bras et qui le recouvre en totalité ou en partie. La manche d'une robe, d'une soutane, d'un habit, d'une chemise; coudre, monter les manches d'un habit; manche droite; retrousser, déboutonner ses manches; prendre, retenir qqn par la manche; relever ses manches; tirer, sortir qqc. de sa manche. Gilet à manches, sans manches (Ac.1835-1935).Un officier mutilé, la manche vide et relevée dans la boutonnière (Sand, Hist. vie,t. 2, 1855, p. 467).On le tire par la manche : « Debout! On déménage » (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 232):
1. ... je m'étais toujours figuré être équipé sur pied de guerre (...) et un bon couteau à cran dans ma manche, le jour où je me risquerais de tenter cette folle aventure! Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 228.
MODE et INDUSTR. VESTIMENTAIRE
Manche courte. Manche qui s'arrête au dessus du coude. Sa robe de mousseline peinte, à manches courtes, lui permettait de montrer plusieurs bracelets étagés sur ses beaux bras blancs (Balzac, Illus. perdues,1837, p. 85).
Manche longue. Manche qui s'arrête au poignet. Les trois demoiselles Barrel, même au gros de l'été, portaient des robes montantes et des manches longues (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 84).
Manche d'ange. Manche qui descend jusqu'au coude. (Ds Littré, DG).
Manche plate. Manche qui n'est ni plissée ni bouffante. Son costume consistait en une robe de chambre, à manches plates, qui ne disait rien du sexe de l'individu qui le portait (Soulié, Mém. diable,t. 1, 1837, p. 13).
Manche crevée, à crevés. Manche présentant des fentes horizontales en plusieurs endroits par lesquelles passe la doublure. Un col d'homme rabattu (...) s'étalait sur une robe de velours vert à manches crevées (Gautier, Fracasse,1863, p. 25).Je pense également au portrait du marchand juif (dans ce portrait, la manche grise à crevés noirs est la plus belle manche que je connaisse en peinture...) (Green, Journal,1936, p. 74).
Manche pagode. Manche évasée à partir du coude jusqu'à la hauteur du poignet. Les manches pagodes auront une grande vogue; avec des bouillons en tulle ou en mousseline brodée dessous, cette mode a de l'élégance (Journal des femmes,mars 1950, p. 92).
Manche ballon. Manche bouffante à l'épaule. Mais Mademoiselle Burguy (...) avait fait tout bonnement des petites manches ballon, sur lesquelles elle avait cousu un nœud tout fait (Gyp, Souv. pte fille,1928, p. 314).
Manche à gigot*, manche gigot*.
Manche à l'imbécile, à la folle. Manche très ample dans laquelle on mettait du plomb près du coude pour la faire prendre. (Ds Cost. 1899, Littré, DG).
Fausse manche. Manche amovible que l'on met par dessus une autre manche. Synon. manchon, manchette.Il avait reçu de l'instruction et passait ses jours sur cette même chaise, en fausses manches noires, grattant son papier (Loti, Pêch. Isl.,1886, p. 165).
Manche raglan*.
[Manche + subst. désignant un type de vêtement]Manche caractéristique du type de vêtement désigné. Manche chemisier, kimono, tailleur.
Tour de manche (vieilli). Garniture de dentelles, de fourrure qu'on adapte à l'extrémité de la manche. (Dict. xixes.).
Boutons de manche (vx). Synon. boutons* de manchette.On m'a reconnu à mes boutons de manche pour un étranger riche (Taine, Notes Paris,1867, p. 43).
Loc., souvent au fig.
(Être) en manches de chemise*.
Avoir/mettre/tenir qqn dans sa manche. Avoir (obtenir) la protection ou l'accord de quelqu'un ayant d'importants pouvoirs pour entreprendre une affaire. Synon. avoir qqn dans sa poche*.Puis elle murmura en se grattant lentement le menton : « Si seulement on avait un député dans sa manche?... » (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, En fam., 1881, p. 344):
2. À quoi bon raconter que sa sœur, la comtesse Guy de Saint-Prix, tient le cardinal André dans sa manche et, partant, les quinze immortels qui toujours votent avec lui? Gide, Caves,1914, p. 695.
Avoir la manche large (vieilli). Être très ou trop accommodant (avec quelqu'un). Les commissions ont la manche large pour les députés du Centre, et nous ne pourrions pas nous opposer ostensiblement à la bonne volonté que l'on aurait pour ce cher ami (Balzac, Employés,1837, p. 48).Elle avait à sa dévotion un confesseur capucin, confesseur à très-large manche, pour la commodité de ses amis qui en auraient eu besoin (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 2, 1850, p. 328).
Tirer qqn par la manche. Solliciter quelqu'un pour obtenir quelque chose. Ton Jaurès, qu'est-ce qu'il a fait? Il s'en va tous les matins, comme un pleutre, tirer Viviani par la manche, en adjurant son « cher ministre » de faire la grosse voix pour effrayer la Russie!... (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 510).
Se faire tirer la manche. Se faire prier. ,,Il ne se fera pas tirer la manche, par la manche. Il fera volontiers telle chose`` (Ac.1798-1935).
C'est une autre paire de manches. [S'emploie pour dire que qqc. est une affaire toute différente et gén. plus difficile que celle dont on vient de parler] Notre conception moderne peut être juste quand on regarde l'histoire humaine du point de vue de Sirius (...); mais quand il s'agit de savoir si, en ce moment même, le tsar Nicolas donne ou ne donne pas au roi de Serbie le conseil de marcher contre l'Autriche, c'est une autre paire de manches (Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. 112):
3. ... les Guermantes sont à moitié allemands. − Pour les Guermantes de la rue de Varenne, vous pouvez dire tout à fait, dit Cancan. Mais Saint-Loup, c'est une autre paire de manches; il a beau avoir toute une parenté allemande, son père revendiquait avant tout son titre de grand seigneur français... Proust, Sodome,1922, p. 1094.
Retrousser* ses manches.
HISTOIRE
Gentilhommes* de la manche.
Gardes de la manche. ,,Gardes du corps accompagnant le roi en certaines occasions`` (Ac. 1798-1878).
B.− P. anal., spéc.
1. TECHNOL. Tuyau de cuir ou d'étoffe imperméable servant à conduire un liquide ou un gaz d'un point à un autre. Manche d'incendie (Lar. 19e); manche à incendie (Le Clère 1960).
2. MARINE
Manche à eau, à charbon. Tube (de cuir, de toile) servant à envoyer dans la cale l'eau, le charbon dont on fait provision. Les embarcations du bord portent l'eau dans les barriques d'armement, qu'on vide au-dessus de la grande écoutille, dans l'entonnoir de la manche à l'eau : celles-ci ont un peu plus de diamètre que celles en cuir (Will.1831).
Manche à vent, à air. Conduit orientable de tôle (anciennement de toile) dont une extrémité sort sur le pont, qui descend dans l'intérieur d'un navire et sert à l'aérer. Il s'élança sous la « manche à air », long conduit de toile où l'air extérieur tombe (A. Daudet, Jack,t. 2, 1876, p. 116).Les manches à vent [d'un navire] sont des conduits en tôle débouchant plus haut que les pavois sur le pont supérieur ou sur les roufles (Croneau, Constr. nav. guerre,t. 2, 1892, p. 280).
3. AÉRON. (aérostats). Manche (d'appendice). Tube de toile situé sous un ballon par lequel on le gonfle. La manche d'appendice sert à gonfler le ballon; elle joue ensuite le rôle de soupape de sûreté (Ledieu, Cadiat, Nouv. matér. nav.,1899, p. 332).La manche complètement ouverte permet la libre dilatation et au besoin la sortie du gaz du ballon (Marchis, Nav. aér.,1904, p. 78).
4. MÉTÉOROL., AÉRON. Manche à vent, manche à air. Tube de toile à stries blanches et rouges, de forme tronconique, attaché à un mat et destiné à indiquer la direction du vent par l'orientation qu'il prend. Magnin regarda la manche à vent, au-dessus des oliviers : le vent, en ce moment, venait de l'ouest (Malraux, Espoir,1937, p. 809).
5. TECHNOL. Filtre de toile utilisé pour passer des liquides. Après cela vous passez la liqueur à la manche et le mesurez (Viard, Cuisin. roy.,1831, p. 420):
4. [Les filtres à tissus] peuvent être classés en deux sections : les filtres-presse (...) les filtres à manches (...). Les filtres à manches sont constitués par un récipient dans lequel on verse le liquide et qui contient une manche de filtration. Brunet, Matér. vinic.,1925, p. 426.
En partic., vx. Manche d'Hippocrate. Synon. Chausse* d'Hippocrate.
6. PÊCHE MAR. Filet long d'une dizaine de mètres et fermé à une extrémité. (Dict. xixeet xxes.).
7. GÉOGR. Espace marin assez étroit renfermé entre deux côtes. La manche de Bristol (Ac.1835-1935).Cette pointe, que j'ai nommée cap Grillon (...) termine cette île, une des plus étendues du Nord au Sud qui soient sur le globe, séparée de la Tartarie par une manche qui finit au Nord par des bancs (Voy. La Pérouse,t. 3, 1797, p. 83).
8. ORNITH., vx. Manche de velours. Oiseau marin palmipède de couleur blanche ayant le bout des ailes noir. Synon. fou2.Le bel oiseau appelé manche de velours semblait à peine porter sur les flots, moins souples, moins élastiques que lui (Sand, Melchior,1853, p. 245).
9. HÉRALD. Manche mal taillée. Meuble d'écu représentant une manche d'habit bizarrement taillée. Levemont de Moufflaines − fascé d'argent et d'azur, à la manche mal taillée de gueules, brochant. Normandie (Grandm.1852).
II.
A.− JEUX, SPORTS. Partie liée à une ou plusieurs autre(s) dans certains jeux. La première, la seconde manche; jouer en deux manches; gagner, perdre, jouer une manche; manche mal engagée; épreuve, jeu, partie en trois manches. Ce grand match [de cyclisme] comportera trois matches à deux, une manche à trois et une manche sur le kilomètre, départ arrêté (L'Œuvre,2 nov. 1941).
Expr. (Être) manche à manche. Avoir gagné un nombre égal de manche(s). Nous sommes manche à manche, jouons la belle. Veux-tu jouer la belle, voyons? Au plus fin! (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 187).
B.− P. métaph. [Pour référer à des situations comportant un enjeu] Gagner la première manche des élections. Ah! fit le vieillard (...) nous avons perdu une belle manche! Dix minutes de plus, j'enlevais la petite (Ponson du Terr., Rocambole,t. 2, 1859, p. 114).Le mois d'Août 1914 avait donné aux Allemands la première manche de la partie (Joffre, Mém.,t. 1, 1931, p. 425):
5. Certain que cet ensemble était prêt à me soutenir, j'entrepris de jouer la manche suivante. De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 113.
Prononc. et Orth. : [mɑ ̃:ʃ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1150 « partie du vêtement dans laquelle on passe les bras » (Roman de Thèbes, éd. Raynaud de Lage, 4091); 1628, 16 févr. fausses manches (cité par H. Roy, La Vie, la mode et le costume au XVIIes., p. 226); d'où fig. a) 1480 avoir qqn en sa manche (Guillaume Coquillart, Les Nouveaulx droitz, 918, éd. M. J. Freeman); b) 1611 c'est bien un autre paire de manches (Cotgr.); c) 1673, 1erdéc. être dans la manche (de qqn) (Mmede Sévigné, Corresp., éd. La Pléiade, I, p. 630); d) 1769, 7 août se faire tirer la manche (D'Alembert, Lettre au Roi de Prusse ds Littré); 2. p. anal. de forme a) technol. 1575 « large tuyau de toile servant de filtre » (A. Paré, Œuvre, XXI, 17, éd. J.-Fr. Malgaigne, II, 231); 1704 manche d'Hippocras (Trév.); 1690 mar. (Fur. : se dit dans les Vaisseaux, d'un tuyau de cuir qui sert à vuider les liqueurs d'un tonneau dans un autre); 1831 id. manche à vent (Will.); 1904 aéronaut. manche à air (Marchis, Nav. aér., p. 351); b) 1611 géogr. La Manche d'Angleterre (Cotgr.); 1671 La Manche (Pomey); c) 1690 hérald. (Fur.); 3. 1617 « tour de cartes » (D'Aubigné, Avantures du Baron de Faeneste, ch. III, éd. E. Réaume et F. de Caussade, II, p. 396); 1803 terme de jeu (Boiste); d'où 1834 être manche à manche (Balzac, E. Grandet, p. 23); 1844 gagner la première manche (Id., Splend. et mis., p. 171). Du lat. manicà (dér. de manus « main ») « longue manche de tunique couvrant la main », « gant ».
DÉR.
Mancheron, subst. masc.,mode et industr. vestimentaire, vieilli. a) Garniture située sur le haut de la manche d'une robe de femme. (Dict. xixeet xxes.). b) Petite manche couvrant le haut du bras. Robe à petits mancherons kimono (Jardins des modes,mars 1951, p. 50).Elle a supprimé les mancherons pour dégager les bras (Elle,23 juill. 1951, p. 17)Notre préféré. Un ensemble, robe et manteau, éblouissant d'élégance stricte et de couleur. À noter : les mancherons très courts du manteau en lainage (Écho de la mode,16 févr. 1967, p. 47).− [mɑ ̃ ʃ ʀ ɔ ̃]. − 1resattest. a) xiiies. « manche courte » manceron (Chevalier au Barisel, éd. F. Lecoy, 561), b) 1551 « ornement de robes de femmes garnissant le haut des manches » (Blason des couleurs en armes, fo39 rods Gdf.), de manche2, suff. -eron, v. -on1.
BBG. − Greimas Mode 1948, p. 93. − Pezard (A.). Manche et mancia. In : [Mél. Monteverdi (A.)]. Modène, 1959, t. 2, pp. 571-593. Quem. DDL t. 16.

MANCHE3, subst. fém.

A. − Arg. Faire une manche. Faire une collecte dans le milieu pour aider un des siens dans le besoin. [Sa femme et lui sont sans le sou] i' s'en tireront pas de cette mélasse sans qu'on leur fasse une manche! (Dussort,Preuves exist.,1927, dép. par G. Esnault, 1938, p. 55).Aussitôt connu le malheur de Nénesse, Gégène (...) avait organisé une manche dans Montmartre pour casquer son débarbot (Pt Simonin ill.,1957, p. 241).
B. − Quête que l'on fait après s'être produit, avoir chanté, joué d'un instrument dans un cirque en plein air ou dans la rue. Michel Polnareff est devenu un champion du microsillon. Cela ne l'empêche pas de chanter encore à la terrasse des cafés. Et de faire «la manche». Quand on lui jette des sous, il dit oui (L'Express,27 juin 1966, p. 63, col. 3).Jadis, dans la chanson, tout le monde faisait la manche. La plupart de ceux qu'on n'appelait pas encore «des artistes de variétés» chantaient dans les rues et dans les cours et devaient, pour vivre, mendier la charité qui tombait parfois des fenêtres des braves gens (Le Matin,27 avr. 1981, p. 44).
Travailler à la manche (lang. du cirque). N'être payé que par le produit de la quête après une représentation en plein air. (Ds H. Hotier, v. bbg. infra p. 116).
P. méton. Somme collectée au cours de cette quête. Les premiers six mois tu seras [dans ma troupe] bien nourri, bien vêtu; au bout de ce temps tu auras un sixième de la manche (Vidocq,Mém., t. 1, 1828-29, p. 16).
C. − P. ext., pop. Faire la manche. Demander l'aumône. Terminer leurs jours [eux, nos persécuteurs] en faisant la manche à la porte des églises,comme des paumés qu'ils étaient! (Simonin,Touchez pas au grisbi,1953,p. 118).
Prononc.: [mɑ ̃:ʃ]. Étymol. et Hist. 1. 1552 «gratification» (Rabelais, Quart Livre, chap. 9, éd. R. Marichal, p. 66), seulement au xvies., v. Hug.; 2. 1790 «quête» (saltimbanques d'apr. Esn.); 1828-29 faire la manche (Vidocq, op. cit., p. 22). Empr. à l'ital. mancia, attesté aux sens de «don, gratification» dep. la 1remoitié du xiiies. (Ugieri Apugliese ds Batt.) et de «pourboire, aumône» dep. début xives. (C. Angiolieri, ibid.), empr. au fr. manche2*, prob. en raison de la coutume médiévale qui consistait, pour les dames, à donner une manche de leur vêtement aux chevaliers qui joutaient en leur nom (v. DEI et FEW t. 6, 1, p. 212).
STAT. − Manche1, 2 et 3. Fréq. abs. littér.: 2 302. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 794, b) 4 532; xxes.: a) 4 049, b) 3 394.
BBG. − Hotier (H.). Le Vocab. du cirque et du music-hall en France. 1973, p. 59, 116, 135, 143. _ Wind 1928, p. 17.

Wiktionnaire

Nom commun - ancien français

manche \Prononciation ?\ féminin

  1. Manche (d’un vêtement).
    • Liez d’un orfrois esmeré
      Au chief des manches et au col
      — (Partonopeus de Blois, variante du manuscrit P, selon The Partonopeus de Blois Project.)
    • Ne ces lunges mances ridees — (idem, manuscrit V.)

Nom commun 2 - français

manche \mɑ̃ʃ\ masculin

  1. Partie préhensible d’un instrument, d’un outil, par laquelle on le tient pour en faire usage.
    • L’ouvrier se sert d'une lame courte et tranchante, engagée dans un manche d’os, avec laquelle il pratique, au bas de l’arbre, une entaille circulaire et assez profonde pour arriver jusqu'à l’aubier. — (Edmond Nivoit, Notions élémentaires sur l’industrie dans le département des Ardennes, E. Jolly, Charleville, 1869, page 174)
    1. (Musique) Partie d'un instrument à cordes, où l’on pose les doigts de la main gauche pour former les tons différents.
      • Dans les enregistrements de guitare acoustique, on entend plus souvent le bruit des glissements de doigts sur le manche que le son de la guitare elle-même. — (Christophe Rime, Home studio pour guitaristes et bassistes, Éditions Eyrolles, 2011, page 66)
      • Le manche d’une basse, d’une contrebasse, d’un violon, d’une guitare.
    2. (Aéronautique) Manche à balai.
      • Malgré la marche extrêmement régulière du moteur, malgré son déploiement absolu de puissance, j'ai dû arracher le manche de toute la force de mes deux bras. L'appareil eut comme un sursaut nerveux. — (Dieudonné Costes & Maurice Bellonte, Paris-New-York, 1930)

Nom commun 1 - français

manche \mɑ̃ʃ\ féminin

  1. (Habillement) (Couture) Partie du vêtement, de forme et de dimension variable, dans laquelle on passe le bras et qui le recouvre en totalité ou en partie.
    • […] Rabalan rencontra une paysanne, les manches retroussées jusqu’au coude, qui portait un seau plein de lait. — (Octave Mirbeau, Rabalan)
    • En sabots, les manches relevées sur leurs bras blancs, les filles balayaient le devant des boutiques. — (Francis Carco, Brumes, Éditions Albin Michel, Paris, 1935, page 158)
    • […]; et le maréchal, avec son tablier de cuir et ses manches de chemise retroussées jusqu'à l'épaule, tenait le cheval par la bride, parce que le cheval était un peu nerveux. — (Gilbert Guisan, C.-F. Ramuz ou Le génie de la patience, E.Droz, 1958, page 43)
    • Il secoua la tête, jeta un soupir puis essuya son front avec le revers de sa manche de chemise : […]. — (Franz-Olivier Giesbert, L'immortel : 22 balles pour un seul homme, Éditions Flammarion, 2011, chapitre 44)
  2. (Technique) Conduit d’évacuation, tuyau à liquide ou à gaz.
    • Manche à incendie, à eau, à charbon, à vent, à air, d’appendice, filtres à manches ou manche d’Hippocrate.
  3. (Par ellipse) Manche à air : drapeau creux indiquant le vent sur les aéroports.
  4. (Marine) Filet de pêche long d’une dizaine de mètres et fermé à une extrémité.
  5. (Géographie) Bras de mer, et particulièrement le bras de mer séparant l’Angleterre de la France (la Manche).
    • La manche de Bristol.
  6. (Jeux, Sport) Partie liée à une ou plusieurs autre(s) dans certains jeux.
    • Épreuve, jeu, partie en trois manches.
  7. (Héraldique) (Très rare) Meuble représentant une manche d’un vêtement dans les armoiries. Plutôt en usage en héraldique anglaise, elle est représentée sans membre humain. Elle est généralement dénommée manche mal-taillée en héraldique française car la forme du vêtement s’est perdue au fil du temps pour adopter une forme souvent peu reconnaissable.
    • D’argent, à une manche de sable, qui est de la famille Hastings en Angleterre → voir illustration « armoiries avec une manche »
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

MANCHE. n. m.
Partie d'un instrument, d'un outil, par laquelle on le tient pour en faire usage. Le manche d'un couteau, d'une raquette, d'un battoir. Couteau à manche d'ivoire, d'ébène, de corne, d'argent. Le manche de cette faux est cassé. Cette cognée branle dans le manche. Manche à balai. Manche à gigot. Le manche de la charrue, La partie de la charrue que tient le laboureur. Le manche d'un gigot, La partie par où on le prend pour le découper. Le manche d'une basse, d'une contrebasse, d'un violon, d'une guitare, etc., La partie où l'on pose les doigts de la main gauche pour former les tons différents. Fig., Se mettre du côté du manche, Se mettre du côté du plus fort. Prov. et fig., Branler au manche, dans le manche. Voyez BRANLER. Prov. et fig., Jeter le manche après la cognée, Abandonner une affaire, une entreprise par chagrin, par dégoût, par découragement. Il ne faut pas, pour si peu, jeter le manche après la cognée. En termes de Conchyliologie, Manche de couteau, Espèce de coquillage bivalve.

Littré (1872-1877)

MANCHE (man-ch') s. m.
  • 1Partie d'un instrument par où on le prend pour s'en servir. L'homme enfin la prie humblement [la forêt] De lui laisser tout doucement Emporter une unique branche, Afin de faire un autre manche, La Fontaine, Fabl. XII, 16.

    Fig. Cet homme branle au manche, dans le manche, il est irrésolu et tenté de changer de parti, de dessein ; et aussi il est en danger de perdre sa place, la fortune, la vie.

    Fig. Jeter le manche après la cognée, abandonner une affaire par dégoût, par découragement. Ne jetez pas, mon cher Enée, Le manche après votre cognée, Scarron, Virg. III.

  • 2Manche à balai, long bâton au bout duquel est un balai. Tous les sorciers du siècle passé croyaient aller au sabbat sur une verge magique ou sur un manche à balai qui en tenait lieu ; et les juges, qui n'étaient pas sorciers, les brûlaient, Voltaire, Dict. phil. Verge.
  • 3Le manche de la charrue, que tient le laboureur et qui sert à déterminer la profondeur et la régularité du labour.
  • 4Manche de gigot, voy. GIGOT.
  • 5Le manche d'une basse, d'une contre-basse, d'un violon, d'une guitare, etc. pièce de bois collée à l'extrémité du corps de ces instruments, et servant non pas seulement à tenir l'instrument mais à porter les chevilles par le moyen desquelles on l'accorde ; c'est en posant les doigts de la main gauche sur le manche qu'on forme les différents tons.

    Savoir, connaître son manche, être sûr de son manche, savoir toucher les cordes avec justesse et précision.

  • 6 Terme de marine. Nom donné par quelques marins à une sorte de poignée à plusieurs mains que l'on adaptait à une rame trop grosse pour être maniée par un seul homme.
  • 7Manche de couteau, nom vulgaire donné aux espèces de mollusques du genre solen.
  • 8 Fig. Manche à sabre, gens qui ne sont bons qu'à donner un coup de sabre. Les intérieurs d'âme que j'ai vus dans la retraite de Moscou m'ont à jamais dégoûté des observations que je puis faire sur les êtres grossiers, sur ces manches à sabre qui composent une armée, Stendhal, Corresp. 21 mai 1843.

HISTORIQUE

XIIIe s. Au bois [le bûcheron] ala pur demander à chascun fust [arbre] qu'il pot trover, Dou quel il peüst menche prendre, Marie de France, Fable 23. Un homme qui ilecques estoit lui monstra un coutel à un blanc manche qu'il tenoit en sa main, Miracles St Loys, p. 131.

XIVe s. La main [il] giete au coustel, et si fort se revainge, Que partout lai [là] où fiert [il frappe], le boute jusqu'à mainge, Girart de Ross. V. 1776.

XVe s. Tenant une masse d'or ; la teste estoit de fin acier tempré, et la manche bandée d'or et d'argent, Perceforest, t. I, f° 155. Le suppliant, qui tenoit en ses mains ung harnois que on appelle podet de fer avecques son marge de bois, Du Cange, marga.

XVIe s. Et comme Cassius et quelques autres jettassent desjà les mains sur les manches de leurs espées par dessoubs leurs robbes pour les desguainer, Amyot, Brut. 19. Je vous gardois ces joyeux propos à quand la paix seroit faite… mais quand j'ai veu qu'il s'en faloit le manche [qu'on en était loin], et qu'on ne sçavoit par où le prendre…, Despériers, Contes, I.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. MANCHE. s. m. Ajoutez :
9 Fig. Se mettre du côté du manche, se mettre du côté le plus fort.
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Encyclopédie, 1re édition (1751)

MANCHE, s. m (Gram.) c’est dans un marteau, par exemple, le morceau de bois que l’on fixe dans l’œil, & qu’on prend à la main pour s’en servir. Ainsi en général un manche ou une poignée que l’on adapte à quelqu’instrument, c’est la même chose. Les limes sont emmanchées, les couteaux, les canifs, presque tous les instrumens de la Chirurgie, les rasoirs, les bistouris, les lancettes, tous les outils tranchans de la menuiserie, &c.

Manche de Couteau, (Conchyliol.) (Plan. XIX. fig 4.) coutelier, solene. Coquillage de mer, auquel on a donné le nom de manche de couteau, par rapport à la grande ressemblance qu’il a avec le manche d’un vrai couteau. Ce coquillage est composé de deux pieces, allongé, ouvert par les deux extrémités, souvent un peu courbe, & quelquefois droit. Les manches de couteau ne restent pas sur le fond de la mer, comme la plûpart des autres coquillages. Ils se font un trou dans le sable, qui a quelquefois jusqu’à deux piés de profondeur ; ils sont posés verticalement dans ce trou, relativement à leur longueur ; de tems en tems ils remontent jusqu’au dessus du sable, & ils redescendent bientôt après au fond de leur trou. Quand la mer se retire, on trouve beaucoup de ces trous dans le sable. On fait monter l’animal jusqu’à la surface, en y jettant un peu de sel. Il y a plusieurs especes de manches de couteau, qui different entr’elles par la longueur & par les couleurs. Voyez Coquillage & Coquille.

Manche de Couteau, (Conchyliol.) Les manches de couteau, appellés en latin solenes, composent une des six familles de coquilles bivalves, leur figure, qui ressemble à un manche de couteau, est toujours la même, & très-aisée à reconnoître. On appelle ce coquillage dans le pays d’Aunis, coutelier. Voyez Coutelier.

Le poisson de ce coquillage s’enfonce jusqu’à deux piés en terre, & revient perpendiculairement à sa surface. Lorsqu’il est entierement dégagé de son trou, & qu’on l’abandonne à lui-même, il s’allonge, recourbe la partie la plus longue de son corps, & creuse promptement un nouveau trou où il se cache. On peut dessiner les manches de couteau sur le rivage, en jettant un peu de sel sur le trou où ils sont placés, ce qui les fait sortir aussitôt.

Il faut avoir grand soin de changer l’eau de la mer tous les jours, & de laisser un peu à sec les animaux, environ pendant vingt-quatre heures, ensuite on les asperge légerement avec les barbes d’une plume. Le poisson, qui a été privé d’eau pendant quelques heures, revient à lui, sort de sa coquille, & s’épanouit peu-à-peu pour chercher l’eau de la mer.

Quand ces animaux sont rebelles à la volonté de l’observateur, jusqu’à refuser d’allonger leurs bras ou quelqu’autre membre, on entrouvre la coquille, & on la perce avec un fer pointu du côté opposé à la bouche de l’animal, ou à la partie qu’on souhaite de faire sortir. Pour lors on fait entrer par cette petite ouverture, plusieurs grains d’un sel noir & piquant, qu’on nomme à la Rochelle sel de chaudiere ; l’effet de cet acide est si violent, qu’on voit aussi-tôt l’animal revenir de sa léthargie, & céder à cet effort, en ouvrant sa coquille, ou allongeant quelques-uns de ses membres. C’est ainsi qu’on peut venir à bout de ces animaux, pour avoir le tems de les examiner, & de terminer ses desseins.

Il faut encore observer que comme ces animaux ne restent pas long-tems dans la même situation, on peut recommencer à leur donner du nouveau sel, pourvu qu’entre les deux observations, il y ait un certain intervalle de tems.

La lumiere leur est très-contraire, & ils se retirent à son éclat ; c’est donc la nuit qui est le tems le plus favorable pour les examiner : une petite lampe sourde réussit à merveille pour les suivre, & profiter de ce qu’ils nous découvrent. On doit avoir grand soin de les rafraîchir le soir avec de l’eau nouvelle, ou de changer le soir & le matin l’herbe dans laquelle ils doivent être enveloppés. On les trouve souvent qui rampent la nuit sur cette herbe, & cherchent les insectes qui y sont contenus.

Cette herbe qui ne se trouve que sur les bords de la mer, se nomme sar à la Rochelle, & s’appelle varec ou goémon dans d’autres endroits. Outre l’avantage qu’elle a d’être remplie d’une multitude de petits insectes très-propres à la nourriture du coquillage, son goût marin le trompe ; & quoique placé dans un grand vase, il se croit proche des côtes de la mer. Hist. nat. éclairée, tom. I. & II. (D. J.)

Manche faux a tremper, (Coutelier.) c’est une barre de fer terminée par une espece de douille où l’extrémité des pieces qu’on a à tremper est reçue.

Manche a émoudre, c’est un manche de bois sur lequel on place les pieces à émoudre, pour les tenir plus commodèment.

Manche a polir, c’est un manche de bois sur lequel on place les pieces à polir, pour les travailler plus commodément.

Une piece trempée, émoulue ou polie, le faux manche sert tout de suite à une autre qui est prête à être ou polie, ou émoulue, ou trempée.

Manche, (Art méchaniq.) c’est dans tout vêtement moderne, la partie qui couvre depuis le haut du bras jusqu’au poignet. La manche est difficile à bien tailler. La chemise a des manches, la veste, l’habit, la soutane, le surplis, &c.

Manche, (Pharmac.) manche d’Hippocrate, manica Hippocratis. Voyez Chausse, Pharmac.

Manches du bataillon, (Art milit.) c’est ainsi qu’on appelle différentes divisions du bataillon. Voyez Divisions.

Manche a eau, ou Manche pour l’eau, (Marin.) c’est un long tuyau de cuir fait en maniere de manche ouverte par les deux bouts. On s’en sert à conduire l’eau que l’on embarque, du haut d’un vaisseau jusqu’aux futailles qui sont rangées dans le fond de cale, pour faire passer l’eau d’une futaille dans l’autre. On applique pour cela une des ouvertures de la manche sur la futaille vuide, & l’autre ouverture sur celle qui est pleine, & où l’on a mis une pompe pour faire monter l’eau. On se sert de ce moyen pour conserver l’arrimage & l’assiete, ou l’estive d’un vaisseau, en remplissant les futailles vuides du côté où il faut que le vaisseau soit plus chargé.

Manche de pompe, c’est une longue manche de toile goudronnée, qui étant clouée à la pompe, reçoit l’eau qu’on en fait sortir, & la porte jusques hors le vaisseau.

Manche, la Manche, (Marin.) se dit d’une espece de mer de figure oblongue, qui est renfermée entre deux terres. Il s’applique plus particulierement à quelques endroits.

Manches, terme de Pêche, usité dans le ressort de l’amirauté de Marennes, sorte de rets. Ce sont les véritables guideaux à hauts étaliers, à la différence qu’au lieu d’être aussi solidement établis que les guideaux de cette espece, qui sont sur les côtes de la haute Normandie, au lieu d’être montés sur des pieux, ils ne sont tendus que sur des perches, qui ont à la vérité quatre, cinq, jusqu’à six brasses de hauteur. Le sac qui forme le guideau a environ quatre à cinq brasses de long, & presqu’autant d’ouverture ; à chaque coin du manche, tant du haut que du bas de l’entrée du guideau, il y a une raque ou annelet de bois, qui sert de couet ou œil pour arrêter le sac ; on passe ces raques dans les deux perches qui tiennent le sac du guideau, dont l’ouverture est tenue ouverte par une traverse de corde, comme aux autres guideaux. Les pêcheurs ont besoin d’un bateau pour tendre leur rets ; & pour faire couler les raques le long des perches & descendre le guideau autant qu’ils le jugent à propos, ils se servent d’une petite perche croisée par le bout, pour abaisser & arrêter les raques ; souvent même la tête du guideau reste à un pié ou deux au-dessus de la surface de l’eau.

Les manches pêchent de la même maniere que les guideaux, c’est-à-dire, tant de marée montante que de jussant. Il faut du beau tems pour faire cette pêche avec succès : les grosses mers & les tempêtes, ainsi que les molles eaux y sont contraires. On prend dans les guideaux des chevrettes, des salicots ou de la santé, & généralement toutes sortes de poissons que la marée y peut conduire.

Cette pêche a le même abus de celle des guideaux. Les manches ont les mailles très-larges à l’ouverture ; mais elles diminuent, de maniere que vers le fond, ou à la queue du sac, à peine ont-elles deux à trois lignes au plus en quarré. Deux perches suffisent pour chaque guideau, qui s’étendent la plûpart séparement & non en rang & contigus, comme sont les rangs d’étaliers des côtes de Caux & du pays d’Auge.

Les mailles des manches ont à l’entrée dix-huit lignes ; elles diminuent vers le milieu, où elles ont environ neuf lignes, & vers le fond du sac, à peine ont-elles trois lignes en quarré. Voyez la figure dans nos Pl. de Pêche.

Manches, Maniolles ou Sanet. Voyez Maniolle. Cet instrument est une espece de bouteux, ou bout-de-quievre.

Les pêcheurs qui font la pêche avec cet instrument, montent dans leur chalan : c’est un petit bateau semblable en toutes manieres aux pirogues de la Martinique. Plusieurs sont faits comme d’un seul tronc d’arbre. Ceux qui sont construits avec du pordage, n’ont que deux ou trois plates petites varangues assez foibles ; cette sorte de bateau ressemble à une navette de tisserand, dont les deux bouts sont un peu relevés ; le dessous est plat, l’avant pointu, & l’arriere un peu quarré en dessous. Un chalan de dix-neuf piés de longueur, a deux piés un quart de hauteur dans le milieu, & deux piés neuf pouces de largeur. Deux hommes suffisent pour faire la pêche, l’un tend le rets, & l’autre rame, de la même maniere que nous l’avons ci-devant expliqué des pêcheurs de la riviere d’entre le pont & la barre de Bayonne. Quand ces bateaux portent voile, elle est placée sur un petit mât à l’avant, & faite comme celle des tillolles, & la voile leur sert aussi de teux.

Quand les chalans pêchent à la manche, ils suivent le bord de la levée de la riviere, en tenant leur manche de la même maniere qu’on tient une écumette, avec quoi ils prennent généralement tout ce qui range le bord de l’eau ; l’usage alors en est aussi pernicieux, que celui du bouteux ou bout-de-quievre sur les sables durant les chaleurs. Les pêcheurs ne se servent ordinairement de ces manches, que durant les savasses & débordemens provenant de la fonte des neiges des Pyrénées, qui arrive toujours dans les mois de Juillet & d’Août.

Manche, en termes de Potier de terre, est une espece de poignée arrondie, par laquelle on prend une piece quelle qu’elle soit.

Manche, en termes de Blason, est la représentation d’une manche de pourpoint à l’antique, telle qu’on en voit dans quelques armoiries.

Manche, la (Géog.) contrée d’Espagne dans la nouvelle Castille, dont elle est la partie méridionale, le long de la Guadiana qui la traverse. Elle est bornée au couchant par l’Estramadure, au midi par le royaume de Grenade & par l’Andalousie ; au levant par la Sierra, & par le royaume de Valence & de Murcie, & au nord par le Tage, qui la sépare de l’Algarrie. La Guadarmena qui se perd dans le Guadalquivir, & la Ségura qui arrose le royaume de Murcie, ont leurs sources dans la Manche. Cieudad-Real, Orgaz & Calatrava, sont les principaux lieux de cette contrée ; mais elle n’est vraiment fameuse, que depuis qu’il a plu à Miguel Cervantes d’y faire naître Dom Quixote, & d’y placer la scene de son ingénieux roman. Le seul village du Toboso est immortalisé par l’imagination de cet aimable auteur, qui l’a choisi pour y loger la dulcinée de son chevalier errant. (D. J.)

Manche, la (Géog.) nom que l’on donne à cette partie de la mer qui se trouve resserrée entre l’Angleterre au nord, & la France à l’orient, & au midi ; ce qui est au nord-est est le détroit, & s’appelle le pas de Calais. Horace voulant faire sa cour à Auguste, lui dit dans une de ses odes :

Te belluosus qui remotis
Obstrepit Oceanus Britannis
Audit.


« Vous voyez couler sous vos lois l’Océan, qui nourrit dans son sein une infinité de monstres, & bat de ses flots bruyans les côtes britanniques ». Obstrepit est un terme propre à cette mer, dont les flots sont d’ordinaire dans une grande agitation, à cause des terres qui les resserrent, & du refoulement continuel qui s’y fait par l’Océan, & par la mer du nord. Mais on nomme aujourd’hui la Manche, Oceanus britannicus, & l’on peut avancer qu’elle coule sous les lois de la Grande Bretagne, tant en vertu de ses forces maritimes, que parce qu’elle possede les îles de Jersey & de Guernesey du côté de la France. (D. J.)

Manche de Bristol, la, (Géog.) bras de la mer d’Irlande, sur la côte occidentale de l’Angleterre, entre la côte méridionale du pays de Galles, & les provinces de l’ouest, à l’embouchure de la Severne, auprès de Bristol. (D. J.)

Manche de Danemark, la, (Géogr.) partie de l’Océan, entre le Danemark, la Suede & la Norwege. Ceux du pays l’appellent le Schager-Rach ; les Flamands & les Hollandois la nomment Cattegat. (D. J.)

Manche de S. Georges, la, (Géogr.) c’est la partie méridionale de la mer d’Irlande ; elle comprend la Manche de la Severne ou de Bristol. (D. J.)

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Étymologie de « manche »

Wallon, main ; bourguig. moinche ; provenç. margue ; espagn. et portug. mango ; ital. manico ; d'un bas latin manicum, fait sur le modèle du latin manica (voy. MANCHE 2).

ÉTYMOLOGIE

Ajoutez : Toutefois il faut noter que le latin classique manubrium, avec l'accent sur nu, était représenté dans la langue d'oïl par manoir, qui est une dérivation correcte : XIIe s. Quant icil Gothes talhievet la spessece des roinces, li fers saillanz fors du manoir chaït el bruec [au lac], li Dialoge Gregoire lo pape, 1876, p. 67.

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(Nom 1) (c. 1150) Du latin manica (« manche d’un vêtement »).
(Nom 2) (c. 1180) Du latin manicus (« manche, poignée »).
En 1611, manche d’instrument de musique. En 1690, manche de viande (« os par lequel on peut saisir un morceau de viande »). En 1842, manche à balai (« personne maigre »). En 1914, tomber sur un manche (« rencontrer un gros obstacle »). En 1916, manche aéronautique.
(Nom 3) et (Adjectif) (Début XXe siècle) Apocope argotique de manchot, qui, dès le XVIIe siècle, désigne aussi un maladroit[1].
(Nom 4) (Première moitié du XIIIe siècle) De l’italien mancia (« don, gratification », puis « pourboire, aumône »).
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Phonétique du mot « manche »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
manche mɑ̃ʃ

Fréquence d'apparition du mot « manche » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « manche »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « manche »

  • Le couteau a beau être tranchant, il ne peut tailler son manche.
    Mahmud de Kachgar — Pensées
  • Un couteau sans lame auquel manque le manche.
    Georg Christoph Lichtenberg — Aphorismes
  • Le manche de la hache se retourne contre la forêt d'où il vient.
    Ahiqar — Paroles
  • L'opinion publique, chassez-la , cette intruse, cette prostituée qui tire le juge par la manche.
    Vincent de Moro-Giafferi
  • Il ne faut pas jeter le manche après la cognée.
    Jean Antoine de Baïf — Mimes, enseignements et proverbes
  • Tout a son endroit et son envers. La meilleure chose blesse si on la prend à contresens ; au contraire, la plus incommode accommode si elle est prise par le manche.
    Baltasar Gracian y Morales — L'homme de cour
  • Dimanche 19 juillet, à 17 h 55, à la suite d'un isolement par la marée dans le havre de Regnéville-sur-Mer, une personne a été sauvée de la noyade par un plaisancier.
    lamanchelibre.fr — Manche. Isolée par la marée, une personne sauvée de la noyade par un plaisancier
  • Chacun a un fou dans sa manche.
    Proverbe italien
  • Un vieux père et des manches déchirées n’ont jamais déshonoré personne.
    Proverbe brésilien
  • Saint-Vaast-la-Hougue, le fort, Ile Tatihou : Le sentier d’interprétation des fortifications, parcours autour du fort pour faire une belle promenade autour des douves et comprendre l’étonnante imbrication des fortifications militaires de l’île, de Vauban au Mur de l’Atlantique. Tarif 11,50 €, réduit 9,50 €. Contact et réservation : 02 14 29 03 30, http://www.tatihou.manche.fr.
    Que faire dans la Manche en ce mardi 14 juillet ? | La Presse de la Manche
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Images d'illustration du mot « manche »

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Traductions du mot « manche »

Langue Traduction
Anglais sleeve
Espagnol encargarse de
Italien maniglia
Allemand griff
Chinois 处理
Arabe مقبض
Portugais lidar com
Russe ручка
Japonais 扱う
Basque heldulekua
Corse manighjà
Source : Google Translate API

Synonymes de « manche »

Source : synonymes de manche sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « manche »

Combien de points fait le mot manche au Scrabble ?

Nombre de points du mot manche au scrabble : 13 points

Manche

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