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Loup

Variantes Singulier Pluriel
Masculin loup loups

Définitions de « loup »

Trésor de la Langue Française informatisé

LOUP, LOUVE, subst.

I. − Subst. masc.
A. −
1. Mammifère carnassier (de la famille des Canidés) dont l'espèce commune se caractérise par un pelage jaunâtre, mêlé de noir, un museau effilé, des oreilles droites, des yeux jaunes, une queue touffue. Bande de loups; meneur de loups; piège à loups; chasser les loups; grand loup, vieux loup, grand vieux loup. La voix rauque et solitaire de quelques loups de la forêt voisine (Krudener,Valérie,1803, p. 134).Un traîneau, arrêté dans la neige, au milieu d'un cercle de loups aux dents luisantes, aux yeux de braise (Tharaud,An prochain,1924, p. 45).La grande majorité des Canidés sont plus ou moins carnivores (...). La chasse est soit solitaire (Renards), soit collective (Loups, Lycaons) (Zool.,t. 4, 1974, p. 1070 [Encyclop. de la Pléiade]):
1. La terreur du loup semble justifiée par l'aspect du grand fauve gris aux yeux dorés. Un loup d'Europe pèse de 40 à 60 kilos, parfois plus de 80, mais il est surtout, à poids égal, d'une puissance sans commune mesure avec celle d'un berger allemand (...). Solidement campé sur des pattes fines, nerveuses, il peut parcourir 150 kilomètres par jour... Rustica,5-12 nov. 1980, p. 51.
Expr. et loc.
Froid de loup. Froid rigoureux. Ils arrivaient au bois, par des froids de loup qui leur piquaient le nez et les lèvres (Zola,Curée,1872, p. 495).
Soleil des loups. Synon. littér. de lune.Dans la nuit large et fraîche où brillait le soleil des loups (...) des taches de lune tombaient (Genevoix,Raboliot,1925, p. 65).
Entre chien et loup (cf. chien1et entre I C).
Il fait noir comme dans la gueule du loup. Il fait très noir. (Dict. xixeet xxes.).
Vieilli. Savoir la patenôtre du loup, la prière aux loups. Connaître les paroles susceptibles de conjurer la menace du loup. Berger immobile, un taciturne qui connaissait toutes les étoiles et savait la prière aux loups (Genevoix,Raboliot,1925p. 140).Enfant loup (v. enfant rem.).
2. P. méton. Fourrure de cet animal. Veste en loup blanc (Jardin des modes,janv. 1951, p. 45).
3. P. métaph.
a) Personne qui évoque un loup par son aspect extérieur, ses traits physiques. − Capitaine Schreiner. C'était un petit loup nerveux, au nez pointu et aux yeux durs (Malraux,Espoir,1937, p. 491).
De loup (loc. adj.). Qui évoque un loup. Dents, yeux, etc., de loup. Foux, avec sa tête de loup à l'affût, les oreilles droites, le museau pointu, les yeux luisants (Erckm.-Chatr.,Ami Fritz,1864, p. 10).
Expr. et loc.
Appétit* de loup. M'épouvantant, par un appétit de jeune loup (Mallarmé,Corresp.,1864, p. 141).Faim* de loup. À pas* de loup.
À la queue du loup; aller queue à queue comme les loups. Synon. de (aller) à la queue leu leu.Se suivant à la queue du loup, deux longues files d'hommes et de femmes (Flaub.,Champs et grèves,1848, p. 306).
Dévorer, manger comme un loup. Dévorer, manger avec avidité. Leuwen mangeait comme un loup (...). Et moi, (...) je ne puis pas avaler un seul morceau (Stendhal,L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 166).
Vieilli. S'enrhumer, être enrhumé comme un loup. Edouard Fould, enrhumé comme un loup et très démoralisé (Mérimée,Lettres à une autre inconnue,1870, p. 102).
Être connu comme le loup blanc*.
Vieilli. [À propos d'un bâtard] Il est comme les loups, il n'a jamais vu son père. (Dict. xixeet xxes.).
b) [À propos d'une chose] Les loups du vent hurlent à ma porte (Renard,Journal,1897, p. 442).
4. P. anal., ZOOL. Mammifère carnassier voisin du loup commun ou lui ressemblant.
Loup aboyeur/américain, loup de(s) prairies. Synon. de coyote.Quelques loups de prairies, en troupes nombreuses, maigres, affamés (Verne,Tour monde,1873, p. 187).
Loup doré. Synon. de chacal. (Dict. xixeet xxes.).
Loup peint/tacheté. Synon. de lycaon. (Dict. xxes.).
Loup rouge:
2. Lorsque le Patagon prononça le mot «aguara», Glenarvan reconnut aussitôt le nom donné au loup rouge par les Indiens de la pampa. Ce carnassier, le «canis-jubatus» des naturalistes, a la taille d'un grand chien et la tête d'un renard; son pelage est rouge cannelle, et sur son dos flotte une crinière noire qui lui court tout le long de l'échine. Verne,Enf. cap. Grant, t. 1, 1868, p. 175.
B. − P. méton.
1. Représentation du loup, à valeur symbolique. Les signes militaires des cohortes, l'aigle, le dragon, le loup (Chateaubr.,Martyrs, t. 1, 1810, p. 280).
HÉRALD. Le loup passant se représente comme le lion passant, (...) c'est-à-dire dans l'attitude de la marche, la patte dextre levée (Adeline,Lex. termes art,1884).Au tour de ce blason (...) reconnaissez-vous un loup, qui primitivement a dû être d'or, et des tourteaux qui ont dû être de gueules? (Bourget,Cosmopolis,1893, p. 11).
2. JEUX. [Le loup étant figuré par des pers. ou par des pions sur un damier] Le plan d'un jeu appelé jeu du loup (E. de Guérin,Lettres,1837, p. 131).Il semble qu'on joue au «Loup, y es-tu?» des enfants (Gide,Retour Tchad,1928, p. 966).
C. − P. anal.
1. ASTRON., vx. Constellation australe. L'époque où le Soleil franchit le passage vers les signes inférieurs, à l'équinoxe d'automne, près duquel est le loup céleste, animal consacré à Mars (Dupuis,Orig. cultes,1796, p. 194).
2. COST. Masque couvrant le pourtour des yeux. Loup de satin, de soie. Ses yeux brillaient dans les trous de son loup de velours noir (Reider,MlleVallantin,1862, p. 48).On trouve partout [à Venise] des masques, ou plus exactement des demi-masques, des loups (...). Dans ce demi-visage noir, impassible, le regard vient directement de l'âge d'or (Giono,Voy. Ital.,1953, p. 152).
3. PÊCHE. Filet de pêche maintenu par trois perches en angle. (Dict. xixeet xxes.).
4.
a) MÉD., PATHOL. Lésion cutanée ulcéreuse. Synon. lupus.Une nouvelle éruption lui envahissait les épaules (...) posait sur le haut de son visage un affreux placard en ailes de chauve-souris, une espèce de loup rougeâtre et pustuleux (H. Bazin,Qui j'ose aimer,1956, p. 90).
b) IMPR., THÉÂTRE, TECHNOL. Défaut, malfaçon, lacune. On n'a pu empêcher qu'il y ait là un trou, un manque au milieu du drame, ce qu'on appelle un «loup» dans l'argot des acteurs et des mécaniciens (A. Daudet,Crit. dram.1897, p. 91).Il voyait tout, tous les défauts, tous les «loups» (Vialar,Zingari,1959, p. 71).
P. méton. Objet présentant un défaut. [L'expert] − Vous avez de bonnes choses (...) dans votre petit musée et vous allez flanquer, sous les yeux des amateurs, des loups sans nom! (La Varende,Bric-à-brac,1953, p. 51).
c) MÉTALL. Loup (de fonte). Masse minérale mal fondue qui risque de provoquer une obstruction. Les fours [à l'avant-creuset] ont l'inconvénient de ne pas entraîner assez facilement les matières gênantes, ce que l'on appelle les loups (Guillet,Métall. gén.,1923, p. 258).Surveiller la température de la fonte afin d'éviter la formation de loups de fonte dans le bain, qui mettent la poche hors service (Barnerias,Aciéries,1934, p. 27).
5. TECHNOLOGIE
a) Pince pour arracher les clous. (Dict. .ixeet xxes.).
b) HIST. MILIT. Machine de guerre défensive contre les béliers. Les tenailles à prendre les béliers s'appelant des loups (Flaub.,Salammbô, t. 2, 1863, p. 80).
6. TEXT. Appareil à grosses dents métalliques servant à battre et briser la laine. La préparation de la filature commence pour le cardé par le travail en vrac du «loup batteur» qui (...) est composé de deux arbres à bras conjugués venant battre la laine (...). A cette machine succède le «loup briseur» (...). Puis vient le loup à carder (R. Thiébaut,La filature,p. 81 (Q.S. no537) ds Rob. Suppl. 1970).
7. ZOOLOGIE
a) Poisson vorace de diverses espèces (anarrhique, brochet et bar notamment). Des monceaux de mulets bleuâtres et des loups écaillés d'argent, dont les ouïes portaient une même entaille écarlate (Maurras,Chemin Paradis,1894, p. 128).Bar commun (...) appelé aussi (...) Loup (...). Le ventre est blanc argenté (Coupin,Animaux de nos pays,1909, p. 195).
Rem. Loup est la var. méridionale du bar commun. Loup au fenouil.
b) Loup marin, loup de mer. Phoque de diverses espèces. Nous n'avons aperçu aucune loutre de mer; nous leur avons montré des échantillons de nos peaux (...): ils ne semblaient pas y mettre plus de prix qu'à celles des loups marins, dont ils font leurs bottes (Voy. La Pérouse,t. 3, 1797, p. 111).Phoque proprement dit (...) appelé aussi Veau marin, Chien marin, Loup marin (Coupin,Animaux de nos pays,1909p. 40).
D. − P. métaph. [Gén. à propos de pers., parfois à propos de choses]
1. Personne avide, brutale, cruelle. Tu pouvais faire de moi un lion; le bon de mon coeur pouvait grandir sous tes caresses (...); la souffrance a fait de moi un loup féroce (Borel,Champavert,1833, p. 231).Charles, l'aîné (...) est un lion généreux et brave; François, le cadet, est un loup poltron et perfide. Le premier a la puissance du bien, le second celle du mal (Sand,Hist. vie, t. 1, 1855, p. 192).
Emploi adj., rare. Ç'a été un berger un peu loup, un pâtre un peu brigand: il y paraît bien à sa férocité d'empereur (Sainte-Beuve,Port-Royal, t. 1, 1840, p. 170).
En partic.
Vx, pop. Créancier. [Le] loup vient quelquefois guetter son débiteur (...) à la sortie de l'atelier (Boutmy,Typogr. paris.,1874, p. 44).Loup féroce aux débiteurs, très capable de voler dix sous dans le sang d'un homme (Zola,Argent,1891, p. 39).
[Notamment au xxes., dans le domaine de la politique, des affaires, du sport, du spectacle, etc.] (Jeune) loup. Jeune homme dynamique et ambitieux qui, parfois, n'hésite pas à employer des moyens peu recommandables pour réussir. Ce fameux Traité du Verbe (...) où vinrent (...) s'exercer les jeunes dents des loups en herbe du journalisme «littéraire» (Verlaine, Œuvres compl., t. 5, Biogr. (René Ghil), 1896, p. 402).John Kennedy, le jeune loup du Massachussets qui, après avoir été accusé de tricherie et de vol aux élections de 1960, est devenu le symbole et l'inspiration de tout ce dynamisme généreux (Libération,5 nov. 1980, p. 12, col. 3).Pierre, jeune cadre fourmillant d'idées plus séduisantes les unes que les autres, a le vent en poupe. (...) jeune loup au brillant avenir (Télérama, 7-13 mai 1981, p. 80).
Expr. et loc. proverbiales
Hurler* avec les loups.
[D'apr. Plaute, Asinaria, v. 495] L'homme est un loup pour l'homme. L'homme est impitoyable pour son semblable. L'homme est un loup pour l'homme sans la charité chrétienne (Cendrars,Lotiss. ciel,1949, p. 190).
Le loup mourra dans sa peau. L'homme mauvais ne peut pas s'amender. (Dict. xixeet xxes.).
Les loups ne se mangent pas entre eux. Les scélérats ne s'attaquent pas mutuellement. Les loups ne se mangent pas entre eux, mon petit, murmura le bandit (Gautier,Fracasse,1863, p. 173).
Qui se fait brebis*, le loup le mange; brebis* comptées, le loup les mange.
2. Personne qui représente un danger. Les menaces et les ruses hypocrites d'une meute de gens d'église et de loi, − loups et renards, aux yeux sanglants (Rolland,J.-Chr., Foire, 1908, p. 820).
En partic. [Le danger étant représenté par un homme vis-à-vis d'une femme, gén. p. allus. à des chansons pop.] Il chanta en la regardant profondément et sans cesser de sourire: − Qui craint le grand méchant loup? La petite rougit, sourit et chanta: − C'est pas nous! C'est pas nous! (Sartre,Mort ds âme,1949, p. 131):
3. − Te voilà! petit Parisien, me dit le père Dodu. Tu viens pour débaucher nos filles (...)? Tu les emmènes dans les bois pendant que le loup n'y est pas? − Père Dodu, c'est vous qui êtes le loup. − Je l'ai été tant que j'ai trouvé des brebis; à présent je ne rencontre plus que des chèvres, et qu'elles savent bien se défendre! Nerval,Filles feu, Sylvie, 1854, p. 619.
Expr. et loc.
Avoir vu le loup. Avoir affronté des dangers; en partic., fam., avoir perdu sa virginité. Elle (...) a déjà vu le loup (...), elle couchait à seize ans avec le garçon du marchand de vin (Zola,Fécondité,1899, p. 64).
Crier au loup. Avertir d'un danger (parfois en exagérant son importance). Combien de fois, entre 1908 et 1914, ai-je entendu de gens raisonnables nous dire: «Pourquoi criez-vous au loup chaque matin?» Parce que le loup est là (L. Daudet,Vers le roi,1920, p. 174).Au loup! [interj.] Des personnes notables n'hésitaient pas à leur jeter à la face le terrible «Au loup! Au loup!» qui les mettait hors la loi (Barrès,Colline insp.,1913, p. 212).
Enfermer le loup dans la bergerie*.
Se fourrer, se jeter dans la gueule* du loup.
Vx. Prendre, tenir le loup par les oreilles. Se trouver dans une situation critique; être prêt à s'emparer d'un malfaiteur, à écarter un danger. Tous ces mouvements devront s'exécuter Soudain et de concert, afin que le Borgia N'ait pas le temps d'agir et de se reconnaître. (...) nous tenons le loup par les oreilles. Et pourvu, chers seigneurs, que nous restions unis, Nous aurons le plaisir d'avoir bientôt sa peau (Barbier,Satires,1865, p. 160).
Fam. Quand on parle du loup, on en voit la queue. Quand on parle d'une personne redoutable (ou, p. ext., d'une personne quelconque), elle apparaît. (...) Tiens: quand on parle du loup... − On en voit la queue (...). On vit (...) déboucher d'un taillis (...) le museau de Lamuse comme un sanglier roux (Barbusse,Feu,1916, p. 65).
Vx. La lune est à l'abri des loups. Les personnes haut placées n'ont rien à craindre. (Dict. xixes.).
3. Personne solitaire, sauvage. Très probablement il refusera; c'est un sauvage, un loup (Halévy, Mar. d'am.,1881, p. 52).De ce garçon riant et amène d'autrefois la claustration avait fait un loup solitaire (Arnoux, Algorithme,1948, p. 43).
Expr. et loc.
Vivre comme un loup, vivre en loup. Vivre en sauvage, à l'écart. Il ne lisait rien, il ne voyait personne, il vivait comme un loup (Goncourt,R. Mauperin,1864, p. 275).
La faim chasse/fait sortir le loup du bois (cf. chasser1et bois).
4. Vieux loup. Personne d'expérience, habile, rusée. Lecamus, ce vieux loup du commerce, si fin et si perspicace (Balzac,Martyr calv.,1841, p. 250).Un vieux cabotin, une roulure de la province (...), un vieux loup de planche, aussi fort sur les tréteaux qu'un marin sur la mer (Huysmans,Marthe,1876, p. 11).Mon père l'épouvantait avec ses manières de vieux loup blanc, de «bête fausse» (...) et sa façon de guérir les entorses en faisant une croix dessus (Claudel,Otage,1911, ii, 1, p. 250).
En partic. (Vieux) loup de mer. Marin endurci et expérimenté. Vieux loup de mer, à qui nous avons parlé de ses navigations. − J'aime ces sortes d'hommes, tout action et expérience (Barb. d'Aurev.,Memor. 4,1858, p. 99).Il a l'air d'un ancien marin, d'un vieux loup de mer qui aurait vu des choses extraordinaires et traversé d'extravagants pays (Mirbeau,Journal femme ch.,1900, p. 375).V. bougon1ex. 4.
P. méton. Maillot de coton à rayures horizontales, bleu marine et blanches. Loup de mer coton belle qualité. Rayé blanc et marine clair (Catal. Madelios, été 1951, p. 8).
5. [Terme d'affection s'adressant à une pers.] Mon pauvre loup. Elle riait (...) appelant familièrement son compagnon: «Mon gros loup». (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 322).Barna, mon loup, ma joie! (Mille,Barnavaux,1908, p. 240).Au revoir, chéri. (...) tu m'aimes, mon petit loup? (Arland,Ordre,1929, p. 409).
II. − Subst. fém.
A. −
1. Femelle du loup. Une louve au poil fauve qui lèche là-bas ses petits (Quinet,Ahasvérus,1833, 2ejournée, p. 158).L'angoisse du vieux loup étreint son coeur obscur, (...) Sa louve blanche, aux yeux flambants, et les petits Qu'elle abritait (...) Gisent, morts (Leconte de Lisle,Poèmes trag.,1886, p. 69).Un berger trouve dans les roseaux du Tibre deux enfants nouveau-nés qu'une louve nourrit de son lait (...) Remus et Romulus (A. France,Pt Pierre,1918, p. 248).
2. [P. réf. à la louve qui, selon la légende, allaita Remus et Romulus] Ils me disent qu'ils n'aiment pas l'antique ni les anciens. Mais ceux qui ont sucé le lait de la louve (j'entends le suc des vieux) ont un autre sang dans la veine et ils considèrent comme des fleurs blanches de l'esprit toutes ces miévreries pudibondes (Flaub.,Corresp.,1853, p. 174).Ma raison me dit d'être dur, et j'ai la pitié en moi comme un cancer. (...) non, je n'ai pas bu à la louve; je suis le fils de la femme (Montherl.,Songe,1922, p. 1390).
P. méton.
Statue représentant la louve romaine. Au centre, une louve de bronze y pique de ses mamelles pointues deux poupées noires assises sur un socle étroit, Romulus et Remus (Vercel,Cap. Conan,1934, p. 121).
Rome, le peuple romain. Il était écrit que la fortune de Rome passerait: la louve franchissait le col (Pesquidoux,Livre raison,1925, p. 173).
3. P. métaph. Personne qui évoque une louve par un aspect extérieur sauvage, féroce. Cette louve, cette vraie Corse au regard fauve (Michelet,Journal,1838, p. 273).
Loc. adj. De louve. Qui évoque une louve. Sous le chapeau [de Nadine], les yeux de louve, luisants et ardents, jetaient des étincelles de peur (Morand,Champions du monde,1930, p. 62).
B. − P. anal.
1. MARINE
a)
α) Synon. de loup I C 3. (Dict. xixeet xxes.).
β) Verveux ayant plusieurs ouvertures. La louve est disposée à l'embouchure des rivières et des estuaires (Gruss1952).
b) Conduit, glissière pour charger ou décharger les navires. (Dict. xixeet xxes.).
2. TECHNOL. Instrument servant à soulever les pierres de construction. Poser les pierres à la louve (Viollet-Le-Duc,Archit.,1872, p. 28).Un (...) système [de montage ] consiste à suspendre la pierre [de taille] par une louve, instrument en fer composé de deux branches en bras de levier articulées sur un axe (Robinot,Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 1, 1924, p. 83).
3. ZOOL., rare. Femelle du loup-cervier. P. métaph. Sais-tu ce que c'est qu'un enfant qu'on a? Hé! loup-cervier, n'as-tu jamais gîté avec ta louve? n'en as-tu jamais eu un louveteau? (Hugo,N.-D. Paris,1832, p. 552).
C. − P. métaph.
1. [Avec une idée de férocité, de force malfaisante]
a) [À propos de pers.] La presse aux mille voix, cette louve hargneuse (Hugo,Voix intér.,1837, p. 209).
En appos. à valeur adj. La vague horreur du lieu plaît à cette âme louve (Hugo,Fin Satan,1885, p. 875).
b) [À propos de choses] La faim, cette louve décharnée hurlant sans cesse à leur porte (Fabre,Xavière,1890, p. 177).Disputant aux maigres louves Du regret les brebis de tes heures laissées (Régnier,Jeux rust.,1897, p. 38).
2. [Avec une idée de moeurs libres, dépravées] Femme débauchée, prostituée. Les louves du trottoir, lancées parmi les promeneurs, le regard aigu, la bouche provocante (Bourget,Nouv. Essais psychol., 1885, p. 32).Jean Péloueyre s'intéressait à la quête des prostituées, dénombrait ce troupeau de maigres louves (Mauriac,Baiser Lépreux,1922, p. 186).Elle est revenue ici parce que certains étudiants lui plaisent (...). C'est ce que les Latins appelaient lupa, une louve, une bête sans cesse affamée (Green,Moïra,1950, p. 176).
REM. 1. Loup est utilisé comme élém. de lexie complexe: a) α) Chien-loup*. β) Enfant-loup (cf. enfant rem. b β). b) α)
Cul-de-loup, subst. masc.Endroit retiré. Tu me vois d'ici au pied de mon arbre, dans ma cabane: même pas un cul-de-loup enterré, rien qu'une petite hutte dressée avec des branches (Genevoix,Raboliot,1925, p. 138).
β) Dent de loup, V. dent D 2 b Arts décoratifs et technol. γ)
Gueule(-)de(-)loup,(Gueule de loup, Gueule-de-loup) subst. fém.Tuyau coudé, posé sur le haut d'une cheminée, etc. Ces gueules de loup qui versent les eaux du ciel dans la rue en longues cascades bruyantes (Soulié,Mém. diable, t. 2, 1837, p. 45).La gueule de loup est (...) un tuyau coudé à angle obtus, mobile autour d'un axe (...) et portant une flèche d'orientation qui prend la direction que le vent lui imprime (Robinot,Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 5, 1928, p. 92).
δ) Saut-de-loup*. ε) Tête-de-loup*. ζ) Ventre de loup. [Juron] Ventre de loup! comme il était en colère! (Mérimée,Chron. règne Charles IX,1829, p. 20).Ventre de loup! vous êtes bien heureux que je sois un tyran! (Sardou,Rabagas,1872, I, 12, p. 38).c) Bot. α) Gueule-de-loup*. β) Pied-de-loup*. γ) Vesse-de-loup*. 2.
Lupeux, subst. masc.Être surnaturel, malfaisant. Le lupeux est un être franchement désagréable (Sand,Prom. autour vill.,1860, p. 223).
3.
Lupiforme, adj.,rare. a) Qui rappelle l'aspect extérieur du loup (supra I A 1). Les hommes montraient des visages d'animaux, hircins, lupiformes, simiesques (L. Daudet,Sylla,1922, p. 190).b) Qui est de la nature du loup (supra I C 4 a) ou du lupus*. On rencontre quelquefois des dermatoses sporotrichosiques polymorphes, (...) lésions verruqueuses, lupiformes (Langeron dsNouv. Traité Méd. fasc. 4 1925, p. 503).
Prononc. et Orth.: [lu], fém. [lu:v]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. A. 1. Ca 1100 lu (Roland, éd. J. Bédier, 1751); ca 1200 esgarder comme un blanc leu (Escoufle, 7609 ds T.-L.); ca 1230 venir entre chien et leu (H. Paucele, D'Estormi, 90 ds A. de Montaiglon et G. Raynaud, Recueil gén. fabliaux, t. 1, p. 201), v. aussi queue* le(u) leu (à la); - allus. à la voracité, la rapacité, la cruauté du loup, appliquées au comportement de l'homme ca 1160 (Eneas, 5371 ds T.-L.); ca 1165 (Benoît de Ste-Maure, Troie, 9159, ibid.: Hector, ensi come li lous Qui de longues est fameillos, S'embat por sa preie saisir, Que rien ne la li puet tolir...); a) proverbes xiiies. (Isopet ds Lyon, 3361, ibid.: Vous avez fait dou lou bergier); ca 1317 (ds Proverbes fr., éd. J. Morawski, 1000: La fains enchace le louf dou bois); id. (ibid., 1900: Qui de louf parole, près en a la coue); xves. (ibid., 2126: Qui se fait brebis, le leu le mengcue); b) loc. av. 1467 (Jean Molinet, Débat de l'aigle, du harenc et du lyon, ds Faictz et dictz, éd. N. Dupire, t. 2, p. 629, 30: Tresbuché suis en la gueulle des leups); 1520 tenir le loup par les oreilles «être dans une situation périlleuse» (Michel de Tours, trad. Suétone, III, 109 rods Hug.); 1599 avoir veu le loup «avoir de l'expérience» (Marnix, Differ. de la Relig., I, I, 3, ibid.); 2. a) ca 1165 «homme cruel et avide» (Benoît de Ste-Maure, op. cit., 8369, 15477 ds T.-L.); b) 1786 loup de mer «marin expérimenté, endurci, aux moeurs quelque peu sauvages» (d'apr. Jal1t. 2, p. 944 a); c) 1872 mon gros loup terme de tendresse (Larch.). B. 1. Ca 1225 désigne une affection corrosive, une sorte d'ulcère, de chancre (Péan Gatineau, St Martin, 8743 ds T.-L.: Il avoit la maladie Qui par tot est lous apelee ... La maladie qui mangiee Li ot la char et derungiee); 2. 1284 «sorte de grappin (engin de guerre)» (Jean de Meun, Art de chevalerie [trad. Végèce], éd. U. Robert, p. 136: coment ... lou [lupi] coulombes ... valent encontre les moutons); 3. 1453 ichtyol. leu (ds Z. rom. Philol. t. 94, 670); 1505 loup, loup de mer (Desdier Christol, Platine en françoys, fol. 87 voa d'apr. R. Arveiller ds Mél. Séguy, p. 71: on appelle ces poissons les loups pource qu'ilz devorent les aultres poyssons ainsi que les loups de terre font les brebis; 87 voa: du loup de mer); 4. 1680 «masque de velours porté par les femmes» (Rich.); 5. début xviiies. techn. «machine à carder la laine» (d'apr. Brunot t. 6, p. 415); 6. 1765 «filet de pêche» (Encycl. t. 9, p. 703 a); 7. a) 1807 arg. «dette faite chez un marchand» (d'apr. Esn.); b) 1832 id. Arts-et-Métiers Châlons «malfaçon, faute, pièce manquée» (id.); 1835 faire un loup «rater une pièce» (d'apr. G. Esnault ds Fr. mod. t. 18, p. 141); 1865 arg. comédiens «faute commise par les acteurs qui laissent la scène vide» (d'apr. Esn.). II. A. 1. 1174-77 love (Renart, éd. M. Roques, 5723: Hersant la love); ca 1265 allus. aux amours de la louve (Brunet Latin, Trésor, éd. J. Carmody, I, CXC, p. 167: Et quant li tens de sa [de la lue] luxure vient, plusor malle ensivent par la lue. Mais a la fin ele regarde en trestoz et eslit le plus lait qui gise o li); 2. id. «femme débauchée» (id. I, XXXV, p. 43-44: maintes ystores devisent que Romulus et Remus furent norris par une lue ... Il est voirs ke quant il furent nés, on les gieta sus une riviere... Entor cele riviere manoit une feme ki servoit a tous communalment, et teles femes sont apelees lues en latin. Cele feme prist les enfans et les norri molt doucement; et por ce fu il dit k'il estoient fius d'une lue). B. 1. 1460 technol. Tournai «trou fait aux pierres de taille pour introduire la louve propre à les soulever» (doc. Arch. de Tournai ds Gdf. s.v. traceure; v. aussi FEW t. 5, p. 462 b, note 16); 1552 louve de fer (Est. s.v. cheloma); 2. 1679 pêche «baril défoncé par où on jette les morues dans la cale du bateau» (Fournier, Hydrographie d'apr. FEW t. 5, p. 461 b); 1680 «filet rond pour prendre le poisson» (Rich.). I du lat. lupus «loup; espèce de poisson vorace; croc, grappin [en réf. à la robuste mâchoire du loup]». La forme rég. a.fr. leu a été remplacée par lou, prob. sous l'infl. combinée de la forme dial. de l'Ouest et du fém. louve (Pope, § 230, 343, 489; v. aussi FEW t. 5, p. 462 a); loup, par infl. étymol. En B, différentes acceptions dérivées du caractère de voracité, d'agressivité du loup; 4 s'explique prob. par la couleur sombre du masque et l'aspect quelque peu effrayant et mystérieux donné à celle qui le portait; 7 relève prob. de la notion de manque, de tort qui découle de celle d'agression, de rapacité. II du lat. lupa «louve; prostituée»; B 1 par allus. aux griffes de l'animal; 2 par allus. à son avidité, v. FEW t. 5, p. 462 b, notes 14 et 15. Fréq. abs. littér. Loup: 2301. Louve: 201. Fréq. rel. littér. Loup: xixes.: a) 2511, b) 4024; xxes.: a) 2664, b) 3884. Louve: xixes.: a) 259, b) 388; xxes.: a) 409, b) 178. Bbg. Lenoble-Pinson (M.). Le Langage de la chasse. Bruxelles, 1977, pp. 297-302. _ Quem. DDL t. 2, 5, 6, 14, 19, 20. _ Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 159; t. 3 1972 [1930], p. 30 (s.v. lupeux).

Article lié : Entre chien et loup : définition et origine de l’expression

Wiktionnaire

Nom commun - français

loup \lu\ masculin (pour la femelle, on dit : louve)

  1. (Zoologie) Mammifère carnivore de la famille des canidés, à l'allure d'un grand chien au pelage gris jaunâtre, aux yeux obliques et aux oreilles dressées, de nom scientifique Canis lupus lupus, et de même espèce (Canis lupus) que le chien domestique dont il est le pendant sauvage.
    • C’est ainsi que je sortis, après avoir remercié M. Goulden, qui m’avertit de ne pas rentrer trop tard, parce que le froid augmente à la nuit, et qu’une grande quantité de loups devaient avoir passé le Rhin sur la glace. — (Erckmann-Chatrian, Histoire d’un conscrit de 1813, J. Hetzel, 1864)
    • Ils semblaient inquiets, quelques-uns paraissaient pris de folie, les loups surtout, qui arrivaient en bandes échevelées, puis disparaissaient en poussant de rauques aboiements. — (Jules Verne, Le Pays des fourrures, J. Hetzel et Cie, Paris, 1873)
    • Très vite incriminés, les naturalistes ont procédé à une enquête visant à reconstituer la progression des loups depuis les Abruzzes jusqu’au Mercantour. — (Isabelle Mauz, Gens, cornes et crocs, page 221, Éditions Quae, 2005)
    • Comme il s’en revenait du champ le 13 septembre 1759, Joseph Nevoret est éventré et mangé par un loup carnassier à Viriat (Ain) : on était « environ le soleil couchant ». — (Jean-Marc Moriceau, Histoire du méchant loup : 3 000 attaques sur l’homme en France (XVe-XXe siècle), Fayard, 2007)
    • La malbête a encore attaqué ! répète-t-il. Le grand Berlot est blessé ! Tandis que le garçon raconte le combat acharné du solide moissonneur contre le loup enragé, les habitants de Mosnay se tournent vers la maison des Aufour en deuil. — (Xian Moriarty, Catherine Loiseau & Béatrice Ruffié Lacas, Monstres à toute vapeur, Lune Écarlate Éditions, 2014, page 51)
  2. (Familier) Terme d’affection.
    • Ils étaient évidemment des amoureux et sans doute des néoconjoints.
      Bientôt, je m’endormis au roucoulement de cette pseudo-ménagerie disparate, et au petit jour, je fus éveillé par des
      mon petit loup et des mon gros canard sans fin. — (Alphonse Allais, Le petit loup et le gros canard, dans Deux et deux font cinq, Paris, Paul Ollendorff, 1895,)
  3. (Pêche) Sorte de poisson ; loup de mer.
    • Les poissons qu'on y pêche sont d'un goût excellent; ceux qu'on estime le plus et qu'on rencontre le plus fréquemment, sont : le rouget, le maquereau, le loup, la sole, deux espèces de sardines enfin et sur-tout le mulet (vulgairement muge), dont nos pêcheurs distinguent aussi deux variétés. — (M. de Rivière, « Mémoire sur la Camargue », dans les Annales de l'agriculture française, 2e série, tome 34, Paris : chez Madame Huzard, avril 1826, p. 76)
    • Si le bar est communément appelé « loup « en Méditerranée, il existe bien un loup qui vit dans le sud des îles Britanniques (Anarhicas lupus). Le premier est d’une valeur gastronomique reconnue, tandis que le second est de bien moindre qualité. — (Pêche à pied en bord de mer, Éditions Artemis, 2005, page 146)
  4. Petit masque que l’on porte dans les bals masqués et qui ne couvre qu’autour des yeux.
    • Dans les bosquets obscurs du « Cabaret des raccourcis », un groupe d’apaches entourait Fantômas… du moins un homme vêtu de noir et masqué d’un loup. — (Pierre Souvestre et Marcel Allain, Fantômas, La Guêpe rouge, 1912, Éditions Robert Laffont, Bouquins, tome 5, page 690)
    • Le loup avec voilette en dentelle doublée constitue la touche finale du déguisement. — (Isabelle Hidair, Anthropologie du carnaval cayennais : une représentation en réduction de la société créole cayennaise, PubliBook, 2007, page 66)
  5. Sorte de masque porté par certains ouvriers pour protéger leur visage.
    • De place en place, quelque casseur de cailloux se redressait, et regardait à travers son loup de fil de fer cette carriole enragée et hurlante emportée dans la poussière. — (Guy de Maupassant, La maison Tellier, 1881, collection Le Livre de Poche, page 47.)
  6. (Technique) Gros défaut d’une pièce, entraînant sa mise au rebut ; malfaçon irrémédiable d'un ouvrage.
    • Arrivé à la cinquième période du travail, le puddleur doit avoir soin de bien nettoyer la sole, afin de ne pas y laisser du fer demi-affiné qui s'attacherait et formerait un loup. — (Lucien Ansiaux & Lambert Masion, Traité pratique de la fabrication du fer et de l'acier puddlé, texte, Liège, P. Gouchon & Paris, E. Lacroix, 1861, page 77)
    • Les loups sont la maladie la plus fréquente des fours à puddler. La fonte blanche bien travaillée donne rarement des loups, mais les meilleurs ouvriers peuvent obtenir des loups en travaillant sur fonte grise, […]. — (Benoit Valérius, Traité théorique et pratique de la fabrication du fer, Paris, L. Augustin Mathias & Bruxelles, chez l'auteur, 1843, page 196)
    • Si le [commandant du camp d'aviation] refuse de [donner à un avion expérimental] un pilote (et, vous savez, on essaie ici tout ce qui possède une hélice), vous pouvez parier que c'est un loup. — (William Faulkner, Sartoris, trad. René-Noël Raimbault & Henri Delgove, éd. Gallimard, 1937, rééd. Folio, p. 455-456)
  7. (Jeux) Jeu d’enfants où un des participants appelé loup doit toucher un de ses camarades qui devient le loup à son tour.
    • « Mais je veux jouer au loup », objecta Gérald. « Il veut jouer au loup », cria Géraldine, prenant soudain la part de son frère. « On veut jouer au loup ! » crièrent-ils de concert. — (Lucy Maud Montgomery, Anne au Domaine des peupliers, 1936, traduction Ruth & David Macdonald et John G. McClelland, 1989, éd. Québec Amérique, 2005, page 252)
  8. (Industrie textile) Sorte d’appareil de battage de la laine, avec des dents plus nombreuses.
    • Le louvetage termine l’épuration de la laine ; il est analogue à l’opération précédente ; seulement, le loup est armé d’un beaucoup plus grand nombre de dents, et il est animé d’une plus grande vitesse : il fait 6 à 800 tours par minute […] — (Jean Baptiste Dumas, Traité de chimie appliquée aux arts, Volume 8, 1846)
  9. (Armement) Verrou qui bloque le chien d’une arme à feu.
  10. (Métallurgie) Morceau de fonte qui obstrue le creuset.
  11. (Pêche) Filet que l’on tend sur trois perches de bois.
  12. (Orfèvrerie) Morceau d’ivoire brut servant de brunissoir, de polissoir.
  13. (Technique) Grosse pince destinée à l’arrachage des clous.
  14. Armoiries avec deux loups (sens héraldique)
    (Héraldique) Meuble représentant l’animal du même nom dans les armoiries. Il est généralement représenté passant la queue relevée. À rapprocher de chien, goupil, levrette, lévrier et renard.
    • Tranché : au 1er d’argent au loup passant en bande d’or, au 2e de gueules au loup passant en bande d’argent, qui est d’Échenans → voir illustration « armoiries avec deux loups »
  15. (Sylviculture) Arbre supervital mal conformé.
    • Un chêne dominant n’est éliminé pour une question de forme que s’il s’agit d’un véritable « loup » (arbre flexueux, fourchu ou très branchu à moins de 5 m, sans dominance apicale…). En cas de doute sur le fait qu’il s’agisse bien d’un loup irrécupérable, il est conservé, les chênes ayant en effet une forte capacité à améliorer leur forme avec le temps. — (Thierry Sardin, Chênaies continentales, Office national des forêts, 2008, ISBN 978-2-84207-321-3 → lire en ligne)
  16. (Figuré) Problème caché ou dissimulé.
    • Mais les syndicats ont vu le loup, caché derrière cette rationalisation de bon sens : la volonté de sortir les usines allemandes du système de cogestion qui donne aux syndicats un droit de regard sur la gestion et l’emploi dans les sites. — (Philippe Escande, Automobile : « En danger de mort, les constructeurs allemands rationalisent à tout-va », Le Monde. Mis en ligne le 18 novembre 2021)
  17. (Vieilli) Créancier.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

LOUP. n. m.
Quadrupède du genre Chien, sauvage et carnassier. Loup gris. Peau de loup. La chasse au loup. Fam., Il fait un froid de loup, Un froid très rigoureux. Fam., Être enrhumé comme un loup. Voyez ENRHUMER. Fam., Manger comme un loup, Manger beaucoup. Marcher à pas de loup, Marcher sans bruit et dans le dessein de surprendre. Fig. et fam., Être connu comme le loup blanc, Être extrêmement connu. Prov. et fig., La faim chasse le loup hors du bois, fait sortir le loup du bois. Voyez FAIM. Prov., fig. et pop., Quand on parle du loup on en voit la queue, se dit Lorsque quelqu'un survient au moment où l'on parle de lui. Prov. et fig., Il faut hurler avec les loups. Voyez HURLER. Prov. et fig., Qui se fait brebis, le loup le mange. Voyez BREBIS. Prov. et fig., Brebis comptées, le loup les mange, Les précautions ne garantissent pas toujours d'être trompé, l'excès de précaution est dangereux. Prov. et fig., Les loups ne se mangent pas entre eux, Les méchants s'épargnent entre eux. Fig., Entre chien et loup. Voyez CHIEN. Fig. et fam., Se mettre dans la gueule du loup, S'exposer à un péril évident qu'on pouvait éviter. Fig. et fam., Tenir le loup par les oreilles, Être dans une situation difficile, pressante, et ne savoir comment en sortir. Fig. et fam., Donner la brebis à garder au loup, Donner à garder quelque chose à une personne dont on devrait se méfier. Fig. et fam., Enfermer le loup dans la bergerie. Voyez BERGERIE. Saut de loup. Voyez SAUT. Loup marin. Un des noms vulgaires du phoque. Une peau de loup marin. Loup de mer se dit de Plusieurs poissons dont l'un, le Bar, est estimé pour sa chair délicate. Fig. et fam., Loup de mer, Vieux marin expérimenté et intrépide, ou Marin qu'un séjour constant sur mer a rendu un peu gauche et farouche. En termes d'Arts, Dents de loup, Découpure qui forme une suite d'angles aigus.

LOUP se dit aussi d'une Sorte de masque de velours noir qu'on portait autrefois pour cacher son visage ou pour le garantir du hâle. On ne le porte plus aujourd'hui que dans les mascarades. En termes d'Arts,

LOUP se dit d'un Appareil manqué à la fabrication, et en général de toute malfaçon.

Littré (1872-1877)

LOUP (lou ; le p ne se lie jamais : un lou enragé ; au pluriel, l's se lie : des lou-z enragés) s. m.
  • 1Animal du genre chien, à oreille droite, queue horizontale, pelage fauve, sauvage et carnassier. Il défend que son corps [de Polynice], sang d'Œdipe et de nous, Ait d'autre monument que le ventre des loups, Rotrou, Antig. III, 5. Le loup a beaucoup de force, surtout dans les parties antérieures du corps, dans les muscles du cou et de la mâchoire, Buffon, loup. Le chien est doux et courageux ; le loup, quoique féroce, est timide, Buffon, ib. Les chasseurs distinguent les loups en jeunes loups, vieux loups et grands vieux loups, Buffon, ib. Nous avons aperçu les grands ongles marqués Par les loups voyageurs que nous avions traqués, Vigny, la Mort du loup.

    Familièrement. Il fait un froid de loup, le temps est très rigoureux.

    Être enrhumé comme un loup, être fort enrhumé.

    Manger comme un loup, manger beaucoup. Ils ont mangé comme des loups, Scarron, Virg. IV.

    Marcher à pas de loup, marcher sans bruit et à dessein de surprendre.

    Loup gris, loup blanc, vieux loup renommé pour ses déprédations.

    Fig. Corbinelli est toujours un loup gris, comme vous savez, apparaissant, disparaissant, et ne pesant pas un grain, Sévigné, 22 avr. 1676. Je fis serment de ne jamais oublier la détestable nuit que ce vieux loup gris m'avait procurée en me menant loger chez lui, Lesage, Guzm. d'Alfer. III, 1.

    Il est connu comme le loup gris, comme le loup blanc, il est très connu.

    Il est décrié comme le loup blanc, se dit d'un homme très décrié.

    Fig. Être au vieux loup, s'est dit anciennement en parlant d'un terme vieilli. " Au vent sitôt ne se vira " ce mot est au vieux loup, Malherbe, Comment. sur Desportes, t. IV, p. 458.

    Courir un homme comme un loup gris, le poursuivre vivement.

    Il est comme les loups, il n'a jamais vu son père, se dit d'un bâtard, parce que, dit-on, les loups par jalousie déchirent celui qui a couvert la louve.

    Ces gens vont queue à queue, comme les loups, se dit quand des gens arrivent à la suite les uns des autres.

    Il a vu le loup, se dit d'un homme enrhumé, à cause d'une vieille erreur populaire qui faisait croire à une action malfaisante du regard du loup.

    Il a vu le loup, se dit aussi d'un homme aguerri, qui a vu le monde, qui a été aux occasions.

    Avoir vu le loup, en parlant d'une fille exprime qu'elle a eu des galanteries.

    Il a vu le loup, se dit aussi quelquefois d'un homme qui se tait subitement, voyant survenir celui dont il parlait. Lucrèce : Je crains ta folle humeur, garde-toi bien de rire ; Tu sais…Virginie : J'ai vu le loup, madame, c'est tout dire, Th. Corneille, Comt. d'Orgueil, IV, 2.

    Savoir la patenôtre du loup, savoir certaines paroles prétendues magiques pour empêcher que le loup n'étrangle les brebis.

    Entre chien et loup, voy. CHIEN. Mme de Sévigné a dit par une singulière ellipse : On soupe pendant le chien et le loup, Lett. 29 juin 1689.

    Fig. Tenir le loup par les oreilles, ne savoir quel parti prendre. Elle tient, comme on dit, le loup par les oreilles, Corneille, le Ment. IV, 7. L'hôtesse, ayant reconnu son erreur, Tint quelque temps le loup par les oreilles, La Fontaine, Berc.

    Donner la brebis à garder au loup, mettre quelque chose en une main infidèle.

    Enfermer le loup dans la bergerie, mettre quelqu'un dans un lieu où il peut faire aisément beaucoup de mal. Je viens, comme on dit, de mettre le loup avec la brebis, Brueys, Muet, II, 15.

    Enfermer le loup dans la bergerie, signifie aussi fermer une plaie, un abcès, sans qu'elle ait suffisamment suppuré. Je songe… que d'être toujours trompée sur cette guérison [de ma jambe], c'est une trop ridicule chose… il faut savoir s'il y a encore des loups dans la bergerie, et les en faire sortir, Sévigné, 15 avr. 1685.

    Saut de loup, voy. SAUT.

  • 2 Fig. Homme cruel, méchant. Quiconque est loup agisse en loup ; C'est le plus certain de beaucoup, La Fontaine, Fabl. III, 3. Puisqu'entre humains ainsi vous vivez en vrais loups, Traîtres, vous ne m'aurez de ma vie avec vous, Molière, Mis. V, 1. C'est ainsi que sont les hommes, naturellement loups les uns aux autres, Bossuet, Polit. VIII, IV, 2. Et même par sa mort leur fureur mal éteinte N'aurait jamais laissé ses cendres en repos, Si Dieu lui-même ici de son ouaille sainte à ces loups dévorants n'avait caché les os, Boileau, Épitaphe d'Arnauld. Faibles agneaux livrés à des loups furieux, Nos soupirs sont nos seules armes, Racine, Esth. I, 5. Fasse le ciel qu'ils [les jansénistes] n'aient jamais les bras longs ! ces loups seraient cent fois plus méchants que les renards jésuites, Voltaire, Lett. la Harpe, 2 juin 1768. Les Cimbres, qui marchèrent vers l'Italie et qui furent exterminés par Marius, étaient des loups affamés qui sortaient de leurs forêts avec leurs louves et leurs louveteaux, Voltaire, Dict. phil. Roi. C'est à moi de nourrir mes enfants, Et d'arracher mon peuple à ces loups dévorants, Voltaire, Henr. X. Puis-je voir mes troupeaux bêlants Qu'un loup impunément dévore, Sans penser à ces conquérants Qui sont beaucoup plus loups encore ? Voltaire, dans JULLIEN, p. 186. Quoique ces loups [les fanatiques] soient à craindre, la philosophie, avec un peu d'adresse, viendra à bout de leur arracher les dents, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 14 août 1767.
  • 3 Fig. La gueule du loup, le péril imminent. Se mettre à la gueule du loup. J'ai vite donné toutes les copies dont je me suis pu aviser, pour me tirer, moi, de la gueule du loup, Courier, Lett. II, 50.

    On a dit aussi la gueule au loup. Cette guerre me touche donc au dernier point ; il [Charles de Sévigné] est présentement dans l'armée du roi, c'est-à-dire à la gueule au loup, comme les autres, Sévigné, 2 juin 1672. …Un général portugais qui voulut porter la nouvelle lui-même de la bataille qu'il avait gagnée contre les Castillans, et laissa sa pauvre armée à la gueule au loup, Sévigné, 17 nov. 1675.

  • 4Loup du Mexique, ou loup rouge, espèce de chien.

    Loup noir, espèce de chien.

    Loup doré, chacal.

  • 5Nom vulgaire de phoques : le macrorrhin proboscidé, l'otarie de Péron. On distingue deux sortes de loups marins : ceux de la plus grosse espèce pèsent jusqu'à deux mille livres, et semblent avoir le nez plus pointu que les autres, Raynal, Hist. phil. XVI, 15.

    Loup de mer, nom du bars, poisson acanthoptérygien voisin des perches (labrax lupus), l'un des meilleurs des côtes de France.

    Loup de mer est aussi le nom donné, à cause de sa voracité insatiable, à l'anarhicas lupus, L. appelé par les Anglais sea-wolf.

    Fig. et familièrement. Loup de mer, nom qu'on donne quelquefois familièrement à de vieux et intrépides marins, peu habitués aux usages du monde.

    Les vieux brochets sont aussi parfois nommés loups par les pêcheurs.

  • 6Tribu d'aranéides qui chassent et attaquent leur proie à la course.
  • 7 Terme d'astronomie. Constellation appelée parfois la Bête, la Lance du Centaure ou la Panthère.
  • 8Espèce de masque de velours noir que les femmes ont porté pendant quelque temps pour se préserver du hâle ; il n'était point attaché, et elles le tenaient avec un bouton dans la bouche ; ainsi dit parce que d'abord il faisait peur aux petits enfants. Elle a levé son loup, comme par nonchalance, Et s'est pendant ce temps condamnée au silence, Hauteroche, Espr. follet, V, 2. Elles devaient changer d'habits l'une avec l'autre, mettre de grandes écharpes, et porter des loups, Hamilton, Gramm. 10. Les femmes parurent ne se plus soucier de leur visage, et commencèrent à le cacher ; elles prirent un loup, et n'allèrent plus que masquées dans les rues, aux promenades, en visite et même à l'église, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuv. t. IV, p. 116, dans POUGENS.
  • 9Nom donné autrefois à certains ulcères rongeants que l'on comparait à des loups dévorants.

    Nom vulgaire donné à une gastro-entérite compliquée d'hématurie, qui a été observée sur les vaches du département de l'Oise.

  • 10 Terme d'atelier. Défaut capital dans une pièce de bois.

    Faire un loup ; faire un travail qui ne peut pas servir, s'appliquer.

  • 11 Terme de librairie. Instrument de bois aplati pour dresser les paquets quand ils sont cordés.
  • 12Espèce de verrou ou de crochet qui arrête le chien d'une arme à feu.
  • 13 Terme de marine. Sorte de levier plus souvent nommé dent de loup.
  • 14 Terme de construction. Forte pince courbée avec laquelle on arrache les gros clous.
  • 15Morceau d'ivoire brut attaché à un manche, dont les orfévres se servent pour polir.
  • 16Portion de la machine à carder la laine.
  • 17Nom donné aux anciennes machines cylindriques ou coniques employées à ouvrir le coton en balles.
  • 18 Terme de pêche. Plusieurs genres de filets.
  • 19 Terme de métallurgie. Masse de fonte qui s'affine ou se refroidit dans un creuset, s'y coagule et l'obstrue. Ce minerai extra-réfractaire [un minerai de fer] est plus propre à donner des loups que des gueuses, Grandeau Et Laugel, Revue des sciences, p. 98.
  • 20Broderie, découpure à dents de loup, broderie, découpure qui forme une suite d'angles aigus.
  • 21Dent de loup, gros clou avec lequel on fixe les poteaux d'une cloison.
  • 22Gueule de loup, sorte de plante dont la fleur a été comparée à une gueule, dite aussi mufle de veau, antirrhinum majus, L. scrofularinées.

    Gueule de loup, sur une cheminée, voy. GUEULE, n° 6.

  • 23Tête de loup, grand manche de bois terminé par un balai rond, qui sert à nettoyer les plafonds.

PROVERBES

Il faut hurler avec les loups, il faut s'accoutumer aux manières de ceux avec qui l'on se trouve, quoiqu'on ne les approuve pas. Tous ces Normands voulaient se divertir de nous ; On apprend à hurler, dit l'autre, avec les loups, Racine, Plaid. I, 1.

Le loup mourra dans sa peau, il arrive rarement qu'un méchant homme s'amende.

Qui se fait brebis, le loup le mange, quand on est trop facile ou trop patient, on est sujet à être tourmenté, vexé, etc.

Brebis comptées, le loup les mange, quelque soin qu'on ait de garder ce qu'on a et d'en savoir le compte, on ne laisse pas quelquefois d'être volé ; ce proverbe signifie aussi : cela porte malheur de prendre le compte exact de ce que l'on possède.

Les loups ne se mangent pas, les méchants s'épargnent entre eux.

La guerre est bien forte quand les loups se mangent, se dit quand des gens de même profession sont en querelle.

Tandis que le loup chie, la brebis s'enfuit, proverbe grossier pour exprimer qu'il ne faut pas laisser échapper l'occasion qui se présente.

La faim chasse le loup hors du bois, la nécessité contraint les gens à faire, pour vivre, bien des choses contre leur inclination. Raison [besoin d'argent] où il n'y a pas un mot à répondre, raison qui ferme la bouche, raison enfin qui fait sortir le loup du bois, Sévigné, 14 oct. 1694. Alors la faim, qui chasse le loup hors du bois, me fit sortir de mon gîte pour aller acheter des vivres, Lesage, Guzm. d'Alfar. II, 4.

Quand on parle du loup, on en voit la queue, se dit lorsqu'un homme survient au moment où l'on parle de lui.

HISTORIQUE

XIe s. N'en mangeront [de nos corps] ne lu, ne porc, ne chien, Ch. de Rol. CXXX.

XIIe s. Unques od [avec] lou, ce m'est avis, Ne fu unquore autre lou pris, Benoit de Sainte-Maure, II, 3423.

XIIIe s. Les leus [elle] oït uller [hurler], et li huans [chat-huant] hua, Berte, XX. Quar cis siecles est si changiez, Que uns leus blans a toz mangiés Les chevaliers loiaus et preus, Rutebeuf, 231. Li lous le prent par grant aïr, As denz le houcepaigne et mort, Ren. 24488. Li leu qui mouton sembleroit, S'il o les brebis demorast, Cuidiés vous qu'il nes devorast ? la Rose, 11164. La grant ardeur de son courage Le fait semblant à loup ramage [sauvage], Du Cange, lupus. Adès i aura il du poil du leu [toujours y aura-t-il de la trahison], J. P. Sarrasin, dans JOINVILLE, p. 273, édit. de FR. MICHEL, 1858.

XIVe s. Car un proverbe dit par vraie autorité : Toujours reva li leus devers le bois ramé, Guesclin. 20969.

XVe s. Leur fault avoir ung aultre engin nommé loup, ou quel a ung fer courbe qui a très forts dens et agus, qui sont assis de telle maniere sur le mur qu'ilz viengnent engouler le tref du mouton [la poutre du bélier], et le tiendront si fort qu'il ne pourra tirer ne avant ne arriere, le Jouvencel, f° 87, dans LACURNE. Non pas vierge, non, mais ribaude, Qui fustes en avril sy baude, Le tiers jour, entre chien et leu, Mir. de Ste Genevieve. Necessité de querir à vivre fait saillir le loup du bois ; pour ce que necessité surmonte nature, Chartier, Espér. ou consolat. des 3 vertus.

XVIe s. Le prince de Condé, sachant les dispositions des premiers delateurs, n'estoit pas en petite peine, tenant. comme on dit, le loup par les oreilles, pour ce que la fuitte de la cour le mettoit en coulpe, sa demeure en danger, D'Aubigné, Hist. I, 95. Le duc de Parme, la jugeant [une armée] deux fois plus forte que le duc de Maienne ne lui avoit faite, lui reprocha qu'il lui avoit fait le loup plus petit qu'il n'estoit, D'Aubigné, ib. III, 239. Il y estoit connu comme le loup gris, Despériers, Contes, XX. Perdant la parole comme ceux qui ont vu le loup sans y penser, Yver, 586. Et s'il est autrement, que les loups [ulcères] me puissent manger les jambes, Sat. Mén. 49. Si aucun s'ingere de parler de paix, je le courroy comme un loup gris, ib. 97. Il ne faut pas tousjours arrester le cours de ventre : car ce seroit bien souvent enfermer le loup dans la bergerie, Paré, XX bis, 19. Il y a une autre espece d'araignée nommée loup, pource qu'elle ne chasse seulement aux mousches communes, Paré, XXIII, 35. Perrot, les loups m'ont veu, ma voix est enrouée, Je ne scaurois chanter, Ronsard, 743. Ores faisant semblant de vouloir combattre, ores s'esloignant tout à coup : retraicte de loup, monstrant toujours les dents, Brantôme, Prince d'Orange. Deux loups après une brebis, Cotgrave Le loup sçait bien que male beste pense, Cotgrave À mauvais chien ne peut on monstrer le loup, Cotgrave Le loup alla à Rome et y laissa de son poil, mais rien de ses coustumes, Cotgrave C'est une bonne prise que d'un jeune loup, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 180. Jeune homme en sa croissance a un loup en sa pance, Leroux de Lincy, ib. p. 181.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

LOUP. Ajoutez :
24Dans l'argot du théâtre, défaut qui produit un vide dans l'enchaînement des scènes ; c'est une extension de loup en termes d'atelier (voy. LOUP, n° 10). Les auteurs ont fort bien senti qu'il y avait là un loup, comme on dit en style de coulisse, et ils ont essayé de le faire disparaître dans une histoire de cabinet noir de lettres escamotées à la poste, Daudet, Journ. offic. 3 nov. 1874, p. 7342, 2e col.

On dit aussi qu'il y a un loup quand la scène reste vide dans le cours d'un acte.

HISTORIQUE

XVIe s. Ajoutez : Histoires au vieux loup, sottes histoires, Oudin, Curios. franç. p. 240, éd. de 1656. Discours au vieux loup, discours impertinents, Oudin, ib. p. 437. (comp. à LOUP, n° 1 : Ce mot est au vieux loup, de Malherbe).

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

LOUP, lupus, s. m. (Hist. nat. Zool.) animal quadrupede qui a beaucoup de rapport avec les grands chiens mâtins, pour la taille, les proportions du corps, & la conformation intérieure. Le principal trait qui distingue la face du loup de celle du mâtin, est dans la direction de l’ouverture des paupieres qui est fort inclinée, au lieu d’être horisontale, comme dans les chiens. Les oreilles sont droites. Le loup a le corps plus gros que le mâtin, les jambes plus courtes, la tête plus large, le front moins élevé, le museau un peu plus court & plus gros, les yeux plus petits & plus éloignés l’un de l’autre. Il paroît plus robuste, plus fort & plus gros ; mais la longueur du poil contribue beaucoup à cette apparence, principalement le poil de la tête qui est au-devant de l’ouverture des oreilles, celui du cou, du dos, des fesses, & de la queue qui est fort grosse. Les couleurs du poil sont le noir, le fauve, le gris, & le blanc mêlé différemment sur différentes parties. Le loup est très-carnassier, naturellement grossier & poltron, mais ingénieux par le besoin & hardi par nécessité. Il attaque en plein jour les animaux qu’il peut emporter, tels que les agneaux, les chevreaux, les petits chiens, quoiqu’ils soient sous la garde de l’homme. Mais lorsqu’il a été maltraité par les hommes ou par les chiens, il ne sort que la nuit ; il rôde autour des habitations ; il attaque les bergeries ; il creuse la terre pour passer sous les portes ; & lorsqu’il est entré, il met tout à mort avant de choisir & d’emporter sa proie. Lorsqu’il n’a pu rien trouver dans les lieux habités, il se met en quête au fond des bois ; il poursuit les animaux sauvages ; enfin, dans l’extrême besoin, il se jette sur les femmes & les enfans, & même sur les hommes. Les loups qui se sont accoûtumés à manger de la chair humaine en suivant les armées, attaquent les hommes par préférence : on les appelle loups-garoux, c’est-à-dire loup dont il faut se garer. Quoique le loup ressemble beaucoup au chien par la conformation du corps, cependant ils sont antipathiques par nature, & ennemis par instinct. Les jeunes chiens fuient les loups ; les chiens qui ont assez de force, les combattent à toute outrance. Si le loup est plus fort, il dévore sa proie : au contraire le chien abandonne le loup qu’il a tué ; il sert de pâture à d’autres loups, car ces animaux s’entre-dévorent : s’il s’en trouve un qui soit griévement blessé, les autres s’attroupent pour l’achever. On apprivoise de jeunes loups ; mais avec l’âge ils reprennent leur caractere féroce, & retournent, s’ils le peuvent, à leur état sauvage. Les louves deviennent en chaleur dans l’hiver ; les vieilles à la fin de Décembre, & les jeunes au mois de Février ou au commencement de Mars. Leur chaleur ne dure que douze ou quinze jours. Elles portent pendant environ trois mois & demi ; elles font ordinairement cinq ou six petits, quelquefois sept, huit, & même neuf, & jamais moins de trois. Elles mettent bas au fond d’un bois, dans un fort, sur une grande quantité de mousse qu’elles y apportent pour servir de lit à leurs petits. Ils naissent les yeux fermés comme les chiens ; la mere les alaite pendant quelques semaines, & leur donne ensuite de la chair qu’elle a mâchée. Au bout de six semaines ou deux mois, ils sortent avec la mere qui les mene boire ; ils la suivent ainsi pendant plusieurs mois ; elle les ramene au gîte ; les cache, lorsqu’elle craint quelque danger ; & si on les attaque, elle les défend avec fureur. Les mâles & les femelles sont en état d’engendrer à l’âge d’environ deux ans ; ils vivent quinze ou vingt ans. La couleur & le poil de ces animaux changent suivant les différens climats, & varie quelquefois dans le même pays. Il y a des loups dans toutes les parties du monde. Hist. natur. géner. & part. com. VII.

Loup, le, (Chasse) est le plus robuste des animaux carnassiers, dans les climats doux de l’Europe : il a sur-tout beaucoup de force dans les parties antérieures du corps : il est pourvû d’haleine, de vîtesse, & d’un fonds de vigueur qui le rend presqu’infatigable. Avec ces avantages, la nature lui a encore donné des sens très-déliés. Il voit, il entend finement ; mais son nez principalement est l’organe d’un sentiment exquis. C’est le nez qui apprend à cet animal, à de très-grandes distances, où il doit chercher sa proie, & qui l’instruit des dangers qu’il peut rencontrer sur sa route. Ces dons de la nature joints au besoin de se nourrir de chair, paroissent destiner le loup singuliérement à la rapine : en effet, c’est le seul moyen qu’il ait de se nourrir. Nous l’appellons cruel, parce que ses besoins sont souvent en concurrence avec les nôtres. Il attaque les troupeaux que l’homme reserve pour sa nourriture, & les bêtes fauves qu’il destine à ses plaisirs. Aussi lui faisons-nous une guerre déclarée ; mais cette guerre même qui fait périr un grand nombre d’individus de cette espece vorace, sert à étendre l’instinct de ceux qui restent : elle multiplie leurs moyens, met en exercice la défiance qui leur est naturelle, & fait germer en eux des précautions & des ruses qui sans cela leur seroient inconnues.

Avec une grande vigueur jointe à une grande sagacité, le loup fourniroit facilement à ses besoins, si l’homme n’y mettoit pas mille obstacles ; mais il est contraint de passer tout le jour retiré dans les bois pour se dérober à la vûe de son ennemi : il y dort d’un sommeil inquiet & leger, & il ne commence à vivre qu’au moment où l’homme revenu de ses travaux, laisse régner le silence dans les campagnes. Alors il se met en quête ; & marchant toujours le nez au vent, il est averti de fort loin du lieu où il doit trouver sa proie : dans les pays où les bois sont peuplés de bêtes fauves, la chasse lui procure aisément de quoi vivre. Un loup seul abat les plus gros cerfs. Lorsqu’il est rassasié, il enterre ce qui lui reste, pour le retrouver au besoin ; mais il ne revient jamais à ces restes que quand la chasse a été malheureuse. Lorsque les bêtes fauves manquent, le loup attaque les troupeaux, cherche dans les campagnes quelque cheval ou quelque âne égaré : il est très-friand sur-tout de la chair de l’ânon.

Si les précautions des bergers & la vigilance des chiens mettent les troupeaux hors d’insulte ; devenu hardi par nécessité, il s’approche des habitans, cherche à pénétrer dans les basse cours, enleve les volailles, & dévore les chiens qui n’ont pas la force ou l’habitude de se défendre contre lui. Lorsque la disette rend sa faim plus pressante, il attaque les enfans, les femmes ; & même après s’y être accoûtumé par degré, il se rend redoutable aux hommes faits. Malgré ces excés, cet animal vorace est souvent exposé à mourir de faim. Lorsqu’il est trahi par ses talens pour la rapine, il est contraint d’avaler de la glaise, de la terre, afin, comme l’a remarqué M. de Buffon, de lester son estomac & de donner à cette membrane importante l’étendue & la contension nécessaires, pour que le ressort ne manque pas à toute la machine.

Il doit à ce secours l’avantage d’exister peut-être quelques jours encore ; & il lui doit la vie, lorsque pendant ce tems le hazard lui offre une meilleure nourriture qui le répare.

Les loups restent en famille tant qu’ils sont jeunes, parce qu’ils ont besoin d’être ensemble pour s’aider réciproquement à vivre. Lorsque vers l’âge de dix-huit mois ils ont acquis de la force & qu’ils la sentent, ils se séparent jusqu’à ce que l’amour mette en société un mâle & une femelle : parmi celles-ci, les vieilles entrent en chaleur les premieres. Elles sont d’abord suivies par plusieurs mâles, que la jalousie fait combattre entr’eux cruellement : quelques-uns y périssent ; mais bien tôt le plus vigoureux écarte les rivaux ; & l’union étant une fois décidée, elle subsiste. Les deux loups que l’amour a joints, chassent ensemble, ne se quittent point, ou ne se séparent que de convention, & pour se rendre mutuellement la chasse plus facile. Voyez Instinct. Le tems de la chaleur n’est pas long ; mais la société n’en subsiste pas moins pendant les trois mois & demi que dure la gestation de la femelle, & même beaucoup au-delà. On prétend que la louve se dérobe au mâle pour mettre bas ses petits. Mais il est certain que très-souvent le pere chasse encore avec elle après ce tems, & qu’il apporte avec elle à manger aux louvetaux.

La vigueur & la finesse de sens dont les loups sont doués, leur donnant beaucoup de facilité pour attaquer à force ouverte ou surprendre leur proie, ils ne sont pas communément forcés à beaucoup d’industrie : il n’est pas nécessaire que leur mémoire, quant à cet objet, soit chargée d’un grand nombre de faits, ni qu’ils en tirent des inductions bien compliquées. Mais si le pays, quoiqu’abondant en gibier, est assiégé de pieges ; le vieux loup instruit par l’expérience, est forcé à des craintes qui balancent son appétit : il marche toujours entre le double écueil ou de donner dans l’embuche ou de mourir de faim. Son instinct acquiert alors de l’étendue ; sa marche est précautionnée ; tous ses sens excités par un intérêt aussi vif veillent à sa garde, & il est très-difficile de surprendre sa défiance.

On a pour chasser le loup des équipages de chiens courans, composés comme ceux avec lesquels on chasse les bêtes fauves. Voyez Vénerie. Mais il est nécessaire que les chiens d’un équipage du loup soient plus vîtes ; c’est pourquoi on les tire ordinairement d’Angleterre. Il faut aussi que les chevaux aient plus de vigueur & de fonds d’haleine ; parce qu’il est impossible de placer surement les relais pour la chasse du loup. Quoique ces animaux aient comme les autres, des refuites qui leur sont familieres, leur défiance naturelle & la finesse de leur odorat y mettent beaucoup plus d’incertitude : ils en changent, dès qu’il se présente quelqu’obstacle sur leur route. D’ailleurs le loup va toujours en avant, & il ne fait gueres de retours à moins que quelque blessure ne l’ait affoibli.

La raison des retours qui sont familiers à la plupart des bêtes fauves qu’on chasse, est pour les uns la foiblesse, & pour d’autres la crainte de s’égarer dans des lieux inconnus. Les cerfs nés dans un pays, ne s’écartent guere quand ils sont chassés de l’enceinte des trois ou quatre lieues qu’ils connoissent. Mais lorsque dans le tems du rut, l’effervescence amoureuse & la disette de femelles les a forcés de quitter le lieu de leur naissance, pour chercher au loin la jouissance & le plaisir ; s’ils sont attaqués, on les voit aussi-tôt prendre leur parti & refuir sans retour dans les bois d’où ils étoient venus. Or, le loup connoît toujours une grande étendue de pays ; souvent il parcourt vingt lieues dans une seule nuit. Né vagabond & inquiet, il n’est retenu que par l’abondance de gibier ; & cet attrait est aisément détruit par le bruit des chiens & la nécessité de se dérober à leur poursuite.

On va en quête avec le limier pour détourner le loup aussi bien que pour le cerf, mais il faut beaucoup plus de précautions pour s’assurer du premier. On peut approcher assez près du cerf sans le faire lever de la reposée, mais le moindre bruit fait partir le loup du liteau. Ainsi quand on l’a rembuché, il faut prendre les devans de très loin pour s’assurer s’il n’est pas passé plus avant. On est forcé souvent de faire ainsi plusieurs lieues à la suite d’un loup. Souvent encore, d’enceinte en enceinte, on arrive au bord d’une plaine où l’on trouve qu’il s’est déchaussé, c’est-à-dire qu’il a pissé & gratté comme fait le chien : alors il est sûr qu’il a pris son parti de percer en avant, & il est inutile de le suivre.

Il seroit très-rare de forcer les loups avec des chiens courans, parce qu’il est peu de chiens qui puissent joûter de vigueur contre ces animaux. Ainsi quand on chasse, des gens à cheval cherchent à gagner les devans pour tuer, ou du moins blesser le loup à coups de fusils. On l’attend aussi dans les plaines qu’on suppose qu’il doit traverser, & on l’y fait attaquer par des levriers & des mâtins qu’on tient en laisse pour cet usage. Les levriers atteignent assez promptement le loup : pendant qu’ils l’amusent, les mâtins plus lourds ont le tems d’arriver. Alors le combat devient inégal & sanglant ; & pendant que le loup est occupé à se défendre, on le tue assez facilement à coups d’épées.

La chasse du loup est en général vive & piquante, par le desir que les chasseurs ont de tuer l’animal, par la rapidité du train & la singularité des refuites. Mais elle a cet inconvénient, qu’on n’est jamais sûr de trouver l’occasion de chasser. Le moindre bruit fait vuider l’enceinte aux loups les mieux détournés : & les buissons creux sont très-ordinaires à cette chasse. Dans les provinces où les seigneurs n’ont pas d’équipages, on s’assemble pour tuer les loups en battue. Les paysans rangés & serrés passent dans les bois en faisant beaucoup de bruit, & les chasseurs se postent pour attendre & tuer les bêtes effrayées : mais ordinairement il en échappe beaucoup ; outre que souvent les battues sont mal faites, & les postes mal gardés, ces animaux défians éventent de loin les embuscades, & retournent sur les batteurs malgré le bruit.

Toutes ces chasses d’appareil n’ont pas un grand succès pour la destruction des loups. Le plus sûr moyen d’y parvenir, c’est d’être assidu à leur tendre des piéges, à multiplier les dangers sous leurs pas, & à les attirer par des apâts convenables. Le meilleur piége, lorsqu’on sait en faire usage, est celui qui est connu dans beaucoup d’endroits sous le nom de traquenard. Avant de le tendre, on commence par traîner un cheval ou quelqu’autre animal mort dans une plaine que les loups ont coûtume de traverser ; on le laisse dans un gueret ; on passe le rateau sur la terre des environs pour juger mieux les pas de l’animal, & d’ailleurs le familiariser avec la terre égalée qui doit couvrir le piége Pendant quelques nuits le loup rode autour de cet apât, sans oser en approcher. Il s’enhardit enfin : il faut le laisser s’y assurer plusieurs fois. Alors on rend plusieurs piéges autour, & on les couvre de trois pouces de terre pour en dérober la connoissance au défiant animal. Le remuement de la terre que cela occasionne, ou peut-être des particules odorantes de l’homme qui y restent, réveillent toute l’inquiétude du loup, & il ne faut pas esperer de le prendre les premieres nuits. Mais enfin l’habitude lui fait perdre la défiance, & lui donne une sécurité qui le trahit. Il est un apât d’un autre genre, qui attire bien plus puissamment les loups, & dont les gens du métier font communément un mystere. Il faut tâcher de se procurer la matrice d’une louve en pleine chaleur. On la fait sécher dans le four, & on la garde dans un lieu sec. On place ensuite à plusieurs endroits, soit dans le bois, soit dans la plaine une pierre, autour de laquelle on répand du sable. On frotte la semelle de ses souliers avec cette matrice, & on en frotte bien sur-tout les différentes pierres qu’on a placées. L’odeur s’y conserve pendant plusieurs jours, & les loups mâles & femelles l’éventent de très-loin : elle les attire & les occupe fortement. Lorsqu’ils se sont accoûtumés à venir gratter à quelqu’une des pierres, on y tend le piége, & rarement sans succès lorsqu’il est bien tendu & bien couvert.

Quelque défiant que soit le loup, on le prend avec assez de facilité par-tout où les piéges ne lui sont pas connus. Mais lorsqu’il est instruit par l’expérience, il met en défaut tout l’art des louvetiers. Cet animal naturellement grossier, parce qu’il est fort, acquiert alors un degré supérieur d’intelligence, & il apprend à se servir de tous les avantages que lui donne la finesse de ses sens : il devient nécessaire de connoître toutes les ruses de l’animal, & de varier à l’infini celles qu’on leur oppose. Cet assemblage d’observations & de connoissances forme une science dont la perfection, comme celle de toutes les autres, passe les bornes de l’esprit humain. Voyez Piége. Il est certain que sans tous ces moyens de destruction, la multiplication des loups deviendroit funeste à l’espece humaine. Les louves sont ordinairement en état de porter à dix huit mois : elles font quelquefois jusqu’à huit ou neuf petits, & jamais moins de trois. Elles les défendent avec fureur lorsqu’ils sont attaqués, & s’exposent aux plus grands périls pour les les nourrir.

Loup, (Mat. médic.) Les parties médicamenteuses du loup sont, selon l’énumération de Schroder, les dents, le cœur, le foie, les boyaux, les os, la graisse, la fiente, & la peau : & encore Schroder a-t-il oublié la chair.

On prétend que les hochets faits avec une dent de loup sont très utiles pour rendre la dentition plus aisée aux enfans ; & que si on leur fait porter des dents de loup en amulette, ils ne sont point sujets à la peur.

Parmi les vertus attribuées aux autres parties dont nous avons fait mention, les plus célébrées sont du même ordre que cette derniere : il s’agit d’une ceinture de peau ou de boyau de loup contre la colique ; de sa fiente appliquée aux bras ou aux jambes, au moyen d’une bandelette faite avec la laine d’une brebis qui ait été égorgée par un loup, &c. il est inutile d’ajouter que le peuple même croit à présent à peine à ces contes.

La graisse de loup n’a absolument que les qualités très-génériques, très-communes des graisses (Voyez Graisse), & c’est encore là un remede très-peu employé.

La seule partie encore mise en usage, c’est le foie. Les paysans & les chasseurs qui prennent des loups, ne manquent point d’en conserver le foie qu’ils font sécher au four, ou de le vendre à quelqu’apoticaire. C’est une drogue qui se trouve assez communément dans les boutiques : elle est vantée contre tous les vices du foie, & principalement contre les hydropisies qui dépendent d’un vice de ce viscere. On le donne en poudre, à la dose d’un gros : c’est un remede peu éprouvé. (b)

On prétend que le loup fournit lui-même un remede très efficace contre sa voracité ; & l’on assure que si on frotte les brebis avec sa fiente, il ne leur fait plus aucun mal. Pour cet effet, on dit qu’il n’y a qu’à détremper de la fiente de loup dans de l’eau ; on en frotte ensuite la gorge, le dos, & les côtés des brebis : cette fiente s’attache si fortement à leur laine, qu’elle y reste pendant très-long tems. On prétend que les loups ont de l’antipathie pour l’odeur qui en part, & qu’ils ne touchent point aux animaux qui ont été ainsi frottés. C’est à l’expérience à constater un fait qui, s’il se trouvoit véritable, seroit d’un grand avantage dans l’économie rustique. Voyez les Mémoires de l’académie de Suede, année 1753.

Loup, (Pelleterie.) la peau du loup, garnie de son poil, après avoir été préparée par le pelletier ou le mégissier, sert à faire des manchons & des housses de chevaux.

Loup marin, lupus, (Hist. nat.) poisson de mer ainsi nommé à cause de sa voracité ; on lui donne aussi le nom de lubin ou lupin qui vient de lupus : les petits sont appellés lupassons en Languedoc. Ce poisson est grand, épais, couvert d’écailles ; il a la tête longue, la bouche & les yeux grands, deux nageoires près des ouies, deux au-dessous, des aiguillons pointus & inégaux sur le dos ; ces aiguillons sont soutenus par une membrane mince : la nageoire de la queue n’a qu’un aiguillon, mais il y en a trois dans la nageoire qui est au-delà de l’anus. Lorsque ce poisson reste dans la mer, il a le dos mêlé de blanc & de bleu ; celui qui est à l’embouchure des rivieres est presque tout blanc, il vit de poissons & d’algue. Rond. hist. des poissons, liv. IX.

Loup, (Astronomie.) constellation méridionale qui comprend dix-neuf étoiles. Voyez Etoile & Constellation.

Loup, (Chimie.) c’est un des noms que les Chimistes ont donné à l’antimoine, parce qu’il dévore dans la fonte tous les métaux, excepté l’or & l’argent ; qu’il divise ou qu’il dissout non seulement ces substances, mais même tout limon, sable ou pierre avec lesquels on le fait fondre. (b)

Loup, en Chirurgie, ulcere virulent & chancreux qui vient aux jambes ; ainsi appellé, de ce qu’il ronge & consume les chairs voisines comme un loup affamé. Voyez Ulcere.

Loup-garou, (Hist. des superstitions) c’est dans l’opinion du menu peuple & des laboureurs un esprit malin, très-dangereux, travesti en loup, qui court les champs & les rues pendant la nuit.

L’idée superstitieuse que les hommes pouvoient être changés en loups, & reprendre ensuite leur forme, est des plus anciennes : hominem in lupos verti, rursùmque restitui sibi, falsum existimare debemus, dit Pline, lib. VIII. Cependant cette idée extravagante a subsisté long-tems ; la Religion & la Philosophie ne l’avoient point encore détruite en France sur la fin du seizieme siecle. La Rocheflavin, liv. II. tit. xij. art. 9. rapporte un arrêt du parlement de Dôle, du 18 Janvier 1574, qui condamne au feu Gilles Garnier, lequel ayant renoncé à Dieu, & s’étant obligé par serment de ne plus servir que le diable, avoit été changé en loup-garou. Bodin & Daniel Auge, Augentius, ont cité l’arrêt entier.

Il faut quelquefois rappeller ces sortes de traits aux hommes pour leur faire sentir les avantages des siecles éclairés. Nous devrions à jamais les bénir ces siecles éclairés, quand ils ne nous procureroient d’autres biens que de nous guérir de l’existence des loups-garou, des esprits, des lamies, des larves, des liliths, des lémures, des spectres, des génies, des démons, des fées, des revenans, des lutins, & autres phantômes nocturnes si propres à troubler notre ame, à l’inquiéter, à l’accabler de craintes & de frayeurs. Voyez Lutin. (D. J.)

Loup, le, (Art milit.) machine de guerre des anciens. Voyez Corteau.

Loup, terme de Pêche, sorte de filet que l’on peut rapporter à l’espece des ravoirs simples. Elle est en usage sur la côte de l’amirauté de Nantes. Cette pêche se fait à demi-lieue ou environ de terre. Pour cet effet, il faut trois grandes perches dont voici la destination. Celle de terre, qu’ils nomment perche amortie ou sédentaire, a environ vingt-deux piés de long ; elle reste toujours, & on ne la releve point comme les deux autres. La deuxieme se nomme la perche de rade qu’on plante, & qu’on releve tous les jussans. La forme du sac du ret ou filet est en losange à bout coupé ; il n’a aux deux bouts que trois brasses de haut, dans le milieu ou le fond, huit brasses, & sa longueur d’un bout à l’autre est de douze à treize brasses. La troisieme perche est celle du milieu.

Ce filet, dans son opération, est ajusté de maniere que ce tiers environ releve ou est retroussé comme aux filets que l’on nomme ravoirs.

Il ne faut qu’un bateau pour faire la perche du loup, & souvent il n’y a qu’un homme & des femmes ou filles, trois à quatre personnes au plus.

Quand les pêcheurs veulent tendre leur loup, ils amarent à la perche de terre ou amortie une haussiere de trente à quarante brasses de long ; on file le lin ; & à treize à quatorze brasses de la perche amortie, on jette le grapin frappé sur un petit cablot dont on file environ dix brasses : on fixe ensuite la perche de rade, en la faisant couler à pic sur un fond de vase où elle enfonce aisément par son propre poids, & on y amare le cablot du grapin qui de cette maniere lui sert d’étai, & la rend plus ferme & plus stable sur le fond.

Avant de piquer la perche de rade, on passe le bas & le haut des haussieres, bras ou hales du filet qui ont huit brasses de long ; celle du bas reste frappée à cinq piés au-dessus du fond, & celle du haut à cinq à six piés au-dessous du bout de la perche : on amare ensuite le haut & le bas des bras de la perche de terre qui est la perche amortie.

L’ouverture du ret est établie de maniere que la marée s’y entonne. Lorsque le filet est tendu, on met au milieu la troisieme perche qui peut avoir environ douze à treize piés de haut ; le bas passe environ un pié la partie du ret du loup qui est sur le fond, & cette perche se pique d’elle-même sur les vases durant que la pêche se fait. Les pêcheurs, dans leur bateau, se tiennent sur leur filet au-dessus de la perche du milieu.

Le ret de cette maniere est un filet non flotté, n’ayant ni plomb par bas, ni flottes par la tête ou le haut, de même que les ravoirs auxquels on le pourroit plûtôt comparer qu’à toute autre espece de ret ; il se tend à une heure de jussant ou de reflux, c’est-à-dire une heure environ après que la marée a commencé de perdre.

L’ouverture, comme nous avons dit, est de bout à la marée, & il est établi de maniere qu’aux deux tiers du jussant il en paroit alors trois piés de hors l’eau. On le releve une heure avant la basse eau.

Pour prendre le poisson du filet, on démonte la perche de rade, on dépique celle du milieu, & on dégage les deux bras de celle de terre ou sédentaire.

Cette pêche se fait avec succès depuis la saint Michel jusqu’à Noël ; il faut un tems calme & le gros de l’eau ; elle se fait également de jour & de nuit. On y prend de toutes sortes d’especes de poissons plats & des ronds, suivant les saisons & les marées.

Les mailles des rets des loups de Bourg-neuf, où nous n’avons trouvé que deux de ces filets, sont du grand échantillon, ayant seize à dix-sept lignes en quarré ; ces filets sont au surplus mal lacés & mal travaillés.

Cette pêche, comme on le peut remarquer par sa manœuvré, ne peut être que très-utile, sans pouvoir apporter aucun dommage sur les fonds où l’on la peut pratiquer, ne traînant point & ne pouvant jamais arrêter de frai ni de poisson du premier âge, parce que les mailles qui en sont larges, restent aussi toujours ouvertes & étendues de toute leur grandeur. Voyez nos Pl. de Pêche.

Il y a aussi une autre sorte de filets qu’on appelle loup, & dont on se sert dans la riviere de Loire ; ce sont les mêmes que l’on appelle verveux dans le canal de la Manche, avec cette différence qu’ils sont bien moins proprement faits & beaucoup plus petits. Ils sont composés d’un demi-cercle à l’entrée, & le sac du ret est soutenu de trois autres especes de cercles composés de petits batons emboîtés dans des morceaux de bois de sureau.

Le goulet du sac de ces loups va jusqu’au fond, & les mailles du sac qui en font le tour, sont de cinq à six especes différentes d’échantillons ; celles de l’entrée sont de trois sortes, les plus larges ont 37 lignes en quarré, les suivantes 29 lignes, & les plus serrés 27 lignes ; celles du fond du loup sont d’un assez bon calibre, & fort larges par rapport aux rets qu’elles forment ; les plus larges sont de 15 lignes, les autres ont 14 & 13 lignes, ensorte qu’on peut juger que le petit poisson ni le frai ne sauroient y être arrêtés, parce que le ret étant tendu, les mailles sont ouvertes, & qu’il a autant de liberté d’en sortir que d’y entrer. Les Pêcheurs tendent les loups dans les repos de la riviere.

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Étymologie de « loup »

En ancien français leu, du latin lupus (« loup »), lui même issu du osque-ombrien, du proto-italique *lukʷos, métathèses du proto indo-européen *wĺ̥kʷos. Le féminin lupa a donné louve par l’intermédiaire de l’ancien français love[1]. La forme lou(p) est dialectale ou analogique de louve.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Wallon, leu ; Berry, loube, des deux genres, loup et louve ; picard, leu ; provenç. lup, lop ; catal. llop ; espagn. lobo ; ital. lupo ; du lat. lupus ; grec, λύϰος ; lithuan. vilka ; slave, vlŭkŭ ; anc. pers. varka ; sanscr. vrĭka. Le slave vrĭka explique la transition de varka, forme primitive de vrĭka, en valka, vlaka, et, par affaiblissement de l'a, vluka ; de là ϝλύϰος, λύϰος, et le latin lupus, par changement de la gutturale en labiale.

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Phonétique du mot « loup »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
loup lu

Citations contenant le mot « loup »

  • Il ne faut pas enfermer le loup dans la bergerie.
    Proverbe français
  • Amitié de cour, foi de renards et société de loups.
    Sébastien Roch Nicolas, dit Nicolas de Chamfort — Maximes et pensées
  • Le loup attaque de la dent, le taureau des cornes.
    Horace en latin Quintus Horatius Flaccus — Satires, I, 1, 52
  • Madame, il fait grand vent et j'ai tué six loups.
    Victor Hugo — Ruy Blas, II, 3, billet du roi à la reine
  • Amants agneaux deviennent maris loups.
    Isaac de Benserade — Poème sur l'accomplissement du mariage de Leurs Majestés
  • La pire débauche est celle des femmes froides. Les apathiques sont des louves.
    Edmond et Jules de Goncourt
  • Ce loup ne savait pas encor bien son métier.
    Jean de La Fontaine — Fables, le Loup et le Chien maigre
  • Chair de loup, sauce de chien.
    Proverbe français
  • Brebis mal gardée du loup est tôt happée.
    Proverbe français
  • Un gentleman est un loup patient.
    Henriette Tiarks
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Images d'illustration du mot « loup »

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Traductions du mot « loup »

Langue Traduction
Anglais wolf
Espagnol lobo
Italien lupo
Allemand wolf
Chinois
Arabe ذئب
Portugais lobo
Russe волк
Japonais
Basque otso
Corse lupo
Source : Google Translate API

Synonymes de « loup »

Source : synonymes de loup sur lebonsynonyme.fr

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Loup

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