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Géant
Sommaire
- Définitions de « géant »
- Étymologie de « géant »
- Phonétique de « géant »
- Fréquence d'apparition du mot « géant » dans le journal Le Monde
- Évolution historique de l’usage du mot « géant »
- Citations contenant le mot « géant »
- Images d'illustration du mot « géant »
- Traductions du mot « géant »
- Synonymes de « géant »
- Antonymes de « géant »
- Combien de points fait le mot géant au Scrabble ?
Variantes | Singulier | Pluriel |
---|---|---|
Masculin | géant | géants |
Féminin | géante | géantes |
Définitions de « géant »
Trésor de la Langue Française informatisé
GÉANT, -ANTE, subst. et adj.
Wiktionnaire
Nom commun - français
géant \ʒe.ɑ̃\ masculin (pour une femme, on dit : géante)
-
(Mythologie) (Fantastique) Créature mythologique qui est semblable à un homme, mais de très grande taille.
- Le lézard se traîne où se promenait jadis la belle Geneviève songeant à son amant parti en Trébizonde combattre les géants. — (Gustave Flaubert et Maxime Du Camp, Par les champs et les grèves (Voyage en Bretagne), 1886, Le Livre de poche, page 207, 2012)
- Personne qui excède de beaucoup la stature ordinaire.
-
— […] je ne sais pas ce que c’est ; il y a donc des géants dans ce pays-ci ?
— Oui, quand ils sont montés sur des échasses. — (Hector Malot, Sans famille, 1887) - Il se redressa, et Laura, qui approchait, inquiète, du lieu d'où venaient ces cris, vit un spectacle étrange : le baron, fluet, maigrelet, dans la position du savateur — art noble qu'il avait pratiqué dans sa jeunesse — tournant autour d'un géant qui se contentait de tendre ses poings énormes. — (Bernard Fauconnier, L'Incendie de la Sainte Victoire, Grasset & Fasquelle, 1995, Monaco : Éditions Motifs, 2019, chapitre 7)
-
— […] je ne sais pas ce que c’est ; il y a donc des géants dans ce pays-ci ?
-
(Par extension) Ce qui excède ses semblables par sa taille.
- Parmi les autres grands projets miniers mis en place par des compagnies chinoises, on relève le géant de l’aluminium Chinalco qui a investi 4,82 milliards de dollars dans la mine de cuivre de Toromocho. — (Daniel Krajka, Le cuivre, c’est aussi le Pérou, dans L'Usine nouvelle, le 27 août 2014)
- Le géant chinois offrait de construire les 24 voitures pour 69 millions $, alors que l’AMT avait prévu 103 millions $ dans son budget. — (Julien Mcevoy, Autre retard de livraison des trains chinois d’exo, Le Journal de Montréal, 28 novembre 2020)
-
(Par extension) Celui ou celle qui surpasse ses semblables par son talent. → voir Himalaya
- La fin du XIXe siècle a connu deux géants de la lexicographie, Pierre Larousse et Émile Littré qui ont fait des choix opposés et également féconds. L'un a fait un grand dictionnaire encyclopédique, l'autre un grand dictionnaire de langue. — (Jacqueline Picoche, La descendance de Littré, dans Littré au XXIe siècle: le colloque du bicentenaire, sous la direction de Michel Mourlet, Éditions France Univers, 2003, page 151)
- « Il était au-dessus de tous. Un homme de passion, d’autorité, d’honnêteté, d’humour, de courage extraordinaire. Il ne faut jamais oublier son nom. C’était un géant parmi les autres héros de la Résistance » — (Sir Thomas Macpherson, Hommage à Bernard Cournil lors de l'inauguration du monument commémoratif du Terrain « Chénier » à Saint-Saury (Cantal), 9 avril 2006)
-
Le cul su'l'bord du Cap Diamant, les pieds dans l'eau du St-Laurent
J'ai jasé un p'tit bout d'temps avec le grand Jos Monferrand
D'abord on a parlé de vent, de la pluie puis du beau temps
Puis j'ai dit : «Jos dis-moi comment que t'es devenu aussi grand
Que t'es devenu un géant». — (Gilles Vigneault, chanson Jos Montferrand, album Ma jeunesse, 2018)
- (Ski alpin) (Par ellipse) Slalom géant, discipline de ski.
Adjectif - français
géant \ʒe.ɑ̃\ masculin
- Excédant de beaucoup la stature ordinaire, très grand.
- L'air maussade, il portait un jean et un tee-shirt orné d'un vélociraptor qui montrait les crocs, à cheval sur un chat géant arborant lui-même un tee-shirt sur lequel était écrit « XPTDR ». — (Chloe Neill, Les Vampires de Chicago, tome 7 : Permis de mordre, traduit de l'anglais (États-Unis) par Sophie Barthélémy, Paris : éditions Milady, 2013)
Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)
Celui, celle qui excède de beaucoup la stature ordinaire. Taille de géant. Stature de géant. On voit à la foire une géante. Par extension, L'éléphant, ce géant des animaux. Adjectivement, Un arbre géant. Un navire géant. Fig., Aller, marcher à pas de géant, Aller fort vite, faire de grands progrès dans quelque chose que ce soit.
Littré (1872-1877)
-
1 Terme de la mythologie. Nom d'êtres fabuleux d'une taille énorme, qui étaient fils de la Terre, avaient des pieds de serpents, et essayèrent de détrôner Jupiter ; ils furent foudroyés.
Il se dit aussi d'êtres à forme plus ou moins humaine et d'une très grande taille.
Que n'ont tant de géants accourci mon destin !
Rotrou, Herc. mour. III, 3.Et les os dispersés du géant d'Épidaure
, Racine, Phèdre, I, 1.Le Géant, se dit quelquefois de la constellation d'Orion.
-
2Dans la Bible, nom des êtres nés du commerce des anges avec les femmes.
Tout ce pays de Basan est appelé la terre des géants
, Sacy, Bible, Deutéron. III, 13.Les anciens géants n'ont point obtenu le pardon de leurs péchés, ils ont été détruits à cause de la confiance qu'ils avaient en leurs propres forces
, Sacy, ib. Ecclésiastique, XVI, 8. -
3 Par extension, personne qui excède de beaucoup la taille ordinaire. Quel géant ! Une géante. Stature de géant. Des faits dignes de foi attestent qu'il peut exister des hommes de deux mètres soixante centimètres et plus.
Le géant qu'on a vu à Paris en 1735 et qui avait six pieds huit pouces huit lignes était né en Finlande sur les confins de la Laponie méridionale ; le géant de Thoresby en Angleterre, haut de sept pieds cinq pouces anglais ; le géant, portier du duc de Wirtemberg, en Allemagne, de sept pieds et demi du Rhin
, Buffon, Suppl. à l'hist. nat. Œuv. t. XI, p. 122, dans POUGENS.Le courrier des Lapons, dans ses turlupinades, Veut qu'on aille au détroit où vogua Magellan, Pour se former l'esprit, disséquer un géant
, Voltaire, les Systèmes.J'ai d'un géant vu le fantôme immense Sur nos bivouacs fixer un œil ardent ; Il s'écriait : mon règne recommence ; Et de sa hache il montrait l'occident ; Du roi des Huns c'était l'ombre immortelle
, Béranger, Chant du Cosaque.Aller, marcher à pas de géant, aller, marcher à très grands pas.
Il [Dieu se faisant homme] ne s'est point arrêté aux anges, quoiqu'ils fussent, pour ainsi dire, les plus proches de son voisinage ; il est venu à pas de géant, sautant, dit l'Écriture, toutes les montagnes
, Bossuet, 3e sermon, Annonciation, 2.Punira-t-il des pygmées de n'avoir pas su marcher à pas de géant ?
Diderot, Nouv. pens. phil. 13.Fig. Faire des progrès rapides.
Marchez à pas de géant dans la voie de Dieu
, Massillon, Carême, Laz.Fig. Géant, se dit quelquefois d'un génie prodigieux. Michel-Ange est un géant.
Tel s'imagine être un géant Qui n'a pas plus d'une coudée
, Lamotte, Fables, I, 13.Me conseilleriez-vous d'y ajouter quelques petites réflexions détachées sur les Pensées de Pascal ? il y a déjà longtemps que j'ai envie de combattre ce géant
, Voltaire, Lett. en vers et en prose, 28.Périsse enfin le géant des batailles [Napoléon] ! Disaient les rois : peuples, accourez tous
, Béranger, Waterl. -
4Il se dit quelquefois des animaux d'une taille colossale. La baleine, ce géant des mers.
Terme d'histoire naturelle. Tout corps organisé dont la stature dépasse les proportions communes des individus de son espèce.
-
5Il se prend quelquefois adjectivement.
Le grand Darès seul se présente, Darès à la taille géante
, Scarron, Virg. v.On ne peut pas douter qu'il n'y ait eu des individus géants dans tous les climats de la terre, puisque de nos jours on en voit encore naître en tout pays
, Buffon, Notes justif. Ép. nat. Œuvres, t. XIII, p. 304.Fig.
De la servile Égypte on vante les tombeaux, Les lacs, les murs géants, le tortueux dédale,
Almanach des Muses, pour 1791.Puis la mer furieuse et tombée en démence, Et de son lit silencieux Se redressant géante, et de sa tête immense Allant frapper les sombres cieux
, Barbier, Iambes, popularité.
REMARQUE
On a dit au féminin géane, qui n'est plus usité et qui n'aurait jamais dû l'être. Il [M. Lecat] cite la fille géane vue par Goropius qui avait dix pieds de hauteur
, Buffon, Suppl. à l'hist. nat. Œuvres, t. XI, p. 123.
HISTORIQUE
XIe s. La premiere [eschele, escadron] est des jaians de Malperse
, Ch. de Rol. CCXXXVI.
XIIe s. Cume jaianz, forz en bataille, Que n'i a cors le suen i vaille
, Benoit de Sainte-Maure, II, 8410. Il s'esleechat [se réjouit] si cume gaianz à curre sa veie
, Liber psalm. p. 22. E vesti hauberc aussi come gyant
, Machab. I, 3. Sephi ki fud del lignage Arapha del parented as geanz
, Rois, p. 204.
XIIIe s. Là sunt li genestes jaiant Et pin et cedre nain seant
, La Rose, 5985.
XVe s. Isle aux geans [l'Angleterre]
, Deschamps, Poésies mss. f° 16.
XVIe s. Il dit ainsi ; le gean d'autre part Le mesuroit d'un terrible regard
, Ronsard, 618. Son corps estoit geant, et au milieu du front Contournoit un grand œil comme un grand boucler rond
, Ronsard, 749. Celui qui est sur les espaules du geant voit plus loing que celui qui le porte
, Cotgrave †
Encyclopédie, 1re édition (1751)
GÉANT, s. m. (Hist. anc. & mod.) homme d’une taille excessive, comparée avec la taille ordinaire des autres hommes.
La question de l’existence des géants a été souvent agitée. D’un côté, pour la prouver, on allegue les témoignages de toute l’antiquité, laquelle fait mention de plusieurs hommes d’une taille demesurée qui ont paru en divers tems ; l’Ecriture-sainte en parle aussi : les poëtes, les historiens profanes & les anciens voyageurs s’accordent à en dire des choses étonnantes. De plus, pour donner un poids décisif à cette opinion, on rapporte des découvertes de squelettes ou d’ossemens si monstrueux, qu’il a fallu que les hommes qui les ont animés ayent été de vrais colosses : enfin on le confirme par le récit des navigateurs.
Cependant, d’un autre côté, lorsqu’on vient à examiner de près tous ces témoignages ; à prendre dans leur signification la plus naturelle les paroles du texte sacré ; à réduire les exagérations orientales ou poétiques à un sens raisonnable ; à peser le mérite des auteurs ; à ramener les voyageurs d’un certain ordre, aux choses qu’ils ont vûes eux-mêmes, ou apprises de témoins irréprochables, à considérer les prétendus ossemens de squelettes humains ; à apprécier l’autorité des navigateurs dont il s’agit ici, & à suivre la sage analogie de la nature, presque toûjours uniforme dans ses productions, le probleme en question ne paroît plus si difficile à résoudre. Suivons pour nous éclairer, la maniere dont on le discute.
On remarque d’abord au sujet du texte sacré, que les mots employés de nephilim & de gibborim, que les septante ont traduits par celui de gigantes, & nous par le mot géants, signifient proprement des hommes tombés dans des crimes affreux, & plus monstrueux par leurs desordres que par l’énormité de leur taille. C’est ainsi que ces termes hébreux ont été interprétés par Théodoret, S. Chrysostome, & après eux par nos plus savans modernes.
On dit ensuite que le fondement sur lequel Josephe, & quelques peres de l’Eglise après lui, ont crû qu’il y avoit eu des géants, est manifestement faux, puisqu’ils supposent qu’ils étoient sortis du commerce des anges avec les filles des hommes ; fable fondée sur un exemplaire de la version des septante & sur le livre d’Enoch, qui au lieu des enfans de Dieu, c’est-à-dire des descendans de Seth, qui avoient épousé les filles de Caïn, ont rendu le mot hébreu par celui d’anges.
On observe, en troisieme lieu, qu’il n’est pas question dans le Deutéronome (ch. iij. v. 2.) de la taille gigantesque d’Og, roi de Basan ; il ne s’agit que de la longueur de son lit, qui étoit de neuf coudées ; c’est-à-dire, suivant l’appréciation de quelques modernes, de treize piés & demi. Si présentement l’on considere que les Orientaux mettoient leur faste en vastes lits de parade, l’on trouvera que l’exemple le plus respectable qu’on allegue d’un géant, ne porte que sur la grandeur d’un lit qui servoit à sa magnificence.
Pour ce qui regarde Goliath, on croit qu’il seroit très-permis de prendre les six coudées & une palme que l’auteur du premier livre des Rois lui donne, pour une expression qui ne désigne autre chose qu’une grande taille au-dessus de l’ordinaire ; elle étoit telle dans Goliath, qu’il paroissoit avoir plus de six coudées : il sembloit grand comme une perche de six coudées & une palme. Notre foi n’est point intéressée dans le plus ou le moins d’exactitude du récit des faits qui ne la concernent point.
Si l’on passe aux témoignages des auteurs profanes allégués en faveur de l’existence des géants, on pense qu’il n’est pas possible de s’y laisser surprendre, quand on se donnera la peine de faire la discussion du caractere de ces auteurs, & des faits qu’ils avancent.
Dans cette critique, Hérodote, accusé en général d’erreur & même de mensonge par Strabon, en cent choses de sa connoissance, l’est en particulier par ce géographe & par Aulu-Gelle, au sujet de douze piés & un quart que cet historien donne au squelette d’Oreste qu’on avoit découvert je ne sais où.
Plutarque doit être repris avec raison d’avoir copié de Gabinius, écrivain tenu pour suspect de son tems même, la fable de 60 coudées qu’il dit que Sertorius reconnut sur le cadavre du géant Antée, qu’il fit déterrer dans la ville de Tanger.
Le passage dans lequel Pline semble attribuer au squelette d’Orion trouvé en Candie, xlvj. coudées, s’il est bien examiné, ne peut qu’être altéré par quelque copiste, qui aura placé au-devant du chiffre vj. celui de xl. car il n’est pas naturel que l’ordre d’une gradation, comme celle qu’il paroît qu’a voulu suivre cet auteur, en comptant depuis vij. jusqu’à jx. coudées, se trouve interrompu par le nombre de xlvj. placé au milieu de la gradation.
La variation de Solin sur le même fait, ne lui donne pas plus de crédit qu’à Pline, dont on sait qu’il n’est que le copiste.
Phlégon sera sifflé dans la relation de son géant Macrosyris, par le ridicule de cinq mille ans de vie qu’il lui donne dans l’épitaphe qu’il en rapporte.
Apollonius, Antigonus, Caristius, & Philostrate le jeune, auteurs déjà décrédités par le faux merveilleux dont ils ont rempli leurs écrits, le deviennent bien davantage par leur fable d’un géant de cent coudées.
Quantité d’autres narrations de ce caractere se trouvent détruites par les seules circonstances dont les auteurs les ont accompagnées. Plusieurs nous disent que d’abord qu’on s’est approché des cadavres de ces géants, ils sont tombés en poussiere ; & ils le devoient, pour prévenir la curiosité de ceux qui auroient voulu s’en éclaircir.
Où y a-t-il plus de contradictions & d’anachronismes que dans la prétendue découverte du corps de Pallas, fils d’Evandre ? la langue dans laquelle est faite son épitaphe, son style, cette lampe qui ne s’éteignit, après 2300 ans de clarté, que par l’accident d’un petit trou, & autres puérilités de ce genre, ne sont qu’une preuve de la simplicité de Fostat, évêque d’Avila, qui a pris pour vrai un conte de la chronique du moine Hélinand, forgé dans un siecle d’ignorance.
Les corps des Cyclopes qui ont été trouvés dans différentes cavernes, avoient, selon Fazel, 20 ou 30 coudées de hauteur ; & le P. Kircher, qui a vû & mesuré toutes ces cavernes, ne donne à la plus grande de toutes que 15 à 20 palmes.
Pour ce qui regarde les découvertes de dents, de côtes, de vertebres, de fémur, d’omoplates, qu’on donne, attendu leur grandeur & leur grosseur, pour des os de géants, que tant de villes conservent encore, & montrent comme tels, les Physiciens ont prouvé que c’étoient des os, des dents, des côtes, des vertebres, des fémurs, des omoplates d’éléphans, de vraies parties de squelettes d’animaux terrestres, ou de veaux marins, de baleines, & d’autres animaux cétacés, enterrés par hasard, par accident, en différens lieux de la terre ; ou quelquefois d’autres productions de la nature, qui se joue souvent en de pareilles ressemblances.
Ces os, par exemple, qu’on montroit à Paris en 1613, & qui furent ensuite promenés en Flandres & en Angleterre, comme s’ils eussent été de Teutobochus dont parle l’histoire romaine, se trouverent des os d’éléphans. On envoya en 1630 à MM. de Peyresc une grosse dent qu’on lui donna pour être celle d’un géant ; il en prit l’empreinte sur de la cire ; & quand on vint à la comparer à celle d’un éléphant qui fut déterré dans le même tems à Tunis, elles se trouverent de la même grandeur, figure, & proportion. La fourberie n’est pas nouvelle : Suétone remarque dans la vie d’Auguste, que dès ce tems-là, l’on avoit imaginé de faire passer de grands ossemens d’animaux terrestres pour des os de géans ou des reliques de héros. Tout concouroit à tromper le peuple à ces deux égards. Quoique Séneque parle des géans comme d’êtres imaginaires, son discours prouve que le peuple en admettoit l’existence. La coûtume de anciens de représenter leurs héros beaucoup plus grands que nature, avoit nécessairement le pouvoir sur l’imagination, de la porter à admettre dans certains hommes au-dessus du vulgaire, une taille demesurée. Les statues de nos rois ne nous en imposent-elles pas encore tous les jours à cet égard ? il est vraissemblable que parmi ceux qui considéreront dans quatre ou cinq cents ans la figure de bronze qui représente Henri IV, sur le pont-neuf, si cette statue subsiste encore, la plus grande partie se persuaderont que ce monarque immortel par ses exploits & ses rares qualités, étoit un des hommes de la plus haute taille.
Cependant quelques modernes assez philosophes pour connoître les sources de nos illusions, assez versés dans la critique pour démêler la vérité du mensonge, assez sages pour ne donner aucune confiance ni aux prétendus ossemens humains ni à toutes les relations de l’antiquité sur l’existence des géans, ne laissent pas que d’être ébranlés par les récits de plusieurs navigateurs, qui rapportent qu’à l’extrémité du Chily vers les terres Magellaniques, il se trouve une race d’hommes dont la taille est gigantesque, ce sont les Patagons. M. Frezier dit avoir appris de quelques espagnols, qui prétendoient avoir vû quelques-uns de ces hommes, qu’ils avoient quatre varres de hauteur, c’est-à-dire neuf à dix piés.
Mais on a très-bien observé que M. Frezier ne dit pas avoir vû lui-même quelques-uns de ces géans ; & comme les relations vagues des Portugais, des Espagnols, & des premiers navigateurs hollandois, ne sont point confirmées par des voyageurs éclairés de ce siecle ; que de plus elles sont remplies d’exagérations ou de faussetés en tant d’autres choses, on ne sauroit trop s’en défier.
Enfin il est contre toute vraissemblance, comme le remarque l’auteur de l’histoire naturelle, « qu’il existe dans le monde une race d’hommes composée de géans, sur-tout lorsqu’on leur supposera dix piés de hauteur ; car le volume du corps d’un tel homme seroit huit fois plus considérable que celui d’un homme ordinaire. Il semble que la hauteur ordinaire des hommes étant de cinq piés, les limites ne s’étendent guere qu’à un pié au-dessus & au-dessous ; un homme de six piés est en effet un homme très-grand, & un homme de quatre piés est très petit : les géans & les nains qui sont au-dessus & au-dessous de ces termes de grandeur, doivent donc être regardés comme des variétés très-rares, individuelles & accidentelles ».
L’expérience nous apprend que lorsqu’il se rencontre quelquefois parmi nous des géans, c’est-à-dire des hommes qui ayent sept à huit piés, il, sont d’ordinaire mal conformés, malades, & inhabiles aux fonctions les plus communes.
Après tout, si ces géans des terres Magellaniques existent, ce que le tems seul peut apprendre, « ils sont du-moins en fort petit nombre ; car les habitans des terres du détroit & des îles voisines sont des sauvages d’une taille médiocre ».
On lit dans les journaux que le P. Joseph Tarrubia, espagnol, a fait imprimer tout récemment (1756) une giganthologie, dans lequel ouvrage il prétend réfuter le chevalier Hans-Sloane, & prouver l’existence des géans sur des monumens d’antiquité indienne : mais en attendant que quelqu’un se donne la peine d’examiner la valeur de pareils monumens, qui selon toute apparence ne seront pas plus authentiques que tant d’autres en ce genre ; le lecteur curieux d’une bonne giganthologie physique, fera bien d’étudier celle du même chevalier Hans-Sloane, qui n’a pas plû au bon pere espagnol ; elle est insérée dans les Transact. philosoph. n°. 404 ; & par extrait, dans le suppl. du dict. de Chambers. (D. J.)
Géans, (Mytholog.) enfans de la Terre qui firent la guerre aux dieux : Hésiode fait naître ces géans du sang qui sortit de la plaie d’Uranus ; Apollodore, Ovide, & les autres poëtes les font fils de la terre, qui dans sa colere les vomit de son sein pour faire la guerre aux dieux exterminateurs des Titans.
Ces géans, disent-ils, étoient d’une taille monstrueuse & d’une force proportionnée à cette prodigieuse hauteur ; ils avoient cent mains chacun, & des serpens au lieu de jambes. Résolus de déthroner Jupiter, ils entreprirent de l’assiéger jusque sur son throne, & entasserent pour y réussir le mont Ossa sur le Pélion, & l’Olympe sur le mont Ossa, d’où ils essayerent d’escalader le ciel, jettant sans cesse contre les dieux de grands quartiers de pierre, dont les unes qui tomboient dans la mer, devenoient des îles, & celles qui retomboient sur la terre faisoient des montagnes. Jupiter effrayé lui même à la vûe de si redoutables ennemis, appella les dieux à sa défense ; mais il en fut assez mal secondé ; car ils s’enfuirent tous en Egypte, où la peur les fit cacher sous la figure de différentes especes d’animaux.
Un ancien oracle avoit prononcé que les géans seroient invincibles, & qu’aucun des dieux ne pourroit leur ôter la vie, à-moins qu’ils n’appellassent quelque mortel à leur secours. Jupiter ayant défendu à l’Aurore, à la Lune & au Soleil d’annoncer ses desseins, devança la Terre qui cherchoit à soûtenir ses enfans, & par l’avis de Pallas fit venir Hercule pour combattre avec lui ; à l’aide de ce héros, il extermina les géans Encélade, Polybetès, Alcyonée, Porphyrion, les deux Aloïdes, Ephialte, Othus, Eurytus, Clytius, Tithyus, Pallas, Hippolitus, Agrius, Thaon, & le redoutable Typhon, qui seul, dit Homere, donna plus de peine aux dieux que tous les autres géans ensemble. Jupiter après les avoir défaits, les précipita jusqu’au fond du Tartare, ou, suivant d’autres poëtes, il les enterra vivans, soit sous le mont Ethua, soit en différens pays ; Encélade fut enseveli sous la Sicile, Polybetès sous l’île de Lango, Othus sous l’île de Candie, & Typhon sous l’île d’lschia.
Ces prétendus géans de la fable n’étoient, suivant plusieurs de nos Mythologistes, que des brigands de Thessalie qui vinrent attaquer Jupiter sur le mont Olympe où ce prince avoit fait bâtir une forte citadelle : ce mont Olympe, ajoûtent-ils, a été pris par les plus anciens poëtes pour le Ciel, & parce que les monts Ossa & Pélyon, qui sont peu éloignés de l’Olympe, servoient de retraite à ces bandits qui s’y étoient fortifiés, & qui de-là tenoient en respect la garnison de l’Olympe, on imagina de leur faire entasser montagnes sur montagnes, pour atteindre jusqu’au ciel.
Mais quoique cette explication soit généralement adoptée, je croirois plûtôt que toute la fable des géans n’est qu’une tradition défigurée de l’histoire de Typhon & d’Osiris. On sait qu’il y avoit en Egypte des monumens plus anciens que les fables des Grecs, des villes sondees & un culte établi en l’honneur des mêmes animaux dont leurs poëtes nous disent que les dieux prirent la figure, en se retirant de frayeur dans ce pays là. (D. J.)
Géans, (ossemens de) Hist. nat. nat. Voyez Ossemens fossiles.
Géans, (pavé des) Hist. nat. Lythol. en anglois Giant’s causeway. Voyez Pavé.
Étymologie de « géant »
Wallon, gaiâ ; génev. géane au lieu de géante ; wallon, agèian, ajoan ; du latin gigantem, qui vient du grec γίγας, que l'on tire de γῆ, la terre, et une forme irrégulière γας, tenant au radical qui veut dire naître. On a indiqué aussi le sanscrit jigat, qui veut dire naître ou marcher.
- Du grec ancien γίγας, gígas, désignant, dans la mythologie grecque, les Géants qui tentèrent de détrôner Zeus en escaladant l’Olympe. Zeus les foudroya en route.
Phonétique du mot « géant »
Mot | Phonétique (Alphabet Phonétique International) | Prononciation |
---|---|---|
géant | ʒeɑ̃ |
Fréquence d'apparition du mot « géant » dans le journal Le Monde
Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.
Évolution historique de l’usage du mot « géant »
Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.
Citations contenant le mot « géant »
-
Kangourou, puce géante.
Jules Renard — Journal -
Si vous apercevez un géant, regardez d'abord la position du soleil, et voyez si le géant n'est pas l'ombre d'un pygmée.
Novalis -
Internet ressemble à une méduse géante. On ne peut pas marcher dessus. On ne peut pas en faire le tour. Il faut passer au travers.
John Evans -
Un nain assis sur la plus haute marche est plus haut qu’un géant dressé sur la plus basse.
Adage arabe -
Quel amour de Nymphe peut suffire à contenter celui d'un Géant ?
Luís Vaz de Camões — Les Lusiades, V, 53 -
Le talent arrive tant bien que mal aux conclusions alors que le génie fait des sauts de géant.
Edwin Percy Whipple — Literature and Life : Genius -
J'ai vu plus loin que les autres parce que je me suis juché sur les épaules de géants.
Isaac Newton -
L'admiration change les proportions entre les hommes, fait de l'un un géant et de l'autre un lilliputien.
Martine Le Coz — Céleste -
Peut-être est-on les fourmis de quelque géant invisible.
Marc Gendron — Les Espaces glissants -
Le nain voit plus loin que le géant, lorsqu'il a l'épaule de celui-ci sur laquelle monter.
Samuel Taylor Coleridge — In le journal The Friend
Images d'illustration du mot « géant »
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Traductions du mot « géant »
Langue | Traduction |
---|---|
Anglais | giant |
Espagnol | gigante |
Italien | gigante |
Allemand | riese |
Chinois | 巨人 |
Arabe | عملاق |
Portugais | gigante |
Russe | гигант |
Japonais | 巨人 |
Basque | erraldoi |
Corse | gigante |
Synonymes de « géant »
- titan
- surhomme
- héros-héroïne
- grande perche
- girafe
- mastodonte
- colosse
- titanesque
- hercule
- balèze
- gigantesque
- colossal
Antonymes de « géant »
Combien de points fait le mot géant au Scrabble ?
Nombre de points du mot géant au scrabble : 5 points