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Fièvre

Variantes Singulier Pluriel
Féminin fièvre fièvres

Définitions de « fièvre »

Trésor de la Langue Française informatisé

FIÈVRE, subst. fém.

A.−
1. État morbide caractérisé par l'élévation de la température du corps et divers troubles physiologiques (accélération du rythme cardiaque et respiratoire, troubles nerveux). Avoir la fièvre (vieilli); prendre, reprendre la fièvre; un mouvement de fièvre (vieilli); un accès, une poussée de fièvre. Le feu de la fièvre circule dans mes veines (Sand, Lélia,1833, p. 251).Une fièvre violente l'avait retenu dans Rome, où il avait été obligé de garder le lit toute la semaine (Stendhal, Abbesse Castro,1839, p. 177).Il faudra savoir ensuite comment le quinquina peut guérir la fièvre; il n'agit pas sur la fièvre, mais sur une condition physico-chimique (Bernard, Principes méd. exp.,1878, p. 283):
1. − Combien? − 37,5. Elle a vomi son biberon de quatre heures. − Température rectale? Ce n'est pas la fièvre, surtout le soir. − C'est la fièvre, le docteur Chatard l'a dit. − Mais non, il voulait parler de la température prise sous le bras. − Et moi, je te dis que c'est la fièvre. Peu de chose, bien sûr. Mais enfin, c'est la fièvre. Mauriac, Myst. Frontenac,1933, p. 175.
Expr. Sentir la fièvre (fam.). Répandre une odeur légèrement nauséabonde, caractéristique de l'état fiévreux. Ils sont moites, ils sentent la fièvre (Sartre, Mouches,1943, III, 1, p. 86).Tomber de fièvre en chaud mal (au fig., vieilli). V. chaud I B 2.
Spéc. Élévation pathologique de la température du corps au-dessus de la normale chez l'homme et l'animal. Avoir de la fièvre, 40 degrés de fièvre, beaucoup de fièvre. (Quasi-)synon. température (fam.), hyperthermie (en méd.).La fièvre était montée d'un seul coup à quarante degrés, le malade délirait sans arrêt (Camus, Peste,1947, p. 1232).Zaza était très malade; elle avait une grosse fièvre, et d'affreux maux de tête (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 357).
Fièvre de cheval (v. ce mot B 1).
SYNT. a) Trembler, grelotter la fièvre (vieilli); brûler, trembler de fièvre, mourir de fièvre. b) La fièvre s'allume (vieilli), se calme, se déclare, diminue, empire, passe, tombe, retombe; la fièvre brûle, dévore, mine, ronge qqn. c) Fièvre ardente, élevée, faible, intense, modérée, vive; forte, mauvaise fièvre.
Rem. On relève ds la docum. qq. attest. du syntagme de fièvre en fonction de déterm. au sens de fiévreux. J'ai la tête en feu, des mains de fièvre (Estaunié, Vie secrète, 1908, p. 342).
2. Vieilli. [Gén. suivi d'un déterm.] Maladie accompagnée de fièvre. La fièvre, qui tue un enfant sur trois, décime régulièrement les familles (About, Grèce,1854, p. 67).En quatre jours cependant, la fièvre fit quatre bonds surprenants : Seize morts, vingt-quatre, vingt-huit et trente-deux (Camus, Peste,1947p. 1266).
a) MÉDECINE
[Le déterm. désigne l'organe où se produisent les troubles] Fièvre cérébrale, muqueuse.
[Le déterm. désigne l'origine du trouble] Fièvre de Malte, des marais; fièvre inflammatoire, paludéenne, puerpérale, traumatique; fièvre charbonneuse (v. charbon2), typhoïde; fièvre de croissance, de lait.
[Le déterm. spécifie une manifestation du trouble] Fièvre hectique, intermittente, lente, ondulante, oscillante, quarte, récurrente, tierce; fièvre d'accès (v. accès2), en plateau; fièvre aphteuse, boutonneuse, éruptive, miliaire; fièvre jaune, pourpre, rouge; fièvre putride; fièvre chaude, froide.
b) Spéc., au plur. Paludisme. Avoir, attraper, prendre les fièvres; fièvres tropicales. Les fièvres sont dans le delta, et les ophtalmies n'attaquent guère que les Arabes (Flaub., Corresp.,1849, p. 135).En 1904, à Cherbourg, officier de marine et déjà rongé par les fièvres de Cochinchine, il fit la connaissance d'Anne-Marie Schweitzer (Sartre, Mots,1964, p. 8).
B.− Au fig.
1. Dans le domaine psychol.
a) Absolument
État émotif d'inquiétude et de tension anxieuse. J'étais dans le grand salon noir occupé à fumer une cigarette, pour tromper ma fièvre (Jouve, Scène capit.,1935, p. 211):
2. Lorsqu'on doit voir le soir la femme qu'on aime, l'attente d'un si grand bonheur rend insupportable tous les moments qui en séparent. Une fièvre dévorante fait prendre et quitter vingt occupations. L'on regarde sa montre à chaque instant, et l'on est ravi quand on voit qu'on a pu faire passer dix minutes sans la regarder... Stendhal, Amour,1822, p. 58.
Avec fièvre. Decraemer, qui d'habitude voyait venir le soir comme une agonie, attendit ce jour-là la nuit avec fièvre. Enfin le gardien fit sa dernière ronde (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 286).
État psychologique d'exaltation et/ou d'agitation passionnée. Moment de fièvre; travailler dans la fièvre. (Quasi-)synon. fébrilité.Je songe à cette heureuse fièvre qui, tout le temps que j'écrivais Paludes, maintenait mon livre en éveil (Gide, Journal,1905, p. 185).Tu as des rêves et des fièvres, D'obscurs désirs de merveilleux (Achard, Voulez-vous jouer,1924, II, 2, p. 141):
3. Rubens fait de la touche le témoignage où s'inscrit le geste créateur; elle devient graphique irrécusable de la force et de la fièvre dont elle résulte. La composition aussi est jetée dans la sarabande : elle était l'architecture des lignes et reposait sur elles; désormais elles l'entraînent; elles deviennent lignes de force, résultantes de poussées diverses, comme les courants des océans, directions irrésistibles qui se propagent à travers la toile... Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 152.
Avec fièvre. Écrire avec fièvre, avec allégresse, à bride abattue, quelle coupable folie! (Colette, Jumelle,1938, p. 248).
Vieilli. [Avec un déterm. adj. ou subst. spécifiant la nature de l'exaltation] Fièvre nerveuse, spirituelle; fièvre de tête. Les fièvres de l'âme sont semblables à celles du corps : pour les guérir il faut surtout changer de lieux (Chateaubr., Martyrs,t. 2, 1810, p. 108).Elle était très calme et très heureuse, sans une fièvre de la chair ni du cœur (Zola, Page amour,1878, p. 848).
b) [Constr. avec un compl. prép. de (ou un adj.) désignant la cause] État de trouble psychologique.
[Le compl. désigne un affect] Toutes les impérieuses fièvres du désir se réveillèrent dans les veines de Rodolphe (Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 162).Comment expliquer cette poussée de fièvre érotique chez des pestiférés guéris (Artaud, Théâtre et double,1938, p. 30):
4. Il était possédé par elle. Rien ne le touchait plus qui n'était pas Carlotta. Et en même temps il se sentait pris d'une fièvre de frayeur. Sans argent, il allait la perdre. Des diamants dansaient dans sa tête, et une confuse peur de l'avenir. Aragon, Beaux quart.,1936, p. 417.
SYNT. Fièvre de crainte, d'impatience, d'inquiétude, d'espérance; fièvre amoureuse, patriotique, poétique.
[Le compl. désigne un événement] L'homme passionné, blessé, pris par la fièvre de l'intérêt en danger, et douloureusement atteint dans sa vie (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 252).« Elle » était invitée sur un yacht, pour une longue croisière, et vivait dans la fièvre des essayages (Mauriac, Myst. Frontenac,1933, p. 235).
c) [Fièvre est défini et construit avec un compl. prép. de; correspond à fiévreux B 1 β] Caractère fiévreux de. Que l'orgueil de notre luxe et la fièvre de nos voluptés ne nous fassent pas illusion (Proudhon, Guerre et paix,1861, p. 327).C'est (...) à l'énergie de ses convictions, à la fièvre de ses haines (...) que l'Ami du Peuple doit la vie qui éclate encore dans celles de ses pages dont nous conservons le fil conducteur (Thibaudet, Hist. litt.,1936, p. 14):
5. J'ai ce don (...) d'allier, dans le même instant, deux états aussi différents, aussi opposés, que la passion et la lucidité; la fièvre, le délire du lyrisme intérieur, et la froide raison... Martin du G., Notes Gide,1951, p. 1406.
[Le compl. désigne une partie du corps, un comportement] Il parlait vite, sur un ton saccadé, dont la fièvre était contagieuse (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 547).La sueur qui ruisselait sur ses joues, la fièvre inquiète de ses yeux me mettaient mal à l'aise (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 215).
Rem. On relève ds la docum. une attest. d'un emploi partitif fig. Il y avait dans leur amour de la fièvre et de la lâcheté (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 174).
d) [Constr. avec un compl. prép. de désignant l'obj. d'un désir] Désir ardent, manie de. Fièvre du gain, de savoir. Synon. folie, passion, rage, soif de.Il étudia les langues, le latin, le grec, l'hébreu (...). C'était une véritable fièvre d'acquérir et de thésauriser en fait de science (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 173).Un caprice de sens pareil à ceux que les femmes mariées éprouvent pour leurs maris lorsqu'elles ont la fièvre d'un cachemire (Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 159):
6. On voit certains hommes répondre aux excès de la civilisation sédentaire par de vives réactions de la conduite, qui parfois se cristallisent en mouvements collectifs ou en manies solitaires : impulsions de marche, goût romantique de la nature, fièvre des voyages et des départs, instabilité professionnelle ou du domicile, passion de l'aventure et de la guerre. Mounier, Traité caract.,1946, p. 83.
Rem. Rare. Fièvre à + inf. Ce n'est pas que la liberté même se révèle si tentante, et je n'en veux pour preuve que ma fièvre à changer de place (Colette, Cl. s'en va, 1903, p. 264).
2. P. anal.
a) Absol. Atmosphère, état collectif d'agitation et/ou de surexcitation. Ville en fièvre. (Quasi-)synon. effervescence.Il s'aperçut qu'il devenait médiocre : il faut cette fièvre de Paris, qui est dans l'air et qui vous saisit au saut du lit (Champfl., Avent. MlleMariette,1853, p. 109).La fièvre (...) régnait dans ces bureaux surpeuplés où l'ardeur suppléait à la routine (Abellio, Pacifiques,1946, p. 412).
[Avec un déterm. adj. ou subst. spécifiant la nature de l'agitation] Fièvre des esprits; fièvre religieuse, révolutionnaire. C'est un des pires crimes de Vichy que d'avoir excité les fièvres politiques et répandu le défaitisme parmi nous (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 136).
[Constr. avec un compl. prép. introd. par de désignant la cause] Les passions excitées par la fièvre annuelle des élections (Maine de Biran, Journal,1818, p. 180).
b) [Constr. gén. avec un compl. prép. de désignant l'objet d'un désir coll.]
Vieilli. Mouvement d'opinion. (Quasi-)synon. vogue.Une fièvre passagère d'anglomanie (Sainte-Beuve, Prem. lundis,t. 1, 1869, p. 302).Il n'y eut aucune fièvre cocardière, aucun cri guerrier (Ambrière, Gdes vac.,1946p. 120):
7. Une agitation anti-royaliste, l'expulsion des Princes et bientôt la fièvre boulangiste lui ôtèrent [à Édouard VII] la confiance qu'il avait commencé d'avoir en la sagesse de la jeune République française. Maurois, Edouard VII,1933, p. 75.
Vif engouement pour. Les agents capables d'anticipations créatrices sont stimulés et entraînés. Soit à propos d'une série déterminée d'opérations, pendant une période relativement courte; c'est la « fièvre des canaux », la « fièvre des chemins de fer », la « fièvre de l'or » (Perroux, Écon. XXes.,1964, p. 148):
8. C'est la paix. Non. Non. Non (...) c'est l'or. C'est l'or. Le rush, La fièvre de l'or qui s'abat sur le monde, La grande ruée de 1848, 49, 50, 51 et qui durera quinze ans. Cendrars, Or,1925, p. 117.
Fièvre obsidionale. Psychose collective frappant une population assiégée. La fièvre obsidionale, qui travaillait alors l'Angleterre, y faisait foisonner les organes de renseignements et de sécurité (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 124).
Rem. On relève ds la docum. qq. attest. de la constr. une fièvre de + subst. plur. avec un sens quantitatif. Le maire s'expliquait, avec toute une fièvre de gestes et de paroles (Zola, Conquête Plassans, 1874, p. 934). L'annonce [de grandes cérémonies] suscitait des semaines à l'avance une fièvre de commentaires et de préparatifs (Ambrière, op. cit., p. 160).
Prononc. et Orth. : [fjε:vʀ ̥]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1155 pathol. (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 14194 : Malade fud de fievre ague); 1306 fig. « état d'agitation » (G. Guiart, Royaux Lignages, II, 7744, ibid.); 1793 fievre de + nom ou inf. « désir ardent de » (Laya, Ami loix, p. 71 : la fievre des honneurs, des rangs et des succès). Du lat. class. febris*. Fréq. abs. littér. : 4 348. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 634, b) 7 684; xxes. : a) 8 531, b) 5 288. Bbg. Lew. 1960, p. 112, 113, 117. − Pohl (J.). Contribution à l'hist. de qq. mots. Arch. St. n. Spr. 1969, t. 205, p. 364, 370. − Quem. DDL t. 2, 8, 9.

Wiktionnaire

Nom commun - français

fièvre \fjɛvʁ\ féminin

  1. (Nosologie) État d'un animal (y compris un être humain) dont la température corporelle dépasse sa valeur normale.
    • L'œuf pondu le vendredi saint préservait de la foudre, mangé il garantissait de la fièvre ou de la rage... — (Gustave Fraipont Les Vosges, 1895)
    • Beaucoup d’observateurs admettent l’existence de plusieurs espèces d’hématozoaires du paludisme : hématozoaires des fièvres tropicales, de la tierce et de la quarte. Je pense qu'il s'agit de simples variétés d'une même espèce polymorphe. — (M. Laveran, Essai de classification des Hématozoaires endoglobulaires ou Hæmocytozoa, dans les Comptes rendus des séances de la Société de biologie et de ses filiales, Masson, 1901, volume 53, page 800)
    • En proie à un violent accès de fièvre, je ne suis guère disposé à admirer le paysage. Je grelotte, je suis tourmenté par une soif ardente, chaque pas de mon cheval martelle ma tête bourdonnante. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 133)
    • Plus loin, une mère frissonnant de fièvre sur sa couche, des bébés hurlant et des puanteurs cruelles, des échos excrémentitiels, imposant sur tout cela leur dictature. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
    • […] les vers ne donnent pas de fièvre bien qu’ils rendent aussi les animaux malades… la fièvre aide aussi à combattre l’infection. Lorsque le corps est plus chaud qu’il ne l’est normalement, cela accélère les réactions qui s’y déroulent habituellement, y compris les réactions qui aident l’animal à se défendre contre les microbes. — (Bill Forse, Christian Meyer et al., Que faire sans vétérinaire ?, Cirad / CTA / Kathala, 2002, page 283)
    • Chez les jeunes porcelets, les septicémies peuvent conduire à la mort en moins de 15 heures et les animaux présentent de la fièvre, des difficultés respiratoires, des troubles nerveux, une cyanose et des pétéchies. — (J.P. Euzéby, Abrégé de Bactériologie Générale et Médicale à l'usage des étudiants de l’École Nationale Vétérinaire de Toulouse,)
    • Sonnet à Mademoiselle de Longueville, à présent Duchesse de Nemours, sur sa fièvre quarte. — (Charles Cotin, 1659)
  2. (Par hyperbole) Émotion forte, d’un trouble violent de l’âme.
    • À la suractivité ordinaire des rues de New York s’ajouta une fièvre belliqueuse. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 213 de l’édition de 1921)
    • J’ai donc été invité au commissariat, et là, ils m’ont mis la fièvre, pendant, pendant des heures, mais ils m’ont mis la fièvre. — (Kool Shen, La Fièvre)
  3. Surexcitation causée par une occupation passionnante.
    • Nous sommes encore dans toute la fièvre de l'installation. Il fait un froid de gueux. Enfin, je suis parvenu à trouver un trou où nous ne serons pas trop mal, nous et le chien. — (Émile Zola, « Lettre à Marius Roux , de Bordeaux, 27 décembre 1870 », dans Correspondance : Les lettres et les arts, Paris : Bibliothèque Charpentier, 1908, page 78)
    • Après la Coupe du monde de 2022, l’humanité entière fut gagnée par la fièvre du ballon rond et ce sport s’imposa comme la meilleure façon de régler les problèmes internationaux. — (Bernard Werber, « Du pain et des jeux », dans L’Arbre des possibles et autres histoires, Éditions Albin Michel, 2002)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

FIÈVRE. n. f.
État pathologique qui a pour principaux caractères l'élévation de la température et l'accélération du pouls. Fièvre continue, intermittente. Fièvre scarlatine, typhoïde, cérébrale, etc. Fièvre jaune. Fièvre chaude. Fièvre légère. Ressentir un mouvement de fièvre. Accès de fièvre. Redoublement de fièvre. Le frisson est un symptôme avant-coureur de la fièvre. Le déclin de la fièvre. Le fort de la fièvre. Fam., Sentir la fièvre, Répandre une odeur qui est particulière à la plupart des fiévreux. Grelotter la fièvre. Trembler la fièvre. Fig. et fam., Fièvre de cheval. Voyez CHEVAL. Fièvre de lait, Fièvre qui atteint souvent les femmes dans les premiers jours de leurs couches. Fièvre de marais ou Fièvre paludéenne, Fièvre intermittente causée par la piqûre de certains insectes vivant dans le voisinage des marais. Pop., Avoir les fièvres, Locution très usitée, surtout dans les régions palustres, pour dire Avoir la fièvre paludéenne. Il se dit, par exagération et familièrement, d'une Émotion forte, d'un trouble violent de l'âme. L'attente de cette nouvelle me donne la fièvre. Rien que d'y penser, j'en ai la fièvre.

FIÈVRE se dit aussi de la Surexcitation causée par une occupation passionnante. La fièvre de la composition. La fièvre de la discussion. La fièvre de l'or. Travailler avec fièvre.

Littré (1872-1877)

FIÈVRE (fiè-vr') s. f.
  • 1État maladif caractérisé par l'accélération du pouls et l'augmentation de la chaleur du corps. Un accès de fièvre. La saison des fièvres. Convertissez-vous de bonne heure ; n'attendez pas que la maladie vous donne ce conseil salutaire ; que la pensée en vienne de Dieu et non de la fièvre, Bossuet, 4e sermon, Car. Pénit. 3. Cependant, à l'entendre, il se soutient à peine, Il eut encore hier la fièvre et la migraine, Boileau, Sat. X. Dès la nuit qui précéda cette bataille décisive, on a vu qu'une fièvre fatigante brûla son sang [de Napoléon], agita ses esprits, et qu'il en fut accablé pendant le combat, Ségur, Hist. de Nap. VII, 13.

    Familièrement. Une bonne fièvre, une fièvre forte. Mme de Rochefort est changée à n'être pas connaissable, avec une bonne fièvre double-tierce, Sévigné, 291.

    Populairement. Avoir les fièvres, être atteint d'une fièvre intermittente.

    Familièrement. Sentir la fièvre, répandre une odeur aigre et légèrement nauséabonde qui sort du corps de la plupart des fiévreux. D'honneur, il sent la fièvre d'une lieue ; allez vous coucher, Beaumarchais, Barb. de Séville, III, 11.

    Familièrement. Avoir une fièvre de cheval, une fièvre très violente.

    Fig. Tomber de fièvre en chaud mal, tomber d'un état fâcheux en un pire. Mais de fièvre en chaud mal son cœur par là tombé, Th. Corneille, Comtesse d'Orgueil, I, 2. Se dit par une sorte d'imprécation dans les phrases suivantes : Si vous y manquez, votre fièvre quartaine ! Molière, l'Ét. IV, 8. Que la fièvre te serre, chien de vilain, à tous les diables, Molière, l'Av. II, 6.

  • 2Fièvre arthritique, fièvre symptomatique qui accompagne quelquefois la goutte.

    Fièvre bilieuse, voy. BILIEUX.

    Fièvre catarrhale, synonyme de fièvre muqueuse, et quelquefois de catarrhe pulmonaire.

    Fièvre cérébrale, voy. CÉRÉBRAL.

    Fièvre charbonneuse, réunion de symptômes fort graves, ayant une grande analogie avec ceux du charbon.

    Fièvre chaude, un des noms vulgaires du délire fébrile.

    Fièvre continue, voy. CONTINU.

    Fièvre décimane, fièvre intermittente, qui revient tous les dix jours.

    Fièvre dépuratoire, celle qui s'accompagne d'un exanthème, parce qu'on suppose que cet exanthème est une dépuration.

    Fièvre jaune, voy. JAUNE.

    Fièvre larvée, voy. LARVÉ.

    Fièvre de lait, voy. lait.

    Fièvre pernicieuse, voy. PERNICIEUX.

    Fièvre pestilentielle, voy. PESTILENTIEL.

    Fièvre pourprée, voy. POURPRÉ.

    Fièvre pseudo-continue, voy. PSEUDO-CONTINU.

    Fièvre rémittente, voy. RÉMITTENT.

    Fièvre rhumatismale, voy. RHUMATISMAL.

    Fièvre traumatique, voy. TRAUMATIQUE.

    Fièvre de vaisseaux, voy. VAISSEAU.

    Fièvre vitulaire, voy. VITULAIRE.

  • 3 Fig. Émotion, trouble violent de l'âme. Un souffle, une ombre, un rien, tout lui donnait la fièvre, La Fontaine, Fabl. II, 14. Quand ma fièvre d'espérance fut un peu calmée, j'eus peur de cette résolution, Staël, Corinne, XIV, 3. Crois-tu que cette fièvre inextinguible, ardente, Soit 'effet passager d'un caprice ou d'un jour ? Arnault, Oscar, IV, 1. Une fièvre d'hésitation s'empare de lui [Napoléon] ; ses regards se portent sur Kief, Pétersbourg et Moscou, Ségur, Hist. de Nap. VI, 9. Depuis huit mois, vos airs de république Donnent la fièvre à tout bon courtisan, Béranger, Belges. Seul avec l'inspiration, cette fièvre divine, Ch. de Bernard, la Chasse aux amants, § III.

    Agitation des esprits. Cette fièvre de rébellion n'était pas encore apaisée. Durant ces jours de commotion, Paris avait la fièvre. Ne craignant point de redire après un impie, que c'étaient [les croisades] des fièvres du temps et des maladies populaires, Guez de Balzac, De la cour, 5e disc.

PROVERBES

Quand on ne jouerait que des fièvres quartaines, chacun les veut gagner (on dit plutôt aujourd'hui : quand on jouerait des coups de bâton).

Il a la fièvre de veau, il tremble quand il est soûl, se dit d'un paresseux ou d'un poltron.

Cela est employé comme fièvre en corps de moine, se dit d'un homme qui mérite le mal qu'il souffre.

Avoir une fièvre de renard qui se guérirait en mangeant une poule, se dit des convalescents revenus à l'appétit.

HISTORIQUE

XIIe s. N'out el païs nul homme si plain de fievre…, Th. le mart. 95.

XIIIe s. Jà [que ma dame] ne m'ait en grant vilté Pour la fievre qui m'est prise, Auboins de Sezanne, Romancero, p. 12. Tel peor ot coarz li lievres Que il en ot deus jors les fievres, Ren. 10050. Sire, fait-il, se diex me saut, Bien voi vos avés fievre ague, J'ai la poison [potion] qui bien la tue, ib. 19525.

XIVe s. Abstinence et repos sont profetables à celui qui est en fievre, Oresme, Eth. 328.

XVIe s. Comme est il possible d'aller un pas avant sans fiebvre [frayeur] ? Montaigne, I, 72. [Le voleur] fut incontinent représenté devant M. de la Voulte, homme qui a fait passer les fievres en son temps à maintes personnes [fait exécuter], Despériers, Contes, LXXXII. Ils sont subjets aux fievres tierces, et aux ardantes fievres quartes, continues, intermittentes, et frequentes, quintaines, sextaines, Paré, Intr. 6. Lupolde, de son costé, se fascha d'estre ainsi interrompu par ce muguet qui toujours estoit en fievre comme les singes, Contes d'Eutrap. p. 138, dans LACURNE. Au lieu d'une fievre chaude, j'entre en une continue, puis encore en double quarte, et finalement en une quintaine qui estoit que de cinq jours l'un j'avois la fievre, Pasquier, Lettres, t. II, p. 666, dans LACURNE. D'où vient qu'entre François on souhaite la fievre quarte pour grant maudisson ? Pasquier, ib. t. I, p. 615. Il n'y a rime ne raison, Quand on a telles fievres blanches [le mal d'amour], l'Am. rendu cordel. p. 540, dans LACURNE.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

FIÈVRE. Ajoutez :
4 Arbre à la fièvre, un vismia, Baillon, Dict. de bot. p. 247.
5Fièvre des bois, fièvre intermittente ou rémittente que, dans les Indes, on contracte en parcourant les bois. Là [à Monay, en Birmanie], le capitaine Fau, atteint par une affection que les indigènes appellent fièvre des bois, avait succombé en peu de jours, Journ. offic. 27 oct. 1874, p. 7228, 3e col.
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Étymologie de « fièvre »

Berry, fieuvre, fieuve ; picard, les fièves, la fièvre ; provenç. febre : catal. febra ; espagn. fiebre ; portug. febre ; ital. febbre : du lat. febris, que les étymologistes rattachent à φέϐομαι, trembler, craindre.

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Du latin febris, de même sens.
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Phonétique du mot « fièvre »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
fièvre fjɛvr

Fréquence d'apparition du mot « fièvre » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « fièvre »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « fièvre »

  • La jeunesse est une ivresse continuelle : c'est la fièvre de la santé ; c'est la folie de la raison.
    François, duc de La Rochefoucauld — Maximes
  • La fièvre typhoïde est une maladie terrible : ou on en meurt, ou on en reste idiot. j’en sais quelque chose : je l’ai eue.
    Patrice de Mac-Mahon
  • La guerre est comme la fièvre typhoïde ; il faut la fuir, mais si on l'attrape, il faut lutter.
    Etienne Tanty — Paroles de Poilus - Lettres et carnets du front
  • Le mariage, au contraire de la fièvre, commence par le chaud et finit par le froid.
    Georg Christoph Lichtenberg
  • La fièvre, à ce que l'on dit, nous délivre des puces, et l'infortune de nos amis.
    Paul-Jean Toulet — Les Trois Impostures
  • Qui n'a pas connu la passion ne sait pas faire la différence entre la fièvre, le vertige, l'ivresse et l'embrasement.
    Bernard Pivot — Les Tweets sont des chats
  • La cause la plus ordinaire de la fièvre lente est la tristesse.
    René Descartes — Correspondance, à Élisabeth, 18 mai 1645
  • La passion est une fièvre de l'esprit qui nous laisse toujours affaiblis.
    William Penn — Fruits de la solitude
  • Personne ne peut voir au soleil la fumée d'un sillon labouré sans avoir la chaude fièvre d'en être le seigneur.
    George Sand — François le Champi
  • Je veux que mes films donnent l'impression d'avoir été tournés avec 40° de fièvre.
    François Truffaut — Le cinéma selon François Truffaut
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Traductions du mot « fièvre »

Langue Traduction
Anglais fever
Espagnol fiebre
Italien febbre
Allemand fieber
Chinois 发热
Arabe حمى
Portugais febre
Russe высокая температура
Japonais
Basque sukar
Corse frebba
Source : Google Translate API

Synonymes de « fièvre »

Source : synonymes de fièvre sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « fièvre »

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Fièvre

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