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Despotisme

Variantes Singulier Pluriel
Masculin despotisme despotismes

Définitions de « despotisme »

Trésor de la Langue Française informatisé

DESPOTISME, subst. masc.

Gén. péj.
A.− [Correspond à despote A]
1. Pouvoir solitaire et sans contrôle, absolu et arbitraire d'un despote. Le despotisme fait l'égalité sous lui. Plus le despotisme est complet, plus l'égalité est complète (Hugo, Rhin,1842, p. 447).Cet homme [Napoléon Ier], dont j'admire le génie et dont j'abhorre le despotisme, cet homme m'enveloppe de sa tyrannie comme d'une autre solitude (Chateaubr., Mém.,t. 1, 1848, p. 15):
1. Jamais il n'y a eu de plus grands exemples que maintenant, du despotisme et de l'influence omnipotente des volontés d'un seul. Exemples : notre empereur et Bismarck. Goncourt, Journal,1866, p. 268.
2. P. ext. Forme de gouvernement dans lequel un seul homme détient le pouvoir absolu :
2. ... qu'est-ce que le despotisme? Nous avons dit que ce n'était qu'un abus, et non une espèce de gouvernement. Cela est vrai, si l'on ne considère que l'usage du pouvoir : mais si l'on n'a égard qu'à son étendue, le despotisme est le gouvernement d'un seul. Il est la concentration de tous les pouvoirs dans une seule et même main. Il est l'état de la société, dans lequel un seul a tous les pouvoirs, et tous les autres n'en ont aucun. Destutt de Tracy, Commentaire sur l'Esprit des lois de Montesquieu,1807, p. 64.
HIST., non péj.
Despotisme oriental, de l'Orient :
3. De tous les gouvernements, celui qui révolte le moins mon cœur, celui qui dégrade le moins l'humanité, c'est le despotisme de l'Orient, où l'abaissement des peuples est au moins expliqué par des superstitions. Je conçois un tyran qui descend des prophètes et qui est allié des astres. Au Thibet, il est invisible, immortel, sacré. (...) Les plus avilis des hommes, ce sont les esclaves qui reconnoissent des tyrans faits à leur image. Nodier, Jean Sbogar,1918, p. 193.
Rem. ,,L'expression despotisme oriental est utilisée de manière non péjorative par les historiens modernes (...). Le conditionnement économique de ces régimes s'intègre depuis peu à l'étude approfondie des débuts de l'histoire`` (Legrand 1972).
Despotisme éclairé. Doctrine de gouvernement élaborée par les philosophes rationalistes − en particulier français − du xviiiesiècle et qui préconise de concilier le pouvoir absolu avec la volonté de faire progresser l'État et ses membres :
4. Le despotisme donc, s'il entend bien ses intérêts, n'encouragera pas les lettres, car les lettres mènent à penser, et la pensée juge le despotisme. (...) il n'y a que deux genres d'auxiliaires pour l'autorité absolue, ce sont les prêtres ou les soldats. Mais n'y a-t-il pas, dit-on, des despotismes éclairés, des despotismes modérés? Toutes ces épithètes, avec lesquelles on se flatte de faire illusion sur le mot auquel on les adjoint, ne peuvent donner le change aux hommes de bon sens. Staël, Considérations sur les princ. événements de la Révolution fr.,t. 2, 1817, p. 424.
B.− [Correspond à despote B] P. ext. Toute forme d'autorité qui tend à devenir tyrannique et oppressive. Il y a intention de despotisme toutes les fois qu'on veut interdire aux hommes l'usage de la raison (Staël, Considérations sur les princ. événements de la Révolution fr.,t. 2, 1817p. 106).Clorinde montrait le despotisme d'une jeune mariée (Zola, E. Rougon,1876, p. 320).Ils ploient sous le despotisme paterne des prêtres (Huysmans, Là-bas, t. 2, 1891, p. 118).
C.− [Correspond à despote C; en parlant de qqc. qui s'impose à qqn comme une loi tyrannique, en parlant de qqc. qui constitue une règle absolue dans un domaine] P. métaph. ou au fig. Le despotisme (...) de la mode (Amiel, Journal,1866, p. 272):
5. Laissons même ce mot de vérité qui ferait croire trop aisément que le despotisme de certaines idées est légitime. Disons, non vérités, mais idées. Et appelons idée tout rapport perçu; ... Gide, Journal,1896, p. 91.
Prononc. et Orth. : [dεspɔtism̥]. Ds Ac. 1740-1932. Étymol. et Hist. 1698 fig. « toute autorité qui s'exerce de façon tyrannique » (Baudelot, Hist. de Ptolémée Aul., II, 8 ds DG); av. 1714 « pouvoir absolu et arbitraire d'un souverain » (Fénelon, Direct. pour la conscience d'un Roi, pag. 88 ds Rich. 1759); 1721 « gouvernement despotique » (Montesq., Lett. pers., 103 ds DG). Dér. de despote*; suff. -isme*. Fréq. abs. littér. : 1 120. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 315, b) 920; xxes. : a) 473, b) 302. Bbg. Kessler (H.). Terreur. München, 1973.

Wiktionnaire

Nom commun - français

despotisme \dɛs.pɔ.tism\ masculin

  1. Manière de gouverner du despote.
    • Il y avait quelque chose d’enivrant dans ces embrassades fréquentes, données et reçues, […]. C’est qu’on sortait du despotisme, et que pour quelques instans on entrait dans la liberté ! — (Alexandre Dumas, La Vendée après le 29 juillet, La Revue des Deux Mondes T.1, 1831)
    • Plus tard, la royauté se relâcha de son despotisme et alors intervint le gouverne­ment constitutionnel ; […]. Le despotisme royal n'est pas tombé tout seul ou par la bonté des souverains ; […]. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, Chap.V, La grève générale politique, 1908, p.236)
  2. (Par extension) Toute sorte d’autorité absolue, oppressive, tyrannique, qu’on s’arroge, qu’on exerce.
    • Ceci n’était pas le résultat d’un défi entre des gardiens et une prisonnière, entre le despotisme du cachot et la liberté du détenu, mais l’éternelle répétition de la première scène jouée au lever du rideau de la Création : Ève dans le paradis. — (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
    • Trop souvent une aristocratie de notabilités locales a exploité à son profit les fonctions publiques, et fait sentir aux Anglais que son despotisme peut être plus intolérable encore que celui d’une administration centrale, parce qu’elle est à la fois et moins impartiale et moins responsable. — (Anonyme, Angleterre. - Administration locale, Revue des Deux Mondes, 1829, tome 1)
    • […] ; elle avait la conscience qu’elle était digne d’un rang plus élevé que celui auquel le despotisme arbitraire des préjugés religieux lui permettait d’aspirer. — (Walter Scott, Ivanhoé, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
    • Malgré sa corpulence excessive, l'autorité de M. Hector sur ses subordonnés n'est guère contestable. Il la doit surtout […], à cette indémontrable apparence de bonhomie qui dérobe son intransigeance absolue, son despotisme maniaque, la secrète satisfaction d'être redouté. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

DESPOTISME. n. m.
Manière de gouverner du despote. Le despotisme des anciens souverains de l'Asie. Il se dit, par extension, de Toute espèce d'autorité absolue, oppressive, tyrannique, qu'on s'arroge, qu'on exerce. Ce maître de maison, ce chef d'atelier est d'un despotisme intolérable.

Littré (1872-1877)

DESPOTISME (dè-spo-ti-sm') s. m.
  • 1Pouvoir d'un despote, pouvoir absolu et arbitraire. La Mésopotamie et la Perse où l'influence d'un éternel despotisme et des révolutions toujours sanglantes n'ont pu anéantir encore ni la fertilité naturelle du sol ni même l'industrie, Condorcet, Maurepas. Que la dette contractée par le despotisme ne puisse plus être distinguée de celle qui a été contractée depuis la révolution, et je défie monseigneur le despotisme, s'il ressuscite, de reconnaître son ancienne dette, lorsqu'elle sera confondue avec la nouvelle, Cambon, Rapport, 14 août 1793, p. 73.

    Pouvoir exercé à la manière d'un despote, pouvoir oppressif. Le despotisme d'une assemblée. Le despotisme tyrannique des souverains est un attentat sur les droits de la fraternité humaine, Fénelon, Direction pour la conscience d'un roi, p. 88, dans RICHELET.

  • 2 Par extension, toute autorité tyrannique. Cet homme a établi le plus grand despotisme dans sa maison. Il savait obliger sans faste et sans jamais faire éprouver, soit avant, soit après ses services, ce despotisme des bienfaiteurs qui fait plus d'ingrats encore que la perversité ou l'orgueil de ceux qu'on oblige, Condorcet, Maurepas. Tout citoyen qui, même en ne voulant que le bien, craint d'exercer quelque genre de despotisme que ce soit, fût-ce celui de la bienfaisance…, Mirabeau, Collection, t. I, p. 16.

    Par une autre extension, mais toujours avec le même sens, tout acte qui contrarie vivement un esprit passionné. Ici j'ose en parlant crier que c'est infâme ; Que c'est une injustice, un despotisme affreux ; Chut ! on vient, taisons-nous, Delavigne, Princesse Aurélie, V, 7.

    Fig. Quand son système [de Ptolémée] eut fait place à celui de la nature, on se vengea sur son auteur du despotisme avec lequel il avait régné trop longtemps ; on accusa Ptolémée de s'être approprié les découvertes de ses prédécesseurs, Laplace, Expos. V, 2.

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Étymologie de « despotisme »

Composé de despote et du suffixe -isme.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « despotisme »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
despotisme dɛspɔtism

Fréquence d'apparition du mot « despotisme » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « despotisme »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « despotisme »

  • Quand les sauvages de la Louisiane veulent avoir du fruit, ils coupent l'arbre au pied, et cueillent le fruit. Voilà le gouvernement despotique.
    Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu — De l'esprit des lois
  • Rien n'est plus dangereux qu'un despote clément.
    Ponce Denis Écouchard Lebrun — Odes
  • Comme le despotisme est l'abus de la royauté, l'anarchie est l'abus de la démocratie.
    Voltaire
  • Il n'y a d'histoire digne d'attention que celle des peuples libres. L'histoire des peuples soumis au despotisme n'est qu'un recueil d'anecdotes.
    Chamfort — Maximes et pensées
  • La monarchie dégénère ordinairement dans le despotisme d’un seul ; l’aristocratie dans le despotisme de plusieurs ; la démocratie dans le despotisme du peuple.
    Montesquieu
  • Dictateur. Chef d'une nation qui préfère la pestilence du despotisme à la plaie de l'anarchie.
    Ambrose Bierce — Le dictionnaire du Diable
  • Le despotisme anonyme d'une oligarchie est quelquefois aussi effroyable et plus difficile à renverser que le pouvoir personnel aux mains d'un bandit.
    Arthur Arnould — L'Etat et la révolution
  • L'esprit d'égalité extrême, conduit au despotisme d'un seul.
    Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu — De l'esprit des lois
  • Le despotisme frappe le style de bêtise.
    Henri Beyle, dit Stendhal — Promenades dans Rome, Marginalia
  • Ni despotisme ni terrorisme. Nous voulons le progrès en pente douce.
    Victor Hugo — Les Misérables
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Traductions du mot « despotisme »

Langue Traduction
Anglais despotism
Espagnol despotismo
Italien dispotismo
Allemand despotismus
Chinois 专制
Arabe الاستبداد
Portugais despotismo
Russe деспотизм
Japonais 独裁主義
Basque despotismoa
Corse despotismu
Source : Google Translate API

Synonymes de « despotisme »

Source : synonymes de despotisme sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « despotisme »

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