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Tolérance

Variantes Singulier Pluriel
Féminin tolérance tolérances

Définitions de « tolérance »

Trésor de la Langue Française informatisé

TOLÉRANCE, subst. fém.

A. − [À propos de pers.]
1. Fait de tolérer quelque chose, d'admettre avec une certaine passivité, avec condescendance parfois, ce que l'on aurait le pouvoir d'interdire, le droit d'empêcher. Synon. compréhension, indulgence.Faire preuve de tolérance. La charge du guet incombe au maître d'atelier lui-même, et ce n'est que plus tard que ce maître sera admis, par tolérance, à se faire remplacer par un valet (Faral, Vie temps st Louis, 1942, p. 260).Dans cette voie, les progrès concrets ont pour limite la tolérance à l'égard des pratiques commerciales des pays à monopole du commerce extérieur que les Occidentaux sont prêts à s'imposer pour que les barrières des contrôles physiques s'abaissent (Perroux, Écon. XXes., 1964, p. 288).
Maison de tolérance. V. maison I B 2.
Société de tolérance. Synon. société permissive*.En dix ans, l'authentique inspiration de Selby s'est égarée. Peut-être parce que la société de tolérance, récupérant tous les fantasmes, est désormais en train d'encourager une obscénité de convention (L'Express, 21 janv. 1973ds Giraud-Pamart Nouv. 1974).
Spécialement
DR. CIVIL. ,,Acte accompli sur le fonds d'autrui, mais avec la permission expresse ou tacite du propriétaire qui peut y mettre fin à tout moment`` (Jur. 1985).
GRAMM. Tolérance grammaticale, orthographique. Possibilité admise de ne pas respecter une règle grammaticale ou orthographique en usage. (Dict. xxes.).
2.
a) État d'esprit de quelqu'un ouvert à autrui et admettant des manières de penser et d'agir différentes des siennes. Synon. libéralisme.Le vieux prêtre évitait de lui parler religion. Il disait simplement avec une tolérance pleine de bonhomie, que les belles âmes font leur salut toutes seules (Zola, Page amour, 1878, p. 914).
Esprit de tolérance:
Il y avait une question juive, et pas un des procédés employés depuis deux mille ans n'avait réussi à la résoudre. Les lois d'exception, la violence n'avaient eu d'autre effet que d'isoler Israël et de le maintenir toujours pareil à lui-même, souvent contre son propre désir. Et par une fatalité malheureuse, l'esprit de tolérance et d'émancipation avait donné un résultat tout contraire à celui qu'on en avait attendu. Tharaud, An prochain, 1924, p. 90.
Vieilli, RELIG.
Tolérance religieuse, théologique. Indulgence de l'Église à l'égard de ceux qui professent des opinions différentes de la sienne touchant des points du dogme qu'elle ne considère pas comme essentiels. (Dict. xixeet xxes.).
Tolérance civile. Liberté accordée de pratiquer sur le territoire d'un État une religion autre que la religion officielle. Mais comme cette foi publique et sociale exclut évidemment une égale protection de tous les cultes, et que M. Royer-Collard semble confondre dans sa pensée cette protection égale avec la tolérance civile, l'état, selon lui, ne doit adopter aucuns dogmes, ni professer aucune foi (Lamennais, Religion, 1825, p. 58).
HIST. Édit de tolérance. Édit qui accordait aux protestants le libre exercice de leur culte (1562). Descendant de Siméon Lévy, l'un de ces marranes espagnols qui vinrent de Tolède à Bayonne après l'édit de tolérance d'Henri II, vers l'an 1550, Rodrigues Lévy, dit Bayonne, était frère cadet d'Abel, le munitionnaire des armées de la République et de l'Empire (Vogüé, Morts, 1899, p. 25).
b) [À propos des opinions philos., pol., relig., des engagements soc., etc. d'une pers.] Respect de la liberté d'autrui en matière d'opinions et de croyances. Tirer son épingle du jeu, se faire un petit coin de société où il y ait toutes les tolérances d'opinions et de convictions, il [Sainte-Beuve] revient souvent à cette philosophie épicurienne d'un homme vieux, lassé, inclinant au repos (Goncourt, Journal, 1862, p. 1195).Passivité si surprenante, qu'on en viendrait à se demander si elle n'est pas la manifestation d'un phénomène contemporain, provisoire ou non?mais qui semble être assez général: l'évanouissement progressif de certains « tabous », d'où résulterait déjà une plus grande tolérance vis-à-vis des libertés sexuelles (Martin du G., Notes Gide, 1951, p. 1420).
3. SOCIOL. Seuil de tolérance (d'une communauté). Pourcentage d'éléments étrangers qu'une communauté est censée pouvoir accepter et au delà duquel se produirait un phénomène de rejet. Avant, elles étaient, quoi... à peine deux cents; bon, ça allait, ça faisait partie du décor, ça attirait le touriste, et ça faisait marcher le commerce. Maintenant qu'elles sont plus de deux mille à se partager les mêmes portes cochères c'est plus possible, c'est plus vivable. Le fameux seuil de tolérance, il est plus que dépassé, il est enfoncé dans la rage agacée, apeurée, d'une promiscuité gênante, envahissante (Le Monde, 28 mars 1985, p. 26, col. 1).
B. − [À propos d'organismes vivants ou de choses]
1. BIOL., MÉD.
Faculté que présente un organisme vivant à supporter jusqu'à un certain seuil sans dommage apparent les effets chimiques ou physiques auxquels il est exposé. Tolérance à un médicament, aux radiations; tolérance à l'insuline, aux antibiotiques. Je m'attendais à des lumières écrasantes [à Harlem], à des sons instrumentaux qui passent la tolérance de l'ouïe (Colette, Jumelle, 1938, p. 218).
Aptitude caractéristique de certaines espèces d'insectes à survivre à des doses d'insecticide supérieures à celles que peuvent supporter d'autres espèces du même groupe (d'apr. Méd. Biol. t. 3 1972).
2. FIN. Limite de l'écart admis entre le poids ou le titre réels et le poids ou le titre légaux d'une monnaie. (Dict. xixeet xxes.).
3. MÉCAN., TECHNOL. ,,Écart d'inexactitude admissible, en plus ou en moins, pour la cote d'exécution d'une pièce usinée`` (Industries 1986). Marge de tolérance; tolérance de titre, de poids (pour une monnaie).
Prononc. et Orth.: [tɔleʀ ɑ ̃:s]. Ac. 1694, 1718: tolerance; dep. 1740: tolé-. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1365 « action de tolérer, d'admettre quelque chose qu'on n'approuve pas ou qui est défendu, mais que l'on renonce par indulgence à interdire, à empêcher » la tollerance et souffrance d'icelle (Nicole Oresme, Traité des monnaies, éd. B. Wolowski, p. 3); b) 1690 « liberté accordée à certaines personnes, en divers cas, à l'égard d'une loi, d'un règlement » (Fur.); en partic. 1964 tolérance grammaticale, orthographique (Rob.); c) 1842 maison de tolérance (v. maison étymol. B 6 a); d) 1973 société de tolérance (L'Express, loc. cit.); 2. a) 1567 « disposition à admettre chez les autres une manière d'être, de penser, d'agir différente de la sienne » ici, en partic. « permission accordée à des dissidents de pratiquer librement leur religion » (Condé, Mém., p. 609); cf. déb. xviies. la tolerance ou non tolerance de deux religions (D'Aub., Hist., II, 236 ds Littré); b) 1691 tolé-rance ecclésiastique (Boss., 6 avert. III, 11, ibid.); c) 1691 tolerance civile (Id., op. cit., ibid.); d) 1763 « respect de la liberté d'autrui en ce qui concerne ses opinions politiques, philosophiques » cet écrit sur la tolérance (Voltaire, Traité sur la tolérance, p. 645); 1764 esprit de tolérance (J. J. Rousseau, Lettres écrites sur la mont., p. 799); 3. a) 1812 « ce que la loi permet de donner aux monnaies d'or et d'argent en plus ou en moins que le titre ou le poids réel » (Mozin-Biber t. 2); b) 1834 méd. « propriété que possède l'organisme de supporter certains remèdes » (Jour. de méd. et de chir. pratiques, V, p. 510 ds Quem. DDL t. 8); c) 1836 ici au plur. « marge d'inexactitude admise dans l'exécution d'une pièce usinée » (Ac. Suppl.). Empr. au lat. class.tolerantia « constance à supporter, endurance ». Fréq. abs. littér.: 452. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 762, b) 643; xxes.: a) 699, b) 506. Bbg. Faye (J.-P.). Dict. pol. portatif en cinq mots. Paris, 1982, 274 p. − Huseman (W. H.). A lexicological study of the expression of toleration... Cah. Lexicol. 1986, no48, pp. 90-105. − Lecler (J.). Hist. de la tolérance au s. de la Réforme. Paris, 1955.

tolérance « qualité de celui qui est tolérant »

Wiktionnaire

Nom commun - français

tolérance \tɔ.le.ʁɑ̃s\ féminin

  1. Capacité à supporter un inconvénient.
    • Ne pouvant régler les événements, je me règle moi-même, et m’applique à eux, s’ils ne s’appliquent à moi. Je n’ai guère d’art pour savoir gauchir la fortune et lui échapper ou la forcer, et pour dresser et conduire par prudence les choses à mon point. J’ai encore moins de tolérance pour supporter le soin âpre et pénible qu’il faut à cela. Et la plus pénible assiette pour moi, c’est être suspens ès choses qui pressent, et agité entre la crainte et l’espérance. — (Montaigne, Essais , II, 17, De la présomption, 1595)
  2. Condescendance, indulgence, action de supporter ce que l’on ne peut empêcher ou que l’on croit ne pas pouvoir empêcher.
    • Ce n’est pas un droit, c’est une tolérance. Il ne jouit de cela que par tolérance. Il n’en jouit que par la tolérance de ceux qui le pourraient empêcher.
  3. (En particulier) (Politique, Religion) Fait de ne pas s’opposer à des idées, à des positions différentes des nôtres.
    • Qu’est-ce que la tolérance  ? C’est l’apanage de l’humanité. Nous sommes tous pétris de faiblesses et d’erreurs ; pardonnons-nous réciproquement nos sottises, c’est la première loi de la nature — (Voltaire, Dictionnaire philosophique, 1764)
    • Nos Prosélytes seront-ils intolérants pour cela ? Au contraire, ils seront tolérants par principe ; ils le seront plus qu’on ne peut l’être dans aucune autre doctrine, puisqu’ils admettront toutes les bonnes Religions qui ne s’admettent pas entre elles, c’est-à-dire, toutes celles qui, ayant l’essentiel qu’elles négligent, font l’essentiel de ce qui ne l’est point. (…) Quant aux Religions qui sont essentiellement mauvaises, qui portent l’homme à faire le mal, ils ne les toléreront point, parce que cela même est contraire à la véritable tolérance, qui n’a pour but que la paix du Genre-humain. Le vrai tolérant ne tolère point le crime, il ne tolère aucun dogme qui rende les hommes méchants. — (Rousseau, Lettres écrites de la montagne, Première Lettre, 1764)
    • Un prince qui ne croit pas indigne de lui, de dire qu’il regarde comme un devoir de ne rien prescrire aux hommes dans les choses de religion, mais de leur laisser à cet égard une pleine liberté, et qui par conséquent ne repousse pas le noble mot de tolérance *, est lui-même éclairé et mérite d’être loué par le monde et la postérité reconnaissante, comme celui qui le premier, du moins du côté du gouvernement, a affranchi l’espèce humaine de son état de minorité, et a laissé chacun libre de se servir de sa propre raison dans tout ce qui est affaire de conscience. — (Kant, Qu’est-ce que les Lumières ?,1784 (in Éléments métaphysiques de la doctrine du droit) trad. Durand, 1853) → (voir infra une lecture plus proche du texte de Kant.) [3]
    • [Homais] – Je veux seulement dire, répliqua-t-il alors d’un ton moins brutal, que la tolérance est le plus sûr moyen d’attirer les âmes à la religion. — (Flaubert, Madame Bovary, 1857)
    • Ces bouffonneries ne sont pas bien prouvées. Ce qui l’est mieux et ce qui fut peut-être plus funeste à Boniface, c’est sa tolérance. Un inquisiteur de Calabre avait dit : « Je crois que le pape favorise les hérétiques, car il ne nous permet plus de remplir notre office. » — (Jules Michelet, Histoire de France : Moyen Âge, tome troisième, Ernest Flammarion, Paris, 1893, p. 132)
    • (…) La véritable élégance est moins loin de la simplicité que la fausse ; (…) Un filet de vert sombre s’harmonisait dans le tissu du pantalon à la rayure des chaussettes avec un raffinement qui décelait la vivacité d’un goût maté partout ailleurs et à qui cette seule concession avait été faite par tolérance, tandis qu’une tache rouge sur la cravate était imperceptible comme une liberté qu’on n’ose prendre. — (Proust, À l’ombre des jeunes filles en fleurs, 1919)
    • Le pape Innocent III (1193-1216) devait rompre avec cette tradition de tolérance et se faire l’inspirateur d’une politique hostile, qu’il mena avec une vigueur exceptionnelle. — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
    • Malheureusement, il n’existait aucun attachement philosophique au laïcisme et à ses valeurs de scepticisme, d’expérimentation et de tolérance, si essentielles au pluralisme politique. — (Panayiotis Jerasimof Vatikiotis, L’Islam et l’État, 1987, traduction d’Odette Guitard, 1992)
    • La tolérance religieuse s’exprime volontiers aujourd’hui au travers de l’expression « Toutes les religions se valent « ou, en se limitant au champ chrétien, « Toutes les confessions se valent ». — (Olivier Fatio, Pour sortir l’œcuménisme du purgatoire, page 39, Labor et Fides, 1993)
    • Affichant non sans panache un athéisme militant, il appelle à en finir avec une certaine tolérance envers les religions monothéistes, intrinsèquement intolérantes et pétries de haine. — (Basile de Koch, Histoire universelle de la Pensée: de cro-Magnon à Steevy, 2005)
  4. (Administration, Art, Métrologie) Écart toléré dans la dimension, la quantité, etc., des marchandises fournies.
    1. (Numismatique) Ce que la loi permet de donner aux monnaies d’or et d’argent en plus ou en moins que le titre ou le poids réel.
  5. (Désuet) (Par ellipse) Maison de tolérance.
    • Lorsqu’on ouvre une tolérance dans un quartier, « il est d’observation que le désordre cesse à l’instant ou devient moindre ; les prostituées s’y contiennent et ne se disséminent plus. » — (Alain Corbin, Les filles de noce, 1978)
    • (Boutade) La tolérance ? Il y a des maisons pour ça !— (Citation attribuée à Paul Claudel)
  6. (Biologie) Seuil maximal de la capacité d’un organisme à absorber des substances chimiques ou des conditions physiques particulières sans en être visiblement affecté.
    • Notre fils de 5 ans est TDAH (moi aussi) et nous voulons tester sa tolérance au gluten. — (blog.sansgluten.fr)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

TOLÉRANCE. n. f.
Condescendance, indulgence, action de supporter ce qu'on ne peut empêcher ou qu'on croit ne devoir pas empêcher. Longue tolérance. Ce n'est pas un droit, c'est une tolérance. Il ne jouit de cela que par tolérance. Il n'en jouit que par la tolérance de ceux qui le pourraient empêcher. User de tolérance. En termes d'Administration, Maison de tolérance, Maison de prostitution.

TOLÉRANCE s'emploie particulièrement en matière de religion et se dit de l'Action de supporter des idées, des sentiments différents des nôtres. Pratiquer la tolérance. Voltaire a été l'apôtre de la tolérance. Tolérance théologique ou religieuse, Condescendance qu'on a les uns pour les autres, touchant certains points qui ne sont pas regardés comme essentiels à la religion. L'Église latine a toujours usé de tolérance pour l'Église grecque sur le mariage des prêtres. La tolérance est prescrite aux théologiens touchant les opinions des diverses écoles. Tolérance civile, Permission qu'un gouvernement accorde de pratiquer, dans l'État, d'autres religions que celles qui y sont établies, reconnues par les lois, pratiquées par le plus grand nombre des citoyens. La tolérance civile est quelquefois restreinte à certains cultes, à certaines croyances. Tolérance générale, universelle. Édit de tolérance.

TOLÉRANCE, en termes de Monnayage, se dit de Ce que la loi permet de donner aux monnaies d'or et d'argent en plus ou en moins que le titre ou le poids réel. En termes d'Administration et d'Arts, il se dit de Certains écarts tolérés dans la dimension, la quantité, etc., des marchandises fournies.

Littré (1872-1877)

TOLÉRANCE (to-lé-ran-s') s. f.
  • 1Condescendance, indulgence pour ce qu'on ne peut pas ou ne veut pas empêcher. Leurs premiers succès que j'ai favorisés par ma tolérance, Guez de Balzac, liv. v, lett. 10. Notre surprise… ne cessa que pour faire place à l'étonnement que nous donna la tolérance de cette proposition [de mariage] par Mlle d'Alerac, Sévigné, 15 août 1685. Sans vouloir examiner si on ne pourrait pas soutenir qu'en effet il [David] était roi de droit, et que Saül ne régnait que par tolérance, Bossuet, 5e avert. 28. Qu'est-ce que la tolérance ? c'est l'apanage de l'humanité ; nous sommes tous pétris de faiblesse et d'erreurs ; pardonnons-nous réciproquement nos sottises, c'est la première loi de nature, Voltaire, Dict. phil. Tolérance, I. L'amitié doit avoir infiniment plus de tolérance que l'amour, Genlis, Vœux téméraires, t. III, p. 21, dans POUGENS.
  • 2En matière de religion, tolérance théologique ou ecclésiastique ou religieuse, la condescendance qu'on a les uns pour les autres touchant certains points qui ne sont pas regardés comme essentiels à la religion. L'Église latine a toujours usé de tolérance pour l'Église grecque sur le mariage des prêtres.

    Tolérance civile, la permission qu'un gouvernement accorde de pratiquer d'autres cultes que le culte reconnu par l'État. La tolérance civile, c'est-à-dire l'impunité accordée par le magistrat à toutes les sectes… est liée nécessairement avec la tolérance ecclésiastique, Bossuet, 6e avert. III, 11.

  • 3Au point de vue philosophique, admission du principe qui oblige à ne pas persécuter ceux qui ne pensent pas comme nous en matière de religion. Si vous souffrez l'erreur qui attaque ces deux attributs divins [la spiritualité et l'immutabilité], de l'un à l'autre on vous poussera sur tous les points ; et, dussiez-vous en périr, il vous faudra avaler tout le poison de la tolérance, Bossuet, 6e avert. 109. Introduire parmi eux la confusion de Babel et l'indifférence des religions sous le nom de tolérance, Bossuet, 1re instr. past. 19. Comme il s'y déclarait ouvertement pour la tolérance universelle, décidant nettement qu'on avait eu tort de brûler Servet, Note de la lett. 73 de BAYLE, du 24 févr. 1689, t. I, p. 255. Je ne crois pas que je parvienne jamais à faire établir de mon vivant une tolérance entière en France ; mais j'en aurai du moins jeté les premiers fondements, Voltaire, Lett. Mariott, 28 mars 1766. L'esprit de tolérance commence enfin à s'introduire chez les Français, qui ont passé longtemps pour aussi volages que cruels, Voltaire, Serm. Josias Rossette. La tolérance est aussi nécessaire en politique qu'en religion ; c'est l'orgueil seul qui est intolérant, Voltaire, Pol. et lég. Idées républ. 51. La douceur de ce gouvernement [Hollande] et la tolérance de toutes les manières d'adorer Dieu, dangereuse peut-être ailleurs, mais là nécessaire, peuplèrent la Hollande d'une foule d'étrangers, Voltaire, Mœurs, 187. Je ne viens pas prêcher la tolérance ; la liberté la plus illimitée de religion est, à mes yeux, un droit si sacré, que le mot tolérance, qui voudrait l'exprimer, me paraît, en quelque sorte, tyrannique lui-même, puisque l'autorité qui tolère pourrait ne pas tolérer, Mirabeau, Collection, t. II, p. 61.
  • 4Disposition de ceux qui supportent patiemment des opinions opposées aux leurs. Or connaissez-vous en France Certain couple sauvageon, Prisant peu la tolérance, Messieurs La Harpe et Naigeon ? Chénier M. J. les Deux missionnaires.
  • 5Maison de tolérance, se dit, à la police de Paris, d'une maison de prostitution.
  • 6 Terme de monnayage. Ce que la loi permet de donner aux monnaies d'or et d'argent en plus ou en moins que le titre ou le poids réel. La tolérance de titre en dessus ou en dessous du titre droit de 900 millièmes est de 2 millièmes pour les pièces d'or comme pour les pièces d'argent ; la tolérance de poids en dessus ou en dessous est également de 2 millièmes pour les pièces d'or ; quant aux pièces d'argent, elle est de 3 millièmes pour celles de 5 francs et plus forte pour celles de moindre valeur, Legoarant
  • 7Différence que la loi tolère dans le poids légal des denrées (pain, viande, etc.).

    S. f. plur. Limites en plus ou en moins, dans les proportions ou dimensions d'armes, de projectiles ou autres objets.

  • 8 Terme de médecine. Faculté qu'ont les malades de supporter certains remèdes. Au bout de quelques doses la tolérance pour le tartre stibié s'établit d'ordinaire.

HISTORIQUE

XIVe s. Par tolérance, Oresme, Thèse de MEUNIER.

XVIe s. Ce precepte qui ordonne un maintien desdaigneux et posé à la tollerance des maulx, Montaigne, III, 199. La matiere des Estats estoit la tolerance ou non tolerance de deux religions, D'Aubigné, Hist. II, 236. L'Escriture loue les saints de tolerance, quand ils sont tellement affligez de la dureté de leurs maux, qu'ils n'en sont pas rompus pour deffaillir, Calvin, Instit. 555. Le chancelier de l'Hospital fist permettre par tollerance aux ministres de faire presches publicques, Condé, Mém. p. 609.

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Étymologie de « tolérance »

Emprunté au latin tolerantia (« constance à supporter, endurance, patience »), de tolerare (« supporter »). [1]
1561; Ac. 1694, 1718: tolerance; dep. 1740: tolé- [2]
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Prov. tolleransa ; esp. tolerancia ; ital. tolleranza ; du lat tolerantia, de tolerare, tolérer.

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Phonétique du mot « tolérance »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
tolérance tɔlerɑ̃s

Fréquence d'apparition du mot « tolérance » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « tolérance »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « tolérance »

  • Ne souhaitons pas que tout le monde pense comme nous. L'uniformité des sentiments serait odieuse.
    Anatole François Thibault, dit Anatole France — Discours, au banquet des Rabelaisants, 1912
  • Il est dans la tolérance un degré qui confine à l'injure.
    Jean Rostand
  • La tolérance ne devrait être qu'un état transitoire. Elle doit mener au respect. Tolérer c'est offenser.
    Johann Wolfgang von Goethe — Maximes et réflexions
  • Le voyage apprend la tolérance.
    Benjamin Disraeli
  • La tolérance est la vertu des faibles.
    Marquis de Sade — La nouvelle Justine
  • Le Président de la république a promis la tolérance zéro pour les auteurs de incivilités. C’est bien!Mais que promet il aux auteurs d’assassinats?!En l’espèce on aimerait savoir s’il demande l’application des lois contenues dans le Code Pénal.
    Le Figaro.fr — Pompier agressé, chauffeur de bus battu à mort... Macron promet la «tolérance zéro» face à ces «incivilités»
  • Tolérez mon intolérance.
    Jules Renard — Journal, 19 août 1903 , Gallimard
  • Une conviction qui commence par admettre la légitimité d'une conviction adverse se condamne à n'être pas agissante.
    Roger Martin du Gard — Jean Barois, Gallimard
  • La tolérance ? Il y a des maisons pour ça !
    Paul Claudel
  • Et pourtant, le harcèlement sexuel et le harcèlement psychologique sont interdits en milieu de travail. C’est tolérance zéro. En théorie.
    La Presse — Tolérance zéro ou tolérance 4 %  ?
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Traductions du mot « tolérance »

Langue Traduction
Anglais tolerance
Espagnol tolerancia
Italien tolleranza
Allemand toleranz
Chinois 公差
Arabe تسامح
Portugais tolerância
Russe толерантность
Japonais 寛容
Basque tolerantzia
Corse tolleranza
Source : Google Translate API

Combien de points fait le mot tolérance au Scrabble ?

Nombre de points du mot tolérance au scrabble : 10 points

Tolérance

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