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Cheval

Variantes Singulier Pluriel
Masculin cheval chevaux

Définitions de « cheval »

Trésor de la Langue Française informatisé

CHEVAL, AUX, subst. masc.

A.− Mammifère domestique appartenant à la famille des Équidés, utilisé notamment comme animal de monture et de trait. Une promenade à cheval; des courses de chevaux; monter un cheval. Je mis mon cheval au trot sur le sol ferme (Gracq, Le Rivage des Syrtes,1951, p. 204):
1. − Dites au cocher qu'il nous promène et qu'il nous conduise à la poste : (...). Il [Lewis] fit un petit discours au cocher, et le cheval se mit en marche, à petits pas. S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 424.
SYNT. a) Cheval alezan, blanc, bai, moucheté, pommelé; cheval de race; cheval fougueux, nerveux; cheval sauvage, pur sang. b) Cheval de boucherie, de carrousel, de cirque, de course, de labour, de manège, de selle, de trait. c) Crin, crinière, croupe, poitrail d'un cheval; harnais, mors, rênes, selle de cheval. d) Le hennissement, le galop, le trot, les ruades du cheval. e) Atteler, brider, harnacher un cheval; bouchonner, ferrer, soigner un cheval; aller, monter à cheval; faire une chute de cheval; pousser son cheval ventre à terre; monter un cheval en amazone, à cru (sans selle).
[En emploi subst. apposé] :
2. Quand le poulain devient sage, ne gambade pas, se colle à la mère-cheval, mauvais signe. A. Arnoux, Pour solde de tout compte,1958, p. 280.
1. Loc. À cheval :
3. Le voyage sans fatigue, avec taxi, porteur, wagon-lit, le voyage en auto, en avion, à dos de chameau, à cheval, à pied, j'ai tout fait, tout aimé... E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 331.
Au fig. Dans la dignité :
4. Le règne du malheureux jeune homme, de 1174 à 1185 − (...) − ne devait donc être finalement qu'une lente agonie, mais une agonie à cheval, face à l'ennemi, toute raidie dans le sentiment de la dignité royale du devoir chrétien et des responsabilités de la couronne, en ces heures tragiques où au drame du roi répondait le drame du royaume. Grousset, L'Épopée des croisades,1939, p. 210.
2. P. méton.
a) ALIM. Synon. de viande de cheval.Aimer le cheval, manger du cheval.
Fig. et fam. Manger du cheval. Manger de la viande très dure. Il a mangé du cheval. Il a une force décuplée.
b) ÉQUIT Synon. de équitation.Aimer le cheval, faire du cheval; culotte de cheval. Je me mettrais à la discipline de la rame, des altères [sic] et du cheval (Valéry, Correspondance[avec Gide], 1894, p. 212).
c) Au plur. Synon. de chevaux montés, cavaliers combattants.À la tête de sept cents chevaux, il [Fernand de Castro] envahit le nord du royaume de Léon (Mérimée, Histoire de Don Pèdre Ier, roi de Castille,1848, p. 143).
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. fém. chevale. La reine, la chevale a piaffé sur mon cœur! Ô trop pareille à moi, son ombre lui fait peur. Ô folle aux cheveux de femme, aux longs cils, aux grands yeux! Elle fait frémir son toupet, elle s'émouche de sa queue. Le sang au fond de ses naseaux est comme des dahlias en fleur (Montherlant, Encore un instant de bonheur, 1934, p. 683).
B.− Emplois métaph. ou fig.
1. [P. réf. à la robustesse, à la résistance du cheval] Fam.
Travailler comme un cheval. Travailler dur. Tu travailles comme un cheval, tu te crèves (Bernanos, Journal d'un curé de campagne,1936, p. 1101):
5. Il ne lui [Joseph] restait plus qu'à s'en aller planter des raves dans une de ses propriétés, car rien de plus vorace que tous ces biens que l'on croit posséder et qui, en réalité, vous possèdent et pour lesquels on travaille comme un cheval de trait, comme un forçat, comme un esclave. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,La Passion de Joseph Pasquier, 1945, p. 216.
Fièvre de cheval. Fièvre très forte. Médecine, remède de cheval. Médecine, remède puissant. Santé de cheval. Santé robuste. Vie de cheval. Vie dure. Métier de cheval. Métier pénible :
6. Si tout ce qu'on dit de l'autre monde doit aboutir à une banqueroute, c'est vraiment dur d'avoir fait mener aux pauvres gens une vie de cheval pour rien du tout. Renan, Drames philos.,1888, p. 480.
7. Ma mère murmura que j'avais pourtant bien besoin d'être reconstitué, que j'étais déjà assez nerveux, que cette purge de cheval et ce régime me mettraient à bas. Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,1918, p. 498.
Péj. [P. oppos. au cheval de selle] C'est un cheval, un cheval de bât, de carrosse, de charrue. C'est un homme grossier et brutal :
8. Vous m'avez vu tout à l'heure avec un fier imbécile. Que voulez-vous? On finit par prendre des habitudes de cheval, à force de cultiver tous ces chameaux et, quelquefois, on tombe assez mal... Bloy, La Femme pauvre,1897, p. 51.
2. [P. réf. à l'aspect physique du cheval] Profil de cheval.
[En parlant d'une femme] Femme grande, dégingandée et laide. Comment ai-je pu aimer une si grande femme, pensait-il, ce grand cheval? (Nizan, La Conspiration,1938, p. 215).
3. [P. réf. à la position du cavalier sur le cheval] Loc. adv. À cheval (sur qqc.).
À califourchon. À cheval sur un mur :
9. Au fond, à cheval sur une chaise, le menton sur le dossier, se tenait un véritable cent-kilos à qui le charron était en train de couper les cheveux. E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 367.
[En parlant d'une chose] :
10. ... un ouvrier, en cotte bleue, un mégot aux lèvres; deux godillots tout neufs, en cuir épais, pendaient, à cheval sur son épaule. R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 586.
Rare :
11. Ces derniers soirs, dans la cuisine, les mains à cheval sur les cuisses, il [le père] ouvrait de gros yeux sur les uns et sur les autres. Pourrat, Gaspard des Montagnes,La Tour du Levant, 1931, p. 193.
Chanson pour enfant :
12. Longtemps il [mon grand'père] m'avait fait sauter sur sa jambe tendue en chantant : « A cheval sur mon bidet; Quand il trotte il fait des pets », et je riais de scandale. Sartre, Les Mots,1964, p. 44.
De part et d'autre de quelque chose :
13. Cette zone frontière, à cheval sur la France et la Belgique, est peuplée surtout de hors-la-loi auxquels se mêlent nombre de bandits. Van der Meersch, L'Empreinte du dieu,1936, p. 37.
Loc. fig. Être à cheval sur qqc. Être très strict sur quelque chose. Être à cheval sur les principes. Ils sont à cheval sur le règlement. Quand je suis entré chez Hoederer, ils me poussaient avec le canon de leurs mitraillettes (Sartre, Les Mains sales,1948, 3etabl., 2, p. 79).
Absolument :
14. Il [André Suarès] ne pouvait s'empêcher d'avoir de l'éloignement pour les Coantré, gens qui avaient été désastreux à sa sœur, − gens plus superficiels, moins « à cheval » et moins nobles que les Coetquidan, ... Montherlant, Les Célibataires,1934, p. 804.
Péj. Écrire une lettre à cheval à qqn. Écrire une lettre injurieuse et menaçante :
15. mme petypon. − Moi, pendant ce temps-là, j'écris une lettre à cheval à ma couturière. petypon. − À ta...? mme petypon. − Mais oui, elle devait déjà me livrer cette robe hier; alors, moi, ne voyant rien venir... Feydeau, La Dame de chez Maxim's,1914, I, 5, p. 9.
4. Expr. et loc. diverses.
a) Loc. nom.
Homme de cheval
Cavalier (opposé à l'homme de [pied*]) :
16. Elle [la mère] vit une grande troupe d'hommes armés, de pied et de cheval, rangée sur la grève. Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 544.
17. ... Maxime (...) redoute la mer. Quant à moi, j'y suis crâne. C'est, avec l'équitation, un talent que j'ai acquis en voyage, car je suis maintenant « aussi bon homme de cheval que de pied » comme M. de Montluc. Flaubert, Correspondance,1850, p. 265.
Vieux
Homme qui aime les chevaux et pratique l'équitation :
18. Une autre nuit, Papadakis m'interrogea : − Il était riche, ton grand-père? − Grand-père, pourquoi donc? − Pour t'avoir payé un bateau. − Ah! mon lougre? L'albatros? Oui, grand-père était millionnaire. − Mais pourquoi t'avoir payé un bateau, il était donc marin? − Tu veux rire, Papadakis! Grand-père était un homme de cheval, il n'a jamais mis les pieds sur un bateau. Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 217.
Homme du monde. Tu es tout à fait un homme du monde, un gentilhomme de cheval dans l'acception la plus complète (Ponson du Terrail, Rocambole,t. 2, Le Club des valets de cœur, 1859, p. 104):
19. ... des larmes remontaient aux yeux de la triste femme, tandis que lui [Séguin] ricanait de son air d'homme du monde, d'homme de cheval, mâtiné d'amateur de littérature et d'art... Zola, Fécondité,1899, p. 140.
Au fig.
Selle à tous chevaux. Objets, remèdes utilisés dans de nombreuses circonstances.
Arg. [En parlant d'hommes] Chevaux à toute selle. Aptes à plusieurs fonctions :
20. Que voulez-vous, mon ami? quand on est de la boutique [= Préfecture de police], il faut faire un peu de tout. Ne sommes-nous pas des chevaux à toute selle? F. Vidocq, Mémoires de Vidocq,t. 3, 1828-29, p. 357.
b) Fam. C'est un... cheval.
C'est un bon cheval de trompette. C'est un homme qui ne craint pas le bruit, les menaces :
21. ... le peuple était pour Tartarin. Sa carrure, sa démarche, son air, un air de bon cheval de trompette qui ne craignait pas le bruit, ... A. Daudet, Tartarin de Tarascon,1872, p. 13.
C'est un cheval échappé. C'est un homme emporté et indiscipliné.
Ça n'est pas le mauvais cheval. C'est un brave homme :
22. On aura beau faire, il y a quelque chose entre nous qui ne colle pas. Mais je ne dis pas que tu sois le mauvais cheval et puis c'est vrai qu'on était mal parti. Sartre, Les Mains sales,1948, 3etabl., 3, p. 101.
C'est un cheval de retour. C'est un récidiviste :
23. ... maintenant on en était au forçat, au récidiviste, au « cheval de retour ». Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 316.
C'est son cheval de bataille. C'est son argument favori, son dada :
24. « Par là, (...), le dogme et la controverse, qui ne sont que le cheval de bataille et les armes du sot et du fanatique, fussent insensiblement devenus plus rares dans la chaire; ... » Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 2, 1823, p. 343.
c) Loc. verbales
Vx. Loger à pied et à cheval. Loger les voyageurs à pied et les voyageurs à cheval :
25. Ils arrivèrent à Orangis vers les neuf heures et s'arrêtèrent à l'auberge de la cloche, où les époux Poitrine logeaient à pied et à cheval. A. France, Les Dieux ont soif,1912, p. 126.
Tirer un homme à quatre chevaux. L'écarteler. P. métaph. Je désirais sentir ma vie sans contradictions, ne pas être divisé, tiré à quatre chevaux, être un pour moi (Barrès, Mes cahiers,t. 1, 1896-98, p. 38).
Au fig.
Monter sur ses grands chevaux. Se mettre en colère et parler avec hauteur :
26. − Oh! mon bon père, s'écria la petite Barniol en se jetant, sur un coussin, aux genoux de Phellion, ne monte pas sur tes grands chevaux! Il y a bien des imbéciles et des niais dans les conseils municipaux, et la France va tout de même. Balzac, Les Petits bourgeois,1850, p. 97.
Faire quelque chose à pied, à cheval, et en voiture. Faire quelque chose de toutes les façons possibles :
27. On mentait avec rage au delà de l'imaginaire, bien au delà du ridicule et de l'absurde, dans les journaux sur les affiches, à pied, à cheval, en voiture. Tout le monde s'y était mis. Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 69.
Lâcher son cheval :
28. ... l'attente est un état violent. Je lâche mon cheval, c'est-à-dire que je suis méprisant, insolent, menaçant; je me jette; j'achève mon malheur. Ce mouvement est commun; chacun en a l'expérience. Tous les mouvements d'humeur sont ainsi prévus, redoutés, et enfin confirmés par le gouvernement intérieur, qui achève alors l'événement, qui joue son rôle comme un acteur le jouerait. Alain, Propos,1928, p. 792.
d) Loc. proverbiales
C'est un cheval à l'écurie. C'est une dépense permanente :
29. Les Jardies sont un cheval à l'écurie; on ne les loue pas, et il faut payer mille francs par an en concierge, impositions et réparations. Balzac, Lettres à l'Étrangère,t. 2, 1850, p. 431.
Cela ne se trouve pas (dans le pas, sous le sabot, sous le pas) d'un cheval. C'est très difficile à trouver. Oui : un honnête homme ne se trouve pas sous le pied d'un cheval (E. Augier, Ceinture dorée,1855, II, p. 362).
Être mal à cheval. Être mal dans ses affaires.
Fermer l'écurie quand les chevaux sont dehors. Prendre des précautions quand il est trop tard.
Je lui ferai voir que son cheval n'est qu'une bête. Je lui ferai voir qu'il se trompe lourdement.
N'avoir ni cheval ni mule. Être sans ressources.
e) Proverbes. À cheval donné, il ne faut pas regarder à la bouche ou à la bride. Il faut toujours être content d'un cadeau reçu. À cheval hargneux, étable à part. Il faut écarter les gens querelleurs. À jeune cheval, vieux cavalier. Il faut un homme expérimenté pour diriger des hommes inexpérimentés. À méchant cheval, bon éperon. Dans les affaires compliquées, il faut beaucoup de fermeté. Après bon vin, bon cheval. Après avoir bien bu, l'homme est plus hardi. Changer son cheval borgne contre un aveugle. Changer quelque chose de mauvais contre quelque chose de pire. Il est bien aisé d'aller à pied quand on tient son cheval par la bride. Il est facile d'endurer certains ennuis quand on peut s'en délivrer à volonté. Il fait toujours bon tenir son cheval par la bride. Il est bon d'être toujours maître de ses affaires. Il n'est si bon cheval qui ne bronche. Tout le monde peut se tromper. Il n'est si bon cheval qui ne devienne rosse. Tout homme est enclin à vieillir. Jamais bon cheval ne devient rosse. On ne perd jamais entièrement de bonnes qualités. Jamais coup de pied de jument ne fit mal à cheval. Un homme doit prendre galamment tout ce qui vient d'une femme. L'œil du maître engraisse le cheval. Les affaires vont mieux quand on les surveille soi-même. Les chevaux courent les bénéfices et les ânes les attrapent. Les récompenses ne vont pas toujours à ceux qui les méritent. Quand le foin manque aux râteliers, les chevaux se battent. Les querelles naissent quand manque l'argent.
f) [En réf.]
[à l'Hist.] Cheval d'Alexandre, cheval de bronze, cheval de Caligula, cheval de Mazeppa, cheval noir d'Attila, cheval de Roland, cheval de Saint-Georges (cf. cavalerie), cheval de Troie.
Richard III, Tragédie de Shakespeare] :
30. Joseph se détacha de l'appareil et cria : « Ma voiture, tout de suite! » comme jadis un roi d'Angleterre, sur le champ de bataille : « Un cheval! Ma couronne pour un cheval! » G. Duhamel, Chronique des Pasquier,La Passion de Joseph Pasquier, 1945, p. 200.
[à la Myth.] Le cheval prophétique d'Achille, les chevaux ailés, les chevaux marins :
31. La fable des chevaux ailés, notre Pégase, a sans doute pris naissance dans ces pays, où les bergers ont pu voir souvent un onagre sautant d'un rocher à un autre. Balzac, La Peau de chagrin,1831, p. 233.
[à l'Écriture sainte] Le cheval-aigle, les chevaux de l'Apocalypse.
C.− Emplois spéc.
1. ASTROL. Cheval du sagittaire.
2. ASTRON. Cheval ou Pégase; Petit Cheval. Constellations de l'hémisphère boréal.
3. MÉCAN., au plur. Cheval, synon. p. abrév. de cheval-vapeur*.
4. COIFFURE, fam. Queue de cheval. Coiffure féminine consistant à nouer les cheveux derrière la nuque. Nouer ses cheveux en queue de cheval (Colette, Claudine à l'école,1900, p. 33).
5. HÉRALD. Cheval animé, bordé, caparaçonné, passant. Figure du blason représentant toujours le cheval de profil.
6. JEUX
a) Cheval à bascule, cheval de bois, cheval mécanique. J'avais des jouets, une voiture bleue avec des roues, un cheval de bois (Guéhenno, Journal d'un homme de quarante ans,1934, p. 25).
b) Chevaux de bois. Manège dans une fête foraine. Un chevaux-de-bois musique dans le lointain (Barrès, Mes cahiers,t. 6, 1907, p. 33).
c) Cheval fondu. Synon. saute-mouton (vx) :
32. Ils dominaient dans les récréations ainsi que dans les classes et montraient, au cheval fondu et dans les parties de barres, la maîtrise que nous leur reconnaissions en thème grec et en discours latin. A. France, La Vie en fleur,1922, p. 359.
d) Petits chevaux. Jeu de hasard où l'on fait avancer des pions à tête de cheval. Je perds au chemin de fer, je perds aux petits chevaux (...) et je perds au bridge! (Bernstein, Le Secret,1913, II, 1, p. 17).
e) Cheval. Synon. de cavalier (dans le jeu d'échecs) :
33. ... ces sauterelles à ailes bleues et rouges qui avancent dans les bruyères en sautant de biais comme le cheval aux échecs. Giraudoux, Simon le Pathétique,1926, p. 238.
f) Mise placée sur deux numéros dans le jeu de la roulette :
34. Cheval. Terme des joueurs de roulette (...) « Pour le cheval, on vous a donné 17 louis ». L. Larchey, Dict. hist. d'arg.,Nouv. Suppl., 1889, p. 54.
7. ART MILIT.
a) Cheval de frise. Solive traversée de part en part de pieux armés de fer et que l'on utilise comme moyen de défense ou comme barrage :
35. Lorsqu'il [Bucquey] jeta les yeux sur le quai [du haut du Fort l'Evêque], il fut effrayé... de cette quantité... de chevaux de frise et autres ingrédients qui, dit-il « formaient un spectacle des plus affreux... car on croyait voir une forêt toute hérissée de fer. » Nerval, Les Illuminés,1852, p. 42.
b) Cheval de bois (cf. chevalet) :
36. Celle-ci [la charpente] porte, au centre de ses rayons, un cheval de bois ou chevalet, instrument de torture dont l'application fut encore froidement réglée par une ordonnance de 1670. G. Sand, Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,t. 1, 1858, p. 26.
8. SC. NAT.
a) BOT. Queue-de-cheval. Synon. vulgaire de la prêle*(cf. Nosban, Nouv. manuel complet du menuisier, t. 2, 1857, p. 176).
b) ZOOLOGIE
Genre cheval. Genre de la famille des équidés dont le zèbre est une espèce :
37. ... en même temps que les rhinocéros et les hippopotames sont à leur apogée, enfin que le genre cheval fait son apparition. A. de Lapparent, Abr. de géol.,1886, p. 369.
Antilope-cheval. Grande antilope d'Afrique Occidentale (cf. Maran, Batouala, 1921, p. 157).
Cheval marin. Synon. vulg. de l'hippocampe(cf. H. Coupin, Animaux de nos pays, 1909, p. 186).
Pied-de-cheval :
38. La pluie faisait dans les gouttières le bruit de quelqu'un qui mâche du caoutchouc. Des regards comme des éclairs de chaleur. Une langue comme cette huître qu'on appelle pied-de-cheval. Renard, Journal,1894, p. 197.
9. SP. Cheval d'arçons, (vx) cheval de bois. Instrument rembourré muni de quatre pieds, avec ou sans poignées, et sur lequel des sportifs s'exercent à sauter, à voltiger.
Cheval de voltige. Un cheval de voltige en bois avec le rembourrage eût été dispendieux (Flaubert, Bouvard et Pécuchet,t. 2, 1880, p. 64).
10. TECHNOL. Petit cheval. Pompe alimentaire d'une chaudière à vapeur (cf. A. Croneau, Constr. pratique des navires de guerre, t. 2, 1892, p. 316).
11. TURF. Jouer un cheval dans une course; miser sur un cheval :
39. J'ai joué le cheval que vous m'aviez indiqué, et, naturellement, j'ai perdu. Benoit, L'Atlantide,1919, p. 15.
Parler cheval. Il tenait à la main un journal de sports. Pour combler le silence, j'essayai de parler cheval (Mauriac, Le Nœud de vipères,1932, p. 204).
Longueur* de cheval :
40. ... lorsque je les vis arriver au but, devançant les coureurs de trois longueurs de cheval, je fus si joyeuse que je me mis à battre des mains comme une folle. A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 775.
Prononc. et Orth. : [ʃ(ə)val], plur. [-o]; pour [ə] cf. chemin. Rouss.-Lacl. 1927 signale que à Paris, on peut entendre, bien que rarement : jeval pour cheval, jeveu pour cheveu. Cf. lettre C. Ds Ac. 1694-1932. Au plur. des chevaux. Étymol. et Hist. A. Début xiies. désigne l'animal (Lois G. le Conquérant, éd. J. E. Matzke, § 5); ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 890); spéc. ca 1195 cheval désigne le mâle (Ambroise, Guerre sainte, 8296 ds T.-L., s.v. ive); 1873 désigne la viande (Dumas); 1. ca 1100 as chevals « montés sur des chevaux » (Roland, 1095); d'où ca 1100 interj. as chevals! ordre de monter à cheval (Roland, 2986); av. 1661 à cheval « à califourchon » (St Amand ds Fur. : à cheval sur des coquesigruës); 1835 fig. être à cheval sur « être très strict, ferme sur » (Ac.); a) 1160-70 gent a cheval « soldat à cheval » (Wace, Rou, III, 2651 ds Keller, p. 262a) − 1668, Molière, Amphitryon, I, 1; av. 1511 hommes de cheval « cavaliers » (Comm., IV, 1 ds Littré); chevaux « soldats à cheval », v. chevau-légers; b) 1690 « équitation » (Fur.); av. 1866 monde du cheval (L. Reybaud ds Lar. 19e); 2. a) fin xiiies. être a cheval « être insolent » (Deuxième coll. anglo-norm. des Mir. de la Ste Vierge, éd. H. Kjellman, 48, 179); p. ext. av. 1622 mettre son opinion a cheval « la faire prévaloir » (F. de Sal., Aut. de S.P., ms. Chigi, fo96ads Gdf. Compl.); b) 1579 estre mal a cheval « être mal à l'aise » (Lariv., les Ecol., V, 3, ibid.); c) av. 1592 monter sur ses grands chevaulx « s'emporter » (Mont., iv, 193 ds Littré); 3. 1539 medecine pour les chevaulx (Est.); d'où fig. 1690 médecine de cheval (Fur.); 1690 travail de cheval (ibid.); 1798 fièvre de cheval (Ac.); 4. 1690 fig. cheval de bataille (Fur.); 5. emplois fig. s'appliquant à une pers. 1670 cheval de carosse « homme grossier ou brutal » (Molière, Le Bourgeois gentilhomme, II, 2); 1828 arg. cheval de retour « récidiviste » (Vidocq, Mém. ds Esn.); 1829 (Hugo, Le Dernier jour d'un condamné, 667 − Ollendorff − ds Quem.). B. 1. 1512 jeux au chevau fondu (Gringore, Sottie contre Jules II, 109 ds Recueil de Sotties, Paris, éd. E. Picot, 1904, t. 2, p. 139); 1556 cheval de bois (Argenterie de la reine, fos1 et 13 ds Gay); 1680 fortif. cheval de frise (Rich.); 1768 technol. cheval « support » (Encyclop. t. 27, ardoiserie d'Anjou, p. 12a); 1891 petits chevaux désigne un jeu de hasard (H. Bauer, au Soleil, Echo de Paris ds Guérin2); 1946 cheval d'arçon (Ambrière, Les Grandes vacances, p. 310); 2. 1611 cheval marin « hippocampe » (Cotgr.). Du lat. caballus d'abord « mauvais cheval » (Lucilius ds TLL s.v., 3, 67), puis « cheval hongre » et « cheval de travail » terme pop., dès Varron est le substitut du lat. class. equus qu'il supplante ultérieurement. Fréq. abs. littér. : 14 521. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 25 519, b) 28 396; xxes. : a) 18 716, b) 13 507. Bbg. Atteler des chevaux sur un duc. L'Intermédiaire des chercheurs et des curieux. 1882, t. 15, p. 37, 84, 85. − Bonan Garrigues (M.), Élie (J.). Essai d'analyse sémique. Cah. Lexicol. 1971, pp. 81-82. − Gottsch. Redens. 1930, passim.Goug. Mots t. 1, 1962, pp. 70-73. − Kitza (A.). Das Ross in den altfranzösischen Abenteuerromanen. Marburg, 1887. − Kurrelmeyer (W.). Friesischer Reiter « cheval de frise ». Mod. Lang. Notes 1943, t. 58, pp. 350-351. − Le Bidois Délire 1970, p. 237. − Manly (C.). Words for horse in French and Provençal. Baltimore, 1939. − Mat. Louis-Philippe. 1951, p. 54. − Millepierres (F.). Les Noms du cheval. Vie Lang. 1959, pp. 662-664. − Monfrin (J.). Romania. 1963, t. 84, p. 142. − Perrochon (H.). Cheval et chèvre en Suisse romande. Vie Lang. 1961, pp. 371-373. − Quem. 2es. t. 4 1972. − Rog. 1965, p. 40. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 105. − Sandmann (M.). Monter à cheval. Rom. Jahrb. 1962, t. 13, pp. 28-42. − Steiger (A.). Altromanische Pferdenamen. Mél. Wartburg (W. von) 1958, pp. 767-796. − Tournemille (J.). Au jardin des loc. fr. Vie Lang. 1967, p. 410. − Tuaillon (G.). Analyse d'une carte ling. : cheval-chevaux. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1971, t. 9, no1, pp. 91-176. − Vigneron (P.). Le Cheval dans l'Antiquité. Nancy, 1968.

Wiktionnaire

Nom commun - français

cheval \ʃə.val\, \ʃfal\[2] masculin (pour la femelle, on dit : jument)

  1. (Zoologie) Grand mammifère périssodactyle de la famille des équidés, habituellement domestiqué et employé comme monture ou comme bête de trait, de somme.
    • […] ; sous le hangar, les chevaux, harcelés par les mouches et piqués par les taons, s’ébrouaient […]. — (Octave Mirbeau, La Bonne, dans Lettres de ma chaumière, 1885)
    • Accompagné de trois cavaliers, il approchait de Troyes : avec sa monture, il y avait donc quatre chevaux. — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
    • Nous admirions des choses nouvelles, […]. Des cavaliers à burnous flottant galopaient sur des chevaux merveilleux. — (Alain, Souvenirs de guerre, p. 112, Hartmann, 1937)
    • Au Tchad, nous changerons nos chevaux de réquisition (qui sont d’insignes rosses) et nos bêtes de somme contre des chameaux pour continuer notre route dans la zone désertique d'Agadem. — (Louis Alibert, Méhariste, 1917-1918, Éditions Delmas, 1944, page 23)
    • Dès sa première communion, gagé par l’un ou par l’autre, […], il était sans l’avoir appris devenu habile à menuiser, à charronner, à réparer un coutre, à ferrer un cheval. — (Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L’Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954, p. 10)
    • Le Pourquoi pas, lutte, lutte toujours. Mais déjà les chevaux blancs des Walkyries hennissent dans les rafales. — (José Gers, Sur la mort du Pourquoi pas ?, France libre, volume 6, 1936)
  2. (Par métonymie) (Cuisine) Viande de cet animal.
    • Il y eut un massacre de chevaux un peu en avant de nous ; nous eûmes des biftecks de cheval, et j’appris alors que la viande d’un cheval blanc n’est pas comestible. Est-ce vrai ? Nul depuis n’a pu m’instruire là-dessus. — (Alain, Souvenirs de guerre, Hartmann, 1937, page 115)
  3. (Courant) Appellation courante de cheval-vapeur, puissance mécanique équivalente à 748 watts.
    • Le curage des vases de la Darse au moyen d’un dragueur à la vapeur de la force de 14 chevaux, a été complet en 1837. — (Répertoire des travaux de la Société de statistique de Marseille, page 370, 1838)
    • Les locomobiles de la force de 4 à 5 chevaux ont un poids qui atteint déjà 2 000 kilogrammes. — (Charles Drion et Émile Fernet, Traité de Physique élémentaire, Masson, 1885, note bas de page 325)
    • La ville exécute aujourd’hui […] une nouvelle installation hydraulique. Cet établissement comprendra 15 turbines à 800 chevaux chacune, soit une force totale de 12 000 chevaux. — (La Suisse circulaire, Guide Conty, 8e édition, 1894, page 70)
    • En tirant parti des conditions topographiques, on a pu réaliser une chute de 7 m. à Pouilly et une de 8 m. à Escommes, qui, avec le débit moyen, ont donné environ 21 chevaux de force à Pouilly et 12 à Escommes, soit en totalité 33 chevaux, constamment disponibles. — (Léonce Louis Vincent Abel Mazoyer, La navigation intérieure: rivières et canaux, volume 1, E. Bernard et Cie, 1902, page 200)
    • C’était un Bréguet dernier modèle, 12 cylindres, 340 chevaux, 180 kilomètres à l’heure. — (Jacques Mortane, Missions spéciales, 1933, page 50)
  4. (Courant) Cheval fiscal, dont l’abréviation est cv ou CV.
    • La Citroën Ami 6 était une 3 chevaux.
    • La Citroën 2 CV et la Renault 4 CV étaient les voitures populaires des années 1950.
  5. (Argot) Héroïne (drogue).
    • Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)
  6. (Gymnastique) Appareil gymnique, utilisé pour deux agrès différents : le cheval d’arçons et le saut de cheval.
    • Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)
  7. (Péjoratif) Synonyme parfois utilisé pour désigner une personne.
    • Elle est tombée sur un mauvais cheval, sur un bon cheval.
  8. (Héraldique) Meuble représentant l’animal du même nom dans les armoiries. Il est généralement représenté de profil et passant.
    • D’argent au cheval cabré de sable, qui est de Renansart de l’Aisne → voir illustration « armoiries avec un cheval »
  9. (Jeux) Pièce de certains jeux comme les petits chevaux, et parfois le cavalier aux échecs à cause de la forme de la pièce.
  10. Défaut du marbre consistant en une cavité emplie de matière pulvérulente, terreuse. (Note : on dit aussi une cendrure.)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

CHEVAL. n. m.
Quadrupède domestique de la famille des Solipèdes qui, comme l'âne et le mulet, sert de bête de trait et de somme mais qui plus qu'eux sert de monture. Cheval entier. Cheval hongre. Cheval de charrette, de charrue, de harnais. Cheval de fiacre. Cheval de selle, d'attelage, de trait. Cheval de manège. Cheval de course. Cheval de pur sang, de demi-sang. Cheval de race. Cheval vicieux, qui mord, qui rue, qui se défend. La bouche, les jambes, le garrot, la croupe, l'encolure, la robe d'un cheval. Recevoir un coup de pied de chenal. Le hennissement d'un cheval. Ce cheval a la bouche dure, sensible, gâtée. Panser, étriller, frotter un cheval. Ferrer, déferrer un cheval. La bride, la selle, le harnais d'un cheval. Seller, brider, harnacher un cheval. Aller à cheval. Monter à cheval. Descendre de cheval. Les allures du cheval. Mettre un cheval au pas, au trot, au galop. Faire une partie de cheval. Promenade à cheval. Tomber de cheval, faire une chute de cheval. Pousser un cheval à toute bride, le lancer à fond de train. Ce cheval s'emporte, prend le mors aux dents. Monter, exercer, dresser un cheval. Éperonner un cheval. Son cheval s'abattit sous lui, tomba les quatre fers en l'air. Mettre les chevaux à la voiture. Course de chevaux. Viande de cheval. Manger du cheval. Homme de cheval, Homme qui s'intéresse à ce qui concerne le cheval, et qui s'y connaît. À cheval! se dit elliptiquement pour Montez à cheval. À cheval, messieurs, à cheval. Monter à cheval signifie Se promener à cheval. Il signifie aussi Apprendre à monter à cheval. Il a monté à cheval sous un tel. Mettre quelqu'un à cheval, Lui enseigner l'équitation. C'est tel écuyer qui a mis ce jeune homme à cheval. Aux enseignes des hôtelleries, on mettait ordinairement Un tel loge à pied et à cheval, pour indiquer qu'on y recevait les voyageurs qui vont à pied et ceux qui vont à cheval. Défier quelqu'un à pied et à cheval, Le défier dans n'importe quelle lutte, sous n'importe quelles conditions. Prov., L'œil du maître engraisse le cheval, Quand le maître va voir souvent ses chevaux, les valets en prennent plus de soin. Il signifie aussi figurément Quand on surveille soi-même ses affaires, elles en vont mieux. Fig. et fam., Fièvre de cheval, Fièvre violente. Remède de cheval, comme pour un cheval, Médecine très forte. Prov. et fig., Il n'est si bon cheval qui ne bronche. Voyez BRONCHER. Prov. et fig., À cheval donné, on ne regarde pas la bride, Quand on reçoit un présent, il ne faut pas le déprécier pour quelques détails qui y sont défectueux. Prov. et fig., Changer, troquer son cheval borgne contre un aveugle. Voyez AVEUGLE. Fig. et fam., C'est son cheval de bataille, son grand cheval de bataille. Voyez BATAILLE. Prov. et fam., Il est bon cheval de trompette, il ne s'étonne pas du bruit, se dit de Quelqu'un qui ne s'effraie pas des menaces, qui ne s'émeut pas de ce qu'on lui dit, soit pour l'intimider, soit pour l'embarrasser. Fig. et fam., C'est un cheval pour le travail, C'est un homme qui travaille beaucoup. Fig. et fam., C'est un cheval échappé, se dit d'un Jeune homme qui est emporté et qui se soustrait à l'obéissance, à la discipline. Prov. et fig., Brider son cheval par la queue, S'y prendre maladroitement et à contresens dans une affaire. Prov. et fig., Il fait toujours bon tenir son cheval par la bride, Il fait bon être maître de son bien, d'une affaire où l'on a intérêt. Fig. et fam., Écrire à quelqu'un une lettre à cheval, Lui écrire avec hauteur, avec menace. Prov. et fig., Monter sur ses grands chevaux, Prendre les choses avec hauteur, mettre de la fierté, de la sévérité dans ses paroles. Fig., Trouver sous le pas, dans le pas d'un cheval, Trouver facilement, sans peine. Croit-il qu'une telle somme se trouve sous le pas d'un cheval? Être à cheval, se dit, par extension, de Celui qui est monté sur quelque autre animal qu'un cheval, et même d'une Personne qui se tient jambe deçà, jambe delà, sur une poutre, sur une muraille, etc. Il était à cheval sur le haut du mur. Cet enfant courait par la chambre, à cheval sur un bâton. Fig. et fam., Être à cheval sur quelque chose, S'en prévaloir, y tenir rigoureusement, ou N'en pas démordre, y revenir sans cesse. Il est à cheval sur sa naissance, sur sa noblesse, etc. Il est toujours à cheval sur sa doctrine, sur telle opinion, sur le règlement, sur la discipline, sur les grands principes, etc. En termes de Guerre, Être à cheval sur un fleuve, sur une rivière, se dit d'une Armée qui a des troupes sur l'une et sur l'autre rive d'un fleuve, etc. On dit dans un sens analogue Être, se mettre à cheval sur une route. Tirer un criminel à quatre chevaux signifiait Écarteler un criminel, en attachant chacun de ses membres à un cheval et faisant tirer les quatre chevaux chacun de son côté en même temps. Fam., Cheval de retour, Récidiviste. Cheval marin, Animal fabuleux, qu'on représente ayant le devant d'un cheval et le derrière d'un poisson, tel qu'on en voit sur certaines médailles et dans certains ornements d'architecture et de peinture. Cheval fondu, Sorte de jeu où plusieurs enfants sautent l'un après l'autre sur le dos d'un d'entre eux, qui se tient courbé, dans l'attitude d'un cheval. Jouer au cheval fondu. Cheval de bois, en termes de Gymnastique, Figure de bois qui ressemble à peu près à un cheval et sur laquelle on apprend à voltiger. Chevaux de bois, Figures de bois représentant des chevaux, qui tournent mécaniquement autour d'un axe et sur lesquelles on monte pour se divertir. Manège de chevaux de bois. En termes de Guerre, Cheval de frise. Voyez FRISE. En termes de Mécanique, Cheval vapeur, ou simplement Cheval, Unité conventionnelle employée pour évaluer la puissance motrice des machines à vapeur, des moteurs, et représentant la force capable d'élever par seconde un poids de 75 kilogrammes à la hauteur d'un mètre. Une machine à vapeur de dix chevaux, de vingt chevaux. Une automobile de dix chevaux, ou par ellipse Une dix chevaux.

CHEVAUX, au pluriel, se dit quelquefois de Gens de guerre à cheval. Un escadron de deux cents chevaux. Une armée de vingt mille hommes de pied et de six mille chevaux. Un détachement de mille chevaux.

Littré (1872-1877)

CHEVAL (che-val) s. m.
  • 1Animal domestique de la famille des solipèdes, qu'on emploie à tirer ou à porter. Cheval de charrette, de carrosse, de main, de bataille. La bouche d'un cheval. Panser, étriller, ferrer, seller, brider un cheval. Un cheval fin, ardent, plein de feu, souple, léger à la main, obéissant. Cheval qui porte bien sa tête. Un cheval vicieux, ombrageux, pesant à la main. De rage et de douleur le monstre bondissant Vient aux pieds des chevaux tomber en mugissant, Racine, Phèd. V, 6. J'ai vu, seigneur, j'ai vu votre malheureux fils Traîné par les chevaux que sa main a nourris, Racine, ib. Sous les pieds des chevaux cette reine foulée, Racine, Athal. I, 1. On commença la course des chariots, que l'on distribua au sort ; le mien se trouva le moindre pour la légèreté des roues et pour la vigueur des chevaux, Fénelon, Tél. v. Lâchant les rênes à ses chevaux fumants de sueur, Fénelon, ib. Mes chevaux s'animèrent et se mirent peu à peu en haleine, Fénelon, ib. Hippomaque poussant trop ses chevaux, le plus vigoureux s'abattit, Fénelon, ib. Mes chevaux, mieux ménagés que les siens, étaient en état de le devancer, Fénelon, ib. Malheureux, laisse en paix ton cheval vieillissant, De peur que, tout à coup efflanqué, sans haleine, Il ne laisse en tombant son maître sur l'arène, Boileau, Ép. X.

    Cheval de relais, cheval tout préparé dans les postes pour prendre la place de celui qui vient de faire une traite. On avait préparé des chevaux de relais, sur lesquels ils furent sur-le-champ conduits à Leipsic, où on les enferma étroitement, Voltaire, Charles XII, 2. Il en est ainsi de poste en poste dans le royaume ; vous changez de jurisprudence en changeant de chevaux, Voltaire, Dial. 2.

    Cheval de service, dans le langage de la féodalité, cheval dû par le vassal au seigneur.

    Tirer un criminel à quatre chevaux, écarteler un criminel, en attachant un cheval à chacun de ses membres.

    Fig. N'avoir ni cheval ni mule, être fort gueux.

    Chercher quelqu'un à pied et à cheval, faire toutes les diligences pour le trouver.

    C'est un cheval échappé, c'est un jeune homme qui n'écoute ni autorité ni conseil. Athamare est un jeune cheval échappé, amoureux comme un fou, Voltaire, Lett. d'Argental, 27 avril 1767.

    C'est un vrai cheval à la besogne, c'est un homme dur à la peine, grand travailleur. Mon esclave travaille comme un cheval, je le nourris mal, je l'habille de même, Voltaire, Dial. XXIV, 8.

    Fig. et familièrement. Cheval de carrosse, cheval de bât, gros cheval, ou, simplement, cheval, homme rude, grossier, intraitable. C'est un vrai cheval. C'était [le chevalier de Nogent] une manière de cheval de carrosse qui était de tout temps ami de Saint-Pouange, Saint-Simon, 191, 58. Comment, grand cheval de carrosse ! Molière, Bourg. II, 3.

    Fig. C'est le cheval de bât, se dit d'un homme chargé, dans une maison, dans une communauté, de la grosse besogne.

    Dans le pas d'un cheval, c'est-à-dire facilement, sans peine, sous les pieds. Croit-il que mille cinq cents livres se trouvent dans le pas d'un cheval ? Molière, Fourb. II, 11. Cinquante mille francs, c'est un joli denier ; et, comme on dit, ça ne se trouve pas tous les jours dans le pas d'un cheval, Ch. de Bernard, le Gendre, § 6.

    Aux enseignes des hôtelleries, un tel loge à pied et à cheval, c'est-à-dire un tel donne le logement aux hommes et aux chevaux.

    Fig. C'est son cheval, son grand cheval de bataille, c'est l'argument dont il s'appuie, l'idée à laquelle il est attaché. La cérémonie est le cheval de bataille de la noblesse campagnarde, Hamilton, Gramm. 10.

    Monter sur ses grands chevaux, prendre les choses avec résolution, avec hauteur, se gendarmer ; locution venue de ce que les chevaliers allant en guerre et chevauchant sur de petits chevaux montaient, pour combattre, sur de grands chevaux. Je vous vois montée sur vos grands chevaux, Sévigné, 537. Dessus ses grands chevaux est monté mon courage, Molière, Sgan. 21. Voyant qu'elle montait sur ses grands chevaux, Hamilton, Gramm. 9. Elle monta sur ses grands chevaux au lieu de se justifier, Hamilton, ib. 11.

    Brider son cheval par la queue, s'y prendre à contre-sens dans une affaire.

    Fièvre de cheval, fièvre violente.

    Médecine de cheval, médicament très fort.

    Familièrement. Écrire à quelqu'un une lettre à cheval, écrire une lettre où on le gourmande vertement.

  • 2Homme de cheval, un cavalier. Une troupe de gens de cheval. Soit de gens de cheval ou soit de gens de pied, Régnier, Sat. X. Il n'y avait point de meilleurs hommes de cheval que les Égyptiens, Bossuet, Hist. III, 3. Du Plessis, écuyer de la grande écurie et le premier homme de cheval de son siècle, Saint-Simon, 37, 174. Les Romains tireront de leurs alliés 700 000 hommes de pied, et 70 000 de cheval, Montesquieu, Rom. 4.

    Monter à cheval signifie quelquefois apprendre à monter à cheval. Il a monté à cheval sous un tel.

    Mettre quelqu'un à cheval, lui enseigner l'équitation. C'est un tel écuyer qui a mis ce jeune homme à cheval.

    En termes de manége, cheval de deux cœurs, celui qui ne se manie que par contrainte. Cheval dans la main, celui dont l'encolure, la tête et le corps sont dans un parfait équilibre. Cheval entier à une main, celui qui refuse de tourner d'un côté. Cheval de pas, celui qui va un grand pas fort à l'aise.

  • 3À cheval, loc. adv. Sur un cheval. Se promener à cheval. Montrez-lui comme il faut… Passer les jours entiers et les nuits à cheval, Corneille, Cid, I, 7. Pour les faire monter à cheval, Bossuet, Hist. III, 5. M. le Chantre sera toujours prêt à monter à cheval, Bossuet, Lett. abb. 72. Sortis, il me demande : êtes-vous à cheval ? Régnier, Sat. VIII.

    Elliptiquement, à cheval, messieurs ! c'est-à-dire montez à cheval.

    Par analogie, à califourchon, jambe deçà, jambe delà. Il était à cheval sur le haut du mur.

    Terme de guerre. Être à cheval sur un fleuve, sur une rivière, sur une route, avoir des troupes placées sur l'une et l'autre rive, sur l'un et l'autre côté de la route.

    Fig. Être à cheval sur quelque chose, n'en pas démordre, s'en prévaloir, y revenir sans cesse. être à cheval signifie aussi être solidement établi.

    Fig. Être mal à cheval, être mal dans ses affaires.

    Il se tient mieux à table qu'à cheval, se dit d'un écornifleur.

  • 4 S. m. plur. Terme de guerre. Cavaliers. Il avait dix mille hommes de pied, avec deux mille chevaux. C'était vous, intrépide Nemours, qui meniez ces fameux chevaux aux combats, Chateaubriand, Natch. I, 92.

    Les grands chevaux, nom qui était donné aux quatre principales familles de la noblesse de Lorraine. Les petits chevaux, la noblesse inférieure de Lorraine.

  • 5Cheval fondu, jeu d'enfants dans lequel l'un saute par-dessus l'autre qui a le corps plus ou moins fléchi.
  • 6Cheval de bois, figure de bois sur laquelle on apprend à voltiger. [Il] fait crever les courtauds en chassant aux forêts, Court le faquin, la bague, escrime des fleurets, Monte un cheval de bois…, Régnier, Sat. v.

    Anciennement. Cheval de bois, pièce de bois qui, taillée en arête et mise sur des tréteaux, servait à une punition de soldat. Ce soldat, ayant fait un faute, fut mis pendant deux heures sur le cheval de bois.

    Cheval de Troie, cheval de bois renfermant des guerriers dans ses flancs, au moyen duquel les Grecs prirent la ville de Troie.

    Les courtisans du cheval de bronze, s'est dit jadis à Paris des filous et personnes de mauvaise vie qui se tenaient sur le pont Neuf auprès de la statue d'Henri IV, pour y attraper quelqu'un.

  • 7Cheval de frise, en termes de guerre, grosse poutre carrée, traversée par trois rangs de pieux de bois, dont les bouts sont armés de pointes de fer, ainsi dite parce que cet engin a d'abord été employé dans la Frise.

    Cheval de frise ou patte de coq, espèce de support dans une fabrique de poteries.

  • 8 Terme d'astronomie. Un des noms vulgaires de la constellation de Pégase.

    Petit Cheval, constellation de l'hémisphère septentrional.

  • 9Cheval-vapeur ou simplement cheval, unité conventionnelle dont on se sert pour évaluer la force motrice des machines à vapeur, et qui équivaut à une force capable d'élever un poids de 75 kilogrammes à la hauteur d'un mètre dans l'unité de temps ou seconde.
  • 10Dans les carrières de marbre, on appelle cheval de terre, un espace où le marbre manque et qui se trouve rempli d'une masse de terre.

    Trou rempli de terre qu'on trouve quelquefois dans un bloc.

  • 11 Terme de zoologie. Cheval cerf, nom d'un mammifère observé en Chine et qui paraît être l'antilope gnus (ruminants) dite vulgairement gnou.

    Cheval du Cap, nom donné par quelques voyageurs au cheval quaccha, qui est le couagga de Buffon.

    Cheval marin, cheval de rivière, hippopotame, et plusieurs poissons.

    Cheval du bon Dieu, grillon.

    Cheval marin, animal fabuleux, qu'on représente avec le devant d'un cheval et le derrière d'un poisson.

  • 12 Terme de métier. Siége sur lequel l'ouvrier s'assoit pour façonner l'ardoise.

PROVERBES

Cheval de foin, cheval de rien ; cheval d'avoine, cheval de peine.

Fermer l'écurie quand les chevaux sont dehors, c'est-à-dire prendre des précautions quand le mal est arrivé.

Il fait toujours bon tenir son cheval par la bride, c'est-à-dire il fait bon être maître de ses affaires, de son bien.

Il est bien aisé d'aller à pied quand on tient son cheval par la bride, c'est-à-dire on souffre volontiers de petites incommodités quand on peut s'en délivrer aussitôt qu'on veut.

Des femmes et des chevaux, il n'en est point sans défauts.

Un coup de pied de jument ne fait point de mal au cheval, c'est-à-dire un homme doit prendre galamment les malices que lui font les femmes.

À un cheval hargneux, il lui faut une étable à part, c'est-à-dire il faut se tenir loin des hommes querelleurs, difficultueux, méchants.

Les chevaux courent les bénéfices, et les ânes les attrapent, c'est-à-dire les récompenses ne vont pas à ceux qui les méritent.Je lui ferai voir que son cheval n'est qu'une bête, c'est-à-dire je lui ferai voir qu'il se trompe lourdement. Je voudrais bien qu'elle eût soufflé devant moi et qu'elle s'avisât de traverser ce que j'aurais résolu ; je lui ferais bien voir que son cheval ne serait qu'une bête, Hauteroche, Crispin médecin, I, 2.

Qui aura de beaux chevaux si ce n'est le roi ? c'est-à-dire il n'est pas étonnant qu'un homme riche et puissant ait ce qu'il y a de mieux.

Il n'est si bon cheval qui ne devienne rosse, c'est-à-dire l'âge affaiblit les corps, les esprits les plus vigoureux. Et, en sens inverse, jamais bon cheval ne devint rosse.

À jeune cheval vieux cavalier, c'est-à-dire pour conduire un jeune cheval, et figurément, pour diriger des gens inexpérimentés, il faut un homme expérimenté.

Il est bon cheval de trompette, c'est-à-dire le bruit, les menaces ne l'effrayent pas.

Changer son cheval borgne contre un aveugle, changer une chose mauvaise contre une autre plus mauvaise encore.

À cheval donné on ne regarde point à la bouche, à la bride, c'est-à-dire un don est toujours bienvenu.

Il n'est si bon cheval qui ne bronche, c'est-à-dire le plus sage, le plus habile peut commettre des fautes.

Jamais cheval ni méchant homme n'amenda pour aller à Rome, c'est-à-dire on ne se corrige pas en voyageant.

L'œil du maître engraisse le cheval, c'est-à-dire il faut surveiller ses affaires.

Après bon vin, bon cheval, c'est-à-dire quand on a un peu bu, on est plus hardi.

L'âge n'est que pour les chevaux, c'est-à-dire il ne faut pas s'enquérir de l'âge des personnes. Laissons l'âge à part ; aussi bien, comme on dit, il n'est que pour les chevaux, Hauteroche, Crispin médecin, I, 1.

À méchant cheval bon éperon, c'est-à-dire il faut de la fermeté dans les affaires difficiles.

SYNONYME

HOMMES DE CHEVAL, GENS DE CHEVAL. Les gens de cheval, c'est la cavalerie. Cette locution a toujours un sens collectif qui n'appartient pas à hommes de cheval ; c'est pour cela qu'on dit mille hommes de cheval, et qu'on ne peut dire mille gens de cheval.

HISTORIQUE

XIe s. Cil ki aveir [bétail] escut [retire] u chivalz u buefs, Lois de Guill. 6. Puisque il sont as chevals et as armes, Ch. de Rol. LXXXV. Sur Veillantif, son bon cheval courant, ib. LXXXIX. Sire, à pied estes, et je sui à cheval, ib. CLVII.

XIIe s. Chevaus de pris, Ronc. p. 7. Ses chevaus [son cheval] fu en vingt lieus assenez, ib. p. 96. Je le defen à cheval et à pié, ib. p. 187. Sur les chevax [ils] monterent qu'on leur tint au perron, Sax. XXII. Les chevals Saint Thomas tuz ensemble [ils] enmenerent, Th. le mart. p. 152.

XIIIe s. Et chascuns chevaus donra quatre mars, et chascuns homs dui [deux], Villehardouin, XIV. Lors furent li cheval trais des huissiers [vaisseaux], Villehardouin, LXIII. Chevaus, or et argent leur fist on presenter, Berte, III. Il doit deus deniers de tonlieu pour chascun cheval, se li chevaus est vis [vif], Livre des mét. 316. Et la court deit connoistre que la bataille deit estre à chevau, au quarantisme jor, Ass. de Jér. I, 162. Je voi que qui cheval achete, N'iert ja si fox que riens i mete, Comment que l'en l'ait bien couvert, Se tout nel voit à descouvert, la Rose, 8707. Et quand les chevaus aus Sarrazins et aus Beduins avoient poour [peur] d'un bisson [buisson], Joinville, 203. Qui n'a cheval si voist [aille] à piét, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 163. Miex vault le cheval Bertran, Qui souvent menjue [mange] avaine Que cil qui fait la crevaine [qui crève], Anc. poésies fr. du Vatican, dans LACURNE. Se ses quevax muert ou afole, Beaumanoir, 64.

XIVe s. Là où li chevaux chiet [choit], on le vait escorchant, Guesclin. 10831.

XVe s. Par ma foy, mes chevaulx se lasse, Et dit que les nois [neiges] et la glace L'ont destruit…, Deschamps, Poésies, f° 358, dans LACURNE. Dix huyt cens hommes de cheval, Commines, IV, 1. Se l'autre son compagnon avoit bien fait du mauvais cheval et en maintien et en paroles, encore en fit il plus, Louis XI, Nouv. XXXIII. Un cheval a quatre pieds et si chiet [et pourtant tombe], Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 164. En verité il m'est mescheu ; dont je suis dolent, mais c'est sur le tard, et me puis comparer à celluy qui ferme l'estable quant on lui a emblé son cheval, Perceforest, t. III, f° 88.

XVIe s. Un esclave qui vint à tue cheval l'avertir, Mém. sur D. G. ch. XVIII. Voyant rapporter le corps d'un homme de cheval, Montaigne, I, 8. Se sentant eschapper du [tomber de] cheval, Montaigne, I, 16. Apprendre à monter à cheval, Montaigne, I, 150. En sa mort, on sent Caton tousjours monté sur ses grands chevaulx, Montaigne, IV, 193. Il y eut quelques chevaulx legers numidiens, qui par le chemin rencontrerent…, Amyot, Marcell. 50. Il y mourut, non en capitaine, ains en cheval leger et en avant coureur, Amyot, Pélop. et Marcell. comp. 5. Dix mille hommes de pied, mille chevaux, et une flotte de cent voiles, Amyot, ib. 51. Faire du cheval eschappé, Amyot, Caton, 55. Qu'es-tu toy ? archer, picquier, homme d'armes ou cheval leger ? Amyot, Que la vertu se peut apprendre, 8. La Riviere, le plus diligent et laborieux caval leger qui fust au service du roi, D'Aubigné, Hist. I, 333. On faisoit bouillir les cuirs, les peaux de cheval et de chiens, D'Aubigné, ib. II, 56. Ils firent du pain de paille hachée et d'ardoise, y meslant du fumier de chevaux, D'Aubigné, ib. II, 57. Ne trouvant dedans autres garnisons que quelque peu de soldats pour garder les grands chevaux de Joieuse, D'Aubigné, ib. II, 58. Il perce un grand païs de Beausse tout semé de chevaux-legers, D'Aubigné, ib. II, 188. En cheval leger, D'Aubigné, ib. III, 213. Pour forcer les villes : beliers, chevaux, vignes, tortues, balistes, Paré, IX, Préface. Leurs trompettes et clairons ronfloient et sonnoient boutte selle, boutte selle, monte à cheval, monte à cheval, boutte selle, monte à caval, à caval, Paré, t. III, p. 703. Tu resembles au viel cheval de mon pere, tu ne veulx poynt marcher jusques à tant que tu soyes picqué, Palsgrave, p. 427. Et comme l'on dict, nous vendons nostre cheval pour avoir du foin, Charron, Sagesse, I, 22. N'achapte cheval jouant de la queue, Génin, Récréat. t. II, p. 245. Quand plus ne peult ne haut ne val, à la charrue va le cheval, Génin, ib. p. 248. Se houser et n'avoir cheval, Génin, ib. p. 249. Cheval courant, sepulture ouverte, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 159. Cheval fait et valet à faire, cheval fait et femme à faire, Leroux de Lincy, ib. Cheval rogneux n'a cure qu'on l'estrille, Leroux de Lincy, ib. À nouveau cheval, nouvelle selle, Leroux de Lincy, ib. p. 160. À cheval rueur, d'avant passe, Leroux de Lincy, ib. Aux chevaux maigres va la mouche, Leroux de Lincy, ib. Bien merite d'aller à pied qui n'a soin de son cheval, Leroux de Lincy, ib. p. 161. Bride et esperon font le cheval bon, Leroux de Lincy, ib. Il fait comme les bons chevaux, il s'eschauffe en mangeant, Leroux de Lincy, ib. p. 162. Il ne faut pas lier les asnes avec les chevaux, Leroux de Lincy, ib. Un bon cheval fait les lieues courtes, Leroux de Lincy, ib. p. 163. Un cheval est bien meschant [mauvais] s'il ne peut porter sa selle, Leroux de Lincy, ib. p. 184. Comment, dit Mandragor, vous parlez à cheval et fort glorieusement pour une femme ; par Dieu, si vous ne fussiez aussi bien au pouvoir de la royne vostre maistresse qu'elle mesme est en celuy du roy mon maistre, je vous ferois bien abaisser vostre caquet, Don Flores de Grece, f° XXXVI, dans LACURNE. Ny estoit coustume de venir à telz biens par force ny en parlant à cheval, veu que tous ceux qui se humilioient jusqu'à terre et qui ne servent que d'obeïr et complaire, à grand peine y peuvent ilz parvenir, Aresta amorum, p. 136, dans LACURNE. On doit estre maistre de son cheval, compagnon de son chien et valet de son oiseau, Favin, Théâtre d'honn. t. II, dans LACURNE. On touche toujours sur le cheval qui tire, Cotgrave Il n'y a cheval si bien ferré qui ne glisse, Cotgrave Qui n'a cheval ne chariot, il ne charge pas quand il veut, Cotgrave

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CHEVAL. Ajoutez :
13Cheval de cheville, cheval attelé en cheville ; c'est le cheval de tête dans un attelage à deux chevaux ; quelquefois les traits de ce cheval sont simplement passés sur des chevilles fixées à l'extrémité des brancards ou limons. Un charretier, monté sur un cheval de cheville attelé à un tombereau, tomba, en traversant la plaine d'Ivry submergée, dans une fondrière…, Journ. offic. 21 mars 1876, p. 1968, 3e col.
14 Cheval de retour, se dit, dans l'argot des prisons, du criminel qui, enclin aux récidives, revient toujours à la prison, au bagne, etc. P. Sarrazin, l'Opin. nationale, Supplément au n° du 28 avr. 1876, Feuilleton.
15Petit cheval, petite machine à vapeur auxiliaire.
Un petit cheval de la force de 12 chevaux nominaux… à bord du Porcupine le petit cheval permettait de rentrer les dragues à raison de un pied par seconde, A. Reclus, Rev. maritime et coloniale, juill. 1874 p. 160.

REMARQUE

1. Cheval fondu s'est dit, dans l'ancienne langue, du cheval qui s'est abattu : Le cheval… joignit les quatre piedz et saillit bien quinze piedz ainsi comme pour saillir en l'eaue ; et quant le cheval trouva de ses piedz la terre dure, qui cuydoit trouver l'eaue, il va cheoir sur ses piedz de coup de meschef et fondit jusques à terre ; et quant le roy vit son cheval fondu, il regarde bas, et lui fut advis qu'il estoit en une rivière, Perceforest, f° 28, recto. Cette locution donne la clé du jeu des enfants dit cheval fondu.

2. Parler à cheval, s'est dit, dans le XIVe siècle, pour parler orgueilleusement, rudement : Il a trop esté à repos ; E ! gar comme il parle à cheval, S'Artus estoit ou Parceval ; S'a il grant cuer, Théâtre franç. au moyen âge, Paris, 1839, p. 290. On peut voir, à l'historique, des exemples de cette locution, mais du XVIe siècle.

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Étymologie de « cheval »

Picard, kevau, guevau, gval, keval ; wallon, chivâ ; bourguig. chevau ; Berry, gevau, un chevau, des chevals ; Saintonge, chevau ; provenç. cavalh ; catal. caball ; espagn. caballo ; ital. cavallo ; du latin caballus, cheval de fatigue ; grec, ϰαϐάλλης, qui paraît être un mot de la Grande-Grèce, et, par conséquent, de l'Italie et qu'on rapproche du sanscrit tchapala, rapide. Dans l'ancien français, nominatif singulier chevals, chevax, chevaus, régime cheval ; nominatif pluriel cheval, régime chevals, chevax, chevaus. On voit que notre distinction de cheval, chevaux, est un reste de la déclinaison de l'ancien français.

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(Début du XIIe siècle) Du latin populaire caballus, du gaulois *caballos qui signifiait au départ « cheval de trait ». Ce mot s’imposa très vite en toute la Romania (aires linguistiques qui allaient donner naissance aux langues romanes) et supplanta le classique equus probablement avant le milieu du IIIe siècle : le roumain cal renvoie évidemment à caballus ; or, la séparation linguistique de la Dacie avec le reste de l’Empire romain date de 271 après J.-C. Au cours du passage du latin au français, la consonne l suivie d’une autre consonne, en l’occurrence le s du pluriel, s’est transformée en u (prononcé alors [u])[1]. De plus, pour transcrire la finale us de chevaus, on utilisait un signe abréviatif proche de notre x mais que les scribes par la suite ont confondu avec le x lui-même[1]. Les copistes ont ensuite rétabli le u qu’on croyait avoir oublié, pour donner la graphie actuelle : chevaux[1].
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Phonétique du mot « cheval »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
cheval ʃœval

Fréquence d'apparition du mot « cheval » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « cheval »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « cheval »

  • Dada a son origine dans le dictionnaire. C’est terriblement simple. En français cela signifie « cheval de bois ». En allemand « va te faire, au revoir, à la prochaine ». En roumain « oui en effet, vous avez raison, c’est ça, d’accord, vraiment, on s’en occupe », etc. C’est un mot international. Seulement un mot et ce mot comme mouvement.
    Hugo Ball — Manifeste littéraire
  • L'homme est la plus piètre conquête du cheval.
    Jules Feller
  • J’ai fait un voyage sur le plus beau bateau qui ait jamais été construit ; particularité étrange, à bord de ce transatlantique, passagers et hommes d’équipage étaient à cheval !Le capitaine, cavalier émérite, montait un pur-sang de courses, il portait un costume de chasse et sonnait du cor pour diriger la manœuvre, quant à moi, ayant horreur de l’équitation, j’avais pu obtenir de passer mes journées sur le cheval de bois de la salle de gymnastique. Nous débarquâmes sur une terre nouvelle où les chevaux étaient inconnus ; les indigènes prirent pour un animal à deux têtes les passagers montés de notre navire, ils n’osèrent s’en approcher en proie à la terreur ; moi seul, reconnu semblable à ces êtres primitifs, je fus fait prisonnier par eux. C’est de la prison ou l’on m’enferma que j’écrivis les lignes qui vont suivre. Cette prison était une île absolument déserte le jour, mais la nuit, les habitants d’une grande ville continentale ou le mariage et l’union libre étaient également défendus, s’y donnaient rendez-vous pour faire d’amour, j’ai pù ainsi rapporter de mon exil la plus splendide collection de peignes de femmes qui soit au monde, depuis le triste celluloïd jusqu’à l’écaille la plus transparente, couverte de pierres précieuses. J’ai offert cette collection à l’un de mes oncles, conchyliologiste distingué, chez lequel elle fait pendant à une vitrine de coquillages indiens.
    Francis Picabia — Jésus-Christ Rastaquouère
  • N’attelle pas ensemble l’âne et le cheval.
    Proverbe français
  • Ainsi en est-il des reliques : tout y est si brouillé et confus, qu'on ne saurait adorer les os d'un martyr qu'on ne soit en danger d'adorer les os de quelque brigand ou larron, ou bien d'un âne, ou d'un chien, ou d'un cheval.
    Jean Calvin de son vrai nom Cauvin — Traité des reliques
  • Un cheval ne va pas tout seul dans les brancards.
    Pablo Ruiz Picasso — Conversations avec Christian Zervos, 1935 in Cahiers d'art
  • On n'attelle pas au même timon le cheval fougueux et la biche craintive.
    Ivan Tourgueniev — Scènes de la vie russe
  • Il y a autant de différence entre un Poète et un versificateur qu'entre un bidet et un généreux coursier de Naples.
    Pierre de Ronsard — La Franciade
  • On ne ferre pas un cheval qui court.
    Proverbe hollandais
  • Les vertus sont à pied et le vice à cheval.
    Proverbe français
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Traductions du mot « cheval »

Langue Traduction
Anglais horse
Espagnol caballo
Italien cavallo
Allemand pferd
Portugais cavalo
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Synonymes de « cheval »

Source : synonymes de cheval sur lebonsynonyme.fr

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Nombre de points du mot cheval au scrabble : 14 points

Cheval

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