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Bouche
Sommaire
- Définitions de « bouche »
- Étymologie de « bouche »
- Phonétique de « bouche »
- Fréquence d'apparition du mot « bouche » dans le journal Le Monde
- Évolution historique de l’usage du mot « bouche »
- Citations contenant le mot « bouche »
- Images d'illustration du mot « bouche »
- Traductions du mot « bouche »
- Synonymes de « bouche »
- Antonymes de « bouche »
- Combien de points fait le mot bouche au Scrabble ?
Variantes | Singulier | Pluriel |
---|---|---|
Féminin | bouche | bouches |
Définitions de « bouche »
Trésor de la Langue Française informatisé
BOUCHE, subst. fém.
Cour. [Chez l'homme] . Cavité située à la partie inférieure de la tête, délimitée à l'extérieur et à l'avant par les lèvres, à l'intérieur par la langue en bas, le palais en haut, le gosier à l'arrière, renfermant avec les mâchoires les gencives et les dents, les organes sécréteurs de la salive et ceux, récepteurs, du goût; constituant l'orifice initial du tube digestif; communiquant avec les voies respiratoires et contribuant à l'émission de la voix articulée, de la parole :Wiktionnaire
Nom commun - français
bouche \buʃ\ féminin
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(Anatomie) Organe de l'être humain, composé de deux lèvres horizontales situées au bas du visage, lui servant notamment à ingurgiter de la nourriture et de la boisson, à parler, à embrasser et à faire des expressions faciales. Note : Pour un animal, on dit normalement gueule.
- La bouche grasse, les pommettes rouges, les yeux injectés de bourgogne, Guillaume-Adolphe Porcellet célébra la grève, la sainte grève!… — (Octave Mirbeau, « Le Gamin qui cueillait les ceps », dans La Vache tachetée, 1918)
- Sous la moustache blonde du grand gaillard, ses lèvres goulues cherchaient la bouche voluptueuse, cependant que l’autre, sans s’attarder à des bagatelles inutiles et connaissant la valeur du temps, troussait vigoureusement les jupes. — (Louis Pergaud, « La Vengeance du père Jourgeot », dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
- Et, laissant échapper le rideau, il s’approcha du lit. Flossie continuait de ronfler, la bouche ouverte. — (Francis Carco, Brumes, Éditions Albin Michel, Paris, 1935, page 57)
- C’était bizarre. Jamalou n’éprouvait plus, devant cette face douloureuse dont les yeux révulsés, la bouche aux lèvres tuméfiées, presque noire, révélaient l’atroce agonie, aucune espèce de compassion. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
- Héliodore aimait tellement les chevaux que, si quelqu'un s'avisait de dire devant lui « la gueule » au lieu de « la bouche » d'un cheval, c'était comme une injure personnelle qu'on lui eût faite. Il méditait sa vengeance. — (Marcel Jouhandeau, Chaminadour, Gallimard, 1941 et 1953, collection Le Livre de Poche, page 197)
- Le feldwebel tourna vers Kerkardec des yeux pétillants et ouvrit la bouche comme un poisson tiré de l'eau. — (André Wurmser, Mémoires d'un homme du monde, Paris : Les Éditeurs français réunis, 1964, page 95)
- La bouche et ses déclinaisons se multiplient à travers les deux livres; un kaléidoscope où l'on embrasse, on lèche, on parle, on dit ou on se tait. — (Nuit blanche, n° 161, hiver 2021, page 25)
- Je l’ai appris de sa propre bouche.
- Il n’ouvrit pas la bouche de toute la soirée.
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(Par métonymie) (Œnologie) Étape dans l’analyse sensorielle et la dégustation du vin.
- Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)
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Personne, par allusion à la nourriture qu’elle consomme.
- Il a tous les jours dix bouches à nourrir.
- Les vivres commençant à manquer, on en fit sortir toutes les bouches inutiles, qui consommaient une partie des vivres sans être capables de contribuer à la défense.
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(Par extension) Nourriture.
- Faire bonne bouche.
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Il me traçait le portrait idéal de ma femme.
« Il faudrait qu’elle sache bien faire la cuisine. C’est par la bouche qu’on retient un homme. » — (Paul Guth, Le mariage du Naïf, 1957, réédition Le Livre de Poche, page 8)
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Service, officier de la bouche du roi : service, officier chargés autrefois de tout ce qui concernait les repas du roi et de sa famille.
- Je volai aux cuisines de la reine : quelques-uns des seigneurs de la bouche me dirent qu’elle était morte. — (Voltaire, Zadig ou la Destinée, XV. Le pêcheur, 1748)
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(Au pluriel) (Par analogie) (Géographie) Élargissement d’un cours d’eau lorsqu’il se joint à une mer.
- Le vent se déclara contre les Espagnols, qui perdirent des navires sur les bas-fonds des bouches de l’Escaut. — (Frédéric Zurcher et Élie-Philippe Margollé, Les Naufrages célèbres, Hachette, Paris, 1873, 3e édition, 1877, page 13)
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(Au pluriel) (Par analogie) (Géographie) Détroit.
- Le traité avait pour objectif de délimiter « les régions sous-marines » du golfe de Paria qui sépare Trinité-et-Tobago, alors colonie britannique, du Venezuela. L’accord fixait ainsi trois segments depuis les bouches du Dragon jusqu’aux bouches du Serpent. Les surfaces délimitées respectaient vaguement ce qu’aurait pu donner une ligne d’équidistance. — (Atlas géopolitique des espaces maritimes : frontières, énergie, transports, piraterie, pêche et environnement, coordonné par Didier Ortolland, 2010, page 108)
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(Par analogie) Cavité plus ou moins large servant d’accès pour entrer ou sortir.
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(Par analogie) Ouverture d’une adduction d’eau ou d’air.
- Une bouche d’aération.
- – Je n’ai jamais eu de confiance dans les égouts, murmura-t-il en jetant "Lafcadio" dans une bouche ; et il ne jeta que deux bouches plus loin "de Baraglioul". — (André Gide, Les Caves du Vatican, 1914)
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(Par analogie) Ouverture du canon d’une arme à feu.
- Les fusils s’abaissent simultanément, nous menaçant de leurs bouches noires qui vont cracher du feu et du plomb… — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 47)
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(Par analogie) (Gallicisme) Entrée d’une station de métro.
- Une bouche de métro.
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(Par analogie) Ouverture d’une adduction d’eau ou d’air.
Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)
Orifice du visage de l'homme considéré comme organe de la respiration par où sort la voix et par où se reçoivent les aliments. Ouvrir, fermer la bouche. Le sang lui sortait par le nez et par la bouche. Se rincer la bouche. Avoir du mal dans la bouche. Avoir la bouche saine. Il sent mauvais de la bouche. Il a toujours la pipe à la bouche. Il se dit particulièrement de Cet orifice considéré comme organe de la voix et de la parole. On recueillait jusqu'aux moindres paroles qui sortaient de sa bouche. Dieu a parlé par la bouche de ses Prophètes. La vérité sort de la bouche des enfants. Je l'ai appris de sa propre bouche. Il n'ouvrit pas la bouche de toute la soirée. Il n'osait ouvrir la bouche devant eux. Rester bouche close. Son cur n'était point d'accord avec sa bouche. Les discours qu'un poète met dans la bouche de son héros. Fig., Fermer la bouche à quelqu'un, Le faire taire d'autorité ou le réduire à ne savoir que répondre. Je ne souffrirai point qu'il s'oublie devant moi et je lui fermerai la bouche. Cette raison, cet argument lui ferma la bouche. On dit aussi Le respect me ferme la bouche, Le respect m'interdit de répondre, de parler. Être, demeurer bouche béante, Être, rester étonné, très attentif, etc. Ils l'écoutaient tous la bouche béante, bouche béante. On dit maintenant Rester bouche bée. Avoir toujours quelque chose à la bouche. Le répéter, l'employer continuellement. C'est un mot qu'il a toujours à la bouche. Avoir sans cesse l'injure à la bouche. Elliptiq., Bouche close, Locution par laquelle on avertit qu'il faut garder le secret sur l'affaire dont il s'agit. On dit de même, figurément et familièrement, Bouche cousue. Aller, passer, etc., de bouche en bouche, se dit de Ce qui devient public, de ce qui court et se transmet d'une personne à une autre par le moyen de la parole. Cette nouvelle va de bouche en bouche. Son nom volait de bouche en bouche. On dit à peu près de même Cette nouvelle est dans toutes les bouches. Son nom est dans toutes les bouches, etc. Poétiq., La déesse aux cent bouches, La Renommée. Fam., C'est saint Jean bouche d'or, un saint Jean bouche d'or, C'est un homme qui dit toujours sa pensée avec franchise et sans ménagement. Il se dit aussi de cet Orifice considéré particulièrement comme destiné à recevoir et à goûter les aliments. Avoir la bouche pleine. Porter quelque chose à sa bouche. Mettre un morceau de pain, un morceau de viande dans sa bouche. Cela laisse à la bouche un goût fort agréable. Provisions, munitions de bouche. Fam., À bouche que veux-tu, Avec profusion, en n'épargnant rien. Avoir la bouche amère, sèche, mauvaise, pâteuse, etc., Y éprouver une sensation d'amertume, de sécheresse, etc. On dit de même Cela rend la bouche amère, pâteuse, etc. Faire bonne bouche se dit de Ce qui laisse un bon goût à la bouche. Cette liqueur fait bonne bouche. Fam., Laisser quelqu'un sur la bonne bouche, Terminer le repas qu'on lui donne par quelque chose d'exquis, et, figurément, Le laisser avec quelque espérance flatteuse ou avec quelque pensée agréable. Fig., Rester, demeurer sur la bonne bouche, Cesser de manger ou de boire, après qu'on a bu ou mangé quelque chose qui flatte le goût. Il signifie, dans un emploi plus figuré, S'arrêter après quelque chose d'agréable, dans la crainte d'un changement, d'un retour fâcheux. Fam., Garder quelque chose pour la bonne bouche, Réserver pour la fin quelque chose de très bon, d'agréable. Il se dit au propre et au figuré. Ironiquement, Il la lui gardait pour la bonne bouche, se dit de Celui qui, après avoir fait plusieurs mauvais tours à quelqu'un, lui en fait un dernier plus sanglant que les autres. Prov., L'eau vient à la bouche; cela fait venir l'eau à la bouche, se dit d'une Chose agréable au goût et dont l'idée excite l'appétit quand on en parle ou qu'on en entend parler. Cela se dit aussi figurément de Tout ce qui peut exciter les désirs. Ce que vous avez dit sur les avantages de cette entreprise lui a fait venir l'eau à la bouche. Fig., Prendre sur sa bouche, Épargner sur la dépense de sa nourriture. Il prend sur sa bouche les charités qu'il fait. Fig. et fam., S'ôter les morceaux de la bouche, Se priver du nécessaire pour secourir ou obliger quelqu'un. Fig. et pop., Être sur sa bouche, être porté sur sa bouche, Être gourmand. La dépense de bouche, La dépense qu'on fait pour la nourriture. Les officiers de la bouche, ou absolument La bouche, s'est dit des Officiers qui apprêtaient à manger pour le roi. On a dit dans un sens analogue Le service de la bouche. Les offices mêmes où l'on apprêtait à manger pour le roi s'appelaient également La bouche. Il se dit aussi des Personnes mêmes, par rapport à la nourriture qu'elles consomment. Il a tous les jours dix bouches à nourrir. Les vivres commençant à manquer dans la place, on en fit sortir toutes les bouches inutiles, Toutes les personnes qui consommaient une partie des vivres sans être capables de contribuer à la défense. Il désigne quelquefois la Conformation ou la Partie extérieure de la bouche. Avoir une grande bouche, une jolie bouche. Baiser à la bouche, sur la bouche. Sa bouche me souriait. Les coins de la bouche. Fig., Faire la petite bouche, Faire le difficile, le dégoûté, le dédaigneux sur quelque chose. Fam., Faire la bouche en cur, Donner à sa bouche une forme mignarde, affectée. Il signifie figurément Manifester une amabilité extrême et affectée. Il se dit encore en parlant des Chevaux et de quelques autres bêtes de somme et d'attelage. La bouche d'un cheval, d'un mulet, d'un âne. Ce cheval est fort en bouche, il n'a point de bouche, Il n'obéit point au mors; et Il n'a ni bouche, ni éperon, Il est fort en bouche et dur à l'éperon. Il se dit aussi en parlant de Certains poissons, des grenouilles et de certains autres animaux, etc. Bouche de saumon, de carpe. Il se dit, par analogie, de Plusieurs sortes d'ouvertures. La bouche d'un volcan, d'un four, d'un tuyau, d'un puits, d'un égout, etc. La bouche d'un canon, d'un mortier. Bouche à feu est le terme générique par lequel on désigne les Canons, mortiers, obusiers, etc. Il y avait tant de bouches à feu. Bouche de chaleur, Ouverture pratiquée sur les côtés d'une cheminée, d'un poêle ou sur le parcours d'un calorifère, pour donner passage à l'air chaud. Bouche d'eau, Bouche d'arrosage, Ouverture pratiquée dans une conduite d'eau et à laquelle on peut adapter un appareil d'arrosage. Bouche d'incendie, Ouverture pratiquée dans une conduite d'eau pour servir à l'alimentation des pompes ou des tuyaux en cas d'incendie. Il se dit encore, surtout au pluriel, des Embouchures par où de grands fleuves se déchargent dans la mer. Les bouches du Nil. Les bouches du Danube. Les bouches du Gange. Le département des Bouches-du-Rhône.
Littré (1872-1877)
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1Cavité située à la face et par où les aliments sont introduits dans le corps. Mettre à quelqu'un les morceaux à la bouche. Emplir la bouche. Porter une coupe à sa bouche. Une bouche fendue jusqu'aux oreilles. Ouvrir la bouche. La bouche ouverte. Bouche amère. Bouche sèche.
David reproche aux païens des dieux qui ont une bouche et n'ont point de parole
, Fontenelle, Oracl. I, 5.La bouche pleine, osez-vous bien Chanter l'amour qui vit de rien ?
Béranger, Gourmands.Faire venir l'eau à la bouche, se dit d'un aliment appétissant, qui en effet fait venir la salive à la bouche ; et, au figuré, de toute espérance qui nous flatte.
L'eau leur vient à la bouche
, La Fontaine, Vill.Bonne bouche, saveur agréable dans la bouche. Cela fait ou donne bonne bouche. Laisser quelqu'un sur la bonne bouche, le laisser sur quelque chose de bon ou d'agréable.
Vous n'en tâterez plus et je vous laisse sur la bonne bouche
, Molière, G. Dand. II, 7.Garder pour la bonne bouche ou pour faire bonne bouche, réserver pour la fin ce qu'on croit être le meilleur ou le plus agréable. Cela est ainsi dit à cause des douceurs que l'on met sur la table au dessert.
Avoir mauvaise bouche, avoir un mauvais goût dans la bouche. L'excès de la boisson donne mauvaise bouche.
Au figuré, demeurer sur la mauvaise bouche, rester avec un échec, un affront, etc.
L'empereur [d'Autriche], fort embarrassé des avantages que les Turcs avaient remportés, ne voulait point de paix sur la mauvaise bouche
, Saint-Simon, 49, 75.M. le duc d'Orléans ne voulait pas demeurer sur sa mauvaise bouche d'Italie, et voyait peu d'apparence d'y faire rentrer son armée
, Saint-Simon, 170, 12.Flux de bouche, abondance inaccoutumée de salive ; et figurément, bavardage ; on dit présentement d'ordinaire flux de paroles.
Familièrement. Manger de la viande de broc en bouche, aussitôt qu'on l'a tirée de la broche.
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2Partie extérieure de la bouche, les coins et les lèvres. Il avait le sourire sur la bouche. Une bouche pincée, une bouche à lèvres minces et qui se tient fermée.
Faire la petite bouche, serrer les lèvres pour paraître avoir une petite bouche ; et, figurément, faire le difficile, le dédaigneux.
Faire ici de la petite bouche Ne sert de rien
, La Fontaine, Cal.Les Pontchartrain ne firent pas la petite bouche de l'honneur qu'ils recevaient
, Saint-Simon, 44, 10.Fig. Faire la bouche en cœur, faire des minauderies, affecter des manières doucereuses.
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3La bouche considérée comme organe de la parole. Parole bien digne de sortir de la bouche d'un si grand homme. Je le tiens de sa propre bouche. Dire tout ce qui vient à la bouche. Le front, les yeux mentent souvent, et la bouche plus souvent encore. La menace à la bouche. Dire quelque chose de bouche, non de cœur. Exercé dans la philosophie grecque qu'il ne professait que de bouche. Ouvrir la bouche, parler. Ne pas ouvrir la bouche. Il n'en a pas ouvert la bouche, il n'en a pas parlé. Être dans la bouche de tout le monde, dans toutes les bouches. Ces mots sont, cette parole est dans la bouche de tout le monde. Dire quelque chose de bouche, le dire de vive voix, par opposition à par écrit.
De votre bouche, ô ciel ! puis-je l'apprendre ?
Racine, Brit. IV, 3.Jamais rien de plus vrai n'est sorti de ma bouche
, Racine, Iphig. IV, 1.Même le nom d'Esther est sorti de sa bouche
, Racine, Esth. II, 1.Nous fûmes étonnés de la sagesse qui parlait par sa bouche
, Fénelon, Tél. I.La sentence fut prononcée par la bouche du prophète Élie
, Bossuet, Hist. I, 6.La bouche obéit mal lorsque le cœur murmure
, Voltaire, Tancr. I, 4.Laissez parler, seigneur, des bouches plus timides
, Racine, Iphig. III, 7.Des satisfactions si sensibles, que je ne te les pourrai dire de bouche
, Pascal, Lettr. 1.Vous pourrez vous concerter avec lui de bouche
, Rousseau, Hél. II, 3.Que sais-je si le cœur a parlé par la bouche ?
Molière, Tart. II, 3.Vous vous condamnez par votre propre bouche
, Massillon, Laz.Que mon cœur démentait ma bouche à tout moment
, Racine, Andr. V, 3.Mais d'en ouvrir la bouche elle n'osa
, La Fontaine, Court.Dès qu'il ouvrit la bouche
, Sévigné, 445.Les rois n'osent ouvrir la bouche devant lui
, Bossuet, Hist. II, 4.Alexandre vit dans la bouche de tous les hommes, sans que sa gloire soit effacée ou diminuée depuis tant de siècles
, Bossuet, la Vallière.On me ferme la bouche
, Racine, Iphig. III, 6.Ah ! l'on s'efforce en vain de me fermer la bouche
, Racine, Brit. III, 3.Cela ferme la bouche
, Sévigné, 320.Vous fermerez la bouche à tous ceux qui défendront la vérité
, Pascal, Prov. 11.Il a trouvé le secret de vous fermer la bouche
, Pascal, Prov. 15.Elle avait de quoi fermer la bouche aux médisants
, Hamilton, Gramm. 9.Cela ferme la bouche à tout
, Molière, l'Av. I, 7.Il ferma la bouche aux semi-pélagiens
, Bossuet, Hist. I, 11.C'était leur fermer la bouche par l'autorité du souverain
, Bossuet, Var. 14.Voilà une réponse qui ferme la bouche
, Bossuet, Avert. 6.Elliptiquement. Bouche close, bouche cousue, c'est-à-dire gardez le silence sur ce point.
Adieu ! bouche cousue, au moins ! Gardez bien le secret, que le mari ne le sache pas !
Molière, G. Dand. I, 2.Avoir souvent un mot à la bouche, le répéter sans cesse.
Nous avons sans cesse la paix à la bouche
, Bossuet, Trin. 2.Pourquoi a-t-il toujours à la bouche qu'il faut mourir ?
Bossuet, Pâq. 1.La parole de Dieu que nous avons toujours à la bouche
, Bossuet, Démons, 2.On a sans cesse l'État dans la bouche
, Massillon, Obst.Avoir toujours en bouche angles, lignes, fossés
, Corneille, Le Ment. I, 6.Le blasphème à la bouche
, Corneille, Poly. III, 5.Nous n'avons en la bouche Que le nom de Marie et le nom de Louis
, Malherbe, VI, 6.Aller, passer, voler de bouche en bouche, circuler rapidement dans le public, devenir célèbre.
Ces mots : guerre aux tyrans, volent de bouche en bouche
, Delavigne, Vêpres Sicil. V, 2.Familièrement. Être fort en bouche, parler avec hardiesse et même insolence.
Avoir la bouche pleine d'une chose, en parler avec emphase.
La déesse aux cent bouches, la Renommée.
Le monstre composé de bouches et d'oreilles [la Renommée]
, Boileau, Lutr. II.Dans sa bouche, dans leur bouche, selon lui, selon eux.
Le Tartuffe, dans leur bouche, est une pièce qui offense la piété
, Molière, Préface de Tart.Ouvrir la bouche à quelqu'un, le faire parler.
Le vôtre [intérêt] toutefois m'ouvrira seul la bouche
, Corneille, Nic. II, 3.Le pape ouvre la bouche aux cardinaux nouvellement créés, se dit de la cérémonie que le pape fait pour autoriser les cardinaux à parler dans les consistoires.
Par extension, bouche se dit des discours ou des écrits.
Le Saint-Esprit l'explique par la bouche de saint Paul
, Bossuet, Hist. II, 7.Les principes que l'antiquité nous a enseignés par la bouche de saint Augustin
, Bossuet, Réfut.Avoir le cœur sur la bouche, parler comme on pense.
Mais moi qui suis sensible à tout ce qui vous touche, Qui, mauvais courtisan, ai le cœur sur la bouche
, Rotrou, Antig. V, 2.Fig. À pleine bouche, ouvertement.
Saint Clément expliquait à pleine bouche leur apathie
, Bossuet, Nouv. myst. 17.Jésus-Christ s'est expliqué à pleine bouche
, Bossuet, Inst. 1. -
4La bouche considérée comme recevant les aliments. Provisions, munitions de bouche.
Le moyen le plus convenable est de les mener [les enfants] par leur bouche
, Rousseau, Ém. II.Friande assez pour la bouche d'un roi
, La Fontaine, Rem.Prendre sur la bouche, se retrancher de la nourriture par économie.
Être sur sa bouche, être gourmand.
Être sujet à sa bouche, même sens.
…Ma compagne de couche Fut, comme son papa, fort sujette à sa bouche
, Scarron, Don Japhet, I, 2.S'ôter les morceaux de la bouche, se priver de manger suffisamment, et, plus généralement, se priver du nécessaire. Il s'ôte les morceaux de la bouche pour faire une petite pension à sa vieille mère.
Les officiers, le service de la bouche ou, simplement, la bouche, les gens préposés au service de la table du roi.
Servez, disais-je, à messieurs de la bouche, Versez, versez, messieurs du gobelet
, Béranger, Damoclès.Avoir bouche à cour ou en cour, avoir droit de manger à quelqu'une des tables chez le roi.
Il fallut établir des tables [à Marly] comme à Versailles, pour le bas étage de ce qui y avait bouche à cour
, Saint-Simon, 268, 113.Familièrement. Traiter quelqu'un à bouche que veux-tu, lui faire faire excellente chère ; et fig. Être à bouche que veux-tu, avoir tout en abondance.
Fig. Gourmand ou plutôt gourmet. Fine bouche. C'est une fine bouche.
Personne à nourrir. On fit sortir de la place assiégée toutes les bouches inutiles.
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5En parlant du cheval, on dit la bouche. La bouche est l'ensemble des parties sur lesquelles agit le mors. Bonne bouche ou belle bouche, celle qui reçoit du mors une impression modérée ; bouche sensible ou tendre, celle qui souffre trop de l'action du mors ; bouche égarée, celle qui présente ce défaut porté à l'extrême ; bouche dure ou forte, celle qui résiste à la main du cavalier ; bouche fraîche, celle qui écume lorsque l'animal est bridé. Bouche à pleine main, se dit d'un cheval qui a l'appui ferme sans peser, sans battre à la main. Bouche en action, se dit d'un cheval qui mâche son mors. Assurer la bouche d'un cheval, l'accoutumer à souffrir le mors.
Ce cheval est fort en bouche, il n'obéit point au mors. Il n'a ni bouche ni éperon, il est fort en bouche et dur à l'éperon.
Tout ainsi qu'un cheval qui a la bouche forte
, Régnier, Sat. VII.Fig. et familièrement. N'avoir ni bouche ni éperon, être stupide et insensible.
Bocchoris était comme un beau cheval qui n'a point de bouche, son courage le poussait au hasard, et la sagesse ne modérait point sa valeur
, Fénelon, Tél. II.On dit de même la bouche d'un âne, d'un mulet, d'un chameau, d'un éléphant.
En histoire naturelle, bouche se dit, chez tous les animaux, de l'ouverture par où les aliments sont introduits, excepté chez ceux où elle a la forme de bec. uverture. La bouche d'un volcan, d'un four, d'un canon. Bouche à feu, un canon, un mortier, un obusier, etc. Bouche de chaleur, ouverture pratiquée sur les côtés d'une cheminée, d'un poêle ou d'un mur, et qui sert à faire passer dans les appartements la chaleur d'une cheminée, d'un poêle ou d'un calorifère.
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6Embouchure d'un fleuve. Les bouches du Nil.
Je [le Gange] me rends par plusieurs bouches dans le sein des mers
, Fénelon, XIX, 82.Jusqu'aux bouches du Tibre un vaisseau m'a conduit
, Chénier M. J. Tibère, I, 1.Vers la bouche du fleuve ils ont osé paraître
, Corneille, Cid, II, 7. - 7En physiologie, bouches veineuses, bouches absorbantes, orifices qu'à l'époque où l'on ne connaissait pas encore la propriété physique d'endosmose, on avait supposées dans les membranes pour expliquer l'absorption des liquides mis en contact avec ces membranes.
- 8 Terme de géologie. Bouche d'Éole, ouverture dans les montagnes, d'où sortent des vents très froids.
- 9 Terme de féodalité. Un vassal doit la bouche et les mains à son seigneur, c'est-à-dire, avec l'aveu de soumission, il met ses mains dans celles du seigneur.
- 10 Terme de musique. Ouverture horizontale du bas d'un tuyau d'orgue.
- 11 Terme de boulangerie. Tirer à la bouche, attirer la braise vers la bouche du four. Bouche de pain, la croûte de dessus.
- 12 Terme de marine. Bouche ou bosson, rondeur des baux et tillacs, et de tout ce qui n'est ni plat ni uni.
PROVERBES
C'est saint Jean bouche d'or, un saint Jean bouche d'or, c'est-à-dire, c'est un homme beau parleur et qui fait de belles promesses, et aussi c'est un homme qui dit toujours sa pensée avec franchise, par souvenir de saint Jean Chrysostome ou Bouche d'or.
Il dit cela de bouche, mais le cœur n'y touche ; il parle contre sa pensée.
Il arrive beaucoup de choses entre la bouche et le verre, c'est-à-dire il ne faut qu'un moment pour faire manquer une affaire par quelque accident imprévu.
Gouverne ta bouche selon ta bourse, c'est-à-dire ne fais pas pour ta table, et en général pour quoi que ce soit, plus de dépenses que ta fortune ne permet.
REMARQUE
Des grammairiens ont condamné cette locution : il n'a que de mauvaises paroles en bouche, assurant qu'il faut dire : à la bouche. Le fait est que cette dernière façon de parler est aujourd'hui la plus usitée ; mais l'autre n'est condamnable ni quant à la grammaire (car la préposition en est ici aussi bonne que la préposition à) ni quant à l'usage (car on peut voir que de bons auteurs s'en sont servis).
SYNONYME
BOUCHE, GUEULE. C'est en parlant des animaux qu'il y a quelque difficulté à distinguer ces deux mots. L'usage veut qu'on dise la bouche d'un cheval, d'un âne, d'un mulet, d'un chameau, d'un bœuf, et en général des animaux que l'on monte ou que l'on attelle ; mais on dira la gueule d'un chien, d'un chat, du moins dans le langage ordinaire ; car le mot bouche pourra être employé toutes les fois qu'on se rapprochera du langage de l'histoire naturelle qui, elle, ne se sert pas du mot gueule : le lion montrait une gueule menaçante ; mais on pourra dire : la bouche du lion est garnie de dents incisives.
HISTORIQUE
XIe s. Puis se baiserent es buches et es viz [visages]
, Ch. de Rol. XLVIII. [Il] Met à sa buche une claire buisine [trompette]
, ib. CCLVII.
XIIe s. [Il] Met le [le cor] à sa boche, si sone durement
, Ronc. 278. Sa bele bouche et li vair œil riant
, ib. VIII. Mais [ils] n'i voient riens qui fasse à desplaire N'en cors, n'en bras, n'en bouche, n'en menton
, ib. II. La boiche [elle] ot savoureuse, plus vermeille que sans [sang]
, Sax. V. Sires reis, fait li il, forment ai desiré Qu'une feiz vus eüsse veü et avisé, E que jo buche à buche eüsse à vus parlé
, Th. le mart. 77. [Elle ne peut s'empêcher] Que ele ne lui rende arriere, Au moins de bouche, son salut
, La charrette, 1556.
XIIIe s. Les autres nès [vaisseaux], qui par là n'alerent mie, furent entrées en la bouche de Avie [Abydos]
, Villehardouin, LX. À force [ils] lui ouvrirent la bouche outre son gré
, Berte, X. Mauvaisement lor souvient de l'escritoure, qui dist par la bouce David le roi : fairés jugement et justice en tous tans
, Chron. de Rains, p. 2. Renart vit qu'il ne pot durer Ne por foïr ne por aler ; La boche li vet escumant
, Ren. 11333. Moult m'as hui fait grant destorbier Qu'entre ma boce et ma cuillier As hui proie sor moi sesie
, ib. 20532. Si m'a mes mestres deffendu, Que ja mot n'isse de ma boiche Qui de ribaudie s'aproiche
, la Rose, 5739. Et si doivent li clerc jurer qu'ils escriront ce qui lor sera dit des bouques as auditeurs tant solement
, Beaumanoir, XL, 26. Aucune fois avient il que priere n'est pas fete de bouce ; mais on le [la] mande par letres
, Beaumanoir, XXIX, 6. L'evesques si de li s'aprouche Que parleir i pout bouche à bouche
, Rutebeuf, 278. Ce est cil sires qui s'aparut à Jacob et parla à li boche à boche
, Psautier, f° 177. Tel en pensé, tel en la buche
, Marie de France, Fab. 82. Le jour fu mis en escript et fu aporté au legat ; que [car] monsieur le me dit de sa bouche
, Joinville, 280. Preudomme est si grand chose et si bonne chose que neis [même] au nommer emplist il la bouche
, Joinville, ib.
XIVe s. Il est escript que celui qui sera occis perira par la bouche de deux tesmoings ou de trois
, Oresme, Eth. 162.
XVe s. Puis dit [le comte de Flandre à son valet] : aie bonne bouche ; si tu eschiés [tombes] es mains de mes ennemis et on te demande de moi, garde toi que tu n'en dises rien
, Froissart, II, II, 156. Nous vous prions que vous fassiez la response au heraut. - Volontiers, dit-il, mais il faut qu'il ait de nostre argent ; si, nous fera courtoisie, et nous portera bonne bouche [parlera favorablement] envers ses seigneurs qui ci l'ont envoyé
, Froissart, II, III, 42. Et lors ledit roy de France recevra ledit roy d'Angleterre et duc de Guienne au dit hommage lige, à la foy et à la bouche, sauf son droit et l'autrui [forme de l'hommage d'Édouard à Ph. de Valois]
, Froissart, I, I, 53. En close bouche n'entre mouche,
Hôtel Jacques Cœur dans JAUBERT, Gloss. J'aymasse mieux de bouche vous le dire
, Orléans, Ball. 20. Il gardera de mal parler sa bouche
, Orléans, 10. Soit verité en ta bouche ; Car cilz en qui elle touche Est amis de Dieu prouchain
, Deschamps, Lay du roy. Les deux qui meilleures bouches avoient pour franchement parler tout ce que ne pourroient celer
, J. de Saintré, p. 126, dans LACURNE. L'ay sceu de bouche par ceulx qui les conduysoient
, Commines, V, 13. Elle lui promit que, s'il portoit bonne bouche [gardait le secret], elle lui donneroit…
, Louis XI, Nouv. XL. Pour faire bonne bouche [à la fin], la bonne demoiselle d'un maistre prestre s'accointa
, Louis XI, ib. LXXVIII. Qui m'aime, ma bouche le scet
, Proverbe, dans LEROUX DE LINCY. Et le capitaine respondit : Il ne faut pas faire la petite bouche
, Roman du Jouvencel, f° 58, dans LEROUX DE LINCY.
XVIe s. Une oraison, laquelle garentit la personne de toutes bouches à feu
, Rabelais, Garg. I, 42. Par la vertu desquelles paroles il luy faisoyt venir l'eaue à la bouche
, Rabelais, Pant. II, 21. Je te reservoys à bonne bouche : je te prye, dy moi ton adviz
, Rabelais, ib. III, 26. Les trente escutz sont quasi venuz à leur fin ; et si non ay rien despendu en meschanceté, ny pour ma bouche
, Rabelais, Épi. 12. Tandis rostir sa perdrix on faisoit… [le gros prieur] La perdrix vire : au sel de broque en bouche La devora…
, Marot, Épigr. contre un gros prieur. Ces nations que, si à pleine bouche, nous appelons barbares
, Montaigne, I, 24. C'est une regle en la bouche de touts les hommes
, Montaigne, I, 25. Ordinairement ils ont ce proverbe en la bouche
, Lanoue, 501. Aucunes, après avoir apris à amadiser de paroles, l'eau leur venoit à la bouche, tant elles desiroyent…
, Lanoue, 134. Et tel y a qui tient en sa maison plus de vingt bouches, et treize ou quatorze chevaux
, Lanoue, 299. Les maladies s'engendrerent parmi ces grosses troupes : à quoy aiderent beaucoup les excès de la bouche
, Lanoue, 409. Comme celles qui, venant au banquet après avoir bien disné, font la petite bouche devant le monde
, Yver, p. 562. Les enfans ne doivent coutumierement que bouche et mains [foi et hommage], avec le droit de chambellage, qui est du par tous
, Loysel, 560. En quelques contrées la femme ne doit que la main ; mais la courtoisie françoise doit aussi la bouche
, Loysel, 564. Cinglant oultre la bouche de la riviere d'Achelous, il alla courir toute la province d'Acarnanie
, Amyot, Péric. 40. Il ferma la bouche aux larrons, qui si haultement le louoient
, Amyot, Arist. 10. Il n'estoit aucunement sujet à sa bouche, il ne beuvoit jamais oultre mesure
, Amyot, Sertor. 17. Ses rencontres et brocards sentoient leur soudard à pleine bouche
, Amyot, Anton. 32. Le cheval de Cyrus, qui estoit ardent, et avoit fort mauvaise bouche, le porta malgré luy bien loing de ses gens
, Amyot, Artax. 13. Apelles luy ferma la bouche dextrement en luy disant…
, Amyot, De la tranq. d'âme, 25. M. le mareschal leur donne mille livres et bouche à cour, pour se tenir près de sa personne
, D'Aubigné, Faen. III, 20. Monsieur, je me mets à genoux devant vous pour que vous m'en disiez quelque cause, et que je m'en aille en cette bone bouche
, D'Aubigné, ib. III, 21. Emporté par un cheval fort en bouche
, D'Aubigné, Hist. I, 302. Le Dauphiné, la Provence et le Languedoc ne faisoient plus la petite bouche de la guerre
, D'Aubigné, ib. II, 234. Sur quoi le gouverneur venant d'un festin s'essuya la bouche de son gouvernement [trouva la ville prise]
, D'Aubigné, ib. III, 378. Il monta au dessus de l'artillerie ennemie, puis, se jetant à droite, la saisit et tourna la bouche vers le gros
, D'Aubigné, ib. 424. Tambour battant, meche alumée, bale en bouche
, D'Aubigné, ib. 477. Ces espions estans au supplice chargeoient tout hault le mareschal du Biez ; et qu'il leur avoit ainsi fait la bouche [la langue]
, Carloix, II, 13. Et une aultre charrette chargée de pains de bouche, aussi dedans des tonnes
, Carloix, V, 16. Vin d'Orleans, de Magdon, de Gascoigne blanc et clairet, et tous les aultres vins de bouche [fins]
, Carloix, III, 26. Nostre armée tourna la teste vers l'ennemy, marchant nostre artillerie la bouche devant
, Du Bellay, M. 143. Tant ce bestail a bonne bouche, se paissant de tout, mesme du foin, des perches de saule…
, De Serres, 411. Mais tout ainsi qu'un beau poulain farouche, Qui n'a masché le frein dedans la bouche
, Ronsard, 183. Dessus un coffre à bouche [à dents, sur le ventre] se coucha
, Ronsard, 629. Bouche en cueur
, Génin, Récréat. t. II, p. 236. Ils parlent bas et à demy bouche
, Charron, Sagesse, liv. II, Préface. Comment ? ay-je laissé quelque mauvaise bouche [bruit] de moy après ma mort ?
Pasquier, Rech. p. 905, dans LACURNE. Nous trouvons que deux rustiques se rapporterent à un juge s'il falloit dire la bouche d'un cheval ou la gueule, et firent une gageure ; le juge va dire qu'à cause de l'excellence du cheval, il falloit dire la bouche
, Bouchet, Serées, liv. I, p. 346, dans LACURNE. Il survient bien des inconvenients entre bouche et cuillier
, Contes d'Eutrapel, p. 185, dans LACURNE. Case ou maison de terre, cheval d'herbes, amy de bouche ne vaillent pas une mouche
, Gabr. Meurier, Trésor de sentences, dans LEROUX DE LINCY.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
BOUCHE.À demi-bouche, en s'exprimant avec réserve. Les gens de bien qui voyaient les violences de M. le premier président en conçurent de grandes amertumes, et néanmoins, comme il est tout puissant en toute la Normandie, n'osaient parler de son procédé qu'à demi-bouche
, Fr. Garasse, Mémoires, publiés par Ch. Nisard, Paris, 1861, p. 34.
REMARQUE
Ajoutez :
2. Molière a dit dans ma bouche pour : moi parlant : Enfin, ma chère, enfin, l'amour que j'eus pour lui Se voulut expliquer, mais sous le nom d'autrui ; Dans ma bouche, une nuit, cet amant trop aimable Crut rencontrer Lucile à ses vœux favorable
, Molière, Dép. am. II, 1. On dirait aujourd'hui par ma bouche.
Encyclopédie, 1re édition (1751)
BOUCHE, s. f. en Anatomie, est une partie du visage composée des levres, des gencives, du dedans des joues, & du palais. Voyez Face, Levres, &c.
Toutes ces parties sont tapissées d’une tunique glanduleuse qui se continue sur toute la surface interne de la joue, & sur toutes ses parties excepté les dents.
Les glandes de cette tunique séparent une sorte de salive qui coule par une infinité de petits conduits excrétoires, & sert à entretenir dans la bouche & dans toutes ses parties l’humidité & la souplesse. Voyez Salive.
A la partie postérieure du palais, & perpendiculairement sur la glotte, pend un corps rond, mou, & uni, semblable au bout du doigt d’un enfant, & qui est formé par la duplicature de la membrane du palais ; il se nomme la luette : il est mû par deux muscles, savoir, le sphénostaphylin, & le ptérygostaphylin, & suspendu par autant de ligamens. Voyez Luette.
Sous la membrane du palais sont quantité de petites glandes assez visibles dans la partie antérieure de la bouche, & semblables à des grains de millet, & dont les conduits excrétoires s’ouvrent dans la bouche à travers sa membrane : mais vers la partie postérieure de la bouche elles sont beaucoup plus serrées, & autour de la racine de la luette elles sont rassemblées si près les unes des autres, qu’elles semblent ne former qu’une grosse glande conglomérée, que Verheyen appelle par cette raison glandula conglomerata palatina. Voyez Palais. Les gencives couvrent les alvéoles où les dents sont enchâssées. Voyez Dent.
Outre les parties propres de la bouche, il y en a d’autres dedans & alentour qui lui sont extrèmement utiles & nécessaires ; comme les glandes, dont les plus considérables sont les parotides, les maxillaires, les sublinguales, & les amygdales. Voyez-les chacune dans leurs articles particuliers, Parotides, &c.
Ces glandes sont les organes de la salive, & fournissent toute la liqueur des crachats qui découlent dans la bouche par différens conduits, après qu’elle a été séparée du sang dans le corps des glandes. Comme il sort plus de salive lorsque la mâchoire inférieure agit, par exemple, lorsque l’on mâche, que l’on avale, ou que l’on parle beaucoup, &c. la disposition des conduits salivaires favorise aussi dans ces occasions cette plus grande évacuation.
M. Derham observe que la bouche des differens animaux est exactement proportionnée aux usages de cette partie, étant d’une figure très-convenable pour saisir la proie, ramasser & recevoir la nourriture, &c. La bouche de presque tous les animaux s’appelle gueule.
Dans certains animaux elle est grande & large, dans d’autres petite & étroite ; dans les uns elle est taillée profondément dans la tête, pour mieux saisir & tenir la proie, & briser plus aisément une nourriture dure, d’un gros volume, & qui résiste ; dans les autres, qui vivent d’herbes, elle est taillée moins avant.
Celle des insectes est très-remarquable : dans les uns elle est en forme de pinces, pour saisir, tenir & déchirer la proie ; dans les autres elle est pointue, pour percer & blesser certains animaux, & sucer leur sang ; dans d’autres elle est garnie de mâchoires & de dents, pour ronger & arracher la nourriture, traîner des fardeaux, percer la terre & même le bois le plus dur, & jusqu’aux pierres mêmes, afin d’y pratiquer des retraites & des nids pour les petits.
La bouche des oiseaux n’est pas moins remarquable, étant faite en pointe pour fendre l’air, & étant dure & de la nature de la corne, pour suppléer au défaut des dents, étant crochue dans les oiseaux de proie, pour saisir & tenir la proie, longue & mince dans ceux qui doivent chercher leur nourriture dans les endroits marécageux, longue & large dans ceux qui la cherchent dans la vase. Voyez Bec. (L)
Bouche-en-cour, (Hist. mod.) c’est le terme dont on se sert pour signifier le privilége d’être nourri à la cour aux dépens du Roi. Ce privilége ne s’étend quelquefois qu’à la fourniture du pain & du vin. Cette coûtume étoit en usage anciennement chez les seigneurs de même que chez les rois. (G)
La Bouche & les mains, terme de Jurisprudence féo'dale, employé dans la coûtume de Paris art. 3. pour signifier la foi & hommage. L’origine de cette expression vient de ce qu’autrefois le vassal en prêtant le serment de fidélité à son seigneur, lui présentoit la bouche, & lui mettoit les mains dans les siennes : mais cette formalité a été abrogée par le non-usage. (H)
Ouvrir & fermer la bouche d’un cardinal, c’est une cérémonie qui se fait en un consistoire secret, où le pape ferme la bouche aux cardinaux qu’il a nouvellement nommés, en sorte qu’ils ne parlent point quoique le pape leur parle : ils sont privés de toute voix active & passive jusqu’à un autre consistoire, où le pape leur ouvre la bouche, & leur fait une petite harangue, pour leur marquer de quelle maniere ils doivent parler & se comporter dans le consistoire.
Bouche signifie aussi dans les cours des princes ce qui regarde leur boire & leur manger, & le lieu où on l’apprête ; de-là les officiers de bouche, les chefs de la bouche.
Bouches inutiles, (Art milit.) ce sont dans une ville assiégée les personnes qui ne peuvent servir à sa défense ; tels sont les vieillards, les femmes & les enfans, &c. Un gouverneur qui sait que sa place est pourvûe de peu de vivres, doit prendre le parti de se défaire de bonne heure des bouches inutiles ; car lorsque le siége est formé, l’assaillant ne doit pas permettre la sortie de ces personnes, afin qu’elles aident à consommer les vivres, & que le gouverneur se trouve forcé de se rendre plus promptement (Q)
Bouche à feu, c’est dans l’Art militaire, les canons & les mortiers : ainsi battre une place avec 200 bouches à feu, c’est avoir 200 pieces, tant de canons que de mortiers, en batterie sur la ville. (Q)
Bouche, en terme de Manege, marque la sensibilité du cheval en cette partie où on lui met le mors. Filets de la bouche d’un cheval, voyez Filet.
La bouche est la partie de la tête du cheval à laquelle on donne le nom de gueule dans les autres animaux. Le cheval à cause de sa noblesse, est le seul quadrupede à qui on donne une bouche : ses bonnes qualités sont d’être bonne ou loyale, c’est-à-dire, que le mors n’y fasse trop ni trop peu d’impression. On appelle aussi bouche à pleine main, une bouche que l’on ne sent ni trop ni trop peu dans la main : assûrée, c’est-à-dire, que le cheval sente le mors sans inquiétude : sensible, signifie qu’elle est délicate aux impressions du mors ; c’est un défaut à une bouche que d’être trop sensible : fraîche, c’est-à-dire, qu’elle conserve toûjours le sentiment du mors, & qu’elle est continuellement humectée par une écume blanche.
Les mauvaises qualités d’une bouche sont d’être fausse ou égarée, c’est-à-dire, qu’elle ne répond pas juste aux impressions du mors ; chatouilleuse, vient d’une trop grande sensibilité ; seche, c’est-à-dire sans écume, est quelquefois une suite d’insensibilité ; forte, veut dire que le mors ne fait presque point d’impression sur les barres : on dit dans cette occasion que le cheval est gueulard, ou a de la gueule, ou est sans bouche, ou est fort en bouche : perdue ou ruinée, signifie que le cheval n’a plus aucune sensibilité à la bouche. Assûrer, rassûrer, gourmander, offenser, ouvrit la bouche d’un cheval, voyez ces termes à leurs lettres. (V)
Bouche, en Architecture, terme métaphorique, pour signifier l’ouverture ou l’entrée d’un tuyau, d’un four, d’un puits, d’une carriere, &c.
Bouche, c’est, chez le roi & chez les princes, un bâtiment particulier composé de plusieurs pieces, comme de cuisines, offices, &c. où l’on apprête & dresse séparément les viandes des premieres tables. (P)
Bouche, (Marine.) on donne quelquefois ce nom aux ouvertures par lesquelles de grandes rivieres déchargent leurs eaux à la mer. On dit les ' bouches du Rhone, les bouches du Nil, &c. Quelquefois on l’applique à certains passages de la mer resserrés entre les terres, comme les bouches de Boniface, entre la Corse & la Sardaigne. (Z)
Bouche, Bosson, Besson ; voyez Bouge & Besson.
Bouche, dans les tuyaux d’Orgue ; on appelle ainsi l’ouverture du tuyau par laquelle l’air qu’il contient sort. On a ainsi appellé cette partie par analogie à la bouche de l’homme, parce que c’est par cette ouverture que le tuyau parle : la largeur entre les deux levres 3 & 0, fig. 30. Pl. d’Orgue, doit être le quart de leur longueur bb, pour qu’elle parle avec le plus d’avantage qu’il est possible ; car si elle est trop ouverte, le tuyau ne parle presque pas ; & si elle l’est trop peu, le tuyau ne fait entendre qu’un siflement desagréable.
Bouche ovale, sorte de bouche des tuyaux d’Orgue laquelle est arrondie par le haut, comme la figure 31. Plan. d’Orgue le représente.
Pour trouver le trait de cette bouche, soit db, fig. 31. n° 2. sa largeur ; il faut diviser cette largeur en deux au point 3, élever perpendiculairement la ligne 3 e, sur laquelle on prendra 3 f égale à db ; du point f, comme centre, & d’un rayon moitié de db, on décrira la demi-circonférence e, qui avec les deux perpendiculaires aux points d & b, terminera la figure de la bouche ovale. Voyez Orgue.
Bouche en pointe, c’est ainsi que l’on nomme la bouche des tuyaux d’orgue dont la levre supérieure, figure 33. Plan. d’Orgue, est faite en triangle isoscele abc ; bc est la largeur de la bouche ; c 2 une fois & demie cette largeur qui est la hauteur de la bouche, que l’on forme en tirant les deux lignes égales ac & ab. Voyez l’article Orgue.
Bouche de four, en terme de Boulanger, est une ouverture en quarré ou cintrée, par laquelle on met le bois & le pain dans le four. Voyez fig. 1. du Boulanger ; ABCD est la bouche du four, & CDEF, la plaque de fer avec laquelle on le ferme, en levant cette plaque qui fait charniere dans la ligne CD. Voyez la fig. 2. qui est le profil du four sur sa longueur.
Étymologie de « bouche »
- (Date à préciser) De l’ancien français boche, buce, du latin bŭcca (« joue »), et « bouche » en latin familier. bŭcca et ses dérivés ont supplanté le latin classique os « bouche » dans toutes les langues romanes. Cognat de l’italien bocca.
Picard, bouque ; provenç. et espagn. boca ; ital. bocca ; du latin bucca, que l'on rattache au sanscrit bhuj, manger.
Phonétique du mot « bouche »
Mot | Phonétique (Alphabet Phonétique International) | Prononciation |
---|---|---|
bouche | buʃ |
Fréquence d'apparition du mot « bouche » dans le journal Le Monde
Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.
Évolution historique de l’usage du mot « bouche »
Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.
Citations contenant le mot « bouche »
-
Femme qui abandonne sa bouche accorde sans peine le surplus.
Chrétien de Troyes — Perceval ou le Conte du Graal (traduction L. Foulet) -
Epargne de bouche vaut rente de pré.
Dicton français -
Elles* ont une bouche et ne parlent pas, elles ont des yeux et ne voient pas, elles ont des oreilles et n'entendent pas.
Ancien Testament, Psaumes CXV, 5-6 -
En close bouche, n'entre point mouche.
Prosper Mérimée — Carmen -
[…] Il arrive beaucoup de choses entre la bouche et le verre.
Antoine Furetière — Le Roman bourgeois -
Quand la bouche dit oui, le regard dit peut-être.
Victor Hugo — Ruy Blas, I, 2, Ruy Blas -
Toi que j'ai recueilli sur sa bouche expirante Avec son dernier souffle et son dernier adieu, Symbole deux fois saint, don d'une main mourante, Image de mon Dieu !
Alphonse de Prât de Lamartine — Nouvelles Méditations, le Crucifix -
[…] Bouche à bouche nous nageons depuis les temps primaires.
Benjamin Péret — Le Grand Jeu, Souffre-douleurs , Gallimard -
Gouverne ta bouche selon ta bourse.
Proverbe français -
Ha, bouche que tant je désire : Dictes Nenny en me baisant.
Clément Marot — Épigrammes
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Traductions du mot « bouche »
Langue | Traduction |
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Anglais | mouth |
Espagnol | boca |
Italien | bocca |
Allemand | mund |
Portugais | boca |
Synonymes de « bouche »
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Combien de points fait le mot bouche au Scrabble ?
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