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Joue

Variantes Singulier Pluriel
Féminin joue joues

Définitions de « joue »

Trésor de la Langue Française informatisé

JOUE, subst. fém.

A. − [Chez l'homme]
1. Partie latérale de la face délimitée par le dessous de l'œil, la tempe et le menton. Joue droite, gauche; se farder, se poudrer les joues. Elle était blonde, avec sur ses joues ce duvet fin, velouté, savoureux, qu'ont les blondes très jeunes (Mille, Barnavaux,1908, p. 162).Elle s'agenouilla devant le feu; des larmes roulaient sur ses joues et de la morve coulait de son nez; elle jetait ses manuscrits dans les flammes, et des lettres (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 418):
1. ... les yeux pétillent, et le contraste est impayable de la bouche très fine qui, entr'ouverte, laisse voir des dents très petites, avec les joues et les bajoues opulentes, épiscopales, largement et même grossement taillées. Lemaitre, Contemp.,1885, p. 202.
Pop. Se caler les joues, se faire des joues. Manger copieusement. Nous allons nous faire des joues aux dépens du paysan; tu vas voir, je suis sûr qu'il y aura un fameux gueuleton (Vidal, Delmart, Caserne,1833, p. 136).Il (...) s'en fut au café, où il se cala les joues avec des croissants (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 376).
2. En partic.
a) Cette partie du visage considérée comme révélant l'état de santé ou de fatigue de quelqu'un. Son corps délicat était brisé, et bientôt ses longs cils s'abaissèrent, formant un demi-cercle noir sur ses joues que coloraient les rougeurs de la fièvre (Gautier, Rom. momie,1858, p. 289).Une couche de poudre de riz dissimulant sur ses joues les cernures et les plis de ses fatigues nocturnes (Miomandre, Écrit sur eau,1908, p. 106):
2. ... je vois de grosses moustaches tombantes, des cheveux pommadés, rares mais longuets et ramenés en arrière, des joues couperosées, un ventre respectable, un petit bourrelet de chemise entre le gilet et le pantalon et je rectifie mon jugement : au type flic en civil, je substitue le type bistro. Duhamel, Combat ombres,1939, p. 57.
SYNT. Avoir les joues fraîches, marbrées, pleines, rondes, roses, rouges; avoir les joues blanches, brûlantes, caves, cireuses, creuses, décolorées, flétries, maigres, molles, pâles.
Expr. Avoir les joues cousues. ,,Avoir le visage extrêmement maigre`` (Littré).
b) Cette partie du visage considérée comme révélatrice d'un trouble intérieur. Avoir le feu, le sang aux joues (littér.). Dès que je fus entré dans le salon, la jeune fille me reconnut, et ses joues se colorèrent d'une vive rougeur (Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 327).Le rouge monta aux joues du comte, et il toussa pour avoir un moyen de dissimuler son émotion en portant son mouchoir à sa bouche (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 728).Bien que, par fierté professionnelle, il montrât un visage impassible, il sentait un grand froid monter à ses joues, il craignait de pâlir (Zola, Argent,1891, p. 351).
c) Cette partie du visage qui reçoit des manifestations bienveillantes ou hostiles d'autrui. Embrasser, donner un soufflet (vx), une gifle sur la joue; être joue à joue. Il prit Miette entre ses bras et lui mit plusieurs baisers sur les joues (Zola, Fortune Rougon,1871, p. 22).Il s'était fait adorer de ces grandes filles en leur donnant de petites tapes sur les joues et en leur recommandant d'être bien sages (Zola, Conquête Plassans,1874, p. 1143).Il m'a prise dans ses bras; un instant nous sommes restés immobiles, joue contre joue, paralysés par le désir (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 308).
Expressions
Vieilli. Donner sur la joue à qqn. ,,Lui donner un soufflet`` (Ac. 1835-1935).
Tendre la joue. Présenter la joue (pour recevoir un baiser). Cet enfant vous tend la joue pour que vous l'embrassiez (Littré). Elle se nomma, me tendit la joue sans parvenir à s'incliner suffisamment (Duhamel, Notaire Havre,1933, p. 112).
Au fig. [P. réf. à la Bible] Tendre l'autre joue, tendre la joue gauche. S'exposer à un redoublement d'outrage plutôt que de réagir à une insulte. On n'enseigne pas à tendre l'autre joue à des gens qui depuis deux mille ans n'ont jamais reçu que des gifles (Malraux, Espoir,1937, p. 460):
3. ... tu t'imagines peut-être que nous ne sommes pas capables de rendre le bien pour le mal, de dire : « Aimez-vous les uns les autres », et de tendre la joue gauche quand nous avons été frappés sur la joue droite, ce qui nous arrive plus souvent qu'à n'importe qui! Duhamel, Terre promise,1934, p. 157.
[P. anal. de forme, de couleur, d'aspect] Joues d'un fruit, d'un oreiller. Fam. Les deux joues de sa croupe un peu forte se balançaient sur de hauts talons fins, en petits équilibres alternés (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 414).
3. Spéc. [Expr. se rapportant au maniement des armes à feu] Coucher, mettre en joue (un fusil). Ajuster un fusil à l'épaule et y appliquer sa joue pour viser. Combien j'aime à les voir [les soldats] (...) Amorcer et bourrer, faire craquer le chien, Mettre en joue et tirer (Pommier, Poés.,1832, p. 309).
En partic., dans le vocab. du tir. En joue! Commandement enjoignant de mettre le fusil en joue, c'est-à-dire en position de tir. En joue! feu! pan! pan!... C'était fait (A. Daudet, Tartarin de T.,1872, p. 70).
[Le compl. d'obj. désigne la cible]
a) Coucher, mettre en joue (+ subst. désignant une pers., un animal). Ajuster un fusil contre la joue pour viser une cible. Un jour, dans le bois, aveuglé par la colère, il avait mis en joue M. Fantin, l'adjoint du maire, qui l'avait plaisanté sur cette idée de se faire député avec sa tournure (Stendhal, Lamiel,1842, p. 205).Les deux gendarmes étaient là avec leurs carabines et le couchèrent en joue (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 538).Saisissant la carabine de Wilson, il essaya de coucher en joue le condor (Verne, Enf. cap. Grant, t. 1, 1868, p. 126).
Emploi pronom. réciproque. [En parlant de pers.] :
4. ... Jean Prouvaire et Combeferre, s'étaient fièrement adossés aux maisons du fond, à découvert et faisant face aux rangées de soldats et de gardes qui couronnaient la barricade (...). Des deux parts on se couchait en joue, à bout portant, on était si près qu'on pouvait se parler à portée de voix. Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 371.
Au fig. [En parlant de pers. ou de choses] Surveiller avec une grande attention une personne ou une chose sur laquelle on a quelque dessein. Les deux dots qu'il avait couchées en joue (Balzac, Mais. Nucingen,1838, p. 650).Il est si fatigant d'avoir affaire aux gens crispés, vétilleux, soupçonneux, voyant des allusions malignes dans chaque phrase et se croyant toujours couchés en joue (Amiel, Journal,1866, p. 143).
b) Tenir qqn en joue. Pointer une arme dans la direction de quelqu'un et la maintenir en signe de menace. Et ayant tourné les yeux, ils aperçurent, debout contre leurs épaules, quatre hommes (...) les tenant en joue au bout de leurs fusils (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Deux amis, 1883, p. 191).
B. − P. anal. [Chez certains animaux] Partie latérale de la tête. Joues de lotte, de raie. Ce cheval a trop de joue (Littré).Les gastronomes estiment la joue comme étant le meilleur et le plus fin morceau du poisson (Pollet1970).
BOUCH. Joue de bœuf. Viande provenant de la demi-mâchoire inférieure de bovin, vendue comme abat. La joue de bœuf est un morceau à bouillir ou à braiser (Chaud. 1970).
C. − TECHNOL. [P. anal. de disposition] Chacune des deux parties latérales d'une pièce, d'un objet.
1. CH. DE FER. Joues de coussinet. ,,Parois latérales des coussinets entre lesquelles le rail est maintenu au moyen de coins`` (Jossier 1881).
2. CONSTR. Joue de solive. Face latérale d'une solive considérée par l'entrevous. (Dict. xixeet xxes.).
3. MAR. Sur les navires, partie renflée de la coque, située sur chaque bord entre l'étrave et la coque lisse. Tombé sous la joue du navire, et embarrassé par ses vêtements, il est probable qu'il avait coulé sur le champ (Dumont d'Urville, Voy. Pôle Sud, t. 3, 1842, p. 126).
[Sur une petite embarcation] Barques et personnages étaient peints de couleurs vives, et sur les deux joues de la proue relevée en bec comme la poupe, s'ouvrait le grand œil osirien allongé d'antimoine (Gautier, Rom. momie,1858, p. 177).
4. MÉCANIQUE
a) Joue de coussinet. Chacune des parties d'un coussinet que l'on réunit et que l'on serre, et dans lequel tourne un tourillon ou un arbre. L'arbre porte un épaulement prenant appui sur la joue du coussinet (Gorgeu, Machines-outils,1928, p. 5).
b) Joue de poulie. Face latérale extérieure de la caisse d'une poulie. (Dict. xixeet xxes.).
5. MENUIS. ,,Épaisseur de bois qui reste de chaque côté d'une rainure ou d'une mortaise`` (Forest. 1946).
6. TAPISS. Joue d'un canapé, d'un fauteuil. Espace compris, au-dessous de chacun des accotoirs, entre le siège et le dossier, et qui peut être vide ou garni. Lorsque cet espace n'est pas garni, on dit que le fauteuil ou le canapé a la joue ouverte (Havard t. 3 1889).
REM.
Jouette, subst. fém.,rare, hypocoristique. Petite joue. Je ressemble à une mère, n'est-ce pas? Ou plutôt à une vraie nounou. Mon poupon m'assottit, et je le bécote sur ses deux bonnes jouettes (Flaub., Corresp.,1873, p. 43).
Prononc. et Orth. : [ʒu]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 « partie latérale du visage de l'homme » (Roland, éd. J. Bédier, 3921); a) 1168-91 (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 2895 : Que de la bufe se doloit Qui li fu an la joe asise); 1690 (Fur. : la pudeur lui a mis un beau vermillon sur ses joues); b) 1618 avoir le mousquet en joue (D'Aubigné, Hist., II, 431 ds Littré); 2. 1remoitié xiies. « mâchoire d'un animal » les jodes [molas] des lëuns (Ps. Oxford, 57, 6 ds T.-L.); ca 1170 par la joue les pris [le lion et l'ours] e retinc [apprehendebam mentum eorum] (Rois, I, XVI, 35, éd. E.R. Curtius, p. 34); cf. ca 1200 (Godefroy de Bouillon, 58 ds T.-L. : escu ot fort et dur des jöes d'un delfin); ca 1393 « partie latérale de la tête d'un animal » la jöe de beuf (Ménagier, II, 88, ibid.); 3. 1426 techn. « dispositif en métal servant à maintenir un élément de construction » (doc. Arch. de Tournai ds Gdf. Compl.); 1446 « mur latéral » [cf. jouée*] (id., ibid.). Issu d'une forme *gauta se rattachant prob. à la base prélat. *gaba « jabot, gosier » (v. gaver, gavot, jabot) à travers un dér. déjà prélat. *gabota, *gabuta; cf. les corresp. du domaine de l'Italie du Nord de type gaulta, le cat. galta (FEW t. 4, pp. 9 b-10 a), ainsi que l'a.prov. gauta (fin xiies. ds Rayn.) et le fr.-prov. dzóta, dzauta, dzúta (Dur. 2658). Fréq. abs. littér. : 5 238. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 245, b) 8 803; xxes. : a) 9 350, b) 8 312.

Wiktionnaire

Nom commun - français

joue \ʒu\ féminin

  1. (Anatomie) Partie du visage de l’humain qui est au-dessous des tempes et des yeux, et qui s’étend de chaque côté du nez jusqu’au menton dont la peau ferme latéralement la bouche.
    • C’est un bel homme bien en chair, élégant en effet, quoique de massive encolure, avec de larges épaules, des joues pleines, de beaux yeux noirs caressans, […]. — (Ernest Duvergier de Hauranne, Huit mois en Amérique, Revue des deux mondes, Vol.2005, 1866, p.495)
    • Enfin, ayant réussi à se mettre sur son séant, le malheureux frotta sa joue contusionnée et rajusta le pansement qui lui enveloppait encore la tête. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 240 de l’édition de 1921)
    • Bien protégé derrière le pare-brise, le déplacement d’air provoqué par la rotation de l’hélice m’effleurait à peine les joues. — (Dieudonné Costes & Maurice Bellonte, Paris-New-York, 1930)
    • Il portait un chandail rosâtre et ses joues trop fardées tournaient au lie de vin. — (Francis Carco, Images cachées, Éditions Albin Michel, Paris, 1928)
    • Il continuait son travail, mâchonnant de temps à autre une grosse chique qui tour à tour lui gonflait chaque joue […]. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
  2. (Marine) Partie arrondie de la coque d’un navire qui est comprise entre le mât de misaine et l’étrave.
    • Ce vaisseau a la joue forte.
  3. (Boucherie) Pièce de bœuf, que l’on fait mijoter dans une sauce au vin.
  4. (Mécanique) Face latérale extérieure de la caisse d'une poulie.
    • Sa chape est composée de deux joues.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

JOUE. n. f.
Partie du visage de l'homme qui est au-dessous des tempes et des yeux, et qui s'étend jusqu'au menton. Avoir les joues rouges, les joues enflées, les joues creuses. Baiser à la joue, sur la joue. Fam., Donner sur la joue à quelqu'un, Lui donner un soufflet. Tendre la joue, Présenter la joue. Cet enfant vous tend la joue pour que vous l'embrassiez. Tendre l'autre joue, Accepter, par humilité chrétienne, un redoublement d'outrages. Mettre, coucher en joue, Ajuster son fusil et viser, pour tirer sur quelqu'un, sur un animal. Il mit le bandit en joue. J'ai couché ce lièvre en joue. Elliptiquement, dans les commandements militaires, En joue, feu. En termes de Marine, il désigne la Partie arrondie de la coque d'un navire qui est comprise entre le mât de misaine et l'étrave. Ce vaisseau a la joue forte.

Littré (1872-1877)

JOUE (joû) s. f.
  • 1Partie du visage de l'homme au-dessous de l'œil, s'étendant jusqu'au menton, et ayant pour base les muscles masséter et malaire. Joues pleines. Joues creuses. Cet enfant est à pleines joues. Viens baiser cette joue, et reconnais la place Où fut empreint l'affront que ton courage efface, Corneille, Cid, III, 6. Si quelqu'un vous a frappé sur la joue droite, présentez-lui encore l'autre, Sacy, Bible, Év. St Matthieu V, 39. Vous savez ce qu'est un soufflet, lorsqu'il se donne à main ouverte, sur le beau milieu de la joue, Molière, Sicil. 13. Lequel Hiérôme, après plusieurs rébellions, Aurait atteint, frappé, moi sergent, à la joue, Et fait tomber, du coup, mon chapeau dans la boue, Racine, Plaid. II, 4. Le soufflet sur ma joue est encore tout chaud, Racine, ib. II, 5. Une pâleur affreuse ternit ses joues, Fénelon, Tél. XX. Giton a le teint frais, le visage plein et les joues pendantes, La Bruyère, VI. Le seul crime bien constaté qu'on lui reprocha [à Laud, évêque de Cantorbéry], était de s'être servi de quelques cérémonies de l'Église romaine en consacrant une église de Londres ; la sentence porta qu'il serait pendu, et qu'on lui arracherait le cœur pour lui en battre les joues, Voltaire, Mœurs, 180.

    Fig. et familièrement. Avoir les joues cousues, avoir le visage extrêmement maigre.

    Fig. S'en donner par les joues, manger son bien en débauches de table.

    Familièrement. Donner sur la joue, ou couvrir la joue à quelqu'un, lui donner un soufflet. La Marinette vous approuve fort et jure que… elle vous imitera, et lui donnera sur sa vilaine joue, Sévigné, 70.

    Tendre la joue, présenter la joue. Cet enfant vous tend la joue pour que vous l'embrassiez.

    Coucher, mettre en joue, ajuster son fusil contre la joue et viser, pour tirer sur quelqu'un, sur quelque chose. M. de Bouillon courut plus de périls que personne, ayant été couché en joue par un misérable de la lie du peuple, Retz, II, 338. En joue il [Jupin] vous met sans qui-vive ! Mais je l'aborde chapeau bas, Béranger, Bluet.

    Par extension. Il me semble toujours que je vois une douzaine de lavements qui me couchent en joue, Molière, Pourc. II, 4.

    Fig. Coucher en joue, ne pas perdre de vue une personne ou une chose sur laquelle on a quelque dessein. La villageoise est belle et jeune, je l'avoue, Don Alphonse, en passant, peut la coucher en joue, Scarron, D. Japhet, I, 1. D'Harcourt couchait en joue les autres ministres pour les renverser, Saint-Simon, 259, 218. Il couchait en joue le gouvernement de la Sicile, lequel était sur le point de vaquer, Lesage, Estev. Gonzalez, XI.

    Elliptiquement. En joue ! commandement qui se fait à la troupe pour mettre le fusil en joue. En joue ! feu !

  • 2Partie de la tête du cheval qui répond à la joue dans l'homme. Ce cheval a trop de joue.

    Terme de zoologie. Région de la face comprise entre le nez, la bouche et l'oreille chez les mammifères ; entre la base du bec, le front et l'œil, chez les oiseaux ; portion de la tête des insectes située de chaque côté, entre les yeux et les mandibules.

  • 3 Terme de marine. Partie de l'avant du navire supérieure à l'épaule.

    Joue de vache, demi-caisse de poulie appliquée sur le côté d'un mât, d'une vergue, ou sur la muraille d'un navire ; on dit aussi demi-joue ou poulie plate.

  • 4Les joues d'une poulie, les deux côtés de sa caisse.

    Joues de peson, petites plaques qui terminent les broches du peson.

    Partie d'une boucle. Une boucle est formée de deux joues et de deux barrettes.

    Terme de chemin de fer. Joues de coussinet, les parois latérales des coussinets entre lesquelles le rail est maintenu au moyen de coins.

    Dans les arbres de machines, les joues sont les deux parties du coussinet que l'on réunit et que l'on serre au moyen de boulons.

  • 5 Terme de construction. Joue de solive, côté d'une solive considérée par l'entrevous.

    Terme de menuiserie. Épaisseur du bois qui forme les deux côtés d'une mortaise dans un battant, ou les deux côtés d'une rainure dans une planche.

  • 6Dans une cour dont la chaussée est bombée, nom donné aux deux parties de revers entre le passage de porte cochère et le point où les deux ruisseaux se réunissent.
  • 7 Terme de fortification. Se dit des deux côtés de l'épaulement d'une batterie, coupés selon son épaisseur, pour pratiquer l'embrasure.

HISTORIQUE

XIe s. La destre joe [il] en a tute sanglante, Ch. de Rol. CCLXXXVII.

XIIe s. Les jodes des leuns fraindrat [brisera] li sire, Liber psalm. p. 75.

XIIIe s. Uns rainsiaus [rameau] l'ot ateinte parm, sa destre joue, Berte, XXXIII.

XVe s. Bouciquaut ne pleuroit point, ains tenoit sa main soubs sa joue comme tout pensif, Boucic. I, 3.

XVIe s. … Les faisant garder par deux soldats qui avoient toujours le mousquet en joue, D'Aubigné, Hist. II, 431. Saquenai eut le cœur arraché, on lui en battit les joues à la mode d'Angleterre, D'Aubigné, ib. III, 505. … Dont le profit revient à ceux qui manient les deniers, et s'en donnent par les joues, Sat. Mén. p. 176. Ah ! ne me dictes point d'injure, Ou je vous donray sus la joue ! Rec. de farces, etc. p. 169. Mal joue qui quiert la joue, Cotgrave

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Étymologie de « joue »

(1080) En ancien français joe, jode enfin joue.
D’origine incertaine. Une possible variante est le mot latin vultus qui exprime les traits du visage. Il peut être formé sur gauta (« jabot, gosier ») de la base prélatine gabota, gabuta (→ voir gaver) correspondant dans l’Italie du Nord avec gaulta et le catalan galta.
Autre hypothèse, une origine germanique : du proto-germanique *kawǭ qui désignait la cavité buccale et qui donna jaw (« joue » puis « mâchoire ») et chew (« mâcher ») en anglais et kieuw (« branchies ») en néerlandais. Référence nécessaire
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Berry, jotte ; anciennement, dans la marine, jotte, la joue d'un vaisseau ; provenç. gauta ; catal. galta ; ital. gota ; Modène, golta ; Coire, gaulta ; bas-breton, gaved ; angl. jaw, que les étymologistes tirent du français joue. D'après Diez, le radical est le latin gabata, jatte, d'où l'imagination populaire tira, par comparaison, le nom de la joue. Il montre que ce qui rend très probable cette étymologie, c'est la forme provençale gauta, qui représente gabata ou gab'ta (gabata ayant l'accent sur ga), comme paraula représente parabola, parabla. Il ajoute que le bas-breton, qui est emprunté, vient en pleine confirmation. Dans le français la forme primordiale est jode (conservé dans le Berry jotte) ; d'où joe ou joue. Quelques dialectes ont, comme on voit, une l épenthétique.

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Phonétique du mot « joue »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
joue ʒu

Fréquence d'apparition du mot « joue » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « joue »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « joue »

  • « Tu la payes en nature ? » dit-il. Ça me gêne de dire oui, mais je dis oui si ça peut le rassurer. Non, la chose m’intéresse en tant que spectacle d’art. Il me répond qu’il ne joue pas pour son plaisir, ni pour le plaisir des autres.
    Jean Giono — Œuvres romanesques complètes
  • Je joue avec des amis, mais on ne joue pas nécessairement un jeu amical.
    Ben Hogan
  • Je joue toujours des types plus ou moins barjots.
    Cillian Murphy
  • Voilà. Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone. Antigone, c’est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l’heure, qu’elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu’elle va mourir, qu’elle est jeune et qu’elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout… Et, depuis que ce rideau s’est levé, elle sent qu’elle s’éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la regarder, de nous qui n’avons pas à mourir ce soir.Le jeune homme avec qui parle la blonde, la belle, l’heureuse Ismène, c’est Hémon, le fils de Créon. Il est le fiancé d’Antigone. Tout le portait vers Ismène : son goût de la danse et des jeux, son goût du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi, car Ismène est bien plus belle qu’Antigone ; et puis un soir, un soir de bal où il n’avait dansé qu’avec Ismène, un soir où Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouver Antigone qui rêvait dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux, et il lui a demandé d’être sa femme. Personne n’a jamais compris pourquoi. Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur lui et elle lui a dit « oui » avec un petit sourire triste… L’orchestre attaquait une nouvelle danse, Ismène riait aux éclats, là-bas, au milieu des autres garçons, et voilà, maintenant, lui, il allait être le mari d’Antigone. Il ne savait pas qu’il ne devait jamais exister de mari d’Antigone sur cette terre et que ce titre princier lui donnait seulement le droit de mourir.Cet homme robuste, aux cheveux blancs, qui médite là, près de son page, c’est Créon. C’est le roi. Il a des rides, il est fatigué. Il joue au jeu difficile de conduire les hommes. Avant, du temps d’Œdipe, quand il n’était que le premier personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures, les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes. Mais Œdipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches, et il a pris leur place.Quelquefois, le soir, il est fatigué, et il se demande s’il n’est pas vain de conduire les hommes. Si cela n’est pas un office sordide qu’on doit laisser à d’autres, plus frustes… Et puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu’il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil de sa journée.La vieille dame qui tricote, à côté de la nourrice qui a élevé les deux petites, c’est Eurydice, la femme de Créon. Elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu’à ce que son tour vienne de se lever et de mourir. Elle est bonne, digne, aimante. Elle ne lui est d’aucun secours. Créon est seul. Seul avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lui.Ce garçon pâle, là-bas, au fond, qui rêve adossé au mur, solitaire, c’est le Messager. C’est lui qui viendra annoncer la mort d’Hémon tout à l’heure. C’est pour cela qu’il n’a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il sait déjà…Enfin les trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes, leurs chapeaux sur la nuque, ce sont les gardes. Ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde, mais ils vous empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout à l’heure. Ils sentent l’ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et toujours satisfaits d’eux-mêmes, de la justice. Pour le moment, jusqu’à ce qu’un nouveau chef de Thèbes dûment mandaté leur ordonne de l’arrêter à son tour, ce sont les auxiliaires de la justice de Créon.Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous jouer leur histoire. Elle commence au moment où les deux fils d’Œdipe, Étéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de rôle, se sont battus et entre-tués sous les murs de la ville, Étéocle l’aîné, au terme de la première année de pouvoir, ayant refusé de céder la place à son frère. Sept grands princes étrangers que Polynice avait gagnés à sa cause ont été défaits devant les sept portes de Thèbes. Maintenant la ville est sauvée, les deux frères ennemis sont morts et Créon, le roi, a ordonné qu’à Étéocle, le bon frère, il serait fait d’imposantes funérailles, mais que Polynice, le vaurien, le révolté, le voyou, serait laissé sans pleurs et sans sépulture, la proie des corbeaux et des chacals… Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort.Pendant que le Prologue parlait, les personnages sont sortis un à un. Le Prologue disparaît aussi. L’éclairage s’est modifié sur la scène. C’est maintenant une aube grise et livide dans une maison qui dort. Antigone entr’ouvre la porte et rentre de l’extérieur sur la pointe de ses pieds nus, ses souliers à la main. Elle reste un instant immobile à écouter. La nourrice surgit.
    Jean Anouilh —  Antigone
  • Ne joue jamais à saute-mouton sur une licorne !
    Anonyme
  • On ne joue pas du temps. C'est lui qui se joue de nous.
    Henri Vernes — Le satellite de l'Ombre Jaune
  • Dieu ne joue pas aux dés.
    Albert Einstein
  • À quoi joue Canal + ? Le football français cherche fébrilement un repreneur pour ses droits TV, mais rien ne presse la chaîne cryptée, en position de force dans les négociations avec la Ligue de football professionnel (LFP).
    petitbleu.fr — Pourquoi Canal+ joue la montre - petitbleu.fr
  • “C’est ce que je prêche de remonter rapidement le ballon, de jouer vite, de mettre de la vitesse pour empêcher les défenses de se mettre en place. Pareil en défense, il faut s’assurer que nous soyons concentrés. S’il y a un pick & roll, il faut être sur les bons spots. Pareil s’il y a un drive, notre joueur en bas doit aider, puis nous devons toujours être sur nos gardes, prêts à jaillir et à faire ce qu’il faut. Je suis 100% d’accord avec James là-dessus.” Stephen Silas
    Basket Infos — Stephen Silas : "Je ne sais pas quoi dire aux gens qui disent que James Harden ne joue pas dur"
  • Je déteste le piano. Surtout quand quelqu’un en joue.
    Jimmy Durante
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Traductions du mot « joue »

Langue Traduction
Anglais play
Espagnol tocar
Italien giocare
Allemand abspielen
Chinois
Arabe لعب
Portugais toque
Russe играть в
Japonais 演奏する
Basque jolastu
Corse ghjucà
Source : Google Translate API

Synonymes de « joue »

Source : synonymes de joue sur lebonsynonyme.fr

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Joue

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