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Blaser

Définitions de « blaser »

Trésor de la Langue Française informatisé

BLASER, verbe trans.

A.− Emploi trans.
1. Vx. Émousser le sens du goût par excès de mets ou de boisson (attesté dans la plupart des dict. gén.).
2. Rendre, par une pratique abusive, insensible, indifférent aux émotions vives, aux plaisirs. Une bonne pendaison, cela distrait, en province, et cela blase un peu les gens sur la mort (Sartre, Les Mouches,1943, p. 15):
1. Il y a même des personnes vraiment sensibles que l'exagération doucereuse affadit sur leurs propres impressions, et qu'on blase sur le sentiment comme on pourroit les blaser sur la religion, par les sermons ennuyeux et les pratiques superstitieuses. Mmede Staël, De l'Allemagne,t. 4, 1810, p. 361.
2. Il voyagea ainsi en Italie, et ce lui fut une ivresse. Il fallut la vie administrative et le séjour à poste fixe au consulat de Cività-Vecchia pour le blaser sur les sensations. P. Bourget, Essais de psychol. contemp.,1883, p. 238.
Rem. S'emploie fréquemment au passif et se constr. avec les prép. de ou sur. Être blasé de qqc. ou sur qqc. :
3. Le public est blasé sur ces accumulations de richesses, avant même que les échafauds ne soient enlevés. Viollet-Le-Duc, Entretiens sur l'archit.,t. 2, 1872, p. 114.
B.− Emploi pronom. Devenir blasé, n'avoir plus de goût pour :
4. À peine arrivée à la ville, Un évêque la remarqua; Puis, se blasant de l'évangile, Pour les drapeaux elle abdiqua. Borel, Rhapsodies,1831, p. 148.
5. C'était pourtant un charmant et gentil service que celui de la belle Fleur-De-Lys, et il lui avait paru tel autrefois; mais le capitaine s'était blasé peu à peu; ... Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 280.
6. ... il faut profiter du fait que, ne me blasant jamais sur nulle grande chose, chacune d'elle me donne toujours davantage. Du Bos, Journal,1925, p. 384.
Prononc. : [blɑze], (je me) blase [blɑ:z].
Étymol. ET HIST. − [xviies. exemple de M. Regnier d'apr. Trév. 1743, v. G. Raibaud dans Fr. mod., t. 6, p. 359]; 1740 (Ac. : Blaser, se blaser. S'user à force de boire des liqueurs fortes); 1762 fig. (Ac. : un homme blasé); 1797 se blaser (G. Sénac de Meilhan, L'Émigré, p. 1758); 1817 subst. (G. de Staël, Considérations sur les principaux événements de la Révolution fr., p. 371). Terme implanté dans le domaine pic. : rouchi blasé « blême par l'usage fréq. des liqueurs fortes » (Hécart), wallon blasé « atteint d'une maladie qui se manifeste par une enflure, notamment au visage, par suite de l'abus des liqueurs alcooliques » (Verm.), v. aussi Valkh., p. 62; prob. d'orig. néerl. : le verbe m. néerl. blasen est en effet attesté au sens de « gonfler, enfler, » (Verdam), sens qui ne semble cependant pas s'être conservé dans le néerl. mod. blazen, seul susceptible d'avoir été empr. par le fr. mod. et uniquement attesté au sens de « souffler ». Un empr. au prov. blazir « faire faner, détériorer », d'un frq. *blâsjan « être enflammé », à rapprocher du m. h. all. blas « bougie, flambeau » (EWFS2) fait difficulté des points de vue morphol. et géographique.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 52.

Wiktionnaire

Verbe - français

blaser \bla.ze\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se blaser)

  1. Émousser le sens du goût par l’abus que l’on fait de tel ou tel mets ou de telle ou telle boisson.
    • L’usage des liqueurs fortes lui a blasé le goût.
    • Ces raffinements de gourmandise ont fini par le blaser.
  2. (Figuré) Rendre, à la longue, incapable d’émotions, de sentiments.
    • L’excès de tous les plaisirs l’a blasé.
    • Il ne rougit plus de rien, l’habitude de la honte l’a blasé.
    • Une bonne pendaison, cela distrait, en province, et cela blase un peu les gens sur la mort — (Jean-Paul Sartre Les Mouches, 1943, p. 15)
  3. (Pronominal) Devenir blasé.
    • Vous abusez de tout, vous vous blaserez.
    • Deux personnes se jettent dans la tactique du sentiment, parlent au lieu d’agir, et se battent en plein champ au lieu de faire un siège. Elles se blasent ainsi souvent d’elles-mêmes en fatiguant leurs désirs dans le vide. — (Honoré de Balzac, Les Deux Poètes, Houssiaux, 1874, page 100)
    • Même en pleine vie, il y a là en effet pour l’écrivain un bonheur dont il ne se blase jamais. — (Alphonse Daudet, Le dernier livre, dans Contes du lundi, 1873, Fasquelle, réédition Le Livre de Poche, 1974, page 182)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

BLASER. v. tr.
Émousser le sens du goût par l'abus que l'on fait de tel ou tel mets ou de telle ou telle boisson. L'usage des liqueurs fortes lui a blasé le goût. Ces raffinements de gourmandise ont fini par le blaser. Il a le palais blasé. Il signifie figurément Rendre, à la longue, incapable d'émotions, de sentiments. L'excès de tous les plaisirs l'a blasé. Il ne rougit plus de rien, l'habitude de la honte l'a blasé. La mauvaise vie qu'il a menée l'a blasé sur tout, l'a tout à fait blasé. Vous abusez de tout, vous vous blaserez. Substantivement, C'est un blasé, une blasée.

Littré (1872-1877)

BLASER (blâ-zé) v. a.
  • 1Émousser les sens par des excès de jouissances. Sans risquer de leur blaser le palais, Rousseau, Ém. II.
  • 2 Fig. Au moral, rendre à la longue le cœur insensible à ce qui devrait le toucher. Celui-ci est blasé par l'excès des plaisirs, celui-là par l'habitude de la honte.
  • 3Se blaser, v. réfl. Mme de Vendôme mourut le 11 avril, sans testament ni sacrements, de s'être blasée surtout de liqueurs fortes, Saint-Simon, 484, 1.

    Fig. Se blaser sur les vrais plaisirs.

    On dit se blaser de, et se blaser sur.

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Étymologie de « blaser »

Du néerlandais blazen (« gonfler »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Origine douteuse. On trouve, dans Du Cange, blas, sot, dépourvu de sagesse ; mais le sens ne se prête pas à la dérivation ; il n'en est pas de même de l'anglo-saxon blase ou blaese, brandon, anglais, to blaze, brûler, bas-latin blaserius, incendiaire. Le sens propre de blaser paraît être brûler ; c'est celui que lui donne St-Simon dans l'exemple ci-dessus rapporté ; et dans plusieurs provinces blaser est un terme pour signifier brûler, dessécher, lorsque cet effet est produit par l'usage excessif des liqueurs fortes. Faudrait-il rapporter à blaser cet exemple du XIVe siècle : Prince, après ce qu'on eust mangié Et bu tant qu'on estoit blecié, Vont estuver li pelerin, Viriville, Isabelle de Bavière, p. 9.

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Phonétique du mot « blaser »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
blaser blaze

Évolution historique de l’usage du mot « blaser »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « blaser »

  • Lorsqu’on tire le levier d’armement, le ressort les fait reculer et dès lors la culasse est libre. On trouvait déjà ce dispositif sur la Strasser S05 mais ici il reçoit en plus une came de sécurité, logée à droite sous la culasse, qui va bloquer cette dernière en position avant lorsque l’arme est fermée. Cette came en en matière plastique, assez proche dans son fonctionnement de celle des blaser R8, joue le rôle de tenon de sécurité.
    Chassons.com — Présentation et essai de la carabine Strasser RS 14 - Chassons.com

Traductions du mot « blaser »

Langue Traduction
Anglais dull
Espagnol blaser
Italien blazer
Source : Google Translate API

Synonymes de « blaser »

Source : synonymes de blaser sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « blaser »

Combien de points fait le mot blaser au Scrabble ?

Nombre de points du mot blaser au scrabble : 8 points

Blaser

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