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Autre

Variantes Singulier Pluriel
Masculin et féminin autre autres

Définitions de « autre »

Trésor de la Langue Française informatisé

AUTRE, adj. et pron. indéf. subst.

I.− Adj. et pron. indéf. Permet de distinguer, de différencier, par rapport à une première partie donnée ou connue (un, les uns) servant de point de référence, une ou plusieurs personnes, un ou plusieurs éléments à l'intérieur d'une seconde partie.
A.− [Pouvant être suivi de que compar. (exprimé ou non) et empl. en corrélation avec la prép. ou à valeur non exclusive] La seconde partie est une série ouverte indéfinie dont autre choisit un ou plusieurs éléments.
1. Avec une simple idée de différence.
a) [Empl. sans déterminant]
[À la fin d'une énumération et précédé de et ou de ou] :
1. ... elle n'est plus bonne à rien; sans cela le sublime lui donnerait des leçons de prostitution, ou autre; ça ferait bouillir la marmite. « (...), que ne demande-t-elle l'aumône? ... » D. Poulot, Le Sublime,1872, p. 188.
2. Vous étudierez ici, pour les soumettre au gouvernement, quelles conditions, morales, sociales, politiques, économiques et autres vous paraissent pouvoir être progressivement appliquées dans chacun de nos territoires, ... De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 557.
[Dans certaines loc.] Autres temps, autres mœurs. Entre autres. Autre chose (cf. infra II C).Autre part Ailleurs. De part et d'autre. De chaque côté. De temps à autre. De temps en temps.
Rem. Au xixes., le déterminant est souvent omis dans certaines loc. de fois à autre « de temps en temps » (Chateaubriand, Essai sur la litt. angl., t. 1, 1836, p. 201), de distance à autre « de distance en distance, de place en place » (Bernardin de Saint-Pierre, La Chaumière indienne, 1791, p. 116).
b) [Précédé de certains pron. indéf. et introd. par de] Autre, dans ce cas, ne se trouve que sous la forme du pronom. N'importe qui d'autre, personne d'autre.
[Le compar. est exprimé] :
3. L'architecture se définit principalement par les mouvements qu'elle imprime au visiteur; elle n'exprime rien d'autre qu'une attitude de l'homme et une certaine disposition à éprouver les grandes rencontres humaines. Alain, Propos,1923, p. 519.
[Le compar. n'est pas exprimé] :
4. Je dois dire que si je n'avais pensé, en plus, que tu étais capable de le rendre heureux, j'aurais choisi quelqu'un d'autre. Bourdet, Le Sexe faible,1931, I, p. 266.
Rem. 1. Rien d'autre, personne d'autre sont les formes les plus couramment empl.; cependant rien autre et personne autre se rencontrent parfois par arch. :
5. Ce qui m'arrive à cette heure est tellement étrange, que je ne croyais pas qu'il dût jamais arriver rien de semblable, ni à moi ni, d'ailleurs à personne autre... » A. France, Pierre Nozière,1899, p. 138.
6. − Je n'ai rien autre à vous offrir, pour le moment, que ce que je vous ai dit. Encore n'en suis-je pas sûr. J'ai dit que cela se pourrait. R. Rolland, Jean-Christophe,La Foire sur la place, 1908, p. 664.
D'autre part, seul ce tour permet l'emploi adj. de autre dans rien autre chose (cf. infra II C).
Rem. 2. Dans les phrases interr., le pron. interr. joue le rôle du pron. indéf. :
7. Qu'est-ce qu'il aurait fait d'autre, sinon manger et boire? Simenon, Les Vacances de Maigret,1948, p. 11.
c) [Emploi attributif ou épithète uniquement sous la forme du pron.] :
8. Le cœur lui battait très fort, en entrant dans le petit hôtel de la rue Legendre, cette maison cossue où elle avait grandi et où elle croyait ne plus trouver que des étrangers, tellement l'air lui semblait autre, glacial. Zola, L'Argent,p. 293.
9. Tout autre est le cas de l'homme. Gilson, L'Esprit de la philos. médiév.,t. 1, 1931, p. 171.
10. Elle ne souhaite point que son objet soit autrement disposé qu'il n'est, elle ne se réjouit pas non plus qu'il soit ce qu'il est, ni ne s'efforce qu'il devienne autre, elle ne réprouve ni n'approuve. Nizan, Les Chiens de garde,1932, p. 166.
Rem. Autre, suivi de que, dans cet emploi, peut entraîner la présence d'un ne explétif « il est autre qu'il (ne) paraît » qui se justifie par la discordance provoquée par autre dans le premier membre de la phrase.
Ne... autre que (mis pour n'est... autre chose que..., rien d'autre que...) :
11. La machine à vapeur n'est autre que l'ensemble des liaisons spatiales qui la constituent. Ruyer, Esquisse d'une philos. de la struct.,1930, p. 167.
[Emploi adj. épithète (peut-être par ell. du verbe être) postposé au subst.] Qui s'est modifié, qui est devenu différent :
12. En effet, supposons pour un moment qu'il n'est pas vrai que la propriété de résister à ma volonté d'éprouver la sensation du mouvement, soit la preuve d'une existence autre que celle de ma vertu sentante, ... Destutt de Tracy, Éléments d'idéologie,Logique, 1805, p. 293.
13. ... tout d'un coup ils [les violons] semblaient s'écarter et (...) tout au loin, d'une couleur autre, dans le velouté d'une lumière interposée, la petite phrase apparaissait... Proust, Du côté de chez Swann,1913, p. 218.
2. Avec une idée de différence à laquelle s'ajoute une idée de comptage.
a) [Précédé de l'art. indéf., d'un adj. interr., indéf. ou d'un numéral]
[Le compar. est exprimé]
Adjectif :
14. Vous doutiez-vous, Inès, (...) qu'un autre intérêt que celui de la pitié pût vous attacher à ces voiles déchirées, errantes, et incessamment penchées vers l'abîme? H. Latouche, L'Héritier, Dernières lettres de deux amans de Barcelone,1821, p. 3.
15. Les Italiennes aiment trop vivement pour allier à l'amour quelqu'autre sentiment que lui-même. Bonstetten, L'Homme du Midi et l'homme du Nord,1824, p. 105.
16. L'Orient a d'autres idées que nous sur l'éducation et sur la morale. On cherche là à développer les sens, comme nous cherchons à les éteindre. Nerval, Voyage en Orient,t. 3, 1851, p. 62.
Pronom :
17. − Vous auriez sagement agi, dit La Pérouse, en prenant cette élémentaire précaution plus tôt, et envers d'autres que moi. Bernanos, La Joie,1929, p. 667.
[Le compar. n'étant pas exprimé (c'est le cas le plus fréq.), le second terme de la compar. est supposé connu de l'interlocuteur, ou considéré comme évident] J'ai une autre fille (que celle que vous voyez) :
Adjectif :
18. ... les trois cents francs de la grand'mère s'étaient trouvés employés en dépenses domestiques. Mais Dion venait de recevoir trois cents autres francs. A. France, Le Chat maigre,1879, p. 224.
19. Moi, j'ai d'autres goûts, un autre système. Bosco, Le Mas Théotime,1945, p. 200.
Loc. Une autre fois, un autre jour. A un moment indéterminé du passé ou de l'avenir (cf. infra B 1). D'autres fois. Certaines fois (sur la confusion avec d'autrefois, cf. autrefois C rem. 1). Fam. C'est une autre paire de manches. C'est une chose bien différente :
20. Il se croyait aussi capable de séduire ou de dominer les gens, ce qui est une autre paire de manches. Drieu La Rochelle, Rêveuse bourgeoisie,1939, p. 57.
Pronom :
21. Tout-à-l'heure ils me montraient la cire dans un état, maintenant ils me la montrent dans un autre, ... Cousin, Hist. de la philos. du XVIIIes.,1829, p. 213.
22. Mais si vous le mettez sans rien dire en rapports avec une jeune fille bien choisie, il est possible qu'il s'éprenne d'elle. Et d'ailleurs, si la première ne réussit pas, vous pouvez toujours en essayer une autre. Maurois, Ariel ou la Vie de Shelley,1923, p. 50.
Fam. [Autre (souvent précédé de tout) joue dans certains cas le rôle d'un compar.]
[Le ton d'admiration peut contribuer à lui donner la valeur d'un compar. de supériorité] Mais c'est un (tout) autre livre! C'est un livre bien supérieur. C'est devenu un (tout) autre homme! C'est devenu un homme de valeur supérieure. Le deuxième membre de la comparaison n'est pas exprimé, il est fait référence à la situation de discours qui permet de taire ce qui est censé présent à l'esprit de l'interlocuteur.
[Le ton de mépris peut, à l'inverse, conférer une idée d'infériorité] P. ext., arg. Vous en êtes un autre. Signifie ,,j'en ai autant à votre service. Riposte digne et pacifique convenant à la plupart des injures usuelles`` (Ed. 1967).
[Suivi d'un nom propre de pers.] C'est un autre Bossuet. C'est un homme qui a les mêmes qualités, le même style oratoire que Bossuet, c'est un deuxième Bossuet. Toutefois, dans cet emploi, l'emploi de que comparatif n'est pas possible.
b) [Dans une phrase négative et introd. par de]
[Le compar. est exprimé] Que se confond alors avec le tour à valeur exceptive ne... que.
Adjectif :
23. Et tout est là, il n'y a, dans le monde, pas d'autre volonté que cette force qui pousse tout à la vie, à une vie de plus en plus développée et supérieure. Zola, Le Docteur Pascal,1893, p. 45.
24. Ce que disait Weiss : « Rousseau, Montesquieu nous feraient croire qu'il n'est au monde d'autres partis que les libres penseurs et les superstitieux, les démocrates et les aristocrates, les royalistes et les républicains. Barrès, Mes cahiers,t. 13, 1920-21, p. 8.
Pronom :
25. − Achetez-le toujours. Si ce n'est pas moi... ce sera une autre ... − Non... non, faut que ce soit vous... Il n'y en a pas d'autre que vous... J'ai les sangs tournés de vous... Mais vous vous méfiez de moi... Mirbeau, Le Journal d'une femme de chambre,1900, p. 215.
26. Oui, vous êtes l'homme dont j'ai besoin et je n'en connais pas d'autre que vous. Camus, Les Possédés,adapté de Dostoïevski, 1959, p. 1060.
[Le compar. n'est pas exprimé]
Adjectif :
27. Elle reprit : « Ne dirait-on pas un châtiment? Je n'ai jamais eu d'autre enfant. » Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, L'Abandonné, 1884, p. 468.
28. Ou bien elle commençait quelque romance allemande, qui leur mettait les larmes aux yeux, et, pendant de longs moments, ils balançaient en mesure leurs bustes enlacés, et mêlaient leurs haleines, sans désirer d'autres joies. R. Martin du Gard, Les Thibault,Le Pénitencier, 1922, p. 773.
Pronom :
29. Je n'ai qu'un but et n'en puis avoir d'autre. Senancour, Rêveries,1799, p. 6.
30. − Vous vous fichez de moi, patron! Qu'est-ce qui me prouve qu'il tient le litre, votre litre blanc? − Monsieur! Je n'en ai pas d'autre. Romains, Les Copains,1913, p. 5.
Rem. 1. Lorsque autre est régime d'une prép. et suivi du que compar., la répétition de la prép. devant le subst. ou le pron. introd. par que est facultative. Toutefois l'omission prévaut le plus souvent. 2. Autre (I A) s'oppose à le même, qui pour des raisons d'oppos. à même « ipse » ne peut pas se construire sans art. (on dit cependant une même chose, mais rarement).
B.− [Ne pouvant pas être suivi de que compar., mais susceptible d'être empl. en corrélation avec la prép. ou à valeur exclusive] La seconde partie est une série close à l'intérieur d'un ensemble à deux termes.
1. [Précédé d'art. déf., d'adj. poss. ou dém.]
a) Adjectif :
31. − (...) par ces mesures vous exhérédez complètement vos (...) autres enfants. Ils portent votre nom. Ne fussent-ils que les enfants d'une femme autrefois aimée (...) ils ont droit à une certaine existence. Balzac, Gobseck,1830, p. 421.
32. Elle leva la main prête à le gifler mais il paralysa cette autre main. Maintenant il lui faisait mal. Il sentait qu'il lui faisait mal. Saint-Exupéry, Courrier Sud.,1928, p. 29.
[L'autre suivi d'un subst. ou d'un adv. de temps : jour, mois, année, soir...] En liaison avec un verbe au passé, indique un passé généralement assez proche, déterminé, mais dont on juge inutile de préciser la date ou le moment. (S'oppose à : nous verrons cela un autre jour, une autre fois, cf. supra I A 2 a). L'autre jour, l'autre soir, l'autre année :
33. Un ordre de la reine nous vint l'autre mois... J. Laforgue, Moralités légendaires,1887, p. 92.
Rem. Arch. l'autre hier at; . fr. autrier, altrier « avant hier » :
34. Je vais chez M. Mole entre deux, et Mmede Tascher m'a fait l'autre hier dîner avec le girondin ultra-gouvernemental, ... Sainte-Beuve, Correspondance gén.,t. 3, 1818-69, p. 46.
b) Pronom :
35. ... au-dessous du chemin de traverse qu'elle avait pris pour arriver plus tôt au bord du lac, (...), tandis que Dougal arrivait ordinairement par l'autre, chargé des plus beaux poissons, surtout lorsqu'il amenait un hôte à la chaumière. Nodier, Trilby,1822, p. 191.
36. C'était un autre qui l'inquiétait, qu'il surveillait intensément, bien qu'il ne le regardât jamais. Cet autre-là, on ne l'appelait que Raboliot. Genevoix, Raboliot,1925, p. 25.
Un jour ou l'autre (mis pour un autre). Dans un avenir indéterminé. D'un jour, d'un instant, d'un moment... à l'autre. Indique un laps de temps séparant un jour, un instant, un moment... d'un autre jour, d'un autre instant, d'un autre moment (mais avec la valeur de celui qui suit immédiatement le premier).
Rem. Le pron. autre peut s'employer avec le dém. renforcé par : cet autre là (cf. ex. 36).
2. [Empl. conjointement avec l'un; toujours sous la forme du pron.]
a) L'un(e)... l'autre, les un(e)s... les autres. Indique l'opposition entre deux personnes ou deux groupes de personnes, entre deux choses ou deux groupes de choses :
37. Les deux infortunées étant convenues d'un endroit au désert, s'y rendirent pendant trois nuits de suite. L'une apportoit son enfant mort, l'autre son enfant vivant; l'une son Manitou, l'autre sa Fétiche. Chateaubriand, Génie du Christianisme,t. 1, 1803, p. 229.
Marque la réciprocité qui est (ou doit être) établie. Aimez-vous les uns les autres :
38. Catholique il [Napoléon] l'est devenu surtout lorsqu'il eut compris que catholicisme et christianisme s'excluaient l'un l'autre, que catholicisme signifiait universalité, et que, Rome, c'était l'empire. J.-R. Bloch, Destin du Siècle,1931, p. 257.
b) L'un(e)... l'autre, l'un et l'autre, littér. Les deux ensemble, l'un étant équivalent de l'autre :
39. Puis le père rentra; il mit son cheval à l'écurie, revint, chaussa ses sabots; l'un, l'autre sonnèrent sur les dalles. Pourrat, Gaspard des montagnes,La Tour du Levant, 1931, p. 19.
40. En réalité, ce n'est pas l'empirisme seul que nous visions. Il faut maintenant faire voir que son antithèse intellectualiste se place sur le même terrain que lui. L'un et l'autre prennent pour objet d'analyse le monde objectif qui n'est premier ni selon le temps ni selon son sens, ... Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception,1945, p. 34.
c) L'un(e) + prép. + l'autre. L'une après l'autre, courir de l'un à l'autre, animés l'un contre l'autre, se précipitant les uns sur les autres, être faits l'un pour l'autre, etc.
Rem. Selon le sens qu'elles prennent dans le discours, les expr. l'un et l'autre, ni l'un ni l'autre peuvent être suivies d'un verbe conjugué à la 3epers. du singulier. L'un et l'autre y a manqué (Ac. 1798-1932); ni l'un ni l'autre ne viendra (Ac. 1835-1932).
3. [Précédé des pron. pers. nous ou vous : pron. déterminés comme le, qu'ils supplantent en l'intégrant (en y substituant une idée de 1reou 2epers.)] Nous ou vous + autres (suivis ou non d'un subst.) indiquent l'appartenance à un groupe dont nous faisons (ou vous faites) partie et qui, ainsi mis en évidence, s'oppose à un autre groupe.
a) Adjectif :
41. Nous autres femmes, nous n'avons que faire des gens d'esprit. Barrès, Mes cahiers,t. 3, 1903-1904, p. 85.
b) Pronom :
42. − Bon appétit, là-haut, cria l'homme; nous autres, on dîne. Schwob, Le Livre de Monelle,1894, p. 55.
Rem. Ces tours sont fam.; en revanche le tour eux* autres est populaire.
C.− Loc. figée. D'autre part. [Précédé ou non de d'une part] Permet d'ajouter une précision, d'envisager un problème sous un angle différent :
43. ... en régime capitaliste une entreprise industrielle n'est-elle pas une ruche composée d'une part de travailleurs salariés et d'autre part de capitaux unis en sociétés, ... Maritain, Humanisme intégral,1936, p. 178.
44. Antoine écoutait. Non sans émotion : il éprouvait maintenant une sorte de curiosité pour les histoires de maladie, de mort. D'autre part, ce bavardage le dispensait de parler. R. Martin du Gard, Les Thibault,Épilogue, 1940, p. 780.
Rem. Au xixes., autre part était souvent précédé soit de l'art. déf. : de l'autre part (J.-B. Lamarck, Philos. zool., t. 1, 1809, p. 80), soit de l'art. indéf. : d'une autre part (Chateaubriand, Génie du Christianisme, t. 1, 1803, p. 412). D'une ou d'autre part est également attesté (Lemercier, Pinto, 1800, II, 1, p. 43). Le tour d'une part... de l'autre est encore empl. de nos jours et est l'équivalent de d'une part..., d'autre part :
45. Donc, d'une part, la masse et l'étendue d'un spectacle qui s'adresse à l'organisme entier; de l'autre, une mobilisation intensive d'objets, de gestes, de signes, utilisés dans un esprit nouveau. A. Artaud, Le Théâtre et son double,1939, p. 104.
II.− Nominal
A.− [Désignant une pers.]
1. Au sing.
a) [Autre précédé d'un art. indéf., d'un adj. interr.] :
46. Redoutable ennemi de notre liberté, (...), quel autre que vous aurait assez d'assurance pour tromper perpétuellement le peuple, quel autre que vous aurait assez d'astuce pour l'enchaîner, quel autre que vous aurait assez de tenue pour ne point lâcher prise? Marat, Les Pamphlets,Nouv. dénonciation contre Necker, 1790, p. 195.
47. ... ne cherchez plus, car celle que vous trouveriez désormais ne serait qu'une autre, une pauvre autre. J. Laforgue, Moralités légendaires,1887, p. 79.
48. − La Transocéanique vous donne le commandement de l'Étoile des mers. Il faut accepter. − Non. Il était sorti en claquant la porte. Un autre se serait confondu en remerciements. Mais il n'y en avait pas deux comme Davis. Peisson, Parti de Liverpool,1932, p. 12.
49. yvonne. − Eh bien, par exemple, c'est une chance que le vieux ait été Georges. georges. − Merci beaucoup. yvonne. − Parce que si le vieux avait été un autre, un vrai autre, je connais Georges... Je te connais... Tu te serais laissé attendrir et tu aurais manqué de poigne. Cocteau, Les Parents terribles,1938, III, 2, p. 277.
Tu me prends pour un autre. Tu me crois bien naïf.
b) L'autre :
50. ... M. Eyssette, heureux et désolé du même coup, se demandait comme l'autre, s'il devait pleurer (...) ou rire pour l'heureuse arrivée du petit Daniel... A. Daudet, Le Petit Chose,1868, p. 10.
Fam. Comme dit l'autre :
51. Je plaisante, mais vous savez, comme dit l'autre, un rien suffit à changer le cours des choses. Prévert, Paroles,1946, p. 16.
PHILOS. Contraire du Même :
52. ... autrui, c'est l'autre, c'est-à-dire le moi qui n'est pas moi... Sartre, L'Être et le Néant,1943, p. 285.
53. ... pendant son travail, l'esprit se porte et se reporte incessamment du Même à l'Autre; et modifie ce que produit son être le plus intérieur, par cette sensation particulière du jugement des tiers. Valéry, Introd. à la poét.,1938, p. 18.
Vx. L'Autre
Satan :
54. ... il prononça hardiment la formule bien connue : − Si tu es de Dieu, parle; si tu es de l'Autre, laisse-nous en paix. Mérimée, Mosaïque,1833, p. 53.
55. Alors Satan (...) regarda les maisons des Frères. (...). − Parce que je suis l'Adversaire et parce que je suis l'Autre, je tenterai ces moines... A. France, Le Puits de Sainte Claire,1895, p. 157.
Usité à la Restauration, Napoléon Ier(l'autre souverain p. oppos. à Louis XVIII) :
56. M. de Saint-Robert était, du temps de l'Autre, officier supérieur dans un régiment de la vieille. Couailhac (Larch. 1880).
2. Au plur. :
57. Ah! Vraiment! Les éternels autres commencent à m'embêter! Je fais toujours tout pour eux et je ne vois pas qu'ils fassent quelque chose pour moi. Flaubert, Correspondance,1880, p. 401.
58. Je me bornai à exposer la façon dont je conçois la vérité de cette heure, et ma définition, loin que je puisse l'imposer à aucun, ne saurait être appréciée que de qui partage mon sentiment. Tous autres s'en choqueraient, comme vous faites, Monsieur. Barrès, L'Ennemi des Lois,1893, p. 16.
À d'autres :
59. − Monsieur, je vous jure... − À d'autres! reprend le directeur, les yeux humectés et avec un mélancolique sourire. Villiers de L'Isle-Adam, Contes cruels,Deux augures, 1883, p. 48.
B.− [Désignant une chose]
1. Loc. [Dans ces loc., autres, le plus souvent au plur., est mis pour autres choses]
Fam. En dire, en entendre, en voir (bien) d'autres :
60. − Tu en entendras bien d'autres, si tu vis longtemps, continua paisiblement le marquis. Bernanos, Sous le soleil de Satan,1926, p. 88.
61. − Pour moi? Oh! Moi, j'en ai vu d'autres! S'il n'y avait que moi en jeu. Arland, L'Ordre,1929, p. 526.
N'en faire jamais d'autres :
62. ... on vous prendra pour une de ces bourgeoises tout étonnées de se trouver ici (...). Cette folle de grande maîtresse n'en fait jamais d'autres! Stendhal, La Chartreuse de Parme,1839, p. 449.
Causer de choses et d'autres. Bavarder à bâtons rompus :
63. M. Élie ne répondit pas, et bientôt ils causèrent de choses et d'autres. Montherlant, Les Célibataires,1934, p. 779.
Entre autres :
64. MmeH. m'a joué d'infâme musique moderne, entre autres, comme régal, les deux morceaux que les voisines du jardin ont écorchés tout l'été. E. Delacroix, Journal 1,1852, p. 191.
Vieilli. En voici bien d'une autre. Voici une chose bien étonnante :
65. − En voici bien d'une autre, dit-il en le retirant [son filet], et en dégageant de ses mailles une boîte d'une forme élégante et d'une matière précieuse qu'il crut reconnaître à sa blancheur si éclatante et à son poli si doux pour de l'ivoire incrusté de quelque métal brillant, ... Nodier, Trilby,1822, p. 185.
L'un dans l'autre. En faisant la moyenne (Ac. 1835-1932) donnent avec le même sens l'un portant l'autre. Ces deux fermes rapportent, l'une dans l'autre, tant par an (Ac.1878-1932).
Rem. Dans l'ex. suiv., l'un... l'autre paraît signifier « d'un côté... de l'autre » :
66. Cependant il faut que tu me permettes de te dire que j'aurai toujours du chagrin du peu de désir de me revoir que tu as montré à moi, et à mes amis. Comme sentiment l'un, et comme amour-propre l'autre, j'en ai ressenti de la peine. Enfin, n'en parlons plus. Mmede Staël, Lettres de jeunesses,1790, p. 417.
2. PSYCHANAL. L'Autre. Lieu de l'Inconscient qui ,,pour le sujet parlant (...) passe par les lois du langage avec ce qu'elles fondent des catégories du Symbolique, de l'Imaginaire et du Réel. (...). L'Autre, notion fondamentale, est donc (...) désigné comme le lieu de la Parole, où la métonymie introduit le manque-à-être comme signifiant du Désir`` (Lafon 1969) :
67. ... nous tirons des Autres presque tout le nécessaire, le langage aussi bien que le pain, et beaucoup d'images de nous, qui se peignent dans leur regard, dans leur conduite, leurs paroles et leurs silences. Un miroir est l'un de ces Autres. Valéry, Mauvaises pensées et autres,1942, p. 73.
C.− Loc. nom. Autre chose.
1. Une chose différente :
68. Un grand homme à bésicles qui m'avait tout l'air d'un candidat d'institut ne supposait pas qu'on pût s'occuper d'autre chose que de la maladie d'un académicien septuagénaire. Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 2, 1812, p. 155.
69. Aimer avec la partie de l'âme qui est située de l'autre côté du rideau, car la partie de l'âme qui est perceptible à la conscience ne peut pas aimer le néant, elle en a horreur. Si elle croit l'aimer, ce qu'elle aime est autre chose que le néant. S. Weil, La Pesanteur et la grâce1943, p. 114.
Rien autre chose. Rien d'autre (cf. supra I B 3). Sert à exclure toute possibilité différente :
70. Convaincus de cette vérité, que l'opinion qu'un peuple a du caractere de sa religion, ne prouve rien autre chose que sa croyance, et n'en change pas la nature, nous porterons nos recherches jusque dans les sanctuaires de Rome moderne, ... Dupuis, Abr. de l'orig. de tous les cultes,1796, p. 290.
71. Qui s'aveugle volontairement sur le prochain, sous prétexte de charité, ne fait souvent rien autre chose que de briser le miroir afin de ne pas se voir dedans. Bernanos, Dialogues des Carmélites,1948, p. 1585.
Autre chose. S'emploie dans une discussion pour aborder un suj. différent.
2. [Introduisant des prop. que l'on veut opposer] : Autre chose..., autre chose... :
72. Mais autre chose est défendre sa patrie, autre chose attaquer des peuples qui ont aussi une patrie à défendre. Constant, De l'Esprit de conquête,1813, p. 164.
Dans ce cas, l'omission de chose est courante :
73. En effet, on pourroit supposer, avec quelque vraisemblance, qu'il est moins difficile de faire les cinq actes d'un Œdipe-roi, que de créer les vingt-quatre livres d'une Iliade : autre est de produire un ouvrage de quelques mois de travail; autre d'élever un monument qui demande les labeurs de toute une vie. Chateaubriand, Génie du Christianisme,t. 1, 1803, p. 277.
Rem. On rejoint dans ce cas l'emploi attributif cité plus haut (I A c) :
74. Autre est mon ami au bal à Paris, et autre mon ami dans les forêts d'Amérique. Stendhal, Hist. de la peint. en Italie,t. 2, 1817, p. 98.
PRONONC. : [o:tʀ ̥]. Enq. : /otʀ, D/.
ÉTYMOL. ET HIST. I.− Pronom. 1. a) 2emoitié xes. altre « le reste d'un ensemble dont les premiers éléments ont été déjà été considérés » (Saint Léger, 205 ds A. Henry, Chrestomathie de la litt. en a. fr., I, 12 : Cil Laudeberz, qual hora. 1 vid, Torne s'als altres, si llor dist : Ciest omne tiel mult aima Deux); b) ca 1100 bien des altres « beaucoup d'autres » (série ouverte opposée au premier élément considéré) (Roland, éd. Bédier, 108 : La u cist furent, des altres i out bien); fin xves. d'aultres (Ph. de Commines ds E. Gamillscheg, Historische Französische Syntax, Tübingen, 1957, p. 84 : Je fus d'opinion et d'aultres aussi); 2. fin xes. « le deuxième, le ou les suivants (p. oppos. à l'un ou les uns) » (Passion, 289, éd. Bartsch, Chrestomathie, pièce 5, 173 : Ensobre toz uns dels ladruns El escarnïe rei Jhesum. Respondet l'altre 'mal i diz'); 3. fin xves. les autres « le prochain, autrui » (Ph. de Commynes, Mémoires, VI, 11 ds Dict. hist. Ac. fr. : Il n'est nul homme, de quelque dignité qu'il soit, qui ne souffre, ou en secret ou en public, et par especial ceulx qui font souffrir les aultres). II.− Adj. 1. ca 1040 « qui n'est pas le même » (Alexis, 60, 296, éd. Christopher Storey : En l'altra voiz lur dist altra summunse); 2. ca 1040 « différent (avec une valeur qualificative) » en attribut (Alexis, 32a, éd. G. Paris et L. Pannier ds T.-L. : Ne pot estre altre); 3. 1160-74 avec une notion de temps, indique un moment passé ou futur (Wace, Rou, éd. H. Andresen, I, 637 ds T.-L. : el demain, a l'altre nuit); 4. ca 1100 d'altre part « d'un autre côté » (Roland, éd. Bédier, 916 : D'altre part est Turgis de Turteluse); 5. a) 1220 loc. autre chose « qqc. de différent, qui est à l'opposé » (Ogier le Danois, 181, éd. J. Barrois ds T.-L. : Que font a Rome..., Come se tienent li baron chevalier...? Cil dïent : sire, autre chose que bien); b) 1539 autre répété pour renforcer une opposition (Est., p. 50 : C'est autre chose de mesdire d'aucung, & autre chose de l'accuser); 6. xiiies. renforce un pron. pers., distingue le groupe représenté par le pron. (souvent en l'opposant au reste) (Joinville, § 57 ds Nyrop t. 5, p. 214, § 178, rem. : Messires de Neelle et li bons cuens de Soissons et nous autre qui estiens entour li); 7. 1370 « distinct mais semblable, deuxième du même type » (N. Oresme, Ethiques d'Aristote, 282 ds Littré : Et nous disons que ami est aussi comme autre soy meisme); 8. 1690 « différent par une certaine supériorité » (Fur.). Du lat. alter; I emploi pronom., désigne le deuxième élément d'un ensemble de deux éléments (Plaute, Poen., 1095 ds OLD, 108), à rapprocher de I 2 unus ... alter (Id., Poen. 919 ds TLL s.v., 1742, 48), également attesté pour désigner le reste d'un ensemble dont un élément a déjà été considéré (Accius, Trag., 345 ds TLL s.v., 1737, 64) et au sens de « autrui » (cf. I 3) (Q. Ennius, Sat., 59, V ds TLL s.v., 1737, 54); II emploi adj., sert à désigner le deuxième élément d'un ensemble de deux éléments (Naevius, Com., 18 ds OLD, 107), sert à désigner un élément distinct d'un ensemble non limité à deux éléments (Plaute, Most., 778 ds TLL s.v., 1733, 33), attesté comme synon. de alius (Ovide, Fast., 3, 625 ds TLL s.v., 1736, 6), attesté avec une notion de temps (II 3) (César, Gall., 3, 30, 6 ds TLL s.v., 1736, 52), attesté pour désigner un autre élément du même type (II 6) (Cicéron, Att., 3, 15, 4 ds TLL s.v., 1735, 71) et dans l'expr. altera pars (cf. autre part, II 4) pour désigner la partie adverse (Cicéron, Inv., 1, 83 ds TLL s.v., 1737, 8) puis plus gén. l'autre côté (César, Gall., 7, 48, 1, ibid., 16).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 164 791. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 235 254, b) 209 545; xxes. : a) 231 894, b) 248 359.
BBG. − Brault (G. J.). Anc. fr. de l'un en l'autre. Romania. 1967, t. 88, no1, pp. 84.90. − Cohen 1946, p. 56. − Dem. 1802. − Éd. 1967. − Foulq-St-Jean 1962. − Goblot 1920. − Harris (M. R.). Fr. autre, a classificational crux. Rom. Philol. 1968, t. 21, no4, pp. 450-462. − Kjelman (H.). Autre, si, aussi, ainsi. Ét. de synt. hist. Studier i modern Sprakvetenskap. 1924, t. 9, pp. 147-198. − Krappe (H.). L'Autre. Fr. R. 1943/44, t. 17, pp. 145-148. − Lafon 1969. − Lal. 1968. − Larch. 1880. − Larch. Suppl. 1880. − La Rue 1954. − Le Roux 1752. − Marshall. (F. W.). Les Poésies de Blondel de Nesle. Une ét. du lex. d'après l'examen des mss, pp. 36-37 (Thèse Univ. Paris, 1968). − Noter-Léc. 1912. − Orr (J.). Autre = outre? Fr. mod. 1936, t. 4, pp. 283-285. − Orr. (J.). Autre, outre..., et foutre. R. Ling. rom. 1933, t. 9, pp. 52-85. − Pierreh. 1926. − Pierreh. Suppl. 1926. − Piguet 1960. − Vinc. 1910.

Wiktionnaire

Nom commun - français

autre \otʁ\ masculin et féminin identiques

  1. Personne différente de la personne qui parle, autrui.
    • Le chef de bande fumait une cigarette […]. Les autres sniffaient de la colle à l’ombre des carcasses de frigo. — (Caryl Férey, Condor, Éditions Gallimard (Série noire); 2016, chap. 14)
    • S'il est responsable d'un journal, d'une émission culturelle, il censurera très normalement tout autre qui peut le contrarier. Il sera prêt à tout donner à l’autre, à tout autre, sauf à donner à cet autre la parole, sa parole. Pathétique aberration : des narcisses prêts à tout donner et ne donnant rien. — (Daniel Sibony, Don de soi ou partage de soi ?, Éditions Odile Jacob, 2000)
    • Le pouvoir de ce génie a des bornes, […]; mais son zèle n'en a point, et on lui en sait gré : car où trouver quelque chose de comparable aux soins de cet agent bienveillant […] ? quel autre serait aussi bien instruit de nos désirs, de nos fantaisies, de nos goûts, de nos vœux, de nos projets ? quel autre serait aussi touché de nos faiblesses, de nos besoins , […] ? de quel autre pouvons nous être aussi sûrs qu'il fera pour nous le possible, et qu'il tentera l'impossible ? — (Stanislas Jean de Boufflers, Le Libre arbitre, Paris : chez F. Buisson, 1808, page 221)
    • Il ne sert de rien d’objecter : « Quelque autre pourra argumenter de même en faveur de sa religion ! » C'est de moi qu'il s'agit; […]. — (Auguste Valensin, Textes et documents inédits, Aubier, Éditions Montaigne, 1961, p. 218)
  2. S’emploie également par opposition à un ou une pour distinguer deux êtres ou deux choses ou bien encore deux groupes d’êtres ou de choses déterminés ou indéterminés.
    • Bien, bien, ma cousine ! il y a deux façons de me servir : l’une en exterminant mes ennemis, l’autre en secourant mes amis. — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre XI)
  3. (Moderne) (Philosophie, Politique, Sociologie) Toute personne appartenant à une culture différente. — Note : Il est alors toujours au masculin singulier, avec article défini, et parfois la majuscule et/ou les guillemets : l’autre, l’Autre, l’« autre ».
    • […] le nationalisme canadien serait ouvert sur le monde, accueillant à la diversité culturelle et moderne, alors qu’au contraire le nationalisme québécois carburerait à la peur de l’autre, se nourrissant d’une volonté de repli ethnique, et portant en lui les traces d’une certaine intolérance. — (Danic Parenteau, « “ Le Canada est fait, maintenant il faut faire les Canadiens ! ” Essai sur le processus de construction identitaire national canadien », in Argument, vol. 19, no 2, printemps-été 2017, page 91)
    • Peut-on accueillir l’« autre » si on ne sait qui on est, où on est et comment on est devenu ce qu’on est ? On accueille quelqu’un quelque part, dans une situation sociale, politique, économique, historique, géographique, linguistique, etc., concrète, qui existe déjà, d’où on émane et dont il est tout simplement impossible de faire le deuil sans en même temps faire le deuil de qui on est […]. — (Sébastien Mussi, Le nous absent, Liber, Montréal, 2018, page 51) → voir nous

Adjectif indéfini - français

autre \otʁ\ masculin et féminin identiques

  1. Du même type mais dont l’identité est différente de ce dont on vient de parler.
    • Les sociétaires soumis à l’assurance obligatoire auront à supporter deux tiers du montant des cotisations, l’autre tiers est à la charge du patron. — (Statut de la Caisse locale générale de secours en cas de maladie pour l’arrondissement de Metz-campagne - Valable à partir du 1er janvier 1914, § 49, imp. H. Jauch, Metz, 1914, page 80)
  2. Supérieur en mérite, plus important, de plus grande conséquence.
    • Certes des initiatives se développent — […] — mais elles nécessitent encore des réseaux autres que ceux du bouche à oreille des passionnés de l’électro. — (Philippe Franck, Musiques électroniques, dans Musique-musiques 1999 : Chronique de la vie musicale en Wallonie et à Bruxelles, coordonné par Robert Wangermée, Sprimont : Editions Pierre Mardaga, 2000)
    • L’homme que vous me citez est habile, mais celui dont je vous parle est un bien autre homme.
    • Ce vin de Mâcon est bon, mais celui dont je vous parle est bien d’autre vin, est un tout autre vin.
    • Vous loger, passe ; mais vous nourrir, c’est une autre affaire.
  3. (Figuré) Second, pour exprimer la ressemblance, l’égalité, la conformité qu’il y a entre deux personnes ou entre deux choses.
    • C’est un autre Alexandre, un autre César.
    • Il le regarde comme un autre lui-même.
    • Cette ville est un autre Paris.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

AUTRE. Adjectif et pronom des deux genres
. Il marque que les personnes ou les choses dont on parle sont différentes de celles dont on vient de parler. Connaissez-vous mon autre sœur? Il amena son frère et deux autres personnes. Appeler un autre médecin. Quelle autre chose voulez-vous de moi? C'est autre chose que j'exige. Entre autres choses. Revenez une autre fois. Nous nous reverrons autre part. Voyez PART. N'avez-vous que ces deux enfants? J'en ai encore un autre, deux autres. On ne peut comparer cet animal à aucun autre. Votre habit est usé, il faut en acheter un autre. Ce que vous ne ferez pas dans un temps, vous le ferez dans un autre. Autre est promettre, autre est donner. C'est un autre homme, tout un autre homme, ou mieux un tout autre homme. Il est devenu tout autre, se dit d'un Homme qui a changé en bien ou en mal. Prov., Autres temps, autres soins, D'autres circonstances demandent une conduite différente. Autres temps, autres mœurs, Les mœurs, les usages changent avec le temps. Fam., Il n'en fait pas d'autres, se dit d'un Homme qui fait quelque sottise ou commet quelque étourderie et signifie qu'Il lui arrive souvent d'en faire de pareilles. Fam., Il en sait bien d'autres, Il est capable de bien d'autres tours. Fam., J'en ai vu bien d'autres, J'ai vu des choses bien plus extraordinaires que celle-là. J'ai passé par des épreuves bien plus pénibles. Fam., En voici bien d'un autre ou d'une autre, Voici une chose encore plus surprenante, voici une chose à laquelle on ne s'attendait pas. Fig. et fam., C'est une autre paire de manches, Voici bien une autre paire de manches, C'est une autre affaire, voici bien une autre affaire.

AUTRE, avec l'article défini, s'emploie aussi en opposition avec L'UN, LES UNS ou un terme analogue, pour distinguer deux êtres ou deux choses ou bien encore deux groupes d'êtres ou de choses déterminés ou indéterminés. Souvent il est gai, d'autres fois il est morne et sombre. Autre chose est une simple affirmation, autre chose est une affirmation avec serment. L'une et l'autre saison est favorable. J'ai parcouru l'une et l'autre région. Des clameurs s'élevèrent dans l'une et dans l'autre armée. D'une et d'autre manière. Tel homme recherche ce que tel autre méprise. Il paya deux de ses créanciers et ne donna rien aux autres. Je garde ce cheval et je vous cède l'autre. Aller de côté et d'autre. Des deux livres que vous me demandez, voici l'un, voilà l'autre. Des deux frères, l'un a pris le parti de l'Église et l'autre le parti de l'épée. Ils sont morts l'un et l'autre. Ils ne sont morts ni l'un ni l'autre. L'un et l'autre y a manqué. L'un et l'autre sont venus. Ni l'un ni l'autre ne viendra. Les uns et les autres. Je veux l'un et l'autre, les uns et les autres. Prenez ceux-ci et laissez-moi les autres. Je prends les miens et je laisse tous les autres. Il est chez l'un ou chez l'autre. Il y a une grande différence entre l'un et l'autre. Il en veut à l'un et à l'autre. Ils étaient les uns noirs, les autres blancs. Les uns allaient à droite, d'autres à gauche, d'autres dans tous les sens. Se louer l'un l'autre. Ils se haïssent l'un l'autre. À l'envi l'un de l'autre. Elles médisent l'une de l'autre. Ils étaient aigris l'un contre l'autre. Ils paraissent faits, ils sont nés l'un pour l'autre. Il ne faut pas prendre l'un pour l'autre, confondre l'un avec l'autre. Ils se succédaient les uns aux autres. S'unir l'un à l'autre, l'un avec l'autre. Ils sont dupes les uns des autres. Il est autre que je croyais, que je ne croyais, que je ne le croyais. Fam., Être toujours chez l'un ou chez l'autre, Être souvent en visite chez les diverses personnes que l'on connaît. Fam., Parler de choses et d'autres, S'entretenir, parler de diverses choses. Nous parlâmes de choses et d'autres, mais il ne fut nullement question de vous. Il dit d'une façon et il fait d'une autre, Ses discours et ses actions ne s'accordent pas. Fam., L'autre jour désigne indéterminément Un des derniers jours qui ont précédé celui où l'on parle. J'ai rencontré, l'autre jour, votre frère. Fam., Nous autres, vous autres, se dit au lieu de Nous, Vous, quand, à propos de tel ou tel fait, on veut distinguer plus précisément ceux qui parlent ou ceux à qui l'on s'adresse de ceux qui sont présents ou absents et marquer une opposition entre eux. Fam., L'un vaut l'autre, Ils sont aussi bons, aussi mauvais l'un que l'autre. Qui voit l'un voit l'autre, Il n'y a pas de différence de l'un à l'autre. Fam., C'est tout un ou tout autre, C'est tout l'un ou tout l'autre. Il n'y a point de milieu, il n'y a point à choisir entre les deux propositions qui sont faites. L'un dans l'autre, l'un portant l'autre, En compensant l'un avec l'autre. Ces objets coûtent tant, l'un dans l'autre, l'un portant l'autre. Ces deux fermes rapportent, l'une dans l'autre, tant par an. Il signifie aussi Supérieur en mérite, plus important, de plus grande conséquence. L'homme que vous me citez est habile, mais celui dont je vous parle est bien un autre homme. Ce vin de Mâcon est bon, mais celui dont je vous parle est bien d'autre vin, est tout un autre vin. Vous loger, passe; mais vous nourrir, c'est une autre affaire. Il se dit aussi dans le sens de Second, pour exprimer la ressemblance, l'égalité, la conformité qu'il y a entre deux personnes ou entre deux choses. C'est un autre Alexandre, un autre César. Il le regarde comme un autre lui-même. Cette ville est un autre Paris. Il s'emploie quelquefois absolument pour dire Une autre personne, en général, sans en désigner aucune en particulier. J'aime mieux que vous l'appreniez d'un autre que de moi. Quelque autre vous le dira mieux que moi. Quel autre s'en serait avisé? À votre place, un autre se serait empressé de venir. Tout autre que lui ne s'en serait pas si bien tiré. C'est à lui que je veux avoir affaire et non à d'autres. D'autres sauraient vous flatter; moi, je vous dis la vérité. Les autres, Les autres personnes en général, autrui. Il est plus aisé d'être sage pour soi que pour les autres. Vous rejetez toujours la faute sur les autres. Il se méfie toujours des autres. Pop., Comme dit l'autre, comme dit cet autre, Comme on dit. Il faut, comme dit l'autre, souffrir ce qu'on ne peut éviter. Pop., Ah! cet autre! Écoutez ce que nous dit cet autre! s'emploient pour faire entendre que l'on ne croit pas aux paroles de quelqu'un et pour lui témoigner une sorte de mépris. Fam., À d'autres! Allez conter ces histoires, ces sornettes à d'autres, je n'y crois point.

Littré (1872-1877)

AUTRE (ô-tr') adj. et pron.
  • 1 Adj. Qui n'est pas la même personne ou la même chose. D'autres causes. D'autre part. D'un autre côté. Il pense une chose, il en dit une autre. Parler d'autre chose. Se retirer dans quelque autre pays. On ne fit autre chose cette nuit-là que de veiller. Il n'avait d'autre titre à régner que la force. Nul autre que vous ne m'a parlé de cette affaire. Sans autre rempart que d'un bois fragile, Bossuet, Serm. Quinq. 2. On se voit d'un autre œil qu'on ne voit son prochain, La Fontaine, Fab. I, 7. Tout étant réglé il n'en fut autre chose [on n'y changea rien], Sévigné, 22. Autres sont les temps de Moïse, autres ceux de Josué, Bossuet, Hist. II, 13. Autre chose d'agir avec un père, autre chose de répondre devant un juge, Bossuet, II, Pénit. 1. Autre est de danser et de faire des festins ; autre de connaître la nature des choses, Chateaubriand, Génie, II, V, 16. D'autres temps, d'autres soins, Racine, Mithr. III, 1. D'autres temps, d'autres mœurs, Voltaire, Orph. V, 2. La justice, le glaive en main, Est un pouvoir autre qu'humain, Malherbe, VI, 16. Je suis toujours le même et mon cœur n'est point autre, Corneille, Cinna, III, 4. Avec un autre sort il prit un cœur tout autre, Corneille, Perthar. I, 1. Poussé par un tout autre intérêt que celui de l'équité, La Bruyère, 1. Qui n'a de remède Autre que d'obéir à la nécessité, Malherbe, VI, 16. Ne trouve en Chapelain… Autre défaut, sinon qu'on ne le saurait lire, Boileau, Sat. X. Des spéculations qui ne lui sont d'autre conséquence, sinon qu'il en tirera vanité, Descartes, Méth. 1. Sans faire passer ces choses pour autres qu'elles ne sont, Voiture, Lettr. 82.

    C'est tout un ou tout autre ; il n'y a pas de milieu.

    Fig. et familièrement. C'est une autre paire de manches, c'est une affaire toute différente.

  • 2Le second par une certaine similitude. Il le regarde comme un autre lui-même. Il fallut réveiller d'un profond sommeil cet autre Alexandre, Bossuet, Louis de Bourbon. Il parle comme un autre Élie Devant cette autre Jézabel, Racine, Ath. II, 9.
  • 3Différent, mais supérieur d'une façon quelconque. C'est bien un autre homme. Ce vin-ci est bien un autre vin que celui d'hier. On lui offrait dix mille francs ; mais aujourd'hui on lui fait de bien autres propositions.
  • 4De temps à autre, par fois.

    D'année à autre, d'année en année ; de jour à autre, de jour en jour. Il augmente d'année à autre sa réputation, La Bruyère, 10.

  • 5Pron. indéfini. J'aime mieux que vous l'appreniez d'un autre que de moi. Je suis père, seigneur, et faible comme un autre, Racine, Iph. I, 5. Une autre de César a surpris la tendresse, Racine, Brit. III, 4. Une autre cependant a fléchi son audace ; Devant ses yeux cruels une autre a trouvé grâce, Racine, Phèd. IV, 5. Qu'autres que vous soient désirées, Qu'autres que vous soient adorées, Cela se peut facilement, Malherbe, V, 28.

    Populairement. Ah ! cet autre ! Écoutez ce que vous dit cet autre ! Cette locution s'emploie pour faire entendre que l'on ne croit pas aux paroles de quelqu'un.

    Autre part, ailleurs. C'est un livre que j'ai cherché partout, mais je ne l'ai pu trouver autre part que là. Vous ne le trouverez point autre part.

    Prendre quelqu'un pour un autre, le juger autrement qu'il ne faut. Vous voulez me faire votre dupe : vous me prenez pour un autre. Vous avez montré à ceux qui vous renvoyaient à Dole qu'ils vous prenaient pour un autre, Voiture, Lett. 83.

    Fig. Il n'en fait pas d'autres, c'est-à-dire il fait toujours les mêmes sottises.

    En voici bien d'une autre, voici quelque chose de plus étonnant. Bon, dit Climène, en voici bien d'une autre ; Ma chère sœur, quelle idée est la vôtre, Voltaire, Filles de Minée.

  • 6Autre forme un gallicisme, uni aux pronoms nous, vous. Nous autres bénissons notre heureuse aventure, Corneille, Poly. V, 6. Vous autres, suivez-moi, Corneille, Héracl. IV, 5. Nous autres, réunis sous de meilleurs auspices…, Corneille, Nicom. V, 10. Vous autres, fortes têtes, Vous voilà ! vous prenez tous les gens pour des bêtes, Gresset, le Méch. I, 4.
  • 7Autre avec ne ou avec sans. Autre n'a mieux que toi soutenu cette guerre ; Autre de plus de morts n'a couvert notre terre, Corneille, Hor. II, 5. Sans qu'autres que les deux qui vous parlaient là-bas De tout ce qu'elle a fait sachent plus que Phocas, Corneille, Héracl. II, 6.

    Autre avec que et ne. Madame, autre que moi n'a droit de soupirer, Corneille, Cid, IV, 2. Comme autre qu'un Romain n'a pu l'assujettir, Corneille, Pomp. IV, 4.

  • 8L'autre, les autres, servant de complément à l'un, les uns. Ils s'aiment l'un l'autre. Ils se poursuivaient les uns les autres. Ces dames sont aimables les unes pour les autres. Les uns et les autres sont venus vous voir.

    Qui voit l'un voit l'autre, il n'y a pas de différence entre eux.

    Il y en a d'uns et d'autres, c'est-à-dire il y en a de bons et de mauvais.

    L'un vaut l'autre, c'est-à-dire l'un n'est pas meilleur que l'autre.

    L'un portant l'autre, c'est-à-dire en compensant l'un par l'autre.

    L'autre jour, un jour indéterminé, mais peu éloigné. J'ai rencontré votre frère l'autre jour.

    Populairement. Comme dit l'autre, c'est-à-dire comme on dit.

  • 9Au plur. masc. Les autres, autrui. Il se méfie toujours des autres. Je me suis fait une petite destinée à part, avec laquelle je ne puis regretter aucune des folies des autres, attendu que je suis trop occupé des miennes, Voltaire, Lett. à Mme du Deffant, 17 sept. 1759.

    D'autres, des personnes différentes de celle ou de celles dont il s'agit. D'autres vous diront. Ne parlez pas de cela à d'autres que vos amis.

  • 10À d'autres ! expression elliptique signifiant : contez cela à de plus crédules. Non ; à d'autres, dit-il ; on connaît votre style, Boileau, Ép. VI. À d'autres, je vous prie, Molière, Sganar. 6. À d'autres, je vous prie ; c'est moi, vous dis-je, Molière, Festin, II, 5.

    Parler de choses et d'autres, parler de diverses choses.

    Il en sait bien d'autres, il a bien d'autres moyens d'agir, de faire.

    J'en ai vu bien d'autres, j'ai vu des choses bien plus extraordinaires ou plus périlleuses.

    PROVERBE

    Autres temps, autres mœurs, les mœurs changent avec le temps.

REMARQUE

1. Après autre on met un ne explétif : il est autre qu'il ne paraît. Mais si la phrase est négative, on ne met pas ce ne : il n'est pas autre qu'il paraît.

2. Devant autre, tout s'accorde quand il signifie quelqu'un, quelconque : toute autre personne me le dirait que je ne le croirais pas. Il reste invariable quand il signifie tout à fait : depuis qu'elle est mariée, c'est une tout autre personne.

3. Faut-il dire : en voici bien d'un autre ou en voici bien d'une autre ? La seconde expression est préférable, parce que, dans ces sortes de phrases elliptiques, c'est le mot chose, aventure, qui est sous-entendu.

4. Lorsque l'un est précédé d'une préposition, la même préposition doit être répétée devant l'autre : je leur ai donné dix francs à l'un et à l'autre ; je suis content de l'un et de l'autre.

5. L'adjectif autre, employé avec un nom de nombre, doit toujours être placé après ce nom de nombre, contrairement à l'usage des méridionaux, qui disent les autres six, les autres vingt, au lieu de les six autres, les vingt autres.

6. Au lieu de que, on peut parfois mettre sinon après autre. Il n'a pas d'autre ressource, sinon une petite place.

7. Après à autre suivi d'un que, ne répétez pas la préposition à. Ne dites pas : on a offert cette place à un autre qu'à lui ; mais dites : à un autre que lui. Incorrection qui se trouve dans ce vers de MOL. Sgan. 16 : Et je le donnerais à bien d'autres qu'à moi ; et dans cette phrase de VOLT. Lettr. Mme du Deffant, 15 janv. 1760 : Ceux qui voudront de ces vieillards-là peuvent s'adresser à d'autres qu'à moi.

8. Pour l'accord du verbe avec l'un et l'autre, ni l'un ni l'autre, voy. UN.

HISTORIQUE

XIe s. Forfait [condamné] fust il u [au] duble de ce que altre fust forfait, L. de Guill. 2. Là où cist furent, des autres i ot bien. L'uns fut Basan et li altres Basile, Ch. de Rol. XI.

XIIe s. Et tant des autres que nus nel puet esmer, Ronc. p. 32. Sur toutes autres cremue [crainte] et redoutée, ib. p. 48. D'un chief en autre [de bout en bout] [il] lui a fraite [la targe] et croissie, ib. p. 58. La teste [il] i pert, n'i laissa autre gage, ib. p. 64. S'autre le dist, mensonge fust prouvée, ib. p. 84. D'heures en autres [il] va sa coupe [coulpe] battant, ib. p. 92. Et tuit li autre sont remès en estant, ib. p. 119. Et j'ai plus haute pensée Que tuit li autre ameor [amant], Couci, I. Toute beautez qui sur autre resplent Est mise en lui [elle], qu'il n'i a que mesprendre, ib. v. Quant l'uns à l'autre atalente, Pour quoy nous as despartis ? Dame de Faiel dans Couci. On ne connoit boin service, Tant qu'on ait autre esprouvé, Auboins de Sezanne, Romancero. p. 127. Bien i parut, l'autre jour, à Compiegne. Quand li beron ne purent droit avoir, Hues de la Ferté, ib. p. 184. Or à mari autre que vous [je] n'aurai, ib. p. 70. Je m'occirai, s'autres que Garin m'ait [m'a pour femme] ; Ou je ferai quanque amours m'aprendrait [apprendra] ; Se [je] n'ai Garin, l'uns ou l'autre aviendrait [aviendra], ib. p. 72. Et la guerre dura tante mainte saison ; Li uns rois après l'autre la reprist en son nom, Sax. III.

XIIIe s. Fu premiers li marchis de Montferrat, li quens Baudoins de Flandres fu li autres, li quens Loys de Blois fu li tiers, Villehardouin, LIII. D'autre part sist Pepins o la chevalerie, Berte, II. S'aidoient li uns l'autre contre les Arabis, ib. V. Et dist li uns l'autre, ib. IX. [Elle fait] Les uns après les autres belement departir, ib. XII. Fut Naymes chevaliers et maint autre avec lui, ib. CVIII. … Le cerf tant [il] parsuivi Que trestoutes ses gens un et autre il perdi, ib. CXXII. Dame, fis-ge, ne puet autre estre, la Rose, 6933.

XIVe s. Et nous disons que ami est aussi comme autre soy meisme, Oresme, Eth. 282.

XVe s. Et tant firent aucuns povres compagnons qui estoient plus subtils et aventureux les uns que les autres, Froissart, II, III, 35. L'amiral de la mer et ses gens trouverent [en Écosse] autre pays et autres gens que ils ne cuidoient, Froissart, II, II, 235. Les autres neuf [les neuf autres], Commines, IV, 10. Je seroye assez de l'oppinion de quelque autre que j'ay vu, Commines, V, 9. Un jour entre les autres, voyant que…, Louis XI, Nouv. LXXXIV.

XVIe s. Entre autres, y en avoit une, qui… et comme un malheureux souvent cherche l'autre, vint aborder cette pauvre damoiselle, Marguerite de Navarre, Nouv. XX. Il ne requeroit aultre grace que de…, Montaigne, I, 4. Il m'adveint l'aultre jour de…, Montaigne, I, 156. Aultre chose est un dogme serieusement digéré ; aultre chose ces impressions…, Montaigne, II, 147. Ses trenchées croissoient d'heure à aultre, Montaigne, IV, 321. Batailles tant renommées qui ont esté données deux mille ans a, et vivent encores aujourd'hui aussi fraiches en la memoire des livres et des hommes comme si c'eust esté l'autre hier qu'elles furent données en Grece, La Boétie, Servit. vol. Je t'assure que c'est Mercure sans aultre [et non un autre], Despériers, Cymbal. 78. C'est ce livre-là sans aultre, ib. p. 131. Un jour entre les autres, ayant observé que…, Amyot, Fab. 20. Il en publia, un jour après, autres deux cents et vingt [220 autres], Amyot, Sylla, 65. Il resolut d'essayer tous moyens de parvenir à ce qu'autre ne l'eust que luy [cette commission], Amyot, Lucul. 12. Il y veit une infinité de viandes, et entre autres huict sangliers, Amyot, Anton. 33. Numa dit qu'il en falloit faire fondre et forger autres unze, qui fussent de façon et de grandeur tous semblables à celuy là, Amyot, Numa, 23. Des autres quatre, nul n'est decedé de sa mort naturelle, Amyot, ib. 37. Les lois et coustumes des hommes sont differentes, et estiment les uns une chose honneste et les autres une autre, Amyot, Thém. 49. Quant à vous autres Grecs, on dit que vous estimez la liberté et l'egalité sur toutes autres choses, Amyot, ib. 4. Ceste bataille fut si asprement combatue de part et d'autre, Amyot, Fab. 6. Non qu'il [Luther] estime que Rome soit autre que incurable, Sleidan, f° 19. Si tu es de Dieu, parle ; si tu es de l'autre [du diable], va t'en, D'Aubigné, Faen. III, 24. Il fut porté par terre, et autres sept ou huict avecques luy, Du Bellay, M. 156.

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Étymologie de « autre »

Picard et bourguig. aute ; provenç. altre et autre ; espagn. otro ; portug. outro ; ital. altro ; de alter. Alter a le même radical que le sanscrit anyas, autre, qui a donné alius, et qui, prenant un suffixe comparatif, est devenu alter en latin et ander en allemand. D'après Palsgrave, p. 62, aultre se prononçait outre.

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Du latin alter (« autre, autrui, contraire ») via l’ancien français altre.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « autre »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
autre otr

Fréquence d'apparition du mot « autre » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « autre »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « autre »

  • C'est l'un des traits constants de toute mythologie petite-bourgeoise, que cette impuissance à imaginer l'Autre.
    Roland Barthes — Mythologies, Le Seuil
  • Avoir toujours été celle que je suis et être si différente de celle que j'étais !
    Samuel Beckett — Oh les beaux jours, Éditions de Minuit
  • De notre naissance à notre mort, nous sommes un cortège d'autres qui sont reliés par un fil ténu.
    Jean Cocteau — Poésie critique, Gallimard
  • Un ami est un autre nous-mêmes.
    Zénon de Kition
  • Le secret pour gagner : une action après l'autre, une balle après l'autre, un match après l'autre, une saison après l'autre.
    Luis Fernandez
  • Ce message s’affichera sur l’autre appareil.
    Le Monde.fr — « Les Lumières à l’âge du vivant », de Corine Pelluchon : la chronique « philosophie » de Roger-Pol Droit
  • Sache souffrir. Mais ne dis rien qui puisse troubler la souffrance des autres.
    Léon-Paul Fargue — Poèmes, Gallimard
  • L'important dans la vie ce n'est pas d'avoir de l'argent mais que les autres en aient.
    Sacha Guitry — Le Scandale de Monte-Carlo, I, Davegna , Stock
  • Homme ! Il est d'autres hommes.
    Robert Desnos — Fortunes, Gallimard
  • Pas besoin de gril, l'enfer, c'est les Autres.
    Jean-Paul Sartre — Huis clos, Gallimard
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Images d'illustration du mot « autre »

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Traductions du mot « autre »

Langue Traduction
Anglais other
Espagnol otro
Italien altro
Allemand andere
Chinois 其他
Arabe آخر
Portugais de outros
Russe другой
Japonais その他の
Basque beste
Corse altru
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Synonymes de « autre »

Source : synonymes de autre sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « autre »

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Nombre de points du mot autre au scrabble : 5 points

Autre

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