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Rideau

Variantes Singulier Pluriel
Masculin rideau rideaux

Définitions de « rideau »

Trésor de la Langue Française informatisé

RIDEAU, subst. masc.

A. − Pièce d'étoffe ou de matière synthétique pouvant former des plis, généralement mobile, placée devant une ouverture, pour faire écran à la lumière ou à la vue, ou pour cacher, préserver, décorer quelque chose. Une douce lumière, faiblement voilée par de légers rideaux de gaze, succéda à l'obscurité (Musset,Mouche, 1854, p. 293).Je ne suis bien qu'à l'office, et le soir, quand j'ai tiré le rideau de mon lit: tombeau de la cellule, et tombeau du lit (Montherl.,Port-Royal, 1954, p. 990).
SYNT. Amples, beaux, grands, longs, petits rideaux; rideau blanc, brodé, cramoisi, fermé, flottant, ouvert, rouge, soulevé, tiré, transparent, vert, violet; rideau de l'alcôve, de la chambre, de la fenêtre, de la porte; rideau de calicot, de coton, de cotonnade, de cretone, de damas, de dentelle, de lampas, de lin, de mousseline, de percale, de perse, de reps, de serge, de soie, de tulle, de velours; coins, fente, plis de rideaux; agiter, écarter, fermer, ouvrir, poser, rabattre, relever, soulever, tirer des rideaux.
Double(-)rideau*.
Rideaux bonne femme. Rideaux courts retenus par une embrasse. La paire de rideaux bonne femme (Catal. 3 Suisses, automne-hiver, 1989-90, p. 791).
P. anal. Rideau en bambou; rideaux de perles. D'épais rideaux de cuir fermaient, au besoin, ce premier compartiment et le défendaient contre la fraîcheur des nuits (Verne,Enf. cap. Grant, t. 2, 1868, p. 86).
Au fig. Tirer le rideau sur qqc. Cesser de s'occuper, de parler d'une affaire. On lui promettait − et Grange s'y engagea d'un signe de tête − de tirer le rideau sur ses torts. Mais qu'il racontât tout (Pourrat,Gaspard, 1922, p. 82).
B. − Spécialement
1. THÉÂTRE. Ample draperie (ou toile peinte représentant une draperie) escamotable qui sépare la scène de la salle. Baisser, lever le rideau; au lever du rideau; la chute du rideau; en lever de rideau; le rideau se baisse, descend; le rideau s'écarte, monte, se soulève. 3 février. − Le maître de Santiago. « Il n'y a de grandes aventures qu'intérieures. » Ce chef-d'œuvre étrange, écouté dans le plus profond silence par un public qui en a oublié d'applaudir, au baisser du rideau, pendant plusieurs secondes d'étonnement. J'ai été moi-même abasourdi (Green,Journal, 1948, p. 144).Quand le rideau tomba au milieu des applaudissements que traversèrent quelques coups de sifflet, il s'aperçut que ses mains étaient moites (Beauvoir,Mandarins, 1954, p. 362).
P. méton. Lever de rideau
Pièce, spectacle de début de programme. Ce qui ne m'avait pas empêché de soutenir à M. de Norpois que Jules Ferry, sans doute possible, écrivait des levers de rideau (Proust,J. filles en fleurs, 1918, p. 949).
Acteur, actrice, chanteur, chanteuse qui passe en début de programme (d'apr. Génin, Lang. planches, 1911, p. 46).
Rideau! [Cri de mécontentement des spectateurs devant un mauvais spectacle] Au fig., pop. C'est assez, cela suffit! Bon, intervint Corneille. Rideau! Laissons-le partir. Mettez-le sur son camion et que je ne le revoie plus ici (A. Aycard,La Route, 1964 [1956], p. 60 ds Cellard-Rey 1980).
Rideau de fond. Parties du décor qui constituent le fond de la scène (d'apr. Giteau 1970).
Rideau à l'italienne. Rideau qui s'ouvre en son milieu et qui remonte vers les portants (d'apr. Giteau 1970).
Rideau à la française. Rideau qui s'ouvre en son milieu et qui s'élève à la verticale (d'apr. Giteau 1970).
Loc. fig. Se tenir derrière le rideau. Être dans la coulisse prêt à intervenir. (Dict. xxes.). Le rideau est tombé. Une histoire, un événement, une période s'achève (Dict. xxes.).
2. P. anal. Rideau de fer
a) [Au théâtre] Rideau métallique de protection séparant la scène de la salle en cas d'incendie. Puis, le spectacle achevé (...), lorsque le dernier machiniste chargé de baisser le rideau de fer de la façade était venu prendre congé du « patron », (...), nous quittions à notre tour le théâtre (Martin du G.,Souv. autobiogr., 1955, p. lxix).
b) Rideau métallique de protection des devantures de magasins. Les rideaux de fer des deux magasins d'en bas qu'on lève (Butor,Passage Milan, 1954, p. 286).
c) Au fig. Isolement politique qui sépare les pays communistes des pays capitalistes, matérialisé par un mur, des barbelés, etc. La similitude de certaines pratiques qui ne saurait être avouée par les doctrinaires des deux camps ennemis, la communauté des ignorances en deçà et au-delà du rideau de fer et − d'autre part − l'accomplissement de fonctions économiques analogues au sein de deux ensembles très différents d'institutions (Perroux,Écon. XXes., 1964, p. 610).P. anal. Rideau de bambou. Isolement politique de la Chine communiste. (Dict. xxes.).
3. TECHNOL. Rideau de cheminée. Synon. tablier.
C. − P. anal.
1. Tout ce qui fait écran, obstacle à la vue, qui permet de se protéger des regards ou de se mettre à couvert. Rideau d'arbres, de brume, de feuillage, de la forêt, de lierre, de peupliers, de pluie, de verdure. Un rideau de flocons blancs ininterrompu miroitait sans cesse en descendant vers la terre (Maupass.,Contes et nouv., t. 2, Boule de suif, 1880, p. 119).Dans une lumière rougeâtre, de grands rideaux de fumée, et sur ce fond rose d'incendie, les silhouettes des spectateurs et la masse noire des ailes du Trocadéro (Green,Journal, 1946, p. 59).
Faire rideau (de) (pop.). Ne pas obtenir un avantage escompté. Elle se fout de toi (...). Y a que l'autobus qu'a pas passé d'ssus, et toi, tu fais rideau (Fallet,Banl. Sud-Est, 1947, p. 89).
2. Spécialement
ART MILIT. Rideau de troupes. Cordon de troupes placé au devant de l'ennemi pour masquer les manœuvres du gros des troupes:
La situation des Francs paraissait si désespérée que Saladin, négligeant leur misérable petite armée dont la reddition ne semblait plus qu'une question d'heures, décida, en laissant devant elle, vers Ascalon, de simples rideaux de troupes, de marcher droit sur la Judée, peut-être même jusqu'à Jérusalem vide de défenseurs. Grousset,Croisades, 1939, p. 215.
P. anal., SPORTS (rugby). Ligne de défense formée par les avants ou les trois-quarts. La dernière ligne [des avants] reste peu en mêlée, les trois hommes formant un rideau (L'Automobile, 5 mars 1908ds Petiot 1982).
GÉOGR. ,,Pente forte non cultivée séparant deux bandes de terre cultivées horizontales ou en pente moins forte`` (Cabanne Géogr. 1984).
MARINE
Rideau d'eau. ,,Dispositif de défense contre l'incendie (paquebots) consistant à répartir une nappe d'eau sur une cloison métallique transversale`` (Gruss 1952).
Rideau de fumée. ,,Fumée épaisse produite au moyen d'appareils spéciaux, pour se dissimuler ou masquer une escadre aux yeux de l'ennemi`` (Gruss 1952). Avec son blocus, ses raids lointains (...), ses engins qui plongent, avions et sous-marins, ses écouteurs, ses détecteurs, ses rideaux de fumée noire que l'on tend à la surface de la mer (...), la guerre actuelle tient de la magie des Mille et une Nuits (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p. 292).P. métaph. Le destin lève son rideau de fumée pour la répétition générale de la prochaine guerre (Malraux,Espoir, 1937, p. 755).
Rideau de carène. ,,Toiles pendantes protégeant les flancs d'un navire contre la chaleur solaire`` (Gruss 1952).
PONTS ET CH. ,,Talus élevé au-dessus d'une route, d'un canal, etc.`` (Chesn. t. 2 1858). ,,Mur pour soutenir le pied d'un talus, d'une berge`` (Chesn. t. 2 1858). ,,Ensemble des chaînes, tringles et barres de fer qui soutiennent le plancher d'un pont suspendu`` (Chesn. t. 2 1858).
Prononc. et Orth.: [ʀido]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1436 ridel « pièce d'étoffe (généralement plissée) tendue pour cacher, abriter quelque chose » (B. du comité Trav. hist., 1919, p. 192); cf. aussi ridellos, en 1347, dans un texte de moy. lat. d'Angleterre, v. Gay; 2. a) 1538 théâtre rideau (Est. d'apr. FEW t. 16, p. 705a); b) av. 1616 tirer le rideau sur qqc. (A. d'Aubigné, Tragiques, livre I ds Œuvres, éd. E. Réaume et de Caussade, t. 4, p. 46); 3. a) α) 1755 « palissade de charmille » (D'Aviler, Dict. d'arch. d'apr. FEW t. 16, p. 705b); β) 1780 rideau de palétuviers (Raynal, Hist. philos., éd. J.-L. Pellet, t. 6, p. 391); b) 1798 (Ac.: on dit figurément d'une allée d'arbres ou d'une suite de maisons qui arrête la vue, et cache les objets plus éloignés, qu'elle forme rideau); 4. 1870-71 « tablier de cheminée » (Littré); 5. rideau de fer a) 1893 théâtre (Moynet, Machinerie théâtr., p. 40); b) 1900 « fermeture métallique de la devanture d'un magasin » (Colette, Cl. école, p. 187); c) 1945 pol. (L'Aurore, 20 oct. ds Quem. DDL t. 18). Dér. de rider* A; suff. -eau*. Au sens 5 c, calque de l'angl. iron-curtain (déjà att. en 1920, mais rendu célèbre par Churchill en 1946, v. NED Suppl.2). Fréq. abs. littér.: 4 064. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 692, b) 7 771; xxes.: a) 6 827, b) 5 862. Bbg. Archit. 1972, p. 121, 154. − Quem. DDL t. 18, 25 (s.v. rideau de fumée; rideau-réclame), 33 (s.v. rideau(-)vitrail). − Walt. 1885, p. 75.

Wiktionnaire

Nom commun - français

rideau \ʁi.do\ masculin

  1. Pièce d’étoffe, qu’on emploie pour cacher, couvrir, entourer quelque chose.
    • Par un entrebâillement de rideaux, un rayon de soleil planta dans la pièce sa lance d’or, et son éclat, […], sembla transformer la chambre du poêle du père Jourgeot. — (Louis Pergaud, La Vengeance du père Jourgeot, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Par la fenêtre entr’ouverte, l’air entrait, gonflant comme une voile les rideaux de mousseline, et j’apercevais un pan de ciel bleu, […]. — (Octave Mirbeau, La Chambre close, Ernest Flammarion, Paris, 1920)
    • Cette pièce était meublée d’un petit lit de fer, muni de rideaux en calicot blanc, avec embrasses de cretonne rouge ; […]. — (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915)
    • Une seule boutique restait fermée. On avait enlevé simplement le volet de la porte et écarté à l'intérieur le rideau de satinette rose. — (Francis Carco, Brumes, Éditions Albin Michel, Paris, 1935, page 158)
    • […] ; j’ai un faible pour la délicatesse ! La preuve ? Vous ne me verrez jamais me moucher dans les rideaux de votre salon […]. — (Frédéric Dard, San Antonio : Du mouron à se faire, Fleuve noir, 1955)
    • La salle des fêtes était habillée pour une grande cérémonie, de somptueux rideaux blancs et pourpres qui tombaient du haut plafond jusqu'au bas des portes et des fenêtres. — (Maboa Bebe, Ewande Amours, peurs, espoir, L’Harmattan Cameroun, 2014, page 7)
  2. (Spécialement) (Théâtre) Grande toile qu’on lève ou qu’on baisse pour montrer ou pour cacher la scène d’un théâtre aux spectateurs.
    • Un rideau de velours grenat s’abaissait lentement, cependant que s’atténuait la lumière et que bruissaient les derniers chuchotements. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 82)
    • Pareil à une bête tapie dans les hauteurs, le lourd rideau s’abattait, puis remontait au cintre, tandis que les duettistes venaient saluer. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • Ces légers événements s’évanouissent comme des scènes de comédie sur lesquelles le rideau tombe. — (Henri Barbusse, L’Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908)
  3. (Par extension) Ligne d’arbres, d’arbrisseaux plantés en haie ou en palissade, pour produire de l’ombre ou pour rompre la violence du vent.
    • Car l’endroit rappelle, par son rideau de peupliers surtout, la partie de la propriété d’Ermenonville où les restes mortels de Jean-Jacques Rousseau avaient été déposés par les soins du comte de Girardin.— (C. A. Lefebvre, Mémoires de la Société d’émulation de Cambrai : agriculture, sciences et arts, 1859, page 75)
    • Grande Terrasse s’adosse en arrière au Parc, puis à la Forêt de Saint-Germain, appuyée à un imposant rideau de tilleuls, qui ont été plantés en 1745.— (Paul Gruyer, Saint-Germain, Poissy, Maisons, Marly-le-Roi, 1922, page 102)
  4. Ce qui borne la vue, ce qui sert à cacher, à couvrir.
    • Un rideau de collines.
    • Un rideau de nuages.
    • Pour couvrir sa retraite, il laissa devant l’ennemi un rideau de troupes.
    • C’est par ces rues montantes, grouillantes de peuple, qui s’en vont vers les hauteurs de Belleville et de Ménilmontant, qu’on verra la marchande pousser à grand’peine sa charretée de petits pots de fleurs : résédas, géraniums, rosiers nains, qui font une forêt en miniature, et, aux jolis matins de mai, capucines, liserons, cobéas, qui encadreront les fenêtres des hautes maisons à l’aspect sordide, où le grand luxe est de suspendre une petite boule argentée entre deux rideaux de plantes grimpantes. — (Henry Gréville, Les Petites Marchandes des rues dans Les Types de Paris, E. Plon, Nourrit et Cie (Paris), 1889)
  5. (Sports hippiques) Dans une course hippique, rang d’un cheval dans un wagon.
    • Attentiste sur un troisième rideau, dans le wagon de la deuxième épaisseur, avec Davidson du Pont (2), le Sulky d’Or s’est montré patient. — (Johan Gérard, Prix de Croix (Gr. II) : Examen réussi pour Davidson du Pont, Paris-Turf, 14/01/2018)
  6. (Figuré) (Par analogie) Fin de quelque chose.
    • Un peu vétuste, elle souffre de la concurrence du tout jeune métro, et des lignes de tramway. En juillet 1934, rideau : la ligne est arrêtée, du moins pour les trains de voyageurs. — (Denis Cosnard, A Paris, La Flèche d’or au cœur d’une bataille très politique, Le Monde. Mis en ligne le 23 décembre 2019)
    • Stromae revient après un long silence, puisque « Racine carrée », l’album de tous ses succès, remonte à 2013. L’enchaînement de tubes était impressionnant, le disque n’en finissait pas de se vendre, le chanteur belge n’en finissait pas de tourner. Jusqu’au burn-out. Rideau. Oubli.— (Sophie Delassein et Arnaud Gonzague, Pourquoi la prestation de Stromae sur TF1 était franchement embarrassante, L’Obs, 10 janvier 2022)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

RIDEAU. n. m.
Pièce d'étoffe, qu'on emploie pour cacher, couvrir, entourer quelque chose. Rideau de taffetas. Rideau de damas, de toile. Rideau de lit. Rideau de fenêtre. Rideau de vitrage. Une paire de rideaux. On a mis un rideau devant ce tableau. Les rideaux d'une bibliothèque. Ouvrir les rideaux. Relever les rideaux. Un anneau de rideau. Tirer le rideau, Fermer un rideau, cacher quelque chose avec un rideau. Tirer le rideau sur un tableau. Tirez le rideau, je veux dormir. Il signifie également Ouvrir le rideau de devant quelque chose. Tirez le rideau de devant ce tableau. Tirez les rideaux de mon lit. Fig., Tirer le rideau sur une chose, Ne plus parler, ne plus s'occuper l'esprit de quelque chose de fâcheux, de désagréable. C'est une chose sur laquelle il faut tirer le rideau. Tirons le rideau sur cette aventure. Fig., Il se tient derrière le rideau se dit d'un Homme qui a soin de ne pas se laisser apercevoir dans une affaire qu'il conduit.

RIDEAU se dit spécialement de l'Étoffe, de la grande toile qu'on lève ou qu'on baisse pour montrer ou pour cacher la scène aux spectateurs. Lever, baisser le rideau. Au lever du rideau. Lever de rideau, Petite pièce que l'on joue avant la pièce principale. Cette comédie n'est qu'un lever de rideau. Prov. et fig., Tirez le rideau, la farce est jouée, C'en est fait; tout est fini. Par extension, Rideau de fer, Cloison métallique destinée à isoler la scène d'un théâtre en cas d'incendie. Il se dit aussi d'un Dispositif métallique qui sert à protéger les devantures de magasins.

RIDEAU se dit aussi figurément des Arbres, de arbrisseaux plantés en haie ou en palissade, pour produire de l'ombre ou pour rompre la violence du vent. Un rideau de peupliers abrite cette propriété. Il se dit encore de Tout ce qui borne la vue, de tout ce qui sert à cacher, à couvrir. Un rideau de collines. Un rideau de nuages. Pour couvrir sa retraite, il laissa devant l'ennemi un rideau de troupes.

Littré (1872-1877)

RIDEAU (ri-dô) s. m.
  • 1 Terme de guerre. Petite élévation de terre derrière laquelle on peut se cacher (par une dérivation du sens original, qui est froncement, repli). Vauban espère de pouvoir dérober le travail, la moitié de la nuit, à la faveur d'un rideau qui s'y rencontre, Pellisson, Lett. hist. t. III, p. 158.
  • 2 Terme de ponts et chaussées. Talus élevé au-dessus d'une roue, d'un canal, etc.

    Mur pour soutenir le pied d'un talus, d'une berge.

  • 3Morceaux d'étoffe auquel sont attachés des anneaux coulant sur une tringle, et qu'on tire pour couvrir, cacher ou conserver quelque chose. Rideaux de lit, de fenêtre, de carrosse. Tu fermais les rideaux et veillais à l'entour, Tristan, Marianne, III, 6. …un de ces tableaux Sur lesquels on met des rideaux, La Fontaine, Tabl. Quatre rideaux pompeux, par un double contour, En défendent l'entrée [d'une alcôve] à la clarté du jour, Boileau, Lutr. I. Brinon, mon ami, lui dis-je avec un grand soupir, fermez le rideau [du lit], je suis indigne de voir le jour, Hamilton, Gramm. III. Une épouse impatiente qui compte, sous ses rideaux, tous les coups de la cloche baptismale, Chateaubriand, Génie, I, I, 6.

    Fig. Fraîche comme on nous peint l'aurore Du jour entr'ouvrant les rideaux, Béranger, Maudit print.

    Tirer le rideau, le fermer, cacher quelque chose avec un rideau. Tirez le rideau, je veux dormir. Tirer le rideau sur un tableau.

    Fig. Tirer le rideau sur, passer sous silence, ne plus s'occuper l'esprit de. Sur les noires couleurs d'un si triste tableau Il faut passer l'éponge ou tirer le rideau, Corneille, Rod. II, 3. Je tire le rideau sur vos torts ; ils sont grands, mais il les faut oublier, Sévigné, à Bussy, 13 nov. 1687. Dans les éloges qu'on entreprend de la plupart des hommes extraordinaires, on est obligé de tirer le rideau sur les premières années de leur vie ; on laisse dans un sage oubli un temps où ils se sont oubliés eux-mêmes, Massillon, Or. fun. Villeroy.

    Tirer le rideau signifie aussi, en un sens contraire, l'ouvrir de devant quelque chose. Tirez le rideau, que je me lève. Tirer le rideau de devant un tableau.

    Fig. Tirer le rideau, écarter de devant les regards de l'esprit ce qui les intercepte. Redressez donc votre imagination, ma chère comtesse, et tirez les rideaux qui vous empêchent de me voir, Sévigné, 7 févr. 1685. Elle [Madame de Coligny] se repent, elle ouvre les yeux, ce n'est plus la même personne, voilà le rideau tiré, Sévigné, 23 janv. 1682. Mais, madame, vous êtes si bien disposée à entrer dans tout ce que je veux vous dire que je crois que je n'ai qu'à tirer le rideau et à vous montrer le monde, Fontenelle, les Mondes, 1er soir.

    Fig. Se tenir derrière le rideau, conduire une affaire sans se mettre en avant, sans se faire connaître.

    On dit dans un sens analogue : il y a quelqu'un derrière le rideau.

  • 4Il se dit de tout ce qui est disposé comme un rideau de lit ou de croisée. Le fond [à l'opéra] est un grand rideau peint grossièrement, et presque toujours percé ou déchiré, ce qui représente des gouffres dans la terre ou des trous dans le ciel, selon la perspective ; chaque personne qui passe derrière le théâtre et touche le rideau, produit, en l'ébranlant, une sorte de tremblement de terre assez plaisant à voir, Rousseau, Hél. II, 23.

    Fig. Tirez le rideau, la farce est jouée, tout est fini.

    Fig. Passer derrière le rideau, se retirer derrière le rideau, cesser d'être en évidence, ne plus s'occuper de. Il me paraît que vous êtes si contente de la fortune de vos frères, que vous ne comptez plus sur la vôtre, vous vous retirez derrière le rideau, Sévigné, 413. Ne voulez-vous pas bien me permettre présentement de passer derrière le rideau, et de vous faire venir sur le théâtre ? Sévigné, t. VII, p. 122, éd. RÉGNIER.

  • 5Toile d'un théâtre qu'on lève pour montrer le spectacle aux spectateurs, et qu'on baisse pour leur cacher la scène. La pièce fut sifflée, et le rideau tomba avant la fin.

    Fig. Ici finit l'histoire [d'une querelle de Boileau avec un jésuite], le rideau tombe ; Corbinelli me promet le reste, Sévigné, 15 janv. 1690.

  • 6Haie ou palissade d'arbres ou d'arbrisseaux, produisant de l'ombre, ou rompant la violence du vent ou de l'eau. Partout se présente sur le rivage un rideau de palétuviers, alternativement détruit et renouvelé par la vase et par le sable, Raynal, Hist. phil. XII, 21. Comme je n'aime pas les curieux, je fais planter devant leurs croisées un double rideau de peupliers, Al. Duval, Maison à vendre, sc. 15.

    Cette allée d'arbres, cette suite de maisons forme rideau, elle arrête la vue et cache les objets plus éloignés.

  • 7 Fig. Il se dit de tout ce qui borne la vue. Je ne veux point que vous disiez que j'étais un rideau qui vous cachait ; tant pis si je vous cachais, vous êtes encore plus aimable quand on a tiré le rideau : il faut que vous soyez à découvert pour être dans votre perfection, Sévigné, 16. Tertullien a dit : Le temps est comme un grand voile et un grand rideau qui est étendu devant l'éternité et qui nous la couvre, Bossuet, 4e sermon, 1er dim. car. 3. Le rideau de la nuit s'élève et se replie, Bernis, Relig. veng. III. La vue d'un beau visage ou d'un beau tableau affecte plus que celle d'une seule couleur ; un ciel étoilé, qu'un rideau d'azur, Diderot, Rech. philos. sur le beau, Œuv. t. II, p. 464, dans POUGENS. La lune paraissait au milieu du firmament entourée d'un rideau de nuages que ses rayons dissipaient par degrés, Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie. Ce ciel qui devant moi si tristement s'ennuie, Dont le rideau jamais n'entrouvre un coin d'azur, P. Lebrun, Poés. t. II, 22.
  • 8 Terme de ponts et chaussées. Ensemble des chaînes, tringles et barres de fer, qui soutiennent le plancher d'un pont suspendu.
  • 9 Terme de fumiste. Assemblage de trois ou quatre lames de tôle qui ouvrent ou ferment à volonté le devant d'une cheminée.

HISTORIQUE

XVe s. Demi journel de terre… tenant d'une part au ridel ou hollon [petite colline], Du Cange, hoga. Rideau de taffetas roge tout d'une piece, Bibl. des ch. 6e série, t. I, p. 352.

XVIe s. Vous allez montant de rideaux en rideaux aisez à escarper jusques aux maisons de la ville, D'Aubigné, Hist. I, 298. …Ville n'aiant point de rampars, commandée tout de son long de divers rideaux de terre, D'Aubigné, ib. I, 311. Serillac encores fut arresté par les harquebusiers de Boisseau et Poupeliniere, qui avoient fourni un rideau à 150 pas du village, et lesquels encores qu'ils ne fussent que 80…, D'Aubigné, ib. II, 277.

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Étymologie de « rideau »

Rider 1. Le sens propre est froncement, petite ride.

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(Siècle à préciser) On le dit du vieux haut allemand rîden (« tordre »), dérivé signifiant « tenture plissée ». Voir ride et rider. Il faut néanmoins remarquer que plusieurs philologues français soutiennent plutôt l’arabe رداء, rida (« manteau », « couverture ») [1][2][3]. Par ailleurs, tout en indiquant cette étymologie, Antoine Paulin Pihan suggère un autre mot arabe ردحة, roud'hat (« pièce ajoutée à la partie postérieure d’une tente pour l’agrandir »)[3].
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Phonétique du mot « rideau »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
rideau rido

Fréquence d'apparition du mot « rideau » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « rideau »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « rideau »

  • Si un décorateur vous propose des rideaux vert empire, exigez les mêmes en mieux.
    Marc Escayrol — Mots et grumots
  • Je n’ai pas aimé la pièce mais je l’ai vue dans de mauvaises conditions : le rideau était levé et, de plus, les acteurs articulaient parfaitement.
    Groucho Marx
  • Clap de fin pour les magasins la Halle de Furiani et Sarrola-Carcopino. La crise sanitaire a porté le coup fatal aux enseignes déjà fragilisées sur le plan économique. Hier, au sud de Bastia, le parking est quasi désert. Le rideau à demi baissé. À l'intérieur, des intérimaires slaloment dans les rayons vides et les piles de cartons prêts pour la réexpédition. À l'entrée, Nathalie Dony, la responsable du magasin, assiste avec déchirement au ballet des chariots. « Ce soir, tous les stocks doivent être prêts à repartir. Il ne doit plus rien rester. C'est fini pour nous ».
    Corse Matin — Les deux plus grands « la Halle » de Corse tirent le rideau | Corse Matin
  • Quand une pièce fait une chute, c’est le rideau qui ne se relève pas.
    André Birabeau
  • Quand un homme accomplit une bonne besogne, tout à fait hors de proportion avec son salaire, c'est sept fois sur neuf, qu'il y a une femme derrière le rideau de sa vertu.
    Rudyard Kipling — Simples contes des collines
  • La jeune génération n'est ni plus ni moins libre ou amorale que les générations qui l'on précédée. Seulement, elle néglige, elle, de tirer les rideaux.
    Edwige Feuillère
  • Voilà. Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone. Antigone, c’est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l’heure, qu’elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu’elle va mourir, qu’elle est jeune et qu’elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout… Et, depuis que ce rideau s’est levé, elle sent qu’elle s’éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la regarder, de nous qui n’avons pas à mourir ce soir.Le jeune homme avec qui parle la blonde, la belle, l’heureuse Ismène, c’est Hémon, le fils de Créon. Il est le fiancé d’Antigone. Tout le portait vers Ismène : son goût de la danse et des jeux, son goût du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi, car Ismène est bien plus belle qu’Antigone ; et puis un soir, un soir de bal où il n’avait dansé qu’avec Ismène, un soir où Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouver Antigone qui rêvait dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux, et il lui a demandé d’être sa femme. Personne n’a jamais compris pourquoi. Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur lui et elle lui a dit « oui » avec un petit sourire triste… L’orchestre attaquait une nouvelle danse, Ismène riait aux éclats, là-bas, au milieu des autres garçons, et voilà, maintenant, lui, il allait être le mari d’Antigone. Il ne savait pas qu’il ne devait jamais exister de mari d’Antigone sur cette terre et que ce titre princier lui donnait seulement le droit de mourir.Cet homme robuste, aux cheveux blancs, qui médite là, près de son page, c’est Créon. C’est le roi. Il a des rides, il est fatigué. Il joue au jeu difficile de conduire les hommes. Avant, du temps d’Œdipe, quand il n’était que le premier personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures, les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes. Mais Œdipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches, et il a pris leur place.Quelquefois, le soir, il est fatigué, et il se demande s’il n’est pas vain de conduire les hommes. Si cela n’est pas un office sordide qu’on doit laisser à d’autres, plus frustes… Et puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu’il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil de sa journée.La vieille dame qui tricote, à côté de la nourrice qui a élevé les deux petites, c’est Eurydice, la femme de Créon. Elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu’à ce que son tour vienne de se lever et de mourir. Elle est bonne, digne, aimante. Elle ne lui est d’aucun secours. Créon est seul. Seul avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lui.Ce garçon pâle, là-bas, au fond, qui rêve adossé au mur, solitaire, c’est le Messager. C’est lui qui viendra annoncer la mort d’Hémon tout à l’heure. C’est pour cela qu’il n’a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il sait déjà…Enfin les trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes, leurs chapeaux sur la nuque, ce sont les gardes. Ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde, mais ils vous empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout à l’heure. Ils sentent l’ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et toujours satisfaits d’eux-mêmes, de la justice. Pour le moment, jusqu’à ce qu’un nouveau chef de Thèbes dûment mandaté leur ordonne de l’arrêter à son tour, ce sont les auxiliaires de la justice de Créon.Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous jouer leur histoire. Elle commence au moment où les deux fils d’Œdipe, Étéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de rôle, se sont battus et entre-tués sous les murs de la ville, Étéocle l’aîné, au terme de la première année de pouvoir, ayant refusé de céder la place à son frère. Sept grands princes étrangers que Polynice avait gagnés à sa cause ont été défaits devant les sept portes de Thèbes. Maintenant la ville est sauvée, les deux frères ennemis sont morts et Créon, le roi, a ordonné qu’à Étéocle, le bon frère, il serait fait d’imposantes funérailles, mais que Polynice, le vaurien, le révolté, le voyou, serait laissé sans pleurs et sans sépulture, la proie des corbeaux et des chacals… Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort.Pendant que le Prologue parlait, les personnages sont sortis un à un. Le Prologue disparaît aussi. L’éclairage s’est modifié sur la scène. C’est maintenant une aube grise et livide dans une maison qui dort. Antigone entr’ouvre la porte et rentre de l’extérieur sur la pointe de ses pieds nus, ses souliers à la main. Elle reste un instant immobile à écouter. La nourrice surgit.
    Jean Anouilh —  Antigone
  • Fermer les yeux... c’est une manière comme une autre de tirer les rideaux.
    Henri Jeanson — La Vie en rose
  • La mort, comme un terrier, comme une chambre aux rideaux fermés, comme la solitude, est à la fois horrible et tentante : on sent qu’on pourrait y être bien.
    Amélie Nothomb — Métaphysique des tubes
  • Les Anglais n'ont qu'une idée : paraître. Ils blanchissent les marches de leur perron, badigeonnent la façade de leur cottage, lavent leurs vitres, mettent des rideaux brodés à leurs fenêtres et ont des draps sales.
    Victor Hugo
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Traductions du mot « rideau »

Langue Traduction
Anglais curtain
Espagnol cortina
Italien tenda
Allemand vorhang
Chinois 窗帘
Arabe ستارة
Portugais cortina
Russe штора
Japonais カーテン
Basque gortina
Corse cortina
Source : Google Translate API

Synonymes de « rideau »

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Antonymes de « rideau »

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Rideau

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