La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « vie »

Vie

Variantes Singulier Pluriel
Féminin vie vies

Définitions de « vie »

Trésor de la Langue Française informatisé

VIE, subst. fém.

I.
A. −
1. Fait de vivre; ensemble des phénomènes et des fonctions essentielles se manifestant de la naissance à la mort et caractérisant les êtres vivants. Synon. existence:
1. Et la vie continue. Et la vie recommence. Et la vie entraîne tout. Je voudrais savoir qui je suis?... Perdu en mer, je me demandais souvent: Et si je mets la mer en bouteille, continue-t-elle à être la mer ou n'est-ce qu'une bouteille d'eau sale et salée? Mettez la vie en cercueil, est-ce la mort? Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 204.
Loc. à valeur adj. En vie. Vivant, vivante. Être en vie, encore en vie. Dans une halte sibérienne un écrivain fait les cent pas en attendant le train. Pas une masure à l'horizon, pas une âme en vie (Sartre, Mots, 1964, p. 159).
Locutions
Avoir la vie chevillée au corps; avoir la vie dure. Résister à tout. J'ai servi pendant une année sir Williams et ses combinaisons. Ses combinaisons ont échoué; j'y ai gagné un coup de poignard et un coup d'épée, et si j'en suis revenu c'est que probablement j'ai la vie chevillée au corps (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 555).V. la lettre s A 2 a ex. de Hamp.
Être, demeurer, rester sans vie. Être mort. [La Convention] supplicie ceux qui sont sans vie. Le comte a été traîné sans connaissance à l'échafaud, et avait cessé de vivre avant que la hache l'ait atteint (Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p. 1850).P. exagér. Être évanoui, sans connaissance. (Dict. xxes.).
Devoir la vie à qqn. Être né de quelqu'un; en partic., être sauvé par quelqu'un. Quand il a eu sa grande blessure, c'est son amie qui l'a soigné et sauvé. Il est hors de doute que c'est à elle qu'il doit la vie (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 451).
Donner la vie à qqn. Engendrer, donner naissance à quelqu'un. César: (...) Et toi, qu'est-ce que tu as donné? Marius: La vie. César: Oui, la vie. Les chiens aussi donnent la vie... Les taureaux aussi donnent la vie à leurs petits. Et d'ailleurs cet enfant, tu ne le voulais pas. Ce que tu voulais, c'était ton plaisir (Pagnol, Fanny, 1932, iii, 10, p. 205).
Donner, laisser la vie à qqn; accorder la vie sauve à qqn. Ne pas tuer quelqu'un, ne pas punir de mort. Ils demandaient pardon. Pardon dans l'honneur, bien entendu, tout est perdu fors l'honneur, prenez tout dans l'honneur: voilà mon cul, bottez-le dans l'honneur, je vous lécherai le vôtre si vous me laissez la vie (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 81).En partic. Ne pas appliquer la peine de mort. La garnison, épuisée par un siège de cinq mois, ne tarda pas à se rendre. On accorda la vie sauve aux hommes d'armes, hormis ceux (...) soupçonnés d'être complices de la mort du duc de Bourgogne (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1824, p. 320).
Donner sa vie pour qqn, pour qqc. Être prêt à mourir pour aider, sauver quelqu'un, pour défendre une idée. C'est encore beau de donner sa vie pour un être humain, et de conserver ainsi l'espérance que tous les hommes ne sont pas méchants (Lautréam., Chants Maldoror, 1869, p. 167).Je donne ma vie pour que Fonteneilles revive. J'accepte ma mort (R. Bazin, Blé, 1907, p. 228).
(Ne pas) donner signe de vie; (ne pas) avoir signe de vie (de qqn). (Ne pas) donner des nouvelles; (ne pas) avoir des nouvelles de quelqu'un. Cher ami, tu dois être marié, tu es peut-être en route? J'aurais voulu te donner quelque signe de vie à cette occasion mais je ne sais plus où j'en suis. Je suis tout dissipé. Manœuvres, départ, tant de villes traversées m'ahurissent (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1895, p. 248).Que j'aie de temps à autre un signe de vie, la preuve que tu existes et que tu as pensé à moi! (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1371).
Perdre la vie. Mourir. Tous les malheurs nous assaillent à la fois (...) ou le Corfiote est mourant, ou le jeune Spiro, sur qui je comptais, a perdu la vie (About, Roi mont., 1857, p. 223).
Rappeler qqn à la vie. Employer des moyens qui permettent à quelqu'un de recouvrer ses sens. Des sels violents, de l'eau fraîche, tous les moyens ordinaires prodigués rappelèrent la baronne à la vie, ou, si l'on veut, au sentiment de ses douleurs (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 348).
Rendre la vie à qqn; redonner la vie à qqn. Ranimer quelqu'un, rassurer quelqu'un, sortir quelqu'un d'un état physique ou psychique pouvant entraîner la mort; redonner des raisons d'espérer, de vivre. Le prêtre, en lui rendant ce fauteuil, ambition de vingt ans, lui avait rendu la vie (Martin du G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 737).
Revenir à la vie. Retrouver ses sens, reprendre conscience, connaissance. (Dict. xxes.).
À la vie à la mort. Pour toujours. Nous ne sommes plus que deux, mais nous sommes de bons garçons. Voyons, veux-tu de moi pour ami, à la vie à la mort? Le Dancaïre me tendit la main (Mérimée, Carmen, 1845, p. 63).Il n'y a qu'une solution (...) leur écrire où nous sommes, poser nos conditions, déclarer que nous voulons rester amis et être libres, parce que c'est entre nous à la vie à la mort! (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 633).
À vie. Jusqu'à la mort. Pension à vie; être condamné à une peine à vie; être nommé à vie; propriétaire à vie; acheter à vie. D'ailleurs il est évident que ces trois actes de la politique de Bonaparte, la paix, le concordat, le consulat à vie, sont les trois aspects d'une même pensée, d'une volonté toute personnelle (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 2).
Duel à la vie à la mort. Au dernier vivant. Ceux que des circonstances particulières ont amenés à soutenir sur ce terrain un duel à la vie à la mort, ont des raisons pour n'être pas si commodes (Renan, Avenir sc., 1890, p. 485).
Question de vie ou de mort; il y va de la vie de qqn. Question, situation qui risque d'entraîner, de causer la mort de quelqu'un. Voici la liste des cheminots visés, il faut qu'ils filent immédiatement, sans prendre le temps de ramasser leurs affaires, d'embrasser leur femme, ça peut être une question de minutes, et ça peut être une question de vie ou de mort... (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 44).
(Être) (suspendu) entre la vie et la mort. (Être) en danger de mort immédiate, dans un état de santé critique. Il ne fut plus question [dans les articles de revues et de journaux] désormais, et pendant huit jours environ, que de la comtesse Tonska, suspendue (...) entre la vie et la mort. Enfin, l'énergique sollicitude de ses amis l'emporta (Gobineau, Pléiades, 1874, p. 180).
N'avoir qu'un filet, un souffle de vie. Être très affaibli, proche de la mort. Je te contais ce matin que je n'avais plus qu'un souffle de vie, je mentais. J'ai une santé de fer (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 298).Moi, je me suis éteinte. Quand je pense, hélas! à mon ardeur d'autrefois (...) c'était le bon temps alors, j'étais bien malheureuse! À présent, je n'ai plus assez de force pour l'être. Je n'ai qu'un filet de vie (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1459).
Vie qui ne tient qu'à un fil. [En parlant de qqn] Vie extrêmement faible, près de la mort, dans une situation qui présente un danger mortel. Le pauvre François regardait la rivière en s'approchant si près qu'on voyait bien que sa vie ne tenait qu'à un fil, et qu'il n'eût fallu qu'un mot de refus pour le faire noyer (Sand, Fr. le Champi, Paris, Garnier, 1981 [1848], p. 246).
Sur la vie; sur ma vie. [Pour marquer l'importance qui est portée à ce qui est recommandé] Rafaele: Il est libre?... Albe: Oui! Rafaele: Tu me le jures? Albe: Sur ta vie!... (Sardou, Patrie!1869, 4, 6etabl., iv, p. 146).
Mort de ma vie! au nom de ma vie! (vieilli). [Pour marquer l'importance, de ce qui vient d'être énoncé] Mon père, au nom de tous les Saints et de la Vierge, au nom du Christ, qui est mort sur la croix; au nom de votre salut éternel, mon père, au nom de ma vie, ne touchez pas à ceci! Cette toilette n'est ni à vous ni à moi (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 214).Mort de ma vie! C'est la première fois qu'une femme ose porter la main sur moi... (Feydeau, Dame Maxim's, 1914, 2, xiv, p. 55).
La bourse ou la vie. [P. allus. à l'injonction du voleur qui assaille un passant] Je verrais un mouvement populaire du plus odieux caractère, une vraie jacquerie, l'égoïsme disant à l'égoïsme: La bourse ou la vie, que je m'écrierais: Vive l'humanité! Voilà de belles choses qui se fondent pour l'avenir (Renan, Avenir sc., 1890, p. 457).
DROIT
Assurance vie, assurance sur la vie. Contrat d'assurance qui prévoit, moyennant le paiement d'une prime par l'assuré, le paiement d'une somme aux ayants droits après le décès de l'assuré. (Dict. xxes.).
Certificat de vie. Certificat établi par un notaire, par le service compétent d'une mairie attestant qu'une personne est toujours vivante. Chacun sait que les semestres des pensions ne sont acquittés que par la présentation d'un certificat de vie, et, comme on ignorait la demeure du baron Hulot, les semestres frappés d'opposition au profit de Vauvinet restaient accumulés au Trésor (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 390).
Proverbes
Petit poisson deviendra grand pourvu que Dieu lui prête vie. V. poisson1A 5 a.[P. allus. au proverbe rendu célèbre par La Fontaine, Fables, V, 3] Je dois prévenir messieurs les souscripteurs (...) qu'ils recevront gratis, avec la gravure, une explication en vaudevilles, que j'aurai l'honneur de leur chanter au dessert, si Dieu me prête vie jusque là; car on m'a prédit que je mourrais avant la fin d'un dîner (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 230).
Tant qu'il y a de la vie il y a de l'espoir. Quelles que soient les circonstances, il faut toujours espérer. On s'attend d'un moment à l'autre à ce que M. le marquis ne passe.Ah! il est vivant, s'écria le duc avec un soupir de soulagement. (...). Tant qu'il y a de la vie il y a de l'espoir, nous dit le duc d'un air joyeux (Proust, Guermantes 2, 1921, p. 588).
SYNT. Vie des bêtes; vie humaine; avoir, tenir la vie de qqn entre ses mains; promettre la vie sauve à qqn; mettre sa vie en danger, en péril, en jeu; risquer sa vie; coûter la vie à qqn; quitter la vie; sauver la vie à qqn; craindre pour la vie de qqn; être fatigué de la vie; jouer sa vie; payer de sa vie; être las de la vie; tenir à la vie; droit de vie et de mort; lutte pour la vie; avoir droit de vie et de mort sur qqn; consacrer, passer sa vie à.
Passer de vie à trépas*.
2. P. anal.
a) Qui donne l'impression de vivre; qui donne par son animation, sa vivacité, son réalisme l'impression d'être réel, naturel. Personnage, récit, style plein de vie, qui manque de vie; vie d'un dialogue, d'un discours, d'une histoire, d'un récit, d'un roman. J'ai lu tout d'une haleine. Puis je l'ai relu. C'est, selon moi, une chose exquise, (...) ce qui m'a charmé surtout, c'est un sentiment profond de la vie. On sent que cela est vrai (Flaub., Corresp., 1861, p. 414).Un des meilleurs romanciers anglais actuels, Henry Green, fait observer que le centre de gravité du roman se déplace: le dialogue y occupe une place chaque jour plus grande. « C'est aujourd'hui, écrit-il, le meilleur moyen de fournir de la vie au lecteur... » (Sarraute, Ère soupçon, 1956, p. 90).
b) Existence de quelque chose qui se transforme, évolue. Vie d'une société, d'une civilisation; vie des mots. Son rôle [de l'Académie de la beauté verbale] serait, non pas d'entraver la vie de la langue, mais de la nourrir au contraire, de la fortifier et de la préserver contre tout ce qui tend à diminuer sa forme expansive (Gourmont, Esthét. lang. fr., 1899, p. 103):
2. ... le lecteur était le fantôme de l'écrivain. Du moins, le lecteur participe à cette joie de création que Bergson donne comme le signe de la création. Ici, la création se produit sur le fil ténu de la phrase, dans la vie éphémère d'une expression. Mais cette expression poétique, tout en n'ayant pas une nécessité vitale, est tout de même une tonification de la vie. Le bien dire est un élément du bien vivre. Bachelard, Poét. espace, 1957, p. 10.
B. − BIOL. Ensemble des phénomènes énergétiques (assimilation, croissance, homéostasie, reproduction, etc.), évoluant de la naissance à la mort, que manifestent les organismes unicellulaires ou pluricellulaires. Sciences de la vie; organes de la vie; vie animale, cellulaire, humaine, physiologique, végétative; vie d'une cellule, des tissus; vie latente; nature, origine de la vie. Le développement de la vie végétale à la surface du globe est le fait antérieur, dominant, auquel la nature a subordonné la construction de certains types d'animaux, organisés pour puiser leurs aliments dans le règne végétal (Cournot, Fond. connaiss., 1851, p. 96).Les documents anatomiques relatifs à tous les animaux que l'œil de l'homme ait pu connaître ou reconstituer depuis l'apparition de la vie sur la planète, (...) ont été accumulés au Jardin des Plantes (Fargue, Piéton Paris, 1939, p. 124).
Vie organique*.
C. − Énergie, vigueur, dynamisme qui caractérise quelqu'un. Déborder de vie; être plein de vie; enfant, personne plein(e) de vie. Entre ces deux prosopopées, une partita, élément de transition, (...) une valse, ouvrent les portes sur un univers grouillant de vie humaine, où valsent des voix, brouillées à dessein, car le rythme des voix, leur présence pure suffit à leur musique (Schaeffer, Rech. mus. concr., 1952, p. 65).
P. anal. Vie d'un quartier, d'une ville; redonner vie à des coutumes, à des institutions. Ces idoles médiocres trônaient sous un ciel épais, dans les carrefours sans vie (Camus, Peste, 1947, p. 1357).
D. − [Dans un cont. relig.] Vie céleste, éternelle, future. Vie au delà de la mort à laquelle a droit tout homme qui obéit à la loi divine pendant sa vie terrestre. Si nous mourions tout de suite? lui dit-elle enfin.Qui sait ce que l'on trouve dans l'autre vie? répondit Julien; peut-être des tourments, peut-être rien du tout. Ne pouvons-nous pas passer deux mois ensemble d'une manière délicieuse? (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p. 492).Un instant, par routine, sa pensée chercha, pour y trouver refuge, à évoquer l'idée de Dieu; mais cet élan se brisa au départ. La vie éternelle, la grâce, Dieu,langage devenu inintelligible: vocables vides, sans mesure avec la terrifiante réalité! (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1257).Vie véritable*. Vraie* vie.
Pain de vie. Eucharistie. Ô maison maudite de la fornication sans amour! Ici le pain de vie est plein de nielle et de vermine et le vin d'amour a l'odeur d'un lendemain de beuverie (Milosz, Amour. init., 1910, p. 150).
II. − Période allant de la naissance à la mort d'un être vivant.
A. −
1.
a) Existence envisagée dans sa durée totale. Âges, brièveté, commencement, durée, fin, période, terme de la vie; chemin, cours de la vie; achever sa vie; vie courte, éphémère, longue. Le jour où tu dirais ,,je t'aime moins,`` sera le dernier de mon amour ou le dernier de ma vie (Napoléon Ier, Lettres Joséph., 1796, p. 22).La maturation des fruits (...) régulière pendant de nombreuses années − quelquefois attendue en vain durant toute la vie de l'arbre et ne se produisant jamais (Faure, Espr. formes, 1927, p. 93).
Élixir de (longue) vie. Élixir qui est censé prolonger la vie de quelqu'un. Bientôt je fis prendre à mon malade une forte tasse de mon élixir de vie (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p. 252).Un tas de fumier, au bout du jardin, fumier que Kammerer fut chargé d'arroser d'une liqueur inconnue, un élixir de vie (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 142).
De la vie, de ma vie. Jamais. Isotta: (...) Quand je songe qu'il a eu les larmes aux yeux devant vous: il me l'a écrit! Moi qui de ma vie ne l'ai vu pleurer à cause de moi (Montherl., Malatesta, 1946, iii, 5, p. 500).
[Pour marquer la surprise et/ou la réprobation] Madame m'a arraché des mains l'assiette de pruneaux. − Monsieur en a mangé cinq ce matin... Il y en avait trente-deux... Il n'y en a plus que vingt-cinq... Vous en avez donc dérobé deux... Que cela ne vous arrive plus!... C'était vrai... J'en avais mangé deux... Elle les avait comptés!... Non!... de ma vie! (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 93).
Interj. Jamais de la vie! Jette ce cigare!Jamais de la vie! Elle vint à lui, lui prit violemment son cigare, le jeta dans la cheminée (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 156).
[En fonction de déterm., déterminé par un poss.] Qui est le plus important, qui compte le plus. Folcoche surveilla, enquêta, insinua, espéra la preuve ou le semblant de preuve qui lui permettrait de condamner les coupables à la maison de correction, le rêve de sa vie (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 77).
DÉMOGRAPHIE
Durée de vie moyenne; durée moyenne de vie. Temps égal à la moyenne de la durée de vie de tous les individus d'un groupe donné. Nous devons croire que cette durée moyenne de la vie humaine doit croître sans cesse, si des révolutions physiques ne s'y opposent pas (Condorcet, Esq. tabl. hist., 1794, p. 238).
Espérance de vie. Durée moyenne de vie dans un groupe donné, établie statistiquement sur la base des taux de mortalité. L'une des conséquences de cette diminution de la mortalité est d'accroître l'espérance de vie, c'est-à-dire la moyenne d'âge à laquelle meurent les êtres humains: elle est toujours un peu plus élevée pour les femmes que pour les hommes (Lesourd, Gérard, Hist. écon., 1966, p. 490).
b) En partic. Durée partielle de l'existence d'une personne considérée par rapport à sa durée totale, ou par rapport à la durée passée ou à venir de l'existence au moment de l'énonciation. Durer autant que la vie; la vie durant; pour la vie. Deux âges de la vie ne doivent pas avoir de sexe; l'enfant et le vieillard doivent être modestes comme des femmes. La vieillesse aime le peu, et la jeunesse aime le trop. Les quatre amours correspondant aux quatre âges de la vie humaine bien ordonnée, sont l'amour de tout, l'amour des femmes, l'amour de l'ordre, et l'amour de Dieu (Joubert, Pensées, t. 1, 1824, p. 216).C'est dans ces parages que j'ai fait, tout au long de ma vie parisienne, les rencontres les plus insolites, les plongées par hasard dans les milieux les plus éloignés de ceux que je hante habituellement (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 233).
2. P. anal. Période de temps pendant laquelle dure l'activité de quelque chose; période d'utilisation de quelque chose. Vie d'un atome, d'un radio-élément, d'un produit, d'un modèle de voiture; vie d'un volcan, d'un glacier, d'une étoile. L'ensemble de la vie de la terre y est subdivisé en cinq ères: précambrien, primaire, secondaire, tertiaire et quaternaire (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 377).
B. − BIOL. [Chez l'être humain] Vie fœtale, intra-utérine, utérine. Période qui s'étend de la neuvième semaine après la conception à la naissance. Nous retrouvons encore ici la production temporaire de fentes branchiales (bien distinctes chez l'embryon humain à la fin du premier mois de la vie fœtale) sur les côtés du cou (Caullery, Embryol., 1942, p. 104).
III.
A. −
1. Ensemble des faits, des événements, des activités qui remplissent l'existence de chaque individu. Vie aventureuse, exemplaire, extraordinaire; vie heureuse, malheureuse; vie manquée, ratée; gâcher sa vie; partager la vie de qqn; écrire l'histoire de sa vie; voilà toute ma vie. Elle ne causait que des autres, racontait leur vie jusqu'à dire le nombre de chemises qu'ils faisaient blanchir par mois (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 668).Quel misérable spectacle qu'une vie humaine! Toujours et toujours recommencer les mêmes efforts, dans un champ d'action ridiculement étroit! D'illusoires agitations, des joies médiocres, une soif de bonheur qui se renouvelle en vain et ne peut jamais être désaltérée! (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1263).
Cadre de vie. V. cadre ex. de Belorgey.
Avoir qqn/qqc. dans sa vie.Avoir une liaison amoureuse; avoir quelque chose qui donne un sens à sa vie. Si au moins, j'avais quelque chose dans la vie!... Mais pas d'enfants, pas de gaîté, un tel manque de joies!... C'est bien dur!... (Gyp, Souv. pte fille, 1928, p. 45).Il y a quelqu'un dans ta vie? Olga de temps en temps. (Sur un geste d'Hugo.) Pas en ce moment (Sartre, Mains sales, 1948, 1ertabl., 1, p. 18).
Être toute la vie de qqn. Si tu savais... Ce qu'elle l'aimait! C'était toute sa vie, cet homme (Achard, J. de la Lune, 1929, II, 8, p. 21).
2. P. méton. Biographie. La vie et l'œuvre d'un écrivain; écrire la vie de qqn. Il avait lu et relu une courte Vie de Benjamin Franklin, qui se terminait par ces mots: « Il a tiré tout le parti possible de lui-même » (Larbaud, F. Marquez, 1911, p. 56).
B. −
1. Manière de vivre, de comprendre l'existence, orientation morale de l'existence. Il y a une sonnette, j'ai des clefs; pourtant je ne me sers jamais de tout cela. J'ai une façon à moi de frapper. Ça simplifie la vie (Duhamel, Confess. min., 1920, p. 38).Je ne connaissais rien; il allait me montrer Paris, le luxe, la vie facile (Sagan, Bonjour tristesse, 1954, p. 32).
Femme de mauvaise vie. Femme de mœurs très libres; en partic., prostituée. Officiers, femmes de mauvaise vie, commerçants en rapport avec l'ennemi, trafiquants, changeurs d'or, on allait les supplier, on s'humiliait devant ces puissances (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 229).
Locutions
Ce n'est pas une vie. C'est insupportable. Tu ne peux donc pas mettre ton chapeau droit? demandait à Juliette MmeDonnot, en sortant de la messe. C'est vrai qu'avec tes cheveux... Ah! on peut dire que ce n'est pas une vie, des cheveux comme les tiens... (Colette, Mais. Cl., 1922, p. 118).
(C'est) la belle, bonne vie. Existence facile, sans soucis; p. ext., noce. Et s'il est heureux! Pis alors, il dit qu'c'est bath la guerre, et l'a pas tort, parce que maintenant, pour lui, c'est la bonne vie (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 152).Elle craignait pour lui la caserne. M. Colombin rigolait: « Oh! ça, c'est la belle vie, pour sûr. Et qu'est-ce qu'il y a comme gonzesses! (...) » (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 234).
Faire la vie. Faire la noce, mener une vie de plaisir. Un matin que Renée descendait à dix heures, Lecouvreur, exaspéré, lui cria:Renée, faudra vous chercher autre chose! Elle balbutia: « J'étais malade, patron... » Mais Lecouvreur l'interrompit:Non! je vous crois pas. J'en ai marre. Allez faire la vie ailleurs que chez nous! (Dabit, Hôtel, 1929, p. 141).
Faire, mener, rendre la vie dure, impossible, difficile à qqn; faire une vie d'enfer à qqn. Traiter durement, rendre malheureux, harceler continuellement quelqu'un. Comme madame n'était pas contente d'avoir épousé monsieur qu'elle n'aimait pas, elle lui a fait la vie dure, si dure que j'en avais le cœur cassé (Maupass., Contes et nouv., t. 2, M. Parent, 1886, p. 592).La connaissance journalière de propos hostiles sur mon compte de tout le monde de la littérature, la réception de lettres injurieuses, tous ces embêtements moraux, entremêlés de cauchemars épouvantant mon sommeil, me font une vie d'enfer (Goncourt, Journal, 1894, p. 584).À croire que ses enfants la martyrisaient, lui menaient une vie impossible! (Queffélec, Recteur, 1944, p. 184).
Faire la vie (à qqn) (fam.). Quereller quelqu'un, récriminer sans cesse. Quelle vie il m'a fait ce matin! (Raymond1932).
Refaire sa vie. Se remarier; changer sa manière de vivre. J'ai cru que je pouvais refaire ma vie en m'appuyant sur elle (J. Bousquet, Trad. du sil., 1936, p. 87).
(Avoir une) double vie. Je ne sais qui de nous deux était le plus ému, le jour où il me fit confidence du secret de sa double vie (Gide, Si le grain, 1924, p. 511).
SYNT. Vie agréable, agitée, casanière, dangereuse, déréglée, douce, errante, humble, modeste, mondaine, mouvementée, obscure, rangée, réglée, saine, simple, sédentaire, solitaire, tumultueuse; vie d'artiste, de bohème, de bâton de chaise, de château, de chien, de cocagne, de débauche, de fou, de patachon, de polichinelle; vie d'étude, d'ordre, de sacrifice; vie de garçon; genre, mode, train, style de vie; attestation, certificat de bonne vie et mœurs; commencer une nouvelle vie; changer de vie; mener joyeuse vie, grande vie; mener la vie à grandes guides.
2. P. ext. Manière de vivre d'une collectivité, d'un groupe social à une époque donnée. Vie citadine, rurale, urbaine; vie pastorale; vie bourgeoise, moderne, parisienne, provinciale; vie ouvrière; vie monastique; vie des champs, de province; vie des paysans, des marins, des montagnards. Juliette se leva. Il fallait refaire le feu. L'horreur de la vie paysanne! Elle regarda ses mains incrustées de noir (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 23).
P. anal. [En parlant des animaux] Vie animale; vie des termites, des abeilles. Divers critiques avaient parlé de livres récents: (...) de la Vie des fourmis de Maeterlinck (Arts et litt., 1936, p. 40-10).
C. −
1. [Constr. avec un adj. ou un compl. prép.] Part de l'activité humaine, de l'existence d'une personne ou d'une collectivité envisagée du point de vue de l'activité exercée, des occupations. Vie courante, quotidienne, de tous les jours; vie domestique, familiale, de famille; vie conjugale, en commun, à deux; vie civile, militaire; vie personnelle, privée, professionnelle, publique; vie sociale, en société; vie économique, politique; vie littéraire, théâtrale; vie d'artiste, d'étudiant. Ce soir, elle était de nouveau nouée... C'était le drame de sa vie intime que cette inaptitude au contact, cette condamnation à demeurer incommunicable! (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 880):
3. Il me souvient encore des premières sensations de ma vie scolaire: l'odeur spécifique des cahiers vierges et des moleskines cirées des cartables, le mystère des livres tout neufs, roides et presque impénétrables d'abord dans leur armure de colle et de carton; mais qui deviennent assez vite des albums où la vie s'inscrit sous forme de taches, de figures étranges, de notes, de marques et de repères... Valéry, Variété IV, 1938, p. 193.
P. ext. Domaine où s'exerce une activité psychique.Vie affective, intellectuelle, intérieure, mentale, psychique, sentimentale, spirituelle; vie de l'âme, de l'esprit. Entre la couleur grise et douce d'une campagne matinale et le goût d'une tasse de chocolat, je faisais tenir toute l'originalité de la vie physique, intellectuelle et morale (Proust, Guermantes 2, 1921, p. 346).
2. Loc. À vie. Jusqu'au terme de l'activité professionnelle. O. S. à vie. Un Conseil de l'Université qui comprend dix conseillers à vie et vingt conseillers ordinaires nommés pour un an (Encyclop. éduc., 1960, p. 126).
D. − Ensemble des moyens matériels permettant d'assurer la subsistance d'un être. Vie large, précaire; cherté, prix de la vie; niveau de vie. Pourquoi parler du prix de la viande? Je le savais bien que la viande était chère. Était-ce vraiment le moment de me parler du coût de la vie, alors que je venais de perdre ma place? (Duhamel, Confess. min., 1920, p. 39).
Gagner sa vie. V. gagner I A 1 a ex. de Dabit.
Au fig. Trouver sa vie. Trouver ce que l'on cherche, ce dont on a besoin. Vous trouverez peut-être votre vie là-dedans (Rob.1985).
E. − Absol. Condition humaine, cours des choses humaines dans le monde et dans la société. La vie est une farce, une comédie, une tragédie universelle, et le sort qui brasse tous les personnages du drame à leur insu, qui les secoue comme dans un gobelet et les jette pêle-mêle sur le tapis comme des dés au poker d'as (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 124).
Les choses de la vie. Madame de Mortsauf voulait habituer ses enfants aux choses de la vie, et leur donner connaissance des pénibles labeurs par lesquels s'obtient l'argent (Balzac, Lys, 1836, p. 128).
Loc. C'est la vie! [En parlant d'un fait ou d'un événement auquel on doit se résigner] Les choses sont comme ça, c'est ainsi. Peut-être que si t'étais venu plus tôt... ou alors si tu m'avais laissé filer à Biribi, dans le temps, (...)!... Enfin, c'est la vie, comme tu dis, cette pauvre vieille putain de vie!... (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 254).
SYNT. Banalité, tristesse de la vie; connaissance, expérience de la vie; dégoût, haine, horreur, peur de la vie; plaisirs, misères de la vie; difficultés de la vie; avoir des hauts et des bas dans la vie; aimer la vie; jouir de la vie; connaître la vie; entrer, faire ses débuts dans la vie; tout ignorer de la vie; prendre la vie comme elle vient; regarder la vie en face; se réconcilier avec la vie; voir la vie en rose, telle qu'elle est; chienne de vie.
Prononc. et Orth.: [vi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. « Fait d'être en vie » 1. a) fin xes. vida perdoner « accorder la vie sauve » (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 223: Vida perdonent al ladrun; 225: Barrabant perdonent la vide); b) ca 1100 perdre sa vie (Roland, éd. J. Bédier, 1408); c) 1176-81 (Chrétien de Troyes, Chevalier Charrete, éd. M. Roques, 6292: se Lancelot n'est an vie); d) fin xives. aler de vie à trespas (Froissart, Chron., éd. A. Mirot, t. 14, p. 150); e) 1548 par ma vie (N. Du Fail, Baliverneries, éd. G. Milin, p. 62); f) 1580 à peine de la vie (R. Garnier, Antigone, Argument, éd. W. Foerster, t. 3 p. 4); 2. vie + déterm., avec notion de « principe vital » ou « vitalité » a) ca 1050 (Alexis, éd. Chr. Storey, 69: la vithe est fraisle); b) 1370 (Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, p. 142: une de celles puissances ou vertus [de l'ame irraisonable] est semblable a la vie des plantes et est commune a toutes choses qui ont vie en euls; p. 154: car delectacion est commune a toutes choses qui ont ame ou vie sensible; p. 273: le cuer est le siege et la fontaine de la vie); c) 1375 (Id., Ciel et Monde, éd. A. D. Menut et J. Denomy, p. 314: Il samble que l'opinion d'Averroïz, et d'Aristote selon Averroïz, estoit que, ausi comme les plantes ont vie et ame vegetative et les bestes vegetative et sensitive et les honmes vegetative et sensitive et intellective); d) 1442 (A. de La Sale, Salade, éd. F. Desonay, p. 31: les Persans adoroient le soleil; car ilz tenoient que du soleil venoit vie et tous biens); e) 1480 (G. Coquillart, Droitz nouveaulx ds Œuvres, éd. M. J. Freeman, p. 152: Que sa femme est seiche et tarie, Et n'a pas de vie plein poing); f) 1610 (H. d'Urfé, L'Astrée, éd. H. Vaganay, t. 2, p. 378: la maladie est signe de vie); g) 1619 être plein de vie (Id., ibid., t. 3, p. 245); h) 1645 (Tristan L'Hermite, Folie du Sage, éd. J. Madeleine, p. 70: l'origine d'où sort le soufle de la vie et celuy de la mort); i) 1681 (J.-F. Regnard, Voyage de Laponie, éd. M. Garnier, t. 1, p. 99: il se trouve un principe de vie caché dans l'un et l'autre sexe); j) 1684 (F. Bernier, Philos. de Gassendi, t. 5, p. 663: jamais l'on n'explique bien la notion de la Vie, qui d'ailleurs est claire et evidente); k) 1751 (Encyclop. t. 1, p. 474b, s.v. animal: Les animaux prennent de l'accroissement, ont de la vie et sont doués de sentiment: par cette définition M. Linnœus les distingue des végétaux qui croissent et vivent sans avoir de sentiment, et des minéraux qui croissent sans vie ni sentiment); 3. vie empl. à propos d'inanimés a) 1370 (Oresme, Ethiques, p. 439: un instrument est un serf senz vie et senz ame); b) 1375 (Id., Ciel et Monde, p. 314: choses qui n'ont vie fors par similitude ou en relacion); c) av. 1615 (E. Pasquier, Recherches de la France, p. 814: l'Imprimerie qui baille vie aux bonnes lettres); d) 1630 (A. d'Aubigné, Printemps, Hécatombe à Diane, XXII ds Œuvres, éd. Réaume et de Caussade, t. 3, p. 26: le peinctre qui voudroit animer un tableau [...] Qu'il voye prendre vie à ce qu'il aura peint); e) 1646 (J. Du Lorens, Satires, éd. D. Jonaust, p. 182: ces travaux qui [...] à coups de ciseau donnent la vie au marbre); 4. 1561 terme d'affection (J. GrÉvin, Esbahis ds Comédies, éd. E. Lapeyre, p. 97: Et bien, Marion, ma succrée, Mon bien, ma vie et mieux aimée, Mon tout). B. « En référence aux croyances religieuses en une autre vie après la mort, à la vie de l'âme » 1. a) ca 1050 (Alexis, 63: la mortel vithe li prist mult a blasmer, De la celeste li mostret veritét); b) ca 1145 pardurable vie « vie éternelle » (Wace, Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 1501), trad. de vitam aeternam dans les Bibles du xiiies.(v. Trénel, p. 427), cf. vitam eterne (1174-78, Etienne de Fougères, Livre des Manières, éd. R. Anthony Lodge, 188); c) 1416-18 vie eternele (Christine de Pisan, Prison de vie humaine, éd. A. J. Kennedy, 1175); 2. a) ca 1220 pain de vie (Gautier de Coinci, Mir., éd. V. F. Koenig, II Mir 17, 239); b) 1353 fruit de vie « Jésus Christ » (Mir. enfant ressuscité, éd. G. A. Runnalls, 101); c) 1385-1403 vie de l'ame (Eustache Deschamps, Miroir de Mariage, 9980, éd. G. Raynaud, t. 9, p. 321). C. « Existence humaine, considérée du point de vue de l'ensemble des activités, événements qui la remplissent » 1. a) α) ca 1050 vie + adj. qualifiant la manière de mener sa vie (Alexis, 619: dreite vide); β) ca 1150 (Wace, St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 208: Sa vie en grant dolur usont); γ) ca 1170 (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 3387: Trop ai menee ceste vie); δ) ca 1170 (Marie de France, Lais, Milun, éd. J. Lods, 279: Vint anz menerent cele vie Milun entre lui e s'amie); ε) fin xiies. (Sermons St Grégoire sur Ezechiel, éd. K. Hofmann, 23, 25: dous vies sunt ke li saint proicheor unt, c'est li active et li contemplatiue); ζ) ca 1130 (Guillaume de Digulleville, Pelerinage de vie humaine [titre], éd J. Stürzinger); η) ca 1370 (Oresme, Ethiques, p. 110: vie civile; p. 471: vie politique); b) ca 1432-65 à propos d'une collectivité (J. Régnier, Fortunes et Adversitez, éd. E. Droz, p. 178, 6: ce monde, son estat, sa vie); c) 1601 (Charron, De la Sagesse, éd. B. de Negroni, p. 44: le mediter et entretenir ses pensées est [...] la posture, l'entretien et la vie de l'esprit); d) 1601 (Id., ibid., p. 372: le choix du genre de vie propre et commode au naturel d'un chascun); 2. 1130-40 spéc. « récit de la vie d'une personne » (Wace, Sainte Marguerite, éd. E. A. Francis, p. 1: A l'onor Deu et a s'aïe Dirai d'une virge la vie); 3. en réf. à une période, une durée a) ca 1100 (Roland, 212: a tute vostre vie; 595: en tute vostre vie); b) α) 1288 a vie « pour la durée de la vie de quelqu'un » (Philippe de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, t. 1, p. 348); β) 1417-20 rente à vie (Clément de Fauquemberge, Journal, éd. A. Tuetey, t. 1, p. 24); 4. a) 1561 (J. Grévin, Brief discours pour l'intelligence de ce théatre ds Théâtre, éd. L. Pinvert, p. 9: Car comme disoit Andronique, la Comédie est le mirouer de la vie journalière); b) 1648 (Voiture, Lettres, A. Courbé, 1654, p. 685: Voiez, s'il vous plaist, quelle vie doit estre la mienne et ce que j'en dois attendre). D. « Existence considérée du point de vue des moyens de subsistance » 1. a) 1395 avoir sa vie « avoir le vivre et le couvert » (Griseldis, éd. M. Roques, 1588: des or en nostre maison Arez, s'il vous plaist, vostre vie); b) 1507-08 (D'Amerval, Le Livre de la Deablerie, éd. Ch. Fr. Ward, p. 846: l'autre avoit sa vie des buees qu'elle lavoit); c) 1498-1515 chercher sa vie, gagner sa vie (Gringore, Vie Ms. S. Loys ds Œuvres, éd. Ch. d'Hericault et A. de Montaiglon, t. 2, p. 114, p. 113: Hélas, mon povre ours, tu es mort; [...] Ne sçay de quoy je gaigneray Ma vie doresnavant); 2. a) 1640 (Oudin Curiositez: homme de grande ou petite Vie, qui mange beaucoup ou peu); b) 1676 (Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 300: c'est la mode du pays, où d'ailleurs la vie ne coûte rien); c) 1784 (Genlis, Veill. du chât., t. 1, p. 111 ds Littré: La vie est à bon marché à Saint Germain). Du lat. vita (dér. de vivere « vivre, être en vie »), « vie (p. oppos. à mors « mort », ce qui anime, principe de vie », « moyen ou façon de vivre », et, à l'imitation du gr. « vie humaine, humanité » (en poésie et prose de l'époque impériale) v. Ern.-Meillet, empl. également à l'égard d'une pers. comme terme hypocoristique). Fréq. abs. littér.: 81 821. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 120 657, b) 92 325; xxes.: a) 118 806, b) 124 098. Bbg. Quem. DDL t. 5, 8, 19, 34, 40. − Teysseire (D.). De la Vie ds les Rapports du physique et du moral de l'homme de Cabanis. Saint-Cloud, 1982, passim.

Article lié : 101 citations sur la vie pour enfin déceler la vérité sur notre existence

Wiktionnaire

Nom commun 2 - français

vie \vi\ féminin

  1. (Suisse) (Franche-Comté) Voie (qui peut être une rue, un chemin…).
    • La vie, c’est avant tout pour les vaches (animal aux déplacements modestes, généralement limités par le pré et l’étable), plus rarement pour l’âne aux déplacements plus importants. — (Gérard Taverdet, Voie et vie, dans Nouvelle revue d’onomastique, no 33-34, 1999, p. 257-260 [texte intégral])
    • Vie Dorée (à Divonne-les-Bains), vie des Granges (à Saint-Chef).

Nom commun 1 - français

vie \vi\ féminin

  1. (Biologie) Activité spontanée propre aux êtres organisés, qui se manifeste par les fonctions de nutrition et de reproduction, auxquelles s’ajoutent chez certains êtres les fonctions de relation et, chez l’homme, la raison et le libre arbitre.
    • […] la vie, c'est de la matière capable d'évoluer par sélection naturelle. — (Cyrille Barrette, La vraie nature de la bête humaine, Éditions Multimonde, 2020, page 52)
    • La vie n’avait pas encore pris un grand essor à l’époque de la formation ardoisière. Ce n’est guère que dans la partie supérieure […] que l’on trouve quelques fossiles. — (Edmond Nivoit, Notions élémentaires sur l’industrie dans le département des Ardennes, E. Jolly, Charleville, 1869, page 17)
  2. (En particulier) Se dit de certaines activités de l’homme.
    • Comparé à la libéralité et au confort de la vie ordinaire de l’époque, l’ordre de l’Empire romain, sous les Antonins, apparaît local et limité. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 407 de l’édition de 1921)
  3. Tout l'espace de temps qui s’étend depuis la naissance jusqu'à la mort.
    • Je trouve plus aisé de porter une cuirasse toute sa vie, qu’un pucelage. — (Montaigne, Essais, III, 5 – Sur des vers de Virgile, 1595)
    • Le duc de Nevers, dont la vie était glorieuse par la guerre et par les grands emplois qu’il avait eus, quoique dans un âge un peu avancé, faisait les délices de la cour. — (Mme de La Fayette, La Princesse de Clèves, 1678)
    • Je ne suis pas arrivé à l’âge de quatre-vingt ans pour rétracter en rien les convictions de ma vie entière. — (Réponse de M. Raspail père à l’avocat général, lors du procès de François-Vincent Raspail le 12 février 1874)
    • Ainsi, c’en est fait de Simon Brutus: sa bobine est filée ! Mourir ! ce n’est pas le plus beau moment de la vie. — (Hendrik Conscience, La guerre des paysans, traduction de Félix Coveliers, éditions Michel Levy frères, 1864, page 303)
    • Mais Renan avait été trop favorisé durant toute sa vie par la fortune, pour ne pas être optimiste ; […]. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, chapitre VII, La morale des producteurs, 1908, page 326)
    • J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie. — (Paul Nizan, Aden Arabie, chapitre I, Rieder, 1932 ; Maspéro, 1960)
    • Telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d’inoubliables chagrins.
      Il n’est pas nécessaire de le dire aux enfants.
      — (Marcel Pagnol, Le château de ma mère, 1958, collection Le Livre de Poche, pages 376-377)
  4. Conditions dans lesquelles une personne vient au monde et passe son existence.
    • Accepter sa vie, telle qu’elle nous a été transmise, est la première étape essentielle de la maturation de l’homme adulte. — (Michel Quoist, Construire l’homme, Éditions de l’atelier, Paris, 1997, page 55)
  5. Ce qui regarde la nourriture et la subsistance.
    • Et il avait cherché sa vie dans le buffet de l’auberge, au milieu des cadavres ; et jamais, disait-il, il n’avait fait repas meilleur, trouvant la viande savoureuse et le vin frais. Puis il s’était étendu, faisant un traversin de son sac, et avait ronflé au ronflement du canon. — (Jules Vallès, L’Insurgé, G. Charpentier, 1908)
    • Tout échange monétaire est délicat : il serait bon de faire coïncider l’introduction du saarmark, et plus encore l’introduction du franc, avec une amélioration des conditions matérielles et politiques de la vie sarroise. — (Documents diplomatiques français: 1947 [1er janvier-30 juin], Paris, Ministère des Affaires étrangères, 2007, page 337)
    • Les paysans qui estiment avoir bien « mérité de la patrie » ne sont pourtant pas jugés comme tels par les gens des villes. Comme le dit Michel Augé-Laribé […] le paysan est perçu comme un profiteur de guerre, comme le responsable de la « vie chère », comme un enrichi qui ne paie pas sa part d'impôt. — (Jean-Jacques Becker, avec la collaboration d'‎Annette Becker, La France en guerre: 1914-1918 : la grande mutation , Éditions Complexe, 1988, page 177)
  6. Ce qui regarde l’usage, les commodités ou les incommodités de la vie quotidienne.
    • Mener une vie douce, aisée.
    • Mener une vie heureuse, tranquille.
    • Mener une vie triste, misérable.
    • Dans ce monde de pasteurs, la femme n’a nullement la vie serve qu’elle mène dans celui de chasse et de guerre. — (Jules Michelet, Bible de l’Humanité, Calmann-lévy, 1876, page 29)
  7. Fait de vivre.
    • L’opération a donc pris quatre jours. Elle a entraîné la perte de nombreuses vies humaines et d’une quantité de bêtes et de bagages. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 143)
    • […] mais, il est traditionnel dans la Marine française qu’un Commandant peut transgresser les ordres et courir tous les risques pour secourir des vies en danger. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
  8. Façon de vivre.
    • Votre vie étriquée, réglée et compassée est bien misérable comparée à la nôtre ! — (Gustave Aimard, Les Trappeurs de l’Arkansas, Éditions Amyot, Paris, 1858)
    • La vie de Balzac ? Un permanent foyer de création, un perpétuel, un universel désir, une lutte effroyable. La fièvre, l’exaltation, l’hyperesthésie constituaient l’état normal de son individu. — (Octave Mirbeau La Mort de Balzac, 1907)
    • Des comtes et des palatins embrassent la vie cénobitique. Or, cette vie exige une austérité décourageante. — (Abbé Paul Buysse, Vers la Foi catholique : L’Église de Jésus, 1926, page 148)
    • J’adore cette vie plus simple que tu mènes à la campagne, loin de nos potins et de nos jalousies. — (Out-el-Kouloub, Zaheira, dans « Trois contes de l’Amour et de la Mort », 1940)
    • Le système de raréfaction des naissances est ici tellement ancré dans les esprits, qu’il finit par être jugé comme le signe d’une vie raisonnable […] — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
    • […] nous menions une vie désordonnée, parce que nous étions toujours sur le qui-vive, prêts à prendre notre essor le lendemain matin. — (Dieudonné Costes et Maurice Bellonte, Paris-New-York, 1930)
    • (Par extension)Ce gouvernement était fédératif ; c’est-à-dire que la Gaule était divisée en une multitude de petits états indépendants, ayant leur vie propre, et ne se rattachant les uns aux autres que par une association peu étroite. — (François-Xavier Masson, Annales ardennaises, ou Histoire des lieux qui forment le département des Ardennes et des contrées voisines, Mézières : imprimerie Lelaurin, 1861, page 29)
  9. Les occupations et les activités différentes de la vie.
    • Choisir un genre de vie. - Vie active. - Vie laborieuse, fatigante. - La vie civile. - La vie de famille.
    • La vie intellectuelle. — La vie morale.
    • Ce chef de gouvernement capable de discuter avec Einstein la théorie de la relativité de l’espace et du temps emprunte à sa vie intérieure un incomparable prestige. — (Pierre Audibert, Les Comédies de la Guerre, 1928, page 84)
    • Nombreux, organisés, ardents propagandistes, les anarchistes saint-juniauds semblent d’évidence peser d’un poids conséquent sur la vie socio-politique, voire économique de la cité gantière. — (Christian Dupuy, Saint-Junien, un bastion anarchiste en Haute-Vienne, 1893-1923, Presses Univ. Limoges, 2003, page 110)
  10. Manière dont le monde se comporte.
    • Que voulez-vous faire à cela ? C’est la vie. - Les choses se passent ainsi dans la vie. - Ce romancier est un peintre habile des mœurs, de la vie.
  11. (Par extension) Biographie ; relation historique ou récit des faits remarquables et des traits caractéristiques de la vie d’un homme illustre.
    • Et c’étaient encore, çà et là, de solennelles et de cocasses définitions telles que celle-ci qui figure dans la vie de César de Bus : « après un séjour à Paris qui n’est pas moins le trône du vice que la capitale du royaume ». — (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, 1915)
    • On ne doit point attribuer à une prédilection particulière pour la Communauté des Libraires de Lyon , cette Vie de l’un de ses plus savans Imprimeurs. Mon but n’a été que de rendre hommage à la vérité dès que je l’ai connue; […]. — (Jean-François Née de La Rochelle, Vie d’Étienne Dolet, imprimeur à Lyon dans le seizième siècle, Paris : Gogué & Née de la Rochelle, 1779, page V)
  12. (Populaire) (avec une épithète) Criaillerie, querelle bruyante faite à quelqu’un.
    • Quand elle a connu sa conduite, elle lui a fait une belle vie, une terrible vie.
  13. État propre aux êtres vivants. Ensemble des activités spontanées sur notre planète depuis leur commencement.
    • L’apparition de la vie sur Terre.
  14. (Par métonymie) Coût de la vie, cherté des denrées nécessaires à l’entretien des ménages.
    • La vie a drôlement augmenté depuis quelque temps : il ne me reste plus grand-chose quand j’ai payé tous les impôts.
  15. (Jeux) Foulard qu’on introduit dans son pantalon par derrière, et dont l’adversaire doit se saisir. Jeu correspondant.
    • Le conflit se réglait invariablement à l’aide des quatre arts martiaux du cru : la vie, la garuche, le mur et la chistera, et, bien sûr, toutes combinaisons entre eux. La « vie » est un petit foulard que l’on porte dans le dos, engagé dans son pantalon, il dépasse un peu, et l’on doit, dans un corps à corps vigoureux et sans se faire prendre la sienne, retirer la vie à l’envoyé du camp d’en face, une manière de faena entre deux toreros. — (Jean-Baptiste Harang, Nos cœurs vaillants, Paris, Grasset, 2010, page 13)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

VIE. n. f.
Activité spontanée propre aux êtres organisés, qui se manifeste chez tous par les fonctions de nutrition et de reproduction, auxquelles s'ajoutent chez certains êtres les fonctions de relation, et chez l'homme la raison et le libre arbitre. Les principes de la vie. Les êtres doués de vie. La vie végétative, animale. Les fonctions de la vie. La vie organique. La vie sensitive. La vie de cet insecte est éphémère. Cet arbre est encore en vie. Ceux dont nous tenons la vie, qui nous ont donné la vie. Il est encore tout plein de vie. Il ne donnait plus aucun signe de vie. On l'a laissé sans vie. Aimer la vie. Tenir à la vie. Mépriser la vie. Renoncer à la vie. Le passage de la vie à la mort. Cette imprudence faillit lui coûter la vie. Sauver, conserver la vie à quelqu'un. Attenter à la vie, entreprendre sur la vie de quelqu'un, lui arracher, lui ôter la vie. Perdre la vie. Donner sa vie pour quelqu'un. Exposer, hasarder sa vie. Prodiguer sa vie. Mettre sa vie en péril. Défendre sa vie. Vendre bien cher sa vie. Il y va de la vie. Votre vie en dépend. Au péril de la vie. Sous peine de perdre la vie. À peine, sous peine de la vie. Si vous faites telle chose, je ne réponds point de votre vie. Le droit de vie et de mort. Il ne fait nul cas de la vie d'un homme. Il compte sa vie pour rien. Cette vie est passagère, fragile, périssable. Notre vie mortelle. Être en vie, Être vivant. Fig., Ne pas donner signe de vie se dit d'un Homme absent qui ne donne pas de ses nouvelles. Il signifie aussi Ne témoigner par rien qu'on existe. On approcha de la place sans que l'ennemi donnât signe de vie. Être entre la vie et la mort, Être dans un extrême péril, soit par maladie, soit par quelque autre accident. Cette maladie l'a mis entre la vie et la mort. Dans cette tempête, nous fûmes deux jours entre la vie et la mort. Fam., Passer de vie à trépas, Mourir. Revenir de mort à vie, Revenir, contre toute espérance, d'une maladie très périlleuse. Fig., Sa vie ne tient plus qu'à un fil se dit en parlant d'un Moribond. Il n'a qu'un souffle de vie, Il est dans un état d'extrême faiblesse. Cet homme, cet animal a la vie dure, Il est difficile de le tuer, de le faire mourir; il est de santé résistante. Cet homme, tout percé de coups, a vécu encore fort longtemps; il avait la vie dure. Il se dit figurément des Choses. Cette théorie, cette opinion a la vie dure. Demander la vie, Demander grâce, prier qu'on ne vous tue pas. Il lui demanda la vie. Il doit la vie à cet homme, il lui est redevable de la vie se dit de Celui à qui un homme a sauvé ou conservé la vie. On dit de même : Après Dieu, il ne tient sa vie que d'un tel. Donner la vie à son ennemi, Ne pas le tuer, quoiqu'on le puisse. Le prince a donné la vie, a accordé la vie, a fait grâce de la vie à ce criminel, Il a empêché, en vertu de son autorité, que l'arrêt qui condamnait le criminel à mort ne fût exécuté. Fig., Cela lui a redonné la vie, lui a rendu la vie se dit d'une Bonne nouvelle ou de quelque autre chose d'agréable, arrivé à une personne qui était dans de grandes alarmes, dans une vive inquiétude. Fam., Être plein de vie, Avoir très bonne santé, avoir beaucoup de vigueur, d'activité. Fig., Il y a beaucoup de vie dans ce tableau, L'action y est vive, et les figures en sont fort animées. Ce portrait est plein de vie, Il a beaucoup d'expression et de vérité. Fig., Ce style, ce discours a de la vie, est plein de vie, Il est plein de force, d'animation, de mouvement. On dit dans le sens contraire : Ce style, ce discours est sans vie.

VIE se dit particulièrement de Certaines activités de l'homme. La vie intellectuelle. La vie morale. En termes de Dévotion, La vie spirituelle, La vie de l'âme en Dieu. La parole de vie, La parole de Dieu, aliment de la vie spirituelle. Le pain de vie, L'Eucharistie.

VIE se dit aussi de Tout l'espace de temps qui s'écoule depuis la naissance jusqu'à la mort. La vie la plus longue, la plus courte. Le cours de la vie. La durée moyenne de la vie. La fin de la vie. La vie future, l'autre vie, L'existence de l'âme après la mort, par opposition à La vie présente. Les biens de la vie future. L'espérance d'une autre vie fait toute la consolation d'un chrétien. La vie éternelle, L'état des bienheureux dans le ciel. Dieu nous donne sa paix en cette vie et, après la mort, la vie éternelle! Élixir de longue vie, Nom donné à une sorte d'élixir. Eau-de-vie, Alcool destiné à être bu.

VIE se dit également d'une Partie considérable de l'espace compris entre la naissance et la mort. Il a passé sa vie à travailler, à voyager. Il emploie toute sa vie à des bagatelles. Il se dit encore de Ce qui regarde la nourriture et la subsistance. Mendier sa vie. Chercher sa vie. Gagner sa vie. Fam., La vie est chère dans ce pays, Les aliments, les denrées et toute sorte de marchandises y sont à un prix élevé. Prov., Il faut faire vie qui dure, Il faut ménager son bien, ne pas le dépenser tout d'un coup, soit en bonne chère, soit autrement. On le dit, dans un sens analogue, en parlant de la Santé.

VIE se dit en outre de Ce qui regarde l'usage, les commodités ou incommodités de la vie. Mener une vie douce, aisée. Mener une vie heureuse, tranquille. Mener une vie triste, misérable. Vie agitée, tumultueuse. Traîner une vie languissante, douloureuse. Les plaisirs, les douceurs, les commodités de la vie. Les besoins de la vie. Rendre la vie dure à quelqu'un, Lui faire de la peine, le chagriner à tout propos.

VIE se dit aussi de Ce qui regarde la conduite, le train qu'on mène. Mener une vie sans reproche, irréprochable, une vie réglée. Mener joyeuse vie. Mener la vie d'un saint. Un homme de sainte vie. Une vie sage, pure, chaste. C'est un homme qui mène une vie obscure, une vie fort retirée, une vie cachée. Il mène une vie plus réglée que de coutume. Il a changé de vie. Se repentir de sa vie passée. Réduire son train de vie. Il s'est fait un plan de vie tout différent. Vie oisive, déréglée, dissipée. Vie dispersée. Vie recueillie. La haute vie. La grande vie. Vie de garçon. Voyez GARÇON. Pop., Faire la vie, Vivre dans la dissipation. Femme de mauvaise vie, Prostituée. Fam., Mener une vie de bohème, Mener une vie déréglée, sans ressources assurées et sans préoccupation du lendemain.

VIE se dit encore par rapport aux occupations et aux professions différentes de la vie. Choisir un genre de vie. Embrasser la vie religieuse, la vie monastique. Vie active. Vie contemplative. Vie laborieuse, fatigante. La vie civile. La vie champêtre. La vie des champs, La vie des camps. La vie de famille. La vie politique. La vie littéraire. La vie mondaine. La vie privée. La vie publique. La vie sportive. Fam., C'est sa vie se dit d'une Chose où un homme se plaît extrêmement et dont il fait sa principale occupation. Il aime l'étude plus que toutes choses, c'est sa vie.

VIE désigne aussi la Manière dont le monde se comporte. Que voulez-vous faire à cela? c'est la vie. Les choses se passent ainsi dans la vie. Ce romancier est un peintre habile des mœurs, de la vie. Il désigne, par extension, l'Histoire, le récit des choses remarquables de la vie d'un homme. Les vies des saints. Les vies des hommes illustres écrites par Plutarque ou, par ellipse, Les vies de Plutarque. La vie de Théodose par Fléchier. Il a écrit la vie de Saint Louis. Mémoires de ma vie. Il signifie populairement, mais toujours avec quelque épithète, Criaillerie, querelle bruyante faite à quelqu'un. Quand il a connu sa conduite, il lui a fait une belle vie, une terrible vie.

À VIE, loc. adv. Pendant tout le temps qu'on a à vivre. Une pension à vie. Bail à vie. Contrat à vie.

LA VIE DURANT, loc. adv. Pendant toute la durée de la vie. Il a fait un bail qui lui assure la jouissance de cette maison sa vie durant.

POUR LA VIE, À LA VIE ET à LA MORT, À LA VIE à LA MORT, loc. adv. Pour toujours. Je suis son ami pour la vie. Ils sont unis à la vie et à la mort. Entre nous, c'est à la vie à la mort.

DE LA VIE, loc. adv. Jamais. Je ne lui pardonnerai de la vie. Je n'y consentirai de ma vie. Il ne sera de sa vie aussi habile que son père. Je n'ai vu de ma vie un tel homme. De ma vie je n'ai vu pareille chose. Il s'ajoute à Jamais pour renforcer encore le sens de la négation. Jamais de la vie je ne ferai une pareille chose.

SUR LA VIE, locution adverbiale qui sert à marquer l'importance extrême de ce que l'on recommande. Je vous en adjure sur la vie. Gardez-vous sur votre vie d'agir ainsi.

Littré (1872-1877)

VIE (vie) s. f.
  • 1En général, état d'activité de la substance organisée, activité qui est commune aux plantes et aux animaux. Chez les plantes, la vie est constituée par deux fonctions, la nutrition et la génération ; chez les animaux, il y a en plus la contraction et la sensibilité. Et la vie ? vous me direz bien ce que c'est. - C'est la végétation avec le sentiment dans un corps organisé, Voltaire, Dial. 7. La vie commence à s'éteindre longtemps avant qu'elle s'éteigne entièrement, Buffon, De la vieillesse et de la mort. Plus la vie des animaux est courte, et plus leur production est nombreuse, Buffon, Quadrup. t. IV, p. 225. On distingue dans les êtres terrestres trois sortes de vies : la vie végétative, la vie sensitive et la vie réfléchie, Bonnet, Causes prem. VI, 14.

    Ce qui a vie, ce qui a eu vie, se dit des animaux. Voyez ces pieux solitaires qui s'abstiennent de tout ce qui a eu vie, Buffon, Morc. choisis, p. 49. Les brames ne mangent rien de ce qui a vie, Raynal, Hist. phil. I, 8.

    Cet animal, cet homme a la vie dure, il est difficile de le tuer.

    Terme de physiologie. Vie organique, l'ensemble des fonctions purement végétatives ; vie animale, l'ensemble des fonctions de relation.

  • 2En particulier, la vie de l'homme. Pour moi, je vous confesse ma poltronnerie ; je suis acoquiné à la vie ; et, quelque mauvais lieu que j'habite, quelque incommodité que j'y reçoive, j'aurais peine à déménager, Guez de Balzac, Lett. à Conrart, 21 juill. 1653. Voilà le style de ces grandes âmes [les premiers chrétiens] qui méprisaient la mort comme si elles eussent eu un corps de louage et une vie empruntée, Guez de Balzac, Socr. chrétien, 3. La vie est peu de chose, et le peu qui t'en reste Ne vaut pas l'acheter par un prix si funeste, Corneille, Cinna, IV, 3. Vous n'avez pas la vie ainsi qu'un héritage, Corneille, Poly. IV, 3. La vie est bonne en soi et le plus grand bien du monde, mais le plus mal ménagé, La Rochefoucauld, Max. au mot Vie. Le temps de notre vie n'est qu'une ombre qui passe, et après la mort il n'y a plus de retour, Sacy, Bible, Sagesse, II, 5. Ne quittons pas cet amour que la nature nous a donné pour la vie, puisque nous l'avons reçu de Dieu ; mais que ce soit pour la même vie pour laquelle Dieu nous l'a donné, et non pas pour un objet contraire, Pascal, Lett. sur la mort de son père. Entre nous et l'enfer ou le ciel, il n'y a que la vie entre deux, qui est la chose du monde la plus fragile, Pascal, Pens. IX, 3, édit. HAVET. Quand je considère la petite durée de ma vie absorbée dans l'éternité précédant et suivant, Pascal, Pens. XXV, 16. Nous perdons la vie avec joie, pourvu qu'on en parle, Pascal, ib. II, 2 bis. Nous ne nous contentons pas de la vie que nous avons en nous et en notre propre être ; nous voulons vivre dans l'idée des autres d'une vie imaginaire, Pascal, ib. II, 1. La honte d'avoir entrepris sur la vie d'une princesse si bonne et si généreuse, Bossuet, Reine d'Anglet. Dans ses premières guerres il [Condé] n'avait qu'une seule vie à lui offrir [au roi] ; maintenant il en a une autre [celle de son fils] qui lui est plus chère que la sienne, Bossuet, Louis de Bourbon. Ne lui dites pas que la vie d'un premier prince du sang, si nécessaire à l'État, doit être épargnée, Bossuet, ib. J'entre dans la vie avec la loi d'en sortir ; je viens faire mon personnage, je viens me montrer comme les autres ; après, il faudra disparaître, Bossuet, Sermons, Fragment sur la brièveté de la vie. Pyrrhus rend à l'autel son infidèle vie, Racine, Andr. v, 3. Il tombe sur son lit sans chaleur et sans vie, Racine, Brit. v, 5. Je vois de quel succès leur fureur fut suivie, Et que dans les tourments ils laissèrent la vie, Racine, Esth. II, 3. … Le ciel, dit-il, m'arrache une innocente vie, Racine, Phèdre, v, 6. On est maître de la vie des autres quand on ne compte plus pour rien la sienne, Fénelon, Tél. XX. Ôtez-moi la vie que je ne saurais supporter, Fénelon, ib. I. Ce qui me perça le cœur fut que je crus que Mentor avait perdu la vie, Fénelon, ib. IV. La vie est un sommeil ; les vieillards sont ceux dont le sommeil a été plus long : ils ne commencent à se réveiller que quand il faut mourir, La Bruyère, XI. Il n'y en a pas un à qui la vie n'ait manqué, avant qu'il en eût fait l'usage qu'il en voulait faire, Fontenelle, Dial. 6, Morts mod. Les grands intérêts sont tout ce qui remue fortement les hommes ; et il y a des moments où la vie n'est pas leur plus grande passion, Fontenelle, Réfl. poét. 8. Notre vie, pour ainsi dire, nous est moins chère que nous, que nos passions, Marivaux, Marianne, 5e part. La vie m'a été donnée comme une faveur ; je puis donc la rendre lorsqu'elle ne l'est plus, Montesquieu, Lett. pers. 76. Il faut avouer que la vie ressemble au festin de Damoclès : le glaive est toujours suspendu, Voltaire, Lett. d'Argental, 18 août 1767. Quand je vous aurai répété que la vie est un enfant qu'il faut bercer jusqu'à ce qu'il s'endorme, j'aurai dit tout ce que je sais, Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 22 juill. 1761. Quand on a tout perdu, quand on n'a plus d'espoir, La vie est un opprobre, et la mort un devoir, Voltaire, Mérope, II, 7. Rarement le dernier âge de la vie est-il bien agréable ; on a toujours espéré assez vainement de jouir de la vie, et à la fin tout ce qu'on peut faire, c'est de la supporter, Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 6 janv. 1764. Il [le président Hénault] a vécu quatre-vingt-deux ans ; ce n'est qu'un jour ; on aime la vie, mais le néant a du bon, Voltaire, ib. 1er nov. 1769. Il faut du temps pour vous exposer tout ce que je pense sur le sort de l'homme et sur le vrai prix de la vie, Rousseau, Ém. IV. Quand une fois l'ennui de vivre l'emporte sur l'horreur de mourir, alors la vie est évidemment un grand mal, Rousseau, Hél. III, 21. Il est défendu de quitter son poste sans la volonté de celui qui commande ; le poste de l'homme est la vie, Diderot, Opin. des anc. philos. (Pythagorisme). Dans ton sein [de la nature] qu'est-ce qu'une vie ? Ce qu'est une goutte de pluie Dans les bassins de l'océan, Lamartine, Harm. IV, 9. Quand tous les dons que l'homme envie, à son gré semblent accourir, Quand de la fortune asservie On n'a plus rien à conquérir, C'est alors qu'on aime la vie, C'est alors qu'il faudrait mourir, P. Lebrun, Mort de Nap. IV.

    Aimer plus que sa vie, aimer passionnément. Mme de Guénegaud, qui a non-seulement perdu son cadet à Bonn, mais son fils aîné qu'elle aimait plus que sa vie, Sévigné, 9 nov. 1689.

    Terme de jurisprudence. Vie naturelle, le cours de la vie selon la nature.

    Vie civile, état que tient dans l'ordre politique celui qui n'en est pas déchu. La vie civile n'a pas plus à craindre [que la physique] de cet esprit-là [le pyrrhonisme] ; car les sceptiques n'ont jamais nié qu'il ne faille se conformer aux coutumes de son pays, Anal. de Bayle, t. III, p. 401.

    Être entre la vie et la mort, être dans un extrême péril, soit par maladie, soit autrement. Ô Dorido, mon fils, dit le vieillard, ma fille est entre la vie et la mort, Lesage, Guz. d'Alf. IV, 2.

    Fig. Sa vie ne tient plus qu'à un fil, il est moribond, il est à toute extrémité.

    Fig. Il n'a qu'un filet de vie, qu'un souffle de vie, se dit d'un homme infirme, qui n'a point de vigueur.

    Donner la vie, mettre au monde. Elle a donné la vie à une fille.

    Donner la vie à son ennemi, lui accorder merci, ne pas le tuer, quoiqu'on le puisse.

    Le prince a donné la vie, a accordé la vie, a fait grâce de la vie à ce condamné, il a empêché, en vertu de son autorité, que l'arrêt de condamnation ne fût exécuté. Télémaque obtint des rois qu'on lui donnerait la vie [à l'auteur d'un complot], parce qu'il la lui avait promise, Fénelon, Tél. XX.

    Demander la vie, implorer la pitié d'un ennemi vainqueur. Il criait : la vie ! la vie ! Il a honte de demander la vie, et il ne peut s'empêcher de témoigner qu'il la désire, Fénelon, Tél. XX.

    Il ne donne plus signe de vie, il est mort.

    Fig. Ne pas donner signe de vie, ne témoigner par rien qu'on existe. Il [le gouverneur de Lerida] nous laissa faire les approches de la place, sans donner signe de vie, Hamilton, Gram. 7. Sans lui donner le moindre signe de vie sur sa dette, Hamilton, ib. 9.

    Il doit la vie à cet homme, il lui est obligé de la vie, se dit de celui à qui un homme a sauvé ou conservé la vie.

    On dit de même : Après Dieu, il ne tient sa vie que d'un tel.

    Par exagération, y mettre sa vie, soutenir quelque chose en se déclarant prêt à mourir si la chose n'est pas. En ce cas-là volontiers gagerai, Reprit Guillaume, et j'y mettrais ma vie, La Fontaine, Orais.

    Revenir de mort à vie, revenir, contre toute espérance, d'une maladie très grave.

    Aller de vie à trépas, mourir.

  • 3L'espace de temps qui s'écoule entre la naissance et la mort. La moitié de la vie se passant en sommeil, Pascal, Pens. VIII, 1. La vie est trop courte, et la mort nous prend que nous sommes encore tout pleins de nos misères et de nos bonnes intentions, Sévigné, Lett. à Bussy, 27 juin 1679. La vie est courte, mon cher cousin, c'est la consolation des misérables et la douleur des gens heureux, et tout viendra au même but, Sévigné, ib. 15 déc. 1685. La vie, déjà raccourcie, s'abrège encore par les violences qui s'introduisent dans le genre humain, Bossuet, Hist. II, 1. Aussitôt qu'on cesse de compter les heures et de mesurer notre vie par les jours et par les années, Bossuet, Duch. d'Orl. Nous avouerons franchement, à l'exemple de notre abbesse, que nous devons mesurer la vie par les actions, non par les années, Bossuet, Yolande de Monterby. Hélas ! si jeune encore, Par quel crime ai-je pu mériter mon malheur ? Ma vie à peine a commencé d'éclore, Racine, Esth. I, 5. La vie est courte et ennuyeuse ; elle se passe toute à désirer ; l'on remet à l'avenir son repos et ses joies…, La Bruyère, XI. Nous ne songeons point à la mort, parce que nous ne savons où la placer dans les différents âges de notre vie, Massillon, Carême, Sur la mort. La satire ment sur les gens de lettres pendant leur vie, et l'éloge ment après leur mort, Voltaire, Lett. de Bordes, 10 janv. 1769. J'ai vécu ; j'ai passé ce désert de la vie Où toujours sous mes pas chaque fleur s'est flétrie, Lamartine, Méd. I, 18. Ce n'est pas le plus bel endroit de sa vie, ce n'est pas ce qu'il a fait de mieux. Ce ne sera jamais là le plus bel endroit de sa vie, Marivaux, Marianne, 8e part.

    Élixir de longue vie, nom donné à une sorte d'élixir.

    Eau-de-vie, voy. EAU, n° 19.

    Vie moyenne, la part de vie qu'en moyenne peut espérer un nouveau-né. La vie moyenne des enfants d'un an est de trente-trois ans ; celle d'un homme de vingt et un ans est aussi à peu près de trente-trois ans, Buffon, Prob. de la vie, Œuv. t. x, p. 257. On sait que la longueur moyenne de la vie des hommes, à compter depuis le moment de la naissance, est d'environ vingt-sept ans, D'Alembert, Œuv. t. IV, p. 298.

    Si Dieu lui prête vie, si la volonté de Dieu est qu'il vive. Petit poisson deviendra grand, Pourvu que Dieu lui prête vie, La Fontaine, Fabl. v, 3.

  • 4Une partie considérable du cours de la vie. Il est estropié pour toute sa vie. Nous passons près des rois tout le temps de nos vies à souffrir des mépris et ployer les genoux, Malherbe, I, 3. Avez-vous cependant une pleine assurance D'avoir assez de vie ou de persévérance ? Corneille, Poly. I, 1. Quand il l'ouït ronfler comme s'il n'eût fait autre chose toute sa vie, Scarron, Rom. com. I, 6. La vie de l'homme est misérablement courte ; on la compte depuis la première entrée dans le monde, Pascal, Pass. de l'amour. La vie est pleine de choses qui blessent le cœur, Sévigné, 212. La Champmeslé [célèbre actrice] est quelque chose de si extraordinaire, qu'en votre vie vous n'avez rien vu de pareil, Sévigné, 1er avr. 1672. Au lieu de l'histoire d'une belle vie, nous sommes réduits à faire l'histoire d'une admirable, mais triste mort, Bossuet, Duch. d'Orl. Est-on, disait-il, dans les places pour se reposer et pour vivre ? ne doit-on pas sa vie à Dieu, au prince et à l'État ? Bossuet, le Tellier. Bassien ou Caracalla… passa sa vie dans la cruauté et dans le carnage, Bossuet, Hist. I, 10. Dieu tonne du plus haut des cieux ; le redouté capitaine tombe au plus beau temps de sa vie, Bossuet, Anne de Gonz. Embrassez la belle pratique où, sans se mettre en peine d'attaquer la mort, on n'a besoin que de s'appliquer à sanctifier sa vie, Bossuet, Mar.-Thér. Mais vous savez trop bien l'histoire de ma vie, Pour croire…, Racine, Mithr. III, 1. Pour Antiope, ce que je sens n'a rien de semblable… c'est goût, c'est estime, c'est persuasion que je serais heureux si je passais ma vie avec elle, Fénelon, Tél. XXII. Une vie est souvent heureuse ou malheureuse Par les endroits qu'on n'en voit pas, Lamotte, Fabl. II, 5. Du courage : il faut bien s'amuser dans la vie, Collin D'Harleville, Malice pour malice, I, 5.
  • 5L'existence terrestre. La vie présente. Ils passèrent de cette vie à une autre meilleure, Naudé, Apologie, p. 449. La vie de l'homme sur la terre est une guerre continuelle, et ses jours sont comme les jours d'un mercenaire, Sacy, Bible, Job, VII, 1. Cette vie est le temps de croire, comme la vie future est le temps de voir, Bossuet, Concupisc. 1. Si cette vie est le champ fécond dans lequel nous devons semer pour la glorieuse éternité…, Bossuet, Yolande de Monterby. Vous exigez des gens de bien une exemption de tout défaut et un degré de perfection qui n'est pas de cette vie, Massillon, Carême, Injust. du monde.

    Fig. En termes de spiritualité, la vie des sens, les sentiments terrestres et mondains. Tout ce qui plaît, tout ce qui flatte, tout ce qui nourrit la vie des sens, devient un besoin dont vous ne pouvez plus vous passer, Massillon, Carême, Prospér. temp.

  • 6L'existence de l'âme après la mort. La vie future. L'espérance d'une autre vie. Hésiode garde constamment le silence sur une autre vie, et revient plusieurs fois sur les promesses de récompenses et de peines temporelles, Lévesque, Instit. Mém. sc. mor. et pol. t. II, p. 18.

    La vie éternelle, ou, absolument, la vie, état des bienheureux dans le ciel. Simon Pierre lui répondit : à qui irons-nous, Seigneur ? vous avez les paroles de la vie éternelle, Sacy, Bible, Év. St Jean. VI, 69. Jésus-Christ a dit dans son Evangile : Combien est étroit le chemin qui mène à la vie ! Bossuet, Reine d'Anglet.

    Le livre de vie, voy. LIVRE 1, n° 2.

  • 7 Fig. Renaissance spirituelle, communion, baptême. Nous avons fait à Dieu mille promesses en approchant du tribunal sacré où nous avons trouvé une nouvelle vie, Massillon, Carême, Pâques. Un pontife sacré viendra jusqu'en ces lieux Vous apporter la vie et dessiller vos yeux, Voltaire, Zaïre, III, 4.

    Se nourrir du pain de vie, communier.

    En termes de dévotion. La grâce est la vie de l'âme. La charité qui est l'âme et la vie de la grâce, Pascal, Prov. v.

    Vie spirituelle, voy. SPIRITUEL, n° 2.

  • 8 Fig. Vie de réputation, seconde vie, réputation qui dure après la mort. Mais peut-être que, prêt à mourir, on comptera pour quelque chose cette vie de réputation, ou cette imagination de revivre dans sa famille qu'on croira laisser solidement établie ; qui ne voit, mes frères, combien vaines, mais combien courtes et combien fragiles sont encore ces secondes vies que notre faiblesse nous fait inventer pour couvrir en quelque sorte l'horreur de la mort ? Bossuet, le Tellier.
  • 9Principe d'existence et de force. Il y a bien de la vie dans ce vieillard, dans ce malade. Si toutefois, après ce coup mortel du sort, J'ai de la vie assez pour chercher une mort, Corneille, Poly. II, 2. Dans les cruelles mains par qui je fus ravie Je demeurai longtemps sans lumière et sans vie, Racine, Iphig. II, 1.

    Fig. Donner, redonner, rendre la vie, se dit de ce qui rassure, ranime, réconforte. Par votre lettre qui me donne la vie, nous voyons votre triomphe quasi assuré, Sévigné, 175. Pour cet hiver, l'espérance de vous avoir me donne la vie, Sévigné, 28 mars 1676. Ah ! je respire, Arsace, et tu me rends la vie, Racine, Bérén. III, 2.

    Fig. Rendre la vie à une institution, à une corporation, en ranimer le principe, la force. La mort de Lalli ne rendit pas la vie à la compagnie des Indes ; elle ne fut qu'une cruauté inutile, Voltaire, Pol. et lég. Fragm. hist. Inde, 20.

  • 10Ce qui est dans les compositions des lettres ou des beaux-arts comme la vie dans un corps. Le coloris donne la vie à un tableau. Des vérités audacieuses, des expressions pleines de vie que la réflexion solitaire n'aurait pas fait naître, Staël, Corinne, III, 3.

    Il y a bien de la vie dans ce tableau, il y a de l'action, les figures en sont fort animées.

    Ce style, ce discours est sans vie, il est sans force, sans énergie.

    Dans le sens contraire : Ce discours, ce style a de la vie, est plein de vie.

    Terme de peinture et de sculpture. Caractère, expression naturelle dans les visages et les gestes des figures ; apparences de la vie. Ce portrait est plein de vie.

  • 11Ce qui regarde la nourriture et la subsistance. Il a très peu de bien, il n'a que la vie et le vêtement. Les ouvriers qui gagnaient leur vie en faisant de petits temples d'argent de la Diane d'Éphèse, Bossuet, Hist. II, 12. Ils [les Parisiens assiégés par Henri IV] voyaient devant eux ces piques formidables… Ces lances qui toujours avaient porté la mort… Au bout d'un fer sanglant leur apporter la vie, Voltaire, Henr. x.

    Demander sa vie, demander l'aumône. Ceux qui subsistaient par leur travail sont réduits à la honte de mendier leur vie, Bossuet, 3e sermon pour le jeudi de la Passion, Intégr. 3.

    Être de grande, de petite vie, manger beaucoup, ne manger guère.

    La vie est chère, la vie est à bon marché dans ce pays, les denrées y sont à un prix élevé, à bas prix. Je reçois mille présents de tous côtés ; c'est la mode du pays, où d'ailleurs la vie ne coûte rien du tout : enfin, trois sols deux poulets, et tout à proportion, Sévigné, 278. La vie n'est pas chère à Rome pour quelqu'un de domicilié, Duclos, Œuv. t. VII, p. 90. La vie est à bon marché à Saint-Germain, Genlis, Veillées du château t. I, p. 111.

  • 12La manière dont on se nourrit, dont on se traite, dont on se divertit. Venez souper chez moi ; nous ferons bonne vie, La Fontaine, Fabl. I, 14. La galande fit chère lie, Mangea, rongea : Dieu sait la vie, La Fontaine, ib. III, 17. Dansant, chantant, menant joyeuse vie, La Fontaine, Mari confess. J'avais une véritable envie de le voir, et de lui conter la bonne vie que nous avions faite à Langlar, Sévigné, 364. De la manière dont les jeux et les plaisirs sont à votre suite, c'est proprement le carnaval que la vie que vous faites, Sévigné, 406. Je vous envoie le Mondain ; c'était à vous de le faire : j'y décris une petite vie assez jolie ; mais que celle qu'on mène avec vous est au-dessus ! Voltaire, Lett. en vers et en prose, 50 (au comte de Tressan)

    Absolument. Faire la vie, se livrer à toutes sortes d'amusements, mener une vie débauchée. Et quand on en médirait, Tant que l'hiver durerait, Elle passerait son envie, Et ferait jour et nuit la vie, Scarron, Virg. IV.

    Faire une terrible vie, se livrer à des excès. Mais vous-même, à propos, Vous avez fait tantôt une terrible vie, La Fontaine, Joc.

  • 13Manière de vivre. Mener une vie douce. Il coule doucement sa vie, ou, familièrement, il roule doucement sa vie. Vous ne sauriez imaginer combien la vie que j'y fais [en Espagne] est différente de la mienne passée, Voltaire, Lett. 23. Ces vies brutales où je vois que plusieurs personnes de votre condition se laissent emporter, Pascal, Condition des grands, 3. Les pensées pures… le fatiguent et l'abattent [l'homme] ; c'est une vie unie à laquelle il ne peut s'accommoder, Pascal, Pass. de l'amour. M. de Pompone aura besoin de toute sa raison pour oublier parfaitement ce pays-là [la cour], et pour reprendre la vie de Paris, Sévigné, 398. Vous voyez ma vie ces jours-ci, ma chère fille ; j'ai de plus la douleur de ne vous avoir point, Sévigné, 15 avril 1672. L'on y fait [à Bourbon] la vie des eaux, qui est tout uniforme et tout appliquée à la santé, Sévigné, 25 sept. 1687. Nous faisons une vie si réglée, qu'il n'est pas quasi possible de se mal porter, Sévigné, 29 juin 1689. La simplicité d'une vie particulière qui goûte doucement et innocemment ce peu de biens que la nature nous donne, Bossuet, Duch. d'Orl. Il [Abraham] mena toujours une vie simple et pastorale, Bossuet, Hist. I, 3. Jusque-là ils avaient mené une vie sauvage et brutale, Fénelon, Tél. II. Il sera impossible de s'imaginer une vie de courtisan plus brillante et plus délicieuse, Fontenelle, Dangeau. Si j'étais à Paris, j'y mourrais bien vite de la vie qu'on y mène, Voltaire, Lett. Vaines, 6 nov. 1776. Je m'imagine que la vie de château est une triste chose, Genlis, Théât. d'éduc. II, 4. Elles s'en allaient avec leurs époux, prêtes à recommencer le lendemain une vie qui ne différait de celle de la veille que par la date de l'almanach et la trace des années, Staël, Corinne, XIV, 1. Faire vie qui dure, ménager son corps, sa santé, ses ressources. On tâche de régler les rangs, afin de faire vie qui dure avec des gens si loin d'être rétablis, Sévigné, 506.

    Tourmenter sa vie, se donner beaucoup de mouvement, s'agiter.

    Rendre la vie dure à quelqu'un, le tourmenter, le chagriner à tout propos. Larochefoucauld aimait moins que médiocrement ses enfants, il leur rendait la vie fort dure, Saint-Simon, 229, 71.

  • 14La vie considérée au point de vue moral. Rien n'est si difficile, selon le monde, que la vie religieuse ; rien n'est plus facile que de la passer selon Dieu, Pascal, Pens. XXIV, 27. Tous les grands divertissements sont dangereux pour la vie chrétienne ; mais, entre tous ceux que le monde a inventés, il n'y en a point qui soit plus à craindre que la comédie, Pascal, ib. XXIV, 64. Il [le cardinal de Retz] se porte très bien, et fait une vie très religieuse, Sévigné, 31 juill. 1675. On n'a ici nulle attention à la vie, et on compte pour tout de recevoir les sacrements à la mort, Maintenon, Lett. à Mme de Brinon, t. II, p. 249, dans POUGENS.

    Certificat de bonne vie et mœurs, certificat constatant qu'une personne a une conduite régulière. Vos actes de foi et informations de vie et mœurs n'arrivèrent que le propre jour qu'on tenait le premier chapitre, et par conséquent trop tard, Sévigné, 514. De sa vie et mœurs il faut faire d'abord quelque information, Dancourt, Enf. de Paris, v, 1.

    Familièrement. Faire vie de garçon, mener une vie libre et peu régulière.

    Familièrement. Mener une vie de bohême, vivre comme un bandit, comme un homme qui n'a ni feu ni lieu.

    Femme de mauvaise vie, prostituée. Lorsque dix ou douze chiens qui suivaient une chienne de mauvaise vie, vinrent à la suite de leur maîtresse se mêler parmi les jambes des musiciens, Scarron, Rom. com. I, 15.

    Un homme de mauvaise vie, un homme débauché, sans mœurs. Il est allé loger chez un homme de mauvaise vie, Sacy, Bible, Évang. St Luc, XIX, 7.

    Populairement. Mener une vie de cochon, vivre dans la crapule, dans la débauche.

  • 15Il se dit par rapport aux occupations et aux professions différentes de la vie. Une vie active, laborieuse. Vie active. Vie contemplative. La vie des champs. La vie des camps. Nous avons vu qu'Abraham suivait le genre de vie que suivirent les anciens hommes, Bossuet, Hist. II, 2. Ceux qui de Dominique ont embrassé la vie, Voltaire, Henr. v. La vie religieuse est un combat, et non pas un hymne, Staël, Corinne, x, 5.
  • 16 Absolument. La vie, la manière dont se comporte le monde. Que voulez-vous ? c'est la vie. Un caractère essentiel de la langue française, celui qui la rend si propre aux sciences, aux affaires, à la vie, celui qu'elle ne peut perdre sans changer tout à fait, la clarté…, Villemain, Dict. de l'Acad. Préface.

    Dans la vie, dans l'usage habituel. Dans la vie, le jour est l'intervalle de temps depuis le lever jusqu'au coucher du soleil, Laplace, Exp. I, 3.

  • 17 Fig. Il se dit de ce qui fait la principale affection, la principale occupation. L'étude est sa vie. La moitié de ma vie [mon amant] a mis l'autre [mon père] au tombeau, Corneille, Cid, III, 3. Votre amour est ma vie, et ma vie est à vous, Corneille, Sertor. III, 4. Je suis toute à vous, ma très chère, et cette amitié fait ma vie, Sévigné, 292. Vous devez passer votre vie à aimer et à penser ; c'est la véritable vie des esprits, Voltaire, Micromégas, 7. L'Indien s'enfonça dans la cyprière, non sans tourner la tête vers le lieu où reposait la vie de sa vie [son ami], Chateaubriand, Natch. XI.
  • 18Histoire, récit des choses remarquables de la vie d'un homme. Les vies des saints. Je me divertis à faire la vie de mon exempt, qui était aussi fripon que Lazarilles de Tormes, Retz, IV, 283. Il [l'évêque du Puy] a fait la vie de ma grand'mère, Sévigné, 406. On appelle Histoire auguste celle de six auteurs latins qui ont écrit les vies des empereurs romains depuis Adrien jusqu'à Carin, Rollin, Hist. anc. liv. XXV, ch. II, 2. Presque toutes les vies des hommes célèbres ont été défigurées par des contes, Voltaire, Mél. litt. Lett. sur Rabelais, I. L'occupation pour les jours de pluie, fréquents en ce pays, est d'écrire ma vie : non ma vie extérieure comme les autres ; mais ma vie réelle, celle de mon âme, l'histoire de mes sentiments les plus secrets, Rousseau, Lett. à milord Maréchal, Corresp. t. II, p. 80, dans POUGENS.

    On met un grand V, quand il s'agit d'un ouvrage portant ce titre. Les Vies de Plutarque. Avez-vous lu la Vie du grand Théodose, par l'abbé Fléchier ? je la trouve belle, Sévigné, 29 mai 1679.

    Il nous a raconté toute sa vie, il nous a fait le récit de tout ce qui lui est arrivé.

    On dit dans le même sens : mémoires de sa vie.

  • 19 Familièrement, vie, avec quelque épithète, crierie qu'on fait en querellant, en réprimandant. Ce sont des vies continuelles dans cette maison. Mais vous pensez en vain chercher une défaite ; Demandez-lui, monsieur, quelle vie on m'a faite, Corneille, Suite du Ment. III, 3. Dieu sait la vie… elle tance Isabeau, La Fontaine, Cloch. Il [un enfant malade] dit qu'il veut seulement le faucon De Frédéric, pleure et mène une vie à faire gens de bon cœur détester, La Fontaine, Faucon. Votre frère est à Saint-Germain ; il est entre Ninon et une comédienne, et Despréaux sur le tout ; nous lui faisons une vie enragée, Sévigné, 29. Bon Dieu ! si j'en avais fait autant [se baigner dans une rivière], quelle vie vous me feriez ! Sévigné, 19 août 1676.
  • 20Arbre de vie, thuya.
  • 21 Terme d'alchimie. Vie et mort, le soufre et le mercure des philosophes.
  • 22 Par forme de serment. Sur la vie, très certainement ou très expressément. Je vous en déferai, bon homme, sur ma vie, La Fontaine, Fabl. IV, 4. Gardez-vous sur votre vie, D'ouvrir que l'on ne vous die, Pour enseigne et mot du guet : Foin du loup et de sa race, La Fontaine, Fabl. IV, 15.

    Merci de ma vie ! espèce de jurement populaire. Eh ! merci de ma vie ! il en irait bien mieux, Si tout se gouvernait par ses ordres pieux, Molière, Tart. I, 1.

    Vertu de ma vie ! autre jurement. Vertu de ma vie ! à tout moment il me prend envie d'aller en Poitou, Scarron, Œuv. t. I, p. 180.

  • 23En vie, loc. adv. Vivant. C'est par là qu'on publie Ce prodige étonnant d'Héraclius en vie, Corneille, Héracl. II, 1. On croit que, quand on leur arrache le cœur [aux vipères, pour en faire du bouillon], c'en est fait, qu'on n'en entendra plus parler ; point du tout ; elles sont encore en vie, elles remuent encore, Sévigné, 382. Ton oncle, dis-tu, l'assassin, M'a guéri d'une maladie : La preuve qu'il ne fut jamais mon médecin, C'est que je suis encore en vie, Boileau, Épigr. XX. Il faudrait que je fusse mort pour être indifférent ; il est vrai que je ne suis guère en vie, et qu'on peut même, dans sa quatre-vingt-troisième année, n'être pas fort exact à écrire, quand on est accablé de maladies comme je le suis, Voltaire, Lett. Delille, 14 mars 1776. Vous êtes en vie ; mais comment ? vous n'en saurez jamais rien, Voltaire, Lett. M. L. C. 1768. Aimer un mari mort ! fi donc ! quelle folie ! On a bien de la peine à les aimer en vie, Legrand, Famille extrav. sc. 11.
  • 24Tout en vie, plein de vie, d'avenir, de force. Ce prélat [l'évêque d'Angers]… hormis la vue, est encore tout en vie à quatre-vingt-douze ans passés, Sévigné, 21 mars 1689. Un abbé de la Mothe… est mort tout en vie en deux jours, lorsqu'il se vantait de sa santé, Sévigné, 21 mars 1689. Barbezieux mourut tout en vie avec fermeté au milieu de sa famille, Saint-Simon, 85, 103.

    Terme de menuisier. Tout en vie ou à vif, se dit d'une planche qui entre dans une autre ou dans un bâti, sans qu'on ait rien diminué de son épaisseur ; se dit semblablement d'une porte, etc.

  • 25De la vie, de ma vie, de sa vie, etc. loc. adv. avec la négation, jamais. De ma vie je n'ai vu pareille chose. Vous n'avez de votre vie été si jeune que vous êtes, et je vois des gens de vingt-cinq ans qui sont plus vieux que vous, Molière, l'Av. II, 6. Des notions que vous n'effacerez de la vie, Rousseau, Ém. I.
  • 26Pour la vie, à la vie et à la mort, pour toujours. Je suis son ami pour la vie. Ils se séparent pour la vie. Je suis aise, messieurs, de vous déclarer à tous que j'aime Rosny plus que jamais, et que, entre lui et moi, c'est à la vie et à la mort, Collé, Partie de chasse de Henri IV, I, 6.

    Pour la vie, signifie aussi pour longtemps. Cette étoffe est excellente, on en a pour la vie.

  • 27À vie, loc. adv. Pendant tout le temps qu'on a à vivre. Une pension à vie. Bail à vie. Emploi à vie. Je ne sais point faire marché à vie ; c'est un métier trop périlleux, Regnard, Sérénade, sc. 1.

    On dit dans le même sens : Ma vie durant, sa vie durant. Il a la jouissance de cette maison, sa vie durant.

  • 28Frères de la vie commune, société fondée par Gérard Groot en 1384, où des personnes de savoir et de piété, vivant en commun de leur apport, s'occupaient à instruire la jeunesse.

PROVERBES

Telle vie, telle fin, ou telle vie, telle mort, c'est-à-dire on meurt de la même manière qu'on a vécu.

Vie de cochon, courte et bonne vie passée dans la crapule, et abrégée par les excès.

Qui a temps a vie, on a chance de sauver sa vie, ses biens, quand on a devant soi du temps, du loisir.

On a toujours plus de biens que de vie, se dit comme leçon aux avares qui se tuent pour en amasser.

C'est une vie de chien, se dit d'une vie mesquine, chétive, malheureuse.

On dit chienne de vie, dans le même sens. Quel chien de train, quelle chienne de vie ! Rousseau J.-B. Épigr. IV, 5.

HISTORIQUE

XIe s. La mortel vithe li prist mult à blasmer ; De la celeste li mostret veritet, St Alexis, XII. La vithe est fraile, n'i ad durable honur, ib. XI. Out [il eut] pais de vie et de membre, Lois de Guill. 1. En Saragoce menez vostre ost banie ; Metez le sege [assiégez] à [pendant] tute vostre vie, Ch. de Rol. XI. N'aurez mais guere en tute vostre vie, ib. XLIII. Si calengez e vos morz e vos vies, ib. CXLI. Deux ! dist li reis, si penuse est ma vie, ib. CCXCIII.

XIIe s. De mort à vie [tu] suscitas Lazaron, Ronc. p. 48. Jamais en vie un seul ne reverrez, ib. p. 101. Fors seul itant qu'ele ne me fait don De li [l'] aimer pour alonger ma vie, Couci, II. En vostre amour, qui donra mort ou vie, ib. XX. À prendre li convient [il lui faut] vie d'home sauvage, Et gesir mainte nuit alvent et al orage, Sax. XXVI. Mult sovent le blasmeient que tel vie meneit, Kar il ert [était] granment fiebles, e trop se destreigneit, Th. le mart. 93.

XIIIe s. Gloire done au preudome une seconde vie, c'est-à-dire que après sa mort la renomée qui remaint [reste] de ses bones oevres fait sembler que il soit encore en vie, Latini, Trésor, p. 450. La vie active est l'innocence des bones oevres, Latini, ib. p. 458. L'un ot non Carloman, qui fu de bonne vie, Berte, II. Car nus [nul] ne vient à vie [que] ne conviene finer, ib. III. Se j'avoie cent vies…, ib. XLVI. Se Diex lui donnoit vie, qui sur tout a pooir, ib. LXV. Et ainsi [elle] nous formaine par sa mauvaise vie, ib. LXXII. Dont [donc] ne li faites mie du cor la vie oster, ib. XCVII. Ne porquant il emporte le [la] saiszine, dusqu'à tant que li engagemens à vie sera provés, Beaumanoir, XXIV, 4. Touz crioient à nostre Seigneur que il li donnast bone vie et longue, Joinville, 202.

XIVe s. Li tournoys commencha, à chascune partie ; Qui veïst chevalier demener gaie vie…, Beaud. de Seb. III, 753. Nourrie avoit [elle] esté de petite vie, comme du labour de son pere, Ménagier, I, 6. Item que toutes les filles de vie [filles publiques]… facent leurs bouticles es lieux à ce ordonnez d'ancienneté, Du Cange, vita.

XVe s. Et pour ce que de jone vie Te voi [je te vois]…, Froissart, Espin. amour. Disoyent bien entre eux : certes se le comte peut, il nous destruira tous ; il nous aime bien, il n'en veut que les vies, Froissart, liv. II, p. 81, dans LACURNE. Nous nous vendrions cherement, tellement qu'on en parleroit cent ans après nos vies, Froissart, liv. I, p. 410. Et luy fut dit et deffendu de par le duc de Glocestre, qu'il ne s'embesongnast plus, si cher comme il aimoit sa vie, des besongnes du roy d'Angleterre, Froissart, liv. III, p. 226. Et je et tous ceux que je pourrai prier, y mettrons les vies [nous exposerons notre vie pour cela], Froissart, I, I, 4. Ung malade s'en gueriroit, Et ung mort reviendroit en vie, Orléans, Rondeau. Il ne fit nulle execution contre ces malfaiteurs, jusqu'à ce qu'il pust prouver leur vie [conduite], Monstrelet, I, 47. Nulz ne puet estre parfait, Ne mener joieuse vie, S'amour joieux ne le fait, Qui soutient chevalerie ; Elle seroit tost perie… Il n'est vie que d'amer, Deschamps, Poésies mss, f° 163. Se ceans aucun parle de Bruyant devant luy, il maine telle vie que à peine le peult on appaiser, Perceforest, t. IV, f° 27.

XVIe s. La vie est une fleur espineuse et poignante, Belle au lever du jour, seiche en son occident, Desportes, Œuvres chrestiennes, sonnets, 12. L'humaine vie à bon droit se compare Aux vaines fleurs dont le printans se pare, Desportes, Épitaphes, Diane, complainte. Vous avez pris le secret sur votre vie, et sur votre vie tombera la punition, Marguerite de Navarre, Nouv. LXX. Par vostre lectre j'ay receu une nouvelle vie, dont je vous proumets, Monseigneur, j'avois besoing, Marguerite de Navarre, Lettre CIV. Il gaigne sa vie à se faire voir, Montaigne, I, 109. Je suis d'advis que tu quittes cette vie là, ou la vie tout à faict, Montaigne, I, 251. C'estoit un mangeur excessif ; car il devoroit la vie de neuf ou dix personnes pour le moins, à un repas, Despériers, Contes, LXXV. Montluc travailla si bien, et fit si bien travailler l'evesque de Dax, Bazin de Blois, qui sçavoit sa vie [son métier] à ce jeu là, et autres emissaires, que…, D'Aubigné, Hist. II, 65. Ou bien qu'il participoit au butin, car il en estoit de grand vie [grand coureur de filles], Carloix, VI, 4. L'oye, entre tous les oyseaux de riviere, et qu'on appelle de l'une et l'autre vie, pour se nourrir en terre et en eau, est celui qui desire le moins l'humidité, De Serres, 372. Joyeuse vie pere et mere oublie, Génin, Récréat. t. II, p. 241.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « vie »

(Nom 1) (980) Du moyen français vie, de l’ancien français vie, vide, vida, du latin vīta (« vie »).
(Nom 2) (Date à préciser) Du latin via (« voie, chemin »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Wallon, veie ; provenç. vita, vida, via ; espagn. vida ; ital. vita ; du lat. vita (voy. VIVRE) ; gaél. bith ; bas-breton, buez.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Phonétique du mot « vie »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
vie vi

Fréquence d'apparition du mot « vie » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « vie »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « vie »

  • Les feuilles Qu'on foule Un train Qui roule La vie S'écoule.
    Guillaume Apollinaire de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire — Alcools, Automne malade , Gallimard
  • La vie est faite de marbre et de boue.
    Nathaniel Hawthorne — La Maison aux sept toits
  • Nous ne devenons pas autres pour mourir. J'interprète toujours la mort par la vie.
    Michel Eyquem de Montaigne — Essais, II, 11
  • La tragédie de la mort est en ceci qu'elle transforme la vie en destin.
    André Malraux — L'Espoir
  • Consacrer sa vie à la vérité.
    Juvénal en latin Decimus Junius Juvenalis — Satires, IV, 91
  • Les êtres extraordinaires ont la vie courte et vieillissent rarement.
    Martial — Livre VI
  • La vie est un voyageur qui laisse traîner son manteau derrière lui, pour effacer ses traces.
    Louis Aragon — Les voyageurs de l’impériale
  • Nous, nés d'hier, nous ne savons rien, notre vie sur terre passe comme une ombre.
    La Bible — Ancien Testament, Job VIII, 9
  • Le soir de la vie apporte avec soi sa lampe.
    Joseph Joubert — Pensées
  • Savez-vous bien que c'est le train de cette vie ? La fuite de la Vie, et la course à la Mort.
    Jean de Sponde — Sonnets d'amour, Sur la mort, IV
Voir toutes les citations du mot « vie » →

Traductions du mot « vie »

Langue Traduction
Anglais life
Espagnol vida
Italien vita
Allemand leben
Chinois 生活
Arabe الحياة
Portugais vida
Russe жизнь
Japonais 生活
Basque bizitza
Corse a vita
Source : Google Translate API

Synonymes de « vie »

Source : synonymes de vie sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « vie »

Combien de points fait le mot vie au Scrabble ?

Nombre de points du mot vie au scrabble : 6 points

Vie

Retour au sommaire ➦