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Vice

Variantes Singulier Pluriel
Masculin vice vices

Définitions de « vice »

Trésor de la Langue Française informatisé

VICE, subst. masc.

I.
A. − Au sing.
1. [Le vice, p. oppos. à la vertu]
a) Vieilli ou littér. Disposition habituelle à faire ce qui est considéré comme moralement et/ou socialement mal; fait de se conduire d'une manière jugée culturellement comme gravement immorale. Synon. immoralité, perversion.Charme, plaisir du vice; horreur du vice; abîmes du vice. L'école de la fantaisie, dont vous nous donnez (...) l'absurde métaphysique, c'est la jouissance, c'est le vice, l'immoralité, la dégradation politique, c'est la Pornocratie (Proudhon, Pornocratie, 1865, p. 114).Voulez-vous bien aller à l'école, au lieu de prendre du vice dans les rues... C'est vrai, qu'est-ce qu'ils peuvent apprendre dans le ruisseau? Ils peuvent apprendre que le mal (A. France, Crainquebille, 1905, 1ertabl., 3, p. 243).
b) Dérèglement de la conduite; déviance par rapport à la norme morale sociale conventionnelle. Synon. débauche, dévergondage, libertinage, licence, luxure.Aimer le vice; croupir, se vautrer, vivre dans le vice; s'adonner au vice; avoir le vice dans la peau, dans le sang. Le désœuvrement amène l'ennui aigu, et l'ennui jette dans le vice (Amiel, Journal, 1866, p. 445).Il la mena un peu partout, chez les filles, au bal de l'Opéra, dans les avant-scènes des petits théâtres, dans tous les endroits équivoques où ils pouvaient coudoyer le vice brutal (Zola, Curée, 1872, p. 495).
En partic., vieilli. Aller au vice, rentrer du vice. Aller, rentrer d'un lieu de prostitution. Quand son mari rentrait du vice, elle l'avait vu ainsi parfois, la chair à ce point satisfaite, qu'il dormait debout (Zola, Fécondité, 1899, p. 581).
2. Goût dépravé, contre nature. Synon. perversité.Ta Renée? Vous êtes toujours ensemble, hein? (...) Elle t'a pincé. Tout de même c'est du vice: la femme de ton frère! (Arland, Ordre, 1929, p. 404).
B. −
1.
a) Penchant irrépressible pour quelque chose que la morale, la religion réprouve. Synon. défaut, tare, travers.Vice(s) immonde(s), honteux, odieux, précoce(s); vice de l'âme, du cœur, de l'esprit; avoir un/des vice(s); avoir tous les vices; être plein de vices; être pourri de vices; avoir vices sur vices; satisfaire ses vices. Il est évident que leurs idées morales antérieures sur le vice de la paresse (...) contribuent à donner, à de tels sentiments, une forme toute particulière (Janet, Obsess. et psychasth., t. 2, 1903, p. xii).Il fallait pas que je me galvaude! J'avais déjà trop de sales instincts qui me venaient on ne sait d'où!... En écoutant le petit André je deviendrais sûrement assassin. Mon père, il en était bien sûr. Et puis mes sales vices d'abord ils faisaient partie de ses déboires (...). J'en avais des épouvantables (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 168).
P. plaisant. Cette noble fille est empoisonnée par une grande dame jalouse, une duchesse, ornée de tous les vices, y compris celui de femme légitime (Veuillot, Odeurs de Paris, 1866, p. 134).
P. antiphr. Mes filles, c'était mon vice à moi (Balzac, Goriot, 1835, p. 291).
Proverbes
L'oisiveté est la mère de tous les vices. L'oisiveté, on le sait, est la mère de tous les vices; un arrondissement qui a des principes donne de l'occupation à son député, avec l'idée que la sollicitation permanente est la compagne de toutes les vertus (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 344).
Pauvreté* n'est pas vice.
b) En partic., domaine sexuel. Habitude, pratique sexuelle réprouvée par la morale sociale; perversion sexuelle. Vices inavouables, infâmes; vices du sexe. Il s'ingéniait à des variations dramatiques, langoureuses, prometteuses de vices. On lui eût assuré, sans le surprendre, qu'entre ses paupières décloses, passaient visiblement les tableaux de ses imaginations ou de ses souvenirs érotiques (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 316).J'espère qu'en Afrique tu apprendras à embrasser. Tu en as besoin mon petit. À moins qu'il n'y ait que les vieilles qui t'excitent, les mollasses, les langoureuses qui sentent la sonate et la colophane, et que tu aies le vice rance sentimental (Arnoux, Crimes innoc., 1952, p. 218).
Vice solitaire. Masturbation. Mon ignorance était telle que je me suis longtemps représenté le sexe féminin, non pas dans le sens vertical, mais dans le sens horizontal, comme la bouche. À quelque chose malheur est bon, et cette candeur me mit à l'abri du vice solitaire, ce fléau contre lequel nous n'avions jamais été mis en garde (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 244).
Vice contre nature. Homosexualité. Les Grecs ne pouvaient pas défendre les vices contre nature (Barrès, Cahiers, t. 6, 1907, p. 10).
2.
a) Habitude morbide, invétérée qui impose au sujet des servitudes et a sur lui des effets nuisibles graves. Vices d'ivrognerie; avoir le vice de la boisson, de la drogue. Puisque décidément je suis entré dans la Via Dolorosa des plus intimes aveux (...) parlons du peut-être seul vice impardonnable que j'ai, parmi tant et tant d'autres:La manie, la fureur de boire,là! (Verlaine, Œuvres compl., t. 5, Confess., 1895, p. 98).Maman aspirait une petite prise de tabac; elle le faisait discrètement, presque en cachette, car elle sait que je n'aime pas à la voir priser, moi qui fume toute la journée, moi qui suis gâté par toute sorte de vices, de manies et de tics (Duhamel, Confess. min., 1920, p. 175).
b) Penchant excessif, irrépressible pour quelque chose; p. ext., mauvaise habitude. Synon. manie.Avoir le vice de jouer, de lire, de travailler. Si l'on devait, comme les propriétaires, rester à la campagne, on meublerait son ennui de quelque passion pour les lépidoptères, les coquilles, les insectes, ou la Flore du département; mais un homme raisonnable ne se donne pas un vice pour tuer une quinzaine de jours (Balzac, Paysans, 1844, p. 24).Son vice à lui c'était la pêche. Il passait souvent une semaine canal Saint-Martin (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 54).
Vice + adj.Défaut caractéristique d'un groupe social, d'une collectivité. Chaque peuple a son vice national, et si mes compatriotes sont cruels, ils rachètent ce grand défaut par mille qualités estimables (Chateaubr., Essai Révol., t. 1, 1797, p. 114).Si on lit ceci on me croira envieux, cela me désole; ce plat vice bourgeois est, ce me semble, le plus étranger à mon caractère (Stendhal, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 275).
En partic. Défaut dans le comportement d'un animal et en particulier d'un cheval. Quand un homme a été désarçonné par un joli cheval, il lui trouve des vices et il le vend (Balzac, Secrets Cadignan, 1839, p. 364).
3. Vieilli, fam. Avoir du vice. Avoir de la ruse, de la malice. Le duc de Bourgogne, au contraire, avait bien du vice, comme dit le peuple, ce qui veut dire aussi qu'il avait bien de l'esprit (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 2, 1862, p. 116).Ah! pour un qui avait du vice, c'en était un celui-là (...) et comme le mâtin jouait de l'attrape-nigaud... (E. de Goncourt, Zemganno, 1879, p. 102).
4. P. méton. Personne vicieuse. Il eut pitié de ce vice en jupon qui se cache dans les voitures et derrière les portes, déshonorant l'adultère par la vulgarité de sa bassesse (Flaub., 1reÉduc. sent., 1845, p. 156).
Par personnification. Tout à coup une porte s'ouvre: entre silencieusement le vice appuyé sur le bras du crime, M. de Talleyrand marchant soutenu par M. Fouché (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 628).
Au sing. coll. Le vice. Les personnes vicieuses. Gourmander, punir, châtier le vice. Protéger, autoriser le vice. Honorer le vice (Ac.).
II.
A. − Anomalie, défaut grave qui altère une personne, une chose dans son essence et la rend inapte à remplir sa fonction, qui la rend impropre à sa destination. Synon. défaut, défectuosité, malfaçon, tare.Vices du corps; vices de constitution d'une personne; vice de conformation d'un organe, d'une personne; vice de construction, de fabrication. Une horrible palpitation, due à quelque vice dans l'organisation de son cœur, l'agita de ses coups précipités (Balzac, Enf. maudit, 1836, p. 402).La plupart des accidents de trains dépendent d'une des trois circonstances suivantes: faute des agents, vice des appareils, lacune des règlements (Bricka, Cours ch. de fer, t. 2, 1894, p. 380).
Vice de prononciation. Un jardinier hébété, qui (...) s'exprime d'une manière intolérable, avec d'immenses retards de compréhension et des vices de prononciation, le jardinier du pensionnat, se tient maintenant près de la porte, ânonnant des paroles vagues (Breton, Nadja, 1928, p. 36).
DR. Défaut affectant une chose, un acte ou une situation juridique. Il faut avoir trente ans pour être député (...) si je suis nommé (...). J'aurai alors vingt-neuf ans et huit mois (...) alors l'élection sera cassée. On recommencera (...) alors j'aurai trente ans et quelques jours. Le vice de l'élection est couvert (Mérimée, Deux hérit., 1853, p. 17).
En partic. Vice de forme. Omission, irrégularité ou inobservation des procédures, des formalités ou des règles requises dans la rédaction d'un acte ou l'élaboration d'un jugement, qui en entraîne l'annulation. Vice de forme dans une procédure. Si c'est une condamnation (...), elle sera probablement cassée, car il est rare que, dans un procès où les dépositions de témoins sont aussi nombreuses, il n'y ait pas de vices de forme que les avocats puissent invoquer (Proust, Guermantes 1, 1920, p. 243).
Vice de consentement. Altération du consentement qui constitue une cause d'annulation de l'acte juridique (erreur, dol, violence) (d'apr. Jur. 1985).
Vice caché. ,,Défaut que présente une chose vendue ou louée et qui, inconnu de l'acheteur ou du preneur lors du contrat, permet à celui-ci d'agir en garantie contre le vendeur ou le bailleur`` (Cap. 1936).
Vice rédhibitoire. ,,Défaut caché de la chose vendue qui, la rendant impropre à l'usage qu'on la destine (...), permet à l'acheteur non seulement d'agir en garantie contre le vendeur, mais aussi de demander la résolution de la vente`` (Cap. 1936). Une loi du 2 août 1884 (...) nomme vices rédhibitoires les maladies et défauts suivants pour le cheval, l'âne et le mulet: Boiterie intermittente ancienne. Immobilité. Fluxion périodique des yeux. Emphysème pulmonaire (...). Cornage chronique (TondraCheval1979).
Vice propre. ,,Défectuosité inhérente à la chose même (ex. sa tendance naturelle à se détériorer), par opp. à l'action accidentelle d'agents extérieurs`` (Juridique 1987).
B. − Défaut de raisonnement dans une opération logique ou intellectuelle, dans le développement de la pensée. Vice de raisonnement; vice d'une analyse, d'un jugement, d'un système. Le vice radical de tout syllogisme est que la majeure est une hypothèse, qui, loin de donner la certitude à la conséquence, la reçoit d'elle, au contraire (Proudhon, Créat. ordre, 1843, p. 7).Joussier affirmait toujours, il ne voulait jamais avoir tort. Il voyait très bien le vice de son argumentation; il ne s'en obstinait que davantage; il eût sacrifié la victoire de sa cause à l'orgueil de ses principes (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1290).
Prononc. et Orth.: [vis]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Défaut moral 1. 1121-34 « penchant particulier pour quelque chose que la religion, la morale réprouvent » (Philippe de Thaon, Bestiaire, éd. E. Walberg, 816: Envire, malvais vice, Ço est detractiun); 2. ca 1145 « disposition habituelle au mal » (Wace, Conception ND, éd. W. R. Ashford, 415: sanz enfertez sunt e sanz vice); 3. 1549 « défaut habituel; penchant excessif pour quelque chose » (Du Bellay, Deffence, II, 9, éd. H. Chamard, p. 163: un vice commun [...] c'est l'omission des articles); 1671 (Molière, La Comtesse d'Escarbagnas, scène 1: la démangeaison de dire ses ouvrages est un vice attaché à la qualité de Poëte); 1835 (Balzac, Goriot, p. 291: mes filles, c'était mon vice à moi); 4. 1690 « goût, habitude du libertinage, de la débauche » (Fur.); 5. 1833 « perversion sexuelle, goût pour des pratiques sexuelles réprouvées par la religion ou la morale » (Michelet, Journal, p. 111: vice de Sodome); 1868 vice contre nature « homosexualité » (Littré, s.v. nature); 1948 vice solitaire « onanisme » (H. Bazin, loc. cit.); 6. 1859 fam. « ruse, malice » (Larch.). B. Défaut matériel, physique 1. 1260 dr. (Étienne Boileau, Métiers, éd. G. B. Depping, p. 3: le vice de li [la marchandise]; p. 94: vice de malefaçon); 1539 vice caché (Est.: vices couvers et cachez); 1765 vice rédhibitoire (Encyclop., s.v. rédhibitoire); 1804 vice de construction (Code civil, art. 1733, p. 316); 1804 vice de forme (ibid., art. 1340, p. 243); 1866 vice propre (en dr. mar.) (Lar. 19e, s.v. assurance: déchets, diminutions et pertes qui arrivent par le vice propre de la chose); 1936 vice du consentement (Cap.); 1936 vice de la possession (ibid.); 1978 vice de fabrication (Lar. Lang. fr.); 2. 1588 phonét. (E. Tabourot, Les Bigarrures du Seigneur des Accords, fac-sim., Droz, 1986, fo89 vo: Les Gascons ont aussi ce vice, qu'au lieu d'un V, ils prononcent un B); 1606 vice de prononciation (Nicot, s.v. Maguelone); 3. 1694 pathol. vice de conformation (Ac.); 4. 1746 log. vice de raisonnement (Condillac, Essai sur l'orig. des connaissances hum., t. 1, p. 97: les vices d'un raisonnement). Empr. au lat.vitium « défaut, imperfection, tare; défaut physique, difformité, infirmité; défaut (moral), vice ». Fréq. abs. littér.: 3 558. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 7 549, b) 4 040; xxes.: a) 4 650, b) 3 726. Bbg. Quem. DDL t. 16, 32.

Wiktionnaire

Adjectif - français

vice masculin et féminin identiques invariable

  1. Variante de vice-.
    • Vice président.

Nom commun - français

vice \vis\ masculin

  1. Défaut, imperfection grave qui rend une chose plus ou moins impropre à sa destination.
    • Ce vice de construction engage la responsabilité de l’entrepreneur.
  2. (Absolument) Disposition habituelle au mal, chez l’humain. En ce sens, il est opposé à la vertu.
    • C'est une bonne drogue, que la science ; mais nulle drogue n'est assez forte pour se préserver sans altération et corruption, selon le vice du vase < qui la contient >. Tel a la vue claire, qui ne l'a pas droite; et par conséquent voit le bien et ne le suit pas; et voit la science, et ne s'en sert pas. — (Montaigne, Essais , I, 25 – Du pédantisme, 1595)
    • En vérité le mentir est un maudit vice. Nous ne sommes hommes, et ne nous tenons les uns aux autres que par la parole. Si nous en connaissions l’horreur et le poids, nous le poursuivrions à feu plus justement que d’autres crimes. — (Montaigne, Essais , I, 9 – Des menteurs, 1595)
    • Mais loin d’abandonner la lice
      Où ta jeunesse a combattu,
      Tu sais que l’estime du vice
      Est un outrage à la vertu !
       — (Lamartine, Méditations poétiques, XIX - Le Génie, 1820)
    • Habituée à lire en elle-même, au premier pas dans le vice, car ceci était du vice, le cri de sa conscience devait étouffer celui des passions et de l’égoïsme. — (Honoré de Balzac, La Femme de trente ansch. I, Paris, 1832 ; p. 40)
    • Privé de tout accommodement, de ses fards, de ses sourires et de ses ruses, le vice a peu de chance de séduire la vertu la plus chancelante. — (Francis Carco, Images cachées, Éditions Albin Michel, Paris, 1928 ; Préface de la 3e édition de 1929)
    • Le vice mène à l’écrou.
  3. Disposition habituelle à faire un certain mal particulier.
    • Les vices et les passions dans l’art chrétien sont, comme le diable, symbolisés par des animaux. — (Charles Louandre, L’épopée des animaux, dans La revue des deux mondes, T.4, 1853, p.1150)
    • On dit qu’il est aussi vaillant que les plus braves de son ordre, mais souillé de leurs vices ordinaires : l’orgueil, la cruauté, l’arrogance et la volupté ; un homme implacable, qui ne craint ni ciel ni terre. — (Walter Scott, Ivanhoé, ch. III, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
    • Il s’agit de se tenir à l’affût des affaires, de les suivre de près, de constituer des dossiers sur chacun des as de la finance tripatouillarde, d’étudier leurs faiblesses et même leurs vices. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930)
  4. (En particulier) Goût du plaisir, libertinage, débauche, recherche du plaisir sexuel.
    • Croupir dans le vice.
    • Nana régnait sur ce tas de crapauds ; elle faisait sa mademoiselle jordonne avec des filles deux fois plus grandes qu’elle, et daignait seulement abandonner un peu de son pouvoir à Pauline et à Victor, des confidents intimes qui appuyaient ses volontés. Cette fichue gamine parlait sans cesse de jouer à la maman, déshabillait les plus petits pour les rhabiller, voulait visiter les autres partout, les tripotait, exerçait un despotisme fantasque de grande personne ayant du vice. — (Émile Zola, L’Assommoir, 1877)
    • Lantier seul pouvait la gronder ; et encore elle savait joliment le prendre. Cette merdeuse de dix ans marchait comme une dame devant lui, se balançait, le regardait de côté, les yeux déjà pleins de vice. Il avait fini par se charger de son éducation : il lui apprenait à danser et à parler patois. (ibid.)
  5. Goût dépravé, pratique contre nature. Goût considéré (cela dépend des lieux et des époques) comme de la perversité.
    • Sortir avec une douairière de quatre-vingt ans, c'est du vice, jeune homme ! - s'exclama le thérapeute, intéressé.
  6. (Par extension) Personne vicieuse.
    • Gourmander, punir, châtier le vice. Protéger, autoriser le vice. Honorer le vice.
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Littré (1872-1877)

VICE (vi-s') s. m.
  • 1Défaut, imperfection grave (ce qui est le premier sens de vitium, en latin). Vice de forme. Il y a un vice considérable dans cet acte. Il est étrange que Corneille ait senti le vice de son sujet, et qu'il n'ait pas senti le vice de sa diction, Voltaire, Comm. Corn. Rem. Théod. I, 1. En général, on peut réduire tous les vices de la musique ordinaire à trois classes principales, Rousseau, Dissert. sur la mus. mod. Ce fut un homme de grande pénétration ; personne ne saisissait plus rapidement et plus sûrement le vice d'un raisonnement, Diderot, Opin. des anc. philos. (pyrrhonisme philos.) Je remarquerai qu'ils [ces chiffres] n'ont pas le même vice que ceux qui se trouvent dans la feuille de contrôle, Déposition de Oudart, expert en écritures, dans Débats relatifs à un faux quaterne, p. 14, Paris, an VII, in-8°.

    C'est un vice de clerc, cette locution a vieilli ; on dit c'est un pas de clerc.

  • 2 Terme de médecine. Vice de conformation, mauvaise disposition d'une partie du corps.

    On dit de même : vice de constitution. Lorsqu'un enfant n'a point de vices de constitution, il doit vivre, la nature le veut, Genlis, Maison rust. t. II, p. 240.

    Un vice dans le sang, locution vague par laquelle on distingue vulgairement quelque diathèse. Le vice scrofuleux.

    Vice cancéreux, pour les uns, qualité malfaisante inhérente aux divers tissus dits cancéreux ; pour les autres, propriété de génération dans plusieurs points de l'économie, successivement ou simultanément, de nutrition énergique et de développement rapide, qui fait que ces produits déterminent la résorption des tissus normaux dont ils prennent la place.

    Terme de vétérinaire. Vices rédhibitoires, maladies ou défauts qui donnent à l'acheteur le droit de réclamer l'annulation de la vente d'un animal et de s'en faire restituer le prix. La garantie que le vendeur doit à l'acquéreur a deux objets : le premier est la possession paisible de la chose vendue ; le second, les défauts cachés de cette chose ou les vices rédhibitoires, Code civil, art. 1625.

  • 3Disposition habituelle au mal ; en ce sens il est l'opposé de vertu. Tant y a qu'après avoir rempli les limbes de ses parricides et enseigné soixante ans le vice, elle [une vieille courtisane]…, Guez de Balzac, liv. IV, Lett. 16. Quand les vices nous quittent, nous nous flattons de la créance que c'est nous qui les quittons, La Rochefoucauld, Max. au mot vices. Esprits oisifs, que le vice possède, Rotrou, Vencesl. I, 1. Mais si, toujours vous-même et toujours serf du vice, Vous ne prenez des lois que de votre caprice, Rotrou, ib. Le vice nous est naturel, Pascal, Pens. XXIV, 61 ter, éd. HAVET. Ils ne pensent jamais à Dieu ; les vices ont prévenu leur raison, Pascal, Prov. IV. Elle seule [la satire]… Va jusque sous le dais faire pâlir le vice, Boileau, Sat. IX. Un jeune homme, toujours bouillant dans ses caprices, Est prêt à recevoir l'impression des vices, Boileau, Art p. III. Le vice grossier fait horreur, Fénelon, Tél. VII. Comme les hommes ne se dégoûtent point du vice, il ne faut pas aussi se lasser de le leur reprocher, La Bruyère, les Caractères. Les vices des Romains ont vengé l'univers, Voltaire, Catilina, I, 6. La modération des grands hommes ne borne que leurs vices, Vauvenargues, Réfl. et max. 72. Il [Aristophane] attaque le vice avec le courage de la vertu, la vertu avec l'audace du vice, Chamfort, Élog. de Mol.
  • 4Disposition habituelle à faire un certain mal moral particulier. Mais craignant d'encourir vers toi le même vice [l'indiscrétion] Que je blâme en autrui…, Régnier, Sat. VIII. Les vices entrent dans la composition des vertus, comme les poisons entrent dans la composition des remèdes, La Rochefoucauld, Max. 182. On peut dire que les vices nous attendent dans le cours de la vie, comme des hôtes chez qui il faut successivement loger, La Rochefoucauld, ib. 191. Ce qui nous empêche souvent de nous abandonner à un seul vice, est que nous en avons plusieurs, La Rochefoucauld, ib. 195. Il y a des gens qu'on approuve dans le monde qui n'ont pour tout mérite que les vices qui servent au commerce de la vie, La Rochefoucauld, ib. 273. On croit n'être pas tout à fait dans les vices du commun des hommes, quand on se voit dans les vices de ces grands hommes [tels qu'Alexandre], Pascal, Pens. VI, 30, éd. HAVET. Quand les passions sont les maîtresses, elles sont vices, Pascal, ib. XXV, 104. Il n'y a point de vice qui n'ait une fausse ressemblance avec quelque vertu, et qui ne s'en aide, La Bruyère, IV. Tous les vices politiques ne sont pas des vices moraux, et tous les vices moraux ne sont pas des vices politiques, Montesquieu, Esp. XIX, 11. Il est très vrai que la société bien gouvernée tire parti de tous les vices ; mais il n'est pas vrai que ces vices soient nécessaires au bonheur du monde : on fait de très bons remèdes avec des poisons ; mais ce ne sont pas les poisons qui nous font vivre, Voltaire, Dict. phil. Abeilles. Peut-être n'avons-nous plus les mêmes défauts ; mais le nombre de nos vices n'est point diminué, Condillac, Étud. hist. III, 2. Les lois contre le jeu ont été insuffisantes, comme toutes celles qui ont pour objet, non de véritables crimes, mais des vices dangereux dont l'éducation seule peut préserver, Condorcet, Maurepas. Tous les vices sont, en général, plus exaltés dans le grand monde qu'en province, à l'exception de l'envie, Genlis, Mères riv. t. I, p. 104, dans POUGENS.

    Demi-vice, vice peu saillant. L'homme ordinaire, avec ses demi-vices et ses demi-vertus, About, Rev. des Deux-Mond. 1867, t. II, p. 68.

    Ironiquement. Ce n'est pas son vice, ce n'est pas sa vertu favorite. Il peut te dire vrai, mais ce n'est pas son vice, Corneille, Ment. v, 6.

    Il n'a qu'un vice, se dit d'un homme qui les a tous.

    Populairement, un cheval qui a du vice, un cheval rétif, trop ardent.

  • 5 Particulièrement. Habitude de la débauche, du libertinage. Une de ces régularités tardives… qui n'ont presque de la vertu que la seule impuissance d'être encore vice, Massillon, Or. fun. Villeroy. L'ordre des religieuses pénitentes… retirait du vice de malheureuses filles exposées à périr dans la misère, après avoir vécu dans le désordre, Chateaubriand, Génie, IV, VI, 2.

    Vice contre nature, la pédérastie.

  • 6Il se dit des personnes vicieuses. Flatter le vice en crédit. Châtier le vice.

    Le vice personnifié. Le vice autorisé, Le vice qui, pompeux, tout mérite repousse, Et va, comme un banquier, en carrosse et en housse, Régnier, Sat. X.

PROVERBES

Nul sans vice.

Pauvreté n'est pas vice, il ne faut reprocher à personne sa pauvreté.

Pauvreté n'est pas vice, mais c'est une espèce de ladrerie, c'est-à-dire que chacun la fuit.

Le vice l'a quitté, mais il n'a pas quitté le vice, se dit d'un homme qui conserve ses inclinations vicieuses, quoiqu'il n'ait plus le moyen de les satisfaire.

SYNONYME

VICE, DÉFAUT. Le vice est une imperfection morale grave ; le défaut est une imperfection légère, mais soit morale, soit intellectuelle. On a dit de César qu'il avait tous les vices, et pas un seul défaut.

HISTORIQUE

XIIe s. Li visce s'entrafient dezoz la semblance des vertuz, Job, p. 453. Assez distrent del roi vices [reproches] et maudichons, Du Cange, vitius.

XIIIe s. Maintes foiz li vice entrent souz le nom de vertus, Latini, Trésor, p. 366. Escharsetez [avarice] est une vice…, Ren. 191. Haus homs ne puet avoir nul vice, Qui tant li griet cum avarice, la Rose, 1155.

XVe s. Cuer sans vertu, c'est visce lait, Deschamps, Poésies mss. f° 67.

XVIe s. Nul vice sans supplices, nuls vifs sans vices, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 358.

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Étymologie de « vice »

Du moyen français vice, de l’ancien français vice, lui-même du latin vitium (« défaut », « imperfection », « tare », « vice »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Cat. vici, vice, vizi ; esp. vicio ; ital. vizio ; du lat. vitium.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Phonétique du mot « vice »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
vice vis

Fréquence d'apparition du mot « vice » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « vice »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « vice »

  • Le vice et la vertu sont des produits comme le vitriol et le sucre.
    Hippolyte Adolphe Taine — Histoire de la littérature anglaise, Introduction
  • Prenez garde à la tristesse. C'est un vice.
    Gustave Flaubert — Correspondance, à Guy de Maupassant, 1878
  • Nous ne pouvons supporter ni nos vices ni leurs remèdes.
    Tite-Live — Histoire romaine
  • La force morale consiste à transformer en vertu le vice qui lui correspond.
    Guido Piovene — La Gazzetta nera
  • Un vieillard n'a plus de vices, ce sont les vices qui l'ont.
    Max Jacob — Le Cornet à dés, Gallimard
  • Ce qui ôte au vice un peu de sa dignité, c'est qu'il est toujours, par quelque endroit, le parasite de la vertu.
    Jean Rostand — Inquiétudes d'un biologiste, Stock
  • La vertu est un moyen terme entre deux vices et à mi-chemin des deux.
    Horace en latin Quintus Horatius Flaccus — Épîtres, I, XVIII, 9
  • Pauvreté n'est pas vice.
    Proverbe français
  • Il y a peu de vices qui empêchent un homme d'avoir beaucoup d'amis, autant que peuvent le faire de trop grandes qualités.
    Sébastien Roch Nicolas, dit Nicolas de Chamfort — Maximes et pensées
  • On ne méprise pas tous ceux qui ont des vices, mais on méprise tous ceux qui n'ont aucune vertu.
    François, duc de La Rochefoucauld — Maximes
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Traductions du mot « vice »

Langue Traduction
Basque bizioa
Anglais vice
Espagnol vicio
Italien vice
Allemand laster
Chinois
Arabe نائب
Portugais vício
Russe вице
Japonais
Corse vici
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Synonymes de « vice »

Source : synonymes de vice sur lebonsynonyme.fr

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Nombre de points du mot vice au scrabble : 9 points

Vice

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