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Unité
Sommaire
Variantes | Singulier | Pluriel |
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Féminin | unité | unités |
Définitions de « unité »
Trésor de la Langue Française informatisé
UNITÉ, subst. fém.
Wiktionnaire
Nom commun - ancien français
unité \Prononciation ?\ féminin
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Unité, qualité d’être uni ; qualité d’être un.
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Cum il est treis en trinité
E un sul Deu en unité — (Robert Grosseteste, Le Chasteau d’amour, édition de J. Murray.)
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Cum il est treis en trinité
Nom commun - français
unité \y.ni.te\ féminin
- Élément singulier, qui a le nombre un.
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(Didactique) Quantité élémentaire qui est à la base d’un calcul.
- La première classe comprend les centaines, les dizaines et les unités simples ; la seconde classe comprend les centaines, les dizaines et les unités de mille; la troisième classe comprend les centaines, les dizaines et les unités de millions, etc., etc. — (Jean-Henri Fabre, Nouvelle arithmétique à l’usage de tous les établissements d’instruction publique, 1870)
- Il s’ensuit un prix nettement supérieur au coût de la dernière unité produite, ce qui va permettre de maximiser le profit en situation d’oligopole. — (Pierre Jeanblanc, Analyse stratégique - Les fondements économiques, Dunod, 2011)
- Plusieurs unités font un nombre.
- Tout nombre est composé d’unités.
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Grandeur finie, choisie arbitrairement pour servir de terme de comparaison aux autres grandeurs de même espèce.
- Unité de volume, de poids.
- Unité de mesure.
- Le mètre a été adopté en France comme unité de longueur.
-
Caractère de ce qui est singulier, par opposition à pluralité.
- L’unité de Dieu.
- L’unité de l’église.
- L’unité du moi.
- Unité de sentiments.
- Caractère de ce qui offre un ensemble, une suite où tout se tient.
- L’unité physionomique d’un paysage provient de ce que certaines plantes se répétant très fréquemment lui impriment une allure particulière. — (Henri Gaussen, Géographie des Plantes, Armand Colin, 1933, page 101)
- En dépit du morcellement législatif des coutumes, nous avons une unité remarquable de législation en cette matière, car c’est l’Église qui seule légifère et juge. — (Gabriel Lepointe, La Famille dans l’Ancien droit, Montchrestien, 1947 ; 5e éd., 1956, page 126)
- Les trois unités : l’unité d’action, l’unité de lieu et l’unité de temps, les règles du théâtre classique veulent qu’il n’y ait qu’une action dans une pièce, que cette action se passe dans le même lieu et qu’elle ne dure pas plus de vingt-quatre heures.
- Nous allons user des mêmes droits sans avoir le même génie, nous ne voulons pas nous asseoir plus que lui sur le trépied des unités, et jetant les yeux sur Paris et sur le vieux et noir palais du Louvre, nous passerons tout à coup l’espace de deux cents lieues et le temps de deux années. — (Alfred de Vigny, Cinq-Mars, Michel Lévy frères, 1863)
- Aux fameuses « trois unités », volontiers j’ajouterais une quatrième : « l’unité du spectateur ». Elle impliquerait qu’il importe que, pièce ou livre, la création poétique s’adresse, d’un bout à l’autre de sa durée, au même lecteur ou auditeur. — (André Gide, Journal 1889-1939, Bibliothèque de la Pléiade, Éditions Gallimard, 1951, page 351)
- (Anatomie) Unité de composition, Principe d’après lequel les animaux et les végétaux les plus différents par leur forme, leur volume, leur couleur, etc., peuvent se ramener à un type commun.
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(Militaire, Police) Groupe constitué de soldats, gendarmes ou policiers commandés par un chef.
- Les chefs d’unité finissaient par ne plus savoir de qui ils dépendaient. Ils recevaient en haussant les épaules les ordres inexécutables. — (Georges Blond, L'Agonie de l'Allemagne 1944-1945, Fayard, 1952, page 215)
- Dans un document diffusé dans la matinée, le parquet s’adresse à « toutes les unités de police », la Garde civile, la police nationale et les Mossos d’Esquadra, dépendant du gouvernement catalan, et leur ordonne d’agir contre les autorités, fonctionnaires ou particuliers « afin d’éviter la commission de délits ». — (AFP, Le parquet ordonne à toutes les unités de police d'empêcher le référendum en Catalogne, 12 septembre 2017)
- L’administration américaine a également annoncé des sanctions financières contre une unité d'intervention spéciale saoudienne ainsi que l'ancien numéro deux du renseignement saoudien, Ahmed Al-Assiri, proche du prince héritier. — (AFP, Affaire Khashoggi : la CIA montre du doigt Mohammed ben Salmane, radio-canada.ca, 26 février 2021)
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(Par extension) (Jeux de stratégie) Personnage, objet ou groupe de personnages ou d’objets manipulable.
- S’il faut retenir une seule chose à propos des unités, c’est que vous les recrutez dans la caserne, et vous les améliorez grâce à l’académie. Il y a 4 différents paliers pour les unités et à chaque palier il est possible d’engager une unité d’infanterie, une d’archèterie, une de cavalerie et une de siège. — (Tout ce qu’il faut savoir sur les différentes unités de Lords Mobile, sur BlueStacks, 4 janvier 2019)
- Composant d’un appareil électronique (ordinateur, etc.) qui exécute une opération particulière.
- Unité centrale ; Unité de contrôle ; etc.
- Partie d’une organisation ou d’une société.
- U.F.R. : Unité de formation et de recherche ; U.E.R. : Unité d’enseignement et de recherche.
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(Administration, Marine) Véhicule.
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— Voulez-vous que je vous fasse visiter l'unité, monsieur Breakdown?
— L'unité de quoi, capt'ain Zec?
— Je veux dire : le bateau... — (Philippe Delaroche, Caïn et Abel avaient un frère, Éditions de l'Olivier / Le Seuil, 2000, page 402)
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— Voulez-vous que je vous fasse visiter l'unité, monsieur Breakdown?
- (Mathématiques) Élément neutre de la multiplication dans une structure algébrique (1 dans le cadre des nombres).
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(Argot) (Vieilli) Million.
- Il raconta à Joseph qu’il avait garé « deux petits millions » – on ne disait pas encore deux unités – et qu’il allait « se payer, vieux, un yotte et une villa à la mer. » — (Léon Daudet, Souvenirs des milieux littéraires, politiques, artistiques et médicaux/Vingt-neuf mois d’exil, Grasset, réédition Le Livre de Poche, page 568)
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(Télécommunications) Valeur attribuée à une certaine durée lors d’une communication téléphonique.
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— Une communication de trois minutes ?
— Non ! Trois unités ! Autrement dit neuf minutes. — (Georges Simenon, Le fou de Bergerac, Fayard, 1932, réédition Le Livre de Poche, page 105) - la carte magnétique à retrouver entre les tickets de métro et le permis de conduire – contient-elle encore assez d’unités ? — (Philippe Delerm, La Première Gorgée de Bière et autres plaisirs minuscules, Gallimard, 1997, page 85)
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— Une communication de trois minutes ?
Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)
T. didactique. Quantité élémentaire qui est à la base d'un calcul. Plusieurs unités font un nombre. Tout nombre est composé d'unités. Les unités, les dizaines et les centaines. Il désigne aussi une Grandeur finie, choisie arbitrairement pour servir de terme de comparaison aux autres grandeurs de même espèce. Unité de volume, de poids. Unité de mesure. Le mètre a été adopté en France comme unité de longueur. Il signifie, dans le langage courant, Caractère de ce qui est un, par opposition à Pluralité. L'unité de Dieu. Presque toutes les sectes chrétiennes reconnaissent en Dieu unité de substance et trinité de personnes. L'unité de l'Église. L'unité du moi. Unité de sentiments. Il désigne également le Caractère de ce qui offre un ensemble, une suite où tout se tient. Ce roman manque d'unité. Il n'y a pas d'unité dans ce tableau. En parlant de Poèmes dramatiques, Les trois unités, l'unité d'action, l'unité de lieu et l'unité de temps, Les règles qui veulent qu'il n'y ait qu'une action dans une pièce, que cette action se passe dans le même lieu et qu'elle ne dure pas plus de vingt-quatre heures. En termes d'Anatomie, Unité de composition, Principe d'après lequel les animaux et les végétaux les plus différents par leur forme, leur volume, leur couleur, etc., peuvent se ramener à un type commun.
UNITÉ, en termes militaires, désigne un Groupe constitué de soldats commandes par un chef. Ramenez votre unité à son cantonnement. Chaque chef marchera à la tête de son unité.
Littré (1872-1877)
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1Principe du nombre.
L'unité, jointe à l'infini, ne l'augmente de rien, non plus qu'un pied à une mesure infinie
, Pascal, Pens. x, 1, édit. HAVET.La seule raison pour laquelle l'unité n'est pas au rang des nombres est qu'Euclide et les premiers auteurs qui ont traité d'arithmétique, ayant plusieurs propriétés à donner qui convenaient à tous les nombres hormis à l'unité, pour éviter de dire souvent qu'en tout nombre, hors l'unité, telle condition se rencontre, ils ont exclu l'unité de la signification du mot de nombre, par la liberté qu'on a de faire à son gré des définitions
, Pascal, Géom. I.L'arithmétique n'est démontrée dans toutes ses parties que parce que nous avons une idée exacte de l'unité, et que, par l'art avec lequel nous nous servons des signes, nous déterminons combien de fois l'unité est ajoutée à elle-même dans les nombres les plus composés
, Condillac, Art de pens. II, 2.Dans cette unité nous avons la mesure des nombres ; or, quelles que soient les mesures dont nous nous servons, il faut compter pour évaluer les choses ; et par conséquent l'unité est la première mesure ; rien ne mesure l'unité
, Condillac, Langue calc. I, 13. -
2Quantité prise arbitrairement pour servir de terme de comparaison à des quantités de même espèce. Unité de volume, de poids, de force, de chaleur, etc.
Si l'on prend pour unité la longueur du pendule à secondes à l'équateur
, Laplace, Instit. Mém. Acad. sc. t. III, p. 490.Le pouvoir réfringent du gaz acide carbonique, d'après nos expériences, est égal à 1,00476, celui de l'air atmosphérique étant l'unité
, Biot, ARAGO, Instit. Mém. scienc. 1806, 1er sem. p. 337.On dit aussi : unité de mesure.
- 3Unités ou monades, nom que donnait Leibnitz à ce qu'il croyait être des substances simples, des vies, des esprits qui peuvent dire moi.
- 4En physique et en chimie, se dit des molécules, atomes ou équivalents des corps.
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5Qualité de ce qui est un, sans parties, par opposition à pluralité.
En considérant l'Église comme unité, le pape quelconque est le chef, est comme tout ; en la considérant comme multitude, le pape n'en est qu'une partie
, Pascal, Pens. XXIV, 84, édit. HAVET.La multitude qui ne se réduit pas à l'unité est confusion ; l'unité qui ne dépend pas de la multitude est tyrannie
, Pascal, ib.Il y a dans l'Église catholique un principe d'unité indépendant des rois de la terre
, Bossuet, Var. VII, 70.L'unité de Dieu s'établissait tellement, qu'à la fin l'idolâtrie n'en parut pas éloignée
, Bossuet, Hist. II, 12.Combien d'âmes séparées de l'unité, mais disposées à recevoir la vérité et à l'aimer !
Massillon, Carême, Parole de Dieu.Si le nombre des ressemblances en général, si la parfaite conformité des parties intérieures suffisait pour assurer l'unité des espèces, le loup, le renard et le chien n'en formeraient qu'une seule
, Buffon, Quadrup. t. VI, p. 205.Ne faut-il pas reconnaître qu'il y a au-dessus de nos esprits une certaine unité originale, souveraine, éternelle, parfaite, qui est la règle essentielle du beau ?
Diderot, Rech. philos. sur le beau, Œuv. t. II, p. 410, dans POUGENS.Prêtres qui m'entendez, Vous… Guerriers ; et vous aussi, dont l'active industrie Fait couler l'abondance au sein de la patrie ; Peuple entier, qui présente à la divinité Le simulacre humain de sa triple unité
, Delavigne, Paria, IV, 3. - 6Ce qui forme un tout complet dans son espèce, comme un homme, une maison, un cheval.
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7Ce qui forme un caractère d'ensemble, de conséquence. Il n'y a pas d'unité dans sa conduite.
L'unité de dessein dans le grand tout infiniment varié annonce un seul principe
, Voltaire, Dict. phil. Idée.L'unité est pour moi la première qualité des romans ; aussi, quelque excellents que soient les romans anglais, je les lis avec presque autant de fatigue que de plaisir
, D'Alembert, Œuv. t. v, p. 370.L'unité de mœurs consiste dans l'égalité du caractère, ou plutôt dans son accord avec lui-même
, Marmontel, Œuv. t. x, p. 382.Terme des beaux-arts. Espèce de balancement, de pondération, de subordination entre les différentes parties d'une composition.
Ce tableau manque d'unité. Rien de plus rare que l'unité de lumière dans une composition, surtout chez les paysagistes,
Diderot, Essai sur la peint. 3. -
8 Terme de littérature dramatique. Les trois unités, la règle qui veut qu'il n'y ait qu'une action dans une pièce, que cette action se passe dans le même lieu, et qu'elle ne dure pas plus de vingt-quatre heures ; l'unité d'action, quand dans le poëme dramatique il n'y a qu'une action principale ; l'unité de lieu, quand l'action se passe en un même palais, une même maison et le voisinage ; et l'unité de temps ou de jour, quand l'action se passe dans un espace de vingt-quatre heures environ (ces règles, que n'observent pas les théâtres étrangers, ont été combattues et renversées par l'école romantique).
Il y en a [des femmes] qui jugent aussi hardiment de nos vers et de notre prose que de leurs points de Gênes et de leurs dentelles… on ne parle jamais du Cid, qu'elles ne parlent de l'unité du sujet et de la règle des vingt-quatre heures
, Guez de Balzac, liv. XIX, lett. 25.Il faut obtenir l'unité d'action, de lieu et de jour, personne n'en doute ; mais ce n'est pas une petite difficulté de savoir ce que c'est que cette unité d'action, et jusqu'où peut s'étendre cette unité de jour et de lieu
, Corneille, 1er disc.L'obéissance que nous devons aux règles de l'unité, de jour et de lieu, nous dispense alors du vraisemblable, bien qu'elle ne nous permette pas l'impossible
, Corneille, 2e disc.Il mit hier la dernière main à une tragédie intitulée le Déluge universel ; on ne saurait lui reprocher qu'il n'a point observé l'unité de lieu, puisque toute l'action se passe dans l'arche de Noé
, Lesage, Diable boit. 3.Nous étendons souvent l'unité de temps jusqu'à vingt-quatre heures, et l'unité de lieu à l'enceinte de tout un palais ; plus de sévérité rendrait quelquefois d'assez beaux sujets impraticables
, Voltaire, Œdipe, préface, 1729.Cette pièce de Mairet [Sophonisbe] est la première que nous ayons, dans laquelle les trois unités ne soient point violées ; elle servit de modèle à la plupart des tragédies qu'on donne depuis ; elle fut jouée en 1629
, Voltaire, Mél. litt. Chang. art tragique.Vous n'observez, vous autres libres Bretons, ni unité de lieu, ni unité de temps, ni unité d'action
, Voltaire, Lett. H. Walpole, 15 juill. 1768.Il paraît qu'il [Eschyle] regardait l'unité d'action et de temps comme essentielle ; celle de lieu comme moins nécessaire
, Barthélemy, Anach. ch. 69. - 9 Terme d'anatomie. Unité de composition ou de plan, ou mieux théorie de l'unité de composition, principe anatomique établi par induction à l'aide de la méthode comparative, qui consiste en ce que les animaux et les végétaux les plus différents par leur forme, leur volume, leur couleur, etc. sont réductibles par l'analyse anatomique à un type unique et commun de composition organique.
- 10Unité de la matière, hypothèse suivant laquelle il n'existerait qu'une substance dont tous les corps ne sont que des modifications.
- 11 Terme de pathologie. Unité morbide, ensemble de lésions et de symptômes correspondants qui, coexistant ou se succédant dans un ordre déterminé à peu près toujours le même, chez un être vivant, offrent des relations de similitude et de succession suffisantes, d'un individu à l'autre, pour mériter d'être considérées comme un tout par le pathologiste, et pour recevoir un nom en rapport avec leur nature.
- 12Unité tactique, voy. TACTIQUE.
HISTORIQUE
XIIIe s. L'ofices de nature est en acorder les choses descordans, en tel maniere que totes diversités retornent en unité
, Latini, Trésor, p. 104.
XIVe s. Si comme en geometrie un point, et en arismetique unité
, Oresme, Eth. 302. Pour cause de l'unité de nature humaine il est une fin commune et derreniere à laquelle chascun homme tent et la doit desirer
, Oresme, ib. VIII, 14. Se nous ne sommes tuit d'accort en unité
, Guesclin. 8666.
XVe s. Par confirmation d'amour et d'unité, ils [Flandre, Hainaut et Brabant] ordonnerent à faire forger une monnoie coursable dedans lesdits trois pays
, Froissart, I, I, 125. Unité en amours ne gist point en terre ne en chasteaulx… mais en deux cueurs faire ungs par force d'amours
, Perceforest, t. v, f° 4.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
UNITÉ. Ajoutez : 13° Terme de physique. Unité Siemens : quand un courant électrique traverse un circuit conducteur, son intensité dépend de la conductibilité de ce circuit ; et plus cette conductibilité est grande, moins on dit que ce circuit offre de résistance au passage du courant ; dès lors on a nommé résistance à la conductibilité électrique, ou, simplement, résistance électrique, la propriété qui est l'inverse de la conductibilité ; et, dans les comparaisons expérimentales, on a pris pour unité de mesure une longueur connue d'un corps conducteur déterminé, d'une section également connue. Parmi les unités proposées, l'unité Siemens représente une colonne de mercure d'un mètre de longueur sur un millimètre carré de section, à la température de zéro.
Encyclopédie, 1re édition (1751)
UNITÉ, s. f. (Math.) c’est ce qui exprime une seule chose ou une partie individuelle d’une quantité quelconque. Quand on dit individuelle, ce n’est pas que l’unité soit indivisible, mais c’est qu’on la considere comme n’étant pas divisée, & comme faisant partie d’un tout divisible. Voyez Nombre.
Quand un nombre a quatre ou cinq chiffres, celui qui est le plus à la droite, c’est-à-dire le premier en allant de droite à gauche, exprime ou occupe la place des unités. Voyez Numération. Et selon Euclide, on ne doit pas mettre au rang des nombres l’unité ; il dit que le nombre est une collection d’unités ; mais c’est-là une question de mots.
Unité en Théologie, est un des caracteres distinctifs de la véritable Église de Jesus-Christ.
Par unité, les Théologiens catholiques entendent le lieu qui unit les fideles par la profession d’une même doctrine, par la participation aux mêmes Sacremens, & par la soumission au même chef visible. La multitude des églises particulieres qui sont répandues dans les différentes parties du monde ne préjudicie en rien à cette unité ; toutes ces églises réunies ensemble ne formant qu’un seul & même tout moral, qu’un seul & même corps ; en un mot, qu’une seule & même société, qui professe la même foi, qui participe aux mêmes sacremens, qui obéit aux mêmes pasteurs & au même chef. Or cette unité, selon les catholiques, est restrainte à une seule société, de laquelle sont exclus les hérétiques qui professent une foi différente, les excommuniés qui ne participent plus aux sacremens, les schismatiques qui refusent de se soumettre à l’autorité des pasteurs légitimes. Or, cette société c’est l’Église romaine, comme l’ont prouvé nos controversistes dont on peut consulter les écrits.
Les protestans conviennent que l’église doit être une, mais ils prétendent que cette unité peut subsister, sans que ses membres soient réunis sous un chef visible, & qu’il suffit que tous les chrétiens soient unis par les liens d’une charité mutuelle, & qu’ils soient d’accord sur les points fondamentaux de la religion. On fait que cette derniere condition est de l’invention du ministre Jurieu, & qu’elle jette les protestans dans l’impossibilité de décider, de combien ou de quelles sectes l’Église pourra être composée, parce que chacun voulant ou prétendant déterminer à son gré, quels sont ces points fondamentaux ; les uns ouvrent la porte à toutes les sectes, tandis que d’autres la leur ferment. D’ailleurs, ces caracteres d’unité qu’assignent les protestans sont, ou intérieurs & invisibles, ou équivoques. Et pour discerner l’unité de l’Église, il faut des caracteres visibles, extérieurs, & de nature à frapper vivement les plus simples, & à leur montrer quelle est la société à laquelle ils doivent s’attacher.
Unité, (Belles Lettres.) dans un ouvrage d’éloquence ou de poésie. Qualité qui fait qu’un ouvrage est partout égal & soutenu. Horace, dans son art poétique, veut que l’ouvrage soit un :
Denique sit quod vis simplex duntaxat & unum.
Et Despréaux a rendu ce précepte par celui-ci :
Il faut que chaque chose y soit mise en son lieu
Que le début, la fin répondent au milieu.
Il n’y a point d’ouvrage d’esprit, de quelqu’étendue qu’on le suppose, qui ne soit sujet à cette regle. L’auteur d’une ode n’est pas moins obligé de se soutenir, que celui d’une tragédie ou d’un poëme épique, & souvent même on excuse moins aisément ce défaut dans un petit ouvrage que dans un grand. Cette unité consiste à distribuer un ordre général dans la matiere qu’on traite, & à établir un point fixe auquel tout puisse se rapporter. C’est l’art d’assortir les diverses parties d’un ouvrage, de ne choisir que le nécessaire, de rejetter le superflu, de savoir à propos sacrifier quelques beautés pour en placer d’autres qui seront plus en jour, d’éclaircir les vérités les unes par les autres, & de s’avancer insensiblement de degrés en degrés vers le but qu’on se propose. Enfin, l’unité est dans les arts d’imitation, ce que sont l’ordre & la méthode dans les hautes sciences ; telles que la Philosophie, les Mathématiques, &c. La science, l’érudition, les pensées les plus nobles, l’élocution la plus fleurie, sont des matériaux propres à produire de grands effets ; cependant si la raison n’en regle l’ordre & la distribution, si elle ne marque à chacune de ces choses le rang qu’elle doit tenir, si elle ne les enchaîne avec justesse, il ne résulte de leur amas qu’un cahos, dont chaque partie prise en soi peut être excellente, quoique l’assortiment en soit monstrueux. Cette unité nécessaire dans les ouvrages d’esprit, loin d’être incompatible avec la variété, sert au contraire à la produire par le choix, la distribution sensée des ornemens. Tout le commencement de l’art poétique d’Horace est consacré à prescrire cette unité, que les modernes ont encore mieux connue & mieux observée que les anciens.
Unité, dans la poésie dramatique, est une regle qu’ont établie les critiques, par laquelle on doit observer dans tout drame une unité d’action, une unité de tems, & une unité de lieu ; c’est ce que M. Despréaux a exprimé par ces deux vers :
Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli
Tienne jusqu’à la fin le théatre rempli.
C’est ce qu’on appelle la regle des trois unités, sur lesquelles Corneille a fait un excellent discours, dont nous emprunterons en partie ce que nous en allons dire pour en donner au lecteur une idée suffisante.
Ces trois unités sont communes à la tragédie & à la comédie ; mais dans le poëme épique, la grande & presque la seule unité est celle d’action. A la vérité, on doit y avoir quelqu’égard à l’unité des tems, mais il n’y est pas question de l’unité de lieu. L’unité de caractere n’est pas du nombre des unités dont nous parlons ici. Voyez Caractere.
1°. L’unité d’action consiste, à ce que la tragédie ne roule que sur une action principale & simple, autant qu’il se peut : nous ajoutons cette exception ; car il n’est pas toujours d’une nécessité absolue que cela soit ainsi, & pour mieux entendre ceci, il est à propos de distinguer avec les anciens deux sortes de sujets propres à la tragédie ; savoir le sujet simple, & le sujet mixte ou composé : le premier est celui, qui étant un & continué, s’acheve sans un manifeste changement au contraire de ce qu’on attendoit, & sans aucune reconnoissance. Le sujet mixte ou composé est celui qui s’achemine à sa fin avec quelque changement opposé à ce qu’on attendoit, ou quelque reconnoissance, ou tous deux ensemble. Telles sont les définitions qu’en donne Corneille, d’après Aristote. Quoique le sujet simple puisse admettre un incident considérable qu’on nomme épisode, pourvû que cet incident ait un rapport direct & nécessaire avec l’action principale, & que le sujet mixte qui par lui-même est assez intrigué, n’ait pas besoin de ce secours pour se soutenir ; cependant dans l’un & dans l’autre l’action doit être une & continue, parce qu’en la divisant, on diviseroit & l’on affoibliroit nécessairement l’intérêt & les impressions que la tragédie se propose d’exciter. L’art consiste donc à n’avoir en vûe qu’une seule & même action, soit que le sujet soit simple, soit qu’il soit composé, à ne la pas surcharger d’incidens, à n’y ajouter aucun épisode qui ne soit naturellement lié avec l’action ; rien n’étant si contraire à la vraissemblance, que de vouloir réunir & rapporter à une même action un grand nombre d’incidens, qui pourroient à peine arriver en plusieurs semaines. « C’est par la beauté des sentimens, par la violence des passions, par l’élégance des expressions, dit M. Racine dans sa préface de Bérénice, que l’on doit soutenir la simplicité d’une action, plutôt que par cette multiplicité d’incidens, par cette foule de reconnoissances amenées ; comme par force, refuge ordinaire des poëtes stériles qui se jettent dans l’extraordinaire en s’écartant du naturel ». Cette simplicité d’action qui contribue infiniment à son unité, est admirable dans les poëtes grecs ; les Anglois, & entr’autres Shakespear, n’ont point connu cette regle ; ses tragédies d’Henri VI. de Richard III. de Macbeth, sont des histoires qui comprennent les événemens d’un regne tout entier. Nos auteurs dramatiques, quoiqu’ils aient pris moins de licence, se sont pourtant donnés quelquefois celle, ou d’embrasser trop d’objets, comme on le peut voir dans quelques tragédies modernes, ou de joindre à l’action principale des épisodes qui par leur inutilité ont refroidi l’intérêt, ou par leur longueur l’ont tellement partagé, qu’il en a résulté deux actions au lieu d’une. Corneille & Racine n’ont pas entierement évité cet écueil. Le premier, par son épisode de l’amour de Dircé pour Thésée, a défiguré sa tragédie d’Œdipe : lui-même a reconnu que dans Horace, l’action est double, parce que son héros court deux périls différens, dont l’un ne l’engage pas nécessairement dans l’autre ; puisque d’un péril public qui intéresse tout l’état, il tombe dans un péril particulier où il n’y va que de sa vie. La piece auroit donc pû finir au quatrieme acte, le cinquieme formant pour ainsi dire une nouvelle tragédie. Aussi l’unité d’action dans le poëme dramatique dépend-elle beaucoup de l’unité de péril pour la tragédie, & de l’unité d’intrigue pour la comédie. Ce qui a lieu non-seulement dans le plan de la fable, mais aussi dans la fable étendue & remplie d’épisodes. Voyez Action & Fable.
Les épisodes y doivent entrer sans en corrompre l’unité, ou sans former une double action : il faut que les différens membres soient si bien unis & liés ensemble, qu’ils n’interrompent point cette unité d’action si nécessaire au corps du poëme, & si conforme au précepte d’Horace, qui veut que tout se réduise à la simplicité & à l’unité de l’action. Sit quod vis simplex duntaxat & unum. Voyez Episode.
C’est sur ce fondement, qu’on a reproché à Racine, qu’il y avoit duplicité d’action dans Andromaque & dans Phedre ; & à considérer ces pieces sans prévention, on ne peut pas dire que l’action principale y soit entierement une & dégagée, sur-tout dans la derniere, où l’épisode d’Aricie n’influe que foiblement sur le dénouement de la piece même, en admettant la raison que le poëte allegue dans la préface pour justifier l’invention de ce personnage. Une des principales causes pour laquelle nos tragédies en général ne sont pas si simples que celles des anciens ; c’est que nous y avons introduit la passion de l’amour qu’ils en avoient exclue. Or, cette passion etant naturellement vive & violente, elle partage l’intérêt & nuit par conséquent très-souvent à l’unité d’action. Principes pour la lect. des poëtes, tom. II. p. 52. & suiv. Corn. discours des trois unités.
A l’égard du poëme épique, M. Dacier observe que l’unité d’action ne consiste pas dans l’unité du héros, ou dans l’uniformité de son caractere ; quoique ce soit une faute que de lui donner dans la même piece des mœurs différentes. L’unité d’action exige qu’il n’y ait qu’une seule action principale, dont toutes les autres ne soient que des accidens & des dépendances. Voyez Héros, Caracteres, Mœurs, Action .
Pour bien remplir cette regle, le pere le Bossu demande trois choses ; 1°. que l’on ne fasse entrer dans le poëme aucun épisode qui ne soit pris dans le plan, ou qui ne soit fondé sur l’action, & qu’on ne puisse regarder comme un membre naturel du corps du poëme ; 2°. que ces épisodes ou membres s’accordent & soient liés étroitement les uns aux autres ; 3°. que l’on ne finisse aucun épisode au point qu’il puisse ressembler à une action entiere & séparée ou détachée ; mais que chaque épisode ne soit jamais qu’une partie d’un tout, & même une partie qui ne fasse point un tout elle-même.
Le critique examinant sur ces regles l’Enéïde, l’Iliade, & l’Odyssée, trouve qu’elles y ont été observées à la derniere rigueur. En effet, ce n’est que de la conduite de ces poëmes qu’il a tiré les regles qu’il prescrit ; & pour donner un exemple d’un poëme où elles ont été négligées, il cite la Thébaïde de Stace. Voyez Thébaïde & Action.
2°. L’unité de tems est établie par Aristote dans sa poétique, où il dit expressément que la durée de l’action ne doit point excéder le tems que le soleil emploie à faire sa révolution, c’est-à-dire, l’espace d’un jour naturel. Quelques critiques veulent que l’action dramatique soit renfermée dans un jour artificiel, ou l’espace de douze heures. Mais le plus grand nombre pense que l’action qui fait le sujet d’une piece de théatre, doit être bornée à l’espace de vingt-quatre heures, ou, comme on dit communément, que sa durée commence & finisse entre deux soleils ; car on suppose qu’on présente aux spectateurs un sujet de fable ou d’histoire, ou tiré de la vie commune pour les instruire ou les amuser ; & comme on n’y parvient qu’en excitant les passions, si on leur laisse le tems de se refroidir, il est impossible de produire l’effet qu’on se proposoit. Or en mettant sur la scene une action qui vraissemblablement, ou même nécessairement n’auroit pu se passer qu’en plusieurs années, la vivacité des mouvemens se rallentit ; ou si l’étendue de l’action vient à excéder de beaucoup celle du tems, il en résulte nécessairement de la confusion ; parce que le spectateur ne peut se faire illusion jusqu’à penser que les événemens en si grand nombre se seroient terminés dans un si court espace de tems. L’art consiste donc à proportionner tellement l’action & sa durée, que l’une paroisse être réciproquement la mesure de l’autre ; ce qui dépend sur-tout de la simplicité de l’action. Car si l’on en réunit plusieurs sous prétexte de varier & d’augmenter le plaisir, il est évident qu’elles sortiront des bornes du tems prescrit, & de celles de la vraissemblance. Dans le Cid, par exemple, Corneille fait donner dans un même jour trois combats singuliers & une bataille, & termine la journée par l’espérance du mariage de Chimene avec Rodrigue, encore tout fumant du sang du comte de Gormas, pere de cette même Chimene, sans parler des autres incidens, qui naturellement ne pouvoient arriver en aussi peu de tems, & que l’histoire met effectivement à deux ou trois ans les uns des autres. Guillen de Castro auteur espagnol, dont Corneille avoit emprunté le sujet du Cid l’avoit traité à la maniere de son tems & de son pays, qui permettant qu’on fît paroître sur la scene un héros qu’on voyoit, comme dit M. Despréaux,
Enfant au premier acte, & barbon au dernier.
n’assujettissoit point les auteurs dramatiques à la regle des vingt-quatre heures ; & Corneille pour vouloir y ajuster un événement trop vaste, a péché contre la vraissemblance. Les anciens n’ont pas toujours respecté cette regle ; mais nos premiers dramatiques françois & les Anglois l’ont violée ouvertement. Parmi ces derniers, sur-tout Shakerpear semble ne l’avoir pas seulement connue ; & on lit à la tête de quelques-unes de ces pieces, que la durée de l’action est de trois, dix, seize années, & quelquefois de davantage. Ce n’est pas qu’en général on doive condamner les auteurs qui pour plier un événement aux regles du théatre, négligent la vérité historique, en rapprochant comme en un même point des circonstances éparses qui sont arrivées en différens tems, pourvu que cela se fasse avec jugement & en matieres peu connues ou peu importantes. « Car le poëte, disent messieurs de l’académie françoise dans leurs sentimens sur le Cid, ne considere dans l’histoire que la vraissemblance des événemens, sans se rendre esclave des circonstances qui en accompagnent la vérité ; de maniere que pourvu qu’il soit vraissemblable que plusieurs actions se soient aussi bien pu faire conjointement que séparément, il est libre au poëte de les rapprocher, si par ce moyen, il peut rendre son ouvrage plus merveilleux ». Mais la liberté à cet égard ne doit point dégénérer en licence, & le droit qu’ont les Poëtes de rapprocher les objets éloignés, n’emporte pas avec soi celui de les entasser & de les multiplier de maniere que le tems prescrit ne suffise pas pour les développer tous ; puisqu’il en résulteroit une confusion égale à celle qui régneroit dans un tableau où le peintre auroit voulu réunir un plus grand nombre de personnages que sa toile ne pouvoit naturellement en contenir. Car, de même qu’ici les yeux ne pourroient rien distinguer ni démêler avec netteté, là l’esprit du spectateur & sa mémoire ne pourroient ni concevoir clairement, ni suivre aisément une foule d’événemens pour l’intelligence & l’éxécution desquels la mesure du tems, qui n’est que de vingt-quatre heures au plus, se trouveroit trop courte. Le poëte est même à cet égard beaucoup moins gêné que le peintre ; celui-ci ne pouvant saisir qu’un coup d’œil, un instant marqué de la durée de l’action ; mais un instant subit & presque indivisible. Principes pour la lecture des Poetes, tome II. page 48. & suivantes.
Dans le poëme épique, l’unité de tems prise dans cette rigueur, n’est nullement nécessaire ; puisqu’on ne sauroit guere y fixer la durée de l’action : plus celle-ci est vive & chaude, & plus il en faut précipiter la durée. C’est pourquoi l’Iliade ne fait durer la colere d’Achille que quarante sept jours tout au plus ; au-lieu que, selon le pere le Bossu, l’action de l’Odyssée occupe l’espace de huit ans & demi, & celle de l’Enéïde près de sept ans ; mais ce sentiment est faux, comme nous l’avons démontré au mot action. Voyez Action.
Pour ce qui est de la longueur du poëme épique, Aristote veut qu’il puisse être lû tout entier dans l’espace d’un jour ; & il ajoute que lorsqu’un ouvrage en ce genre s’étend au-delà de ces bornes, la vûe s’égare ; de sorte qu’on ne sauroit parvenir à la fin sans avoir perdu l’idée du commencement.
3°. L’unité de lieu est une regle dont on ne trouve nulle trace dans Aristote, & dans Horace ; mais qui n’en est pas moins fondée dans la nature. Rien ne demande une si exacte vraissemblance que le poëme dramatique : comme il consiste dans l’imitation d’une action complete & bornée, il est d’une égale nécessité de borner encore cette action à un seul & même lieu afin d’éviter la confusion, & d’observer encore la vraissemblance en soutenant le spectateur dans une illusion qui cesse bien-tôt dès qu’on veut lui persuader que les personnages qu’il vient de voir agir dans un lieu, vont agir à dix ou vingt lieues de ce même endroit, & toujours sous ses regards, quoiqu’il soit bien sûr que lui-même n’a pas changé de place. Que le lieu de la scene soit fixe & marqué, dit M. Despréaux ; voilà la loi. En effet, si les scenes ne sont préparées, amenées, & enchaînées les unes aux autres, de maniere que tous les personnages puissent se rencontrer successivement & avec bienséance dans un endroit commun ; si les divers incidens d’une piece exigent nécessairement une trop grande étendue de terrein ; si enfin le théatre représente plusieurs lieux différens les uns après les autres, le spectateur trouve toujours ces changemens incroyables, & ne se prête point à l’imagination du poëte qui choque à cet égard les idées ordinaires, & pour parler plus nettement, le bon sens. Pour connoître combien cette unité de lieu est indispensable dans la tragédie, il ne faut que comparer quelques pieces où elle est absolument négligée, avec d’autres où elle est observée exactement ; & sur le plaisir qui résulte de celles-ci, & l’embarras ou la confusion qui naissent des autres, il est aisé de prononcer que jamais regle n’a été plus judicieusement établie ; avant Corneille, elle étoit comme inconnue sur notre théatre ; la lecture des auteurs italiens & espagnols qui la violoient impunément, ayant à cet égard comme à beaucoup d’autres, gâté nos poëtes. Hardy, Rotrou, Mairet, & les autres qui ont précédé Corneille, transportent à tout moment la scene d’un lieu dans un autre. Ce défaut est encore plus sensible dans Shakespear, le pere des tragiques anglois : dans une même piece la scene est tantôt à Londres, tantôt à York, & court, pour ainsi dire, d’un bout à l’autre de l’Angleterre. Dans une autre elle est au centre de l’Ecosse dans un acte, & dans le suivant elle est sur la frontiere. Corneille connut mieux les regles, mais il ne les respecta pas toujours ; & lui-même en convient dans l’examen du Cid, où il reconnoît que quoique l’action se passe dans Séville, cependant cette détermination est trop générale ; & qu’en effet, le lieu particulier change de scene en scene. Tantôt c’est le palais du roi, tantôt l’appartement de l’infante, tantôt la maison de Chimene, & tantôt une rue ou une place publique. Or non-seulement le lieu général, mais encore le lien particulier doit être déterminé ; comme un palais, un vestibule, un temple ; & ce que Corneille ajoute, qu’il faut quelquefois aider au théatre & suppléer favorablement à ce qui ne peut s’y représenter, n’autorise point à porter, comme il l’a fait en cette matiere, l’incertitude & la confusion dans l’esprit des spectateurs. La duplicité de lieu si marquée dans Cinna, puisque la moitié de la piece se passe dans l’appartement d’Emilie, & l’autre dans le cabinet d’Auguste, est inexcusable ; à-moins qu’on n’admette un lieu vague, indéterminé, comme un quartier de Rome, ou même toute cette ville, pour le lieu de la scene. N’étoit-il pas plus simple d’imaginer un grand vestibule commun à tous les appartemens du palais, comme dans Polyeucte & dans la mort de Pompée ? Le secret qu’exigeoit la conspiration n’eût point été un obstacle ; puisque Cinna, Maxime, & Emilie, auroient pû là, comme ailleurs, s’en entretenir en les supposant sans témoin ; circonstance qui n’eût point choqué la vraissemblance, & qui auroit peut-être augmenté la surprise. Dans l’Andromaque de Racine, Oreste dans le palais même de Pyrrhus, forme le dessein d’assassiner ce prince, & s’en explique assez hautement avec Hermione, sans que le spectateur en soit choqué. Toutes les autres tragédies du même poëte sont remarquables par cette unité de lieu, qui sans effort & sans contrainte, est par-tout exactement observée, & particulierement dans Britannicus, dans Phedre, & dans Iphigénie. S’il semble s’en être écarté dans Esther, on sait assez que c’est parce que cette piece demandoit du spectacle ; au reste toute l’action est renfermée dans l’enceinte du palais d’Assuérus. Celle d’Athalie se passe aussi toute entiere dans un vestibule extérieur du temple, proche de l’appartement du grand-prêtre ; & le changement de décoration qui arrive à la cinquieme scene du dernier acte, n’est qu’une extension de lieu absolument nécessaire, & qui présente un spectacle majestueux.
Quant au poëme épique, on sent que l’étendue de l’action principale, & la variété des épisodes, supposent nécessairement des voyages par mer & par terre, des combats, & mille autres positions incompatibles avec l’unité de lieu. Principes pour la lecture des Poëtes, tome II. page 42. & suiv. Corneille, discours des trois unités. Examen du Cid & de Cinna.
Unité, (Peint.) on exige en peinture l’unité d’objets, c’est-à-dire, que s’il y a plusieurs groupes de clair-obscur dans un tableau, il faut qu’il y en ait un qui domine sur les autres ; de même dans la composition, il doit y avoir unité de sujets. On observe encore dans un tableau l’unité du tems, ensorte que ce qui y est représenté, ne paroisse pas excéder le moment de l’action qu’on a eu dessein de rendre. Enfin tous les objets doivent être embrassés d’une seule vue, & paroître compris dans l’espace que le tableau est supposé renfermer. Dictionnaire des beaux arts. (D. J.)
Étymologie de « unité »
Provenç. unitat ; espagn. unidad ; ital. unità ; du lat. unitatem, de unus, un.
- Du latin unitas (« unité », « un », « homogénéité », « réunion », « identité de nature », « ressemblance », « conformité », « union », « concorde »).
Phonétique du mot « unité »
Mot | Phonétique (Alphabet Phonétique International) | Prononciation |
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unité | ynite |
Citations contenant le mot « unité »
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Avoir le sens de l'unité profonde des choses, c'est avoir le sens de l'anarchie, et de l'effort à faire pour réduire les choses en les ramenant à l'unité. Antonin Artaud, Héliogabale ou l'Anarchiste couronné, Gallimard
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La loi d'amour […] fait que chacun sent en soi l'immense unité humaine, et devient fort autant que tous ensemble. Alphonse de Brédenbec de Châteaubriant, La Réponse du Seigneur, La Mappemonde
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Je suis une unité qui va bien ou une diversité qui va mal. Charles Du Bos, Propos à Marie Gouhier
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La multitude qui ne se réduit pas à l'unité est confusion ; l'unité qui ne dépend pas de la multitude est tyrannie. Blaise Pascal, Pensées, 871 Pensées
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La connaissance conduit à l'unité comme l'ignorance mène à la diversité. Gadadhar Chatterji ou Gadadhar Chattopadhyaya, dit Ramakrishna, Entretiens
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L'unité d'action consiste, dans la comédie, en l'unité d'intrigue. De Pierre Corneille / Discours des trois unités ,
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La multitude qui ne se réduit pas à l'unité est confusion ; l'unité qui ne dépend pas de la multitude est tyrannie. De Blaise Pascal / Pensées ,
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L’unité est la forme de toute beauté. De Saint Augustin ,
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Arbres : unités d’échange d’oxygène. De Anonyme ,
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L'éternité ? Une unité de temps. De Stanislaw Jerzy Lec / Nouvelles pensées échevelées ,
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La santé c'est l'unité qui fait valoir tous les zéros de la vie. De Bernard Fontenelle ,
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La culture, c'est avant tout une unité de style qui se manifeste dans toutes les activités d'une nation. De Friedrich Nietzsche ,
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Un ouvrage n'a une véritable unité que quand on ne peut en rien ôter sans couper dans le vif. De Fénelon / Lettre à l'académie ,
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EDF par le biais d’un communiqué, vient d’annoncer qu’en raison de l’évolution de la température Garonne observée depuis ce vendredi 31 juillet au matin, avec des valeurs supérieures aux prévisions de jeudi 30 juillet, l’unité de production n°2 de la centrale de Golfech sera mise à l’arrêt dans l’après-midi. SudOuest.fr, Centrale de Golfech : l’unité de production n°2 à l’arrêt
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En quoi la loi sur la différenciation territoriale remet-elle en question le principe d’unité de la loi ? L'Humanité, Benjamin Morel : « Il y a un vrai danger pour l’unité de la République » | L'Humanité
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L’unité nationale au Congo mise en danger : Alain Akouala irrité s’insurge contre BrazzaNews , L’unité nationale au Congo mise en danger : Alain Akouala irrité s’insurge contre BrazzaNews
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La Turquie a dit accorder une grande importance à l’unité, l’intégrité, la paix et la stabilité du Liban. , Ankara: “Nous accordons une grande importance à l’unité et l’intégrité du Liban” | TRT Français
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Je suis une unité qui va bien ou une diversité qui va mal. Charles Du Bos, Propos à Marie Gouhier
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La multitude qui ne se réduit pas à l'unité est confusion ; l'unité qui ne dépend pas de la multitude est tyrannie. Blaise Pascal, Pensées, 871 Pensées
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Traductions du mot « unité »
Langue | Traduction |
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Anglais | unit |
Espagnol | unidad |
Italien | unità |
Allemand | einheit |
Chinois | 单元 |
Arabe | وحدة |
Portugais | unidade |
Russe | ед. изм |
Japonais | 単位 |
Basque | unitate |
Corse | unità |
Synonymes de « unité »
Source : synonymes de unité sur lebonsynonyme.frAntonymes de « unité »
Combien de points fait le mot unité au Scrabble ?
Nombre de points du mot unité au scrabble : 4 points