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Scepticisme

Variantes Singulier Pluriel
Masculin scepticisme scepticismes

Définitions de « scepticisme »

Trésor de la Langue Française informatisé

SCEPTICISME, subst. masc.

A. − PHILOSOPHIE
1.
a) Doctrine des pyrrhoniens selon lesquels l'homme ne pouvant atteindre la connaissance de la vérité, il est nécessaire de pratiquer en toute chose la « suspension du jugement » et d'ériger le doute en système. Synon. pyrrhonisme.Le scepticisme de Pyrrhon. À partir du XVIesiècle (...) le scepticisme universel ou le pyrrhonisme en religion et en morale pullule de toute part (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 759):
... [Locke] ne prétendait ouvrir la porte qu'à un demi-scepticisme. C'était sans doute une faiblesse; car l'idée de Locke, image matérielle, ne représentant les corps d'aucune manière, ni complète ni incomplète, il ne fallait admettre, à ce compte, aucune idée des corps; il fallait aller jusqu'au scepticisme absolu. Cousin, Hist. philos. XVIIIes., 2, 1829, p. 349.
b) P. ext. ,,Toute doctrine qui nie la possibilité de la connaissance de l'absolu`` (A. Cuvillier, Nouv. vocab. philos., Paris, A. Colin, 1962 [1956]); doctrine qui refuse d'admettre une chose sans examen critique, sans doute scientifique. Hegel a distingué, d'une manière très lumineuse: 1 ole scepticisme antique (Pyrrhon, Aenésidème), qui consiste à douter de la réalité du monde extérieur et à croire néanmoins en la réalité d'un monde spirituel, en l'existence de Dieu; 2 ole scepticisme moderne (positivisme, scientisme), qui consiste à ne croire que ses sens, à affirmer la seule réalité du monde matériel et à douter de Dieu (Julia1984).
En partic.
Scepticisme critique. ,,Se dit principalement des travaux philosophiques de Bayle, qui attaqua la certitude, en produisant sur les questions les plus importantes des arguments contradictoires`` (Ac. Compl. 1842).
Scepticisme de Hume ou scepticisme empirique. ,,[Doctrine] de Hume, ainsi qualifiée par lui-même en tant qu'elle aboutit au doute à l'égard: 1ode l'existence des objets extérieurs; 2ode la connexion nécessaire des causes et des effets (Entend. humain, IV)`` (A. Cuvillier, Nouv. vocab. philos., Paris, A. Colin, 1962 [1956]). Frédéric Jacobi a combattu également l'empirisme et l'idéalisme, et a renouvelé le scepticisme de Hume en en changeant le caractère, au profit du sentiment et du mysticisme (Cousin, Hist. philos. XVIIIes., 1, 1829, p. 15).
Scepticisme de Kant. ,,[Doctrine] de Kant en tant qu'elle déclare la connaissance entachée de relativité`` (A. Cuvillier, Nouv. vocab. philos., Paris, A. Colin, 1962 [1956]). Synon. criticisme.On peut soutenir peut-être qu'il y a du scepticisme dans Kant, non assurément sur la valeur objective des phénomènes et des lois de la nature, qu'il a au contraire voulu établir contre Hume, mais sur la valeur, au moins symbolique, des postulats de la Raison pratique (Lal.1968).
2. Doctrine d'après laquelle l'homme ne peut atteindre la vérité dans un domaine ou sur un sujet déterminé. Scepticisme historique, médical, moral, religieux, scientifique. Le public (...) se défie des faits contemporains (...) et croit sans hésiter aux faits anciens qu'il ne voit pas contredire. Sa confiance est au maximum pour l'histoire qu'on n'a pas les moyens de savoir, son scepticisme croît à mesure que les moyens de savoir augmentent (Langlois, Seignobos, Introd. ét. hist., 1898, p. 175).Le philosophe n'a plus le choix qu'entre un dogmatisme et un scepticisme métaphysiques qui reposent, au fond, sur le même postulat, et qui n'ajoutent rien à la science positive (Bergson, Évol. créatr., 1907, p. 198).V. dogmatisme A ex. de Cousin.
En partic. Mise en doute des dogmes religieux. Le scepticisme absolu est l'athéisme sous une forme négative; le scepticisme imparfait n'implique qu'une ignorance des attributs et des opérations de Dieu. Dieu existe pour lui, mais sans qu'il se rende compte de ce qu'il est, de ce qu'il fait, de ce qu'il veut (Lacord., Conf. N.-D., 1848, p. 139).Papa n'allait pas à la messe, il souriait quand tante Marguerite commentait les miracles de Lourdes: il ne croyait pas. Ce scepticisme ne m'atteignait pas, tant je me sentais investie par la présence de Dieu (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 43).
B. − Courant
1. Attitude, disposition d'esprit d'une personne portée à l'incrédulité ou à la défiance envers les opinions et les valeurs reçues. Synon. incrédulité, méfiance; anton. certitude, conviction, crédulité.Vivre dans le scepticisme. Je trouvai quelque chose de plus sombre encore: le scepticisme du médecin journaliste qui ne croit plus ni à la politique, ni à la médecine (Michelet, Journal, 1839, p. 299).Le scepticisme en moi consiste essentiellement dans la soudaineté avec laquelle le doute affleure sous la forme suivante: « cela semble vrai à tel point qu'il est impossible que ce le soit. » (Du Bos, Journal, 1927, p. 226).
En partic. [Le scepticisme peut atteindre l'indifférence ou le pessimisme] Synon. de désabusement, désintérêt.Monsieur de Meillan jugea les équilibristes avec le scepticisme d'un homme qui est depuis bien longtemps revenu des vanités de la barre fixe et des joies du trapèze (Miomandre, Écrit sur eau, 1908, p. 163).Il y avait toujours eu au fond de lui-même un doute, une réserve, ce scepticisme de ceux qui ont beaucoup connu les femmes et qui savent pour l'avoir éprouvé qu'on se guérit de la passion la plus totale et qu'à un certain degré d'expérience on ne meurt jamais d'amour (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 420).
2. Incrédulité ou manque de confiance
a) à l'égard de la vérité d'un fait. Synon. défiance, incrédulité, méfiance.Moue, sourire de scepticisme; accueillir une information avec scepticisme. Je suis à bout de courage surtout quand je pense à ton scepticisme devant ma souffrance trop réelle (Barrès, Cahiers, t. 10, 1914, p. 276).J'en voulais presque à ma chère maman d'accueillir avec un air de doute et d'incrédulité les affirmations (...) que lui faisait cet éloquent épicier. (...) le scepticisme de ma chère maman était fondé (France, Pt Pierre, 1918, p. 51).
b) à l'égard de la réussite d'un projet, de la possibilité d'un résultat. Synon. défiance, incrédulité, méfiance, pessimisme; anton. confiance, crédulité, enthousiasme, optimisme.Cette expérience, accueillie avec scepticisme, réussit parce que la population et les milieux dirigeants de la vie économique lui firent confiance (Lesourd, Gérard, Hist. écon., 1966, p. 464).
Prononc. et Orth.: [sεptisism̭]. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1. 1669 « doctrine et sentiments des philosophes grecs pyrrhoniens » (T. Sprat, Hist. de la Sté royale de Londres, p. 126); 2. 1746 « état d'esprit d'une personne qui refuse d'admettre les choses sans examen critique » (Diderot, Pensées philosophiques, XXXI ds Œuvres philos., éd. P. Vernière, p. 28); 3. 1914 « attitude incrédule, méfiante touchant la réussite d'un projet, la véracité d'un fait » (Barrès, loc. cit.). Dér. sav. de sceptique*; suff. -isme*. Fréq. abs. littér.: 663. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 772, b) 928; xxes.: a) 1 229, b) 923.

Wiktionnaire

Nom commun - français

scepticisme \sɛp.ti.sism\ masculin

  1. (Philosophie) Doctrine, sentiment des philosophes dont le dogme principal est de douter, de n’affirmer rien, de tenir leur jugement en suspens sur chaque chose.
    • Le scepticisme ne convient pas à tout le monde. Il suppose un examen profond et désintéressé : celui qui doute parce qu’il ne connaît pas les raisons de crédibilité n’est qu’un ignorant. Le vrai sceptique a compté et pesé les raisons. — (Denis Diderot, Pensées philosophiques, Texte établi par J. Assézat, Garnier, 1875-77)
    • Le scepticisme de Montaigne était tout à fait son affaire. Non seulement il [Jean-Martin Charcot] n’avait aucune croyance, mais encore il manifestait fréquemment des sentiments hostiles au catholicisme, qu’il ne séparait pas de la réaction. — (Léon Daudet, Souvenirs littéraires – Devant la douleur, Grasset, 1915, réédition Le Livre de Poche, page 103)
    • Tout le monde étant d'accord pour me désigner nettement sous le nom de scepticisme, d'impiété ou de laïcisme l'esprit dominant du département, tout le monde aussi, on l'a vu, reconnaît son esprit de progrès […]. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
    • Aux derniers temps de la République romaine et aux premier siècle de l'Empire, le scepticisme religieux s'étend des classes cultivées aux couches profondes du peuple : Cicéron et Juvénal nous l'atteste. — (Louis Rougier, Histoire d'une faillite philosophique: la Scolastique, 1966)
    • Malheureusement, il n'existait aucun attachement philosophique au laïcisme et à ses valeurs de scepticisme, d'expérimentation et de tolérance, si essentielles au pluralisme politique. — (Panayiotis Jerasimof Vatikiotis, L’Islam et l’État, 1987, traduction d’Odette Guitard, 1992)
    • Trois nouveaux courants, fort opposés, s'imposent : l’épicurisme, le stoïcisme et le scepticisme ; leur point commun est l'attention accordée aux questions éthiques, au point que le savoir lui-même se laisse subordonner à cette visée. — (Lambros Couloubaritsis, Aux origines de la philosophie européenne: De la pensée archaïque au néoplatonisme, De Boeck Supérieur, 2003, page 571)
  2. (Plus courant) Disposition d’esprit des personnes qui affectent de douter de tout.
    • Pas plus que mon père je ne m'accommode de ce scepticisme médiocre que je juge nuisible à l'intérêt général. — (Joseph Caillaux, Mes Mémoires, I, Ma jeunesse orgueilleuse, 1942, page 11)
    • À cette époque, Bakounine ne s’enthousiasmait plus pour les choses révolutionnaires russes. Au contraire, dans ses paroles perçait une sorte de scepticisme à l’égard des Russes. — (Debagori-Mokrievitch, Souvenirs sur Bakounine, traduits par Marie Stromberg, La Revue blanche, 1895)
    • Un malentendu existe entre lui et les simples mortels. […]. Il arbore superbement un scepticisme, un snobisme de décadence qui leur reste inaccessible et fermé. Son ironie naturelle les gêne et les déconcerte. Il est ennuyé, blasé ; […]. — (Anatole Claveau, Le Tout-Paris, dans Sermons laïques, Paris : Paul Ollendorff, 1898, 3e éd., page 31)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

SCEPTICISME. n. m.
Doctrine, sentiment des philosophes dont le dogme principal est de douter, de n'affirmer rien, de tenir leur jugement en suspens sur chaque chose. Il se dit, dans le langage courant, de la Disposition d'esprit des personnes qui affectent de douter de tout. Cet homme se pique de scepticisme. Il porte dans l'histoire un scepticisme qui lui fait révoquer en doute les faits les plus avérés.

Littré (1872-1877)

SCEPTICISME (sè-pti-si-sm') s. m.
  • 1Doctrine des philosophes qui doutent et qui examinent. Le scepticisme est le premier pas vers la vérité, Diderot, Pens. philos. n° 31. Le scepticisme ne convient pas à tout le monde, il suppose un examen profond et désintéressé, Diderot, ib. 24. Il me semble que le scepticisme que certaines discussions historiques provoquent et entretiennent, n'est ni la moins douce ni la moins saine habitude que l'esprit humain puisse contracter, Daunou, Instit. Mém. sc mor. et pol. t. IV, p. 543.
  • 2Particulièrement, doctrine des philosophes pyrrhoniens. Pyrrhon, disciple d'Anaxarque de la secte éléatique, exerça le premier cette philosophie pusillanime et douteuse, qu'on appelle de son nom pyrrhonisme, et, de sa nature, scepticisme, Diderot, Opin. des anc. philos. (philos. pyrrhonienne). Le scepticisme n'eut ni chez les anciens, ni chez les modernes, aucun athlète plus redoutable que Bayle, Diderot, ib.
  • 3Il se dit, dans le langage général, de ceux qui affectent de douter de tout. Ce scepticisme qui fut celui de Montaigne et de tant d'autres, leur laissait du moins du respect et même de la vénération pour le culte établi, Genlis, Mères riv. t. III, p. 2, dans POUGENS.

REMARQUE

Scepticisme n'est pas ancien. " Pascal, non plus que Montaigne, ne se sert du mot de scepticisme, que nous employons aujourd'hui ; on trouve dans la Mothe le Vayer la sceptique, […], mais non le scepticisme, " HAVET, Pensées de Pascal, t. I, p. 45. La table de Bayle, édit. de 1715, donne : " sceptique, scepticisme, cherchez pyrrhoniens ; " mais à Pyrrhon on ne trouve pas scepticisme.

SYNONYME

SCEPTICISME, PYRRHONISME. Le scepticisme a un sens plus étendu que le pyrrhonisme, qui est la philosophie de Pyrrhon. Autrefois on n'avait que le mot pyrrhonisme ; et on confondait les deux nuances. Aujourd'hui le septicisme s'applique surtout à ce qu'on ne sait pas, par exemple l'essence des choses. Il se prend aussi quelquefois pour pyrrhonisme.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

SCEPTICISME, s. m. & SCEPTIQUES, s. m. pl. (Hist. de la Philosophie.) Sceptici, secte d’anciens philosophes, qui avoient Pyrrhon pour chef, & dont le principal dogme consistoit à soutenir que tout étoit incertain & incompréhensible ; que les contraires étoient également vrais ; que l’esprit ne devoit jamais donner son consentement à rien, mais qu’il devoit rester dans une indifférence entiere sur toute chose. Voyez Pyrrhoniens.

Le mot sceptique, qui est grec dans son origine, signifie proprement contemplatif, c’est-à-dire un homme qui balance les raisons de part & d’autre, sans décider pour aucun côté ; c’est un mot formé du verbe σκέπτομαι, je considere, j’examine, je délibere.

Diogene Laërce remarque, que les sectateurs de Pyrrhon avoient différens noms : on les appelloit Pyrrhoniens, du nom de leur chef ; on les appelloit aussi Aporetici, gens qui doutent, parce que leur maxime principale consistoit à douter de tout ; enfin on les nommoit Zetétiques, gens qui cherchent, parce qu’ils n’alloient jamais au-delà de la recherche de la vérité.

Les Sceptiques ne retenoient leur doute que dans la spéculation. Pour ce qui concerne les actions civiles & les choses de pratique, ils convenoient qu’il falloit suivre la nature pour guide, se conformer à ses impressions, & se plier aux lois établles dans chaque nation. C’étoit un principe constant chez eux, que toutes choses étoient également vraissemblables, & qu’il n’y avoit aucune raison qui ne pût être combattue par une raison contraire aussi forte. La fin qu’ils se proposoient, étoit l’ataraxie, ou l’exemption de trouble à l’égard des opinions, & la métriopatie ou la modération des passions & des douleurs. Ils prétendoient qu’en ne déterminant rien sur la nature des biens & des maux, on ne poursuit rien avec trop de vivacité, & que par-là on arrive à une tranquillité parfaite, telle que peut la procurer l’esprit philosophique : au-lieu que ceux qui établissent qu’il y a de vrais biens & de vrais maux, se tourmentent pour obtenir ce qu’ils regardent comme un vrai bien. Il arrive de-là qu’ils sont déchirés par mille secrettes inquiétudes, soit que n’agissant plus conformément à la raison, ils s’élevent sans mesure, soit qu’ils soient emportés loin de leur devoir par la fougue de leurs passions, soit enfin que craignant toujours quelque changement, ils se consument en efforts inutiles pour retenir des biens qui leur échappent. Ils ne s’imaginoient pourtant pas, comme les Stoïciens, être exempts de toutes les incommodités qui viennent du choc & de l’action des objets extérieurs ; mais ils prétendoient qu’à la faveur de leur doute sur ce qui est bien ou mal, ils souffroient beaucoup moins que le reste des hommes, qui sont doublement tourmentés, & par les maux qu’ils souffrent, & par la persuasion où ils sont que ce sont de vrais maux.

C’est une ancienne question, comme nous l’apprenons d’Aulugelle, & fort débattue par plusieurs auteurs grecs, savoir en quoi different les Sceptiques & les académiciens de la nouvelle académie. Plutarque avoit fait un livre sur cette matiere ; mais puisque le tems nous a privé de ces secours de l’antiquité, suivons Sextus Empiricus, qui a rapporté si exactement tous les points en quoi consiste cette différence, qu’il ne s’y peut rien ajouter.

Il met le premier point de différence, qui se trouve entre la nouvelle académie & la doctrine sceptique, en ce que l’une & l’autre disant que l’entendement humain ne peut rien comprendre, les académiciens le disent affirmativement, & les Sceptiques le disent en doutant.

Le second point de différence proposé par Sextus, consiste en ce que les uns & les autres étant conduits par une apparence de bonté, dont l’idée leur est imprimée dans l’esprit, les academiciens la suivent, & les Sceptiques s’y laissent conduire ; & en ce que les académiciens appellent cela opinion ou persuasion, & non les Sceptiques : bien que ni les uns ni les autres n’affirment que la chose d’où part cette image ou apparence de bonté soit bonne, mais les uns & les autres avouent que la chose qu’ils ont choisie leur semble bonne, & qu’ils ont cette idée imprimée dans l’esprit, à laquelle ils se laissent conduire.

Le troisieme point de difference revient au même. Les académiciens soutiennent que quelques-unes de leurs idées sont vraissemblables, les autres non ; & qu’entre celles qui sont vraissemblables il y a du plus & du moins. Les Sceptiques prétendent qu’elles sont égales, par rapport à la créance que nous leur donnons ; mais Sextus qui propose cette différence, fournit lui-même le moyen de la lever, car il dit que les Sceptiques veulent que la foi des idées soit égale par rapport à la raison, c’est-à-dire autant qu’elle se rapporte à la connoissance de la vérité & à l’acquisition de la science par la raison, car l’idée la plus claire n’a pas plus de pouvoir pour me faire connoitre la vérité : mais en ce qui regarde l’usage de la vie, ils veulent que l’on préfere cette idée claire à celle qui est obscure.

La quatrieme différence consiste moins dans la chose que dans la maniere de s’exprimer ; car les uns & les autres avouent qu’ils sont attirés par quelques objets ; mais les académiciens disent que cette attraction se fait en eux avec une véhémente propension, ce que les Sceptiques ne disent pas, comme si les uns étoient portés vers les choses vraissemblables & que les autres s’y laissassent seulement conduire, quoique ni les uns ni les autres n’y donnent pas leur consentement.

Sextus Empiricus met encore entre eux une autre différence, sur les choses qui concernent la fin, disant que les académiciens suivent la probabilité dans l’usage de la vie, & que les Sceptiques obéissent aux lois, à la coutume, & aux affections naturelles. En cela comme en plusieurs choses, leur langage est différent, quoique leurs sentimens soient pareils. Quand l’académicien obéit aux lois, il dit qu’il le fait parce qu’il a opinion que cela est bon à faire, & que cela est probable ; & quand le sceptique fait la même chose, il ne se sert point de ces termes d’opinion & de probabilité, qui lui paroissent trop décisifs.

Ces différences qui sont légeres & imperceptibles, ont été cause qu’on les a tous confondus sous le nom de Sceptiques. Si les philosophes qui ont embrassé cette secte, ont mieux aimé être appellés académiciens que pyrrhoniens, deux raisons assez vraissemblables y ont contribué ; l’une est que fort peu de philosophes illustres sont sortis de l’école de Pyrrhon, au-lieu que l’académie a donné beaucoup d’excellens hommes, auxquels il est glorieux de se voir associé ; l’autre est qu’on a ridiculisé Pyrrhon & les Pyrrhoniens, comme s’ils avoient réduit la vie des hommes à une entiere inaction, & que ceux qui se diront pyrrhoniens tomberont nécessairement dans le même ridicule.

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Étymologie de « scepticisme »

Sceptique.

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De « sceptique » avec le suffixe -isme.
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Phonétique du mot « scepticisme »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
scepticisme sɛptisism

Fréquence d'apparition du mot « scepticisme » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « scepticisme »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « scepticisme »

  • La sottise nourri le scepticisme.
    André Le Gall
  • La paresse est un scepticisme de la chair.
    Emil Michel Cioran — Le Crépuscule des pensées
  • Après un succès, toutes les idées sont bonnes. Après un échec, même les meilleures sont accueillies avec scepticisme.
    Claude Lelouch — Itinéraire d'un enfant très gâté
  • A en croire Lebon Ziavoula, la jeunesse congolaise nourrit encore beaucoup de scepticisme face à la pandémie de Covid-19. Si certains ironisent en se disant que le coronavirus au Congo n’est qu’un mythe donc pas besoin de se restreindre la vie, d’autres disent ne porter les masques qu’à la vue des policiers pour éviter de payer inutilement les amendes. D’ajouter, « si le virus existait réellement dans le pays pourquoi les malades sont invisibles et qu’il y a un laisser-aller dans la façon dont les gens circulent dans les marchés, se bousculent aux arrêts de bus, se coincent dans les morgues et lors des enterrements ? »
    Covid-19 : « Fantôme », une sensibilisation au scepticisme face à la maladie | adiac-congo.com : toute l'actualité du Bassin du Congo
  • Le scepticisme est l'élégance de l'anxiété.
    Emil Michel Cioran — Syllogismes de l’amertume
  • Les sciences peuvent seules enseigner la non-crédulité sans enseigner le scepticisme, ce suicide de la raison.
    Paul Bert
  • Le scepticisme est le commencement de la foi.
    Oscar Wilde
  • L’espoir est un scepticisme. C’est douter du malheur un instant.
    Paul Valéry
  • Plus de six personnes sur dix pensent que l'engagement d'Emmanuel Macron pour l'environnement n'est pas « sincère », selon un sondage Elabe. Un Français sur deux juge que les propositions de la Convention citoyenne pour le climat ne seront pas efficaces une fois mises en oeuvre. Et les nouveaux maires écolos ne sont pas épargnés par le scepticisme général à l'égard des élus.
    Les Echos — EXCLUSIF - Les maires écologistes font face au scepticisme d'une majorité de Français | Les Echos
  • Le scepticisme commence quand, assis dans une église entre un flic et une bonne soeur, vous constatez que votre portefeuille a disparu.
    Colin Bowles
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Traductions du mot « scepticisme »

Langue Traduction
Anglais scepticism
Espagnol escepticismo
Italien scetticismo
Allemand skepsis
Chinois 怀疑论
Arabe شكوك
Portugais ceticismo
Russe скептицизм
Japonais 懐疑論
Basque eszeptizismoa
Corse scetticisimu
Source : Google Translate API

Synonymes de « scepticisme »

Source : synonymes de scepticisme sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « scepticisme »

Combien de points fait le mot scepticisme au Scrabble ?

Nombre de points du mot scepticisme au scrabble : 19 points

Scepticisme

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