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Soupçon

Variantes Singulier Pluriel
Masculin soupçon soupçons

Définitions de « soupçon »

Trésor de la Langue Française informatisé

SOUPÇON, subst. masc.

A. −
1. Opinion défavorable, fondée sur des indices discutables, souvent par apriorisme ou suggestion affective, par laquelle, à tort ou à raison, on attribue à quelqu'un des actes répréhensibles ou des mauvaises pensées. Synon. défiance, doute, procès d'intention*.Pour qu'il crût qu'elle mentait, un soupçon préalable était une condition nécessaire. C'était d'ailleurs aussi une condition suffisante (Proust,Swann, 1913, p. 297):
1. Le duc de Bourgogne passa quelques jours à Pontoise (...) un homme inconnu demanda un jour à lui parler; son apparence lui donna quelque soupçon, et il eut soin de placer toujours un banc devant lui; c'était en effet un assassin; il tenait un poignard caché dans sa manche... Barante,Hist. ducs Bourg., t. 3, 1821-24, p. 240.
SYNT. Soupçon abominable, absurde, injurieux, injuste; cruel, honteux, horrible, noir, vague, vilain soupçon; soupçon de contrebande, d'infamie, de jalousie, de mensonge, de perfidie, de trahison; être l'objet d'un soupçon; calmer, dissiper, détourner, endormir, éveiller, repousser un soupçon; jeter le soupçon sur qqn; être pris, repris, traversé de mille soupçons; donner, inspirer des soupçons à qqn; avoir, concevoir, former, porter des soupçons sur qqn, sur la conduite, l'honnêteté de qqn; désarmer, écarter, éveiller, exciter les soupçons; être en butte, en proie aux soupçons; ne pas donner prise aux soupçons.
Soupçon sur qqn, sur qqc.Tout citoyen éclairé et énergique, qui oseroit appeler le soupçon sur un ministre, sur un général, sera dénoncé par la faction dominante, comme un ennemi de l'État (Robesp.,Discours, Guerre, t. 8, 1791, p. 60).Un beau cadeau qu'il lui avait fait en passant: la maréchaussée aux trousses, le soupçon sur son établissement, le discrédit, la ruine peut-être (Genevoix,Raboliot, 1925, p. 104).
Soupçon de qqc.Le lieutenant civil hésita: il allait en faire (...) matière à soupçon de lèse-majesté (Sainte-Beuve,Port-Royal, t. 2, 1842, p. 344).
Soupçon de + inf.Le soupçon d'avoir été au château, tout injuste qu'il est, vaut beaucoup mieux (Staël,Lettres L. de Narbonne, 1792, p. 1).Encourir le soupçon de + inf. Il reste cette reine espagnole qui n'est plus jeune, qui a été déçue par son mari, qui encourt le soupçon d'avoir aimé le beau Buckingham, et d'être aujourd'hui la maîtresse ou la femme d'un aventurier italien (Brasillach,Corneille, 1938, p. 261).
Soupçon que + verbe à l'ind.Nous sommes distraits par un mal nouveau plus atroce, le soupçon qu'elle nous a menti sur sa soirée de la veille (Proust,Prisonn., 1922, p. 103).
Loc. et expr.
Au moindre soupçon. Le terrible tribunal des cent tenait des surveillans auprès d'eux et, au moindre soupçon, les faisait mettre en croix (Michelet,Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 190).Avoir le moindre soupçon. Si Olivier et son père avaient eu le moindre soupçon, ce soupçon se serait évanoui, devant de tels témoignages (Zola,Th. Raquin, 1867, p. 76).
Sur le soupçon de (qqc.). Un autre prédicateur célèbre, le père des Mares, interdit depuis le commencement de l'année 1648 sur le soupçon aussi de jansénisme, fut moins favorisé (Sainte-Beuve,Port-Royal, t. 2, 1842, p. 305).Sur un simple soupçon. Le maure Othello et le roi Lear, eux chez qui toute pensée se résout en acte et qui n'hésitent pas à condamner l'un sa femme, l'autre sa fille chérie, sur un simple soupçon qu'une parole a éveillé! (Bourget,Nouv. Essais psychol., 1885, p. 291).
En soupçon (de qqn) (vieilli). Qui a des doutes sur quelqu'un, qui se doute de quelque chose à propos de quelqu'un. Pour tout habitué de l'opéra, ce domino trahissait (...) un bourgeois quelconque en soupçon de son infidèle (Balzac,Splend. et mis., 1844, p. 5).
Au-dessus du soupçon; au-dessus de tout soupçon. Demander des comptes aux hommes à qui nous devons ces résultats, y songez-vous? Ils sont au-dessus du soupçon, vous dis-je. Ils échappent à la commune loi du contrôle. Ils jugent et ne peuvent être jugés (Clemenceau,Iniquité, 1899, p. 162).La comtesse, monsieur, est au-dessus de tout soupçon! (Anouilh,Répét., 1950, v, p. 112).
Avoir, prendre soupçon de qqn. Soupçonner quelqu'un. Il s'agissait d'un nommé Jean Prost, assassiné. Sa mère, ayant pris soupçon du maître du logis où il demeurait, qui était un boulanger et qui s'appelait Bellanger, l'avait dénoncé (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 69).
N'avoir aucun soupçon. Ne rien suspecter. Calmelet (...) triompha avec tant de naturel des différentes épreuves par où on le fit passer, que le médecin allemand n'eut aucun soupçon et le désigna au bout de peu de temps pour le plus prochain convoi de rapatriement (Ambrière,Gdes vac., 1946, p. 244).
P. métaph. L'éclair, l'ombre, le poignard d'un, du soupçon. Le sultan est méconnoissable, sombre, défiant, dévoré de soucis; il verse le fiel du soupçon sur tout ce qui l'entoure (Cottin,Mathilde, t. 1, 1805, p. 376).
P. hyperb. Mille soupçons. Être effleuré, traversé de mille soupçons. Mille soupçons me traversèrent l'esprit, ou plutôt toutes les mauvaises pensées de tout à l'heure me ressaisirent (G. Leroux,Parfum, 1908, p. 130).
En partic.
[À propos d'une enquête de police] Présomption défavorable ou accusation sans preuve absolue qui entraîne l'inculpation d'une personne. Synon. suspicion.Soupçon d'assassinat, de crime, de forfaiture. Sur une dénonciation ténébreuse, sur un simple soupçon, par une mesure qu'on appelle de police, on sépare un époux de sa femme, une femme de son mari! (Constant,Esprit conquête, 1813, p. 224).Je songeais que le soupçon, la haine, l'envie, la peur étaient au travail, que la police n'aurait qu'à passer le lendemain pour faire son miel (Bernanos,M. Ouine, 1943, p. 1489).
LITT. [P. réf. à N. Sarraute, L'Ère du soupçon, 1956] [La situation actuelle du personnage de roman] illustre à merveille le mot de Stendhal: « Le génie du soupçon est venu au monde ». Nous sommes entrés dans l'ère du soupçon. Et tout d'abord le lecteur, aujourd'hui, se méfie de ce que lui propose l'imagination de l'auteur (Sarraute,Ère soupçon, 1956, p. 59).Comment se fait-il (...) que ceux qui ne sont pas atteints par cette « gangrène de l'esprit », tous ces « maîtres du soupçon », bardés de toutes les sciences humaines et politiques, soient toujours, eux, aveugles au drame du monde quand ils n'en sont pas les entrepreneurs? (Le Nouvel Observateur, 26 févr. 1979, p. 75, col. 1).
2. Simple conjecture, avis, hypothèse ou intuition concernant quelque chose sans connotation défavorable. [Reid] exprime sur le caractère fondamental de l'idée de cause des soupçons admirables, qui sont précisément les fondements de la théorie de Leibnitz (Cousin,Philos. écoss., 1857, p. 260).Une évidence (...) : telle en un mot, comme eût dit peut-être Spinoza, que le soupçon même d'un soupçon et le doute même d'un doute sont exclus par avance (Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 262).
Loc. verb. Avoir soupçon de. Se douter de. J'ai quelque soupçon que c'est lui qui est venu pendant mon absence (Ac.1835-1935).Gérald n'a-t-il aucun soupçon de sa naissance? (Bornier,Fille Rol., 1875, i, 2, p. 16).
MÉD. Soupçon d'une maladie. Quoiqu'il y eût déjà grand soupçon d'un anthrax, par la douleur violente qu'il sentait au cou, et l'inflammation qui y paraissait, les médecins, ce premier jour-là, ne parlèrent que d'un simple clou (Bourges,Crépusc. dieux, 1884, p. 303).Diagnostic de soupçon. Le diagnostic de l'insuffisance surrénale pure dans sa forme lente est un diagnostic de soupçon (Josué, Godlewski dsNouv. Traité Méd.fasc. 81925, p. 346).
B. − Au sing.
1. Apparence légère, perceptible à l'œil, à l'oreille ou à l'esprit. Soupçon d'accent étranger, de moustache, de soleil, de tristesse. Le bruit, le soupçon du plus léger mouvement, les soupirs même de la brise, faisoient naître mille conjectures dans l'esprit inquiet de mon compagnon (Crèvecœur,Voyage, t. 2, 1801, p. 50).Un soupçon de crépuscule au-dessus des collines d'Europe (Farrère,Homme qui assass., 1907, p. 252):
2. Ses jouissances étaient infinies, encore, d'ailleurs, que tout intimes et qu'à peine un soupçon de sourire les trahît; − moins qu'un soupçon: une ombre, une idée, un rien! On n'eût su dire quoi au juste de tendrement voluptueux endormi en ses coins de lèvres. Courteline,Ronds-de-cuir, 1893, p. 91.
À l'état de soupçon. Ils ont badigeonné des visages avec des grumeaux de violet intense, appuyant pesamment là où la teinte était à l'état de soupçon, où la nuance perçait à peine (Huysmans,Art mod., 1883, p. 105).
2. Quantité minime de quelque chose. Synon. goutte1, larme, nuage, poil (pop. et fam.).Soupçon de crème, de poivre, de thym. Donnez-moi un soupçon de cette liqueur; je n'en veux qu'un soupçon (Ac.1798-1878).Se mettre un soupçon de poudre, un soupçon de rouge (Ac. 1935). Rien que de l'eau chaude, avec un soupçon de thé et un nuage de lait (Musset,Caprice, 1840, 6, p. 197).V. goutte1A 3 ex. de Duhamel.
Prononc. et Orth.: [supsɔ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1145 subst. fém. sospeçon « opinion défavorable accompagnée d'inquiétude au sujet de la conduite ou des projets d'une personne » (Wace, Conception Nostre Dame, éd. W. R. Ashford, 533); 1564 soupçon (Thierry); 2. ca 1225 « le fait d'être l'objet de cette opinion défavorable » (Reclus de Molliens, Miserere, éd. A. G. Van Hamel, CLIV, 12, p. 217); 1660 tomber en soupçon (Corneille, Galerie du palais, II, 6); 3. 1558 « fait de conjecturer, de se douter de quelque chose » (Du Bellay, Les Regrets, éd. H. Chamard, II, 107); apr. 1661 entrer en soupçon que + subj. (Retz, Œuvres, éd. Feuillet, Gourdault et Chantelauze, II, 65); 4. 1657-62 « apparence qui laisse supposer la présence ou l'existence d'une chose » (Pascal, Pensées, éd. Brunschvicg, section XIII, 286); 1671 aucun soupçon de ressemblance (Molière, Fourberies de Scapin, II, 4); 5. 1746 « très petite quantité d'une chose » (La Morlière, Angola, 150). Du lat. suspectionem, acc. de suspectio « soupçon », de suspicere « regarder de bas en haut », « suspecter, soupçonner ». Fréq. abs. littér.: 1 943. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 413, b) 2 294; xxes.: a) 2 961, b) 2 339. Bbg. Gohin 1903, p. 301. − Matharan (J.-L.). Suspects, soupçon, suspicion: la désignation des ennemis, été 1789 - été 1793. In: Dict. des us. socio-pol. (1770-1815). − Merk (G.). Les Héritiers et les substituts du suff. lat. -tione en Gallo-Romania. Thèse, Strasbourg, 1982, pp. 175-177. − Thomas (A.) Nouv. Essais 1904, p. 252.

Wiktionnaire

Nom commun - français

soupçon \sup.sɔ̃\ masculin

  1. Opinion ou croyance désavantageuse, accompagnée de doute.
    • Une fois entré dans la voie du soupçon, on ne s’arrête plus : aussi le landgrave, voulant, à quelque prix que ce fût, acquérir une certitude, étouffa-t-il ce sentiment généreux et instinctif qui fait que tout homme de cœur répugne à s’abaisser au métier d’espion ; […]. — (Alexandre Dumas, Othon l’archer, 1839)
    • Ses soupçons se portèrent sur l’eau, véhicule naturel des germes contagieux. — (Louis Pergaud, Un petit logement, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Rien dans ses agissements, ses relations, n'était douteux. Plusieurs heures durant, vingt limiers du Bureau Central avaient travaillé d'arrache-pied sur cette matière, cherchant la faille par où pourrait s'insinuer le soupçon. Pour aboutir à délivrer vingt certificats de bonne vie et mœurs... — (Léo Malet, Johnny Metal et le dé de jade, Paris : G. Ventillard, 1947 & Paris : Fleuve Noir, 1984, chap. 17)
    • Il fit peser les camions aux points de départ, d'arrivée, et en chemin. Cela n'éveilla pas les soupçons : on pèse les camions à des fins fiscales. — (Vladimir Volkoff, Le Berkeley à cinq heures, L’Âge d’Homme, 1993, p.23)
  2. Simple conjecture de croyances, intuition.
    • Ses soupçons s'avérèrent être exacts.
    • Ce n’est pas une certitude, ce n’est qu’un soupçon.
  3. Légère apparence, légère atteinte.
    • Un soupçon de fièvre.
  4. Très petite quantité d'une chose.
    • Le campanile de la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption de Pise, plus connu sous le nom de Tour penchée de Pise, a cessé de s’affaisser doucement, et s’est même redressé d’un soupçon. — (Le Monde avec AFP, La Tour penchée de Pise penche… un peu moins, Le Monde. Mis en ligne le 22 novembre 2018)
    • — C'est bon, tu as fini de faire des cochonneries avec ton crush numéro 1 ? rigola Lila au téléphone, sans un soupçon d'animosité, de jalousie ou de malveillance. — (T. Gephart, Couple improbable, tome 1 : Crush, traduit de l'anglais par Alma Tully, Éditions MxM Bookmark (Collection Infinity), 2019, chap. 13)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

SOUPÇON. n. m.
Action de soupçonner; sentiment de celui qui soupçonne. Soupçon fondé. Soupçon injuste, injurieux, mal fondé. J'ai un léger soupçon, un fort soupçon qu'il m'a menti. Avoir, concevoir des soupçons. Prendre, donner du soupçon. Éclaircir, détruire, dissiper un soupçon. Détourner les soupçons. Le soupçon tombe sur lui. Il est au-dessus de tout soupçon. Sa conduite a excité les soupçons. Cela confirme, fortifie mes soupçons. Il faut écarter de pareils soupçons. Mes soupçons se sont d'abord portés sur lui. Le seul soupçon d'un tel malheur me fait trembler. Au moindre soupçon de son infidélité je me séparerai de lui. Un cœur exempt de soupçon, Qui ne soupçonne pas. Une conduite exempte de soupçon, Qui ne peut être soupçonnée.

SOUPÇON se dit aussi d'une Simple conjecture, d'une simple opinion que l'on s'est faite de quelque chose. Ce n'est pas une certitude, ce n'est qu'un soupçon. J'ai quelque soupçon que c'est lui qui est venu pendant mon absence. Il se dit encore, familièrement, d'une Apparence légère, ou de la plus petite quantité possible d'une chose. Il a un soupçon de fièvre. Donnez-moi un soupçon de crème. Se mettre un soupçon de poudre, un soupçon de rouge.

Littré (1872-1877)

SOUPÇON (sou-pson) s. m.
  • 1Au sens actif, action de soupçonner. Un cœur exempt de soupçon. Le soupçon, ce monstre sans pitié, Loge bientôt la haine où logeait l'amitié, Mairet, Soliman, II, 7. Ne m'assassinez point, je vous prie, par les sensibles coups d'un soupçon outrageux, Molière, l'Avare, I, 1. Ce n'est pas d'aujourd'hui, Nicole, que j'ai conçu des soupçons de mon mari, Molière, Bourg. gent. III, 7. Quelle cause fit arrêter les princes [Condé et Conti] ? si ce fut ou des soupçons, ou des vérités, ou de vaines terreurs, qui le pourra dire à la postérité ? Bossuet, le Tellier. Il n'est rien où d'abord son soupçon attaché Ne présume du crime et ne trouve un péché, Boileau, Sat. x. Le soupçon d'un crime est, chez le vulgaire, la première explication qui se présente pour suppléer à l'ignorance des causes naturelles, Condorcet, Duhamel. Les soupçons, dans le monde, valent des certitudes, Marmontel, Cont. mor. Alcib. Le comte : Mais ce médecin peut prendre un soupçon. - Figaro : Il faut marcher si vite que le soupçon n'ait pas le temps de naître, Beaumarchais, Barb. de Sév. I, 4. De mon amour peignez, s'il est possible, L'ardeur, l'ivresse, et même les soupçons, Béranger, Bonne vieille.

    Sans risque ni soupçon, sans risque ni soupçon de fraude. Mais un [avis] qui tous les ans, à si peu qu'on le monte, En peut donner au roi quatre cents [millions] de bon compte, Avec facilité, sans risque ni soupçon, Molière, les Fâch. III, 3.

  • 2Au sens passif, état d'une personne soupçonnée. Une conduite exempte de soupçon. De nos faux monnoyeurs l'insupportable audace Pullule en cet État d'une telle façon, Qu'on ne reçoit plus rien qui soit hors de soupçon, Molière, l'Ét. II, 6. Il n'y a pas le moindre soupçon d'erreur dans ceux que vous en avez accusés, Pascal, Prov. XVIII. Le courage du chevalier de Lorraine est hors de tout soupçon, Sévigné, 28 juill. 1682. Je parle à des âmes pures et sincères qui ont horreur du soupçon même de la vanité et du mensonge, Fléchier, Duch. de Montaus. Ceux qui ont écrit leurs propres actions sont tombés ordinairement dans le soupçon ou de les avoir relevées par orgueil, ou d'en avoir diminué la gloire par modestie, Fléchier, Vie de Commendon, préf. Les jésuites restent sous le soupçon d'avoir dirigé sa main [de Ravaillac], Diderot, Opin. des anc. phil. (Jésuites).
  • 3Simple conjecture, simple opinion. Ce n'est pas une certitude, c'est un soupçon. Pour moi je n'en ai qu'un léger soupçon, Bossuet, Lett. Corn. 86. Mme la duchesse de Berri est en soupçon de grossesse, Maintenon, Lett. au duc de Noail. 19 juin 1710. Il y a des soupçons sur une grossesse [de la reine d'Espagne], Mme de Vill. Lett. 27 déc. 1679. Moi : J'ai peur que vous ne deveniez jamais riche. - Lui : Moi, j'en ai le soupçon, Diderot, Neveu de Rameau.
  • 4Apparence légère. Il y a quelque soupçon de petite vérole dans ce canton. Cela ne vous offense point ; il ne tombe entre lui [votre père] et vous aucun soupçon de ressemblance, Molière, Scapin, II, 7. De ce pouvoir prétendu du peuple et de cette souveraineté qu'on veut lui attribuer naturellement, il n'y en a aucun acte ni aucun vestige, et pas même le moindre soupçon dans toute l'histoire sainte, Bossuet, 5e avert. 43. Certaines vues d'honneur qui lui faisaient craindre [à M. de Montausier] jusqu'aux moindres soupçons de changement et d'inconstance… étaient autant d'engagements qui le liaient à sa communion, Fléchier, Duc de Mont. J'ai eu, il y a quelque temps, un petit soupçon d'apoplexie, Voltaire, Lett. la Vallière, 21 févr. 1767. Un malade ou un médecin du bel air se sera avisé de dire qu'il a eu un soupçon de fièvre, pour signifier qu'il a eu une légère atteinte ; voilà bientôt toute la nation qui a des soupçons de haine, d'amour, de ridicule, Voltaire, Dict. phil. Langues.
  • 5 Familièrement. Quantité si minime qu'on se demande si elle existe. Donnez-moi un soupçon de cette liqueur. Un excès d'aigreur ou d'amertume, dans les liqueurs, nous les rend odieuses ; une pointe, ou ce qu'on appelle un soupçon de l'une ou de l'autre, pique, éveille et flatte le goût, Marmontel, Œuvr. t. XVIII, p. 223. Rien que de l'eau chaude avec un soupçon de thé et un nuage de lait, Musset, Un caprice, 6.

SYNONYME

SOUPÇON, SUSPICION. Soupçon est le terme vulgaire ; suspicion est un terme de palais. Le soupçon roule sur toutes sortes d'objets ; la suspicion tombe proprement sur les délits. Le soupçon fait qu'on est soupçonné ; la suspicion suppose qu'on est suspect.

HISTORIQUE

XIIe s. Et cil qui plus les ament, sont plus en sopeçon, Sax. XXII.

XIIIe s. Et dist ces paroles pour çou [ce] que il savoit bien que li rois l'avoit en souspechon, por mauvaises paroles, Chron. de Rains, 147. … Dont j'ai mauvese soupeçon, la Rose, 3548. Il se met en souspechon qu'il ne demande fausseté, Beaumanoir, VI, 31.

XVe s. Vous estes tous temps mal pensant, Et plain de faulse soupeçon, Orléans, Ball. 43.

XVIe s. Les senateurs entroient en soupeçon les uns des autres, Amyot, Numa, 4. Ce mystere [de gens armés qui arrivaient les uns après les autres dans la maison de Montaigne] commenceoit à taster ma souspeçon, Montaigne, IV, 227. Tel en qui il ne pouvoit cheoir souspeçon aulcune de foiblesse, Montaigne, I, 94.

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Étymologie de « soupçon »

Prov. sospeisso ; it. sospezione ; du lat suspicionem, qui vient de suspicere, regarder, considérer, et de là soupçonner, de susum, en haut, et spicere, voir (voy. SPECTACLE) : soupeçon ou soupçon est la forme française ; il était correctement féminin ; suspicion a été refait sur le latin.

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En ancien français sospeçon, du latin suspectio, via son accusatif suspectionem, de suspicere (« regarder de bas en haut », « suspecter », « soupçonner » → voir sub- et specio).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « soupçon »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
soupçon supsɔ̃

Fréquence d'apparition du mot « soupçon » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « soupçon »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « soupçon »

  • Plus on est honnête homme, plus on a de peine à soupçonner les autres de ne l'être pas.
    Cicéron
  • La renommée est un instrument à vent que font résonner les soupçons, les jalousies, les conjectures.
    William Shakespeare — Henri V
  • Quiconque est soupçonneux invite à le trahir.
    Voltaire — Zaïre
  • Les soupçons ne sont autre chose que des rides ; la première jeunesse n'en a pas.
    Victor Hugo — Les Misérables
  • L'homme qui veut vivre sans soupçon, Il se doit bien garder de faire trahison.
    Proverbe du XIVème siècle
  • Une opération menée conjointement par le commissariat de Biarritz, l’inspection du travail, l’Urssaf, et la direction des Finances publiques a permis d’interpeller le dirigeant d’un établissement de nuit de Biarritz soupçonné de travail dissimulé.
    SudOuest.fr — Biarritz : soupçonné de travail dissimulé, un dirigeant d’établissement de nuit en garde à vue
  • Cette annonce intervient une semaine après la démission du chef du parquet suisse, Michael Lauber, interrogé pour sa gestion de la «FIFA Gate» et soupçonné d’avoir négocié avec Infantino. Les deux se sont rencontrés à plusieurs reprises en 2016 et 2017 et ont émis des doutes sur un accord hypothétique.
    Urban Fusions — Infantino n'échappe pas aux soupçons de corruption | Football
  • De fait, l'existence de liens alimente le soupçon au sein de l'opinion publique, marquée par plusieurs crises sanitaires, notamment celle du Mediator, où des "conflits d'intérêts" sont soupçonnés d'avoir mené à une prescription trop large -et finalement dangereuse- du médicament et à un manque de vigilance des autorités sanitaires. 
    Factuel — Les liens d'intérêts entre labos et médecins, le soupçon permanent | Factuel
  • La séduction suprême n'est pas d'exprimer ses sentiments. C'est de les faire soupçonner.
    Jules Barbey d’Aurevilly
  • Les soupçons dans les pensées sont comme les chauves-souris parmi les oiseaux.
    Francis Bacon — Essais
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Images d'illustration du mot « soupçon »

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Traductions du mot « soupçon »

Langue Traduction
Anglais suspicion
Espagnol sospecha
Italien sospetto
Allemand verdacht
Chinois 怀疑
Arabe اشتباه
Portugais suspeita
Russe подозрение
Japonais 疑い
Basque susmo
Corse suspettu
Source : Google Translate API

Antonymes de « soupçon »

Combien de points fait le mot soupçon au Scrabble ?

Nombre de points du mot soupçon au scrabble : 8 points

Soupçon

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