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Révolution

Variantes Singulier Pluriel
Féminin révolution révolutions

Définitions de « révolution »

Trésor de la Langue Française informatisé

RÉVOLUTION, subst. fém.

I. − Mouvement en courbe fermée autour d'un axe ou d'un point, réel ou fictif, dont le point de retour coïncide avec le point de départ.
A. −
1. ASTRON. Mouvement orbital d'un corps céleste qui repasse à intervalles réguliers par le même point. Révolution de la lune, des planètes; durée de révolution. Pendant les douze années que Jupiter emploie à faire sa révolution autour du soleil, la terre a fait douze années, ou douze révolutions, autour du même astre (Flammarion,Astron. pop., 1880, p. 416).En même temps qu'elle accomplit sa révolution annuelle, la terre tourne sur elle-même en vingt-quatre heures (Lapparent,Abr. géol., 1886, p. 5).
P. méton. Temps nécessaire pour effectuer ce mouvement et qui est estimé par le retour à une étoile fixe, ou à la même position par rapport au point équinoxial, ou relativement au soleil et à la lune. Révolution tropique. La durée de la lunaison, ou du retour de la nouvelle lune, est de 29 jours 12 heures 44 minutes et 3 secondes. C'est ce qu'on appelle la révolution synodique de la lune. La révolution réelle se nomme la révolution sidérale (Flammarion,Astron. pop., 1880, p. 125).
Révolution draconitique*.
2. P. anal. Trajectoire effectuée par un satellite artificiel. Vitesse de révolution. « Telstar I », le premier [satellite] expérimenté, se présente sous la forme d'une sphère (...). Son orbite est elliptique et, à la vitesse de 25 000 km à l'heure, il met environ 2 heures 40 minutes pour effectuer une révolution autour de la terre (Admin. P. et T., 1964, p. 43).
3. P. anal., littér., domaine temporel. Retour périodique; durée déterminée par un cycle. Révolution des siècles, des temps, des saisons (Ac. 1798-1935). Si une révolution d'heures amène les diverses harmonies du jour, et une révolution de jours celles de l'année, une révolution d'années amène à son tour celles de la vie (Bern. de St-P.,Harm. nat., 1814, p. 302).Une race nouvelle régnera en Égypte et bâtira des temples pour un culte nouveau; mais par la révolution des âges, ces temples tomberont en poussière (Ménard,Rêv. païen, 1876, p. 133).V. apparition ex. 11.
SYLVIC. ,,Intervalle de temps compris entre deux coupes d'un même bois`` (Lizerand ds Fén. 1970). P. méton. ,,La révolution est parfois confondue avec (...) âge d'exploitabilité; ou avec (...) âge d'exploitation`` (Métro 1975). [Le bûcheron] portait sur un mot d'écrit le compte des « révolutions » qui avaient eu lieu sur ce terrain-là (...) c'est-à-dire combien de coupes il y avait faites (D'Esparbès,Printemps, 1906, p. 262):
1. L'aménagement en futaie régulière comporte au départ la fixation de la révolution principale et celle de la durée de la période nécessaire à la succession, sur un groupe de parcelles donné, des diverses coupes de régénération. Cochet,Bois, 1963, p. 120.
B. −
1. GÉOM. Mouvement effectué autour d'un axe de rotation immobile par une ligne, un plan, une figure mathématique. Le mot voûte vient du latin volutare, qui signifie tourner. En effet, la voûte est censée produite par la révolution de l'arc; elle n'en est que le développement (Ch. Blanc, Gramm. arts dessin, 1876, p. 242).Appliquons au volume total de l'anneau, c'est-à-dire au volume engendré par la révolution de ACD autour de OX, la formule bien connue de Green (H. Poincaré,Hyp. cosmogon., 1911, p. 22).
Cône de révolution. ,,Surface de révolution dont une directrice est une droite coupant l'axe de révolution. C'est une quadrique`` (Bouvier-George Math. 1979). Les coniques réelles bitangentes à cette conique cyclique doivent en effet être distinguées; ce sont les intersections avec le plan de l'infini des cônes de révolution et des quadriques de révolution (E. Borel,Paradoxes de l'infini, 1946, p. 62).
Solide de révolution. Volume tel que le cylindre, le cône, la sphère et qui est supposé être engendré par la rotation d'un rectangle, d'un triangle ou d'un demi-cercle autour de l'un de ses côtés ou diamètre (cône, cylindre, sphère de révolution). Si l'on demandait le moment d'inertie d'un segment de solide de révolution, compris entre deux plans menés par l'axe de figure, il est évident (...) que le moment d'inertie d'un segment quelconque est au moment d'inertie du solide entier (Poisson,Mécan., t. 2, 1811, p. 84).
Surface de révolution. ,,Surface engendrée par une courbe, appelée directrice, tournant autour d'une droite fixe appelée axe de révolution`` (Bouvier-George Math. 1979). Pseudo-sphère, surface à courbure négative constante. On appelle ainsi la surface de révolution engendrée par la rotation autour de son asymptote d'une tractrice ou courbe aux tangentes égales (Gds cour. pensée math., 1948, p. 136).
2. MÉCAN. Mouvement circulaire effectué par un corps autour de son axe ou d'un point fixe appelé centre; ,,tour d'une machine ou d'un moteur`` (Soé-Dup. 1906). Révolution de la roue. L'effort à la jante des locomotives à vapeur est variable au cours d'une révolution complète des essieux moteurs (Bailleul,Matér. roulant ch. de fer, 1951, p. 168).Comme les opérations d'admission et d'évacuation du gaz se font toujours simultanément, au-dessus et au-dessous du piston, il ne faut que deux temps pour un cycle de travail égal à une révolution du vilebrequin (Chapelain,Techn. automob., 1956, p. 261).
P. métaph. Mouvement ample décrivant un cercle ou un arc de cercle. Je revois (...) le prince de Sagan (...) se découvrant pour présenter ses hommages à la Duchesse, avec une si ample révolution du chapeau haut de forme dans sa main gantée de blanc (...) qu'on s'étonnait que ce ne fût pas un feutre à plume (Proust,Sodome, 1922, p. 720).Grégoire (...) décrivit d'une main martiale une double et vive révolution (Arnoux,Solde, 1958, p. 266).
3. P. anal. État, forme de ce qui est enroulé sur soi-même.
Révolution d'escalier. ,,I Parcours complet accompli en plan par un escalier. II Parcours accompli en plan par un escalier pour mener d'un étage à un autre, même lorsqu'il ne fait pas un tour complet`` (Noël 1968). La marche palière [dans] (...) l'escalier à scellement dans les murs de la cage (...) sert à supporter la révolution d'escalier (Robinot,Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 2, 1928, p. 47).
Escalier à double révolution. ,,Escalier monumental à deux volées symétriques, dont chacune accomplit le même tracé en arc, de part et d'autre d'un axe médian`` (Constr. métall. 1975). Un escalier à double révolution, d'une grâce majestueuse et convaincante (...) invitait à gagner le premier étage (Arnoux,Double chance, 1958, p. 162).
II. − Changement brusque et profond.
A. − Vieilli
1. GÉOPHYS. Ensemble des phénomènes naturels, des changements successifs qui ont marqué la surface de la terre. Les masses de pierre qui composent nos montagnes, formées par les débris des animaux marins, monuments authentiques des anciennes révolutions du globe (Condorcet,Esq. tabl. hist., 1794, p. 137).Révolutions antédiluviennes de l'océan (Ozanam,Philos. Dante, 1838, p. 264).Les cycles thermiques qui séparent les grandes révolutions du globe durent des millions d'années (Rothé,Géophys., 1943, p. 384).
2. MÉD., PHYSIOL. Révolution d'humeurs. ,,Mouvement extraordinaire dans les humeurs`` (Ac. 1798-1878).
P. ext. Trouble, dû à un choc, à une émotion violente; bouleversement intervenant dans la santé. Révolution intérieure. En supposant que le médecin le plus habile ne puisse prévoir les révolutions de la santé d'un homme bien portant, il peut prévoir tout le cours d'une maladie quand elle est déterminée (Saint-Martin,Homme désir, 1790, p. 92).[La baronne] éprouva l'une de ces révolutions nerveuses si violentes, que le corps en garde éternellement la trace (Balzac,Cous. Bette, 1846, p. 275).
Absol. Hélas! la mort de mon homme, qui a péri noyé, m'a fait une révolution: j'ai eu la petite vérole (Balzac,Interd., 1836, p. 168).
Au fig. Ce calme relatif devant la fatalité (...) je ne l'ai pas atteint sans traverser une effroyable révolution intérieure. Pendant des jours, d'interminables nuits d'insomnie, j'ai vécu au fond d'un gouffre, les tortures de l'enfer (Martin du G.,Thib., Épil., 1940, p. 911).Nous suivions avec anxiété les péripéties du combat [de Stalingrad]. Quelle révolution dans nos cœurs au lendemain du 3 février, quand la reddition de von Paulus et de ses troupes nous fut connue! (Ambrière,Gdes vac., 1946, p. 314).
B. −
1. [Sans idée de violence] Évolution des opinions, des courants de pensée, des sciences; découvertes, inventions entraînant un bouleversement, une transformation profonde de l'ordre social, moral, économique, dans un temps relativement court. Le christianisme me paraît avoir fait une révolution ou, si vous l'aimez mieux, un changement très considérable dans les idées relatives aux devoirs et aux droits (Tocqueville,Corresp.[avec Gobineau], 1843, p. 45).V. révolutionnaire I C ex. de Wilbois:
2. Lorsque sur un fait physique, intellectuel ou social, nos idées, par suite des observations que nous avons faites, changent du tout au tout, j'appelle ce mouvement de l'esprit révolution [it. ds le texte]. S'il y a seulement extension ou modification dans nos idées, c'est progrès. Ainsi le système de Ptolémée fut un progrès en astronomie, celui de Copernic fit révolution. Proudhon,Propriété, 1840, p. 148.
Révolution + adj., révolution de + subst., révolution dans + subst. précisant l'époque ou le domaine plus ou moins large dans lequel s'est produit la révolution
a) Révolution + adj.Révolution agricole, scientifique, technique; révolution sexuelle; révolution verte; révolution copernicienne*. Lors de la révolution romantique, les paysagistes, à l'exemple des plus célèbres Flamands, s'adonnèrent exclusivement à l'étude de la nature; (...) ce qui (...) donna un éclat particulier à l'école du paysage moderne (Baudel.,Salon, 1846, p. 177).Appliquer sur les plaies des filaments de toile, (...) personne ne doutait de l'excellence de ce procédé avant la révolution médicale qui a proscrit les pansements humides (A. France,Pt Pierre, 1918, p. 82).
Révolution culturelle. Révolution dans le domaine de la culture. Sa carrière révolutionnaire [de la psychologie française] commence au seuil de la caractérologie. Elle n'est pas indépendante de l'ensemble de la révolution culturelle qui est appelée par la crise du XXesiècle (Mounier,Traité caract., 1946, p. 11).En partic. Mouvement politique chinois lancé par le président Mao-Tsé-Toung en 1966 et tendant à un bouleversement profond et permanent des institutions révolutionnaires afin d'éviter la sclérose du parti communiste au pouvoir. La révolution culturelle chinoise (...) semble avoir fait le choix d'admettre dans les universités des jeunes gens qui se seraient signalés par « le caractère correct de leur pensée politique ou leur aptitude à assimiler la pensée du président Mao » (Antoine, Passeron,Réforme Univ., 1966, p. 192).
Révolution industrielle. Passage de l'économie du stade artisanal et manuel au stade industriel grâce au machinisme instauré dans les textiles, les transports, les charbonnages; période correspondant à ce bouleversement, allant du milieu du xviiiesiècle en Angleterre et du début du xixesiècle en Europe continentale, jusqu'au milieu du xixesiècle. En Angleterre (...) après la révolution industrielle, les préoccupations hygiénistes s'affirment énergiquement (...). La désertion des campagnes a fait naître la plus haute et la plus souriante des théories modernes d'urbanisme (Lavedan,Urban., 1926, p. 246).
b) Révolution de + subst.Révolution des arts, des mœurs. Les révolutions du culte ont suivi, chez les protestants, celle des dogmes; car, en toute religion, le culte est l'expression du dogme (Lamennais,Indifférence, t. 1, 1817-23, p. 188).
c) Révolution dans + subst.La découverte de la boussole avait produit une révolution dans le commerce (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 311).
2. [Avec idée de violence] Renversement soudain du régime politique d'une nation, du gouvernement d'un état, par un mouvement populaire, le plus souvent sans respect des formes légales et entraînant une transformation profonde des institutions, de la société et parfois des valeurs fondamentales de la civilisation. Révolution politique; révolution bourgeoise, prolétarienne. Dans un temps de révolution, le gouvernement ou ce qui en tient lieu (...) croit ne pouvoir régner qu'en détruisant. À mesure que l'empire remonte de l'état de révolution à l'état social, le principe du gouvernement change: il sent qu'il ne peut régner qu'en conservant (Chênedollé,Journal, 1818, p. 98).Il n'y a jamais de révolutions absolues. Toute révolution est à la fois une rupture avec la tradition et une utilisation de cette tradition (Vedel,Dr. constit., 1949, p. 14).
Au fig. En 1807, il eut à subir [le Journal des Débats] une révolution intérieure, un vrai coup d'État. MM. Bertin, propriétaires du journal, furent évincés (Sainte-Beuve,Caus. lundi, t. 1, 1850, p. 376).
En révolution (fam.).En état d'effervescence, d'agitation dans la vie domestique, quotidienne. En ce moment les claquements de fouet d'un postillon (...) le piaffement de deux chevaux (...) avaient mis la rue de la Cerisaie en révolution (Balzac,Début vie, 1842, p. 419).Le quartier est en révolution depuis ce crime, on n'a pas idée des histoires affreuses qui circulent (Zola,Vérité, 1902, p. 37).
3. HIST. (souvent avec une majuscule). La Révolution française, ou absol., La Révolution. [Nom donné aux mouvements qui se sont succédé en France depuis la réunion des États généraux (5 mai 1789) jusqu'au coup d'État du 18 brumaire 1799; période et régime correspondants] Il y avait dans la Révolution et l'Empire quelque chose d'excellent (Barrès,Cahiers, t. 11, 1917, p. 223).
P. méton. Ensemble des événements, des actions ayant abouti à un bouleversement historique ou ayant eu lieu pendant celui-ci; ensemble des forces révolutionnaires; gouvernement, pouvoir issus de la révolution. Il appartient aux politiques d'abattre la révolution et aux penseurs de produire des remèdes, de fabriquer des recettes, qui inspireront confiance à la bourgeoisie (Nizan,Chiens garde, 1932, p. 211).
Empl. générique. Changement des institutions politiques et sociales par des moyens radicaux:
3. La théorie marxiste de la révolution suppose que le capitalisme sera frappé au cœur, alors qu'il est encore en pleine vitalité, quand il achève d'accomplir sa mission historique avec sa complète capacité industrielle, quand l'économie est encore en voie de progrès. Marx ne semble pas s'être posé la question de savoir ce qui se passerait dans le cas d'une économie en voie de décadence... Sorel,Réflex. violence, 1908, p. 121.
En partic.
Révolution permanente. Théorie de Trotsky selon laquelle la révolution, pour l'avènement de la dictature du prolétariat, ne doit pas cesser lors de la prise du pouvoir par les socialistes dans un pays. En même temps triomphe la thèse stalinienne du « socialisme dans un seul pays » qui veut que le communisme consolide d'abord ses positions en URSS avant de s'efforcer de gagner les autres pays, tandis que la thèse de Trotsky était celle de la « révolution permanente et mondiale » (Vedel,Dr. constit., 1949, p. 211).
Révolution de Palais. V. palais1A 2.
REM.
Révolutionnette, subst. fém.,fam., rare. Petite révolution. [À Marcel Schwob] Et cette révolutionnette? Vous êtes aux premières loges [à L'Écho de Paris] pour la suivre (Renard,Corresp., 1893, p. 126).Il y aura des révolutionnettes en France. Il n'y aura même pas une nouvelle révolution (L. Daudet,Temps Juda, 1920, p. 206).
Prononc. et Orth.: [ʀevɔlysjɔ ̃]. Ac. 1694-1740: re-, ensuite ré-. Étymol. et Hist. I. 1. a) Déb. xiiies. astron. « retour périodique d'un astre à un point de son orbite » (Sapientia ds Dialogue Grégoire, éd. W. Foerster, p. 286, 39: par assidueies revolutions); b) 1690 « temps que met un astre pour parcourir son orbite » (Fur.); 2. a) 1267 « écoulement d'une période de temps » (Mestré, sac 2, ch. 5 ds Gdf. Compl.: revolucion de sis ans prochains a venir); 1559 (Amyot, Vies des hommes illustres, Lucullus, 77 ds Littré: revolution et prefixion de temps); b) 1314 « tour de fil, nœud » (Chirurgie Henri de Mondeville, éd. A. Bos, § 741: soit faite la .3. revolution par dessus les .2.); c) 1727 géom. « rotation complète d'un mobile autour de son axe » (Fontenelle, Eloge de Newton ds Brunot t. 6, p. 1170); 1799 surface de révolution (Monge, Géom. descr., p. 19); 1811 solide de révolution (Poisson, Mécan., t. 1, p. 155); d) 1765 « tour complet d'une pièce, d'un objet » (Encyclop.); e) 1857 archit. et menuis. (Nosban, Manuel menuisier, t. 2, p. 267: révolution d'escalier); 1883 (Zola, Bonh. dames, p. 626: escaliers de fer, à double révolution); 3. 1870 sylvic. (Littré); 4. 1946 méd. révolution cardiaque (Ce que la Fr. a apporté à la méd., p. 179). II. A. 1. a) 1559 « changement brusque, bouleversement » (Amyot, Vies des hommes illustres, Démosthènes, éd. J. Normand, p. 26: quelque fatale destinee et revolution des affaires); b) av. 1720 « trouble, agitation, effervescence » (Hamilton, Les Quatre Facardins, Paris, 1730, p. 10); c) 1722 « émotion, trouble » (Marivaux, Le Spectateur fr., 10 nov., éd. F. Deloffre et M. Gilot, p. 167: les funestes révolutions qui s'y passent [dans le cœur d'un amant]); 2. 1694 méd. revolution d'humeurs « mouvement extraordinaire dans les humeurs qui altère la santé » (Ac.); 3. 1749 géol. « phénomènes naturels qui ont bouleversé la surface terrestre » (Buffon, Hist. et théorie de la terre, p. 96: de grandes révolutions sur la surface de la terre). B. 1. ca 1615 pol. (Nicolas Pasquier, Remonstrances très humbles au Roy ds E. Pasquier, Œuvres complètes, Genève, 1971, t. 2, p. 1210 ds K. H. Bender, Revolutionen, München, 1977, p. 29: certaines revolutions des Estats, pendant lesquelles toutes choses viennent en vigueur; et elles finies, tombent en ruyne); 1636 « coup d'État » (Monet: Revolution d'etat: Publicae rei commutatio, conversio); 2. a) 1789 révolution française (Annales patriotiques, 18 déc., 1/2 ds Fonds Barbier); 1789 absol. la révolution (Réimpression de l'Ancien Moniteur, t. 2, p. 467); b) 1831 révolution de palais (Lamennais ds L'Avenir, 1erjuill., p. 352); 1878 p. ext. (Goncourt, Journal, p. 1257); c) 1839 révolution industrielle (Comte, Philos. posit., t. 4, p. 278: la révolution industrielle produite par l'usage de l'imprimerie); 1846 (Michelet, Peuple, p. 100); d) 1917 révolution russe (Le Petit Parisien, 9 nov. ds Hist. de France à travers les journaux du temps passé, 14-18, éd. A. Rossel, 1983, p. 243); 1928 révolution d'octobre (Malraux, Conquér., p. 48); e) 1920 révolution continue (F. Bertaux, L'utopie de Rathenau in Nouv. r. fr., n o80, mai, 789 ds Quem. DDL t. 12); 1938 révolution permanente (Le Populaire, 2 mars ds Hist. de France à travers les journaux du temps passé, 1918-1939, éd. A. Rossel, 1984, p. 279); f) 1934 révolution sexuelle (E. Armand, La Révolution sexuelle et la camaraderie amoureuse, Paris, s. d. ds Quem. DDL t. 14); g) 1966 révolution culturelle (en Chine) (Antoine, Passeron, loc. cit.); 1968 p. ext. (à la Sorbonne) (Le Monde, 10 janv. ds Gilb. 1980); h) 1970 révolution verte (L'Aurore, 11 déc., p. 1). Empr. au b. lat. et lat. chrét.revolutio « révolution, retour (du temps); cycle, retour (des âmes par la métempsychose) » (Blaise Lat. chrét.); lat. médiév. « révolution (astron.) » (1086 ds Latham); dér. du lat. revolvere « rouler (quelque chose) en arrière; imprimer un mouvement circulaire à, faire revenir (quelque chose) à un point de son cycle; au passif: accomplir une révolution, revenir à son point de départ ». Fréq. abs. littér.: 8 621. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 17 207, b) 12 971; xxes.: a) 8 990, b) 9 623. Bbg. Archit. 1972, p. 38. − Baldinger (K.). Z. rom. Philol. 1977, t. 93, n o5/6, pp. 676-677. − Bender (K.-H.). Revolutionen. München, 1977, 216 p. − Bouverot (D.). Le Mot Révolution dans les dict. av. et apr. 1789. Fr. mod. 1989, t. 57, pp. 3-12. − Dub. Pol. 1962, pp. 407-410. − Gall. 1955, p. 49, 118, 493-494. − Gohin 1903, p. 291. − Hasselrot (B.). Petit suppl. de dimin. fr. St. neophilol. 1959, t. 31, p. 39. − Lüsebrink (H.-J.), Reichardt (R.). Révolution à la fin du 18esiècle... MOTS. 1988, n o16, pp. 35-68. − Maulnier (Th.). Le Sens des mots. Paris, 1976, pp. 204-207. − Morazé (Ch.). Révolution: sens et contre-sens. In: [Mél. Greimas (A. J.)]. Amsterdam, 1985, pp. 1009-1021. − Quem. DDL t. 9 (s.v. révolutionnette), 11, 12, 14, 21. − Séguin (J. P.). Lexicogr. et conformisme en 1798. La Licorne. 1978, n o2, p. 97. − Tournier (M.). Un Vocab. ouvrier en 1848... Thèse, Paris, 1975, pp. 92-100. − Tracc. 1907, p. 165. − Vardar Soc. pol. 1973 [1970] p. 303.

Wiktionnaire

Nom commun - français

révolution \ʁe.vɔ.ly.sjɔ̃\ féminin

  1. (Astronomie) Retour d’une planète, d’un astre au même point.
    • Mais on devrait se rappeler que pendant un long temps la coïncidence de la rotation de la Lune avec sa révolution sidérale, […], a été considérée comme un fait positivement miraculeux ; et qu’il y avait, même parmi les astronomes, une singulière disposition à attribuer cette merveille à l’agence directe et continue de Dieu, […]. — (Edgar Poe, Eureka, 1848, traduction de Charles Baudelaire, 1864)
    • (Figuré) - Son âge réel, si vous le lui demandez, est de deux cent soixante-quinze ans: il a d'abord vécu cent ans, sans infirmités, du règne de Henri II au règne de Louis XIV; puis, grâce à son secret, tout en mourant aux yeux du vulgaire, il a accompli trois autres révolutions de cinquante ans chacune. — (Alexandre Dumas, Les Mille et Un Fantômes)
  2. (Figuré) Changement qui arrive dans les choses du monde, dans les opinions, etc.
    • Chef de file du mouvement zazou, Charles Trenet n’adhérera pas pour autant à la révolution be-bop qui déferle à la Libération. — (Serge Loupien, Trenet, le centenaire, Libération, 20 février 2001 & 16 février 2013)
    • Révolution dans les arts, dans les sciences, dans les esprits, dans les mœurs.
    • Il s’opéra, il se fit une révolution dans les idées.
  3. (Figuré) Changement qui arrive dans la vie, dans les pensées, dans les mœurs d'une personne.
    • Écoutez, mes amis, avait dit l’aveugle, ma fille aime, je le sens, je le vois... Une étrange révolution s’est accomplie en elle, et je ne sais pas comment vous ne vous en êtes pas aperçus... — (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
    • Dès lors, une révolution s'accomplit dans l'esprit et les mœurs du jeune chevalier. — (Michel Zévaco, Le Capitan, 1906, Arthème Fayard, collection « Le Livre populaire » no 31, 1907)
  4. (Populaire) (Vieilli) (Par ellipse) Émotion violente.
    • Cela m’a causé une révolution.
  5. (En particulier) (Politique) Renversement brusque d’un régime politique par la force. → voir Révolution
    • Mais les révolutions sont toujours des sacrifices que le temps fait à l'avenir, et qui nécessitent de la part des peuples par qui elles s'accomplissent un grand désintéressement momentané. — (Alphonse de Lamartine, Jacquard, 1884)
    • Mais quand tout fut fini, les magnats accoururent des quatre coins de la Pologne, en qualité de sauveurs de la patrie. Les sauveurs sont la plaie des révolutions populaires. — (François-Vincent Raspail, De la Pologne — Les deux insurrections, 1839)
    • S’ils se sont répandus, nombreux, à travers d’autres pays, c’est soit pour fuir des catastrophes (guerres, révolutions, massacres,) soit pour échapper aux inconvénients de la surpopulation. — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
    • Il est arrivé qu'une révolution, faite par des millions de pauvres gens dans un esprit égalitaire, avec une idéologie socialiste, ayant remporté une victoire complète, s'est trouvée confisquée par les parvenus qu'elle avait installés dans tous les rouages de l'État, et d'abord dans ceux du parti révolutionnaire. — (Victor Serge, Portrait de Staline -1940)
    • La révolution de 1940-41 n'aura été qu'un abandon de ces institutions judaïsantes et fausses, et un effort pour reconstruire la France sur le terrain proprement français. — (Louis Thomas, Arthur de Gobineau, inventeur du racisme (1816-1882), Paris : Mercure de France, 1941)
  6. (Géométrie, Métrologie) Unité de mesure d’angle plan égale à 360 degrés. Symbole : r.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

RÉVOLUTION. n. f.
Retour d'une planète, d'un astre au même point. La révolution des planètes. Les révolutions célestes. La révolution de la terre autour du soleil. Révolution périodique. On dit dans un sens analogue : La révolution des siècles, des temps, des saisons, etc. Il se dit figurément du Changement qui arrive dans les choses du monde, dans les opinions, etc. Prompte, subite, soudaine, heureuse, funeste révolution. Une brusque, une lente révolution. Révolution dans les arts, dans les sciences, dans les esprits, dans les mœurs. Il s'opéra, il se fit une révolution dans les idées. Les révolutions de la terre, du globe, Les événements naturels par lesquels la face de la terre a été changée. Pop., Révolution de bile et, absolument, Révolution, Émotion violente. Cela m'a causé une révolution.

RÉVOLUTION se dit particulièrement du Renversement brusque d'un régime politique par la force. Révolution politique. Il prévit la révolution qui se préparait, qui allait éclater. Rechercher les causes d'une révolution. Écrire l'histoire des révolutions d'un pays. Les révolutions de Suède, d'Angleterre, de France. Il se dit absolument de la Révolution politique la plus mémorable qui ait eu lieu dans un pays, et spécialement, en France, de la Révolution de 1789. Histoire de la Révolution française. Pendant la Révolution. À l'époque de la Révolution. Il fut ruiné par la Révolution.

Littré (1872-1877)

RÉVOLUTION (ré-vo-lu-sion ; en vers, de cinq syllabes) s. f.
  • 1Retour d'un astre au point d'où il était parti. Les observations astronomiques apprennent que les carrés des temps des révolutions des planètes sont entre eux comme les cubes de leurs distances du centre commun de leur révolution, Malebranche, Rech. vér. éclairc. sur la lune, t. IV, p. 381, dans POUGENS. Toutes les planètes font certainement leurs grandes révolutions autour du soleil ; mais ces révolutions sont inégales entre elles, selon les distances où les planètes sont du soleil, Fontenelle, Mond. 6e soir. La révolution de Mars se fait autour du soleil en deux ans et en 24 heures autour de son axe, Condillac, Art de raisonn. V, 10. Képler n'a pénétré les lois des révolutions, Dominique Cassini n'a fondé une nouvelle et vaste astronomie, Descartes n'a créé une puissante géométrie, que pour fournir les instruments et les matériaux du grand édifice que devait élever Newton, Bailly, Hist. astr. mod. t. III, p. 326. Ceux qui ont lu le Système du monde du profond Lambert, savent qu'il peut y avoir des astres qui n'achèvent leur révolution qu'au bout de plusieurs milliers d'années, Bonnet, Paling. phil. VI, 6.

    Temps qu'un astre emploie à décrire son orbite, à tourner sur son axe.

  • 2État d'une chose qui s'enroule. Le fil [de soie] ne fait pas proprement des révolutions autour de la coque ; il y trace une infinité de zigzags, qui composent différentes couches de soie, Bonnet, Contempl. nat. XII, 4.
  • 3 Terme de géométrie. Se dit d'un mouvement de rotation qu'une ligne ou un plan déterminé décrit autour d'un axe immobile.

    Surface de révolution, surface engendrée par une courbe quelconque qui tourne autour d'une droite fixe, de manière que chacun de ses points décrive un cercle dans un plan perpendiculaire à l'axe.

    Solide de révolution, tout solide que l'on peut considérer comme produit par le mouvement d'un plan déterminé autour d'une ligne droite qui forme l'un des côtés de ce plan.

  • 4Action des roues les unes sur les autres par le moyen des engrenages.
  • 5Il se dit des périodes du temps. La révolution des siècles, des saisons. La révolution fatale des temps à qui tout cède, Massillon, Or. fun. Villars.

    Terme d'eaux et forêts. Le nombre d'années fixé pour l'exploitation d'une forêt, et formant un cycle à l'expiration duquel les mêmes parties reviennent en tour d'exploitation.

  • 6Ancien terme de médecine. Révolution d'humeurs, mouvement extraordinaire dans les humeurs.

    Absolument. Trouble passager à l'occasion d'une impression quelconque. Sa présence excita en moi une révolution qu'on éprouve à l'aspect d'un objet effrayant, Riccoboni, Œuv. t. III, p. 384, dans POUGENS. Je lui opposai le danger de te causer une révolution, Rousseau, Hél. II, 14. La scène d'hier lui a fait une révolution qui, dans son état, peut être bien funeste, Genlis, Veillées du château, t. I, p 320, dans POUGENS.

  • 7 Fig. Changement dans les choses du monde, dans les opinions, etc. Quelle malheureuse révolution a troublé cette harmonie et renversé ce bel ordre ? Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 385. Si je venais déplorer ici la mort imprévue de quelque princesse mondaine, je n'aurais qu'à vous faire voir le monde avec ses vanités et ses inconstances… cette révolution de conditions et de fortunes qui commencent et qui finissent, qui se relèvent et qui retombent, Fléchier, Dauphine. Les événements mûrissent, et voilà les révolutions, Montesquieu, Esp. XXVIII, 39. Il arrive tous les dix ans des révolutions qui précipitent le riche dans la misère, et enlèvent le pauvre avec des ailes rapides au comble des richesses, Montesquieu, Lett. pers. 98. À quoi tiennent les révolutions ? un coup de pierre un peu plus fort que celui qu'il [Mahomet] reçut dans son premier combat, donnait une autre destinée au monde, Voltaire, Dict. phil. Alcoran. Certes, il se forme une grande révolution dans l'esprit humain, vous mettez de belles colonnes à cet édifice nécessaire, Voltaire, Lett. Chastellux, 7 déc. 1772. Je n'ai assurément aucune part dans cette révolution qui s'est faite depuis quelques années dans l'esprit humain, Voltaire, Lett. d'Argental, 26 sept. 1766. Tout ce que je vois jette les semences d'une révolution qui arrivera immanquablement, et dont je n'aurai pas le plaisir d'être témoin ; les Français arrivent tard à tout, mais enfin ils arrivent, Voltaire, Lett. Chauvelin, 2 avril 1764. Bacon proposait une méthode trop parfaite, pour être l'auteur d'une révolution ; Descartes devait mieux réussir…, Condillac, l'Art de pens. II, 7. Les révolutions des opinions suivent les révolutions des empires, Condillac, Hist. anc. XV, 2. Il fera époque dans l'histoire des sciences, parce que son nom s'est trouvé lié avec cette révolution dans les esprits qui a dirigé plus particulièrement les sciences vers l'utilité publique, Condorcet, Duhamel. L'ouvrage où M. de Haller publia ces découvertes fut l'époque d'une révolution dans l'anatomie, Condorcet, Haller. Une grande révolution se prépare dans le commerce de l'Europe, et elle est déjà trop avancée pour ne pas s'accomplir, Raynal, Hist. phil. XIV, 47. On a écrit les révolutions des empires ; comment n'a-t-on jamais pensé à écrire les révolutions des arts, à chercher dans la nature les causes physiques et morales de leur naissance, de leur accroissement, de leur splendeur, de leur décadence ? Marmontel, Œuv. t. IX, p. 297.
  • 8Changement brusque et violent dans la politique et le gouvernement d'un État. Toutes nos histoires sont pleines de guerres civiles sans révolutions ; celles des États despotiques sont pleines de révolutions sans guerres civiles, Montesquieu, Esp. V, 11. Nous approchons de l'état de crise et du siècle des révolutions ; qui peut vous répondre de ce que vous deviendrez alors ? Rousseau, Ém. III. Ce n'est pas l'amour de la liberté, c'est l'ambition ou l'inquiétude des différents partis qui occasionnait des révolutions, Condillac, Hist. anc. I, 7. L'histoire de la Grèce est, en quelque sorte, un abrégé de toutes les révolutions possibles, Condillac, ib. I, 10. Il est fort pressant d'apprendre à ceux qui ont osé traiter les couleurs nationales de hochets, que les révolutions ne sont pas des jeux d'enfants, Mirabeau, Collection, t. IV, p. 295.

    Demi-révolution, révolution incomplète.

    Révolution de palais, celle qui se passe dans l'intérieur d'une cour, d'un palais, sans aucune participation du peuple.

    Absolument. La révolution la plus mémorable d'un pays : en Angleterre, celle de 1688 ; en Suède, celle de 1772 ; en France, celle de 1789. Histoire de la révolution française. Pendant la révolution. Faut-il que la révolution, quoique préparée au foyer des lumières et des besoins, ne puisse être consommée sans que des milliers de martyrs périssent pour elle, sans que l'effusion de leur sang généreux tourne en délire le ressentiment actuel des villes et des campagnes contre les anciennes oppressions ? Mirabeau, Collection, t. III, p. 195. La révolution leur criait : volontaires, Mourez pour délivrer tous les peuples, vos frères ! Hugo, l'Obéissance passive.

    La première révolution, la grande révolution, celle de 89. Pour les autres on dit : la révolution de juillet, de février.

    D'une façon abstraite, la révolution, système d'opinions composées d'hostilité au passé et de recherche d'un nouvel avenir, par opposition au système conservateur.

  • 9Il se dit des événements naturels qui ont bouleversé et changé la face du globe. Nous voyons dans les Alpes la preuve certaine de la catastrophe ou de la dernière scène du grand drame des révolutions de notre globe, Saussure, Voy. Alpes, t. VIII, p 242, dans POUGENS. Des révolutions du globe détachèrent et coupèrent en îles des portions du continent, Rousseau, Inég. 2e part.

HISTORIQUE

XIVe s. La premiere utilité est que l'air qui passe par ces pertuis [les oreilles] soit alteré, qu'il ne blece le cervel, et que l'air soit desgradé par moult de revolutions, H. de Mondeville, f° 14.

XVIe s. Il y a une certaine revolution et prefixion de temps, oultre lequel l'homme sage ne se doibt plus entremettre des affaires de la chose publique, Amyot, Lucull. 77. Quelque fatale destinée et revolution des affaires avoient prefix et arresté le but dernier de la liberté des Grecs à ce temps-là, Amyot, Démosth. 26. Le duodenum a esté ainsi nommé, à cause qu'il est sans revolution, reply ou entourtilleure, selon la longitude de douze doigts, Paré, I, 15. La revolution et vicissitude de la fortune, Montaigne, II, 259.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

RÉVOLUTION. - HIST. Ajoutez : XIIe s. Li ciez [le ciel] lo sent [sent Dieu] ; car par son comandement ne finet il onkes de movoir par assidueies revolutions, li Dialoge Gregoire lo pape, 1876, p. 286.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

RÉVOLUTION, s. f. signifie en terme de politique, un changement considérable arrivé dans le gouvernement d’un état.

Ce mot vient du latin revolvere, rouler. Il n’y a point d’états qui n’aient été sujets à plus ou moins de révolutions. L’abbé de Vertot nous a donné deux ou trois histoires excellentes des révolutions de différens pays ; savoir, les révolutions de Suede, celles de la république romaine, &c.

Révolution, (Hist. mod. d’Angl.) Quoique la Grande-Bretagne ait éprouvé de tous tems beaucoup de révolutions, les Anglois ont particulierement consacré ce nom à celle de 1688, où le prince d’Orange Guillaume de Nassau, monta sur le trône à la place de son beau-pere Jacques Stward. La mauvaise administration du roi Jacques, dit milord Bolinbroke, fit paroître la révolution nécessaire, & la rendit praticable ; mais cette mauvaise administration, aussi-bien que toute sa conduite précédente, provenoit de son attachement aveugle au pape & aux principes du despotisme, dont aucun avertissement n’avoit pu le ramener. Cet attachement tiroit son origine de l’exil de la famille royale ; cet exil avoit son principe dans l’usurpation de Cromwel ; & l’usurpation de Cromwel avoit été occasionnée par une rebellion précédente, commencée non sans fondement par rapport à la liberté, mais sans aucun prétexte valable par rapport à la religion. (D. J.)

Révolution, est aussi un terme de Géométrie. Le mouvement d’une figure plane qui tourne autour d’un axe immobile, est appellé revolution de cette figure. Voyez Axe.

Un triangle rectangle tournant autour d’un de ses côtés engendre un cône par sa révolution ; un demi-cercle engendre une sphere, &c. Voyez Cône, Sphere, &c.

Révolution se dit aussi en Astronomie, de la période d’une planete, comete, &c. c’est-à-dire, du chemin qu’elle fait depuis qu’elle part d’un point, jusqu’à ce qu’elle revienne au même point. Voyez Planete, Période, &c.

Les planetes ont deux especes de révolution ; l’une autour de leur axe qu’on appelle rotation diurne, ou simplement rotation, & qui dans la terre, par exemple, constitue ce que nous appellons les jours & les nuits. Voyez Jour & Nuit. L’autre révolution des planetes se fait autour du soleil : on l’appelle révolution annuelle ou periode ; c’est la révolution annuelle de la terre qui constitue nos années. Voyez An.

Saturne, selon Kepler, fait sa révolution annuelle en 29 ans 174 j 4 h. 58′ 25″ 30′" ; Jupiter en 11 ans 317 j. 14 h. 49′ 31″ 56′" ; Mars en un an 321 j. 23 h. 31′ 56″ 49′" ; Vénus en 224 j. 17 h. 44′ 55″ 14′" ; Mercure en 87 j. 23 h. 14′ 24″. Voyez Saturne, Jupiter, Mars, &c. Chambers. (O)

Revolutions de la terre, (Hist. nat. Phys. & Minéralogie.) c’est ainsi que les naturalistes nomment les événemens naturels, par lesquelles la face de notre globe a été & est encore continuellement altérée dans ses différentes parties par le feu, l’air & l’eau. Voyez Terre, Fossiles, Deluge, Tremblemens de Terre, &c.

Revolution, (Horlogerie.) c’est l’action des roues les unes sur les autres, par le moyen des engrenages. On sait que leur objet est de transmettre le mouvement d’une roue sur une autre par le moyen de ses dents qui atteignent les aîles du pignon sur lesquelles elles agissent, comme le pourroient faire des leviers les uns sur les autres. Sous ce point de vue il y auroit de l’avantage à faire de petites roues & de grands pignons : la force seroit plus grande du côté de la roue, & la résistance seroit moindre du côté du pignon pour recevoir le mouvement. Mais les engrenages ne servent pas seulement à communiquer le mouvement ; ils servent encore à multiplier les révolutions, ou à les fixer sur telle roue qu’on voudra, ou à les diminuer ; enfin ils servent à changer le plan des révolutions.

1°. L’on obtient des révolutions, en faisant que la roue continue plusieurs fois le nombre des aîles du pignon, ou bien en multipliant les roues.

Question. La premiere roue étant donnée, quelle que soit la force qui la meut, trouver la derniere roue qui fasse tel nombre de révolutions qu’on voudra pour une de la premiere. Cette question seroit bientôt résolue, si le rayon de la premiere roue à l’égard de la seconde pouvoit être dans le rapport demandé ; mais si ce rapport est tel qu’il ne soit pas possible de faire l’une assez grande, ni l’autre assez petite, pour y suppléer, l’on aura recours à plusieurs roues intermédiaires dont les différens rapports multipliés les uns par les autres, donneront le rapport demandé. Or c’est ce nombre de roues intermédiaires qu’il s’agit de trouver. Mais, comme différens nombres peuvent y satisfaire, il faut faire voir qu’ils ne sont pas arbitraires ; qu’il faut au contraire prouver que le plus petit nombre de roues qui pourra satisfaire à la question, est celui qu’il faudra employer.

Ma méthode est de considérer le nombre de révolutions demandées, comme une puissance dont je tire les différentes racines. La considérant d’abord comme un quarré, j’en tire la racine, & cela me montre que deux roues satisferont à la question ; comme un cube j’en tire la racine, & cela me donne trois roues ; comme un quarré quarré, j’en tire la racine, & c’est pour quatre roues ; ainsi de suite jusqu’à ce que j’en sois venu à une racine telle qu’étant multipliée par le plus petit nombre d’ailes qu’il soit possible d’appliquer au pignon, le nombre qui en proviendra, & qui représente le nombre des deux, ne soit pas trop grand pour pouvoir être employé à la roue dont la grandeur se trouve bornée par la grandeur de la machine. J’en conclus alors que c’est-là le plus petit nombre de roues qui puisse satisfaire à la question ; car dans ce cas, j’ai le plus grand rapport, c’est-à-dire, les roues les plus nombrées de dents, relativement aux ailes du pignon, qu’il soit possible d’avoir : ce qui fournit trois avantages essentiels.

1°. Celui de ne point multiplier inutilement les révolutions intermediaires entre le premier & dernier mobile.

2°. D’avoir des engrenages qui sont d’autant plus parfaits & plus faciles à faire, que les dents étant nombreuses rapprochent plus d’être paralelles entr’elles : ce qui diminue la courbe des dents, & procure au pignon un mouvement plus uniforme. De plus, les pignons peuvent être d’autant plus gros relativement à leur roue, qu’il y a plus de différence entre le nombre des ailes & celui des dents de la roue ; toutes choses dont l’expérience démontreroit mieux les avantages que les raisonnemens que je pourrois faire, du moins quant à ce qui regarde plus immédiatement les inégalités plus ou moins grandes des dentures & des pignons qui se trouvent dans tous les engrenages.

3°. Celui enfin d’avoir moins de pivots, puisqu’on a moins de roues ; d’où je conclus que la vitesse étant diminuée par la diminution des révolutions intermédiaires, elle l’est aussi dans les engrenages, dans les pivots : elle exige donc moins de force ; il y a donc de l’avantage à réduire les révolutions, autant qu’il est possible.

Exemple par lequel on obtient des révolutions, en employant le moins de roues, pour servir de preuve à ce qui précede. Soient 19440 révolutions, compris la roue de rencontre, qui a 30 dents propres à faire battre les secondes au balancier. Il faut donc commencer par retirer cette roue, en divisant 19440 par 60 ; il viendra au quotient 324 ; & comme ce nombre est trop grand pour être employé sur une roue, & qu’il le faudroit encore multiplier par celui des ailes de pignon dans lequel elle doit engrener, il suit qu’il faut tirer la racine quarrée de 324, qui est 18, & ce sera pour deux roues ; mais comme elles doivent engrener dans des pignons de six ailes, l’on aura des roues de 108, & l’on posera sa regle en cette sorte :

6. 6. . pignons ou dividendes.
// // //
108. 108. 30. roues dentées ou dividendes.
.   produit du quotient, exposant ou facteur.
.   total des révolutions intermédiaires.

Exemple par lequel je multiplie les roues & les révolutions intermédiaires, sans augmenter celles du dernier mobile. Soit de même 19440 révolutions. Retirons de même la roue de rencontre, comme dans l’exemple ci-dessus, reste 324 révolutions, qui doivent servir à multiplier les révolutions intermédiaires. Pour cela il faut considérer ce nombre 324 comme une puissance qui a deux pour racine ; car je ne supposerois pas l’unité & encore moins une fraction, parce qu’il me viendroit des nombres embarrassans qui ne doivent pas entrer dans cet article. Il suffira donc de donner un exemple sensible de ce que je veux prouver. La puissance qui approche le plus de 324 est 256, qui se trouve être la huitieme puissance de 2, lesquels 256 étant multipliés par , quotient de 324 divisé par 256, l’on aura le plus grand nombre de révolutions intermédiaires demandé, lesquelles multipliées par la roue de rencontre de 30 x 2 égalera 19440 : je dis par 2, parce que chaque dent fait deux operations.

L’on posera aussi les roues & les pignons en cette sorte :

6. 6. 6. 6. 6. 6. 6. 6. 64. . pignons ou dividendes.
// // // // // // // // // //
12. 12. 12. 12. 12. 12. 12. 12. 81. 30. roues dentées ou dividendes.
.   produit du quotient, facteurs, ou exposans.
.   somme des révolutions intermédiaires.

L’on voit par cet exemple que l’on a 835 révolutions intermédiaires, & que dans l’exemple précédent l’on n’en avoit que 343 ; ce qui fait 492 révolutions intermédiaires de plus, pour avoir augmenté le nombre des roues, en gardant cependant le même nombre de révolutions 19440 pour le dernier mobile.

Si l’on vouloit des pignons plus nombrés, cela seroit très-facile ; car si l’on doubloit le nombre des aîles de pignon, il faudroit aussi doubler celui des dents des roues.

Question. Le nombre de révolutions de la derniere roue étant donné, trouver une roue intermédiaire qui fasse un nombre fixe de révolutions pour une de la premiere.

La question seroit bientôt résolue, si le nombre demandé se trouvoit être un des facteurs du produit des révolutions totales ; mais si cela n’est pas, on ne pourra résoudre la question qu’en multipliant les révolutions intermédiaires, & en donnant de l’inégalité au facteur.

Soient de même 19440 révolutions du dernier mobile avec les facteurs 18, comme dans le premier exemple. L’on propose de faire l’un des facteurs 9, & de mettre sur l’un ce qu’on aura ôté de l’autre, l’on aura moindre de 81 pour 324 qu’il faut avoir, quoique leur somme n’ait pas changé, le nombre de 243 étant plus petit, les révolutions du dernier mobile seroient diminuées ; ce qu’on ne veut pas faire. Il faut donc augmenter l’un des produisans en plus grande raison que l’on a diminué l’autre.

Ayant donc un des produisans de 324, savoir 9 ; si l’on divise les 324 par 9, le quotient 36 sera nécessairement l’autre produisant cherché. Alors l’on aura . D’où il suit un plus grand nombre de révolutions intermédiaires, sans avoir plus de roues ; de plus un nombre fixe de révolutions sur une des roues, sans avoir rien changé aux révolutions du dernier mobile.

Ainsi les roues seront en gardant les mêmes pignons

6. 6. . pignons ou dividendes.
// // //
216. 54. 30. roues ou dividendes.
.   produit de tous les quotiens, exposans, ou facteurs les uns par les autres.
.   somme des révolutions intermédiaires plus grande de 37, à cause de l’inégalité donnée au sacteur, pour fixer un nombre de révolutions.

Voyez le théorème que j’ai donné sur la théorie de l’inégalité des facteurs, à l’article Frottement (Horlogerie), page 351.

Pour diminuer les révolutions. Question. Trouver une roue qui fasse une telle partie de révolutions qu’on voudra pour une de la premiere. Cette question seroit bientôt résolue, s’il étoit possible de faire le rayon de la premiere à l’égard de la seconde dans la proportion demandée. Mais si ce rapport est trop grand, qu’il faille employer plusieurs roues pour satisfaire à la question, il faut faire voir que la même méthode qui a servi pour multiplier les révolutions, peut être employée pour les diminuer. Par exemple, je suppose qu’on demande de trouver une roue qui fasse la de révolutions pour une de la premiere, l’on fera la même opération que dans le premier exemple ; avec cette différence que dans l’application l’on aura des fractions pour facteurs ou produisans, & que l’ordre des pignons & des roues sera renversé, c’est-à-dire que les pignons seront les dividendes, & les roues les diviseurs.

On appelle pignon une roue qui est peu nombrée, & réciproquement ; ensorte que les roues qui conduisent les pignons augmentent les révolutions ; au contraire elles les diminuent quand ce sont des pignons qui conduisent des roues.

Il faut donc poser sa regle en cette sorte :

108. 108. 30. roues ou dividendes.
// // //
6. 6. . pignons ou dividendes.
.   produit des quotiens, facteurs, ou exposans les uns par les autres.
.   somme de toutes les parties de révolutions.

L’on peut faire les mêmes applications sur ces fractions de révolutions intermédiaires, comme on l’a fait sur les entiers dans les exemples précédens.

Par exemple, diminuer, augmenter, fixer des parties de révolutions sur telle roue qu’on voudra.

Question. Le plan des révolutions d’une roue étant donné, trouver telle inclinaison qu’on voudra relativement à la premiere roue. L’on sait que les roues qui font leurs révolutions dans le même plan, ont leur axe parallele. Ainsi pour incliner les plans des révolutions. il suffit d’incliner les axes & former les roues & les pignons propres à engrener sur des axes inclinés, lorsque les axes sont perpendiculaires ; c’est ce qui forme les engrenages des roues de champ & de rencontre.

La méthode que je viens de donner est, je crois, la plus générale qu’il y ait sur le calcul des révolutions : néanmoins je n’exclus pas le génie & l’occasion de manifester des coups de force, en saisissant de certaines méthodes, qui n’étant ni générales ni directes, ne laissent pas quelquefois d’avoir des propriétés plus ou moins aisées, pour arriver plûtôt à ce que l’on cherche. Article de M. Romilly.

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Étymologie de « révolution »

Provenç. revolucio ; espagn. revolucion ; ital. rivoluzione ; du lat. revolutionem, de revolutus, retourné (voy. RÉVOLU).

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Du latin revolutio (« retour » ).
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Phonétique du mot « révolution »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
révolution revɔlysjɔ̃

Fréquence d'apparition du mot « révolution » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « révolution »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « révolution »

  • Les révolutions politiques nous ont dotés de goulags. La révolution sexuelle de sex-shops.
    Marc Gendron — Louise ou la nouvelle Julie
  • La révolution est un drame passionnel.
    Mao Tsé-Toung
  • et manu a écrit un livre "révolution", on connait laquelle
    L'Obs — Alain Soral, qui appelait à une « révolution fasciste », mis en examen
  • La grande révolution dans l'histoire de l'homme, passée, présente et future, est la révolution de ceux qui sont résolus à être libres.
    John Fitzgerald Kennedy — N. Khrouchtchev - 1961
  • Toute révolution amène forcément avec elle une hécatombe.
    Malcolm de Chazal — Ma révolution
  • Les révolutions marchent sur des ventres vides.
    Proverbe anglais
  • La révolution féminine doit maintenant compléter la révolution prolétaire, comme celle-ci consolida la révolution bourgeoise, émanée d'abord de la révolution philosophique.
    Auguste Comte — Catéchisme positiviste
  • La Révolution, comme Saturne, dévore ses propres enfants.
    Georg Büchner — La Mort de Danton Dantons Tod
  • Le sens révolutionnaire est un sens moral.
    Victor Hugo — Les misérables
  • Les révolutions n'ont généralement pour résultat immédiat qu'un déplacement de servitude.
    Gustave Le Bon — Aphorismes du temps présent, Flammarion
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Traductions du mot « révolution »

Langue Traduction
Anglais revolution
Espagnol revolución
Italien rivoluzione
Allemand revolution
Chinois 革命
Arabe ثورة
Portugais revolução
Russe революция
Japonais 革命
Basque iraultza
Corse rivoluzione
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Antonymes de « révolution »

Combien de points fait le mot révolution au Scrabble ?

Nombre de points du mot révolution au scrabble : 12 points

Révolution

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