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Prime

Variantes Singulier Pluriel
Masculin et féminin prime primes

Définitions de « prime »

Trésor de la Langue Française informatisé

PRIME1, adj. et subst. fém.

I.− Adjectif
A.− Vieilli ou littér. Premier. On reconnaît la différence du français appris et du français de prime source (Amiel, Journal,1866, p. 74).Cette prime aube du mariage parut délicieuse à Germain (Theuriet, Mais, deux barbeaux,1879, p. 67).Le prime vent du soir qui s'éveille, lorsqu'il touche la lisière du bois, fait courir dans les feuilles de trembles un chuchotement qui rit et qui se moque (Genevoix, Marcheloup,1934, p. 120).
En partic., vieilli et région. (Ouest). Précoce. Fruit, légume prime. Le printemps a été particulièrement prime cette année (Réz.-Tuaillon1969).
B.− Loc. et expr.
1. Prime jeunesse, prime enfance. Début de la vie, premier âge. Je doute qu'aucun des préceptes de l'Évangile m'ait aussi profondément marqué, et depuis ma prime jeunesse, que le « mon royaume n'est pas de ce monde » (Gide, Journal,1942, p. 151).Il suffit de rappeler que, dès la prime enfance, élevé par le second mari de sa mère, l'acteur Geyer, Wagner a vécu dans le monde du théâtre (Dumesnil, Hist. théâtre lyr.,1953, p. 136).
2. De prime abord. Au premier abord, en premier lieu. [Caphisias] reprochait à la plupart des curieux qui venaient voir ses tableaux, de ressembler à ceux qui, de prime abord et sans distinction, saluent tout à la fois une assemblée nombreuse (Dusaulx, Voy. Barège,t. 2, 1796, p. 3).Onimus (1867) fait état d'une expérience, assez embarrassante de prime abord, sur la prétendue génération spontanée des globules blancs (J. Rostand, Genèse vie,1943, p. 143):
1. ... le Moniteur contenait une ordonnance royale de quatre lignes où ce licenciement est annoncé sans considérant, sans réflexions. La mesure a paru brutale, et chacun de son côté a cherché à en connaître le véritable motif, quoiqu'on ne se fit aucun scrupule d'en accuser de prime abord les ministres. Delécluze, Journal,1827, p. 447.
3. De prime face (vieilli). À première vue, au premier aspect. [Calvin] jugeait qu'en ne cédant pas de prime face, il se trouverait plus fort contre eux le jour qu'il en serait besoin (Tharaud, Chron. frères enn.,1929, p. 237).
4. De prime saut. V. prime(-)saut, primesaut.
C.− MATH. [En parlant d'un symb.] Qui est suivi d'un signe formé d'une seule apostrophe. A prime, A'. (Dict. xxes.).
II.− Subst. fém.
A.− LITURG. Première heure de l'office du jour qui doit être dite au lever du jour vers six heures du matin. Il enjoignit à tous ceux qui, parmi les auditeurs, auraient obtenu quelque guérison ou faveur céleste par l'invocation de la duchesse, de se présenter avec leurs témoins le lendemain à l'heure de prime, devant l'archevêque de Mayence et les autres prélats (Montalembert, Ste Élisabeth,1836, p. 288):
2. En négligeant les matines, les laudes, les petites heures (prime, tierce, sexte et none), qui du reste ont certains points communs avec les vêpres pour l'ordonnance générale, nous trouvons dans le cadre liturgique paroissial : la messe chantée (grand'messe); les vêpres et les complies... Potiron, Mus. église,1945, p. 9.
B.− ESCR. Première position de l'escrimeur tenant son épée verticalement, la pointe en bas, la main à hauteur du visage. « Il y a neuf parades, monsieur Larcher », me disait-il [le professeur d'escrime]. Et il m'expliquait la prime, la seconde, les autres jusqu'à l'octave (Bourget, Physiol. amour mod.,1890, p. 343).
C.− TEXT. ,,Laine de première qualité, comme sont les primes de Ségovie, de Portugal`` (Chesn. t. 2 1858).
D.− JEUX. Ancien jeu de cartes où l'on ne donnait que quatre cartes et où il fallait réunir dans la même main les quatre couleurs. Avoir prime; grande, petite prime. [Nos ancêtres] jouaient à la prime (Kock, Ficheclaque,1867, p. 41).
REM.
Primement, adv.,rare et fam. Premièrement. En politique il faut primement jeter par-dessus bord les ingénus et les phraseurs, les hommes à principes et les hommes à pathos (Péladan, Vice supr.,1884, p. 180).Ç'ui qui vient m'confier n'un secret, c'est primement qu'i'n'a point su el' garder poùr lui seul (Martin du G., Gonfle,1928, II, 5, p. 1205).
Prononc. et Orth. : [pʀim]. Homon. et homogr. prime2, 3. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1119 adj., fém. de l'a fr. prin, prim « premier » (Philippe de Thaon, Comput, éd. E. Mall, 2595); b) ca 1375 spéc. dans la loc. de prime face (Oresme, Livre du Ciel et du Monde, 124c 11-12 d'apr. A. D. Menut et A. J. Denomy ds Méd. St., t. 5, p. 314); 1532 prime au masc. (Bourdigné, Lég. de Pierre Faifeu, chap. XL, vers 80, éd. Fr. Valette, p. 107); av. 1622 de prime abord (St Fr. de Sales, Introduction à la vie dévote, Œuvres, Annecy 1892-1906, 305 ds P. Kaden, Die Sprache des St Fr. de Sales, Weida, 1908, p. 50); 2. a) 1121-34 subst. « première des heures canoniales » (Philippe de Thaon, Bestiaire, 260 ds T.-L.); b) xiiies. a haute prime « heure de prime étant bien avancée » (Aucassin et Nicolette, éd. M. Roques, XVIII, 5); 1387-89 vén. de haute prime « assez longtemps après six heures » (Livre de chasse de Gaston Phébus, éd. G. Tilander, 55, 13, p. 237); 3. 1358 laine prime « laine très fine » (Ordonnance du Roi Jean, sept. 1358 ds Isambert, Rec. des anc. lois fr., t. 5, p. 39); 1723 p. ell. de laine : prime subst. (Savary t. 2); 4. 1534 subst. « jeu où on l'emporte en présentant les quatre couleurs et dans lequel on ne distribue que quatre cartes » (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder et M. A. Screech, chap. XX, p. 135); 5. 1653 subst. escr. « première et principale des gardes » (Besnard, Le Maistre d'Armes libéral ds Petiot); 6. 1723 adj. « de la première pêche » (Savary t. 2). Forme fém. de l'a. fr. prim, prin issu de l'adj. lat. primus, -a, -um et qui a été concurrencé par les représentants de primarius (v. premier). Fréq. abs. littér. Prime1adj. : 147.

PRIME2, subst. fém.

A.− Somme payée à échéance régulière par un assuré à son assureur dans le cadre d'un contrat, d'une police d'assurance et, p. ext., somme que l'assuré reçoit de son assureur pour le dédommagement d'un sinistre couvert par un contrat d'assurance. Synon. cotisation.Prime d'assurance vol; prime d'assurance automobile; versement de la prime. J'avais pris une assurance sur la tête de Berthe. N'est-ce pas vous, madame, qui, au quatrième versement, vous êtes servie de l'argent pour faire recouvrir le meuble du salon? Et, depuis, vous avez même négocié les primes versées (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 32).Le poste de travail prend d'abord la charge de ses propres frais : la valeur de son matériel sert à la fixation des amortissements, des intérêts du capital immobilisé, de la part de prime d'assurance-incendie (Villemer, Organ. industr.,1947, p. 230).Vous fumez! Désastreux si vous êtes américain car les actuaires vous feront payer très cher votre prime d'assurance sur la vie (R. Schwartz, Nouv. remèdes et mal. act.,1965, p. 149).
B.− Somme d'argent donnée à une personne, à une catégorie de personnes à titre de récompense, d'aide ou d'encouragement.
1. Somme d'argent payée à un salarié en plus de son salaire de base pour un motif particulier et sous certaines conditions, de manière régulière ou exceptionnelle. Synon. gratification, guelte.Si un pilote cassait un appareil, ce pilote perdait sa prime de non-casse (Saint-Exup., Vol nuit,1931, p. 92).Le salaire à primes établi d'après le rendement. C'est ce salaire qui s'applique avec intérêt aux contremaîtres et au personnel d'entretien ou des services annexes si les primes sont judicieusement calculées et suffisamment progressives (Brunerie, Industr. alim.,1949, p. 129):
1. L'attrait de la prime est un stimulant énergique qui (...) incite le travailleur à atteindre la production fixée. Mais les chances de surmenage sont éliminées, l'ouvrier ne pouvant avoir d'autre ambition que de s'en tenir à la productivité qui lui assure le paiement de la prime. Villemer, Organ. industr.,1947p. 150.
SYNT. Prime d'ancienneté, d'assiduité, d'atelier, d'exactitude, de fin d'année, d'intéressement, de panier [repas], de participation, de recherche, de rendement, de salissure, de transport, de vacances; prime aux pièces; prime horaire, trimestrielle; prime non hiérarchisée; prime de résidence.
2. Somme d'argent attribuée par l'État ou un organisme public dans le cadre d'une mesure sociale ou pour aider un secteur d'activité. Synon. subvention.La bourgeoisie financière, industrielle et censitaire (...) entreprend, à grand renfort de primes d'État, de subventions et de garanties d'intérêt, la construction des voies ferrées (Jaurès, Ét. soc.,1901, p. 232).L'amorce de la consommation constitue l'affectation des ressources à un emploi déterminé. Une illustration de cette modalité peut être trouvée dans le système de prime à la construction et d'allocation-logement (Univers écon. et soc.,1960, p. 46-14):
2. L'État accordait des primes pour développer cette activité. Prime de 50 F par homme d'équipage, prime d'importation de 20 F par quintal de rogues de morue, prime d'exportation de 22 F par quintal de morue séchée exportée directement et prime de 16 F par quintal de morue exportée de France... Boyer, Pêches mar.,1967, p. 11.
SYNT. Prime d'équipement, de production; prime à l'épargne, à l'investissement, à l'abattage, à l'arrachage; prime d'allaitement, de déménagement, de départ, de naissance.
Au fig. Encouragement quelconque donné le plus souvent mal à propos à une activité, une manière de vivre ou de penser. Mouler les lois sur les mœurs générales, ne serait-ce pas donner, en Espagne, des primes d'encouragement à l'intolérance religieuse et à la fainéantise (Balzac, Méd. camp.,1833, p. 156).Le privilège des bouilleurs de cru, qui est une véritable prime à l'alcoolisme familial (Macaigne, Précis hyg.,1911, p. 271).
ARM. Indemnité, somme d'argent reçue par un militaire lors de son engagement, de sa démobilisation, ou en supplément de solde. Les soldats toucheraient leur habillement, leur linge et leurs chaussures au titre de la masse individuelle dont la première mise et la prime journalière seraient augmentée (Davout, Réorg. milit.,1871, p. 39).Pour les militaires actuellement en service dont la durée légale du service était de trois ans, deux ans ou dix-huit mois, le droit à la haute paye, à la prime d'engagement ou de rengagement et, le cas échéant, à la solde mensuelle (J.O., Loi rel. recrut. arm., 1928, art. 79, p. 3822).
3. Somme d'argent attribuée à un participant dans le cadre d'une manifestation à caractère compétitif. Prime de sportivité. Ce fermier a obtenu plusieurs primes au comice agricole (Ac.1935).Les « bonnes » primes vont au meilleur coureur, les « mauvaises » primes sont une consolation au vaincu (Rey-Cellard1980).
4. En partic.
a) Somme d'argent, pourcentage accordé pour un service rendu ou pour une action exceptionnelle. Tous, les sauveurs et les sauvés, furent accueillis par des cris de joie, et Phileas Fogg distribua aux soldats la prime qu'il leur avait promise (Verne, Tour monde,1873, p. 182).Les maires des villages payaient des primes pour chaque tête de loup ou de louveteau qu'on leur apportait (A. France, J. d'Arc,t. 1, 1908, p. 11).Mais la désaffection pour le cinéma était telle qu'il fallait faire distribuer les billets gratuits à domicile, et même promettre aux distributeurs une prime par fauteuil effectivement occupé (Sadoul, Cin.,1949, p. 35).
b) Objet, cadeau, avantage pécuniaire accordé à un acheteur, le plus souvent dans un but publicitaire. Synon. ristourne, bonus.Prime de fidélité, timbre-prime. Tous les mois des patrons découpés (en papier) de grandeur naturelle déjà si appréciés que nous encartons dans le journal : prime faite pour alterner avec une surprise nouvelle réservée par la direction aux abonnées (Mallarmé, Dern. mode,1874, p. 809).Utilisée pour les promotions, la prime a souvent un effet déterminant pour le succès de celles-ci; mais une législation particulière est venue mettre un terme à une surenchère débridée : la valeur de l'objet offert en prime ne doit pas dépasser 5 % du prix du produit, et il doit être marqué spécialement (WellhoffComm.1977) :
3. Un trait de génie que cette prime des ballons, distribuée à chaque acheteuse, des ballons rouges, à la fine peau de caoutchouc, portant en grosses lettres le nom du magasin, et qui, tenus au bout d'un fil, voyageant en l'air, promenaient par les rues une réclame vivante! Zola, Bonh. dames,1883, p. 612.
En prime.En plus, en supplément. Voir Wellhoff, loc. cit. Au fig. En plus, par-dessus le marché. Ce soir Un Cœur simple commence son apparition dans Le Moniteur. Le Bien public compose Saint Julien qui paraîtra sans doute lundi d'un seul coup, en prime (Flaub., Corresp.,1877, p. 336).Certains en déliraient. Fallait les arracher à leurs catastrophes. On leur aurait donné la mort en prime pour vingt sous qu'ils se seraient précipités sur le truc (Céline, Voyage,1932, p. 385).Il avait fait pire. Et l'épouse : pas commode; et la marmaille : en prime (Queneau, Pierrot,1942, p. 118).
c) Vieilli. Somme d'argent qu'un directeur de théâtre versait à un auteur à succès en plus des droits d'auteur. [Zola] tombe dans un long silence, d'où il sort au bout de quelque temps par cette phrase : « S'ils me rendent un jour ma pièce, je demanderai au directeur qui la voudra dix mille francs de prime... Car ça vaudra ça alors, revenant de l'interdiction, ma pièce! » (Goncourt, Journal,1885, p. 499).
C.− BOURSE
1. ,,Dédit convenu à l'avance, que l'acheteur à terme d'une valeur de bourse paie au vendeur lorsque, au jour de la liquidation, il renonce à l'opération engagée`` (Bern.-Colli 1981). Vente à prime; opération, contrat, ordre à prime. À peine m'était-il loisible de suivre de loin les fluctuations du 5 et du 3, d'acheter ou de vendre à prime, d'arranger mes reports (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 402).Avec un compte courant, tout se liquide sans difficulté; soit qu'on achète à marché ferme, soit qu'on spécule par marchés à primes ou sur report (Boyard, Bourse et spécul.,1853, p. 156).
2.
a) Prime d'émission. Différence entre le prix d'émission d'une action et sa valeur nominale. Le montant de la prime d'émission est très variable. Modeste, elle a simplement pour objet de rembourser la collectivité émettrice de ses frais d'émission (Banque1963).
b) Prime de remboursement. Somme ajoutée à la valeur nominale d'une action lors de son remboursement. La prime de remboursement est d'autant plus forte que la date de remboursement est éloignée de la date de l'émission de l'emprunt (Gestion fin.1982).
3. Faire prime.Augmenter de valeur pour un titre de bourse; au fig. ou p. métaph., être très recherché, tenir le premier rang. Synon. primer1.Cet homme qui venait de mettre en doute sa dépendance de la race accusait fortement le caractère ethnique : (...) un sûr discernement de la valeur qui ferait prime sur le marché politique (Vogüé, Morts,1899, p. 48).À cause de leur jupon et parce que certains rêves lacustres s'associent souvent à de tels désirs, les Écossais faisaient prime (Proust, Temps retr.,1922, p. 823).Les prêts sur stocks (...) circulent facilement, le papier anglais fait prime sur toutes les places (Morand, Londres,1933, p. 42).
Prononc. et Orth. : [pʀim]. Homon. et homogr. prime1, 3. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1620 « somme payée à une compagnie d'assurance par l'assuré » (Réglement de 1620 d'apr. Aubin 1736); 1669 (Clairac, Us et Coutumes de la mer, 183, éd. 1669 ds Delb. Notes mss); 2. 1730 « somme à verser en cas de dédit dans une vente à terme de valeurs » (Arrêt du Conseil du 7 mars 1730 ds Brunot t. 6, p. 170); 3. 1751 « encouragement pécuniaire donné par l'État ou toute autre institution » (Voltaire, Siècle de Louis XIV, t. 20, pp. 238-239 ds Rey-Gagnon Anglic.); 4. 1752 « rémunération d'un service » (Trév.); 5. 1759 « somme que l'on gagne à une loterie » (Rich.); 6. 1765 « excédent de prix d'une valeur sur le chiffre de son émission » (Encyclop. t. 13); 1862 faire prime (Hugo, Corresp., p. 411); 7. 1801 « somme d'argent attribuée pour une action particulière » (ici, la destruction d'un animal nuisible) (Crèvecœur, Voyage, t. 2, p. 41); 8. 1839 « somme d'argent attribuée à l'auteur d'une pièce de théâtre avant qu'elle soit jouée et qu'il ne perçoive les droits d'auteur » (Balzac, Corresp., p. 575); 9. 1852 « don, cadeau destiné à des acheteurs ou des souscripteurs pour les attirer » (Goncourt, Journal, p. 49). Francisation de l'angl. premium [pri:miəm] « récompense, prix » (1601 ds NED) et « prime d'assurance » (1622 premio, 1661 premium, ibid.), du lat. praemium « avantage, faveur, prélèvement ».
STAT. − Prime1(subst.) et prime2. Fréq. abs. littér. : 367. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 433, b) 547; xxes. : a) 572, b) 561.
BBG. − Quem. DDL t. 16.

PRIME3, subst. fém.

JOAILL. Cristal de roche coloré qui prend le nom de la pierre précieuse dont il se rapproche le plus par sa couleur. Prime d'émeraude, de topaze, de rubis. Ce temple, d'une grandeur immense, est intérieurement revêtu de marbre jaune antique, coupé par des colonnes de prime d'améthyste (Genlis, Chev. cygne,t.2, 1795, p.224).
Prononc. et Orth. V. prime2. Étymol. et Hist. 1remoit. xiies. prasme (Lapidaire de Marbode, 1reversion fr. 690, Lapidaires anglo-norm., éd. P. Studer et J. Evans, p.56); 1360 presme d'esmeraude (Inventaire du duc d'Anjou, no781 ds Laborde); 1400 proesme d'emerauldes (Pièces relat. au règne de Ch. VII, éd. Douët d'Arcq, t.2, p.296 ds Gdf.); 1416 prasme d'esmeraude (Inventaire du duc de Berry ds Laborde); 1634 prisme (Inventaire du Trés. de l'ab. de St Den., Arch. LL 1327 ds Gdf.); [1673 prime d'émeraude d'apr. FEW t.9, p.329b] 1752 (Trév.); 1762 (Ac.: Prime. Terme de joaillier. Nom que l'on donne à une pierre demi-transparente de la nature du caillou ou du cristal, et qui sert de base ou de matrice aux cristaux). La forme prasme est issue du lat. prasinus, -a, -um empl. subst. au même sens que le lat. prasius «prase, variété de quartz agate» empr. au gr. π ρ α ́ σ ι ο ς dér., avec l'adj. π ρ α ́ σ ι ν ο ς «d'un vert tendre comme le poireau», de π ρ α ́ σ ο ν «poireau». L'hyp. d'une contamination de formes issues de prasius (v. prase) par le lat. plasma (Barb. Misc. 3, 38) n'est pas recevable compte tenu de l'apparition tardive du fr. plasme «émeraude» (FEW t.9, p.329b). Alors que l'altération de -n- en -m- a pu être facilitée par l'infl. de esmeraude, le passage de prasme à presme, prisme peut s'expliquer par un croisement avec l'a. fr. proisme, proesme, presme, prisme «prochain» (xiies., cf. Gdf. et T.-L., s.v. proisme), issu du lat. proximus, dans l'expr. prasme d'esmeraude (FEW, loc. cit.).

Wiktionnaire

Nom commun 3 - français

prime \pʁim\ féminin

  1. (Finance) Somme payée par un assuré à un assureur et lui ouvrant le droit à la couverture d’un risque.
  2. (Travail) Somme versée par un employeur à un salarié à titre exceptionnel, en guise de récompense pour un travail de qualité, ou à tous les salariés pour les encourager ou pour saluer une étape dans la vie de l’entreprise (publication de résultats particulièrement bons, introduction en bourse).
  3. (En particulier) Récompense offerte pour l’accomplissement d’une tâche précise comme le fait de renseigner la police, de capturer un criminel, de retrouver et ramener un chien à son propriétaire, etc.
    • Il leur reste une dernière ressource: celle de la chasse à l'homme. Au début de la campagne, paraît-il, le gouvernement payait une prime de 8 douros (40 francs) par prisonnier et de 4 douros par tête de rebelle coupée. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 96)
  4. Différence entre le prix du métal précieux contenu dans une pièce et le prix de vente de celle-ci.
    • Sur les pièce en or, la prime peut être négative ou positive.

Nom commun 2 - français

prime \pʁim\ masculin

  1. (Mathématiques, Typographie) « ′ ». Signe adossé à une lettre qui désigne le premier degré d’une quantité, d’une grandeur, etc., représentée par une lettre.
    • A prime (A′) et A seconde (A″).

Nom commun 1 - français

prime \pʁim\ féminin

  1. Première heure canoniale, à 6 heures du matin.
    • […] ; je remplis mes devoirs de chapelain loyalement et sincèrement : deux messes par jour, une le matin, l’autre le soir, primes, complies, vêpres avec Credo et Pater. — (Walter Scott, Ivanhoé, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
    • Les charrettes et les chars étaient là dès potron-minet, voire dès la veille, car le marché était clappé dès prime ; il durait jusqu'à midi. — (Alain Derville, Saint-Omer: des origines au début du XIVe siècle, page 189, Presses Univ. Septentrion, 1995)
  2. (Escrime) Première position de l’épée en escrime.
    • Placez vous en garde de prime.
  3. Ce qui prime. Note : Seulement dans l’expression rare ; faire prime, primer.

Adjectif - français

prime \pʁim\ masculin et féminin identiques

  1. Premier.
    • […], mais ce lui était plaisir que de ne point manquer la sortie de l’étable fumante, dans la prime fraîcheur du matin. — (Alphonse de Châteaubriant, Monsieur des Lourdines, chap.1, 1910)
    • Les rives de la Seine le voient, dès la prime aube, indien maussade, pagayant comme Cerf Agile. — (Léon Daudet, Souvenirs des milieux littéraires, politiques, artistiques et médicaux/Salons et Journaux, Grasset, 1917, réédition Le Livre de Poche, page 259)
    • Seuls les professionnels ont tout loisir, du prime matin au soir tombant, d'inspecter cinq mille, voire dix mille crins. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
  2. (Québec) Qui s'emporte facilement[1].
    • Il est ben prime, à matin ! On n’est pas capable de lui parler sans qu’il se fâche !
  3. (Acadie) Vif et aiguisé, en parlant d'un regard.
    • Puis elle apparut. Une femme sans âge. Le visage un peu ridé, mais la colonne droite et l’œil prime. Entendez prime dans son sens le plus ancien, vif et aiguisé. — (Antonine Maillet, Clin d’œil au Temps qui passe, Leméac, 2019, page 64)
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Littré (1872-1877)

PRIME (pri-m') adj.

Mot ancien qui signifiait premier, et qui n'est plus usité seul ; on s'en sert encore dans les locutions suivantes.

  • 1De prime abord, en premier lieu. De prime abord sont par la bonne dame Expédiés tous les péchés menus, La Fontaine, Mari conf. Vous figurez-vous que, de prime abord, j'aille lui reprocher, comme un gouverneur, ses fredaines ? Mme D'Épinay, Mém. t. I, p 303, dans POUGENS.
  • 2De prime face, à la première vue. Les peuples croyaient de prime face que…, Naudé, Apologie, p. 72. Restait sans plus d'y disposer la femme : De prime face elle crut qu'on riait, La Fontaine, Mandrag.
  • 3De prime saut, loc. adv. Subitement, tout d'un coup.
  • 4En algèbre, petit signe qui désigne le premier degré d'une lettre prise à plusieurs degrés : a', a", a"', se lisent : a prime, a seconde, a tierce.
  • 5 Terme de pêche. Sardines de prime, sardines prises au coucher du soleil.

    On dit par opposition : sardines d'aube.

    Morues de prime, celles qui arrivent les premières en Europe après la pêche annuelle.

    Voyage de prime, le premier voyage de l'année, fait par les pêcheurs au banc de Terre-Neuve, et qui fournit une pêche plus abondante que le second.

  • 6Orge de prime, escourgeon.

HISTORIQUE

XIVe s. Si come il semble de prime face, Oresme, Eth. 187.

XVe s. De prime face fut advisé que tout se mettroit à pied…, Commines, I, 2. De prime saut, Louis XI, Nouv. XI.

XVIe s. Du prinsault [du saut de terre], il a laissé en memoire de petits miracles [à propos de l'agilité de son père], Montaigne, I, 17. Estre le premier de la Grece, c'est facilement estre le prime du monde, Montaigne, III, 194. Les passions ne nous saultent pas tousjours au collet de prinsault, Montaigne, IV, 246. Lorsque le cors dort, l'ame receoypt participation insigne de sa prime et divine origine, Rabelais, Pant. III, 13. De la prime cuvée, Rabelais, ib. III, 38. De prime arrivée ilz nous feirent quasy paour, Rabelais, ib. V, 19. Aristoteles, prime homme et paragon de toute philosophye, Rabelais, ib. On les eust prins à la prime [au premier abord] pour de petits anges, Yver, p 573. C'est une prime fleur encore toute tendre : Espoux, garde toy bien brusquement de la prendre, Ronsard, 737.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. PRIME.
1De prime abord. Ajoutez :

Au sens propre. À l'endroit où l'on aborde, arrive d'abord. Par déclaration primitive, on entend la déclaration en détail faite au bureau de prime abord… Lorsqu'il s'agit d'expéditions en transit international, on considère comme bureau de prime abord le bureau où s'effectue la vérification de la marchandise, Douanes, Tarif de 1877, p. XXXVII.

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Étymologie de « prime »

Provenç. prim ; espagn. et ital. primo ; du lat. primus, qui paraît être un superlatif comparable au grec πρῶτος, et au sanscr. pratama. L'ancienne langue avait aussi un adverbe primes, fait comme certes, et signifiant d'abord.

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Phonétique du mot « prime »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
prime prim

Fréquence d'apparition du mot « prime » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « prime »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « prime »

  • Sur les chaînes nationales, on constate que le fait divers l'emporte parce que l'émotion prime sur l'analyse : à peu près tout ce qui paraît complexe est banni de l'information télévisée.
    Christine Ockrent — Les Dossiers de l’Audiovisuel
  • Au lit, la bonté prime la beauté.
    Michel de Montaigne — Essais
  • Ce moment privilégié où la conscience d'être prime celle du corps.
    André Carpentier — Du Pain des oiseaux
  • Ce qui doit primer dans un personnage, c'est son essence et non pas la nationalité de l'acteur qui l'interprète.
    Renée Zellweger — Ciné Live - Octobre 2001
  • L'inflation, impôt pour les pauvres, prime pour les riches, est l'oxygène du système. Regardez-le qui s'époumone.
    François Mitterrand — L'abeille et l'architecte
  • La préparation prime l'action.
    Guy Zimmerlich
  • Enfance. Période intermédiaire de la vie humaine entre l'idiotie de la prime enfance et la folie de la jeunesse, deux stades au-dessus de la faute originelle et trois stades en dessous des remords de la vieillesse.
    Ambrose Bierce — Le Dictionnaire du diable
  • Les collectivités peuvent verser une prime exceptionnelle à leurs agents ne gagnant pas plus de 3.250 euros bruts par mois. Beaucoup se disent dans l’incapacité financière de le faire.
    Les Echos — Les collectivités locales peu enclines à accorder la prime de pouvoir d’achat
  • Ce n'est qu'avec un juste dosage, s'apparentant à une forme de droit négocié, que l'intérêt du citoyen et du téléspectateur, c'est-à-dire l'intérêt général, pourra primer sur tout intérêt privé ou catégoriel.
    Dominique Baudis — Les Dossiers de l’Audiovisuel
  • La force prime le droit.
    Otto, prince von Bismarck ou, plus précisément, von Bismarck-Schönhausen
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Traductions du mot « prime »

Langue Traduction
Anglais premium
Espagnol prima
Italien premio
Allemand prämie
Chinois 保费
Arabe الممتازة
Portugais prêmio
Russe премия
Japonais プレミアム
Basque premium
Corse prima
Source : Google Translate API

Synonymes de « prime »

Source : synonymes de prime sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « prime »

Combien de points fait le mot prime au Scrabble ?

Nombre de points du mot prime au scrabble : 9 points

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