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Lire

Variantes Singulier Pluriel
Féminin lire lires

Définitions de « lire »

Trésor de la Langue Française informatisé

LIRE1, verbe trans.

I.
A −
1. Établir la relation entre les séquences de signes graphiques (alphabétiques, idéographiques) d'un texte et les signes linguistiques propres à une langue naturelle (phonèmes, mots, marques grammaticales).
Fréq. en emploi abs. Monsieur Grandet (...) était en 1789 un maître-tonnelier fort à son aise, sachant lire, écrire et compter (Balzac, E. Grandet,1834, p. 10):
1. Le peuple est un éternel mineur, et il sera toujours (dans la hiérarchie des éléments sociaux) au dernier rang, puisqu'il est le nombre, la masse, l'illimité. Peu importe que beaucoup de paysans sachent lire et n'écoutent plus leur curé; mais il importe infiniment que beaucoup d'hommes, comme Renan ou Littré, puissent vivre et soient écoutés. Flaub., Corresp.,1871, p. 228.
2. Il y a aussi la question de la lecture. Nous lisons de deux manières : le mot nouveau ou inconnu est épelé lettre après lettre; mais le mot usuel et familier s'embrasse d'un seul coup d'œil, indépendamment des lettres qui le composent; l'image de ce mot acquiert pour nous une valeur idéographique. F. de Saussure, Cours de ling. gén., Paris, Payot, 1965, p. 57.
Lire + compl. désignant une langue.Lire l'anglais, le chinois, le grec.
Lire + compl. désignant les signes graph. ou ling.Lire firme au lieu de ferme. La veuve Dominé n'a rien compris à la lettre de sa fille. Quand on lit de l'écriture, ce n'est pas comme quand on parle (Aymé, Jument,1933, p. 99):
3. ... il était tout naturel que l'employé du télégraphe eût lu les boucles d's ou d'y de la ligne supérieure comme un « ine » finissant le mot de Gilberte. Proust, Fugit.,1922, p. 656.
En partic. Accéder à une langue écrite par un autre sens que la vue. Lire en braille.
SYNT. Apprendre à lire; savoir, ne pas savoir lire; lire tout bas, tout haut, à haute voix; lire des yeux; lire bien, mal, couramment, péniblement; lire en donnant, en mettant le ton.
2. Accéder à une information non linguistique par le biais de signes graphiques (lettres, chiffres, symboles). Lire l'heure, une température.
Lire une partition, de la musique. Nous ne pouvons nous concevoir connaissant avec certitude la suite des événements futurs de notre vie, et la vivant, avant que de la vivre, comme on lirait la partition d'un ouvrage de musique avant que de l'entendre (Valéry, Variété IV,1938, p. 193):
4. ... moi aussi [dit Beethoven], j'aime la musique; mais, vous vous en êtes aperçus, je suis sourd au point de n'entendre aucun son. Permettez-moi de lire cette musique qui vous fait éprouver une si vive et si douce émotion. Karr, Sous tilleuls,1832, p. 281.
Lire une carte, un graphique. C'est dommage que je ne t'aie pas enseigné à lire la carte d'état-major (Rivière, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1907, p. 238).Nous avons donc combiné une représentation graphique très simple permettant de « lire » un lavoir (Ratel, Prépar. mécan. minerais,1908, p. 13).
3. Rare. Reconnaître un graphisme, une forme. Sur le manteau de la cheminée, dans la salle à manger, on lit encore les armes émoussées des Guise (Nizan, Conspir.,1938, p. 132):
5. ... tous ses gestes, volte des hanches, flexion de la nuque, bref haussement d'un bras vers la chevelure, balancement orbiculaire de la taille assise, tracent des courbes si voisines du cercle que je lis le dessin, anneaux entrelacés, spirales parfaites des coquilles marines, qu'ont laissés, écrits dans l'air, ses mouvements doux. Colette, Cl. ménage, Paris, Mercure, 1902, p. 99.
B. −
1. Prendre connaissance du contenu d'un texte écrit.
a) Lire qqc. (dans, sur, chez, etc.).Le surlendemain de la mort de Bernard, Laforgue, qui en avait lu la nouvelle dans le Temps, arriva (Nizan, op. cit.,p. 195).Tu m'embêtes. On lit ces histoires-là dans les manuels (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1380).
Lire que.Ce matin, en ouvrant le Figaro, je lis que Paul Margueritte s'est noyé près de Fontainebleau (Goncourt, Journal,1888, p. 813).
Lire, verbe introducteur du texte lu.Sur une porte vitrée, avec de la lumière orange venant de l'intérieur, on pouvait lire : Bar, entrée des fournisseurs (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 78).
Qqc. se lit (dans, à).Mon oncle Tom est connu des savants, de tous ceux, par exemple, qui s'occupent de la glyptique grecque ou de la bulle Unigenitus; son nom se lit au catalogue des bibliothèques publiques (Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 189).
b) Lire + compl. désignant notamment le type d'écrit, d'œuvre, la partie d'une œuvre, le titre, l'auteur.Lire une lettre, un livre, un journal, un roman, le Capital, tout Flaubert, une notice, un poème, la préface, le dernier chapitre. [Clemenceau] Journaliste célèbre que personne ne lit. Écrivain détestable dont on vante le style (Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. 159):
6. Voilà certes une édition modèle. Mais savez-vous l'effet le plus sûr de ce luxe intelligent d'explications et de commentaires? On lit l'introduction, on parcourt les notes, on effleure les notices (...). Et puis... on oublie de lire les Oraisons funèbres, car ce n'est presque plus la peine... Lemaitre, Contemp.,1885, p. 186.
7. Il a connu Annie à la bibliothèque de la faculté; ils se sont trouvés deux jours de suite assis l'un en face de l'autre. Il lisait un gros Durkheim, elle feuilletait distraitement les Dialogues de Platon, elle a posé sur lui son regard profond... Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 102.
Lire (une œuvre, un auteur) dans le texte. Lire dans la langue d'origine. M. Dubois dédia sa vie aux arts et aux lettres. Il apprit le grec pour lire Homère dans le texte (France, Vie fleur,1922, p. 411).
Lire à livre ouvert. V. livre1I B 2 b.
Lire + compl. désignant le support matériel de l'écrit.Ils lançaient les paniers sans lire les étiquettes. Des « Paris » tombaient dans les « Est via Hirson » (Hamp, Marée,1908, p. 45).
Lire en diagonale*. Synon. feuilleter, parcourir, survoler.
Qqc. se lit
Se lire comme un roman. Algebra, analyse éblouissante de la puissance des grandeurs et de la vie des nombres, (...) ouvrage qui se lit comme un roman (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 80).
Se lire, se laisser lire.[P. oppos. à être illisible] Mériter d'être lu. Le jour je suis avec le Siècle de Louis XIV. On m'a dit que cet ouvrage de Voltaire pouvait se lire. C'est vrai, mais Voltaire s'y retrouve souvent, chaque fois d'abord qu'il est question de religion (E. de Guérin, Journal,1834, p. 26).
c) Emploi abs. Synon. de s'adonner à la lecture, bouquiner (fam.).Lamiel était abonnée à deux cabinets littéraires et passait sa vie à lire (Stendhal, Lamiel,1842, p. 183).Un garçon qui ne fait que lire... Il a été reçu le troisième, cette année, à l'École des Chartes. Où ça le mènera-t-il? Je vous le demande (Goncourt, Journal,1864, p. 116).Oui, c'est exact; maintenant les hommes jouent et ne lisent plus; ce sont les femmes dites du monde qui achètent les livres et déterminent les succès ou les fours (Huysmans, Là-bas, t. 2, 1891, p. 108):
8. Il désigna son roman posé en évidence sur un guéridon. − Tu l'as lu? − Je l'ai regardé. Elle hésita : « C'est bête, je ne sais pas lire. − Ça t'ennuie? − Non; mais je me retrouve tout de suite en train de rêver à autre chose. Je pars sur un mot (...) ». Beauvoir, Mandarins,1954, p. 279.
2. Dire à haute voix le contenu d'un texte qu'on lit. Il a envoyé chercher un volume de Racine; il a d'abord commencé la comédie des Plaideurs; mais après une ou deux scènes il nous a lu Britannicus (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 432).Cet ami, ce vieil ami qui a formé ma jeunesse, qui me lisait Baudelaire quand j'avais quatorze ans (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 287).
Synon. de proclamer, donner lecture :
9. Des portes ont claqué. Des gens couraient dans des escaliers dont je ne savais pas s'ils étaient proches ou éloignés. Puis j'ai entendu une voix sourde lire quelque chose dans la salle. Camus, Étranger,1942, p. 1199.
[En incise, sur le modèle de dit-il ] :
10. − (...) Lisez-nous encore un peu de ce livre, messiou. Aurelle tourna quelques pages. « Les autres peuples, lut-il, accusent les Anglais d'incivilité (...) » Maurois, Silences Bramble,1918, p. 58.
3. Attribuer une signification par-delà le sens littéral. Synon. interpréter, comprendre.M. Rouvier ne devait pas être « indifférent » (lisez hostile) aux intrigues de l'étranger contre son ministre (Maurras, Kiel et Tanger,1914, p. 223).
Lire entre les lignes (au fig.). Deviner la réalité, la pensée non formulée par-delà le sens littéral. Serait-il tellement classique de ne pas désirer la femme qu'on aime? Les romanciers, même Stendhal, donnent peu de renseignements sur ce point capital; j'essaie pourtant de lire entre les lignes (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 88):
11. Ce que Nore lui disait l'intéressait toujours infiniment moins que ce qu'elle croyait découvrir par l'emploi de certaines expressions, par l'arrangement de certaines phrases, par la marche plus ou moins pressée, plus ou moins lente de l'écriture. Elle lisait entre les lignes des choses désolantes souvent, consolantes quelquefois, et, ça et là, poignantes par le bonheur qu'elles lui causaient. Gobineau, Pléiades,1874, p. 135.
[En parlant d'une œuvre littér.] Interpréter, comprendre. Qu'il y ait des clefs profondes de la pensée et de l'action selon lesquelles lire tout le spectacle, cela ne regarde pas en général le spectateur, qui ne s'y intéresse pas. Mais encore faut-il qu'elles y soient; et cela nous regarde (Artaud, Théâtre et son double,1938, p. 111):
12. Lire cependant n'est pas un geste parasite, le complément réactif d'une écriture que nous parons de tous les prestiges de la création et de l'antériorité (...). Lire, en effet, est un travail de langage. Lire, c'est trouver des sens, et trouver des sens, c'est les nommer. R. Barthes, S/Z, Paris, Éd. du Seuil, 1970, p. 17.
En partic., vieilli. Faire l'explication d'un texte (v. leçon) :
13. Lire un texte, c'était au temps d'Abélard l'étudier et le commenter. Le maître, après un cours d'introduction sur l'auteur qu'il allait lire, son ouvrage, les circonstances de sa composition, passait à l'exposition, c'est-à-dire au commentaire proprement dit. R. Pernoud, Héloïse et Abélard, Paris, Albin Michel, 1980 [1970], p. 19.
II. − Au fig.
A. − Deviner les événements à partir de signes. Lire l'avenir dans le marc de café; lire les lignes de la main, les cartes. Comme on cherche à lire l'avenir dans les boules du cristal le plus transparent (Gracq, Syrtes,1951, p. 39).
B. − Deviner les sentiments ou les pensées informulés ou cachés d'après l'expression des yeux, du visage p. ex. Pour cette fois, ni le président ni le duc n'osèrent se fâcher, quoique Julien crût lire dans leurs yeux qu'ils en avaient bonne envie (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 377).Puis il ramène son regard sur moi; je lis sur son visage une interrogation muette (Sartre, Nausée,1938, p. 152):
14. Gérard lisait dans les lueurs orageuses de ses yeux gris et les lignes rigides de ses lèvres pâles les signes précurseurs d'une grande colère. Theuriet, Mariage Gérard,1875, p. 180.
Lire dans le cœur, dans les pensées. Mais au bout de quinze jours, elle avait lu clairement dans mon cœur; elle comprit qu'en la voyant sincère, je l'étais devenu à mon tour (Musset, Confess. enf. s.,1836, p. 286).Il me connaît, il lit dans mes pensées, il devine que moi aussi je suis à bout (Mauriac, Mal Aimés,1945, III, 4, p. 236).
Lire qqn.Je te lis à livre ouvert, va. D'ailleurs, tu ne te donnes pas la peine de cacher ce que tu penses (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 32).
Lire dans le jeu de qqn. V. jeu I C 2.
Rem. Rare, au sens de « espionner ». Ensuite [dans un libelle contre Napoléon] c'était une combinaison d'espions et d'agents, à l'aide desquels l'Empereur lisait dans l'intérieur de toutes les familles en France, et perçait dans l'obscurité de tous les cabinets de l'Europe (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 263).
Qqc. se lit dans, sur.Se deviner, se voir sur. Malgré ses joues et ses pommettes roses, il y avait autour de ses yeux, à son front, par endroits, une pâleur violente où se lisait tout son trouble (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 262).La proposition et l'acceptation simultanées se lisent sur ces hautes dents luisantes de salive et toutefois menaçantes, se lisent dans ces yeux pleins d'étincelles et de larmes (Jouve, Scène capit.,1935, p. 223).
C. − Deviner, comprendre à partir d'indices. Il est allé guetter le renard (...). Si on sait lire dans les bruits de l'air on apprend qu'il couche là, qu'il va de là à là (Giono, Regain,1930, p. 99).Je me serre contre ma fenêtre. J'essaie de lire sous moi. J'essaie de découvrir des feux, des signes (Saint-Exup., Terre hommes,1939, p. 216):
15. Elle a dû tomber une première fois; son panier a roulé dans des buissons où on l'a retrouvé. Oh! on a pu tout lire, disent-ils, toute son histoire, comme si elle l'avait écrite exprès pour nous. Ramuz, Gde peur mont.,1926, p. 160.
[Le compl. d'obj. direct désigne ce qui est déchiffré] Pour comprendre et lire la ville de Londres, il faut connaître la littérature anglaise (L. Daudet, Entre-deux-guerres,1915, p. 291).À contempler de telles images, à lire les images du livre de Bachelin, on rumine de la primitivité (Bachelard, Poét. espace,1957, p. 47).
Qqc. se lit.Se comprendre, s'interpréter :
16. La composition peut se lire comme une combinaison rythmique de lignes et de couleurs, où le rouge chaud de Nicodème balance le bleu froid de la Vierge, selon la même harmonie qui oppose les rousses frondaisons de l'automne à l'azur pâle du crépuscule. Mais elle peut exprimer aussi, avant tout, l'écrasante lourdeur du corps divin abandonné irrémédiablement par son âme... Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 99.
III.
A. − ÉLECTRON. Parcourir un enregistrement et restituer les sons. Écoutez le son, tel que le lit une cellule de lecture, un enfant dira : « C'est une tierce, au piano » (Schaeffer, Rech. mus. concr.,1952, p. 53).
B. − INFORMAT. ,,Reconnaître et extraire des données inscrites sur un support d'information`` (Le Garff 1975). Lire une carte, une bande magnétique, un fichier (Le Garff 1975).
C. − TEXT. Lire un dessin. Percer dans un ordre déterminé les cartons nécessaires pour transposer le dessin sur le tissu. (Dict. xixeet xxes.).
REM.
Lisotter, verbe trans.Lire en parcourant, sans une attention soutenue. Beaucoup lisotté sans but (philosophie, histoire, érudition, critique, etc.) (Amiel, Journal,1866, p. 39).En faisant un paquet de tous les journaux qui ont parlé de La Fille Élisa, je les lisotte en les pliant (Goncourt, Journal,1877, p. 1194).
Prononc. et Orth. : [li:ʀ], (il) lit [li]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1050 « suivre des yeux les caractères d'une écriture et pouvoir les identifier » (Alexis, éd. Chr. Storey, 374); 2. a) ca 1050 « énoncer à haute voix » (ibid., 377); b) 1642 « expliquer un auteur (en parlant d'un professeur) » (La Mothe Le Vayer, De la vertu des payens, p. 124); 3. a) ca 1119 « prendre connaissance d'un livre pour s'instruire » (Philippe de Thaon, Comput, 2579 ds T.-L.); b) ca 1165 « prendre connaissance du contenu (ici d'une inscription) par la lecture » (Benoît de Sainte-Maure, Troie, 16811); 4. 1306 lire quelqu'un (Joinville, Vie de Saint Louis, éd. N. Corbett, p. 223, § 668); 5. av. 1630 lire aux langues « avoir l'intelligence d'une langue étrangère » (A. D'Aubigné, Sa vie. A ses enfants ds Œuvres, éd. H. Weber, p. 385); 1694 lire le grec (Ac.); 6. 1764 « adopter telle ou telle leçon (dans une édition de textes) » (Voltaire, Dictionnaire philos. ds Littré). B. Fig. 1. 1592 lire dans les yeux « discerner, reconnaître comme par un signe » (Montaigne, Essais, I, 1, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 9); 2. 1636 « déchiffrer, comprendre le sens de certains signes » (Corneille, Cid, IV, 1, 1131). C. Technol. 1. 1723 text. lire un dessein (Savary); 2. 1765 mus. (Encyclop. t. 9). Du lat. legere « ramasser, recueillir, lire des yeux, lire à haute voix ». Fréq. abs. littér. Lire : 20 674. Lisant : 1 688. Lu : 8 385. Fréq. rel. littér. Lire : xixes. : a) 27 249, b) 34 604; xxes. : a) 30 590, b) 27 725. Lisant : xixes. : a) 2 696, b) 3 016; xxes. : a) 2 176, b) 1 952. Lu : xixes. : a) 12 717, b) 13 955; xxes. : a) 11 245, b) 10 567. Bbg. Busse (W.). Klasse, Transitivät... München, 1974, 273 p. - Henschel (B.). Qq. dat. nouv. du xviiies. Fr. mod. 1969, t. 37, pp. 113-131 (s.v. lisotter).

LIRE2, subst. fém.

Unité monétaire de l'Italie. Une main frappe (...) sur le carreau, la main du contrôleur (...) et vous cherchez (...) votre portefeuille (...) avec votre passeport (...) quelques milliers de lires (Butor, Modif.,1957, p. 46).
Prononc. : [li:ʀ]. Étymol. et Hist. 1592 (P. Brouzon, lettre de Gênes du 15 oct. in Lettres de négociants marseillais : les frères Hermite, éd. M. Baulant, 96 d'apr. R. Arveiller ds Mél. Wathelet-Willem (J.), p. 16). Empr. à l'ital.lira, unité de monnaie, attesté dep. le xiiies. (Malispini ds Batt.), de même orig. que le fr. livre, anc. unité monétaire (livre2*). Fréq. abs. littér. : 30.

Wiktionnaire

Nom commun - français

lire \liʁ\ féminin

  1. Monnaie utilisée en Italie avant l’usage de l’euro.
    • Un euro vaut environ 1936 lires.
  2. Monnaie de la Turquie.

Verbe - français

lire \liʁ\ (voir la conjugaison) 3e groupe (voir la conjugaison)

  1. Interpréter des informations écrites sous forme de mots ou de dessins sur un support.
    • On lit ce livre absolument comme au bord de la cascade on entendrait, rêveur, le gazouillement des eaux. — (Jules Michelet, Du prêtre, de la femme, de la famille, 3e éd., Hachette & Paulin, 1845, page 133)
    • […] ; je me souviens d’avoir lu autrefois, dans un manuel de Paul Bert, que le principe fondamental de la morale s’appuie sur les enseignements de Zoroastre et sur la Constitution de l’an III ; […]. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, chapitre VII, La morale des producteurs, 1908, page 315)
    • […], mais vous comprenez bien qu’on ne donne pas une égale attention à tout ce qu’on lit ou qu’on parcourt dans les colonnes des journaux […]. — (Louis Pergaud, Un point d’histoire, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Une auto qui venait en sens inverse éclaira un instant la borne kilométrique et Joseph Mittel se pencha juste à temps pour lire : Forges-les-Eaux, 2 km. — (Georges Simenon, Long cours, Éditions Gallimard, 1936, chapitre 1)
    • Il était célèbre par une obstination admirable à apprendre à écrire et à lire ; le résultat ne fut pas étonnant ; il faut croire qu’il est bien difficile d’apprendre à lire ; […]. — (Alain, Souvenirs de guerre, page 75, Hartmann, 1937)
    • Mais lire, c’est surtout entrer en soi-même, apprendre à se considérer comme un monde de signes, de messages codés, de rébus. — (Philippe Sollers, Éloge de l’infini, Gallimard, page 619)
  2. Suivre des yeux ce qui est écrit ou imprimé, avec la connaissance des sons que les lettres figurent ; soit en ne proférant pas les mots, soit en les proférant à haute voix.
    • Ce qui m’étonne, c’est que le propriétaire dudit bouquin ne semble pas le lire de droite à gauche. Est-ce qu’il ne serait pas imprimé en caractères chinois ? — (Jules Verne, Claudius Bombarnac, chapitre VI, J. Hetzel et Cie, Paris, 1892)
    • Devenue totalement sourde, cette cagole de Catherine ne leur prêtait nulle attention. Un mince sourire flottait sur son visage et elle lisait. — (Maurice Lemoine, Les cités interdites, Éditions de l'Encre, 1987, page 129)
  3. Prendre connaissance et comprendre un texte écrit.
    • Il est de jeunes écrivains qui ne lisent pas Hugo. C’est pourquoi ils ont tant de certitudes heureuses et atteignent promptement au talent. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 67)
    • J’ai beaucoup lu sur Péguy, ce fils de rempailleuse de chaises devenu Normalien, dreyfusard acharné, socialiste de sang et de flammes, polémiste frontal. — (François-Xavier Putallaz, ‎Nicolas Buttet et ‎Pascal Décaillet, Coups de griffe: chroniques des Temps qui courent, Éditions Saint-Augustin, 2006, page 219)
    • Il est vrai qu'il paraît inutile d'apprendre ce qui est écrit dans les livres puisque ça y est, encore faut il pouvoir l'y trouver et donc de savoir lire, privilège maintenant réservé à une frange minoritaire de la population qui a la chance de naître dans une famille […], ayant le souci et la patience d'apprendre la lecture à sa progéniture. — (Jean-Claude Besso, Les Commentaires du docteur Agasse, Société des Écrivains, 2010, page 55)
  4. Comprendre ce qui est écrit ou imprimé dans une langue étrangère.
    • Il ne parle pas l’anglais, mais il le lit avec assez de facilité.
  5. (Musique) (Par analogie) Parcourir des yeux une musique notée, avec la connaissance des sons que les notes figurent et des diverses modifications que ces sons doivent recevoir.
    • Une recette, c’est comme une partition. La musicienne lit les notes qui se présentent à elle et, simultanément, elle en entend la mélodie : les voir c’est les entendre, avant même de les jouer. — (Françoise Vergès, À vos mangues !, traduction de Dominique Malaquais, dans Politique africaine, 2005/4, n° 100, p. 319)
  6. Prononcer à haute voix, avec l’intonation voulue, ce qui est écrit ou imprimé.
    • Il lit bien, il lit mal.
    • Il lit distinctement.
    • Il ne sait pas lire.
    • Il nous a lu un long discours.
    • Je vais vous lire mes vers.
    • Ce prince avait l’habitude de se faire lire quelque bon livre pendant ses repas.
  7. S’instruire, s’amuser, s’informer, etc. par la lecture.
    • Lire un volume de vers, un roman, un billet, une lettre, la messe, une dépêche chiffrée.
    • (Absolument) Il passe son temps à lire.
    • (Absolument) Lire n'est pas du temps pris à la vie : c'est vivre plus. — (Dominique Lebel, L'entre-deux-mondes, Montréal, Boréal, 2019, page 109)
    • (Figuré) C’est un ouvrage qu’on ne peut lire, se dit d’un ouvrage ennuyeux, ou mal écrit, ou surtout licencieux.
    • (Figuré) (Familier) Ce livre, cet ouvrage se laisse lire, On le lit sans fatigue, sans ennui.
  8. Se dit encore en parlant de quelque livre qu’un professeur explique ou fait expliquer à ses auditeurs et qu’il prend pour sujet des leçons qu’il leur donne.
    • Notre professeur nous lisait Homère.
  9. (Figuré) Comprendre par l'observation un sens caché qui est au-delà des apparences.
    • L’ivresse se lisait dans ses yeux, une ivresse crâne et satisfaite qui lui arrachait quelquefois de gros rires. — (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
    • A quoi songes-tu donc ? s’informa la maîtresse du logis, surprise de l’inattention qu’elle lisait dans les yeux de l’artiste. Tu n’as pas de contrariétés. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • De temps à autre, elle regardera dehors et fera la lippe. Je lirai dans ses yeux ce que je lis dans les yeux de tous. L'ennui. — (Marcel Godin, Ce maudit soleil, Éditions Robert Laffont, 1965, chapitre 1)
    • Je la regardais — minutes silencieuses où l'on n'entendait que le tic-tac de l'horloge accrochée au mur — et j'essayais de lire dans son visage muet, mais rien d'elle ne m'était familier. — (Stefan Zweig, La peur, traduit de l'allemand par Alzir Hella, éditions Grasset, 1935, 2002)
    • Après tout, si on peut lire un dessin, lire les lignes de la main, lire dans le ciel le mauvais temps qui se prépare, ou lire les pensées dans le visage du renfrogné qui n'a pas ouvert la bouche, pourquoi ne pourrait-on apprendre à lire ce qui n'est écrit qu'entre les lignes? — (Antonine Maillet, Clin d’œil au Temps qui passe, Leméac, 2019, page 159)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

LIRE. (Je lis; nous lisons, etc. Je lus. Je lirai. Lis. Que je lise.) v. tr.
Suivre des yeux ce qui est écrit ou imprimé, avec la connaissance des sons que les lettres figurent; soit en ne proférant pas les mots, soit en les proférant à haute voix. Apprendre à lire. Lire couramment. Il ne sait ni lire ni écrire. Il lit bien le grec, l'hébreu. Il s'est fatigué la vue à lire de vieux manuscrits. Une écriture difficile à lire. Il signifie quelquefois Comprendre ce qui est écrit ou imprimé dans une langue étrangère. Il ne parle pas l'anglais, mais il le lit avec assez de facilité. Par analogie, Lire la musique, Parcourir des yeux une musique notée, avec la connaissance des sons que les notes figurent et des diverses modifications que ces sons doivent recevoir. Il signifie aussi Prononcer à haute voix, avec l'intonation voulue, ce qui est écrit ou imprimé. Il lit bien, il lit mal. Il lit distinctement. Il ne sait pas lire. Il nous a lu un long discours. Je vais vous lire mes vers. Ce prince avait l'habitude de se faire lire quelque bon livre pendant ses repas. Il se dit encore en parlant des Lectures qu'on fait pour s'instruire, pour s'amuser, pour s'informer, etc. Lire un volume de vers. Lire un roman. Lire un billet, une lettre. Lire la messe. Lire une dépêche chiffrée. Dans le premier sens, on l'emploie souvent absolument. C'est un homme qui a beaucoup lu. Il passe son temps à lire. Fig., C'est un ouvrage qu'on ne peut lire, se dit d'un Ouvrage ennuyeux, ou mal écrit, ou surtout licencieux. Fig. et fam., Ce livre, cet ouvrage se laisse lire, On le lit sans fatigue, sans ennui.

LIRE se dit encore en parlant de Quelque livre qu'un professeur explique ou fait expliquer à ses auditeurs et qu'il prend pour sujet des leçons qu'il leur donne. Notre professeur nous lisait Homère. Il signifie au figuré Pénétrer quelque chose d'obscur ou de caché. Lire dans la pensée, dans le cœur, dans les yeux de quelqu'un. Je lis sur votre visage que vous êtes mécontent. Lire dans les astres, dans l'avenir.

Littré (1872-1877)

LIRE (li-r'), je lis, tu lis, il lit, nous lisons, vous lisez, ils lisent ; je lisais ; je lus ; je lirai ; je lirais, lis, lisons ; que je lise, que nous lisions ; que je lusse ; lisant ; lu, lue v. a.
  • 1Connaître les lettres et savoir les assembler en mots. Cet enfant commence à lire des phrases. Une écriture malaisée à lire. Suivant l'opinion commune, moins les yeux ont de la peine à lire un ouvrage, plus l'esprit a de liberté à en juger, Pellisson, Hist. Acad. t. I, p. 26.

    Absolument. Cet enfant apprend à lire. Il ne sait ni lire ni écrire. Cet enfant lisait à quatre ans. On donnera le livre à un homme qui ne sait pas lire, et on lui dira : lisez, et il répondra : je ne sais pas lire, Sacy, Bible, Isaïe, XIX, 12. Son visage était triste et beau ; à la lueur de mon flambeau, Dans mon livre ouvert il vint lire, Musset, Poés. nouv. Nuit de décembre.

    Par exagération. Ne pas savoir lire, être fort ignorant. Nous recevons aujourd'hui [à l'Académie française] l'évêque de Limoges qui ne sait pas lire, et Batteux qui ne sait pas écrire, mais en revanche nous avons un directeur qui sait lire et écrire, qui s'en pique du moins, D'Alembert, Lett. à Volt. 9 avr. 1761.

    Lisez, se met dans les errata pour indiquer ce qu'il faut lire en place de ce qui est fautif. Cet homme faisait imprimer un petit code de persécution, intitulé : l'Accord de la religion et de l'humanité ; c'est une faute de l'imprimeur ; lisez de l'inhumanité, Voltaire, Polit. et législ. De la tolérance, Post-scriptum.

    Terme de typographie. Lire sur le plomb, lire, sur l'œil d'un caractère, le contenu d'une page, ou seulement d'une ligne.

  • 2Prononcer à haute voix ce qui est écrit ou imprimé. Lire haut, tout haut. Il m'a fallu lire ma pièce chez madame la marquise, Molière, Critique, 7. Asseyez-vous donc, monsieur Lysidas ; nous lirons votre pièce après souper, Molière, ib. 7.

    Absolument. Il lit bien. Il lit mal. Il ne lit pas distinctement.

  • 3Prendre connaissance du contenu d'un écrit, d'un livre. Elle [l'Église] voyait tout l'empire conjuré contre elle ; elle lisait à tous les poteaux et à toutes les places publiques les sentences épouvantables que l'on prononçait contre ses enfants, Bossuet, 2e serm. Pentec. 1. Il avait lu cent treize fois le Nouveau Testament de Jésus-Christ avec application et avec respect, Fléchier, Duc de Mont. Lisez, lisez l'arrêt détestable, cruel…, Racine, Esth. I, 3. Sans cesse il faut armer contre leur souvenir Un inflexible vers que lira l'avenir, Chénier M. J. Ép. à Volt.

    Absolument. Lire avec application. Dedans l'oisiveté jamais enseveli, Toujours confère, prie, écris, médite, li, Corneille, Imit. I, 19. Qu'on est heureux d'aimer à lire ! Sévigné, 15 juin 1689. On songe plus à lire beaucoup qu'à lire utilement, Rollin, Traité des Ét. liv. I, ch. 3. On lit très peu ; et, parmi ceux qui veulent quelquefois s'instruire, la plupart lisent très mal, Voltaire, l'Homme aux 40 écus, Des proportions.

    Lire que, trouver dans un écrit, dans un livre que… Nous ne lisons point que ses parents [de Jésus] aient jamais eu de domestiques, semblables aux pauvres gens dont les enfants sont les serviteurs, Bossuet, Élévat. sur myst. XX, 8.

    Lire des doigts, parcourir rapidement un livre en le feuilletant. Voici ce que M. Basnage le ministre m'a dit à Rotterdam en 1707, que M. Bayle lisait beaucoup des doigts, c'est-à-dire qu'il parcourait beaucoup plus qu'il ne lisait, et qu'il tombait toujours sur l'endroit essentiel et curieux du livre, D'Artigny, Nouv. mém. t. I, p. 319.

    On dit dans le même sens : lire des yeux.

    Fig. C'est un ouvrage qu'on ne peut lire, se dit d'un ouvrage ennuyeux, ou mal écrit, ou licencieux.

    Familièrement. Ce livre, cet ouvrage se laisse lire, on le lit sans fatigue, sans ennui. Elle [une histoire] se laisse lire en perfection, Sévigné, 17 mai 1680.

  • 4Lire la musique, connaître, en parcourant des yeux une musique notée, les sons que les notes figurent, et les modifications que ces sons doivent recevoir. Il lit facilement la musique. Il lit à livre ouvert.

    Lire la musique, signifie aussi l'exécuter à livre ouvert. Lire beaucoup de musique, l'exécuter sans étude.

  • 5Expliquer. Un régent qui lit Virgile à ses écoliers. Depuis qu'Albert le Grand et saint Thomas principalement se furent donné la peine d'expliquer autant qu'il leur fut possible tous les mystères de notre religion avec les termes de la philosophie péripatétique, nous voyons qu'elle s'est tellement établie partout, qu'on n'en lit plus d'autres par toutes les universités chrétiennes, La Mothe le Vayer, Vertu des païens, II, Aristote.

    On dit dans ce sens à un écolier : Quel auteur vous lit-on dans votre classe ?

  • 6Comprendre ce qui est écrit ou imprimé dans une langue étrangère. Il ne parle pas l'allemand, mais il le lit couramment.
  • 7Lire se dit quelquefois pour suivre une certaine leçon dans un texte qui en a plusieurs. Philoponus, là où il déclare qu'il rapporte les propres termes de Phlégon, lit d'une seconde façon, Maxime d'une troisième, et Madela d'une quatrième, en sorte qu'il s'en faut de beaucoup qu'ils rapportent le passage de la même manière, Voltaire, Dict. phil. Éclipse.
  • 8 Fig. Reconnaître, discerner quelque chose par une espèce de travail que l'on compare à la lecture. Ces tristes vêtements où je lis mon malheur, Corneille, Cid, IV, 1. Il lit au front de ceux qu'un vain luxe environne, Que la fortune vend ce qu'on croit qu'elle donne, La Fontaine, Phil. et Baucis. Le pécheur s'éloigne de Dieu, et il n'y a page dans son Écriture en laquelle il ne lui reproche son éloignement ; mais, sans le lire dans l'Écriture, nous pouvons le lire dans nos consciences, Bossuet, 2e sermon, Jeudi de la sem. de la Pass. I. Soit que je n'ose encor démentir le pouvoir De ces yeux où j'ai lu si longtemps mon devoir, Racine, Brit. II, 2. Dans le secret des cœurs, Osmin, n'as tu rien lu ? Racine, Bajaz. I, 1. Je lis dans vos regards la douleur qui vous presse, Racine, Iphig. III, 5. Lire en un songe obscur les volontés des cieux, Racine, Esth. II, 1. On lit dans ses regards sa fureur et sa rage, Racine, ib. III, 3. Ah ! dans ses yeux confus je lis ses perfidies, Racine, ib. 6. Il n'appartient qu'à elles [aux femmes] de faire lire dans un mot tout un sentiment, La Bruyère, I. Je lis dans l'avenir un sort épouvantable, Voltaire, Œdipe, IV, 1.

    Lire sur. On lit dessus leur front l'allégresse de l'âme, Corneille, Rodog. V, 2. D'où vient ce noir chagrin qu'on lit sur son visage ? Boileau, Épigr. XXXIV. Il se déguise en vain, je lis sur son visage Des fiers Domitius l'humeur triste et sauvage, Racine, Brit. I, 1. Sur ce visage austère, où régnait la tristesse, Henri lut aisément sa honte et sa faiblesse, Voltaire, Henr. IX.

    Absolument. Pensez-vous avoir lu jusqu'au fond de son âme ? Corneille, Cinna, III, 1. Elle a lu dans mon cœur, vous savez le surplus, Corneille, ib. v, 3. Ne devais-tu pas lire au fond de ma pensée ? Racine, Andr. v, 3. Vous lisez de trop loin dans les secrets des cieux, Racine, Iphig. I, 2. …Vous m'avez vue attachée à vous nuire ; Dans le fond de mon cœur vous ne pouviez pas lire, Racine, Phèdre, II, 5. Il a lu dans le cœur de tous les hommes, Massillon, Carême, Évid. Berger, sur cet azur tranquille De lire on te croit le secret, Béranger, Étoiles qui filent.

  • 9Expliquer les motifs des dessins aux ouvriers qui doivent les exécuter dans une fabrique de tissus ouvrés ou imprimés.
  • 10Se lire, v. réfl. Être lu. Il est certain que plusieurs des vers attribués à la sibylle dans l'exhortation qui se trouve parmi les œuvres de saint Justin ne se lisent point dans notre recueil, Voltaire, Dict. phil. Sibylle. Je n'entretiendrai pas Votre Majesté de toutes les sottises qui se font, et qui se disent, et qui se lisent ou ne se lisent pas, dans le séjour que j'habite, D'Alembert, Lett. au roi de Prusse, 9 oct. 1778.

    Impersonnellement. Il se lit que…, on lit que… Il ne se lit point que jamais un tableau tout entier ait été produit de cette sorte, Corneille, Mélite, Préface.

    Fig. Sur mes yeux égarés ma tristesse se lit, Régnier, Élég. I. Pour moi, j'aime les gens dont l'âme se peut lire, Gresset, Méchant, I, 5.

REMARQUE

1. Il faut dire : lis-je ? et non lisé-je, qui est un grossier barbarisme.

2. À l'impératif Corneille a dit li, par un archaïsme reçu en poésie.

HISTORIQUE

XIIe s. Veez en ci la chartre, comandez qu'on la lise, Sax. XXIII. Il prist un livre, si i lit sans faillance, Ronsciv. p. 165. Jamais par moi n'ert leüs vers ne lais, Couci, XXII.

XIIIe s. Bele Doette, as fenestres seant, Lit en un livre, mais au cuer [cœur] ne l'entent, Romanc. p. 46. Quant l'evangile fu liz, Blanchandin, ms. de St-Germain, f° 192, dans LACURNE. Cil sains preudom la lettre lut ; Li lires mult li abelut [plut], Rutebeuf, II, 155. La lettre fu liute, Chr. de Rains, 133.

XIVe s. Le sauf conduit a pris, si le fait recorder ; Car lire ne savoit, n'escripre, ne compter, Guesclin. 1610. Plus avoir ne pouvons de leur fait [des anciens] que le lire ; En lisant les veons ; nuls homs n'en puet [peut] plus dire ; Lires est noble chouse…, Girard de Ross. Prologue.

XVe s. Depuis on legy tous ses forfaits pour lesquels il recevoit mort, Froissart, III, IV, 14. Jean Fernando… apporta lettres au chanoine de Robertsart ; le chanoine les lisit, Froissart, II, II, 139.

XVIe s. Arreste-toi, lisant, Ci-dessous est gisant… Ce renommé Langeay, Marot, III, 263. Si bien qu'il lisoit aux quatre langues [français, latin, grec, hébreu] à six ans, D'Aubigné, Mémoires, éd. LALANNE, p. 4. Lisant dans les yeux, Montaigne, I, 4. Pour luy lire sa grace, Montaigne, I, 91. Autant vaut celui qui chasse et rien ne prend, comme celuy qui lit et rien n'entend, Cotgrave

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Étymologie de « lire »

(Verbe) Du latin lĕgĕre (« id. »), proprement « recueillir »
(Nom commun) De l’italien lira, du latin libra (« livre », le poids).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Wallon, lére, choisir ; provenç. legir, ligir ; catal. llegir ; espagn. leer ; portug. ler ; ital. leggere ; du lat. legere, proprement recueillir, puis lire ; grec λέγειν, recueillir et dire. Le participe liz vient de lectus ; le participe leüs ou lu suppose un verbe leir, irrégulièrement formé.

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Phonétique du mot « lire »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
lire lir

Fréquence d'apparition du mot « lire » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « lire »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « lire »

  • Léon se mettait près d’elle ; ils regardaient ensemble les gravures et s’attendaient au bas des pages. Souvent, elle le priait de lui lire les vers ; Léon les déclamait d’une voix traînante et qu’il faisait expirer soigneusement aux passages d’amour. 
    Gustave Flaubert — Madame Bovary
  • Il meurt à juste titre dans le déshonneur celui qui n'aime pas les livres et n'a pas confiance en eux.
    Anonyme — Roman de Renart
  • Je n'ai jamais rien demandé à ce que je lis que le vertige.
    Louis Aragon — J'abats mon jeu, Éditeurs français réunis
  • La lecture est un bonheur qui demande plus d'innocence et de liberté que de considération.
    Maurice Blanchot — Le Livre à venir, Gallimard
  • Lire est doux ; relire est - quelquefois - plus doux encore.
    Emile Faguet — L'art de lire
  • En comptant 45 secondes pour lire un sonnet et 15 secondes pour changer les volets à 8 heures par jour, 200 jours par an, on a pour plus d’un million de siècles de lecture, et en lisant toute la journée 365 jours par an, pour 190 258 751 années plus quelques plombes et broquilles (sans tenir compte des années bissextiles et autres détails).
    Raymond Queneau — Cent mille milliards de poèmes
  • Entendre ou lire sans réfléchir est une occupation vaine ; réfléchir sans livre ni maître est dangereux.
    Confucius en chinois Kongzi ou Kongfuzi [maître Kong] — Entretiens, I, 2 (traduction S. Couvreur)
  • Qui sait lire et écrire a quatre yeux.
    Proverbe albanais
  • Un livre vous déplaît : qui vous force à le lire ?
    Nicolas Boileau dit Boileau-Despréaux — Satires
  • Il ne s'agit pas de beaucoup lire, mais de bien lire.
    Aristippe
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Traductions du mot « lire »

Langue Traduction
Anglais read
Espagnol leer
Italien leggere
Allemand lesen
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Basque irakurri
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Synonymes de « lire »

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Antonymes de « lire »

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