La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « limite »

Limite

Variantes Singulier Pluriel
Féminin limite limites

Définitions de « limite »

Trésor de la Langue Française informatisé

LIMITE, subst. fém.

A. − Ligne qui détermine une étendue, une chose ayant un développement spatial; ligne qui sépare deux étendues. Synon. borne, frontière.La limite de la langue bretonne est entre Loudéac et Pontivy (Michelet, Journal,1831, p. 89).Une ligne d'établissements humains correspond souvent à la limite où l'olivier, avec les cultures qui l'accompagnent, cède la place au châtaignier (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 88).Les limites cellulaires sont toujours très nettes, marquées fréquemment par des condensations protoplasmiques, des membranes même dans certains cas (Policard, Histol. physiol.,1922, p. 166).En Palestine, Baudoin fondait dans ses limites historiques le royaume de Jérusalem (Grousset, Croisades,1939, p. 70).Je vis, à la limite du front et de la chevelure (...) jaillir (...) des perles de sueur (Vercors, Silence mer,1942, p. 78):
1. Il fallait y regarder attentivement pour comprendre où se terminait la mer, où le ciel commençait, tant la limite était douteuse, tant l'un et l'autre avaient la même pâleur incertaine (...) et le même infini. Fromentin, Dominique,1863, p. 164.
SYNT. Limite(s) du monde, d'un pays, d'un territoire, d'une ville, d'une zone; limite de l'horizon; limite du regard, de la vue; limite(s) changeante(s), extrême(s), naturelle(s), précise(s); dernière(s) limite(s) (de qqc.); atteindre, dépasser, franchir, passer, toucher la/les limites(s) (de qqc.); rester dans/entre les limites (de qqc.); sortir des limites (de qqc.); aller en dehors des limites (de qqc.); établir, fixer, tracer la/les limite(s) (de qqc. /entre deux choses); étendre, reculer la/les limite(s) (de qqc.); assigner, attribuer, fixer une/des limite(s) (à qqc.); arriver à la limite (de qqc.); aller jusqu'aux limites (de qqc.); au-delà, hors des limites (de qqc.); s'arrêter sur la limite (de qqc.); étendue qui n'a pas de limite(s), qui a qqc. pour limite, qui comprend qqc. dans ses limites; qqc. constitue, indique, marque la/les limites(s) (de qqc./entre deux choses); qqc. sert de limite (à qqc.); limite qui sépare deux étendues; limite(s) où commence, où finit qqc.; horizon, mer sans limite(s).
SPORTS, au plur. Lignes qui déterminent un terrain de sport. Limites d'un court. Les lignes droites, blanches et pures, des limites tracées à la chaux sur le gazon (Montherl., Olymp.,1924, p. 359).
En appos. Zone(-)limite. Au moment où la Nahe débouche à travers les arches du pont de pierre, sur le parapet duquel le lion de Hesse tourne le dos à l'aigle de Prusse (...) au moment, dis-je, où la Nahe (...) sort de dessous ce pont-limite, le bras vert de bronze du Rhin saisit brusquement la blonde et indolente rivière et la plonge dans le Bingerloch (Hugo, Rhin,1842, p. 231).
P. anal. Moment, espace de temps qui détermine une durée, qui sépare deux durées. Jusqu'ici nous ne sommes pas encore sortis des limites de l'équinoxe du printems (Dupuis, Orig. cultes,1796, p. 183).À la limite du moyen âge et des temps modernes, à l'époque de Philippe Le Bel, de Louis XI (Renan, Avenir sc.,1890, p. 451).Les couchants et les aurores étaient les douces limites de journées chaudes et bleues (Queffélec, Recteur,1944, p. 181).V. effiler ex. 3 :
2. Quant au présent, il se réduit à une pure limite, sans épaisseur, à un pur rapport entre le passé et le futur... J. Vuillemin, Essai signif. mort,1949, p. 181.
SYNT. Limites d'une saison; tel jour est la dernière limite pour les inscriptions; déborder la/les limite(s) du temps imparti; sans limite de durée, de temps.
Limite d'âge. Âge au-delà duquel on ne peut plus exercer une fonction, se présenter à un concours, à un examen. Entrer dans une administration à la limite d'âge; être maintenu en activité sans limite d'âge. J'avais souvent regretté que l'impitoyable limite d'âge l'ait, au moment de la guerre, éloigné de tout commandement (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 276).Songez qu'au concours mondial de beauté de cette année, la limite d'âge était de vingt-deux ans... (Montherl., Pitié femmes,1936, p. 1164).V. âge ex. 24.
SPORTS. Avant la limite. Avant la fin de la durée prévue pour un match. Choc de puncheurs pour le second combat [de boxe] entre Paderni, vainqueur de Fonteix, Mazilli, avant la limite (...) et Chiappini dont la puissance de frappe est légendaire (L'Œuvre,14 mars 1941).
En appos. Il faut (...) que j'arrive à joindre Maurice Boucher au téléphone et que je sache de lui la date limite à laquelle je puis remettre mes quinze pages (Du Bos, Journal,1928, p. 115).Je calculais avec désespoir : « On n'a pas le droit de se marier avant quinze ans! » Encore était-ce un âge limite (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 102).
B. − Au fig.
1. Ce qui détermine un domaine, ce qui sépare deux domaines. Limite entre la santé et la maladie; être à la limite du délire. La limite qui sépare l'erreur de la vérité n'est pas toujours facile à marquer, à fixer, à reconnaître (Ac.).La limite où se confondent la raison et la démence (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 688).La limite au-delà de laquelle l'excès commence est (...) variable, suivant les peuples ou les milieux sociaux (Durkheim, Divis. trav.,1893, p. 219).Distinguer la limite où le bovarysme cesse d'être l'expression d'un progrès normal pour dévier vers la pathologie (Gaultier, Bovarysme,1902, p. 226).Être à la limite de... (et de ...) :
3. J'ai (...) pleuré un peu. Je ne saurais dire combien cet état d'extase a duré. Car, petit à petit, cela tournait à l'extase, c'était à la limite de la douleur et de la joie. Duhamel, Terre promise,1934, p. 154.
2. Ce qui ne peut ou ne doit être dépassé. Je déplore mes écarts d'esprit ou de raison, la faiblesse et les courtes limites de mes facultés physiques et morales (Maine de Biran, Journal,1820, p. 271).L'obéissance, c'est la vertu de se soumettre. Jusqu'à quelle limite ceux qui obéissent doivent-ils obéir? (Barrès, Cahiers, t. 5, 1907, p. 115).Autour de moi, on prônait le dévouement, mais on lui assignait pour limites le cercle familial; hors de là, autrui n'était pas un prochain (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 180).
4. ... de nouvelles conférences eurent lieu (...) pour établir des prévisions nouvelles qui, tout en restant dans la limite des 420 millions imposés par le gouvernement, comprendraient certains travaux urgents qui avaient été omis dans le programme du 27 février. Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 57.
SYNT. Limite(s) de l'autorité, de la connaissance, du désespoir, de ses forces, de ses possibilités, du possible, du pouvoir, de la raison, de la science; limite(s) assignable(s), convenable(s), déterminée(s), étroite(s), extrême(s), idéale(s), permise(s), précise(s), raisonnable(s), rigide(s), rigoureuse(s); dans la limite des places disponibles; à l'intérieur des limites (de qqc.); bêtise, confiance, liberté, pouvoir sans limite(s); qui n'a pas, qui ne connaît pas de limite(s); pousser un raisonnement jusqu'aux dernières limites (à la limite); déterminer, fixer, indiquer la/les limite(s) (de qqc.); assigner, poser une/des limite(s) (à qqc.); faire éclater, reculer la/les limite(s) (de qqc.); atteindre, déborder, dépasser, franchir la/les limites(s) (de qqc.); sortir des limites (de qqc.); rester dans les limites du sujet; être compris, contenu, enfermé dans les limites (de qqc.); il y a une/des limite(s) (à qqc.)/à ne pas dépasser.
a) Locutions
À la limite. En poussant à l'extrême un raisonnement, une manière de voir, de sentir; en allant jusqu'au point idéal que peut atteindre une progression. On ne peut souhaiter la mort de tout le monde ni, à la limite, dépeupler la planète pour jouir d'une liberté inimaginable autrement (Camus, Chute,1956, p. 1508):
5. ... si, comme cela m'est arrivé de façon inoubliable, j'écoute, assis au fond d'une grotte, le bruit des flots, est-ce de la musique? Je réponds oui, à la limite. Schaeffer, Rech. mus. concr.,1952, p. 75.
Il y a des limites (à tout). Il ne faut pas exagérer. Que vous vous moquiez du monde, soit! Mais il y a des limites à tout (Courteline, Ronds-de-cuir,1893, 1ertabl., II, p. 34):
6. Le congrès socialiste sera quelque chose d'inouï. Il paraît qu'on y entendra Vera Sassoulitch, qui a tué, dans l'ancien temps, le préfet de Saint-Pétersbourg. Je comprends l'hospitalité française; mais il y a des limites. Duhamel, Terre promise,1934, p. 8.
b) En appos. Cas (v. cas1I B 2), concept, idée, situation (-) limite; prix, vitesse limite. Cet état limite où seule la conscience de pouvoir se tuer (...) rend tolérable un prolongement de l'existence (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 36).Le vol est comme une symbolisation limite de l'indiscrétion et de l'impudeur agressives, du moins le vol primitif (Mounier, Traité caract.,1946, p. 482):
7. La joie comme la cataplexie sont des états-limites, et échappent le plus souvent à l'expérience. Vuillemin, Essai signif. mort,1949, p. 112.
c) Le plus souvent au plur., en partic. Possibilités (intellectuelles) qui ne peuvent être dépassées. Limites de l'esprit humain, de l'intelligence; accepter,(re)connaître, trouver ses limites; chacun a ses limites. Son esprit [de Fontanes] d'ailleurs, si vif et si brillant, avait ses limites très-arrêtées, auxquelles on atteignait assez vite en causant avec lui (Sainte-Beuve, Chateaubr., t. 2, 1860, p. 121):
8. ... la limite de Gide et de son œuvre c'est que quand (...) on vit en contact permanent avec son plan personnel le plus profond, Gide ne vous est à peu près de rien. Du Bos, Journal,1925, p. 359.
d) Spécialement
MATH. Valeur dont une grandeur peut s'approcher sans jamais l'atteindre. Cet infini mathématique dont le caractère est tout négatif puisque le propre de la limite c'est de n'être jamais atteinte (Blondel, Action,1893, p. 58).Dans le dernier tiers du xixesiècle (...) Dini et Arzelà précisent les conditions nécessaires pour que la limite d'une suite de fonctions continues soit continue (Bourbaki, Hist. math.,1960, p. 229):
9. ... on dit qu'une fonction f (x) est (...) différentiable en un point x si, lorsque x' tend vers x, le rapport de (f)x'-(f)x à x'-x tend vers une limite bien déterminée, appelée dérivée de f(x) au point x. Gds cour. pensée math.,1948, p. 279.
PHYS. Valeur que ne peut ou ne doit dépasser un phénomène physique. Limite d'élasticité (d'un matériau), de résistance; limite de cisaillement, de rupture. La fusion est une réelle altération des pâtes céramiques. Elles peuvent l'éprouver lorsque la limite de densité de masse que doit leur donner la cuisson est dépassée (Brongniart, Arts céram., t. 1, 1844, p. 271):
10. Il est à remarquer (...) que Pasteur n'a nullement pris le soin de déterminer par l'expérience directe la limite de température que ses fameux germes peuvent supporter sans perdre leur capacité de développement. J. Rostand, Genèse vie,1943, p. 124.
Prononc. et Orth. : [limit]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1372 fém. « ce qui borne un terrain, un territoire; ligne de démarcation entre des terrains, des territoires contigus » (Mon. de l'hist. de Neuchâtel, p. 998 ds Gdf. Compl.); 1513 masc. (Lemaire de Belges, Illustr., III, 2 II, 367 ds Hug.); 2. fig. 1539 limites de son debvoir (Est., s.v.); 1572 (Amyot, Comm. Concept. contre les Stoïques, 13 ds Hug. : le vice a son limite); 1580 (Montaigne, Essais, I, XV, éd. A. Thibaudet et M. Rat, p. 68 : La vaillance a ses limites); 1595 (Id., op. cit., I, XXVI, éd. citée, p. 158 : Si nous sçavions restraindre les appartenances de nostre vie à leurs justes et naturels limites); 3. 1765 math. « toute grandeur dont une autre grandeur peut approcher à l'infini sans jamais l'égaler exactement » (Encyclop. t. 9, p. 542 a). Empr. au lat.limes, -itis « chemin bordant un domaine, sentier entre deux champs; limite, frontière ». Fréq. abs. littér. : 4 273. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 798, b) 4 342; xxes. : a) 4 071, b) 9 308.

Wiktionnaire

Nom commun - français

limite \li.mit\ féminin

  1. Restriction ; point réel fini au-delà duquel on ne doit pas aller.
  2. Ligne de démarcation naturelle ou convenue qui sert à séparer un terrain, un territoire, d’un terrain, d’un territoire contigu ou voisin.
    • Le Sénat ne s'oppose pas à la promulgation de la loi qui règle les limites des communes de Condé-lès-Vouziers et de Vouziers (Ardennes). — (Bulletin des lois de l'Empire français, 11e série, décembre 1852 et 1er semestre 1853, p.658)
    • C'est sur la limite des communes de Poule et de Propières qu'est située la fameuse roche d’Ajoux, dont on fait dériver le nom d’Ara Jovis, autel de Jupiter. — (Annuaire départemental, administratif, historique, industriel et statistique, année 1847, Lyon : chez Mougin-Rusand, 1847, p. 155)
    • Une promenade d’une dizaine de minutes sur la plate-forme me permet d’entrevoir les hauteurs de la frontière persane à l’extrême limite de l’horizon. — (Jules Verne, Claudius Bombarnac, chapitre VIII, J. Hetzel et Cie, Paris, 1892)
    • La limite de l’Olivier, bien qu’artificielle, puisque c'est une plante cultivée, est la meilleure limite de la flore méditerranéenne en France. — (Henri Gaussen, Géographie des Plantes, Armand Colin, 1933, p.80)
  3. (Figuré) Point qu’une pensée, un sentiment, une action ne peuvent ou ne doivent pas dépasser.
    • Son ambition est sans limites.
    • Il ne donne point de limites à ses désirs.
    • La limite qui sépare l’erreur de la vérité n’est pas toujours facile à marquer, à fixer, à reconnaître.
    • Il a franchi les limites de son pouvoir.
  4. Moment, l’âge au delà duquel on ne peut plus légalement exercer une fonction.
    • Atteindre la limite d’âge.
  5. (Topologie) Pour une suite d’un espace topologique, élément de cet espace vers lequel cette suite converge ; autrement dit, élément tel que, pour chaque voisinage de cet élément, il existe un rang à partir duquel tous les termes de la suite appartiennent à ce voisinage.
    • La limite de la suite réelle définie par est .
  6. (Analyse) Valeur dont une fonction est assez proche, en un point ou à l'infini. Elle peut éventuellement être la valeur de la fonction en ce point.
    • La fonction carré a pour limite 0 en 0.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

LIMITE. n. f.
Ligne de démarcation naturelle ou convenue qui sert à séparer un terrain, un territoire, d'un terrain, d'un territoire contigu ou voisin. Les montagnes, les rivières sont les limites naturelles des pays. Une rivière qui sert de limite à ma propriété. Étendre, reculer les limites d'un pays. Rester dans ses limites. En termes de Géographie politique, on dit plutôt FRONTIÈRE. Il signifie figurément le Point qu'une pensée, un sentiment, une action ne peuvent ou ne doivent pas dépasser. Son ambition est sans limites. Il ne donne point de limites à ses désirs. La limite qui sépare l'erreur de la vérité n'est pas toujours facile à marquer, à fixer, à reconnaître. Il a franchi les limites de son pouvoir. Il désigne aussi le Moment, l'âge au delà duquel on ne peut plus légalement exercer une fonction. Atteindre la limite d'âge. Il désigne, en termes de Mathématiques, Toute grandeur dont une autre grandeur peut approcher à l'infini sans jamais l'égaler exactement.

Littré (1872-1877)

LIMITE (li-mi-t') s. f.
  • 1Ligne de démarcation entre des terrains ou territoires contigus ou voisins. Les Pyrénées sont la limite de la France du côté de l'Espagne. La rivière sert de limite à ma propriété.

    Il se dit souvent au pluriel en ce sens. Il avait, en livrant des combats, en remportant des victoires, en domptant de fières nations, étendu les limites de son empire, Bourdaloue, 2e dim. après Pâq. Dominic. t. II, p. 36. Lui seul [Dieu] mit à vos pieds le Parthe et l'Indien, Dissipa devant vous les innombrables Scythes, Et renferma les mers dans vos vastes limites, Racine, Esth. III, 4. Vos ordres sont suivis ; déjà vos satellites D'Élide et de Messène occupent les limites, Voltaire, Mérope, I, 4.

    Fig. Je dis que sa grandeur n'aura point de limite, Malherbe, VI, 1. La raison a pour eux des bornes trop petites ; En chaque caractère ils passent les limites, Molière, Tart. I, 6. Je prie Dieu, lorsque je sens que je m'engage dans ces prévoyances, de me renfermer dans mes limites, Pascal, Lett. à Mlle de Roannez, 7. Blâmez ce que Dieu blâme, condamnez ce que Dieu condamne ; mais ne passez point ces limites sacrées, Bossuet, Sermons, Jugem. humains, 1. Quelquefois dans sa course un esprit vigoureux, Trop resserré par l'art, sort des bornes prescrites, Et de l'art même apprend à franchir les limites, Boileau, Art p. IV. C'est une expérience éternelle, que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu'à ce qu'il trouve des limites ; qui le dirait ? la vertu même a besoin de limites, Montesquieu, Espr. XI, 4. Le temps est assez long pour quiconque en profite ; Qui travaille et qui pense en étend la limite, Voltaire, 6e disc. en vers. Dans toute production poétique il y a toujours un peu de mensonge dont la limite n'est et ne sera jamais déterminée, Diderot, Salon de 1767, Œuv. t. XIV, p. 238, dans POUGENS.

  • 2 Terme de mathématique. Grandeur de laquelle une autre grandeur peut approcher indéfiniment, sans jamais pouvoir la surpasser.

    Méthode des limites, méthode de démonstration qui emploie la considération des grandeurs limites.

    Limites des racines d'une équation, les deux quantités entre lesquelles se trouvent comprises les racines réelles.

  • 3 Au plur. Terme d'astronomie. Les points de l'orbite d'une planète les plus éloignés de l'écliptique.

REMARQUE

Le genre de ce mot a varié : masculin au XVIe siècle, il l'était encore quelquefois au XVIIe : Et ta miséricorde excédant tous limites, Corneille, Imit. III, 10.

HISTORIQUE

XVIe s. Ainsi la mer [Dieu] borna, par tel compas, Que son limite elle ne pourra pas Outrepasser, Marot, IV, 312. La vaillance a ses limites, lesquels franchis, on…, Montaigne, I, 53. Si nous sçavions restreindre les appartenances de nostre vie à leursjustes et naturels limites…, Montaigne, I, 173. Elles commencent à bastir en leurs ruches, en voute, d'un artifice merveilleux, depuis le bas jusques en haut du plancher, laissans deux limites, l'une pour l'entrée et l'autre pour la sortie, Paré, Animaux, 7.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Encyclopédie, 1re édition (1751)

LIMITE, s. f. (Mathémat.) On dit qu’une grandeur est la limite d’une autre grandeur, quand la seconde peut approcher de la premiere plus près que d’une grandeur donnée, si petite qu’on la puisse supposer, sans pourtant que la grandeur qui approche, puisse jamais surpasser la grandeur dont elle approche ; ensorte que la différence d’une pareille quantité à sa limite est absolument inassignable.

Par exemple, supposons deux polygones, l’un inscrit & l’autre circonscrit à un cercle, il est évident que l’on peut en multiplier les côtés autant que l’on voudra ; & dans ce cas, chaque polygone approchera toujours de plus en plus de la circonférence du cercle, le contour du polygone inscrit augmentera, & celui du circonscrit diminuera ; mais le périmetre ou le contour du premier ne surpassera jamais la longueur de la circonférence, & celui du second ne sera jamais plus petit que cette même circonférence ; la circonférence du cercle est donc la limite de l’augmentation du premier polygone, & de la diminution du second.

1°. Si deux grandeurs sont la limite d’une même quantité, ces deux grandeurs seront égales entr’elles.

2°. Soit A × B le produit des deux grandeurs A, B. Supposons que C soit la limite de la grandeur A, & D la limite de la quantité B ; je dis que C × D, produit des limites, sera nécessairement la limite de A × B, produit des deux grandeurs A, B.

Ces deux propositions, que l’on trouvera démontrées exactement dans les institutions de Géométrie, servent de principes pour démontrer rigoureusement que l’on a l’aire d’un cercle, en multipliant sa demi-circonférence par son rayon. Voyez l’ouvrage cité p. 331. & suiv. du second tome. (E)

La théorie des limites est la base de la vraie Métaphysique du calcul différentiel. Voyez Différentiel, Fluxion, Exhaustion, Infini. A proprement parler, la limite ne coïncide jamais, ou ne devient jamais égale à la quantité dont elle est la limite ; mais celle-ci s’en approche toujours de plus en plus, & peut en différer aussi peu qu’on voudra. Le cercle, par exemple, est la limite des polygones inscrits & circonscrits ; car il ne se confond jamais rigoureusement avec eux, quoique ceux-ci puissent en approcher à l’infini. Cette notion peut servir à éclaircir plusieurs propositions mathématiques. Par exemple, on dit que la somme d’une progression géométrique décroissante dont le premier terme est a & le second b, est  ; cette valeur n’est point proprement la somme de la progression, c’est la limite de cette somme, c’est-à-dire la quantité dont elle peut approcher si près qu’on voudra, sans jamais y arriver exactement. Car si e est le dernier terme de la progression, la valeur exacte de la somme est , qui est toujours moindre que , parce que dans une progression géométrique même décroissante, le dernier terme e n’est jamais = 0 : mais comme ce terme approche continuellement de zéro, sans jamais y arriver, il est clair que zéro est sa limite, & que par conséquent la limite de est , en supposant e = 0, c’est-à-dire en mettant au lieu de e sa limite. Voyez Suite ou Série, Progression, &c. (O)

Limite des Planetes, (Astronom.) sont les points de leur orbite où elles sont le plus éloignées de l’écliptique. Voyez Orbite.

Les limites sont à 90 degrés des nœuds, c’est-à-dire des points où l’orbite d’une planete coupe l’écliptique.

Limites, en Algebre, sont les deux quantités entre lesquelles se trouvent comprises les racines réelles d’une équation. Par exemple, si on trouve que la racine d’une équation est entre 3 & 4, ces nombres 3 & 4 seront ses limites. Voy. les articles Equation, Cascade & Racine.

Limites d’un problème sont les nombres entre lesquels la solution de ce problème est renfermée. Les problèmes indéterminés ont quelquefois, & même souvent, des limites, c’est-à-dire que l’inconnue est renfermée entre de certaines valeurs qu’elle ne sauroit passer. Par exemple, si on a , il est clair que y ne sauroit être plus grande que a, puisque faisant x = 0, on a y = a ; & que faisant x = a, on a y = 0, & qu’enfin x > a, rend y imaginaire, soit que x soit positive ou négative. Voyez Probleme & Déterminé. (O)

Wikisource - licence Creative Commons attribution partage dans les mêmes conditions 3.0

Étymologie de « limite »

Provenç. limit, s. m. ; espagn. et ital. limite ; du lat. limitem, chemin de traverse, puis lisière, frontière, de limus, oblique.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Du latin limes (« lisière, bordure »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « limite »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
limite limit

Citations contenant le mot « limite »

  • L’art n’a pas de limite et aucun artiste ne possède la perfection. De Ptahhotep , 
  • L'extrême limite de la sagesse, voilà ce que le public baptise folie.
  • Soyons respectueux devant le possible, dont nul ne sait la limite. De Victor Hugo / William Shakespeare , 
  • Qu’est-ce qu’une opinion ? Une limite imposée à soi-même. De Mihàly Babits / Le Fils de Virgile Timar , 
  • Mettre un frein à la femme, c'est mettre une limite à la mer. De Félix Lope De Vega / La Dama boba , 
  • Notre vie est tout autant sans fin que notre champ de vision est sans limite. De Ludwig Wittgenstein / Tractatus logico-philosophicus , 
  • L'art n'est jamais inutile : il n'a pas de limite. De Jim Fergus / Mille femmes blanches , 
  • L'homme ne saurait connaître la loi, mesurer ses limites, qu'en passant outre. Arthur Adamov, L'Aveu, Le Sagittaire
  • Dépasser les limites n'est pas un moindre défaut que de rester en deçà. Confucius en chinois Kongzi ou Kongfuzi [maître Kong], Entretiens, VI, 11 (traduction S. Couvreur)
  • Une limite ne se touche pas. De Jacques Derrida / Le Monde de l'éducation - septembre 2000 , 
  • Le bleu de la mer est sans limite. De Santoka / Zen, saké, haïku , 
  • L'esprit humain est sans limite dans la férocité. De Jean-Paul Lebourhis / L'exil intérieur , 
  • Une fois qu’on a dépassé la mesure, il n’y a plus de limite. De Euripide , 
  • Il y a une limite à toute chose, et il faut toujours la dépasser. De Georges Guynemer , 
  • L'ignorance des faits n'en limite pas moins les conséquences. De Anonyme , 
  • Les valeurs éternelles n'ont malheureusement pas de date limite de réalisation. De Stanislaw Jerzy Lec / Nouvelles pensées échevelées , 
  • Ryad a décidé le mois dernier de limiter le nombre de personnes participant au hajj, alors que ce grand rassemblement religieux avait réuni l'année dernière 2,5 millions de fidèles, venus pour leur grande majorité de l'étranger.  LExpress.fr, Hajj/virus: le pèlerinage en nombre très limité débutera le 29 juillet (Ryad) - L'Express
  • L’art n’a pas de limite et aucun artiste ne possède la perfection. De Ptahhotep , 
  • L'extrême limite de la sagesse, voilà ce que le public baptise folie.
  • Soyons respectueux devant le possible, dont nul ne sait la limite. De Victor Hugo / William Shakespeare , 
  • Qu’est-ce qu’une opinion ? Une limite imposée à soi-même. De Mihàly Babits / Le Fils de Virgile Timar , 
  • Mettre un frein à la femme, c'est mettre une limite à la mer. De Félix Lope De Vega / La Dama boba , 

Images d'illustration du mot « limite »

⚠️ Ces images proviennent de Unsplash et n'illustrent pas toujours parfaitement le mot en question.

Traductions du mot « limite »

Langue Traduction
Anglais limit
Espagnol límite
Italien limite
Allemand grenze
Chinois 限制
Arabe الحد
Portugais limite
Russe предел
Japonais 限界
Basque muga
Corse limitu
Source : Google Translate API

Synonymes de « limite »

Source : synonymes de limite sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « limite »

Combien de points fait le mot limite au Scrabble ?

Nombre de points du mot limite au scrabble : 8 points

Limite

Retour au sommaire ➦

Partager