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Terme
Sommaire
Variantes | Singulier | Pluriel |
---|---|---|
Masculin | terme | termes |
Définitions de « terme »
Trésor de la Langue Française informatisé
TERME1, subst. masc.
TERME2, subst. masc.
Wiktionnaire
Nom commun 1 - français
terme \tɛʁm\ masculin
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(Désuet) Borne marquant une limite et faite d’un buste terminé en gaine, en souvenir du dieu Terme.
- F° 67r° : un dessin formant scène – satyre fustigeant une satyresse, devant une statue-terme de Priape. Copie d'un détail d'une gravure de M. Raimondi ([…]) d'après un bas-relief antique à Rome. — (Pierre Paul Rubens, Théorie de la figure humaine, édition scientifique par Nadeije Laneyrie-Dagen, Éditions ENS Rue d'ULM, 2003, annexes page 195)
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(Par extension) Fin d’un espace à parcourir.
- Au terme d’un ancien chemin usé jusqu’à l’enrochement […], le hameau des vieux marais dérobe sa dizaine de masures à ras du sol, à l’orée de la Fagne. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
- Il est parvenu au terme de la carrière.
- Le terme d’une course.
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(Par extension) Fin d’une période de temps.
- Le Saufconduit donné pour un tems marqué expire au bout du terme; & si le porteur ne s’est point retiré avant ce tems là, il peut être arrêté, & même puni, […]. — (Emer de Vattel, Le droit des gens ou principes de la loi naturelle, livre 3, 1758, page 231)
- Les opérations de broyage marquent usuellement le terme des opérations d’épuration des fines, que celles-ci soient destinées à l’agglomération ou à la carbonisation. — (Ch. Berthelot, Épuration, séchage, agglomération et broyage du charbon, Paris : chez Dunod, 1938, page 362)
- Le terme de la vie.
- Quand cesseront nos malheurs ? Je n’en vois pas, je n’en aperçois pas le terme.
- Il n’est pas encore au terme de ses adversités, de ses disgrâces.
- Il faut mettre un terme à ces débats.
- La maladie touche à son terme.
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Borne ; limite où s’arrête quelque chose.
- Il a mis un terme à son ambition, à ses extravagances.
- Il y a un terme où il faut s’arrêter. - Il est un terme à tout.
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(Finance) Moment fixé d’avance pour un paiement.
- Au terme de janvier j’ai vendu d’abord mon buffet […] — (Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, Denoël et Steele, Paris, 1932)
- Les loyers des maisons se payaient à Paris aux quatre termes accoutumés.
- Payer à terme échu.
- Il m’a fait une promesse de mille francs payables en six termes.
- Je déménagerai au terme prochain.
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(Par métonymie) Somme due au bout du terme.
- La Commune […] fit remise à tous les locataires parisiens des termes d'octobre 1870, janvier et avril 1871. — (Alfred Barbou, Les Trois Républiques françaises, A. Duquesne, 1879)
- Quoique […] j’eusse économisé quelques sous sur mes omnibus et mes déjeuners, il me fallut, plusieurs fois, avoir recours à l’obligeance d’un ami afin de payer des termes en retard et les dettes criardes. — (Octave Mirbeau, La tête coupée)
- […], et si monsieur Guignol ne me paye pas aujourd’hui même les cinq termes qu’il me doit je fais vendre ses meubles sur la place publique, […]. — (Laurent Mourguet, Le Déménagement de Guignol, Elardin, 1876)
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(Sans article ou avec adjectif possessif) Temps au bout duquel une femme doit accoucher, dans le cours ordinaire de la nature.
- Elle n’est pas à terme.
- Elle est accouchée avant terme.
- Cet enfant est venu à terme.
- Cette femme n’est pas encore à son terme.
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(Par analogie) Date prévue de la mise à bas, en parlant des femelles de quelques animaux, des vaches, des juments, etc.
- Sa jument a mis bas avant terme.
- Une vache qui n’est pas encore à terme.
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(Au pluriel) État, nature des relations qu’on entretient avec quelqu’un.
- Et tous, me voyant en bons termes avec le maître tout-puissant, sont pour moi pleins d'amabilité et de prévenances. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 95)
Nom commun 3 - français
terme \tɛʁm\ masculin
- (Sculpture) Chez les Romains, divinité dont la représentation en forme de borne servait de limite aux héritages et à l'État.
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(Par métonymie) Statue d’architecture composé d’un buste humain avec le bas du corps se terminant dans une gaine.
- La porte est encadrée par quatre beaux termes féminins.
- C’était, dans le fond du parc, un hémicycle de cinq grandes niches de rocailles surmontées de balustres et séparées par des termes géants. L’un de ces termes, à l’angle du monument, les dominait de sa nudité monstrueuse, et abaissait sur eux son regard de pierre farouche et doux. — (Anatole France, Le Lys rouge, 1894, réédition Le Livre de Poche, pages 317-318)
Nom commun - ancien français
terme \Prononciation ?\ masculin
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Terme (fin).
- Prés est li termes de ma vie — (Floire et Blancheflor, manuscrit 375 français de la BnF, fol. 252v, dernier vers de la 1re colonne. Circa 1150)
Nom commun 2 - français
terme \tɛʁm\ masculin
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(Linguistique) Expression d’une idée ; mot ou phrase.
- Quels termes saurai-je trouver, suffisamment simples dans leur sublimité, — suffisamment sublimes dans leur simplicité, — pour la simple énonciation de mon thème ? — (Edgar Poe, Eureka, 1848, traduction de Charles Baudelaire,)
- Nous sommes arrivés, de critique en critique, à cette triste conclusion : que le juste et l'injuste, dont nous pensions jadis avoir le discernement, sont termes de convention, vagues, indéterminables ; […]. — (Joseph Proudhon, De la Justice dans la Révolution et dans l’Église, tome I, page 70)
- Selon les termes de la loi sur les sépultures militaires, seul le secrétariat d'État aux Anciens Combattants et Victimes de guerre est habilité à procéder à l’exhumation des sépultures militaires. — (Alain Denizot et Jean Louis, L’énigme Alain-Fournier 1914-1991, Nouvelles Éditions Latines, 2000, page 168)
- L’IGN a estimé qu'il y avait donc un très grand intérêt à établir un fichier de termes dialectaux attestés en toponymie ou susceptibles d'y être rencontrés ; […]. — (André Pégorier, Les noms de lieux en France - Glossaire de termes dialectaux, Institut national de l'information géographique et forestière, commission de toponymie 2006)
- Ainsi, même si ce terme figure dans le dictionnaire, n'écrivez pas : les bonichons de ces dames, mais mentionnez plutôt les petits bonnets de ces dames. — (Thierry Maugenest, Les Spaghettis de Baudelaire, Éditions Omnibus, 2019)
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(Logique, Mathématiques) Chacun des éléments d’un rapport, d’une relation, d’une comparaison ou d’une progression.
- Classiquement, on admet que le taux de chaleur reçu par le système se décompose en deux termes, l'un volumique et l'autre surfacique. — (Vincent Honorat, Analyse thermomécanique par mesure des champs élastomères, thèse de doctorat, Université de Montpellier II, janvier 2006, page 78)
- (Mathématiques) Chacune des quantités qui composent une équation ou une expression algébrique et qui sont séparées par les signes plus (+) ou moins (-).
- (Logique) Chacune des trois parties d’un syllogisme qui, combinés deux à deux, forment les parties.
- Chacun des deux objets que l’on compare l’un avec l’autre ou qui ont de la relation ou du rapport entre eux.
- Choisissez mieux vos termes de comparaison. - Ce terme de comparaison n’est point exact.
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(Au pluriel) Tournure, façon de parler qui est particulière à chaque art, à chaque science
- Ensuite celle-là n’est qu’une substitution de termes, car entre l’innéité et la primordialité, il n’y a pas de différence pratique, et les adversaires de l’une sont nécessairement ceux de l’autre aussi. — (Jacques Matter, La morale ou la philosophie des mœurs, 1860, page 56)
- Il ne sait pas les termes de l’art.
- Termes techniques.
Littré (1872-1877)
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1Borne, limite de la carrière.
J'ai à voir devant Dieu quel est celui qui me paraîtra le plus avantageux pour arriver à mon terme, qui est toujours le salut
, Bourdaloue, Instruct. Choix d'un état de vie, Exhort. t. II, p. 446.Le vulgaire est content s'il remplit son devoir ; Il faut plus au héros ; il faut que sa vaillance Aille au delà du terme et de notre espérance
, Voltaire, Tancr. v, 3.Il faut plus de force pour s'arrêter au terme, que pour le passer par la violence de l'impulsion
, Duclos, Consid. mœurs, 13. -
2Chez les Romains, divinité dont la représentation en forme de borne servait de limite aux héritages et à l'État (il prend une majuscule).
Lorsque Tarquin voulut bâtir le Capitole, il trouva que la place la plus convenable était occupée par les statues de beaucoup d'autres divinités ; il s'enquit par la science qu'il avait dans les augures, si elles voudraient céder leur place à Jupiter : toutes y consentirent, à la réserve de Mars, de la Jeunesse et du dieu Terme ; là-dessus s'établirent trois opinions religieuses : que le peuple de Mars ne céderait à personne le lieu qu'il occupait ; que la jeunesse romaine ne serait point surmontée ; et qu'enfin le dieu Terme des Romains ne reculerait jamais ; ce qui arriva pourtant sous Adrien
, Montesquieu, Rom. 15.Terme de statuaire. Figure d'homme ou de femme dont la partie inférieure se termine en gaîne, et qu'on place ordinairement dans les jardins, au bout des allées et des palissades.
Foi de peuple d'honneur, ils lui promirent tous De ne bouger non plus qu'un terme
, La Fontaine, Fabl. IX, 19.Être planté comme un terme, rester longtemps debout à la même place.
Eh bien ! tu restes là comme un terme à me regarder ; va me chercher une voiture
, Picard, Deux Philiberts, I, 16.Terme marin, celui auquel on donne, au lieu de gaîne, deux queues de poisson entortillées.
Terme rustique, terme dont la gaîne, ornée de bossages ou de glaçons, porte la figure de quelque divinité champêtre.
Terme double, celui dont la gaîne porte deux demi-corps, ou deux bustes adossés.
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3Fin dans le temps ou dans l'espace.
Il n'y a rien autre chose par quoi nos sens soient touchés que cette seule superficie qui est le terme des dimensions du corps qui est senti ou aperçu par les sens
, Descartes, Rép. aux 4es obj. 71.Quels termes n'a franchis ma course vagabonde ?
Rotrou, Herc. mour. I, 1.Nos termes sont pareils par leur courte durée ; Qui de nous des clartés de la voûte azurée Doit jouir le dernier ?
La Fontaine, Fabl. XI, 8.Le voyage d'Auvergne n'aura ni fin ni terme
, Sévigné, 384.Que si le temps comparé au temps, la mesure à la mesure, et le terme au terme, se réduit à rien, que sera-ce si l'on compare le temps à l'éternité, où il n'y a ni mesure ni terme ?
Bossuet, le Tellier.Je n'entreprends pas, chrétiens, de vous dire la destinée des hérésies de ces derniers siècles, ni de marquer le terme fatal dans lequel Dieu a résolu de borner leur cours
, Bossuet, Reine d'Anglet.Alors nous le vîmes… comme un sage pilote… aller droit, comme au terme unique d'une si périlleuse navigation, à la conservation du corps de l'État et au rétablissement de l'autorité royale
, Bossuet, le Tellier.Cette mort dans la paix et dans l'espérance du Seigneur qu'il [M. le Tellier] a regardée comme la fin de son travail et le terme de son pèlerinage
, Fléchier, le Tellier.Les vainqueurs fatigués… Publiant à la fin le terme du carnage
, Voltaire, Orphel. I, 3.L'homme qui ne meurt pas de maladies accidentelles, vit partout quatre-vingt-dix ou cent ans ; nos ancêtres n'ont pas vécu davantage, et depuis le siècle de David ce terme n'a point du tout varié
, Buffon, Hist. nat. Hom. Œuv. t. IV, p. 358.Être à son dernier terme, être près de mourir.
La reine touche presque à son terme fatal
, Racine, Phèdre, I, 2.Vous seul [Dieu] voyez si je suis encore loin de ma course, ou si je touche déjà au terme fatal, au delà duquel est la mort et le jugement
, Massillon, Carême, Impén. fin.Le roi [Louis XI], voyant que son terme n'était pas éloigné
, Duclos, Œuv. t. III, p. 310. -
4 Fig. Il se dit dans l'ordre intellectuel et moral.
Aller jusqu'au terme où la bonté paternelle finit
, Montesquieu, Esp XXIV, 13.Tel a été le dernier terme de son ambition
, Rousseau, Ém. IV.La considération que les Indiens ont pour ces animaux est si grande qu'elle a dégénéré en superstition, dernier terme de l'aveugle respect
, Buffon, Quadrup. t. v, p. 90. - 5Anciennement, en chronologie, les termes des fêtes mobiles étaient certains jours fixes, d'où l'on commençait à compter pour trouver les fêtes mobiles. Le terme de la Septuagésime était le 7 de janvier, etc. Ce calcul n'est plus en usage depuis la réformation du calendrier.
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6Temps préfix.
Ayant fait cet hiver un effort pour m'échapper [de la cour d'Espagne] devant ce terme [dix ou douze mois]
, Voiture, Lett. 34.Elle n'a que fureur et que vengeance en l'âme ; Mais, en si peu de temps, que peut faire une femme ? Je n'ai prescrit qu'un jour de terme à son départ
, Corneille, Méd. IV, 2.Particulièrement, temps préfix d'un payement. Emprunter à long terme. Payer dès que le terme est échu. Somme payable en six termes.
Le terme diffère de la condition, en ce qu'il ne suspend point l'engagement, dont il retarde seulement l'exécution
, Code civ. art. 1185.Le débiteur ne peut plus réclamer le bénéfice du terme lorsqu'il est en faillite
, ib. art. 1188.Le terme de grâce n'est point un obstacle à la compensation
, ib. art. 1292.Terme de rigueur, terme passé lequel il n'y a plus de délai à obtenir.
À la bourse, opération à terme, opération dont le règlement n'a lieu qu'à une époque plus ou moins éloignée du moment de la négociation, mais cependant toujours fixée d'avance.
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7Espace de trois mois de loyer d'une habitation. Nous sommes restés trois termes dans ce logement.
Somme à payer au bout du terme.
Un tailleur, à qui Mme d'Alain louait quelques chambres dans le fond de la maison, vint un quart d'heure après lui apporter un reste de terme qu'il lui devait
, Marivaux, Pays. parv. 3e part.Enfin cette femme m'a payé son terme
, Picard, Provinc. à Paris, III, 3.La fin du terme. Je déménage au terme.
Demi-terme, la moitié du terme d'une location. Payer un demi-terme.
Il nous a fallu déloger à mi-terme
, Regnard, Ret. imprévu, 13. -
8Époque naturelle de l'accouchement. Enfant venu à terme. Elle approche de son terme.
Elle menaçait d'accoucher avant terme
, Hamilton, Gram. 7.Fig.
Vous devez enfanter un homme ; et cet homme que vous devez enfanter, et à qui vous devez donner une vie nouvelle, c'est vous-même ; votre heure est venue, vous êtes à terme
, Bossuet, Sermons, Tristesse des enfants de Dieu, 2.Demi-terme, mi-terme, la moitié du temps ordinaire de la grossesse. Faire une fausse couche à mi-terme.
Demi-terme, sorte d'ajustement que portent les femmes arrivées au demi-terme de leur grossesse.
Terme se dit aussi des femelles de quelques animaux, jument, vache, chienne, etc. Une vache qui n'est pas encore à terme.
Une lice étant sur son terme
, La Fontaine, Fabl. II, 7. -
9Mot, expression (la scolastique ayant donné à terminus, qui en latin ne signifie jamais que borne, le sens de détermination, de définition, et la transition étant naturelle de définition à expression).
Mais peut-être que vous avez jugé que cette fortune [recevoir une lettre de vous, Balzac] était tellement au delà de ce que je devais espérer, qu'il vous fallait avec loisir chercher des termes pour me la rendre croyable
, Voiture, Lett. 1.Elle a… insulté mon oreille Par l'impropriété d'un mot sauvage et bas Qu'en termes décisifs condamne Vaugelas
, Molière, Femm. sav. II, 6.Que ce soit de cet état même [le scepticisme] qu'il [un incrédule] fasse le sujet de sa joie et de sa vanité, je n'ai point de termes pour qualifier une si extravagante créature
, Pascal, Pens. IX, 1, édit. HAVET.Tant il est vrai que tout meurt en lui [l'homme], jusqu'à ces termes funèbres par lesquels on exprimait ces malheureux restes
, Bossuet, Duch. d'Orl.Il ne s'agit pas de termes, mais de choses, ni de manières d'expliquer, mais du fonds
, Bossuet, 1er avert. 6.Ce terme est équivoque, il le faut éclaircir
, Boileau, Art p. I.Elles [les femmes] sont heureuses dans le choix des termes, qu'elles placent si juste, que, tout connus qu'ils sont, ils ont le charme de la nouveauté
, La Bruyère, I.Les colères sont plus éloquentes, et l'on se dit des injures plus poliment et en meilleurs termes
, La Bruyère, IX.Atticus ne rougit point d'avouer qu'un matelot lui avait appris la véritable signification d'un terme de marine, qu'il avait longtemps ignorée et sur laquelle il s'était trompé
, Rollin, Traité des Ét. I, 3.Une infinité de termes antiques se conservent dans des cantons éloignés, tandis que les capitales et les grandes villes varient dans leur langage de siècle en siècle
, Voltaire, Mél. hist. Mens. imprim. conspir. Piémont.Quand il faut représenter des idées qui n'ont pas encore été exprimées, on est obligé de se servir de termes qui paraissent contradictoires : et c'est par cette raison que les philosophes ont souvent employé, dans ces cas, des termes étrangers, afin d'éloigner de l'esprit l'idée de contradiction qui peut se présenter en se servant de termes usités, et qui ont une signification reçue
, Buffon, Hist. anim. ch. II.On lui reproche [à Hobbes] d'avoir introduit dans sa philosophie des termes nouveaux ; mais, ayant une façon particulière de considérer les choses, il était impossible qu'il s'en tînt aux mots reçus
, Diderot, Opin. des anc. phil. (hobbisme).Dire que la cause est égale à son effet, c'est dire, en d'autres termes, que la force est égale au mouvement
, Condillac, Art de rais. II, 3.Je lui ai dit cela en propres termes, dans les mêmes termes que je viens de rapporter.
S'exprimer en termes propres, employer les termes convenables à la chose dont on parle.
Mesurer, peser, composer ses termes, s'exprimer avec réserve, circonspection. Parler de quelqu'un en bons termes, en mauvais termes, en dire du bien, du mal.
On parla fort de vous à plusieurs reprises, et en très bons termes
, Sévigné, 44.Ne pas ménager ses termes, dire avec dureté des choses désagréables.
Le duc d'Estrées poussait un peu loin les reproches et les menaces, et ne ménageait point les termes
, Sévigné, 28 mars 1689. -
10Expression particulière à un art, à une science. Un terme scientifique. C'est un terme de métier. Terme didactique. Termes de droit, de médecine. Un dictionnaire des termes de la marine.
Ses mœurs sont inégalement égales, pour parler en termes de notre Aristote
, Corneille, le Cid, Avertissement.Aux termes de l'Écriture, l'aumône est une Justice ; ce que nous appelons un don, le sage le nomme une dette
, Fléchier, Duc de Montaus. -
11Un des éléments de la proposition. Le sujet est le terme essentiel de la proposition.
Des deux termes que l'on compare dans une proposition, l'un s'appelle sujet et l'autre attribut
, Condillac, Art d'écr. I, 3.Terme de comparaison, de relation, chacun des deux objets que l'on compare, qui ont du rapport entre eux. Ce terme de comparaison n'est point exact. Père et fils sont deux termes de relation.
Fig.
L'âme, qui est le terme entre le Père et le Fils, c'est le Saint-Esprit
, Chateaubriand, Génie, I, I, 3. -
12En logique, les termes d'un syllogisme, les trois termes dont les idées combinées deux à deux forment les trois propositions.
Le moyen terme, le terme intermédiaire dans le syllogisme.
-
13En mathématiques, termes d'un rapport, d'une proportion, d'une progression, chacune des quantités qui composent le rapport, la proportion, la progression.
Fig.
Si nous suivons le progrès de l'inégalité dans ces différentes révolutions, nous trouverons que l'établissement de la loi et du droit de propriété fut son premier terme, l'institution de la magistrature le second
, Rousseau, Inég. 2e part. -
14En algèbre, terme ou monôme, expression telle que ab, entre les parties de laquelle il n'y a signe ni d'addition ni de soustraction.
Les termes dont il s'agit sont ceux qui dépendent de la distance du soleil à l'apogée de la lune ; je crois être le premier qui les aie calculés exactement
, D'Alembert, Œuv. t. XIV, p. 97. -
15Condition.
Les affaires de Rome ne vont pas trop bien… on a envoyé par l'ordinaire les termes que l'on a choisis, et je doute qu'on s'en contente
, Sévigné, septembre 1690. -
16 Au plur. État où est une affaire, position d'une personne à l'égard d'une autre.
Voilà à quels termes je suis réduit et comme quoi je vis
, Guez de Balzac, liv. I, lett. 8.Mais parlez à son père, et bientôt son pouvoir Remettra son esprit aux termes du devoir
, Corneille, l'Illus. com. II, 8.On avait espéré que les propositions des députés des états généraux [de Hollande], qui étaient arrivés le même jour, mettraient les choses en tels termes qu'il ne serait pas besoin de leur envoyer des troupes
, Pellisson, Lett. hist. t. I, p. 187.Il lui dit que, quoique deux visites lui fussent pardonnables dans les termes où il était avec elle…
, Scarron, Rom. com. I, 22.La chose en est aux termes de n'en plus faire de secret
, Molière, Festin, III, 4.En quels termes sommes-nous réduits, s'il n'y a que les jansénistes qui ne se brouillent ni avec la foi ni avec la raison ?
Pascal, Prov. II.En vérité, mon père, s'il fallait que le soupçon de calvinisme tombât sur eux [jansénistes] ou sur vous [jésuites], je vous trouverais en mauvais termes
, Pascal, ib. XVI.Comme ma connaissance n'allait pas jusque-là, je me vis en termes de ne lui pouvoir répondre
, Pascal, ib. XVII.Et ne présume pas que Vénus ou Satan Souffre qu'elle en demeure aux termes du roman
, Boileau, Sat. x.Quoique peu accommodé des biens de la fortune, il se tint toujours dans les termes d'un désintéressement parfait, ne prenant rien de ceux qui venaient l'entendre
, Fénelon, Socrate.Protestants et premiers chrétiens étaient précisément dans les mêmes termes ; on ne peut trop le répéter ; ils étaient également innocents ou également coupables
, Voltaire, Mœurs, Rem. XVI.Il [Pierre le Grand] voulut apprendre de près en quels termes était le régent de France avec l'Angleterre, et si ce prince était affermi
, Voltaire, Russie, II, 8.Je ne suis pas ici en termes de pouvoir faire le modeste ; un accusé sur la sellette, qui voit que son affaire va mal, se recommande par où il peut
, Courier, Lett. à M. Renouard.
PROVERBES
Qui a terme ne doit rien, on ne peut pas contraindre au payement d'une dette qui n'est pas échue.
Le terme vaut l'argent, quand on a du temps, on a le moyen de se créer des ressources
SYNONYME
1. TERME, LIMITES, BORNES. Le terme est un point ; les limites sont une ligne ; les bornes un obstacle.
2. TERMES, MOTS, EXPRESSIONS. Les termes sont distingués des mots, en ce que ces derniers sont de la langue, et que les premiers sont du sujet, ainsi que les expressions sont de la pensée. L'usage décide des mots, la convenance avec les choses fait la bonté des termes, le tour fait le mérite de l'expression, LAVEAUX.
3. TERMES PROPRES, PROPRES TERMES., Les termes propres sont ceux que l'usage a consacrés, pour rendre précisément les idées que l'on veut exprimer. Les propres termes sont ceux mêmes qui ont été employés par la personne que l'on fait parler ou par l'écrivain que l'on cite.
HISTORIQUE
XIe s. S'il le pot truver dedenz le terme
, Lois de Guill. 4. Vendrat li jurz, si passerat li termes
, Ch. de Rol. IV.
XIIe s. Le terme [je] vous dirai de vous apareiller : D'ui cest jour en un an soiez prest d'ostoier [entrer en campagne]
, Sax. XVI. Si metomes un terme prochain, ne demort guaire ; Puis seromes ensemble pour faire au roi contraire
, ib. XXX.
XIIIe s. Li termes est près que vos en devés aler, et la compaignie de vos et des Veniciens ne doit durer que jusques à la Saint-Michel
, Villehardouin, LXXXVIII. Dedens le termine del couronnement, espousa li marchis de Montferrat l'empereris qui feme l'empereour Kyrsac avoit esté
, Villehardouin, CXI. Dame vaillans, pleine de courtoisie, Jugiés se cil doit jà d'amor joïr, Qui met respit en son plus grant desir, Et si ne scet le terme de sa vie
, Hist. litt. de la Fr. t. XXIII, p. 653. Sa mere [elle] a tost mandée, n'i fu lonc terme mis
, Berte, LXXV. Et jura li rois devant tous que, se li castiaus ne estoit rendus devers le tierme des trives et il les pooit prendre par force, il les feroit tous ocire et mettre à l'espée
, Chr. de Rains, 177. Li diex d'amours sans terme metre De leu, ne de tens en sa letre, Toute sa baronie mande
, la Rose, 10479. Quant aucun acate [achète] en tele maniere qu'il paiera le pris de le [la] vente à termes
, Beaumanoir, XLIV, 37. Car tout se pert souvent par dés ou par luxure, Ou il se monteplie par terme ou par usure
, J. de Meung, Test. 380.
XIVe s. Li cevaliers fust trais à fin, Si croi [je crois] ses tiermes fust moult cours…
, Jean de Condé, t. II, p. 238. Il [l'hermite] dist : Girars, as-tu en Dieu creance ferme ? Et ciz dist : oïl, sire, non tos jours, mais à terme [par intervalle]
, Girart de Ross. v. 2079. Il convient souvent user de termes ou de mots propres en la science, qui ne sontpas communement entendus ne congnus de chascun
, Oresme, Prol. Et, tout cecy fait, tient ses termes [plaids, assises] le maire chascun jour, environ heure de tierce devant disner et à relevée après disner
, Du Cange, terminus.
XVe s. …Que les offres que le roy de Navarre mettoit en termes faisoyent bien à recueillir
, Froissart, II, p. 23, dans LACURNE. La fin, qui est le terme de tout œuvre, rend concluse et close toute chose à terme establie
, Christine de Pisan, Charles V, I, 12. Et ses termes et façons qu'il tenoit [Louis XI, à propos de son talent à gagner les gens] luy ont saulvé la couronne
, Commines, I, 10. J'entendz tenans termes honnestes comme on tient à ambassadeurs [il s'agit d'envoyés chargés d'observer ce qui se passe chez l'étranger sous prétexte d'ambassade]
, Commines, III, 8. Congnoissoit bien que ledit seigneur de Cran tenoit de mauvais termes audit prince d'Orange
, Commines, v, 17. Et pour ce avoit elle tenu ces termes [ce langage], affin que le chevalier fust deceu
, Perceforest, t. v, f° 45. Et à cause de l'effroy qu'il fist, y eut plusieurs femmes qui en accoucherent avant terme
, J. de Troyes, Chron. 1465. Et pour ce qu'il pourroit sembler à aucuns que il ne suffist mie de dire en termes si generaux… que amour soit bon à qui bien en sait user…
, Bouciq, I, 7. Luy tient les plus estranges termes [façons d'agir] que jamais ; car, quand elle le veoit, ne s'en fist qu. moquer
, Aresta amorum, p. 160, dans LACURNE.
XVIe s. Après marchoit Bourbon, qui tenoit termes [air, allure] D'un Scipion, quand va donner alarmes…
, Marot, J. v, 25. Auprès du feu, couards tiennent gros termes
, Marot, J. V, 43. L'argent par terme [à diverses échéances] recueilly Peu de profit souvent ameine
, Marot, III, 30. Qui t'a establi les termes de ta vie ?
Montaigne, I, 73. Quand il sera venu au terme de l'aage où je suis
, Montaigne, I, 115. Aussitost que l'amour entre aux termes de l'amitié, le desir s'esvanouit
, Montaigne, I, 209. Terme vault autant à dire comme borne ; c'est le dieu des confins
, Amyot, Numa, 28. Il ne luy restoit plus qu'à coucher l'edict en bons termes
, Amyot, Solon, 25. Les femmes grosses enfantoient leurs enfans presque tous defectueux, et n'y en avoit pas un qui vinst à terme
, Amyot, Publ. 38. Ce pendant que la bataille estoit en telz termes, on dit qu'il s'apparut en l'air une grande flamme
, Amyot, Thém. 29. Luy mesme aussi de son costé estoit bien desplaisant de les voir reduits à si mauvais termes
, Amyot, Alc. 49. Dedans le terme du temps qu'il avoit prefix
, Amyot, Nicias, 13.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
TERME. Ajoutez :Lequel est-ce de nous qui, s'il a été pris de court, n'a demandé terme ?Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne.
Il demande à ses jours davantage de terme, Malherbe, ib.
Encyclopédie, 1re édition (1751)
TERME, s. m. (Gram. & Logique.) les termes sont distingués des mots, en ce que ces derniers sont de la langue, & que les premiers sont du sujet, ainsi que les expressions sont de la pensée ; l’usage décide des mots ; la convenance avec les choses fait la bonté des termes ; le tour fait le mérite de l’expression : ainsi l’on dira fort bien, que tout discours travaillé demande que les mots soient françois, que les termes soient propres, & que les expressions soient nobles.
Les termes se divisent en plusieurs classes.
1°. Ils se divisent en concrets & en abstraits. Les termes concrets sont ceux qui signifient les manieres, en marquant en même tems le sujet auquel elles conviennent. Les termes concrets ont donc essentiellement deux significations ; l’une distincte, qui est celle du mode ou maniere ; l’autre confuse, qui est celle du sujet ; mais quoique la signification du mode soit plus distincte, elle est pourtant indirecte ; & au-contraire celle du sujet, quoique confuse, est directe. Le mot de blanc signifie directement, mais confusément, le sujet, & indirectement, quoique distinctement, la blancheur.
Lorsque par une abstraction de l’esprit on conçoit des modes, des manieres, sans les rapporter à un certain sujet, comme ces formes subsistent alors en quelque sorte dans l’esprit, par elles-mêmes, elles s’expriment par un mot substantif, comme sagesse, blancheur, couleur : or les noms qui expriment ces formes abstraites, je les appelle termes abstraits ; comme les formes abstraites expriment les essences des choses auxquelles elles se rapportent ; il est évident que puisque nous ignorons les essences de toutes les substances, quelles qu’elles soient, nous n’avons aucun terme concret qui soit dérivé des noms que nous donnons aux substances. Si nous pouvions remonter à tous les noms primitifs, nous reconnoîtrions qu’il n’y a point de substantif abstrait, qui ne dérive de quelque adjectif, ou de quelque verbe. La raison qui a empêché les scholastiques de joindre des noms abstraits à un nombre infini de substances, auroit bien dû aussi les empêcher d’introduire dans leurs écoles ces termes barbares d’animalité, d’humanité, de corporéité, & quelques autres ; le bon sens ne les autorise pas plus à adopter ces termes, que ceux-ci, aureitas, saxeitas, metalleitas, ligneitas : & la raison de cela, c’est qu’ils ne connoissent pas mieux ce que c’est qu’un homme, un animal, un corps, qu’ils ne connoissent ce que c’est que l’or, la pierre, le métal, le bois : c’est à la doctrine des formes substantielles, & à la confiance téméraire de certaines personnes destituées d’une connoissance qu’ils prétendoient avoir, que nous sommes redevables de tous ces mots d’animalité, d’humanité, de pétrêité, &c. mais grace au bon goût, ils ont été bannis de tous les cercles polis, & n’ont jamais pû être de mise parmi les gens raisonnables. Je sais bien que le mot humanitas étoit en usage parmi les Romains, mais dans un sens bien différent : car il ne signifioit pas l’essence abstraite d’aucune substance ; c’étoit le nom abstrait d’un mode. son concret étant humanus, & non pas homo : c’est ainsi qu’en françois, d’humain, nous avons fait humanité.
Comme les idées générales sont des abstractions de notre esprit, on pourroit aussi donner le nom de termes abstraits à ceux qui expriment ces idées universelles ; mais l’usage a voulu que ce nom rut reservé aux seules formes abstraites.
2°. Les termes se divisent en simples & en complexes.
Les termes simples sont ceux qui par un seul mot expriment un objet quel qu’il soit. Ainsi Rome, Socrate, Bucephale, homme, ville, cheval, sont des termes simples.
Les termes complexes sont composés de plusieurs termes joints ensemble : par exemple, ce sont des termes complexes, un homme prudent, un corps transparent, Alexandre fils de Philippe.
Cette addition se fait quelquefois par le pronom relatif, comme si je dis, un corps qui est transparent, Alexandre qui est fils de Philippe, le pape qui est vicaire de Jésus Christ.
Ce qu’il y a de plus remarquable dans ces termes complexes, est que l’addition que l’on fait à un terme est de deux sortes : l’une qu’on peut appeller explication, & l’autre détermination.
L’addition est explicative, quand elle ne fait que développer ou ce qui étoit enfermé dans la compréhension de l’idée du premier terme, ou du moins ce qui lui convient, comme un de ses accidens, pourvu qu’il lui convienne généralement & dans toute son étendue ; comme si je dis, l’homme qui est un animal doué de raison, ou l’homme qui desire d’être naturellement heu eux, ou l’homme qui est mortel ; ces additions ne sont que des explications, parce qu’elles ne changent point du tout l’idée d’homme, & ne la restreignent point à ne signifier qu’une partie des hommes ; mais marquent seulement ce qui convient à tous les hommes.
Toutes les additions qu’on ajoute aux noms qui marquent distinctement un individu, sont de cette sorte ; comme quand on dit, Jules César qui a été le plus grand capitaine du monde ; Paris qui est la plus belle ville de l’Europe ; Newton le plus grand de tous les mathématiciens ; Louis XV. roi de France : car les termes individuels distinctement exprimés, se prennent toujours dans toute leur étendue, étant déterminés tout ce qu’ils peuvent l’être.
L’autre sorte d’addition, qu’on peut appeller déterminatives, est quand ce qu’on ajoute à un mot général, en restreint la signification, & fait qu’il ne se prend plus pour ce mot général dans toute son étendue, mais seulement pour une partie de cette étendue, comme si je dis, les corps transparens, les hommes savans, un animal raisonnable : ces additions ne sont pas de simples explications, mais des déterminations, parce qu’elles restreignent l’étendue du premier terme, en faisant que le mot corps ne signifie plus qu’une partie des corps, & ainsi des autres : & ces additions sont quelquefois telles, qu’elles rendent un mot général individuel, quand on y ajoute des conditions individuelles, comme quand je dis, le roi qui est aujourd’hui, cela détermine le mot général de roi à la personne de Louis XV.
On peut distinguer de plus deux sortes de termes complexes, les uns dans l’expression, & les autres dans le sens seulement : les premiers sont ceux dont l’addition est exprimée ; les derniers sont ceux dont l’addition n’est point exprimée, mais seulement sousentendue : comme quand nous disons en France, le roi, c’est un terme complexe dans le sens, parce que nous n’avons pas dans l’esprit, en prononçant ce mot de roi, la seule idée générale qui répond à ce mot ; mais nous y joignons mentalement l’idée de Louis XV. qui est maintenant roi de France.
Mais ce qui est de plus remarquable dans ces termes complexes, est qu’il y en a qui sont déterminés dans la vérité à un seul individu, & qui ne laissent pas de conserver une certaine universalité équivoque, qu’on peut appeller une équivoque d’erreur, parce que les hommes demeurant d’accord que ce terme ne signifie qu’une chose unique, faute de bien discerner quelle est véritablement cette chose unique, l’appliquent les uns à une chose, & les autres à une autre ; ce qui fait qu’il a besoin d’être encore déterminé, ou par diverses circonstances, ou par la suite du discours, afin que l’on sache précisément ce qu’il signifie.
Ainsi le mot de véritable religion ne signifie qu’une seule & unique religion ; mais parce que chaque peuple & chaque secte croit que sa religion est la véritable, ce mot est très-équivoque dans la bouche des hommes, quoique par erreur ; & si on lit dans un historien, qu’un prince a été zélé pour la véritable religion, on ne sauroit dire ce qu’il a entendu par-là, si on ne sait de quelle religion a été cet historien.
Les termes complexes, qui sont ainsi équivoques par erreur, sont principalement ceux qui enferment des qualités dont les sens ne jugent point, mais seulement l’esprit, sur lesquelles il est facile par conséquent que les hommes aient divers sentimens : si je dis, par exemple : le roi de Prusse, pere de celui qui regne aujourd’hui, n’avoit pour la garde de sa maison, que des hommes de six piés ; ce terme complexe d’hommes de six piés, n’est pas sujet à être équivoque par erreur, parce qu’il est bien aisé de mesurer des hommes, pour juger s’ils ont six piés ; mais si l’on eut dit qu’ils étoient tous vaillans, le terme complexe de vaillans hommes eût été plus sujet à être équivoque par erreur.
Les termes de comparaison sont aussi fort sujets à être équivoques par erreur : le plus grand géometre de Paris, le plus savant, le plus adroit ; car quoique ces termes soient déterminés par des conditions individuelles, n’y ayant qu’un seul homme qui soit le plus grand géometre de Paris, néanmoins ce mot peut être facilement attribué à plusieurs ; parce qu’il est fort aisé que les hommes soient partagés de sentiment sur ce sujet, & qu’ainsi plusieurs donnent ce nom à celui que chacun croit avoir cet avantage par-dessus les autres.
Les mots de sens d’un auteur, de doctrine d’un auteur sur un tel sujet, sont encore de ce nombre, sur-tout, quand un auteur n’est pas si clair, qu’on ne dispute quelle a été son opinion : ainsi dans ce conflict d’opinions, les sentimens d’un auteur, quelque individuels qu’ils soient en eux-mêmes, prennent mille formes différentes, selon les têtes par lesquelles ils passent : ainsi ce mot de sens de l’Ecriture, étant appliqué par un hérétique à une erreur contraire à l’Ecriture, signifiera dans sa bouche cette erreur qu’il aura cru être le sens de l’Ecriture, & qu’il aura dans cette pensée appellée le sens de l’Ecriture ; c’est pourquoi les hérétiques n’en sont pas plus catholiques, pour protester qu’ils ne suivent que la parole de Dieu : car ces mot de parole de Dieu signifient dans leur bouche toutes les erreurs qu’ils confondent avec cette parole sacrée.
Mais pour mieux comprendre en quoi consiste l’équivoque de ces termes que nous avons appellés équivoques par erreur, il faut remarquer que ces mots sont connotatifs ou adjectifs ; ils sont complexes dans l’expression, quand leur substantif est exprimé ; complexe dans le sens, quand il est sous-entendu : or, comme nous avons déja dit, on doit considérer dans les mots adjectifs ou connotatifs, le sujet qui est directement, mais confusément exprimé, & la forme ou le mode qui est distinctement, quoique indirectement exprimée : ainsi le blanc signifie confusément un corps, & la blancheur distinctement : sentiment d’Aristote, par exemple, signifie confusément quelque opinion, quelque pensée, quelque doctrine ; & distinctement la relation de cette opinion à Aristote auquel on l’attribue.
Or, quand il arrive de l’équivoque dans ces mots, ce n’est pas proprement à cause de cette forme ou de ce mode, qui étant distinct, est invariable ; ce n’est pas aussi à cause du sujet confus, lorsqu’il demeure dans cette confusion : car, par exemple, le mot de prince des philosophes, ne peut jamais être équivoque, tant qu’il demeurera dans cette confusion, c’est-à-dire, qu’on ne l’appliquera à aucun individu distinctement connu ; mais l’équivoque arrive seulement, parce que l’esprit, au-lieu de ce sujet confus, y substitue souvent un sujet distinct & déterminé, auquel il attribue la forme & le mode.
Le mot de véritable religion, n’étant point joint avec l’idée distincte d’aucune religion particuliere, & demeurant dans son idée confuse, n’est point équivoque, puisqu’il ne signifie que ce qui est en effet la véritable religion ; mais lorsque l’esprit a joint cette idée de véritable religion à une idée distincte d’un certain culte particulier distinctement connu, ce mot devient très-équivoque, & signifie dans la bouche de chaque peuple, le culte qu’il prend pour véritable. Voyez la logique de Port-royal, d’où sont extraites les réflexions que nous venons de faire sur les différens termes complexes.
3°. Les termes se divisent en univoques, équivoques & analogues.
Les univoques sont ceux qui retiennent constamment la même signification à quelques sujets qu’on les applique. Tels sont ces mots, homme, ville, cheval.
Les équivoques sont ceux qui varient leur signification, selon les sujets auxquels on les applique. Ainsi le mot de canon signifie une machine de guerre, un décret de concile, & une sorte d’ajustement ; mais il ne les signifie que selon des idées toutes différentes. Nous venons d’expliquer comment ils occasionnent nos erreurs.
Les analogues sont ceux qui n’expriment pas dans tous les sujets précisément la même idée, mais du moins quelque idée, qui a un rapport de cause ou d’effet, ou de signe, ou de ressemblance à la premiere, qui est principalement attachée au mot analogue ; comme quand le mot de sain s’attribue à l’animal, à l’air & aux viandes. Car l’idée jointe à ce mot est principalement la santé qui ne convient qu’à l’animal ; mais on y joint une autre idée approchante de celle-là, qui est d’être cause de la santé, laquelle fait qu’on dit qu’un air est sain, qu’une viande est saine, parce qu’ils contribuent à conserver la santé. Ce que nous voyons dans les objets qui frappent nos sens, étant une image de ce qui se passe dans l’intérieur de l’ame, nous avons donné les mêmes noms aux propriétés des corps & des esprits. Ainsi ayant toujours apperçu du mouvement & du repos dans la matiere ; ayant remarqué le penchant ou l’inclination des corps ; ayant vu que l’air s’agite, se trouble & s’éclaircit ; que les plantes se développent, se fortifient & s’affoiblissent : nous avons dit le mouvement, le repos, l’inclination & le penchant de l’ame ; nous avons dit que l’esprit s’agite, se trouble, s’éclaircit, se développe, se fortifie, s’affoiblit. Tous ces mots sont analogues, par le rapport qui se trouve entre une action de l’ame & une action du corps. Il n’en a pas fallu d’avantage à l’usage, pour les autoriser & pour les consacrer. Mais ce seroit une grande erreur d’aller confondre deux objets, sous prétexte qu’il y a entr’eux un rapport quelconque, fondé souvent sur une analogie fort imparfaite, telle qu’elle se trouve entre l’ame & le corps. Voyez les mots où l’on explique l’abus du langage.
4°. Les termes se divisent en absolus & en relatifs. Les absolus expriment les êtres entant qu’on s’arrête à ces êtres, & qu’on en fait l’objet de sa réflexion, sans les rapporter à d’autres : au-lieu que les relatifs expriment les rapports, les liaisons & les dépendances des unes & des autres. Voyez les relations.
5°. Les termes se divisent en positifs & en négatifs. Les termes positifs sont ceux qui signifient directement des idées positives ; & les négatifs sont ceux qui ne signifient directement que l’absence de ces idées ; tels sont ces mots insipide, silence, rien, ténebres, &c. lesquels désignent des idées positives, comme celles du goût, du son, de l’être, de la lumiere, avec une signification de l’absence de ces choses.
Une chose qu’il faut encore observer touchant les termes, c’est qu’ils excitent outre la signification qui leur est propre, plusieurs autres idées qu’on peut appeller accessoires, auxquelles on ne prend pas garde, quoique l’esprit en reçoive l’impression. Par exemple, si l’on dit à une personne, vous en avez menti, & que l’on ne regarde que la signification principale de cette expression, c’est la même chose que si on lui disoit, vous savez le contraire de ce que vous dites. Mais outre cette signification principale, ces paroles emportent dans l’usage une idée de mépris & d’outrage ; & elles font croire que celui qui nous le dit ne se soucie pas de nous faire injure, ce qui les rend injurieuses & offensantes.
Quelquefois ces idées accessoires ne sont pas attachées aux mots par un usage commun, mais elles y sont seulement jointes par celui qui s’en sert ; & ce sont proprement celles qui sont excitées par le son de la voix, par l’air du visage, par les gestes, & par les autres signes naturels, qui attachent à nos paroles une infinité d’idées qui en diversifient, changent, diminuent, augmentent la signification, en y joignant l’image des mouvemens, des jugemens & des opinions de celui qui parle. Le ton signifie souvent autant que les paroles même. Il y a voix pour instruire, voix pour flatter, voix pour reprendre : souvent on ne veut pas seulement qu’elle arrive jusqu’aux oreilles de celui qui en parle, mais on veut qu’elle le frappe & qu’elle le perce ; & personne ne trouveroit bon qu’un laquais que l’on reprend un peu fortement, répondît, monsieur, parlez plus bas, je vous entends bien ; parce que le ton fait partie de la réprimande, & est nécessaire pour former dans l’esprit l’idée qu’on y veut imprimer.
Mais quelquefois ces idées accessoires sont attachées aux mots mêmes, parce qu’elles s’excitent ordinairement par tous ceux qui les prononcent. Et c’est ce qui fait qu entre des expressions qui semblent signifier la même chose, les unes sont injurieuses, les autres douces ; les unes modestes, & les autres impudentes ; quelques-unes honnêtes, & d’autres déshonnêtes ; parce que, outre cette idée principale en quoi elles conviennent, les hommes y ont attaché d’autres idées qui sont cause de cette diversité.
C’est encore par-là qu’on peut reconnoître la différence du style simple & du style figuré, & pourquoi les mêmes pensées nous paroissent beaucoup plus vives quand elles sont exprimées par une figure, que si elles étoient renfermées dans des expressions toutes simples. Car cela vient de ce que les expressions figurées signifient, outre la chose principale, le mouvement & la passion de celui qui parle, & impriment ainsi l’une & l’autre idée dans l’esprit, au-lieu que l’expression simple ne marque que la vérité toute nue. Par exemple, si ce demi-vers de Virgile, Usque adeò ne mori miserum est, étoit exprimé simplement & sans figure de cette sorte, Non est usque adeò mori miserum, certes il auroit beaucoup moins de force ; & la raison en est que la premiere expression signifie beaucoup plus que la seconde. Car elle n’exprime pas seulement cette pensée, que la mort n’est pas un si grand mal qu’on le croit ; mais elle représente de plus l’idée d’un homme qui se roidit contre la mort, & qui l’envisage sans effroi : image beaucoup plus vive que n’est la pensée même à laquelle elle est jointe. Ainsi il n’est pas étrange qu’elle frappe davantage, parce que l’ame s’instruit par les images des vérités ; mais elle ne s’émeut guere que par l’image des mouvemens.
Si vis me flere, dolendum est
Primùm ipse tibi.
Mais comme le style figuré signifie ordinairement avec les choses les mouvemens que nous ressentons en les concevant & en parlant, on peut juger par-là de l’usage que l’on en doit faire, & quels sont les sujets auxquels il est propre. Il est visible qu’il est ridicule de s’en servir dans des matieres purement spéculatives, que l’on regarde d’un œil tranquille, & qui ne produisent aucun mouvement dans l’esprit. Car puisque les figures expriment les mouvemens de notre ame, celles que l’on mêle en des sujets où l’ame ne s’émeut point, sont des mouvemens contre la nature & des especes de convulsions. C’est pourquoi il n’y a rien de moins agréable que certains prédicateurs, qui s’écrient indifféremment sur tout, & qui ne s’agitent pas moins sur des raisonnemens philosophiques, que sur les vérités les plus étonnantes & les plus nécessaires pour le salut.
Mais lorsque la matiere que l’on traite est telle qu’elle nous doit raisonnablement toucher, c’est un défaut d’en parler d’une maniere seche, froide & sans mouvement, parce que c’est un défaut de n’être pas touché de ce que l’on doit. Ainsi les vérités divines n’étant pas proposées simplement pour être connues, mais beaucoup plus pour être aimées, révérées & adorées par les hommes, il est certain que la maniere noble, élevée & figurée, dont les saints peres les ont traitées, leur est bien plus proportionnée qu’un style simple & sans figure, comme celui des scholastiques ; puisqu’elle ne nous enseigne pas seulement ces vérités, mais qu’elle nous représente aussi les sentimens d’amour & de révérence avec lesquels les peres en ont parlé ; & que portant ainsi dans notre esprit l’image de cette sainte disposition, elle peut beaucoup contribuer à y en imprimer une semblable : au-lieu que le style scholastique étant simple, sec, aride & sans aménité, est moins capable de produire dans l’ame les mouvemens de respect & d’amour que l’on doit avoir pour les vérités chrétiennes. Le plaisir de l’ame consiste plus à sentir des mouvemens, qu’à acquérir des connoissances.
Cette remarque peut nous aider à résoudre cette question célebre entre les Philosophes, s’il y a des mots déshonnêtes, & à réfuter les raisons des Stoïciens qui vouloient qu’on pût se servir indifféremment des expressions qui sont estimées ordinairement infames & impudentes.
Ils prétendent, dit Cicéron, qu’il n’y a point de paroles sales ni honteuses. Car ou l’infamie, disent-ils, vient des choses, ou elle est dans les paroles. Elle ne vient pas simplement des choses, puisqu’il est permis de les exprimer en d’autres paroles qui ne passent point pour déshonnêtes. Elle n’est pas aussi dans les paroles considérées comme sons ; puisqu’il arrive souvent qu’un même son signifiant diverses choses, & étant estimé déshonnête dans une signification ne l’est point dans l’autre.
Mais tout cela n’est qu’une vaine subtilité qui ne naît que de ce que les Philosophes n’ont pas assez considéré ces idées accessoires, que l’esprit joint aux idées principales des choses. Car il arrive de-là qu’une même chose peut être exprimée honnêtement par un son, & déshonnêtement par un autre, si un de ses sons y joint quelque autre idée qui en couvre l’infamie ; & si au contraire l’autre la présente à l’esprit d’une maniere impudente. Ainsi les mots d’adultere, d’inceste, de péché abominable ne sont pas infames, quoiqu’ils représentent des actions très-infames, parce qu’ils ne les représentent que couvertes d’un voile d’horreur, qui fait qu’on ne les regarde que comme des crimes, de sorte que ces mots signifient plutôt le crime de ces actions que les actions mêmes : au-lieu qu’il y a de certains mots qui les expriment sans en donner de l’horreur, & plutôt comme plaisantes que criminelles, & qui y joignent même une idée d’impudence & d’effronterie ; & ce sont ces mots là qu’on appelle infames & déshonnêtes.
Il en est de même de certains tours par lesquels on exprime honnêtement des actions qui, quoique légitimes, tiennent quelque chose de la corruption de la nature. Car ces tours sont en effet honnêtes, parce qu’ils n’expriment pas simplement ces choses ; mais aussi la disposition de celui qui en parle de cette sorte, & qui temoigne par sa retenue qu’il les envisage avec peine, & qu’il les couvre autant qu’il peut & aux autres & à lui-même. Au-lieu que ceux qui en parleroient d’une autre maniere, feroient paroître qu’ils prendroient plaisir à regarder ces sortes d’objets ; & ce plaisir étant infame, il n’est pas étrange que les mots qui impriment cette idée soient estimés contraires à l’honnêteté. Voyez Logique de Port Royal.
Terme, s. m. (Physique.) est en général l’extrémité de quelque chose, ou ce qui termine & limite son étendue.
Terme, en Géométrie, se prend aussi quelquefois pour un point, pour une ligne, &c. un point est le terme d’une ligne, une ligne est le terme d’une surface, & la surface est le terme d’un solide. Voyez Point, Ligne, Surface, &c.
C’est ce qu’on appelle dans les écoles terme de quantité.
Terme, dans une quantité algébrique, comme a + b − c − d, ce sont les différentes parties a, b, c, d, séparées par les signes + & −.
Termes d’une équation, en Algebre, sont les différens monomes dont elle est composée ; ainsi dans l’équation a + b = c, a, b, c, sont les termes.
Lorsque l’équation renferme une inconnue élevée à différentes puissances, on ne prend alors d’ordinaire que pour un terme la somme ou l’assemblage de tous les termes, où l’inconnue se trouve à la même puissance.
Ainsi dans cette équation xx + bx = R, les trois termes sont xx, bx & R.
Et dans celle-ci xx + bx + cx = Rd + dc, les termes sont xx, bx + cx, & Rd + dc, qui ne font que trois termes, parce que ab + ac, où a se trouve dans la même dimension en l’une & l’autre partie, ne sont comptés que pour un terme.
Dans une équation, on prend ordinairement pour le premier terme celui où la lettre inconnue a la plus haute dimension : le terme qui contient la racine élevée à la puissance plus basse immédiatement après, est appellé le second terme, &c. Ainsi dans l’équation x3 + axx + bbx = c3, axx est le second terme bbx le troisieme, &c. si le terme axx manque, ou le terme bbx, ou tous les deux, en ce cas on dit que l’équation n’a pas de second ou de troisieme terme, ou manque du second & du troisieme termes. Voyez Second terme.
Termes de proportion, en Mathématiques, signifient tels nombres, lettres ou quantités que l’on veut comparer les uns aux autres. Voyez Proposition.
Par exemple, si | 4 : 8 ∷ 6 : 12 |
a : b ∷ c : d, |
Alors a, b, c, d, ou 4, 8, 6, 12, sont appellés les termes de la proportion, desquels a ou 4 est appellé le premier terme, 6 ou 8 le second terme, &c. Voyez Second.
a & c s’appellent aussi les antécédens, & b & d les conséquens. Voyez Antécédent & Conséquent. Chambers. (O)
Termes milliaires, (Littérat.) c’étoient chez les Grecs certaines têtes de divinités, posées sur des bornes quarrées de pierre, ou des gaines de terme qui servoient à marquer les stades des chemins, c’est ce que Plaute entend par lares viales ; ces termes étoient ordinairement dédiés à Mercure, parce que les Grecs croyoient que ce Dieu présidoit à la sûreté des grands chemins. Il y en avoit aussi à quatre têtes. On en voit encore deux de cette sorte à Rome à l’extrémité du pont Fabricien, nommé aujourd’hui à cause de cela Ponte di quatro capi. Ces termes représentoient véritablement Mercure, que les latins appelloient Mercurius quadrifons, parce qu’ils prétendoient que ce dieu avoit enseigné aux hommes les lettres, la musique, la lutte & la géométrie. (D. J.)
Terme, (Mythologie.) dieu protecteur des bornes que l’on met dans les champs, & vengeur des usurpations, deus Terminus. C’étoit un des plus anciens dieux des Romains ; la preuve est dans les lois romaines faites par les rois, dans lequel on ne trouve le culte d’aucun dieu établi avant celui du dieu Terme. Ce fut Numa qui inventa cette divinité, comme un frein plus capable que les lois d’arrêter la cupidité. Après avoir fait au peuple la distribution des terres, il bâtit au dieu Terme un petit temple sur la roche Tarpéienne. Dans la suite, Tarquin le superbe ayant voulu bâtir un temple à Jupiter sur le capitole, il falut déranger les statues, & même les chapelles qui y étoient déja : tous les dieux céderent sans résistance la place qu’ils occupoient ; le dieu Terme tint bon contre tous les efforts qu’on fit pour l’enlever, & il falut nécessairement le laisser en sa place : ainsi il se trouva dans le temple même qui fut construit en cet endroit. Ce conte se débitoit parmi le peuple, pour lui persuader qu’il n’y avoit rien de plus sacré que les limites des champs : c’est pourquoi ceux qui avoient l’audace de les changer étoient dévoués aux furies, & il étoit permis de les tuer.
Le dieu Terme fut d’abord représenté sous la figure d’une grosse pierre quarrée ou d’une souche : dans la suite, on lui donna une tête humaine placée sur une borne pyramidale ; mais il étoit toujours sans bras & sans piés, afin, dit-on, qu’il ne pût changer de place.
On honoroit ce dieu non-seulement dans ses temples, mais encore sur les bornes des champs qu’on ornoit ce jour-là de guirlandes, & même sur les grands chemins. Les sacrifices qu’on lui faisoit ne furent pendant long-tems que des libations de vin & de lait, avec des offrandes de fruits & quelques gâteaux de farine nouvelle. Dans la suite, on lui immola des agneaux & des truies, dont on faisoit un festin auprès de la borne. Les sacrifices & les fêtes en l’honneur de ce dieu se nommoient terminales. Voyez Terminales. (D. J.)
Termes, (Jurisprud.) sont les mots qui servent à exprimer les pensées ; on en distingue en Droit plusieurs sortes.
Termes consacrés sont ceux qui sont destinés singulierement à exprimer quelque chose.
Termes démonstratifs sont ceux qui ne servent que d’indication, & non de limitation : ils sont opposés aux termes limitatifs. Par exemple, quand un testateur legue une rente à quelqu’un, & qu’il assigne le payement sur une telle maison, ces termes ne sont que démonstratifs ; de sorte que si la maison vient à périr, la rente n’en est pas moins dûe : mais s’il legue une telle maison & qu’elle vienne à périr, le legs est caduc, parce que le legs est conçu en termes limitatifs.
Termes directs sont ceux par lesquels on ordonne directement quelque chose, & qui tombent directement sur la personne qui est appellée à une succession ou legs. Voyez termes obliques ou indirects.
Termes impératifs sont ceux par lesquels le législateur ou un testateur ordonnent quelque chose.
Termes indirects, voyez termes obliques.
Termes limitatifs, voyez termes démonstratifs.
Termes négatifs sont ceux qui défendent de contrevenir à une disposition.
Termes obliques sont ceux par lesquels on ordonne indirectement quelque chose, ou qui s’adressent indirectement à quelqu’un.
Termes prohibitifs sont ceux par lesquels le législateur ou un testateur défendent quelque chose : ils sont prohibitifs, négatifs, lorsqu’il est défendu de faire aucune disposition ou convention contraire à ce qui est ordonné.
Termes propres sont ceux qui conviennent pour exprimer quelque chose ; propres termes sont les termes mêmes d’un acte que l’on rapporte littéralement. Voyez les mots Acte, Clause, Convention, Disposition, Lot, Testament. (A)
Terme, s. m. (Architect.) ce mot dérivé du grec terma, limite, signifie une statue d’homme ou de femme, dont la partie inférieure se termine en gaîne. On la place ordinairement au bout des allées & palissades dans les jardins. C’est ainsi qu’ils sont distribués à Versailles. Quelquefois les termes tiennent lieu de consoles, & portent des entablemens dans les édifices, comme dans le couvent des PP. Théatins à Paris.
Terme angélique ; figure d’ange en demi-corps, dont la partie inférieure est en gaîne, comme ceux du chœur des grands Augustins à Paris.
Terme double ; terme composé de deux demi-corps ou de deux demi-bustes adossés, qui sortent d’une même gaîne, ensorte qu’ils présentent deux faces, l’une devant, l’autre derriere ; tels étoient les hermathènes.
Terme en buste ; terme sans bras, & qui n’a que la partie supérieure de l’estomac. Il y a des termes de cette espece à l’entrée du château de Fontainebleau & dans les jardins de Versailles.
Terme en console ; terme dont la gaîne finit en enroulement, & dont le corps est avancé pour porter quelque chose. C’est ainsi que sont les termes angéliques de métal doré au maître-autel de l’église S. Séverin à Paris.
Terme marin ; terme qui, au-lieu de gaîne, a une double queue de poisson, tortillée : ce terme convient aux décorations des grottes & fontaines. Tels sont les termes de la fontaine de Vénus dans la vigne Pamphile à Rome.
Terme rustique ; terme dont la gaîne, ornée de bossages ou de glaçons, porte la figure de quelque divinité champêtre : ce terme convient aux grottes & fontaines. Il y a un de ces termes à la tête du canal de Vaux.
L’origine des termes que nous voyons aux portails & aux balcons de nos maisons vient des hermes athéniens qu’on plaçoit aux vestibules & dans les temples. On feroit donc mieux de les nommer des hermes que des termes ; car quoique les termes, appellés termini par les Latins, fussent des pierres quarrées auxquelles ils ajoutoient quelquefois une tête, néanmoins ils étoient plutôt employés pour marquer les limites des champs & des possessions de chaque particulier que pour décorer des bâtimens. Les Latins même avoient d’autres noms pour signifier les figures des femmes sans bras & sans piés qu’ils plaçoient dans les édifices, pour soutenir les galeries & les portiques, & pour porter les architraves ; ils les appelloient, d’après les Grecs, caryatides ou persiques ; & ils nommoient telamones les figures d’hommes qui soutenoient les saillies des corniches ; mais la langue françoise qui craint les aspirations, a préferé le nom de termes à celui de hermes. (D. J.)
Termes, (Géog. anc.) ville d’Espagne dans la Celtibérie, selon Pline, l. III. c. iij. & Florus, l. IV. c. xj. Ptolomée, l. II. c. vj. la donne aux Arevaci, & Appien, p. 535. dit que Termisus étoit une grande ville. Le nom moderne, selon plusieurs, est Lerma ou Lerme sur l’Arlanzon ; selon d’autres, c’est Nuestra Sennora de Tiermes.
Les habitans de cette ville sont appellés Termestini par Tite-Live. Il s’agit de savoir si la ville de Termantia d’Appien est la même ville que Termes, & si les Termantini sont le même peuple qui est appellé Termestini par Tite-Live. Une chose donne matiere à ce doute, c’est qu’il n’est guere naturel qu’un même auteur, dans un même livre & dans la description de la même guerre, appelle la même ville tantôt Termantia, tantôt Termisus ; cependant la plûpart des modernes jugent qu’Appien sous ces deux noms a entendu parler de la même ville. (D. J.)
Termes d’un nivellement, (Hydraul.) ce sont les deux extrémités où commence & finit un nivellement. Elles sont différentes des deux points d’un coup de niveau, qui sont compris dans les deux stations d’où l’on part & où l’on s’arrête, lesquelles peuvent se répéter plusieurs fois dans un long nivellement. (K)
Termes, (Marine.) ce sont des statues d’hommes ou de femmes, dont la partie inférieure se termine en gaîne, & dont on décore la poupe des vaisseaux.
Étymologie de « terme »
Provenç. et cat. terme ; du lat. terminus, qui tient au grec τέρμα, borne. Ter-minus est un participe moyen de la racine tar, pénétrer : ce qui va au delà, ce qui limite. Terme est la forme française ; au XIIIe siècle on refit sur le latin termine, qui n'a pas duré.
- (Nom commun 1) (Milieu XI) Du moyen français terme, de l'ancien français terme, du latin terminus (« borne »). En latin chrétien, terminus (ou parfois termen, → voir tertre) a rendu le grec όρος, oros (« borne »).
- (Nom commun 2) (1370) Du moyen français terme, de l'ancien français terme, du latin médiéval terminus (« qui limite le sens ») découlant du premier mot d'où l’analogie, « détermination du sens d'un mot, définition » et « terme d'une proposition ».
- (Nom commun 3) (1571) Du moyen français terme, du dieu latin Terminus qui servait de bornes et qui était représenté avec une partie inférieure du corps dans une gaine.
Phonétique du mot « terme »
Mot | Phonétique (Alphabet Phonétique International) | Prononciation |
---|---|---|
terme | tɛrm |
Citations contenant le mot « terme »
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Traductions du mot « terme »
Langue | Traduction |
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Anglais | term |
Espagnol | término |
Italien | termine |
Allemand | begriff |
Chinois | 术语 |
Arabe | مصطلح |
Portugais | prazo |
Russe | срок |
Japonais | 期間 |
Basque | epe |
Corse | terminu |
Synonymes de « terme »
- échéance
- crédit
- délai
- fin
- issue
- but
- borne
- bout
- dénouement
- achèvement
- accomplissement
- loyer
- mensualité
- trimestre
- expression
- mot
- locution
- terminaison
- analogie
- conclusion
- disposition
- langage
- limite
- rapport
- redevance
- relation
- vocable
- mettre un terme
- mettre un terme à
- termes
- vente à terme
- ferme
- formule
- terme
Antonymes de « terme »
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Nombre de points du mot terme au scrabble : 7 points