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Gâté

Définitions de « gâté »

Trésor de la Langue Française informatisé

GÂTÉ, -ÉE, part. passé et adj.

I. − Part. passé de gâter*.
II. − Emploi adj.
A. −
1. [Correspond à gâter I B 1; en parlant d'un élément, d'une denrée périssable] Pourri, avarié. Poisson, aliments gâté(s). L'habitude du bonhomme était, comme celle d'un grand nombre de gentilshommes campagnards, de boire son mauvais vin et de manger ses fruits gâtés (Balzac, E. Grandet,1834, p. 164).Les masses de matières alimentaires gâtées ou altérées (Brunerie, Industr. alim.,1949, p. 93).
P. métaph. Les plus cruels critiques des poètes sont encore les imitateurs : ils se mettent, comme les mouches, sur l'endroit gâté et le dessinent (Sainte-Beuve, Tabl. poés. fr.,1828, p. 101).
Emploi subst. Ôter le gâté d'un fruit (Littré).
Dent gâtée. Dent cariée. Il s'était fait l'ami et presque l'amant de la duègne aux dents gâtées et à la voix rauque, pour laquelle il avait conçu, dès l'abord, une aversion profonde (Flaub.1reÉduc. sent.,1845, p. 101).
Au fig., vieilli. Ayant remarqué que la moindre goutte d'alcool le rendait fou (...) il en venait à penser qu'il payait pour les autres, les pères, les grands-pères, qui avaient bu, les générations d'ivrognes dont il était le sang gâté (Zola, Bête hum.,1890, p. 44).
2. [Correspond à gâter I B 3; en parlant d'une saison, d'une journée gâtées par le mauvais temps] Un hiver gâté (Péguy, Tapisserie N.-D.,1913, p. 678).
3. [Correspond à gâter I C 1] Abîmé, dont l'aspect est altéré, défiguré. Les filles étaient précoces, aux fosses; et il se rappelait les ouvrières de Lille, qu'il attendait derrière les fabriques, ces bandes de filles gâtées dès quatorze ans, dans les abandons de la misère (Zola, Germinal,1885, p. 136).Alice de Beauvilliers, âgée de vingt-cinq ans, mais si appauvrie, qu'on l'aurait prise pour une fillette, sans le teint gâté et les traits déjà tirés du visage (Zola, Argent,1891, p. 67).
4.
a) [Correspond à gâter I D 3; en parlant d'une faculté ou d'une qualité humaine] Déformé. Nous retrouvons Trooet et son talent minutieux mais gâté, dans une salle latérale (Verlaine, Œuvres compl., t. 5, Quinze jours en Holl., 1893, p. 269).
b) [Correspond à gâter I C 4; en parlant de qqn] Corrompu, dépravé. Pour elle, n'était-ce pas une existence fâcheuse, d'où elle sortirait indolente et gâtée, incapable de vouloir (Zola, Dr Pascal,1893, p. 282).
B. −
1. [Correspond à gâter II A; en partic. en parlant d'un enfant] Choyé à l'excès et élevé avec trop d'indulgence. Une petite fille gâtée, un grand garçon gâté. On entendait de la porte le bruit régulier d'un berceau. Petit Pierre, bien gâté tout de même, avait gardé cette habitude de se faire endormir (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 240).
P. ext. Enfant gâté. Enfant, personne capricieuse. Des caprices, des gestes, des défauts d'enfant gâté; quel enfant gâté!; c'est un enfant gâté! Ensuite elle m'a essuyé les yeux, elle m'a consolée par de vagues paroles accommodantes (...) tout ce que j'ai voulu m'a été concédé, promis, comme à un enfant gâté (Frapié, Maternelle,1904, p. 254).
Au fig. Être l'enfant gâté de qqn ou de qqc. En être le préféré, le favori. Être l'enfant gâté de la fortune, d'une société, du public. Il courait débiter à la comtesse, à la marquise (...) la même galanterie, ce qui en faisait l'enfant gâté de ces dames (Zola, Contes Ninon,1864, p. 59) :
1. − Causerie avec une brave vieille qui arrachait à la main la mauvaise herbe d'une vigne pour en nourrir sa chèvre; comparé mon sort avec le sien et senti que j'étais un enfant gâté de la providence; et reconnu avec confusion l'immensité de mes privilèges. Amiel, Journal,1866, p. 221.
2. [Correspond à gâter II B, au passif; en parlant de qqn qui a la chance d'être comblé] :
2. Vers onze heures, nous arrivons à X..., une grande ville (peu importe le nom) où on ne paye pas mal, où on travaille beaucoup; le public, gâté, veut les « grands numéros » tout de suite après Paris... Colette, Music-hall,1913, p. 11.
Emploi subst. J'aurais bien, pour en finir, avoué que j'avais une veine inouïe! une chance pas croyable! que j'étais un gâté terrible! (Céline, Mort à crédit,1936, p. 566).
Prononc. et Orth. : [gɑte]. Ds Ac. de 1694 à 1878. Fréq. abs. littér. : 1 081. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 360, b) 2 079; xxes. : a) 1 873, b) 1 195.

Wiktionnaire

Nom commun - français

gâté \ɡɑ.te\ masculin

  1. (Occitanie) Câlin.
    • Faire un gâté, aimer les gâtés.

Adjectif - français

gâté

  1. Qualifie un enfant, une personne, à qui son entourage passe tous ses caprices.
    • Cet enfant unique est d'ailleurs élevé très mal : un enfant gâté, dorloté, pourri d'égoïsme. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
    • Il demeure un enfant gâté, toujours prêt à opérer un quelconque Anschluss pour s'approprier les jouets qu'il convoite. — (Frédéric Dard, San-Antonio : Mesdames, vous aimez ça !, Fleuve Noir, 1994)
  2. (Familier) Qui est altéré par putréfaction.
    • Un fruit gâté.
  3. (Spécialement) Qualifie des dents fort cariées.
    • Chiquant du tabac et recrachant entre ses dents gâtées des jets de salive marron, son père explosa de colère, […]. — (Catherine Fourgeau, Dobadjo: la première épouse, L'Harmattan, 2000, page 239)
    • La barbe de l'homme pointait, la bouche ouverte découvrait des dents gâtées, il s'était étalé, la tunique déboutonnée, et avait posé une de ses jambes, revêtue d'une molletière en cuir, sur le siège en face de lui, […]. — (Sándor Márai, Les Étrangers, traduit du hongrois par Catherine Fay, Paris : Albin Michel, 2014, livre 1, chap. 1)
  4. (Sens figuré) Abîmé, endommagé, au point de ne plus servir.
    • Cet appareil est gâté.
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Littré (1872-1877)

GÂTÉ (gâ-té, tée) part. passé de gâter
  • 1Qui est ravagé. Le pays gâté par l'armée qui l'envahit.
  • 2 Par extension, mis en mauvais état, détérioré. Les chemins gâtés par l'ennemi qui se retirait. Je veux leur ôter la peine de venir à Livry, dont les chemins sont déjà gâtés, Sévigné, 13 oct. 1679. Comme si l'on pouvait obtenir un travail quelconque d'ouvriers exténués par la faim, par les marches ; de malheureux à qui le jour entier ne suffit pas pour trouver des vivres, pour les préparer, dont les forges sont abandonnées ou gâtées, Ségur, Hist. de Nap. X, 2.

    Fig. Ma résolution, madame, est qu'on les marie, et tout au plus vite, ils seront fort bien ensemble ; il n'y aura du moins qu'un ménage de gâté, Dancourt, la Parisienne, sc. dern. Vous voyez bien qu'il n'y a là qu'un ménage de gâté [il s'agit d'un homme marié qu'on voulait enfermer], Voltaire, Lett. Élie de Beaumont, 24 janv. 1770. Je viens de lire Manlius ; il y a de grandes beautés, mais elles sont plus historiques que tragiques, et, à tout prendre, cette pièce ne me paraît que la conjuration de Venise de l'abbé de Saint-Réal gâtée, Voltaire, Lett. d'Argental, juill. 1751.

    Fig. Il n'y a rien de gâté, l'affaire n'est pas perdue, les choses peuvent se raccommoder. Laissez-moi faire, il n'y a encore rien de gâté, Marivaux, Serm. indisc. v, 2.

    En sens contraire, tout est gâté, tout est perdu. Faites des vers comme Racine, Passez les dieux en bonne mine, Et Myrtil en fidélité ; Soyez absent, tout est gâté, Malézieu, dans Trévoux.

  • 3Blessé, meurtri. Et vraisemblablement La Rappinière était gâté sans le vaillant défenseur que Dieu lui suscita, Scarron, Rom. com I, 3. …Voilà mon loup par terre, Mal en point, sanglant et gâté, La Fontaine, Fabl. XII, 17.
  • 4Sali, couvert d'ordure. Mais, pour vous régaler Du souci qui pour elle ici vous inquiète, Elle vous fait présent de cette cassolette. - Fi ! cela sent mauvais et je suis tout gâté, Molière, l'Ét. III, 13.
  • 5Altéré par la putréfaction. Viande gâtée. Fruits gâtés.

    S. m. Le gâté, la partie gâtée. Ôtez le gâté de cette pomme, le reste est bon.

    Fig. Si mon livre vous avait généralement déplu, je l'aurais entièrement effacé ; mais, puisqu'il a quelques parties saines, j'ai cru qu'il me suffisait de retrancher le gâté pour vous obliger de souffrir le reste, Guez de Balzac, lett. 10, liv. VI.

  • 6Affecté d'une maladie qui vicie le sang, et, particulièrement, d'une maladie syphilitique. Il vaut mieux que l'enfant suce le lait d'une nourrice en santé que d'une mère gâtée, Rousseau, Ém. I. J'achète cher un œuf frais, il est vieux ; un beau fruit, il est vert ; une fille, elle est gâtée, Rousseau, Conf. I. M. le maire prit à Christophe sa fille unique, et au bout de huit jours la lui rendit gâtée, Courier, Gazette du village.
  • 7Atteint de quelque altération morale. Un homme qui n'a pas l'esprit gâté n'a pas besoin qu'on lui prouve son franc-arbitre ; car il le sent, Bossuet, Connaiss. I, 18. Il n'est point gâté de dix ans d'ambassade, Sévigné, 10 janv. 1689. Les princes gâtés par la flatterie trouvent sec et austère tout ce qui est libre et ingénu, Fénelon, Tél. XI. Tu aurais fait quelque autre faute ; car il fallait que tu en fisses, étant aussi gâté que tu l'étais par la mollesse, par l'orgueil, et par la haine des conseils sincères, Fénelon, Dial. des morts anc. (Xercès et Léonidas). À la nouvelle du départ de Napoléon, gâtés par l'habitude de n'être commandés que par le conquérant de l'Europe, n'étant plus soutenus par l'honneur de le servir, et dédaignant d'en garder un autre, ces vétérans [la vieille garde] s'ébranlèrent à leur tour et tombèrent dans le désordre, Ségur, Hist. de Nap. XII, 1.

    Il se dit dans un sens analogue d'un siècle, d'une littérature, d'une langue. Un siècle malade et généralement gâté. Et cependant, par l'influence d'une langue gâtée comme la littérature de leur temps, Augustin et Tertullien ne paraissent souvent que des génies sans goût et d'éloquents barbares, Villemain, Dict. de l'Acad. préface, p. X.

  • 8Qui est en butte à des complaisances excessives, à des flatteries, etc. Une femme gâtée par son mari.

    Enfant gâté, enfant que ses parents gâtent par une trop grande indulgence. C'est une fille unique… fille gâtée, Maintenon, Lett. à M. d'Aubigné, 28 février 1678.

    Gâté des hommes, de la fortune, se dit de celui qui a eu toutes sortes d'avantages. C'était bien, comme on le disait, un vieil enfant gâté de la fortune, Marmontel, Mém. IV.

    On dit aussi en parlant d'un homme : C'est l'enfant gâté des dames.

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Étymologie de « gâté »

(Participe passé et adjectif) Du verbe gâter.
(Nom commun) De l’occitan gatet, gateta, dérivé de gat, "chat" : caresse, câlin[1].
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « gâté »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
gâté gate

Fréquence d'apparition du mot « gâté » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « gâté »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Traductions du mot « gâté »

Langue Traduction
Anglais spoiled
Espagnol arruinado
Italien viziato
Allemand verwöhnt
Chinois 被宠坏的
Arabe مدلل
Portugais estragado
Russe испорченный
Japonais 甘やかされた
Basque hondatu
Corse sguassatu
Source : Google Translate API

Antonymes de « gâté »

Combien de points fait le mot gâté au Scrabble ?

Nombre de points du mot gâté au scrabble : 3 points

Gâté

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