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Chat

Variantes Singulier Pluriel
Masculin chat chats

Définitions de « chat »

Trésor de la Langue Française informatisé

CHAT1, CHATTE, subst.

I.−
A. ZOOL. Genre de mammifères carnivores de la famille des Félidés comprenant le lion, le tigre, la panthère, le lynx, etc. Nom sc. felis. Chat haret, chat sauvage, chat-cervier (v. aussi chat-pard*, chat-tigre*) :
1. Le Small Cat House ou Home des félins mineurs, m'attire par ses exquis ocellots sud-américains, petites panthères miaulantes, son « léopard nébuleux » d'Assam, acheté en 1925, ses étranges bêtes presque inconnues, ce ratel à dos blanc, ce panda de l'Himalaya à queue d'écureuil et visage de loulou de Poméranie, qui pivote sur lui-même éternellement, comme le globe terrestre, ce gros chat gris de la Pampa, ce chat d'or, ce chat-pêcheur, et enfin ce lynx ravissant de Gambie, à oreilles noires, où les touffes de poils font des nœuds de rubans. Morand, Londres,1933, p. 132.
En partic. région. (Canada). Chat (sauvage). Raton laveur. Capot de (ou en) chat sauvage. Capot de chat bien fourré (Cl. Jasmin, L'Outaragasipi,Montréal, 1971, p. 51).
B.− Lang. cour. Chat de gouttière, chat domestique. Petit animal domestique carnassier, à pelage de couleur variée souvent noir ou gris, se nourrissant de souris, de petites proies, et de la nourriture servie par ses maîtres. Chat noir, gris, tigré; petit chat, mère-chatte; chat angora, chartreux, persan, siamois; miaulement, ronronnement de chat. Un joli chat noir avec de grands yeux verts (Champfleury, Les Aventures de Mlle Mariette,1853, p. 72):
2. Les amoureux fervents et les savants austères Aiment également, dans leur mûre saison, Les chats puissants et doux, orgueil de la maison, Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires. Baudelaire, Les Fleurs du Mal,Les Chats, Éd. Le Dantec, 1857, p. 63.
3. Je ne sais pas. Jouons. − Et Jeanne repartit : − Vois-tu, le chat c'est gros, la souris c'est petit. − Eh bien? − Et Jeanne alors, en se grattant la tête, Reprit : − Si la souris était la grosse bête, À moins que le Bon Dieu là-haut ne se fâchât, Ce serait la souris qui mangerait le chat. Hugo, La Légende des siècles,t. 6, 1883, p. 374.
4. − Le dégel? Les météorologues de Paris ne m'en apprendront pas! Regarde les pattes de la chatte! Frileuse, la chatte en effet pliait sous elle des pattes invisibles, et serrait fortement les paupières. − Pour un petit froid passager, continuait « Sido », la chatte se roule en turban, le nez contre la naissance de la queue. Pour un grand froid, elle gare la plante de ses pattes de devant et les roule en manchon. Colette, Sido,1929, p. 39.
Rem. Compar. usuelles appliquées à l'homme à propos a) Du chat : agile, frileux, lascif comme un chat; bondir, sauter comme un chat; avancer à pas de chat; avoir des yeux de chat, un sommeil de chat. b) De la chatte (où les attributs de la chatte sont gén. appliqués à une femme) : un petit nez de chatte, un regard de (jeune) chatte; une langueur, une pudeur, une volupté de chatte; une âme, des grâces, des mines de chatte :
5. Elle avait l'air si doux, si tristement docile et d'attendre de moi son bonheur, que j'avais peine à me contenir et à ne pas embrasser, − (...) − ce visage nouveau qui n'offrait plus la mine éveillée et rougissante d'une chatte mutine et perverse au petit nez rose et levé, mais semblait, dans la plénitude de sa tristesse accablée, fondu, à larges coulées aplaties et retombantes, dans de la bonté. Proust, Sodome et Gomorrhe,1922, p. 831.
C.− P. métaph. [Appliqué à une pers. et surtout à une femme]
1. Personne dont certains traits physiques et moraux évoquent le chat ou la chatte. Les femmes, ces chattes de velours qui n'ont jamais de griffes qu'au moral (Barbey d'Aurevilly, 2eMemorandum,1839, p. 392).
Spécialement
a) Littér. et fam. Chat fourré (p. réf. au manteau d'hermine porté par les juges de Cours d'appel). Juge, magistrat :
6. J'ai une certaine horreur de Napoléon premier du nom, de son entourage en bric à brac, de sa Cour de chambellans aplatis, de ses juristes de Code civil, de ses chats fourrés... L. Daudet, La Recherche du beau,1932, p. 162.
b) Arg. [P. réf. au mot greffier désignant le chat en arg.] Greffier; concierge de prison.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. d'argot.
2. Exclamations familières traduisant l'affection, la tendresse ou la compassion. Mon, ma [petit(e), pauvre, gros(se)] chat(te). Pauvre chat, comme je te plains avec tes affreuses migraines! (Flaubert, Correspondance,1872, p. 423).
3. Emploi adj.
a) [En parlant d'une pers. ou de son attitude] Qui a des manières douces et insinuantes. Un air chat; une mine chatte; des façons chattes :
7. Mais un regard de Nana le transfigurait, dans une sorte d'extase sensuelle. Elle était très chatte avec lui, le grisait de baisers derrière les portes, le possédait par des abandons brusques, qui le clouaient derrière ses jupes, dès qu'il pouvait s'échapper de son service. Zola, Nana,1880, p. 1435.
b) [Appliqué à un style] Ce style si chat, si gentil (Balzac, Lettres à l'Étrangère,t. 1, 1850, p. 21).
Rem. On rencontre ds la docum. les adj. a) Chatesque. Qui est propre au chat; qui offre les caractères du chat. Le chat jonquille! une crevette chatesque (Montherlant, Le Démon du bien, 1937, p. 1325); l'amour chatesque (Montherlant, Le Démon du bien, 1937, p. 1325). b) Chatique. Et ce sont des séries de petits miaulements tout à fait chatiques (Loti, La Troisième jeunesse de Madame Prune, 1905, p. 38).
II.− Expr. ou loc. fig., fam. ou proverbiales
A.− Expr. comportant une compar. implicite ou explicite
1. Courir comme un chat maigre. Courir très vite.
2. Écrire comme un chat. Écrire mal, au moyen de petites lettres illisibles :
8. M. le Directeur me dit un jour que j'écrivais comme un chat, et cette comparaison, neuve pour moi, me donna un fou rire, qui s'affola encore de ce que M. le Directeur, pour me montrer comment on forme les lettres, prit ma plume, qui n'avait qu'un bec, et écrivit comme un chat et demi. A. France, Le Petit Pierre,1918, p. 250.
3. Faire une toilette de chat. Se laver de façon très sommaire.
4. S'entendre, vivre comme chien et chat. Se quereller, vivre en ennemis. Le temps n'est plus où la noblesse et la bourgeoisie vivaient entre elles comme chien et chat (Sandeau, Sacs et parchemins,1851, p. 17).
5. Passer comme un chat sur la braise. Aller très vite et, au fig., passer rapidement sur un fait douteux (cf. A. France, La Rôtisserie de la Reine Pédauque, 1893, p. 319).
6. Jouer au chat et à la souris. S'épier, se guetter par jeu en reculant toujours l'instant de la rencontre. J'aime jouer au chat et à la souris avant même d'avoir pris la souris (H. Bazin, La Mort du petit cheval,1949, p. 153).
B.− Loc. proverbiales
1. À bon chat bon rat. Toute défense doit être à la mesure de l'attaque (cf. Villiers de L'Isle-Adam, Contes cruels, Les Brigands à M. Henri Roujon, 1883, p. 251).
2. Chat échaudé craint l'eau froide. Toute expérience malheureuse doit servir de leçon de prudence. Je suis un mari indignement trompé et qui ne veut pas l'être une seconde fois... Chat échaudé craint l'eau froide (Theuriet, La Maison des deux barbeaux,1879, p. 133).
3. Quand le chat n'est pas là, les souris dansent. Quand l'autorité supérieure est absente, les subalternes en profitent (cf. Balzac, Eugénie Grandet, 1834, p. 104).
4. La nuit, tous les chats sont gris. L'obscurité efface toutes les différences entre les personnes ou entre les choses (cf. Nodier, La Fée aux Miettes, 1831, p. 162).
5. N'éveillez pas le chat qui dort. Ne réveillez pas une histoire ancienne qui pourrait vous nuire (cf. Gourmont, Esthétique de la lang. fr., 1899, p. 281).
C.− Autres expr. usuelles
1. Acheter (vendre) chat en poche. Conclure un marché sans voir (ou montrer) l'objet de la vente. Je ne suis pas de ces gens qui, comme on dit, conseillent d'acheter chat en poche... Venez par ici... Vous les examinerez tout à votre aise (Sue, Atar Gull,1831, p. 6).Cf. aussi acheter, (ex. 16).
2. Appeler un chat un chat (allus. littér. à Boileau, Sat., I, 52 : J'appelle un chat un chat et Rolet un fripon). Dire les choses de manière franche :
9. Ce sont les enchantements de l'esprit et non les bonnes intentions qui produisent les beaux ouvrages. Celui qui, en toutes choses, appellerait un chat un chat, serait un homme franc et pourrait être un homme honnête, mais non pas un bon écrivain; car, pour bien écrire, le mot propre et suffisant ne suffit réellement pas. Joubert, Pensées,t. 2, 1824, p. 88.
3. [P. réf. aux larcins habituels du chat] Avoir d'autres chats à fouetter. Avoir d'autres préoccupations, des problèmes plus graves à débattre. Ils ont d'autres chats à fouetter que de s'occuper des cinquante mille amourettes de Paris (Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes,1844, p. 123).
Il n'y a pas de quoi fouetter un chat. Ceci n'est qu'une bagatelle pour laquelle il est inutile de se donner du mal.
4. Avoir un chat dans la gorge. Être enroué, ne plus pouvoir parler ou chanter. Pauvre petite! Elle aura eu un chat dans le gosier au moment de faire son trille (G. Sand, La Comtesse de Rudolstadt,t. 1, 1844, p. 7).
5. C'est le chat! [qui l'a fait]. Réponse ironique faite à une personne refusant d'endosser la responsabilité d'un méfait lorsque l'on est certain de sa culpabilité :
10. − Qu'est-ce que je t'ai donné hier?... a demandé Madame. − Deux francs... a répondu Monsieur... − Tu es sûr?... − Mais oui, mignonne... − Eh bien, il me manque trente-huit sous... − Ce n'est pas moi qui les ai pris... − Non... C'est le chat... Mirbeau, Le Journal d'une femme de chambre,1900, p. 175.
6. Donner sa langue au chat. Renoncer à découvrir la clef d'une énigme, d'une charade, etc. Une fois, deux fois, trois fois, donnez-vous votre langue au chat? (E. et J. de Goncourt, Charles Demailly,1860, p. 227).
7. Emporter le chat. Sortir d'un lieu sans dire au revoir (cf. Mérimée, Lettres à Francisque Michel, 1870, p. 45).
8. Jeter le chat aux jambes de qqn. Rejeter la responsabilité d'une faute sur lui. Le cabinet autrichien (...) renvoyait le tout à la France, et nous jetait le chat aux jambes (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 3, 1848, p. 196).
Rem. De cette expr. est né le subst. masc. chat-en-jambe(s). Obstacle que l'on dresse délibérément devant quelqu'un en l'accusant à tort. M. Michaud lâcha l'accusation [envers Marie-Joseph Chénier] d'avoir laissé périr son frère : − un terrible chat-en-jambe, comme il disait (Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. 7, 1851-62, p. 25).
9. [P. réf. à l'habitude de laisser le chat à la maison quand on s'absente pour une courte durée] Pas un chat (Il n'y a). Il n'y a absolument personne. Six heures moins un quart. Il n'y a plus un chat dans les bureaux (Stendhal, Lucien Leuwen,t. 2, 1836, p. 349).
10. [P. allus. à la fable (La Fontaine, Le Singe et le Rat, livre IX, fable 17)] Tirer les marrons du feu avec la patte du chat. Se servir d'un intermédiaire pour qu'il effectue des tâches que l'on craint de faire soi-même (cf. Brillat-Savarin, Physiol. du goût, 1825, p. 162).
III.− [P. anal. avec I] Emplois techn.
A.− [P. anal. avec l'aspect physique du chat]
1. [Avec les moustaches] ICHTYOL.
a) Chat marin. Espèce de phoque.
b) Poisson(-)chat. Un poisson-chat lisse et noir, dressant, de chaque côté de sa tête moustachue, deux petits glaives translucides (Genevoix, Raboliot,1925, p. 20).
2. [Avec l'œil]
a) MINÉR. Œil-de-chat. Variété de chrysobéryl présentant des reflets chatoyants. L'œil-de-chat d'un gris verdâtre, strié de veines concentriques qui paraissent remuer (Huysmans, À rebours,1884, p. 59).
b) PEINT. Or de chat. Or massif, utilisé pour dorer les statuettes. Synon. or de Judée, or mosaïque.L'or et l'argent des chats (...) poudre éclatante des roches micacées ou talqueuses (G. Sand, Nouvelles lettres d'un voyageur,1876, p. 97).
3. [Avec la langue] PÂTISS. Langue de chat. Petit gâteau sec.
4. [Avec les griffes]
a) ARTILL. Instrument dont l'extrémité munie de griffes sert à visiter l'âme d'une pièce à canon.
b) MAR. et PÊCHE. Chat ou chatte. Grappin muni de quatre griffes servant soit à retirer les filets du fond de la mer, soit à draguer un cordage ou une chaîne d'ancre. L'ancre a été accrochée par la chatte, et à six heures elle était replacée au bossoir (Dumont d'Urville, Voyage de découvertes autour du monde,t. 5, 1832-34, p. 28).
Spéc. Trou du chat (p. compar. avec une chatière). Espace rectangulaire ménagé dans la hune pour donner passage aux haubans, aux étais et aux gabiers (cf. J. Galopin, Cours de lang. mar., Matelotage et technol., 1925, p. 58, 79).
5. [Avec la queue]
a) Chat à neuf queues. Fouet à neuf lanières dont on se servait autrefois dans l'armée anglaise pour corriger les soldats et les marins. P. ext., mod. et pop., martinet :
11. « Bon, dit Robert, et qu'il ne m'épargne pas les coups de martinet, si je ne marche pas droit! − Sois tranquille, mon garçon », répondit Glenarvan d'un air sérieux, et sans ajouter que l'usage du chat à neuf queues était défendu, et, d'ailleurs, parfaitement inutile à bord du Duncan. Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 1, 1868, p. 40.
b) Queue de chat. Petit nuage blanc ayant un peu l'aspect d'une queue de chat. Il faisait beau temps, belle mer, jolie brise (...) il y avait au ciel plusieurs de ces petits nuages blancs nommés « queues de chat » (Loti, Le Roman d'un enfant,1890, p. 260).
Rem. Attesté en outre ds Verne, L'Île mystérieuse, 1874, p. 404 et Colette, Le Blé en herbe, 1923, p. 60.
B.− [P. anal. avec certains attributs du chat, ses goûts, son mode de vie]
1. BOTANIQUE
a) Herbe au(x) chat(s). [P. réf. à l'attirance exercée par cette plante sur les chats]
Herbe au chat ou menthe de chat. Variété de népéta appelée cataire ou chataire. Nom sc. nepeta cataria (cf. cataire2) :
12. L'herbe au chat, qui croît d'elle-même dans nos jardins, attire la nuit autour d'elle, par son odeur forte de menthe, les chats du voisinage; ils se roulent dessus, la caressent, et en mangent avec un plaisir extrême. Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 91.
Nom commun de la valériane officinale, à fleurs blanches odoriférantes.
b) Pied-de-chat. Plante herbacée de la famille des composées à l'aspect blanc duveteux. Nom sc. antennaria. Ils soupèrent, assis en rond sur les pieds de chat, les pensées (Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 272).
2. CHORÉGR. [P. réf. à l'agilité du chat] Saut de chat. Suite de sauts latéraux s'effectuant les jambes écartées et repliées.
3. JEUX (d'enfants)
a) Le chat. Poursuite au cours de laquelle celui qui est rattrapé devient le poursuivant (ou chat). On ne songe plus qu'à jouer. Il n'y a pas moyen de s'exercer aux barres, ni au chat (P. de Kock, Ni jamais, ni toujours,1835, p. 39).
Var. Le chat coupé. Jeu identique avec introduction d'un troisième partenaire dont le rôle est de « couper » (passer entre) les deux poursuivants.
b) Chat perché. Jeu d'équilibre et de poursuite au cours duquel le dernier joueur à s'être perché après un signal donné par le « chat » devient lui-même le chat et tente d'attraper l'un de ceux qui ont pied à terre. Nous avions d'interminables parties de cache-cache, de chat-perché et de main chaude (Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Châli, 1884, p. 451).
c) Le chat et la souris. Jeu consistant en une poursuite autour d'un cercle de joueurs où le joueur désigné (la souris) désigne le chat en le frappant dans le dos; le chat doit alors suivre rigoureusement la trace de la souris qui serpente entre les bras levés des joueurs.
d) Le chat et le rat :
13. Nous avions aussi, devant la caserne, le jeu du chat et du rat. C'est un piquet planté dans la terre, auquel se trouvent attachées deux cordes; le rat tient l'une de ces cordes et le chat l'autre. Ils ont les yeux bandés; le chat est armé d'une trique, et tâche de rencontrer le rat, qui dresse l'oreille et l'évite tant qu'il peut. Ils tournent ainsi sur la pointe des pieds, et donnent le spectacle de leur finesse à toute la compagnie. Erckmann-Chatrian, Le Conscrit de 1813,1864, p. 157.
C.− Arg. [Sans doute par rencontre homon. avec chas] Sexe de la femme. Aucun de ses rêves n'était allé jusqu'à l'homme. Elle n'avait jamais pu franchir son chat (Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 821).Cf. aussi chas1ex. 3.
Rem. 1. Attesté ds la plupart des dict. d'arg., à côté du fém. chatte. 2. À rapprocher de l'expr. laisser aller le chat au fromage. [En parlant d'une femme] Se laisser abuser (attesté ds Ac. 1835, Lar. 19e, Littré, Ac. 1878).
Prononc. et Orth. : [ʃa], fém. [ʃat]. Rouss.-Lacl. 1927, p. 182, note qu'il y a liaison du t dans les cas suiv. : chat˘échaudé; acheter chat˘en poche; cf. aussi Littré qui ajoute : jeter le chat˘aux jambes. Littré rappelle que Palsgrave ,,dit que le t se lie avec la voyelle qui suit``. Enfin Littré signale que chats (au plur.) rime avec pas, appas. Aurait donc au plur. le timbre post. Ce timbre s'explique par l'amuïssement de l's dans le plur. chats. À ce sujet cf. G. Straka, Syst. des voyelles du fr. mod., Strasbourg, Inst. de Phonét., 1950, p. 22 et Bourc.-Bourc. 1967, § 160. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. Masc. 1. 1160-85 zool. ([Chr. de Troyes], G. d'Angleterre, 2012 ds T.-L.); 1177-80 (Id., Chevalier Lion, 302, ibid.); 1672, 3 juill. terme d'affection mon petit chat (Mmede Sévigné, Lettres, éd. M. Monmerqué, t. 3, p. 138); 2. loc. a) av. 1778 ne pas trouver un chat « ne trouver personne » (Volt., Lett. vers et prose, 25 ds Littré); b) 1835 avoir un chat dans la gorge (Ac.); c) 1853 écrire plus mal qu'un chat (Champfleury, Les Aventures de MlleMariette, p. 27); 1855 une écriture de chat (G. Sand, Histoire de ma vie, t. 3, p. 362); 3. 1532 chatfourré (Rabelais, Pantagruel, éd. Ch. Marty-Laveaux, chap. 7, p. 247); 4. a) 1611 saut du chat « saut exécuté par des jongleurs » (Cotgr.), attest. isolée; 1931 danse saut de chat (MlleA. Meunier, Danse classique, p. 269); b) 1852 jeux chat perché (Labiche, Edgar et sa bonne, I, 10, p. 234); 5. a) 1704 p. anal. « sorte d'instrument muni de griffes que l'on introduisait dans une bouche à feu pour s'assurer qu'il n'y avait pas de dépression dans les parois intérieures » (Trév.); b) 1845 chat à neuf queues (Besch.). B. fém. 1remoitié xiiies. chate « femelle du chat » (Renart, éd. M. Roques, branche III, 3872). A du b. lat. cattus « chat », ives. (Palladius ds TLL s.v., 620, 83) d'orig. incertaine (v. Brüch, Einfluss Germ., 7-8; FEW t. 2, 1, s.v. cattus, p. 520); 2 b serait d'apr. P. Guiraud, Structures étymol. du lex. fr., p. 122, dû à la collision paronymique avec maton « caillot, grumeau » (FEW t. 6, 1, p. 522a) et matou « chat »; 2 c signifierait proprement, d'apr. le même, « écrire comme un greffier » d'apr. l'arg. greffier « chat » (Esn.), lui-même issu de griffard, nom arg. du chat (Vice puni, 1827 ds P. Guiraud, op. cit., p. 123); 5 b est la trad. de l'angl. cat-o'-nine-tails « [chat à neuf queues] instrument de correction autorisé dans la marine et l'armée britanniques jusqu'en 1881 » (1695 ds NED; 1788, cat par abrév., ibid., s.v. cat); B du b. lat. catta « id. ».
STAT. − Fréq. abs. littér. Chat : 2 980. Chatte : 491. Fréq. rel. littér. Chat : xixes. : a) 2 521, b) 5 501; xxes. : a) 5 399, b) 4 326. Chatte : xixes. : a) 308, b) 777; xxes. : a) 1215, b) 676.
DÉR. 1.
Chattement, adv.,fam. À la manière douce et enjôleuse des chattes. Elle alla chattement à lui (Balzac, Le Cousin Pons,1848, p. 129). Seule transcr. ds Littré : cha-te-man. 1reattest. id.; de chatte1, suff. -ment2*. Fréq. abs. littér. : 1.
2.
Chatter, verbe intrans.Mettre bas (cf. chatonner, dér. sous chaton1). Emploi pronom., néol. d'aut. Se transformer en chat. Deux [chats] étaient si hauts sur pattes, qu'après tout c'était sans doute d'anciens lévriers qui s'étaient chattés (A. Suarès, Voyage du Condottière,t. 3, 1932, p. 246). [ʃate], (elle) chatte [ʃat]. Ds Ac. 1694-1878. Fér. Crit. t. 1 1787 propose chater. 1resattest. 1680 chater (Rich. t. 1), 1690 chatter en concurrence avec chattoner (Fur.); de chatte1, dés. -er.
BBG. − Gottsch. Redens. 1930, passim.Guiraud (P.). Le Ch. morpho-sém. des noms du chat. B. Soc. Ling. 1966, t. 61, pp. 128-145; Écrire comme un chat. Le ch. morpho-sém. de chat. In : [Actes du VIIIeCongrès d'Ét. rom.]. Florence, 1926. − Quem. 2es. t. 1 1970. − Rey (A.). À propos de la déf. lexicogr. Cah. Lexicol. 1965, t. 1, no6, pp. 73-80. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 91, 105. − Sain. Lang. par. 1920, p. 379. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], pp. 172-173; t. 2 1972 [1925], p. 159.

CHAT2, CHATTE, subst.

A.− Vx. Chat ou chatte. Petit bâtiment servant au chargement et au déchargement des navires dans les ports (synon. allège) ou au cabotage le long des côtes (synon. chasse-marée).
B.− Mod., au masc. Yacht à voiles utilisé dans les régates en raison de sa rapidité. Elle [la mer] tarabustait de son mieux toutes les embarcations, les chaloupes, les barges, les remorqueurs, les yachts blancs et noirs, les pointus, les stars, les chats (P. Vialar, La Mort est un commencement,Le Bal des sauvages, 1946, p. 181).
Rem. Attesté ds L'Auto, 22 nov. 1933, p. 2 ds A.-O. Grubb, French sports neologisms, 1937, p. 25 et Lar. encyclop.
Étymol. et Hist. [1520 cat « navire de commerce » (Arch. Gir., E. Not., Contat, III, I ds Gdf.)] 1687 (Desroches, Dict. des termes propres de marine, d'apr. Jal1). Prob. adaptation du néerl. kat (ou katschip) « espèce de petit navire employé comme allège dans les ports » (De Vries Nederl., Valkh., p. 88); il est difficile de préciser si cat de 1520 est le même mot ou bien est à rattacher à l'a. fr. chat « navire de guerre » ds Gdf., qui semble être un mot différent. Bbg. Kemna 1901, pp. 182-183. − La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 204. − Vidos 1939, p. 314.

Article lié : Donner sa langue au chat : définition et origine de l’expression

Wiktionnaire

Nom commun 1 - français

chat \ʃa\ masculin (pour une femelle, on dit : chatte)

  1. Mammifère carnivore félin de taille moyenne, au museau court et arrondi, domestiqué, apprivoisé ou encore à l’état sauvage.
    • Des chats que l’absence d’oreilles et de queue, car en Espagne on leur retranche ces superfluités ornementales, rendait semblables à des chimères japonaises, regardaient aussi, mais de plus loin, ces appétissants préparatifs. — (Théophile Gautier, Voyage en Espagne, Charpentier, 1859)
    • […] le chat gris, un peu sauvage, nous regardait de loin, à travers la balustrade de l’escalier au fond, sans oser descendre. — (Erckmann-Chatrian, Histoire d’un conscrit de 1813, J. Hetzel, 1864)
    • Le meilleur préservatif contre les souris est un chat, non pas un chat angora, mais un chat à poil lisse et ras, rayé de gris et de brun, de la race commune appelée chat de gouttière. — (« Souris », dans la Grande encyclopédie illustrée d’Économie domestique et rurale, par Jules Trousset, Paris : chez Fayard frères, s.d. (vers 1875), page 2310)
    • Entre autres manies, mon oncle avait celle de tuer tous les chats qu’il rencontrait. Il faisait, à ces pauvres bêtes, une chasse impitoyable, une guerre acharnée de trappeur. — (Octave Mirbeau, Contes cruels : Mon oncle)
    • Mais un chat hésite, et demeure interdit devant un plus chat. — (Colette, Sido, 1930, Fayard, page 45)
    • Des textes datant de 1020 avant Jésus-Christ évoquent l’arrivée des premiers chats en Inde. — (Bernard Werber, Demain les chats, Albin Michel, « Le Livre de poche », 2016, page 94)
    • C'est sûrement parce que je n'ai pas retrouvé mon chat depuis deux jours et que je sais très bien au fond de moi qu'elle est partie se cacher pour mourir mais vraiment certaines trahisons de convictions me filent un bourdon absolument terrible aujourd'hui.................. — (Cécile Duflot sur Twitter, 19 août 2020 → lire en ligne)
  2. (En particulier) Individu mâle de cet animal. Note : Pour préciser qu’on parle d’un animal femelle, on peut dire chatte.
    • Le chat se sent tout chose en regardant passer la chatte du voisin.
  3. (Par extension) Félin.
    • Chat-tigre Espèce de félin sauvage de l’Amérique méridionale.
  4. (Ichtyologie) Synonyme de poisson-chat commun.
  5. (Jeux) Synonyme de loup : jeu d’enfants où un des participants appelé chat doit toucher un de ses camarades qui devient le chat à son tour.
    • On n'entendait que le vent qui jouait au chat dans les cours intérieures. — (Daniel Boulanger, Le chemin des caracoles, Laffont, 1966, réédition Le Livre de Poche, page 64)
    • On se marre comme des fous en jouant à chat, chat perché, et même chat-bite quand on a un peu trop picolé. — (Bérengère Krief, La prochaine fois je vous montre mon chat, Flammarion, 2015, prologue).
  6. (Mécanique) Instrument à branches de fer élastiques et pointues, dont on se sert pour visiter l’âme d’une pièce de canon, afin de découvrir les chambres qui s’y trouvent.
  7. (Vulgaire) Sexe des femmes, chatte.
    • Culculine se baissa et, relevant la chemise, découvrit des cuisses rondes et grosses qui se réunissaient sous le chat blond cendré comme les cheveux. — (Guillaume Apollinaire, Les Onze Mille Verges, 1907, chapitre II)
    • Aucun de ses rêves n’était allé jusqu’à l’homme. Elle n’avait jamais pu franchir son chat. — (Victor Hugo, Les Misérables, tome 1, 1862, page 821)
  8. (Lorraine) Palatine, sorte de fourrure que les femmes portent au cou.
  9. (Héraldique) Meuble représentant l’animal du même nom dans les armoiries. Comme le léopard, il est représenté passant et de face.
    • De gueules au chat d’argent jouant avec une pelote de laine du même, au chef d’azur à deux étoiles d’or, qui est de Chalaines → voir illustration « armoiries avec un chat ».
  10. (Yoga) Position de yoga à quatre pattes.

Nom commun 2 - ancien français

chat \Prononciation ?\ masculin

  1. Chat-château.

Nom commun 1 - ancien français

chat \Prononciation ?\ masculin

  1. Chat (mammifère).
    • Dunc saut le chaz sur l’espine — (Le Ysope, Marie de France, f. 66v, 1re colonne de ce manuscrit de 1275-1300)
      Donc, le chat saute sur l’épine
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

CHAT, CHATTE. n.
Animal domestique de l'ordre des Carnassiers et de la famille des Félins. Chat noir, gris, etc. Chatte blanche. Chat angora. Ce chat est bon pour les souris. Le chat miaule. Le chat guette la souris. Rôder comme un chat. Chat sauvage. Chat-tigre, Variété de chat sauvage de l'Amérique méridionale. Voyez MARGAY. Fam., Elle est friande comme une chatte, ou absolument, C'est une chatte, se dit d'une Femme très friande. Fam., Elle est amoureuse comme une chatte, se dit d'une Femme qui est de complexion amoureuse. Fam., Il le guette comme le chat fait la souris, se dit d'un Homme qui en épie un autre. Prov. et fig., À bon chat, bon rat, Bien attaqué, bien défendu. Prov., Ces gens s'accordent, vivent comme chiens et chats, Ils ne peuvent s'accorder, ils ne sauraient vivre ensemble. Chat fourré. Voyez FOURRER. Prov. et fig., La nuit tous les chats sont gris, La nuit il est aisé de se méprendre, de ne pas reconnaître ceux à qui on parle. Il signifie aussi que, dans l'obscurité, il n'y a nulle différence, pour la vue, entre une personne laide et une belle personne. Prov. et fig., Quand les chats n'y sont pas les souris dansent, Quand les maîtres, les chefs n'y sont pas, les écoliers, les inférieurs prennent leurs ébats. Fam., Il n'y a pas là de quoi fouetter un chat, L'affaire, la faute dont il s'agit n'est qu'une bagatelle. Fam., Écrire comme un chat, Écrire d'une manière illisible. Fam., Retomber comme un chat sur ses pattes, Se tirer adroitement des situations difficiles. Fam., La bouillie pour les chats, Travail mal exécuté, négligé. Jouer au chat perché, Jeu d'enfant où l'on ne peut prendre que ceux qui ne sont pas perchés sur un meuble, un banc de jardin, une pierre, etc. Prov. et fig., Se servir de la patte du chat pour tirer les marrons du feu, Se servir adroitement d'un autre pour faire quelque chose de périlleux dont on espère recueillir le profit. Prov. et fig., Chat échaudé craint l'eau froide, Quand une chose nous a causé une vive douleur, nous a été très nuisible, nous en craignons même l'apparence. Prov. et fig., Acheter chat en poche, Conclure un marché sans connaître l'objet dont on traite. Vendre chat en poche, Vendre une chose sans l'avoir montrée. Prov. et fig., Éveiller le chat qui dort, Réveiller une affaire qui était assoupie, chercher un danger qu'on pouvait éviter. Il ne faut pas éveiller le chat qui dort. N'éveillez pas le chat qui dort. Prov. et fig., Appeler un chat un chat, Appeler les choses par leur nom. Fig. et fam., Il n'y a pas un chat, Il n'y a absolument personne. Je croyais qu'il y aurait beaucoup de monde; j'y allai, il n'y avait pas un chat, je n'y vis pas un chat. Fig. et fam., Avoir un chat dans la gorge, Éprouver quelque embarras dans le gosier qui empêche de chanter ou de parler. C'est le chat, Manière populaire de répondre à quelqu'un qu'on ne croit pas. Vous dites que ce n'est pas vous qui avez fait cela? non, c'est le chat. En termes d'Arts, il se dit encore de Plusieurs objets de formes et d'usages très divers tels que : un Instrument à branches de fer élastiques et pointues, dont on se sert pour visiter l'âme d'une pièce de canon, afin de découvrir les chambres qui s'y trouvent, etc.

Littré (1872-1877)

CHAT (cha, cha-t' ; en conversation le t ne se lie que dans les phrases suivantes : chat échaudé craint l'eau froide, dites : cha-t échaudé ; acheter chat en poche, dites : cha-t en poche ; jeter le chat aux jambes, dites : cha-t aux jambes. Au XVIe siècle, Palsgrave, p. 24, dit que le t se lie avec la voyelle qui suit. Au pluriel l's se lie : les chaz et les chiens ; chats rime avec pas, appas, etc.) s. m.
  • 1Animal domestique, de l'ordre des carnassiers digitigrades. Le chat est un domestique infidèle que l'on ne garde que par nécessité, Buffon, Chat. Je mis Vambroc dans une soupente où il eût fallu être chat ou diable pour le trouver, Retz, I, 14. Le quolibet nous apprend qu'il n'est rien de plus semblable à un chat sur une fenêtre qu'une chatte, Mademoiselle de Gournay, Égalité des hommes et des femmes. Madame, j'étais déjà si fort à vous que je pensais que vous deviez croire qu'il n'était pas besoin que vous me gagnassiez par des présents, ni que vous fissiez dessein de me prendre comme un rat avec un chat ; néanmoins j'avoue que votre libéralité n'a pas laissé de produire en moi quelque nouvelle affection, et s'il y avait encore quelque chose dans mon esprit qui ne fût pas à vous, le chat que vous m'avez envoyé a achevé de le prendre et vous l'a gagné entièrement ; c'est, sans mentir, le plus beau et le plus agréable qui fut jamais ; les plus beaux chats d'Espagne ne sont que des chats brûlés au prix de lui, et Rominagrobis même (vous savez bien, madame, que Rominagrobis est prince des chats) ne saurait avoir meilleure mine et ne sentirait pas mieux son bien, Voiture, Lett. 153, à une abbesse qui lui avait fait présent d'un chat. Un homme chérissait éperdument sa chatte ; Il la trouvait mignonne et belle et délicate Qui miaulait d'un ton fort doux, La Fontaine, Fab. II, 18. La nation des belettes, Non plus que celle des chats, Ne veut aucun bien aux rats, La Fontaine, ib. IV, 6. Mon fils, dit la souris, ce doucet est un chat, Qui, sous son minois hypocrite, Contre toute ta parenté D'un malin vouloir est porté, La Fontaine, ib. V, 5. Et quel fâcheux démon, durant des nuits entières, Rassemble ici les chats de toutes les gouttières ? Boileau, Sat. VI. La pédante au ton fier, la bourgeoise ennuyeuse, Celle qui de son chat fait son seul entretien, Boileau, Sat. X.

    Il a joué avec les chats, se dit d'un homme qui a des égratignures au visage.

    Il est propre comme une écuelle à chat, se dit d'un homme malpropre.

    Dès que les chats seront chaussés, c'est-à-dire de bon matin.

    Familièrement. Aller comme un chat maigre, courir vite et beaucoup. Lors dispos du talon, je vais comme un chat maigre, Régnier, Sat. X.

    Fig. Jeter le chat aux jambes à quelqu'un ou de quelqu'un, lui susciter des embarras. Les calvinistes sont bien aises de jeter le chat aux jambes des papistes, Voltaire, Lett. vers et prose, 176.

    Fig. Emporter le chat, sortir d'une maison sans dire adieu à personne ; et aussi déménager complétement, le chat étant, de tous les animaux domestiques, le plus fidèle au logis.

    Fig. Cette fille a laissé aller le chat au fromage, elle s'est laissé abuser. Je ne le nourris [un chat] que de fromages et de biscuits ; peut-être, madame, qu'il n'était pas si bien traité chez vous ; car je pense que les dames de *** ne laissent pas aller le chat aux fromages et que l'austérité du couvent ne permet pas qu'on leur fasse si bonne chère, Voiture, Lett. 153, à une abbesse qui lui avait fait présent d'un chat.

    Bailler le chat par les pattes, présenter une chose par l'endroit le plus difficile.

    Il n'y a pas là de quoi fouetter un chat, la faute n'a rien de grave, c'est une bagatelle.

    Se servir de la patte du chat pour tirer les marrons du feu, faire courir à un autre le risque d'une entreprise, d'une affaire dont on retirera seul le profit.

    Vendre chat en poche, ne point faire voir ce qu'on vend.

    Acheter chat en poche, conclure une affaire sans examen. Vous êtes-vous mis en tête que Léonard de Pourceaugnac soit un homme à acheter chat en poche ? Molière, Pourc. II, 7. On dit dans le même sens : acheter le chat pour le lièvre.

    Appeler un chat un chat, appeler les choses par leur nom. J'appelle un chat un chat et Rollet un fripon, Boileau, Sat. I.

    Il le guette comme le chat fait les souris, se dit d'un homme qui en épie un autre.

    Écrire comme un chat, écrire d'une façon illisible.

    Il a passé là-dessus comme chat sur braise, se dit d'une homme qui coule rapidement sur quelque fait délicat à rappeler, à mentionner, à raconter.

    Ces gens s'accordent, vivent comme chien et chat, c'est-à-dire ils ne peuvent se souffrir, ils sont toujours en querelle.

    Elle est friande comme une chatte, ou, simplement, c'est une chatte, se dit d'une femme très friande.

    Elle est amoureuse comme une chatte, se dit d'une femme d'une complexion amoureuse.

    Dans le langage familier, chatte s'emploie adjectivement quelquefois. Des manières chattes, des manières semblables à celles d'une chatte qui caresse, qui joue.

    Musique de chat, musique aigre et dissonante.

    Il n'y a pas un chat, il n'y a absolument personne. Il n'y a pas moyen que quelqu'un trouve un chat à l'hôtel de Clermont, Voltaire, Lett. vers et prose, 25. Mon dévot se croirait un sacrilége s'il laissait un enfant et un chat en vie dans le territoire de Mercure, Voltaire, Dial. XXIX, 1.

    Je ne connais pas un chat dans cette ville, je n'y connais personne.

    Fig. Avoir un chat dans la gorge, éprouver dans le gosier un embarras soudain qui gêne la voix.

    C'est le chat ! manière populaire de répondre à une excuse personnelle à laquelle on ne croit pas. Votre fromage, ce n'est pas moi qui l'ai mangé. - Non, c'est le chat. Le verre, ce n'est pas moi qui l'ai cassé. - Non, c'est le chat.

    Mon chat, ma chatte, termes d'amitié très familiers qui se disent à un petit garçon, à une jeune fille ou femme.

  • 2 Par plaisanterie, chat fourré, nom donné à certains dignitaires qui portent des fourrures dans leurs habits de cérémonie, aux docteurs, aux magistrats. Si les chats fourrés de la Sorbonne étaient assez fous pour lâcher un décret, Voltaire, Lett. Damilaville, 11 nov. 1767.

    Terme de blason. Chat effarouché, celui qui est rampant. Chat hérissonné, celui qui lève le train de derrière plus haut que la tête.

  • 3 Terme de chasse. Chat haret, chat sauvage, et aussi chat domestique qui se retire dans les bois et garennes, et y vit de gibier.
  • 4 Terme d'histoire naturelle. Tout animal du même genre que le chat. Le lion, le tigre et le lynx sont des chats.

    Chat-cervier. Le chat-cervier proprement dit habite le Nord de l'Asie, et il ne faut le confondre ni avec le chat canadien, dit lynx du Canada, ni avec le chat roux, appelé chat-cervier des fourreurs.

    Chat à crinière, guépard.

    Chat musqué, civette.

  • 5Chat de mer, nom vulgaire de l'aphysie et de quelques coquilles hérissées d'épines.

    Un des noms vulgaires de la chimère monstrueuse, poisson chondroptérygien, qui est la chimère arctique de certains auteurs.

    Chat marin, nom vulgaire d'une espèce de phoque et de trois poissons.

  • 6 S. m. plur. Folles fleurs des noyers, des coudriers, des saules.
  • 7Jeu d'enfants dans lequel l'un des enfants court après les autres ; et celui qui est pris le remplace.

    Chat coupé, le même jeu, avec cette condition que, si un troisième camarade passe entre le poursuivant et le poursuivi, c'est lui qui doit être poursuivi à son tour.

  • 8 Terme de pêche. Petit grappin pour retirer la lesture échappée au fond de la mer.
  • 9Instrument à branches de fer élastiques dont on se sert pour visiter l'âme d'une pièce de canon.

    Chat à neuf queues, nom du fouet dont on se sert, dans l'armée anglaise, pour punir les soldats.

  • 10Matière étrangère et dure qu'on trouve dans l'ardoise.
  • 11Chevalet de couvreur.

    Terme de charpentier. Pièce de cuivre ou de fer percée d'un trou par où passe la corde de l'aplomb.

  • 12Chat-brûlé, nom d'une poire fort pierreuse, qui a la forme du martin sec et qui ne mûrit qu'à la fin de l'automne.

PROVERBES

Chat échaudé craint l'eau froide, c'est-à-dire tout ce qui ressemble à ce qui nous a fait du mal nous effraye et nous met sur nos gardes. On dit dans le même sens : chat échaudé ne revient pas en cuisine.

On ne peut prendre de tels chats sans mitaines, c'est-à-dire l'affaire est difficile, épineuse.

La nuit tous les chats ou tous chats sont gris, c'est-à-dire on peut se méprendre dans l'obscurité, et aussi, dans l'obscurité, la beauté, la jeunesse ne comptent plus. Hé, monsieur le difficile, ne sais-tu pas bien que la nuit tous les chats sont gris ? Scarron, Rom. Com. I, 13. Veux-tu, ma Rosinette, Faire emplette Du roi des maris ? Je ne suis point Tircis ; Mais la nuit, dans l'ombre, Je vaux encor mon prix ; Et quand il fait sombre, Tous les chats sont gris, Beaumarchais, le Barbier, III, 5.

Payer en chats et en rats, c'est-à-dire payer en bagatelles, en toutes sortes d'effets de mince valeur.

À bon chat bon rat, c'est-à-dire la défense vaut l'attaque. Maudit soit le premier qui nous ensorcela ! Mais à bon chat bon rat, et ce n'est pas merveille Si les femmes souvent leur rendent la pareille, Regnard, le Distr. I, 2.

Le mou est pour le chat, se dit de ce qui revient naturellement à une personne, le mou servant de nourriture aux chats.

Il entend bien chat sans qu'on dise minon, se dit d'un homme habile et qui entend à demi-mot.

À mauvais rat faut mauvais chat, c'est-à-dire on ne peut se dispenser d'être méchant aux méchants.

T'as été au trepassement d'un chat, t'as la vue trouble, [dit un paysan, dans], Molière, Don Juan, II, 1.

Quand les chats n'y sont pas, les souris dansent, c'est-à-dire en l'absence des chefs, des maîtres, les inférieurs, les écoliers se dérangent.

Il ne faut pas éveiller le chat qui dort, n'éveillez pas le chat qui dort, ne provoquez pas un danger, une difficulté que vous pouvez éviter, n'appelez pas l'attention, la colère d'un homme qui ne songe pas à vous.

Réveiller le chat qui dort, réveiller une mauvaise affaire assoupie.

C'est le nid d'une souris dans l'oreille d'un chat, se dit d'une chose impossible.

On ne saurait retenir le chat quand il a goûté de la crème, c'est-à-dire on ne résiste pas aux habitudes déjà prises, aux tentations déjà goûtées.

Il est comme le chat qui retombe toujours sur ses pieds, se dit d'un homme adroit qui sait toujours se tirer d'affaire.

HISTORIQUE

XIIIe s. Rien seit chaz cui barbes il loiche [lèche], Marie de France, Fabl. 20. Li fiz au chat doit prendre la souriz, Agolant, p. 170, dans DU CANGE, Gloss. français. Ochaison a qui son chat bat, Hist. litt. t. XXIII, p. 572. Uns pliçons gris vaut mielz que deus de chas, Bibl. des chartes, 4e série, t. V, p. 328. Chaz eschaudez iaue crient, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 155. Là où kas n'est, li souris se revele [prend ses ébats], Leroux de Lincy, ib. t. II, p. 487. De castiier cat qui est vieus Ne puet nus hom venir à cief [à bout], Leroux de Lincy, ib. Dont fist Hues d'Aire faire un chat [machine de guerre], et le fist bien cuirier et acesmer, H. de Valenciennes, XXXIV. Piaus de chaz privez que l'en appele chat de feu ou de fouier, Liv. des mét. 326. Si cum li chas set par nature La science de surgeüre, Nonques n'en fu mis à escole, la Rose, 10001. Femme semble trois choses, louve, goupille et chate, Chastie-musard.

XVe s. Ils firent quatre grans kas [engins de siége] forts et hauts, Froissart, I, I, 262. Prince, on conseille bien souvent, Mais on puet dire com le rat, Du conseil qui sa fin ne prant : Qui pendra la sonnette au chat ? Deschamps, La souris et le chat. Veuls-tu espouser chat en sac, Et que nuls tes nopces ne vois, Deschamps, Poésies mss. f° 553, dans LACURNE. Sans resveiller le chat qui dort, Orléans, Rép. à Fredet. Dont passionné en cuer ne s'en est peu [pu] taire et a osé mettre la campane au chat, pour escrier lesion et foulure en l'innocent, Chastelain, Expos. s. vérité. L'ung vault l'autre, c'est à mau-chat mau-rat, Villon, Ball. Il bouta sa teste dedans le bouhot de la cheminée, où il vit notre bouchere plus simple qu'un chat baigné, Louis XI, Nouv. XL. Je crois, dit le mari qui la voit à genoux pleurant et gemissant, qu'elle sait bien faire la chatte mouillée, et qui la voudroit croire elle sauroit bien abuser les gens, Louis XI, ib. LXI.

XVIe s. On ne prend point de telz chatz sans mitaines, Marot, J. V, 17. Mais quoy, c'estoient des ruffiens de Rome, Qui, pour fouyr, couroient comme chatz maisgres, Marot, J. V, 40. Elles [les filles qui se marient] acheptent chat en sac, Montaigne, III, 5. Vous n'achetez pas un chat en poche ; si vous marchandez un cheval, vous luy ostez ses bardes, vous le voyez nud et à descouvert, Montaigne, I, 324. Cette femme a quelque irritation contre moi ; pour se venger elle me donne un dangereux chat par les pattes, préparée à accuser ce que je ferai, D'Aubigné, Hist. II, 411. L'herbe à chat, Paré, XVI, 35. Lecher de langue de chat, Génin, Récréat. t. II, p. 242. À bon chat bon rat ; il n'appartient qu'au savetier de parler de sa serpette, à l'yvrogne de sa bouteille…, Les caquets de l'accouchée, 8e journée. Chat emmoufflé [ganté] ne prend souris, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 155. Chat miolleur ne fut onques bon chasseur, Non plus que sage homme grand caqueteur, Leroux de Lincy, ib. p. 156. Chate noire a souef [doux] poil, Leroux de Lincy, ib. À tart se repent le rat, quant par le col le tient le chat, Leroux de Lincy, ib. Absent le chat, les souris dansent, Leroux de Lincy, ib. On ne doibt pas enseigner le chat à soriser [chasser aux souris], Leroux de Lincy, ib. Si ton chat est larron, ne le chasse de ta maison, Leroux de Lincy, ib. Rebelles estes et pervers, Pecheurs vers Dieu, plains de barat, Et pour tant à mau chat mau rat, Fabri, Art de rhétorique, livr. II, f° 46, dans LACURNE. Avoir un œil à la poisle et l'autre au chat, Cotgrave Le chat a faim quand il ronge du pain, Cotgrave Celuy a bon gage du chat, qui en a la peau, Cotgrave On recognoit assez que chat veut dire minon, Contes de CHOLIÈRES, f° 174, dans LACURNE.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CHAT. Ajoutez :
13 Familièrement. Fait comme les quatre chats, avec une toilette toute en désordre. J'aime mieux être dans ces bois faite comme les quatre chats (hélas ! vous en souvient-il ?), que d'être à Vitré avec l'air d'une madame, Sévigné, 25 déc. 1675.

Il n'y avait que le chat, il n'y avait aucun témoin. J'ai dans la tête que s'ils [le duc de la Rochefoucault et Mme de Longueville] s'étaient rencontrés tous deux dans ces premiers moments [à la mort du jeune duc de Longueville tué au passage du Rhin] et qu'il n'y eût eu que le chat avec eux, je crois que tous les autres sentiments auraient fait place à des cris et à des larmes, Sévigné, 20 juin 1672.

REMARQUE

Aujourd'hui on dit : éveiller le chat qui dort ; et, à l'historique, on en peut voir un exemple du XVe siècle. Mais, au XIIIe s., on disait éveiller le chien qui dort. Il y en a un exemple à chien ; en voici un autre du XIIIe aussi : Sire vallet, vos avez tort, Qui esveilliez le chien qui dort, Théâtre franç. au moyen âge, Paris, 1834, p. 35. Le chat mis en place du chien doit être une méprise ; car c'est le chien qui est le gardien et qu'il ne faut pas éveiller.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

CHAT, s. m. felis, catus, (Hist. nat.) animal quadrupede domestique, dont on a donné le nom à un genre de quadrupedes, felinum genus, qui comprend avec le chat des animaux très-sauvages & très féroces. Celui-ci a sans doute été préféré dans la dénomination, parce qu’y étant le mieux connu, il étoit le plus propre à servir d’objet de comparaison pour donner quelques idées du lion, du tigre, du léopard, de l’ours, &c. à ceux qui n’en auroient jamais vû. Il y a des chats sauvages ; on les appelle, en terme de chasse, chats-harests ; & il y a lieu de croire qu’ils le seroient tous, si on n’en avoit apprivoisé. Les sauvages sont plus grands que les autres ; leur poil est plus gros & plus long ; ils sont de couleur brune ou grise. Gensner en a décrit un qui avoit été pris en Allemagne à la fin de Septembre ; sa longueur depuis le front jusqu’à l’extrémité de la queue étoit de trois piés ; il avoit une bande noire le long du dos, & d’autres bandes de la même couleur sur les piés & sur d’autres parties du corps. Il y avoit une tache blanche assez grande entre la poitrine & le col ; le reste du corps étoit brun. Cette couleur étoit plus pâle, & approchoit du cendré sur les côtés du corps. Les fesses étoient rousses ; la plante des piés & le poil qui étoit à l’entour étoient noirs ; la queue étoit plus grosse que celle du chat domestique : elle avoit trois palmes de longueur, & deux ou trois bandes circulaires de couleur noire.

Les chats domestiques different beaucoup les uns des autres pour la couleur & pour la grandeur : la pupile de ces animaux est oblongue ; ils n’ont que vingt-huit dents, savoir douze incisives, six à la machoire supérieure & six à l’inférieure ; quatre canines, deux en-haut & deux en-bas, elles sont plus longues que les autres ; & dix molaires, quatre en-dessus & six en-dessous. Les mammelles sont au nombre de huit, quatre sur la poitrine & quatre sur le ventre. Il y a cinq doigts aux piés de devant, & seulement quatre à ceux de derriere.

En Europe, les chats entrent ordinairement en chaleur aux mois de Janvier & de Février, & ils y sont presque toute l’année dans les Indes. La femelle jette de grands cris durant les approches du mâle, soit que sa semence la brûle, soit qu’il la blesse avec ses griffes. On prétend que les femelles sont plus ardentes que les mâles, puisqu’elles les préviennent & qu’elles les attaquent. M. Boyle rapporte qu’un gros rat s’accoupla à Londres avec une chatte ; qu’il vint de ce mêlange des petits qui tenoient du chat & du rat, & qu’on les éleva dans la ménagerie du roi d’Angleterre. Les chattes portent leurs petits pendant cinquante-six jours, & chaque portée est pour l’ordinaire de cinq ou six petits, selon Aristote ; cependant il arrive souvent dans ce pays-ci qu’elles en font moins. La femelle en a grand soin ; mais quelquefois le mâle les tue. Pline dit que les chats vivent six ans ; Aldrovande prétend qu’ils vont jusqu’à dix, & que ceux qui ont été coupés vivent plus long-tems. On a quantité d’exemples de chats & de chattes qui sans être coupés ont vécu bien plus de dix ans.

Tout le monde sait que les chats donnent la chasse aux rats & aux oiseaux ; car ils grimpent sur les arbres, ils sautent avec une très-grande agilité, & ils rusent avec beaucoup de dextérité. On dit qu’ils aiment beaucoup le poisson ; ils prennent des lézards ; ils mangent des crapauds ; ils tuent les serpens, mais on prétend qu’ils n’en mangent jamais. Les chats prennent aussi les petits lievres, & ils n’épargnent pas même leur propre espece, puisqu’ils mangent quelquefois leurs petits.

Les chats sont fort caressans lorsqu’on les a bien apprivoisés ; cependant on les soupçonne toûjours de tenir de la férocité naturelle à leur espece : ce qu’il y auroit de plus à craindre, lorsqu’on vit trop familierement avec des chats, seroit l’haleine de ces animaux, s’il étoit vrai, comme l’a dit Matthiole, que leur haleine pût causer la phthisie à ceux qui la respireroient. Cet auteur en rapporte plusieurs exemples. Quoi qu’il en soit, il est bon d’en avertir les gens qui aiment les chats au point de les baiser, & de leur permettre de frotter leur museau contre leur visage.

On a dit qu’il y avoit dans les Indes des chats sauvages qui voloient, au moyen d’une membrane qui s’étend depuis les piés de devant jusqu’à ceux de derriere, & qu’on avoit vû en Europe des peaux de ces animaux qui y avoient été apportées. Mais n’étoit-ce pas plûtôt des peaux d’écureuil volant, ou de grosse chauve-souris, que l’on prenoit pour des peaux de chats sauvages, de même que l’on a souvent donné l’opossum pour un chat ? Voyez Ald. de quad. digit. lib. III. cap. x. & xj. Voyez Quadrupede. (I)

Les chats ont l’ouverture de la prunelle fendue verticalement ; & leurs paupieres traversant cette figure oblongue, peuvent & fermer la prunelle si exactement qu’elle n’admet, pour ainsi dire, qu’un seul rayon de lumiere, & l’ouvrir si entierement, que les rayons les plus foibles suffisent à la vûe de ces animaux, par la grande quantité qu’elle en admet ; ce qui leur fournit une facilité merveilleuse de guetter leur proie. De cette maniere, cet animal voit la nuit, parce que sa prunelle est susceptible d’une extrême dilatation, par laquelle son œil rassemble une grande quantité de cette foible lumiere, & cette grande quantité supplée à sa force.

Il paroît que l’éclat, le brillant, la splendeur qu’on remarque dans les yeux du chat, vient d’une espece de velours qui tapisse le fond de l’œil, ou du brillant de la rétine, à l’endroit où elle entoure le nerf optique.

Mais ce qui arrive à l’œil du chat plongé dans l’eau est d’une explication plus difficile, & a été autrefois, dans l’académie des sciences, le sujet d’une grande dispute : voici le fait.

Personne n’ignore que l’iris est cette membrane de l’œil qui lui donne les différentes couleurs qu’il a en différens sujets ; c’est une espece d’anneau circulaire dont le milieu, qui est vuide, est la prunelle, par où les rayons entrent dans l’œil. Quand l’œil est exposé à une grande lumiere, la prunelle se retrécit sensiblement, c’est-à-dire que l’iris s’élargit & s’étend : au contraire, dans l’obscurité, la prunelle se dilate, ou ce qui est la même chose, l’iris se resserre.

Or, on a découvert que si on plonge un chat dans l’eau, & que l’on tourne alors sa tête, de sorte que ses yeux soient directement exposés à une grande lumiere, il arrive, 1° que malgré la grande lumiere la prunelle de l’animal ne se retrécit point, & qu’au contraire elle se dilate ; & dès qu’on retire de l’eau l’animal vivant, sa prunelle se resserre : 2° que l’on apperçoit distinctement dans l’eau le fond des yeux de cet animal, qu’il est bien certain qu’on ne peut voir à l’air.

Pour expliquer le premier phénomene, M. Meri prétendit que le mouvement arrêté des esprits animaux empêchoit le resserrement de la prunelle du chat dans l’eau, & que le second phénomene arrivoit par la quantité de rayons plus grande que reçoit un œil, parce que sa cornée est applanie.

L’ouverture de la prunelle est plus grande dans l’eau, selon M. Meri, parce les fibres de l’iris sont moins remplies d’esprits animaux. L’œil dans l’eau est plus éclairé, parce que la cornée étant applanie & humectée par ce liquide, elle est pénétrable à la lumiere dans toutes ses parties.

M. de la Hire explique les deux phénomenes d’une façon toute différente.

1°. Il prétend au contraire, que le retrécissement de la prunelle est produit par le ressort des fibres de l’iris qui les allonge ; & que sa dilatation est causée par le raccourcissement de ces mêmes fibres. 2°. Qu’il n’entre pas plus de lumiere dans les yeux, quand ils sont dans l’eau, que lorsqu’ils sont dans l’air exposés à ses rayons, & que par conséquent ils ne doivent pas causer de retrécissement à l’iris. 3°. Que le chat plongé dans l’eau, étant fort inquiet & fort attentif à tout ce qui se passe autour de lui, cette attention & cette crainte tiennent sa prunelle plus ouverte ; car M. de la Hire suppose que le mouvement de l’iris, qui est presque toûjours nécessaire, & n’a rapport qu’au plus ou moins de clarté, est en partie volontaire dans certaines occasions. 4°. M. de la Hire tâche de démontrer ensuite, que les réfractions qui se font dans l’eau élevent le fond de l’œil du chat, & rapprochent cet objet des yeux du spectateur. 5°. Que la prunelle de l’animal étant plus ouverte, & par conséquent le fond de son œil plus éclairé, il n’est pas étonnant qu’on l’apperçoive. 6°. Qu’un objet est d’autant mieux vû, que dans le tems qu’on le regarde il vient à l’œil moins de lumiere étrangere : or quand on regarde dans l’eau la surface de l’œil, on voit beaucoup moins de rayons étrangers que quand on le regarde à l’air, & par conséquent le fond de l’œil du chat en peut être mieux apperçû.

On vient de voir en peu de mots les raisons de MM. Meri & de la Hire, dans leur contestation sur le chat plongé dans l’eau ; contestation qui partagea les académiciens, & qui a fourni de part & d’autre plusieurs mémoires également instructifs & curieux, qu’on peut lire dans le recueil de l’academie, années 1704, 1709, 1710, & 1712.

La structure des ongles des chats & des tigres, espece de chats sauvages, est d’une artifice trop particulier pour la passer sous silence. Les ongles longs & pointus de ces animaux se cachent & se serrent si proprement dans leurs pattes, qu’ils n’en touchent point la terre, & qu’ils marchent sans les user & sans les émousser, ne les faisant sortir que quand ils s’en veulent servir pour frapper & pour déchirer. Ces ongles ont un ligament qui par son ressort les fait sortir, quand le muscle qui est en-dedans ne tire point ; cet ongle est caché dans les entre-deux du bout des doigts, & ne sort dehors pour agriffer, que lorsque le muscle, qui sert d’antagoniste au ligament, agit : le muscle extenseur des doigts sert aussi à tenir l’ongle redressé, & le ligament fortifie son action. Les chats font agir leurs ongles, pour attaquer ou se défendre, & ne marchent dessus que quand ils en ont un besoin particulier pour s’empêcher de glisser.

Leur talon, comme celui des singes, des lions, des chiens, n’étant pas éloigné du reste du pié, ils peuvent s’asseoir aisément, ou plûtôt s’accroupir.

On demande pourquoi les chats, & plusieurs animaux du même genre, comme les fouines, putois, renards, tigres, &c. quand ils tombent d’un lieu élevé, tombent ordinairement sur leurs pattes, quoiqu’ils les eussent d’abord en en-haut, & qu’ils dussent par conséquent tomber sur la tête ?

Il est bien sûr qu’ils ne pourroient pas par eux-mêmes se renverser ainsi en l’air, où ils n’ont aucun point fixe pour s’appuyer ; mais la crainte dont ils sont saisis leur fait courber l’épine du dos, de maniere que leurs entrailles sont poussées en en-haut ; ils allongent en même tems la tête & les jambes vers le lieu d’où ils sont tombés, comme pour le retrouver, ce qui donne à ces parties une plus grande action de levier. Ainsi leur centre de gravité vient à être différent du centre de figure, & placé au-dessus ; d’où il s’ensuit, par la démonstration de M. Parent, que ces animaux doivent faire un demi-tour en l’air, & retourner leurs pattes en-bas, ce qui leur sauve presque toûjours la vie.

La plus fine connoissance de la méchanique ne feroit pas mieux en cette occasion, dit l’historien de l’académie, que ce que fait un sentiment de peur, confus & aveugle. Hist. de l’acad. 1700.

Autre question de Physique : d’où vient qu’on voit luire le dos d’un chat, lorsqu’on le frotte à contrepoil ? C’est que les corps composés ou remplis de parties sulphureuses, luisent, quand ces parties sulphureuses sont agitées par le mouvement vital, le frottement, le choc, ou quelqu’autre cause mouvante. Au reste, ce phenomene n’est pas particulier au chat ; il en est de même du dos d’une vache, d’un veau, du col du cheval, &c. & cela paroît sur-tout quand on les frotte dans le tems de la gelée. Voyez Electricité.

On sait que les chats sont de différentes couleurs ; les uns blancs, les autres noirs, les autres gris, &c. de deux couleurs, comme blancs & noirs, blancs & gris, noirs & roux : même de trois couleurs, noirs, roux, & blancs, que l’on nomme par cette raison tricolors. J’ai oüi dire qu’il n’y avoit aucun chat mâle de trois couleurs. Il s’en trouve encore quelques-uns qui tirent sur le bleu, & qu’on appelle vulgairement chats des chartreux ; peut-être, parce que ce sont les religieux de ce nom qui en ont eû des premiers de la race. Article communiqué par M. le chevalier de Jaucourt.

Chay, (Matiere médicale.) La plûpart des auteurs de matiere médicale rapportent diverses propriétés que plusieurs medecins ont accordées aux différentes parties du chat, tant domestique que sauvage. La graisse de ces animaux, leur sang, leur fiente, leur tête, leur foie, leur fiel, leur urine distillée, leur peau, leur arriere-faix même porté en amulette, ont été célebrés comme des remedes admirables ; mais pas un de ces auteurs n’ayant confirmé ces vertus par sa propre expérience, on ne sauroit compter sur l’espece de tradition qui nous a transmis ces prétentions de livre en livre : au moins faut-il attendre, avant de préférer dans quelques cas ces remedes à tous les autres de la même classe, que leurs vertus particulieres soient confirmées par l’observation. Les voici pourtant ces prétendues vertus.

La graisse de chat sauvage amollit, échauffe, & discute ; elle est bonne dans les maladies des jointures ; son sang guérit l’herpes ou la gratelle. La tête de chat noir réduite en cendre est bonne pour les maladies des yeux, comme pour l’onglet, la taye, l’albugo, &c. La fiente guérit l’alopécie, & calme les douleurs de la goutte.

On met sa peau sur l’estomac & sur les jointures, pour les tenir chaudement ; on porte au cou l’arriere-faix, pour préserver les yeux de maladie. L’énumération de ces vertus est tirée du dictionnaire de medecine de James, qui l’a prise de la pharmacologie de Dale, qui l’a copiée lui-même de Schroder, lequel cite à son tour Schwenckfelt & Misaldus, &c.

La continuation de la matiere médicale d’Herman recommande, d’après Hildesheim & Schmuck, d’avoir grand soin de choisir un chat mâle ou femelle, selon qu’on a un homme ou une femme à traiter. La graisse du mâle est un excellent remede contre l’épilepsie, la colique, & l’amaigrissement des parties d’un homme ; & celle de la femelle n’est pas moins admirable pour une femme dans le même cas. Le célebre Ettmuller semble avoir assez de confiance en ces remedes, dont il recommande l’usage, avec la circonstance de ce rapport de sexe. Voyez Pharmacologiste. (b)

Chat, (Art méch.) Les Pelletiers apprêtent les peaux de chats, & en sont plusieurs sortes de fourrure, mais principalement des manchons.

* Chat, (Myth.) cet animal étoit un dieu très révéré des Egyptiens : on l’adoroit sous sa forme naturelle, ou sous la figure d’un homme à tête de chat. Celui qui tuoit un chat, soit par inadvertance, soit de propos délibéré, étoit séverement puni. S’il en mouroit un de sa belle mort, toute la maison se mettoit en deuil, on se rasoit les sourcils, & l’animal étoit embaumé, enseveli, & porté à Bubaste dans une maison sacrée, où on l’inhumoit avec tous les honneurs de la sépulture ou de l’apothéose. Telle étoit la superstition de ces peuples, qu’il est à présumer qu’un chat en danger eût été mieux secouru qu’un pere ou qu’un ami, & que le regret de sa perte n’eût été ni moins réel ni moins grand. Les principes moraux peuvent donc être détruits jusque-là dans le cœur de l’homme : l’homme descend au-dessous du rang des bêtes, quand il met la bête au rang des dieux. Hérodote raconte que quand il arrivoit quelqu’incendie en Egypte, les chats des maisons étoient agités d’un mouvement divin ; que les propriétaires oublioient le danger où leurs personnes & leurs biens étoient exposés, pour considérer ce que les chats faisoient ; & que si malgré le soin qu’ils prenoient dans ces occasions de la conservation de ces animaux, il s’en élançoit quelques-uns dans les flammes, ils en menoient un grand deuil.

Chat-poisson, (Histoire naturol.) voyez Roussette.

Chat-volant, (Hist. nat.) voyez Chat & Chauvesouris.

Chat, (pierre de) Hist. nat. foss. c’est le nom qu’on donne en Allemagne à une espece de pierre du gente des calcaires, qui se trouve dans le comté de Stolberg : on s’en sert dans les forges pour purifier le fer, ou pour absorber la surabondance de soufre dont il est mêlé. Le nom allemand de cette pierre est katzenstein. (—)

* Chat, s. m. (Ardois.) c’est le nom que ceux qui taillent l’ardoise donnent à celle qu’ils trouvent si dure & si fragile, à l’ouverture de l’ardoisiere, qu’elle ne peut être employée. Voyez l’article Ardoise. Ils donnent aussi le même nom aux parties plus dures qui se trouvent quelquefois dispersées dans l’ardoise, & qui empêchent la division. Ils appellent ces parties de petits chats.

Chat. s. m. (Marine.) on donne ce nom à un bâtiment qui pour l’ordinaire n’a qu’un pont, & qui est rond par l’arriere, dont on se sert dans le Nord, & qui est d’une fabrique grossiere & sans aucun ornement ; mais d’une assez grande capacité, étant large de l’avant & de l’arriere. Ces bâtimens sont à plate varangue, & ne tirent pour l’ordinaire que quatre à cinq piés d’eau. On leur donne peu de quête à l’étrave & à l’étambord : les mâts sont petits & legers : ils n’ont ni hune ni barre de hune, quoiqu’ils ayent des mâts de hune, & l’on amene les voiles sur le pont au lieu de les ferler. La plûpart des voiles sont quarrées. Ils ont peu d’accastillage à l’arriere. La chambre du capitaine est suspendue, s’élevant en partie au-dehors, & l’autre partie tombe sous le pont, comme dans les galiotes. La barre du gouvernail passe sous la dunette ou chambre du capitaine ; mais elle n’a point de manivelle : elle sert seule à gouverner. Quelquefois on met à la barre du gouvernail une corde, avec laquelle on gouverne. En général le chat est un assez mauvais bâtiment, & qui navige mal ; mais il contient beaucoup d’espace, & porte grande cargaison. La grandeur la plus commune du chat est d’environ cent vingt piés de longueur de l’étrave à l’étambord, vingt-trois à vingt-quatre piés de large, & douze piés de creux ; alors la quille doit avoir seize pouces de large, & quatorze pouces au moins d’épaisseur. On la fait le plus souvent de bois de chêne, & quelquefois de sapin. (Z)

Chat, (Artil.) est un instrument dont on se sert dans l’Artillerie pour examiner si les pieces de canon n’ont point de chambre ou de défaut. C’est un morceau de fer portant une deux ou trois grisses fort aiguës, & disposées en triangle : il est monté sur une hampe de bois. Les fondeurs l’appellent le diable. Voyez Epreuve. (Q)

Chat d’un plomb, est une piece de cuivre ou de fer ronde ou quarrée, au milieu de laquelle est un trou de la grosseur du cordeau du plomb : il doit être de la même largeur que la base du plomb, puisqu’il sert à connoître si une piece de bois est à-plomb ou non. Voyez la fig. 12. Plan. des outils du Charpentier.

Chat, à la Monnoie, est la matiere qui coule d’un creuset par accident ou par cassure.

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Étymologie de « chat »

Wallon, chet ; bourguig. chai ; picard, ca, co ; provenç. cat ; catal. gat ; espagn. et portug. gato ; ital. gatto ; du latin catus ou cattus, qui ne se trouve que dans des auteurs relativement récents, Palladius, Isidore, et qui était un mot du vulgaire. Il appartient au celtique et à l'allemand : irl. cat ; kymri, kâth ; angl. sax. cat ; ancien scandin. köttr ; allem. mod. Katze. D'après Isidore, cattus vient de cattare, voir, et cet animal est dit ainsi parce qu'il voit, guette ; catar, regarder, est dans le provençal et dans l'ancien français chater (Roncisv. p. 97.) Mais on ne sait à quoi se rattachent ni cattus ni catar ; la tardive apparition qu'ils font dans le latin portent à croire qu'ils sont d'origine celtico-germanique. Il y a dans l'arabe qittoun, chat mâle, mais Freitag doute que ce mot appartienne à l'arabe.

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(Nom 1) (XIIe siècle) Du bas latin cattus « chat (domestique) », mot que certains[1] rapprochent du copte (bohaïrique) ϣⲁⲩ, šau « matou », peut-être issu de l’égyptien moyen tešau « chatte ». Le classique felis, feles désignait le chat sauvage d’Europe (Felis silvestris silvestris).
(Nom 2) (XIIIe siècle) Probablement de l’ancien français chat (« chat-château »).
(Nom 3) (1997) Emprunté à l’anglais chat (« discussion, bavardage »).
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Phonétique du mot « chat »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
chat ʃa

Fréquence d'apparition du mot « chat » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Citations contenant le mot « chat »

  • Il n'y a pas de preuve que la puce, qui vit sur la souris, craigne le chat.
    Henri Michaux
  • Caresses de chat donnent des puces.
    Proverbe français
  • Ce bloc enfariné ne me dit rien qui vaille, S'écria-t-il* de loin au général des chats.
    Jean de La Fontaine — Fables, le Chat et un vieux rat
  • A beau chat, beau rat.
    Proverbe français
  • Qui naquit chat court après les souris.
    Proverbe français
  • Dans un incendie, entre un Rembrandt et un chat, je sauverais le chat.
    Alberto Giacometti
  • La difficulté fut d'attacher le grelot.
    Jean de La Fontaine — Fables, Conseil tenu par les rats
  • Absent le chat, les souris dansent.
    Jean Antoine de Baïf
  • Le chat ronronne le présent. Le chat est toujours dans aujourd'hui... Le chat mijote et ne bout jamais. Le chat est un animal concentré, un poêle à combustion lente.
    Paul Morand
  • Qui pendra la sonnette au chat ?
    Eustache Morel, dit Deschamps — Ballades de moralité
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Images d'illustration du mot « chat »

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Traductions du mot « chat »

Langue Traduction
Anglais cat
Espagnol gato
Italien gatto
Allemand katze
Portugais gato
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Synonymes de « chat »

Source : synonymes de chat sur lebonsynonyme.fr

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Chat

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