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Race

Variantes Singulier Pluriel
Féminin race races

Définitions de « race »

Trésor de la Langue Française informatisé

RACE, subst. fém.

I.
A. −
1. Vieilli, littér. [En parlant le plus souvent d'une grande famille] Ensemble des personnes appartenant à une même lignée, à une même famille. Synon. ascendance, descendance.La race des Atrides, vieille race. Que Bonaparte et sa race doivent tomber, c'est ce qui me paraît infaillible; mais quelle sera l'époque de cette chute (J. de Maistre, Corresp., 1808, p. 104).Aujourd'hui cette race, égale aux Rohan sans avoir daigné se faire princière (...) cette famille, pure de tout alliage, possède (...) sa maison de Guérande et son petit castel du Guaisnic (Balzac, Béatrix, 1839, p. 10):
1. La première pensée du biographe, qui veut avancer dans la connaissance d'un homme, est de chercher d'abord du côté de ses ascendants. L'individu le plus singulier n'est que le moment d'une race. Il faudrait pouvoir remonter le cours de ce fleuve (...) pour capter le secret de toutes les contradictions, de tous les remous d'un seul être. Mauriac, Vie Racine, 1928, p. 8.
En partic. Chacune des différentes lignées des rois de France. Le pouvoir (...) électif dans les deux premières races des rois de France, ne devint fixe et héréditaire que sous la troisième (Bonald, Essai analyt., 1800, p. 174).Commença, en la personne de Hugues Capet, la troisième race de nos rois (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 93).
P. ext. Race humaine. Espèce humaine, l'humanité. C'est surtout dans la race humaine que l'infini de la variété se manifeste d'une manière effrayante (Baudel., Salon, 1846, p. 148).Tout enfant de la race humaine (Jaurès, Ét. soc., 1901, p. 199).
P. méton. Ensemble des descendants d'une même personne. Synon. descendance, lignée, postérité.J'allais souvent voir l'aîné de ma race dans l'institution où je l'avais placé (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 414).Une race naîtrait de moi! Comment le croire? Comment se pourrait-il que j'eusse des enfants? (Hugo, Légende, t. 1, 1859, p. 85).Abraham put voir (...) la race née de son fils Isaac se multiplier à l'infini comme les étoiles du ciel (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 169).
Race(s) future(s). Génération(s) future(s). La pierre de ma tombe à la race future Dira qu'un seul hymen délia ma ceinture (Chénier, Bucoliques, 1794, p. 278).Je n'ai pas dédié « Mes enfances » à la postérité, ni supposé un moment que la race future pût s'intéresser à ces bagatelles (A. France, Vie fleur, 1922, p. 560).
2. Origine noble; p. méton., élégance, distinction naturelle.
a) De race.M. de Talleyrand avait eu beau se mêler à la Révolution, il était resté, lui, un homme de race, gardant au fond beaucoup des idées ou des instincts aristocratiques (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 12, 1869, p. 118).Vous êtes de très vieille race; pourquoi diable avez-vous laissé tomber la particule, Jacquemin? (Bazin, Blé, 1907, p. 132).M. de Charlus, se rappelant qu'il était de race plus pure que la maison de France (Proust, Sodome, 1922, p. 1067).
Noble, noblesse de race. Noble, noblesse par l'ascendance. Il n'y a pas en France une seule famille noble, mais je dis noble de race et d'antique origine, qui ne doive sa fortune aux femmes (Courier, Pamphlets pol., Procès, 1821, p. 120).Je le vois encore (...) sérieux, grave, un peu triste, car il était presque seul de son espèce. Cette petite noblesse de race avait disparu en grande partie (Renan, Souv. enf., 1883, p. 27).
Fin de race. Empl. subst. V. fin1A 2.
Empl. adj., au fig. Décadent. Lado. 42 piges. Austro-Hongrois (...) un peu fin de race. Toujours bronzé (...), pompes Weston, socquettes blanches, pull cachemire et yeux en amandes (Ph. Adler, C'est peut-être ça l'amour, Paris, J'ai lu, 1987 [1986], p. 17).
b) P. méton. Comportement attendu d'un(e) aristocrate; en partic., élégance, distinction, assurance naturelle dans l'affirmation d'une personnalité marquée. Avoir de la race; homme, femme de race. Je la trouve jolie, fine, et infiniment distinguée (...) elle a surtout de la race (Gyp, Pas jalouse, 1893, p. 96).Ce que j'admire toujours en lui [Guitry], c'est sa race; sa qualité fine d'homme supérieur (Renard, Journal, 1919, p. 1054):
2. Il avait ce don que je prise fort chez les gens de race, de parler sur le même ton, des mêmes choses, et avec le même sentiment, au dernier des roturiers et au plus titré des aristocrates. Jammes, Mém., 1922, p. 135.
[En parlant d'un créateur ou d'une expr. artist.] De grande qualité. Le style est si beau, quand il s'élève, un style de race, comme en ont seuls les nobles, qui se mêlent d'écrire (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1905, p. 152).Ces écrivains de race, qui ont toujours eu le goût si sûr (...) n'hésitent pas, quand ils parlent de politique, à employer ce vocabulaire à formules creuses des politiciens (Martin du G., Souv. autobiogr., 1944-45, p. cxxviii).
B. − P. anal. Race de + subst.
1. Ensemble de personnes ayant entre elles des caractères communs importants. Synon. espèce.Être d'une autre race que qqn. De là est née la race meurtrière et carnivore des Géants (Ménard, Rêv païen, 1876, p. 121).La race méprisante des grands seigneurs de la révolution (Camus, Homme rév., 1951, p. 205).
2. Catégorie de personnes ayant en commun certaines particularités sur lesquelles on attire l'attention. Race des seigneurs. Ceux-là, c'est la race des obstinés rêveurs pour qui l'art est demeuré une foi et non un métier (Murger, Scènes vie boh., 1851, p. 6).Cette nostalgie morne qui asservit un grand nombre d'entre nous à leur passé le plus trouble et qui crée une horrible race de vieux adolescents inconsolables (Mauriac, Vie Racine, 1928, p. 241).S'il y a une race suspecte, c'est celle des taverniers et des hôteliers (Faral, Vie temps st Louis, 1942, p. 76).
Sale race. [Peut fonctionner comme injure] Sale engeance. La sale race de l'ouvrier parisien, qui ne veut rien entendre, rien comprendre! (Alain-Fournier, Corresp. [avec Rivière], 1906, p. 263).
P. anal., rare. Catégorie de choses ayant certaines particularités en commun. La nouvelle race des récepteurs couleur Modulaires 51 cm (...) vous permet de profiter de la cou-leur pour un moindre coût d'achat (Le Point, 11 oct. 1976, p. 160).
[P. allus. à l'expr. empl. dans l'Écriture pour désigner les Pharisiens] Race de vipères. Mauvaises gens. « Qui de vous (...) Du maître ou de l'esclave est le plus odieux? Oh! fuyons, mon amour! ces races de vipères! Emportons nos enfants aux forêts de nos pères! (...) » (Lamart., Chute, 1838, p. 1063).
II. − BIOL. Subdivision de l'espèce fondée sur des caractères physiques héréditaires, représentée par une population. Races actuelles, fossiles; amélioration, croisement, sélection de races. Il y a tant de races d'animaux et de végétaux qui nous sont encore inconnues (Lamarck, Philos. zool., t. 1, 1809, p. 31):
3. La race, c'est l'animalité. L'homme a fait des races animales, par un choix, par un massacre, par un parfait mépris des préférences (...). Nul homme n'a de race que l'adoration même de sa race, c'est-à-dire de son propre animal. Quand on dit que la race parle, on veut dire que l'inférieur parle, et que la force est considérée comme première valeur. Alain, Propos, 1933, p. 1152.
A. − ANTHROPOLOGIE
1. Groupement naturel d'êtres humains, actuels ou fossiles, qui présentent un ensemble de caractères physiques communs héréditaires, indépendamment de leurs langues et nationalités. Race blanche, jaune, noire; race pure, métissée; races primitives, vivantes; croisement entre races; caractères, classification, concept, définition, différenciation, histoire, mélange, notion de(s) race(s). Les individus de la race caucasique (Cuvier, Anat. comp., t. 3, 1805, p. 17).On possède de très nombreux crânes et squelettes humains de l'époque de la pierre polie (...). Suivant les pays, nous voyons des races à tête ronde, des races à tête allongée, des races de grande stature, des races de petite taille, etc. (Boule, Conf. géol., 1907, p. 211):
4. En Europe, la doctrine de l'inégalité des races prit un regain d'actualité au XIXesiècle avec le livre du Comte Joseph de Gobineau, Essai sur l'inégalité des races humaines (1853-54). Procédant par affirmations, sans souci d'apporter aucune preuve, Gobineau soutint la supériorité de la race blanche et, à l'intérieur de celle-ci, d'une famille privilégiée, les arians (nous disons maintenant aryens), possédant originellement le monopole de la beauté, de l'intelligence et de la force. Hist. sc., 1957, p. 1404.
PRÉHIST. Race de Chancelade, de Cro-Magnon, de Grimaldi, de Néandertal. Homme de Chancelade, Cro-Magnon, Grimaldi, Néandertal. La race de Chancelade est une race à part, différente de la race de Cro-Magnon (S. Blanc, Init. préhist., 1932, p. 19).
Race primaire ou grand-race. Un des quatre grands groupes qui forment l'humanité actuelle: grand-race leucoderme ou race (primaire) blanche; grand-race mélanoderme ou race (primaire) noire; grand-race xanthoderme ou race (primaire) jaune; grand-race australoïde ou race (primaire) primitive. V. infra ex. de Ethnol. gén.
Race secondaire ou race de second-ordre. Division à l'intérieur de chacune des races primaires, constituée par des groupes ayant des caractères physiques héréditaires spécifiques non communs à l'ensemble de la grand-race. Toutes les races n'ont pas la même valeur. Les anthropologistes sont d'accord pour établir entre elles une hiérarchie et distinguer au moins deux catégories: les races primaires ou grand-races et les races secondaires ou races de deuxième ordre (Ethnol. gén., 1968, p. 679 [Encyclop. de la Pléiade]).
2. Ensemble de personnes qui présentent des caractères communs dus à l'histoire, à une communauté, actuelle ou passée, de langue, de civilisation sans référence biologique dûment fondée. Synon. ethnie, peuple.Race aryenne, celtique, élue, ennemie, étrangère, française, germanique. À cette époque les conquérans de l'empire étaient presque tous de la même race, tous germains, sauf quelques tribus slaves (Guizot, Hist. civilis., leçon 2, 1828, p. 32).L'Allemagne allait, d'ailleurs, développer tout un système raciste. Elle établirait une hiérarchie des races dans laquelle, à la suite de quelques races de seigneurs, il y aurait des collectivités satellites (Marin, Ét. ethn., 1954, p. 30):
5. La race juive est tellement avilie qu'il est impossible de se représenter un noble juif. Comment se figurer Abraham, autrement que sous les traits d'un chrétien? Bloy, Journal, 1894, p. 137.
P. ext. Population autochtone d'une région, d'une ville. Avec la ténacité caractéristique de nos vieilles races de montagnes, une population s'implanta jusque dans les intimes replis du massif (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 194).
B. − ZOOLOGIE
1. Division de l'espèce, représentée par une population, à caractères constants, spécifiques, originaux et héréditaires. Race bovine, canine, chevaline, porcine; amélioration des races. Que de races très-différentes parmi nos poules et nos pigeons domestiques (Lamarck, Philos. zool., t. 1, 1809, p. 227).Mes recherches sur le gigantisme chez les pédiculés. Je cherche à obtenir une race de poux géants (Queneau, Loin Rueil, 1944, p. 97).La diversité des races: cela se traduit sans doute par des signes extérieurs (...) mais surtout par des aptitudes productives nettement définies: races laitières et races de boucherie pour les bovins (...) races de trait et races de course pour les chevaux (Wolkowitsch, Élev., 1966, p. 76).
De (pure) race, de race pure. Dont les ascendants sont de même race. Chien de race. Des chevaux de race pure, aux formes élégantes et nobles, aux jambes fines (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 222).On achetait des pigeons de race (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 35).
Bon chien chasse de race. V. chien1II B 4 b.
2. P. ext. Synon. de espèce.Mon discours sur l'amélioration de la race chevaline (Champfl., Bourgeois Molinch., 1855, p. 245).Dans la race canine si vantée, la femelle seule a l'amour de la progéniture (Sand, Hist. vie, t. 1, 1855, p. 17).
C. − BOT. Ensemble de plantes qui, appartenant à une même espèce possèdent un caractère particulier héréditaire. Synon. variété.En changeant de localité, des races de plantes s'éteignent (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 270).Certaines races d'arbres ou de plantes (...) ne peuvent donner des fruits quand leurs fleurs sont fécondées avec leur propre pollen (Cuénot, J. Rostand, Introd. génét., 1936, p. 79).
REM. 1.
Raceur, -euse, subst.Animal présentant des caractères raciaux marqués et sélectionné pour la reproduction. Le prix de revient d'un bon « raceur » de lait (Wolkowitsch, Élev., 1966, p. 83).
2.
Racique, adj.Synon. rare de racial.La grâce du Christ (...) peut maintenir et sauver tout ce qu'il y a de trésors spirituels dans la culture chinoise, sans léser son individualité nationale et racique (Maritain, Primauté spirit., 1927, p. 247).
3.
Sous-race, subst. fém.,anthropol. physique. Variété identifiable à l'intérieur d'une communauté. Une analyse détaillée permet souvent de séparer des groupes de troisième ordre qui sont les types locaux dits encore sous-races s'ils occupent un territoire suffisamment étendu (Ethnol. gén., 1968 [Encyclop. de la Pléiade]).
Prononc. et Orth.: [ʀas]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1480 rasse « ensemble des ascendants et des descendants d'une même famille, d'un même peuple » (Myst. Viel Test., éd. J. de Rothschild, t. 1, p. 162, 4270); id. race (ibid., t. 4, p. 311, 34208: Destruyt sera, luy et sa race); 2. 1549 « rejeton, postérité » (J. du Bellay, Vers liriques, IX, A Boviv, 70 ds Œuvres, éd. H. Chamard, t. 3, p. 123: Ou me guidez vous, Pucelles [les Muses], Race du Pere des Dieux?); 3. 1552 « durée d'une génération » (Id., Œuvres de l'in-vention de l'auteur, VII, 147, ibid., t. 4, p. 163); 4. 1558 « origine, extrac-tion » (Id., Les Regrets, LXIV, 11, éd. E. Droz, p. 76: Et combien voyons nous aujourd'huy de bastards [...] Exceller ceulx qui sont de race legitime?); 1559 (J. Grévin, La Trésorière, II, 4, éd. L. Pinvert, p. 80: Autant peut le lay que le prestre, [...] Le pauvre, comme un de grand'race); 1579 abs. « origine noble » (P. Larivey, La Vefve, I, 2, éd. Viollet le Duc, Anc. théâtre fr., t. 5, p. 112: Que me servent les biens, la jeunesse, la race et les amis, sans Emée?); 5. 1564 « catégorie, classe de gens de même profession, de même caractère, etc. » (Indice de la Bible, f o282); 6. 1636 désigne une lignée de rois de France (Monet: Race de Pepin). B. 1. Ca 1500 « subdivision d'une espèce, à caractères héréditaires, représentée par un certain nombre d'individus » (Philippe de Commynes, Mém., éd. J. Calmette, t. 3, p. 80: races des chevaulx); 2. 1684 « population humaine qui se distingue d'autres populations par la fréquence relative de certains traits héréditaires »; ([Fr. Bernier], Nouvelle Division de la terre, par les différentes Espèces ou Races d'hommes qui l'habitent, in Journal des Sçavans, 24 avr., pp. 85-89); 1733 (Abbé J.-B. Dubos, Réflexions crit. sur la poés. et la peint., t. 2, p. 311: race de Pigmées; 1749 (Buffon, Hist. nat., t. 3, p. 379: la race Lappone et la race Tartare)). Empr. à l'ital.razza, att. dep. ca 1300 sous la forme razzo (destrier di grande razzo, poème intitulé Intelligenza d'apr. Prati), puis razza « famille, espèce d'animaux » (dep. xives., Commentaires sur Dante ds Tomm.-Bell.), d'orig. controversée. Pour FEW (t. 10, pp. 111b-112a et 115-116), qui reprend une hyp. déjà proposée par Canello, L. Spitzer (ds Z. rom. Philol. t. 53, pp. 300-301) et Prati, razzo (devenu razza par changement de genre) est issu du nomin. lat. ratio « calcul, compte; système, procédé » et en lat. chrét. « idée, conception (d'une chose) » (chez St Augustin et St Thomas d'Aquin), d'où « modèle d'une chose, d'un être vivant; race »; cette hyp. est confirmée par le fait que l'ital. ragione, issu de l'acc. rationem, a eu le sens de « qualité, espèce, race » du xiiieau xviies. (v. Tomm.-Bell.). Pour G. Merk (ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t. 7, 1, pp. 177-188), qui reprend en la complétant une hyp. déjà formulée par C. Salvioni (ds Romania t. 31, p. 287) et REW3n o3732, l'ital. razza est issu avec aphérèse (phénomène fréq. en ital.) du lat. generatio « génération, reproduction », naraccia « race », att. au xvies. dans le dial. de Belluno en Vénétie, pouvant représenter une forme intermédiaire (v. Salvioni, loc. cit.); à l'appui de cette hyp., G. Merk montre que les sens de l'a. ital. et de l'a. prov. rassa correspondent beaucoup plus à ceux du lat. biblique generatio « famille, descendance; engeance; espèce, race » qu'à ceux de ratio dont le sens le plus proche n'est que « caractéristique de ce qui appartient à la famille » (v. aussi E. Lerch ds Rom. Jahrb. t. 3, 1950, pp. 198-205); il cite également l'a. fr. generace qui, issu de l'acc. generationem, a eu le sens de « famille, race » (2emoit. xiiies., Blancandin ds T.-L.) et de « bande de gens au service de quelqu'un » (fin xiies., Brut de Munich, ibid.), ce 2esens étant à rapprocher de l'a. prov. rassa « bande d'individus qui complotent » (fin xiies., Guiraut de Bornelh) qui s'explique mal à partir de l'étymon. ratio. Pour G. Merk, l'ital. razza, l'a. prov. rassa et l'a. fr. generace seraient en fait issus d'une contamination sém. et phonét. de generatio (éventuellement sous une forme avec métathèse *gerenatio) avec ratio, aidée par la synon. partielle de natio (nation*); il s'agirait de mots pop. (mais influencés par la prononc. du lat. carol.) et la forme ne viendrait pas du nomin. lat. mais d'une substitution de -atia à -ationem. Pour d'autres hyp. et leurs critiques, v. FEW t. 10, p. 115a. Fréq. abs. littér.: 6 549. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 8 337, b) 10 804; xxes.: a) 12 616, b) 7 359. Bbg. Ans (A.-M. d'). Le Sens de la « race ». Cah. Inst. Ling. Louvain. 1984, t. 9, n o314, pp. 45-56. − Blanckaert (Cl.) Réflexions sur la détermination de l'espèce en anthropol. 18e-19es. Doc. Hist. Vocab. sc. 1983, n o4, pp. 65-66. − Dub. Dér. 1962, p. 42 (s.v. raceur). − Fossat (J.-L.). Le Mot race vu par les lexicologues aux journées de la Soc. d'ethnozootechnie. Ethnozootechnie. 1982, n o29, pp. 15-23. − Hope 1971, p. 49, 149. − Jacquard (A.). Le Bilan. Différences. 1983, n o22, pp. 35-36. − Jud. (J.). Vox rom. 1942, n o6, p. 373, 374. − Leroy (G.). Les Idées pol. et soc. de Ch. Péguy. Thèse. Paris, 1977. − Quem. DDL t. 6; 18 (s.v. racique), 22 (id.), 28 (s.v. race à part). − Rabotin (M.). Le Vocab. pol. et socio-ethnique à Montréal de 1829 à 1842. Paris-Bruxelles, 1975, p. 36. − Spitzer (L.). Race. In: Essays in historical semantics. New York, 1948, pp. 147-176; Ratio > race. Amer. J. Philol. 1941, t. 62, pp. 129-143. − Wartburg (W. von). Glanures étymol. R. Ling. rom. 1960, t. 24, pp. 286-287.

Wiktionnaire

Nom commun - français

race \ʁas\ féminin

  1. (Vieilli) Lignée ; ensemble des ascendants et des descendants d’une même famille.
    • Et ce songe était tel, que Booz vit un chêne
      Qui, sorti de son ventre, allait jusqu’au ciel bleu ;
      Une race y montait comme une longue chaîne ;
      Un roi chantait en bas, en haut mourait un dieu.
      — (Victor Hugo; Booz endormi in La Légende des siècles)
    • Ici, il ne suffit pas d’exterminer la race du Prince, il reste encore les grands de l’État, qui se mettent à la tête des nouveaux partis. — (Machiavel, Le Prince, Traduction de Giraudet, 1947)
    • La Royauté est indivisible, et déléguée héréditairement à la race régnante de mâle en mâle, par ordre de primogéniture, à l’exclusion perpétuelle des femmes et de leur descendance. — (Constitution française du 3 septembre 1791)
    • 1° Un Jean Nougaret , surnommé le Provençal , est la souche unique d'où est sortie la race des héméralopes de Vendémian. Il était boucher et il laissa une fille et deux garçons, tous trois atteints de cécité nocturne. — (Victor Szokalski, Essai sur les sensations des couleurs, dans l'état physiologique et pathologique de l’œil, Paris : chez H. Cousin & Bruxelles : Société encyclographique, 1840, p. 113)
    • Cambrinus n’était point de race verrière et ne pouvait aspirer à la maîtrise. — (Charles Deulin, Cambrinus)
  2. (Emploi à manier avec précaution)[1] Groupe d’individus qui se distingue d’autres groupes par un ensemble de caractères physiques dont on attribue la constance, non pas à l’action du milieu, mais à une lointaine hérédité.
    • Aujourd'hui, les classifications en dizaines, voire en centaines, de races ne sont plus utilisées car, complexes et arbitraires, elles ne répondent pas aux critères d'une bonne classification. — (Jean Deligne, Esther Rebato and Charles Susanne, Races et racisme, dans Journal des anthropologues, 2001, p. 217-235 [texte intégral])
    • Il y a six mois , le Professeur Matthaüs traitait en ma présence la race allemande, la soi-disant sélection aryenne, de Strassenmischung. Bientôt, il consacrera un ouvrage puissamment documenté à la prééminence du dolichocéphale sur le brachycéphale, du germain sur le latin. — (Xavier de Hauteclocque, La tragédie brune, Nouvelle revue critique, 1934, p.119)
    • Je me suis toujours élevé contre cette barrière de races que certains nationalistes prétendent infranchissable et qui, à les en croire, empêcherait à tout jamais les divers peuples de s’entendre, qui tout à la fois rendrait incommunicable leur esprit, impénétrable cet esprit à l’esprit d'autrui. — (André Gide, Discours aux gens de lettres de Léningrad , en annexe de Retour de l’U.R.S.S., 1936)
    • Pour trouver une race d’indigènes sur laquelle le contact européen n’ait pas encore laissé son empreinte, il faut remonter à des latitudes plus élevées, jusqu’à ces glaciales régions fréquentées par les Esquimaux. — (Jules Verne, Le Pays des fourrures, 65 partie, J. Hetzel et Cie, Paris, 1873)
    • Il est difficile de trouver population plus sympathique ; la race est belle, forte, honnête, travailleuse et hospitalière ; son courage est proverbial. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • Ainsi les races normande et bretonne se donnent rendez-vous Chausey, et chacune d’elles y conserve une physionomie et des mœurs qui les séparent autant que la différence des occupations. — (Jean Louis Armand de Quatrefages de Bréau, L’Archipel de Chausey, souvenirs d’un Naturaliste, Revue des Deux Mondes, tome 30, 1842)
    • Par rapport aux Anglo-Saxons, ou en opposition à eux si l'on veut, on a longtemps parlé de la race canadienne-français et de sa mission particulière en Amérique du Nord. Cet usage du terme « race », conforme à l'emploi qu'on en faisait partout en Occident à l'époque, n'a rien de particulier et doit être compris comme faisant référence à l'ethnie — langue et religion, institutions, histoire et coutumes communes. Cet usage, comme partout en Occident, est tombé en désuétude après 1945 [...]. — (Chantal Bouchard , La langue et le nombril, Presses de l'Université de Montréal (PUM), 2020, pp. 39-40)
    1. (Emploi à manier avec précaution)[1] Variété physique constante dans l’espèce humaine.
      • Considérons ces passions, dites politiques, par lesquelles des hommes se dressent contre d’autres hommes et dont les principales sont les passions de races, les passions de classes, les passions nationales. — (Julien Benda, La trahison des clercs, 1927, éd. 1946)
      • Mais aussi dans les vastes solitudes du rio Gila et de la sierra Madre les Indiens indépendants, Comanches, Pawnees, Pimas, Opatas et Apaches, ont déclaré une rude guerre à la race blanche. — (Gustave Aimard, Les Trappeurs de l’Arkansas, Éditions Amyot, Paris, 1858)
      • De la façon outrageante dont les peuples de race blanche les traitent, avant peu, les races jaunes en arriveront presque certainement à l'idée de s'unir et elles chercheront à réaliser cette union. — (H. G. Wells, Anticipations, 1901, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Société du Mercure de France, Paris, 1904)
  3. (Sociologie) Rapport social où les individus sont assignés à une identité et un statut qui justifie leur position dominée dans les rapports sociaux.
    • La race est un rapport social et le racisme est un système de domination à part entière — (Anne Clerval, Rapports sociaux de race et racialisation de la ville, dans Espaces et Sociétés, 2014, p. 249-256 [texte intégral])
    • Autrement dit, c’est bien le racisme qui produit l’idée de race (De Rudder et al. 2000 : 35), ce que l’expression « rapport sociaux de race » suggère à sa façon. La « race » n’existe pas autrement que comme produit d’un rapport de pouvoir. — (Lila Belkacem, Lucia Direnberger, Karim Hammou et Zacharias Zoubir, Prendre au sérieux les recherches sur les rapports sociaux de race, dans Mouvements, 12 février 2019 [texte intégral])
  4. (Parfois péjoratif) Classe d’hommes exerçant la même profession, ou ayant des inclinations, des habitudes qui leur sont communes.
    • La race des agioteurs financiers. — (Adrien Hoverlant de Beauwelaere, Essai chronologique pour servir à l'histoire de Tournay, 1807)
    • Il est de la race des gars qui veulent, dit-on, manger la France. — (Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, Paris, 1832)
    • Les squats gênent le pouvoir et celui-ci a créé sur Lyon une nouvelle race d’huissier qui se la joue bakeux et juge en même temps. — (« Expulsion du squat le Kajibi à Lyon », le 15 avril 2014, sur le site de Rebellyon info (https:/rebellyon.info))
  5. (Biologie, Élevage) Subdivision des animaux, qui vient au-dessous de l’espèce ou de la sous-espèce, obtenue en lignée pure et dont l’unité est déterminée sur des critères morphologiques ou de performances économiques.
    • Les races de cochons français sont des variétés de la race moins forte du porc commun à grandes oreilles (sus scrofa domesticus). Ces races sont, 1°. une race noire très commune au sud de la France ; 2°. une autre race pie, pie noire, pie blanche, au centre et à l’ouest ; 3°. deux races blanches qui se rencontrent plus au nord. — (Élisabeth Celnart, Manuel du charcutier, 1827)
    • Il n’est pas de question zootechnique qui ait été plus débattue, plus controversée que celle de l’amélioration des races chevalines. — (Jean Déhès, Essai sur l’amélioration des races chevalines de la France, École impériale vétérinaire de Toulouse, Thèse de médecine vétérinaire, 1868)
    • L’Angleterre a modifié la qualité de ses laines par le croisement de ses races de moutons avec le bélier mérinos espagnol. — (D. de Prat, Nouveau manuel complet de filature; 1re partie: Fibres animales & minérales, Encyclopédie Roret, 1914)
    • Quelques polémiques se sont élevées au sujet de l’existence d’une race de chèvre aborigène en Belgique. — (Paul Diffloth, Zootechnie : Chèvres, porcs, lapins , Encyclopédie agricole J. B. Baillière, & fils, 4e éd., 1918, p.62)
    • Je m’explique : tout croisement a pour objet de transformer une race imparfaite en une autre plus recommandable qu’elle , ou de créer une sous-race , participant en proportions diverses aux qualités de celles qui ont concouru à sa formation. — (Malingié-Nouel, Établissement pastoral de la Charmoise, dans Le Cultivateur, journal des progrès agricoles, de novembre 1839, page 661)
  6. (Par confusion taxinomique) Espèce animale, voire l’espèce humaine.
    • Cependant les peaux, sur les marchés de fourrures, conservent encore un prix élevé dans une certaine proportion, parce que cette race de rongeurs, impitoyablement traquée, tend à disparaître. — (Jules Verne, Le Pays des fourrures, 127 partie, J. Hetzel et Cie, Paris, 1873)
    • La race humaine. — (Louis-Gabriel-Ambroise Bonald, Recherches philosophiques sur les premiers objets des connaissances morales, 1826)
  7. (Vieilli) (Par analogie) Qualité nette et pure.
    • Hum ! fit l’inconnu, en jetant un regard sur mon mustang […], votre cheval me paraît de race, est-il donc si fatigué qu’il ne puisse encore fournir une course d’une couple de milles, tout au plus ? — (Gustave Aimard, Les Trappeurs de l’Arkansas, Éditions Amyot, Paris, 1858)
    • Je me bornerai à dire ici que Maurice Rouvier possédait au plus haut degré les qualités qui sont l’apanage des financiers de race : l’imagination alliée à l’exacte compréhension des réalités. — (Joseph Caillaux, Mes Mémoires, I : Ma jeunesse orgueilleuse, 1942)
  8. (Mythologie, Science-fiction) ou Peuple ou espèce, distinguable par certaines caractéristiques physiologiques, à laquelle appartient un personnage dans certains univers de fiction.
    • Notons qu'il existe, entre les deux races, quelques exemples d'un type mixte : voici un putto couronné de lierre dont la tête fait penser à celle d'un satyreau, ou, mieux encore, un putto sur le point de se métamorphoser en satyreau, […]. — (Roger Stuvéras, Le putto dans l'art romain, éd. Latomus, 1969, page 17)
    • En fait, pour s’exprimer rigoureusement, il conviendrait de parler d’« ethnies » pour Michaux et de « races » pour Tolkien : les différences physiologiques entre les peuples sont nettes et fixes. — (Pierre Jourde, Géographies imaginaires de quelques inventeurs de mondes au XXe siècle : Gracq, Borges, Michaux, Tolkien, éditeur José Corti, 1991)
  9. (Argot) Cuite ; murge.
    • « Qui se met une race se remet au Xanax. » — (Stéphane Rose, Comment survivre à une énorme gueule de bois, J'ai Lu/Flammarion, 2013, page 36)
    • D'ailleurs, pourquoi est-ce que j'avais mal à ce point ? J'avais l'impression de m'être mis une race la veille et de-... attendez, mais je m'étais mis une race la veille ! — (Aline Khor, Pour un rayon de soleil, # 1, Éditions Textes Gais, 2018, chap. 7)
    • Oui idem, 7 ans d’allemand pour se prendre une race à l’oktoberfest.
      Berlin ça me tente en te lisant et voyant tes photos.
      — (Willow, le 19 novembre 2012, en commentaire sur la page « 5 bonnes raisons de visiter (le Roi) Berlin », sur le site Solcito : Voyage ici et ailleurs (www.solcito.fr))
Notes[modifier le wikicode]
Le sens de groupe humain lié aux caractères physiques est usuel, mais à manier avec beaucoup de précautions. En effet, cette notion a été autrefois utilisée par les scientifiques, mais est aujourd’hui discréditée du point de vue scientifique. Les scientifiques lui préfèrent la notion de population, qualifiant un groupe humain, quel qu’il soit. Cette évolution fait que certains considèrent que l’emploi du mot a une connotation raciste. Cette connotation raciste est parfois présente, mais le mot est aussi souvent utilisé dans un sens purement subjectif, non scientifique et non raciste. Pour éviter le mot race, le mot ethnie est parfois utilisé dans ce même sens, bien qu’en principe, les deux notions s’opposent (l’ethnie est liée à la culture, pas aux traits physiques)[2][3].
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

RACE. n. f.
Lignée, ensemble des ascendants et des descendants d'une même famille. Il est d'une bonne race, de bonne race, d'une race illustre, ancienne. Il sort, il vient d'une noble race. Il est de race royale. Les rois de la première, de la seconde, de la troisième race. La race de saint Louis. C'est une race éteinte. Dieu promit à Abraham de multiplier sa race à l'infini.

RACE se dit aussi d'un Groupe d'individus qui se distingue d'autres groupes par un ensemble de caractères biologiques et psychologiques dont on attribue la constance, non pas à l'action du milieu, mais à une lointaine hérédité. La race caucasienne. La race mongole. La race juive. Une race pure. Une race métissée. Il se dit également d'une Variété constante dans l'espèce humaine. La race blanche. La race noire. La race jaune. La race mortelle, la race humaine, Les hommes en général. Poétiquement, La race future, les races futures, les races à venir, Les hommes à naître.

RACE se dit aussi d'une Classe d'hommes exerçant la même profession, ou ayant des inclinations, des habitudes qui leur sont communes; en ce sens, il se prend toujours en mauvaise part. Les usuriers sont une race maudite. La race des pédants est insupportable. Race de vipères, Expression employée dans l'Écriture pour désigner les Pharisiens et qu'on applique aujourd'hui à des Catégories de personnes haïssables.

RACE se dit, en termes de Zoologie, de la Division des animaux qui vient immédiatement au-dessous de l'espèce. La race chevaline, bovine, etc. Il se dit aussi, dans le langage courant, des Espèces particulières de quelques animaux domestiques, comme chiens, chevaux, etc. Les diverses races de chiens. Ce cheval est de bonne race. Absolument, il signifie Race bonne et non altérée par des croisements. Un chien de race. Ce cheval a de la race. Par analogie, Un écrivain de race, Un écrivain dont la qualité est nette et pure. On dit encore, en parlant d'un Homme : Il a beaucoup de race, Il présente un type très affiné. Prov. et fig., Les bons chiens chassent de race ou Bon chien chasse de race, Les enfants tiennent de la nature, du caractère et des inclinations de leurs pères; et dans le même sens : Cet homme chasse de race. Cela se dit en bonne et en mauvaise part; mais on ne le prend jamais qu'en mauvaise part lorsqu'il s'agit d'une Femme. Cette fille chasse de race, Elle est coquette, comme l'était sa mère.

Littré (1872-1877)

RACE (ra-s') s. m.
  • 1Tous ceux qui viennent d'une même famille. Nous ne regardions point à la race, nous ne regardions qu'au mérite, Francion, liv. VI, p. 221. Le trône où je me sieds n'est pas un bien de race, Corneille, Héracl. I, 2. Le règne éternel de la race de David, Pascal, Pens. XXV, 161, éd. HAVET. Toute sa race [du cardinal de Retz] a de l'esprit, et lui plus que tous, Sévigné, 18 sept. 1676. Les gentils ouvrent les yeux et s'unissant en esprit aux juifs convertis, ils entrent par ce moyen dans la race d'Abraham, et, devenus ses enfants par la foi, ils héritent des promesses qui lui avaient été faites, Bossuet, Hist. II, 7. Les enfants de Clovis n'ayant pas marché dans les voies que saint Remi leur avait prescrites, Dieu suscita une autre race pour régner en France, Bossuet, Polit. VII, VI, 14. Hé bien, je m'adoucis ; votre race est connue, Depuis quand ? répondez. - Depuis mille ans entiers, Boileau, Sat. v. Tout l'espoir de sa race en lui seul renfermé, Racine, Athal. IV, 5. Mais sans cesse occupé des grands noms de ma race, Racine, Bajaz. II, 5. Ô désespoir ! ô crime ! ô déplorable race ! Racine, Phèdre, I, 3. Et vous… Vous périrez peut-être et toute votre race, Racine, Esth. I, 3. Ils n'ont ni aïeux ni descendants ; ils composent seuls toute leur race, La Bruyère, II. De toute la race de Henri IV, Philippe d'Orléans fut celui qui lui ressembla le plus, Voltaire, Louis XIV, 8. La race des anciens pirates danois qui régnait en Normandie et en Angleterre, Voltaire, Mœurs, 50.

    Noblesse de race, se disait autrefois de celui à qui cette qualité avait été transmise, par opposition à celui qui s'était fait anoblir.

    On a dit de même et en sens inverse : roture de race. Les Suisses s'offensent d'être gentilshommes, et prouvent la roture de race pour être jugés dignes de grands emplois, Pascal, Pens. V, 8.

    De notre race, dans notre famille. Je crois que je ne vous perdrais pas pour cela… nous ne nous perdons point, de notre race ; nos liens s'allongent quelquefois, mais ils ne se rompent jamais, Sévigné, 6 juil. 1670.

    Il se dit, dans l'histoire de France, des trois races royales qui ont successivement occupé le trône : la première race, ou Mérovingiens ; la deuxième race, ou Carlovingiens ; la troisième race, ou Capétiens. Dans le commencement de la première race, on voit un nombre infini d'hommes libres, soit parmi les Francs, soit parmi les Romains, Montesquieu, Esp. XXX, 11. Il [Cordemoi] a le premier débrouillé le chaos des deux premières races des rois de France, Voltaire, Louis XIV, Écrivains.

    La race mortelle, la race humaine, les hommes en général. Là sous des traits hideux s'offre la race humaine ; Plus forts sont les liens, et plus forte est la haine, Delille, Pitié, II.

  • 2Extraction. Une profonde nuit enveloppe sa race, Racine, Athal. III, 4. Je vins ; mais je cachai ma race et mon pays, Racine, Esth. I, 1.

    Rejetons dans une famille. Comme nos citoyens de race désireux, Régnier, Sat. II. Qu'il me retire d'ici, uniquement pour tirer race de moi, Mirabeau, Lett. orig. t. III, p. 239.

    Il se dit aussi des animaux. J'aimerais autant dire que des éléphants ont fait l'amour à des puces, et en ont eu de la race, Voltaire, Memmius, III, 2.

  • 3Générations. Ce culte se continuera toujours et passera de race en race parmi les enfants d'Israël, Sacy, Bible, Exode, XXVII, 21. Voilà cette première race passée [l'archevêque d'Arles qui venait de mourir] ; nous irons après, mon cher comte, Sévigné, 18 mars 1689. Comme il [le royaume d'Israël] s'était établi par la division, il fut souvent divisé contre lui-même… les familles royales les mieux établies virent à peine quatre ou cinq races, Bossuet, Politique, IX, III, 6. J'ennoblis, en payant, d'opulents roturiers ; Je leur fais des aïeux de quinze ou seize races, Boursault, Fabl. d'Ésope, III, 4.

    Poétiquement, la race future, les races futures, les hommes à naître. Que direz-vous, races futures. Si quelquefois un vrai discours Vous récite les aventures De nos abominables jours ? Malherbe, III, 4. Et ton nom paraîtra, dans la race future, Aux plus cruels tyrans une cruelle injure, Racine, Brit. V, 6.

  • 4Il se prend quelquefois dans le sens de fils ou fille. Race de mille rois, adorable princesse, Dont le puissant appui de faveurs m'a comblé, Malherbe, IV, 4. Je te veux toujours voir, quoi que ta rage fasse, Craindre ton ennemi dedans ta propre race [ton propre fils], Corneille, Héracl. IV, 5. Adieu, prince, vivez, digne race des dieux, Racine, Iph. V, 2.
  • 5Il se dit quelquefois d'une classe d'hommes se ressemblant ou par la profession, ou par les habitudes, ou par les inclinations ; en ce sens il a quelque chose d'ironique ou même d'injurieux. La race des poëtes. Les philosophes, race crédule. Ô imitateurs, race servile !

    Familièrement, méchante race, méchante petite race, se dit à de petits enfants qu'on réprimande.

    On dit de même au pluriel : Ce sont de méchantes races. Ces petites races font un bruit insupportable.

    Race de vipères, expression qui, dans l'Écriture, s'adresse aux pharisiens, et que, dans le langage ordinaire, on applique à de méchantes gens.

    Race se dit de même, dans le langage de l'Écriture, ou dans le langage élevé, des hommes frappés d'une réprobation. Ô race incrédule et dépravée, jusqu'à quand serai-je avec vous ? Sacy, Bible, Évang. St Luc, IX, 41. Pourquoi avez-vous marché dans mes voies d'un pas incertain ? race infidèle, me connaissez-vous à cette fois ? Bossuet, Anne de Gonz. Dieu s'apprête à te joindre à la race parjure…, Racine, Ath. III, 5.

  • 6 Terme de zoologie. Réunion d'individus appartenant à la même espèce, ayant une origine commune et des caractères semblables, transmissibles par voie de génération, ou, en d'autres termes, variété constante dans l'espèce.

    En ce sens, il se dit des hommes. Les populations de race germanique. La race caucasienne. La race juive. Il y a beaucoup plus de races d'hommes qu'on ne pense ; celle des Samoïèdes et des Hottentots paraissent les deux extrêmes de notre continent, Voltaire, Russie, I, 1. La race des nègres est une espèce d'hommes différente de la nôtre, comme la race des épagneuls l'est des lévriers, Voltaire, Mœurs, 141. On trouve en Laponie et sur les côtes septentrionales de la Tartarie une race d'hommes de petite stature, d'une figure bizarre, Buffon, Hist. nat. hom. Œuv. t. V, p. 2.

    Il se dit aussi des animaux. La meilleure race de chèvres. Chien, cheval de bonne race. N'êtes-vous pas effrayée de l'excès de la sottise de notre nation ? et ne voyez-vous pas que c'est une race de singes, dans laquelle il y a eu quelques hommes ? Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 26 juill. 1764. Les races, dans chaque espèce d'animal, ne sont que des variétés constantes, qui se perpétuent par la génération, Buffon, 7e Ép. nat. Œuv. t. XII, p. 361. Ennoblir ou relever les races dans l'homme et dans les animaux, Buffon, Ois. t. VII, p. 35.

    Sous-race, voy. SOUS-RACE.

    Un sujet de pure race est celui qui descend directement, sans croisement, de la souche de la race elle-même.

    Pure race n'est pas la même chose que pur sang, attendu que pur sang est un terme réservé à un cheval particulier.

    Absolument. Race veut dire race bonne et non altérée par des croisements. Chien de race. Cheval de race. Vous eussiez vu ce père voler plus vite que nos chevaux de race ne courent à Newmarket, Voltaire, Jenni, 2.

    Ce cheval a de la race, on voit à sa structure qu'il provient d'une bonne race.

    Par extension. Et ce jeune énervé… qui n'admire à Paris Que les femmes de race et les chevaux de prix, Hugo, Crép. 12.

    Race se dit des végétaux aussi, bien que plus rarement. Froment de la race de Taganrog.

    Poétiquement. Je ne pouvais nombrer ces races innombrables, Qui, diverses de port, de formes, de couleurs, De feuilles, de parfums et de fruits, et de fleurs, Filles des monts, des bois, de la terre et de l'onde, Sont les trésors de l'homme et l'ornement du monde, Delille, Trois règ. VI.

PROVERBES

Les bons chiens chassent de race, ou bon chien chasse de race, les enfants tiennent des mœurs et des inclinations de leurs pères ; locution qui vient de ce qu'il y a des chiens qui, par le fait de leur race, savent chasser sans avoir appris.

Cet homme chasse de race, cela peut se prendre en bonne comme en mauvaise part ; mais cette fille chasse de race, se prend toujours en mauvaise part, signifiant qu'elle est coquette comme sa mère. Je suis un peu coquet, tu n'es pas mal coquette : Notre mère l'était, dit-on, en son vivant ; Nous chassons tous de race, et le mal n'est pas grand, Regnard, le Distr. IV, 3.

SYNONYME

1. RACE, FAMILLE., La race est la famille considérée dans la durée. De plus elle est la lignée purement naturelle et physique, tandis que la famille implique un rapport social et moral.

2. RACE, ESPÈCE., Dans le langage de la zoologie, espèce est plus étendu que race. L'espèce galline en général, et, en particulier, la race galline qu'on élève en Normandie ou en Bresse. C'est une faute où l'on tombe souvent, de dire la race bovine, ovine, porcine, chevaline, pour l'espèce. Il faut dire, en général, l'espèce bovine, et, en particularisant, la race bovine de Durham, la race normande ; la race (de chevaux) percheronne, etc.

HISTORIQUE

XVIe s. Race des dieux de France, honneur de l'univers, Mon prince, mon seigneur, le support de mes vers, Desportes, Angélique, I. Contemplés curieusement les especes des raisins qu'y verrés, afin d'en tirer, en la saison, des races, s'il y en a, qui vous agreent, De Serres, 150. Car tout l'avoir mondain, quelque chose qu'on face, Jamais ferme n'arreste à la troisiesme race, Ronsard, 972. Et vous, messieurs, n'en devez pas moins attendre de ces jésuites, si n'en extirpez dès le commencement et la race et la racine, Pasquier, Recherches, liv. III, p. 300, dans LACURNE.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

RACE, s. f. (Généalog.) extraction, lignée, lignage ; ce qui se dit tant des ascendans que des descendans d’une même famille : quand elle est noble, ce mot est synonyme à naissance. Voyez Naissance, Noblesse, &c.

Madame de Lambert dit dans ce dernier sens, que vanter sa race, c’est louer le mérite d’autrui. Si le mérite des peres rehausse la gloire des enfans qui les imitent, il est leur honte quand ils dégénerent : il éclaire également leurs vertus & leurs vices. C’est un heureux présent de la fortune qu’un beau nom, mais il faut savoir le porter. « Je serai le premier de ma race, & toi peut-être le dernier de la tienne », répondit Iphicrate à Hermodius, qui lui reprochoit la bassesse de sa naissance. Iphicrate tint parole ; il commanda en chef les armées d’Athènes, battit les Thraces, rétablit la ville de Seuthée, & tailla en pieces une bande de lacédémoniens. (D. J.)

Race, (Maréchal.) se dit des especes particulieres de quelques animaux, & sur-tout des chevaux. Les Anglois ne souffrent pas qu’on ait de la race de leurs guilledins. Pour faire race, il faut choisir de bonnes cavales. Cheval de premiere race, est celui qui vient d’un cheval étranger connu pour excellent.

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Étymologie de « race »

Bourguig. raice ; provenç. et espagn. raza ; portug. raça ; ital. razza ; angl. race, race ; de l'anc. haut allem. reiza, ligne, d'après Diez. Les formes excluent le latin radix : radicem avait donné raïs, et rádix n'aurait jamais fait en italien razza.

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(1480)[1] En ancien français rasse issu de l’italien razza[1].
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Phonétique du mot « race »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
race ras

Fréquence d'apparition du mot « race » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « race »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « race »

  • Les femmes pardonnent tout... sinon la race humaine serait éteinte depuis longtemps.
    Robert Heinlein
  • Libre est la race des poètes.
    Démosthène
  • Malfaiteur. Facteur principal dans le progrès de la race humaine.
    Ambrose Bierce — Le dictionnaire du Diable
  • Tant que la philosophie qui maintient une race supérieure et une race inférieure ne sera pas discréditée et abandonnée... il y aura la guerre !
    Haile Selassie — Discours aux Nations Unies
  • Une jument de noble race n’a pas honte de son fumier.
    Proverbe arabe
  • Une race à laquelle on ne veut plus guère appartenir : la race humaine.
    Réjean Ducharme — L'avalée des avalés
  • Une race sans autorité ni pouvoir est une race sans respect.
    Marcus Garvey — Philosophie et opinions
  • Considérez la race dont vous êtes, créés non pas pour vivre comme brutes, mais pour suivre vertu et connaissance.
    Dante Alighieri — la Divine ComédieDivina Commedia, L'Inferno, XXVI
  • Notre passé et notre avenir sont solidaires. Nous vivons dans notre race et notre race vit en nous.
    Gérard de Nerval — Aurélia
  • Le slogan Continuez a résolu et résoudra toujours les problèmes de la race humaine.
    Calvin Coolidge
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Images d'illustration du mot « race »

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Traductions du mot « race »

Langue Traduction
Anglais race
Espagnol carrera
Italien razza
Allemand rennen
Chinois 种族
Arabe سباق
Portugais raça
Russe раса
Japonais 人種
Basque lasterketa
Corse razza
Source : Google Translate API

Synonymes de « race »

Source : synonymes de race sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « race »

Combien de points fait le mot race au Scrabble ?

Nombre de points du mot race au scrabble : 6 points

Race

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