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Bénir

Définitions de « bénir »

Trésor de la Langue Française informatisé

BÉNIR, verbe trans.

I.− Emploi trans.
A.− [Domaine des relations entre la divinité et les hommes]
1. [La bénédiction descend de la divinité sur les hommes]
a) [En parlant de Dieu] Combler de biens, de faveurs, faire prospérer. Terre bénie du ciel :
1. L'officiant acheva : « Comme jadis tu daignas bénir et sanctifier la maison d'Abraham, d'Isaac et de Jacob (...), fais qu'entre ces murs, les anges de ta lumière séjournent et que, par le Christ-Jésus, ils la gardent, et tous ceux qui y vivent, dans la chasteté, la bonté, la vertu, le bonheur. » Pesquidoux, Le Livre de raison,1928, p. 169.
Emploi abs. Il s'inclinait devant ce visage de Dieu, qui en a mille autres, qui bénissent et secourent (Abellio, Heureux les pacifiques,1946, p. 417).
Fam. (Que) (le bon) Dieu vous bénisse!
,,Se disait autrefois à une personne qui éternuait`` (Ac. 1835-1878); cf. Feydeau, La Dame de chez Maxim's, 1914, II, 1, p. 30).
,,On le dit quelquefois à un pauvre quand on n'a rien à lui donner`` (Ac. 1835-1878).
,,Se dit ironiquement, en signe de mécontentement, à une personne dont le discours ou la conduite nous fâche ou nous contrarie. (Ac. 1835-1878) Vous nous donnez là une belle nouvelle, Dieu vous bénisse!`` (Ac.1835-1878).
Loc. fig., fam. Être béni des dieux. ,,Être favorisé par le sort`` (Rob.).
b) P. ext.
[En parlant d'un inanimé assimilé à une puissance divine] Le doux ciel d'une nuit d'été / Bénit le sommeil de la cité (Moréas, Les Syrtes,1884, p. 146);Je t'adore, Soleil! ô toi dont la lumière / Pour bénir chaque front et mûrir chaque miel, ... (E. Rostand, Chantecler,1910, I, 2, p. 26).
[En parlant d'une pers.] Rare. Bénir (qqn) de.Accorder (quelque chose) comme bénédiction (à quelqu'un), combler (quelqu'un) de (quelque chose) :
2. ... la convalescence se fit lentement, d'abord douloureuse, (...) puis paisible et câline en réponse aux gâteries prudentes dont me bénissait ma mère... Verlaine, Confessions,1895, p. 40.
2. [La bénédiction monte des hommes vers la divinité]
a) Louer la divinité pour ses bienfaits, glorifier Dieu par des actions de grâces. Bénir Dieu de/pour qqc. :
3. l'abbesse. − Monseigneur, nous bénissons Dieu pour votre guérison imprévue. Montherlant, Port-Royal,1954, p. 1016.
Bénir le ciel, la fortune, la providence, le sort. Se féliciter de. Le ciel en sort béni (Ac.).
[Le compl. d'obj. désigne un saint, une sainte] :
4. « Vous êtes bénie entre tous les femmes... » À force de répéter très vite la courte prière elle finissait par s'étourdir et s'arrêtait quelquefois, l'esprit brouillé, ne trouvant plus les mots si bien connus. Hémon, Maria Chapdelaine,1916, p. 125.
b) P. ext.
Exalter (quelqu'un ou quelque chose) pour exprimer sa reconnaissance, sa satisfaction. Je bénis le hasard qui me fait vous rencontrer (Ac.).
Fam., pop. Flatter (quelqu'un), promettre (quelque chose). Bénir les dieux, bénir la mémoire de qqn, bénir qqn ou qqc. Être béni de/pour + subst. ou inf. passé.Soyez béni de m'avoir ouvert les yeux (Mauriac, Asmodée,1938, V, 7, p. 218):
5. Quand on lit Mmede Noailles il faut admirer, bénir, remercier notre langue française qui donne à une ignorante, mais une ignorante qui a le sens de sa langue, toute la formation intellectuelle antique. C'est par la langue que le trésor du génie antique s'est maintenu en France. Barrès, Mes cahiers,t. 3, 1903-04, p. 99.
6. S'ils avaient le sens commun et s'ils avaient vraiment le désir de protéger la société contre un accroissement de la brutalité, ils n'acculeraient pas les socialistes à la nécessité de la tactique qui s'impose aujourd'hui à eux; ils resteraient tranquilles au lieu de se dévouer pour le devoir social; ils béniraient les propagandistes de la grève générale qui, en fait, travaillent à rendre le maintien du socialisme compatible avec le moins de brutalité possible. Sorel, Réflexions sur la violence,1908, p. 282.
7. ... laissons le passé : on est libre de le bénir ou de le détester : on ne le changera pas : il est. Estaunié, L'Ascension de M. Baslèvre,1919, p. 290.
P. anal. ,,Que ce jour soit béni (comme un jour de bonheur)`` (DG).
[Parfois par figure étymol.] Dire des choses agréables à quelqu'un.
Emploi abs. ,,J'ai tant maudit dans ma vie, dit-il [Schumacker], que je saisis maintenant sans examen toutes les occasions de bénir`` (Hugo, Han d'Islande,1823, p. 566).
Par antiphrase, iron. Maudire, Arrivez, arrivez, on vous a béni (Besch.1845).
B.− LITURG. CHRÉT. Accomplir un geste rituel et prononcer des paroles qui donnent un caractère sacré et souhaitent le bonheur à quelqu'un.
1. [En parlant du prêtre, du pasteur, etc.]
a) Appeler la protection de Dieu sur une ou plusieurs personnes par des paroles, des gestes rituels (signe de la croix, etc.). Bénir l'union de deux époux, bénir l'anneau conjugal :
8. De ces eaux courantes mêlées à ses pensées hérésiarques et à ses souvenirs, Léopold faisait spontanément des prières. Mais peu à peu, il se donna mission de bénir et d'absoudre les réprouvés qui reposaient dans les champs mortuaires des lieux sur son passage. Barrès, La Colline inspirée,1913, p. 284.
Formules consacrées. [Au début d'un repas] Bénissez, Seigneur, ce repas. [Au début d'une confession, le fidèle s'adressant au prêtre] Bénissez-moi, mon père, parce que j'ai péché.
Emploi abs. Le droit sacerdotal de maudire ou bénir (Lamartine, La Chute d'un ange,1838, p. 848);le geste sacerdotal de bénir (Blanche, Mes modèles,1928, p. 165).
P. anal. Je ne crains pas qu'un sort mauvais tombe des branches noires [des arbres] étendues pour me bénir (Mauriac, Mémoires intérieurs,1959, p. 114);les grands moulins à vent bénissaient, avec la croix de leurs ailes, la ville [de Schiedam]... (Huysmans, Sainte Lydwine de Schiedam,1901, p. 334).
b) Spéc. [le compl. d'obj. désigne une pers., une chose qui doivent être voués au service du culte]
Bénir un abbé, une abbesse. ,,Les installer dans leur dignité avec certaines cérémonies et en faisant sur eux certaines prières. C'est aux évêques de bénir les abbés et les abbesses`` (Ac. 1835-1932).
Consacrer une chose (objet, etc.) destinée au culte. Bénir une cloche :
9. ... il avait été convenu que les religieux occuperaient l'église le dimanche de Pâques, mais que l'honneur de bénir l'eau baptismale, le samedi, reviendrait au curé. Huysmans, L'Oblat,t. 2, 1903, p. 66.
P. ext. [Le compl. désigne une réalité (objet, etc.) profane] Bénir des armes, des drapeaux, le lit nuptial, la table, un vaisseau, Bénir une locomotive (Guérin 1892); bénir un haut fourneau (Quillet 1965) :
10. ... durant trois matins une procession Passe et bénit les champs; c'est les rogations. Jammes, Les Géorgiques chrétiennes,Chants 3-4, 1911, p. 43.
Loc. fam. ou pop. Autant de... qu'un évêque en bénirait; peut en bénir! (s'emploie surtout pour exprimer une énorme consommation). Il mangerait autant d'huîtres qu'un évêque en bénirait (Lar. 19e).
Au fig. :
11. Daigne Votre Sainteté [le pape] bénir nos projets et la foi du peuple français, dont je dépose ce témoignage à Ses pieds. De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 638.
Arg. Bénir la verdure, bénir des pieds. ,,Être pendu; allusion aux saccades des pendus`` (France 1907). ,,On dit aussi être évêque des champs`` (Esn. 1966).
2. Rare. [En parlant de l'aspersion d'eau bénite faite par les assistants sur un cercueil au moment des funérailles] Arrivé devant le catafalque (...) ce père cruellement éprouvé deux fois en moins d'un an bénit le corps de son fils... (Le Figaro,19-20 janv. 1952, p. 10, col. 4).
3. P. anal. [En parlant d'un père, d'une mère, d'une pers. vénérable, âgée, etc.] Souhaiter prospérité et bonheur, en faisant appel à la protection divine. Bénir des enfants :
12. Il était mort dans les bras de sa femme en bénissant ses fils et en me nommant parmi ceux qu'il regrettait de laisser sur la terre et qu'il désirait de retrouver ailleurs. Lamartine, Les Confidences,1849, p. 320.
13. Les paysans regardaient, ébahis, sur le pas de leurs portes, cette petite femme, grêle et noire, qui gesticulait et s'arrêtait pour embrasser les enfants, leur demander leurs noms et leur âge et les bénir en leur dessinant avec le pouce une croix sur le front. Huysmans, L'Oblat,t. 1, 1903, p. 26.
Emploi abs. Un vieillard va venir, Dont la main est, dit-on, toujours prête à bénir! (A. Dumas Père, Christine,1830, 3, p. 296).
Emploi métaph. (avec réf. aussi au sens B 1) ,,Ces trois lumières dégradées, l'ombre du vieillard, la douce lumière du ménage, le rayonnement des enfants, semblent l'admirable image des trois formes, des trois âges et des trois images de la famille : soir, midi, aube. Le passé bénissant de son ombre, devant le présent lumineux, l'avenir éblouissant des enfants`` (E. et J. de Goncourt, Journal,1860, p. 793)
4. Fam., iron. Accorder son approbation, voire sa protection à un projet, à une initiative. Ils bénissent n'importe quoi.
Rem. Dans cet emploi, récent, entre aussi pour une part le sens I A 2 (« louer »).
II.− Emploi pronom.
A.− emploi pronom. À sens passif (cf. supra I B 1) :
14. On fit [pour les basiliques] des autels en bois, en métaux précieux (...) : dans ce cas, une pierre incrustée sur la table supérieure contenait la relique et était consacrée; le reste se bénissait seulement. A. Lenoir, Archit. monastique,t. 1, 1852, pp. 197-98.
B.− emploi pronom. réciproque (cf. supra I A 2 b) :
15. bellidor [contemplant Béatrice prosternée devant la Vierge]. − (...) Mes regards vous confondent, et je crois voir deux sœurs dont les mains se bénissent dans la gloire de l'amour! ... Montherlant, Théâtre III,Sœur Béatrice, 1930, p. 240.
Rem. L'emploi pronom. est omis par les dictionnaires.
PRONONC. ET ORTH. : [beni:ʀ], (je) bénis [beni]. Passy 1914 attribue à la voyelle de 1resyll. une demi-longueur. Fér. Crit. t. 1 1787 note : ,,Richelet ne met point d'accent. La Touche prétend que l'e est muet, et que de très habiles Académiciens qu'il fit consulter faisaient cet e fém. dans benin, benit et masc. dans bénignité, bénédiction, bénédicité. On a suivi cette décision dans le Dict. Grammatical. Mais l'usage a changé, et l'é est fermé au masc. dans tous ces mots.``
ÉTYMOL. ET HIST. A.− 1. 1100 « (en parlant de Dieu), répandre sa bénédiction » (Roland, éd. Bédier, 2017); 1erquart xiiies. part. passé adj. benëite (Renclus de Moil., Miserere, CCLXXI, 1 dans Gdf. Compl.); 2. 1100 « (en parlant du prêtre) appeler la bénédiction de Dieu sur les hommes » (Roland, 1137); spéc. ca 1170 « consacrer par des cérémonies rituelles » (Aymeri de Narbonne, 1229 dans T.-L.); 3. 1100 p. anal. « (d'un laïc) souhaiter solennellement bonheur et prospérité » (Roland, 3066). B.− Début xiies. « louer et glorifier Dieu pour le remercier » (Psautier d'Oxford, éd. Fr. Michel, LXII, 5); 2emoitié xiies. p. anal. « exalter (qqc.) pour exprimer sa satisfaction » (Berte, LIX dans Littré). Du lat. benedicere + datif « dire du bien de qqn » (Plaute, dans TLL s.v., 1867, 30) d'où « louer » (Apulée, ibid., 41) d'où en lat. chrét. « louer Dieu, lui rendre gloire » (Itala, ibid., 43), puis « répandre ses bienfaits sur qqn (en parlant de Dieu) » (Tertullien dans Blaise); « invoquer l'assistance divine sur qqn » (Itin. Sil., 16, 7 dans TLL s.v., 1868, 73); « consacrer par un rite » (Sulpice Sévère, ibid., 1869, 63). Le part. passé benëit d'apr. le lat. *benedīctum, altération de la forme régulière benedĭctum (d'où benëeit, v. benoit), d'apr. benedīco (Fouché, p. 198); béni par amuïssement ultérieur du -t (appuyé par c > y), p. anal. avec les part. passés en it devenu final n'était pas appuyé par une consonne immédiatement antérieure (finītu > finit > fini).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 1 392. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 009, b) 2 111; xxes. : a) 1 724, b) 1 182.

Wiktionnaire

Verbe - français

bénir transitif 2e groupe (voir la conjugaison)

  1. (Religion) Consacrer au culte, au service divin avec certaines cérémonies.
    • En 1096, le pape Urbain II vint à Carcassonne pour rétablir la paix entre Bernard Aton et les bourgeois qui s’étaient révoltés contre lui et il bénit l’église cathédrale (Saint-Nazaire),[…]. — (Eugène Viollet-le-Duc, La Cité de Carcassonne, 1888)
    • Bénir une église, une chapelle, des ornements d’église, une pierre d’autel, des fonts, un cierge, etc.
  2. (Religion) Installer un abbé ou une abbesse, dans leur dignité avec certaines cérémonies et en faisant sur eux certaines prières.
    • C’est aux évêques de bénir les abbés et les abbesses.
  3. (Religion) Faire certaines prières pour attirer la grâce divine sur des choses.
    • De nombreuses pirogues, qui venaient d'être construites, furent bénies par le missionnaire en présence d'une partie de la population. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • Bénir des armes, des drapeaux, etc.
  4. (Religion) Appeler la protection céleste sur des personnes. Il se dit en particulier pour les pères et les mères appelant cette protection sur leurs enfants.
    • Seulement on remarqua avec étonnement qu’à l’heure de l’agonie, au lieu que ce fût la mourante qui bénît les enfants, ce furent les enfants qui bénirent la mourante, et qu’ils eurent l’air de lui pardonner d’avance sur la terre une faute dont elle allait sans doute recevoir l’absolution dans le ciel. — (Alexandre Dumas, Othon l’archer (1839))
  5. (Religion) Faire sur les personnes le signe de la croix, en leur souhaitant la grâce divine.
    • Bénir le peuple, les assistants, etc. — Le prélat bénissait les passants agenouillés.
  6. (Religion) Consacrer une union, un mariage, suivant le rite religieux.
    • Bénir des époux, bénir un mariage.
  7. Dire du bien de quelqu'un et lui vouloir du bien.
    • Bénir son conjoint, c'est dire du bien de lui, lui souhaiter tout le bonheur qu'il espère, et œuvrer pour cela. — (Robert Henckes, Au rendez-vous de Cana, éditions Fidélité, Namur, 1999, p. 124)
  8. Louer, glorifier, remercier avec des sentiments de vénération et de reconnaissance.
    • […], il serait béni du pauvre dont le pain coûterait alors moins cher, et celui que bénissent les pauvres est béni de Dieu ! — (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
    • "Votre nom, madame ! Votre nom, que pas un jour ne se passe où je ne le bénisse au fond de mon cœur !" — (Michel Zévaco, Le Capitan, 1906, Arthème Fayard, collection « Le Livre populaire » no 31, 1907)
    • Des coteaux d’Arbois, de Poligny et de Salins, descendait, chaque automne, avec les cuves pleines, le beau vin couleur peau d’oignon, jailli des grappes de poulsard, et les vignerons à rouge trogne bénissaient le Seigneur dont le bon soleil gorgeait de vie les pampres vigoureux et emplissait leurs futailles. — (Louis Pergaud, La Disparition mystérieuse, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
  9. Se féliciter d’une chose, en se la rappelant par un agréable souvenir.
    • Je bénis le lieu, l’heure, le moment où je vous ai vu. — Je bénis le hasard qui me fait vous rencontrer.
  10. (Religion) Combler de faveurs, faire prospérer, en parlant de Dieu, du destin, etc.
    • Dieu avait béni la race d’Abraham. — Que Dieu bénisse vos armes !
  11. (Populaire) Asperger abondamment.
    • À Soissons, la fameuse nuit où les autres nous bénissaient... Quelle dégringolade !... une décoction de petit pois. On cherchait le piston partout. Pas de piston. Inconnu le piston. On l’a retrouvé, à la fin, dans une cave, plié en deux... une loque. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, pages 13-14)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

BÉNIR. v. tr.
Consacrer au culte, au service divin avec certaines cérémonies. Bénir une église, une chapelle. Bénir des ornements d'église, une pierre d'autel, des fonts, etc. Bénir un cierge. Bénir un abbé, une abbesse, Les installer dans leur dignité avec certaines cérémonies et en faisant sur eux certaines prières. C'est aux évêques de bénir les abbés et les abbesses. Bénir des époux, Consacrer leur union suivant le rite religieux. On dit de même Bénir un mariage. Bénir des armes, des drapeaux; bénir le lit nuptial, bénir la table, etc., Faire certaines prières pour attirer la grâce de Dieu sur des armes, sur des drapeaux, etc. Bénir le peuple, les assistants, etc., Faire sur eux le signe de la croix, en leur souhaitant la grâce divine. Le prélat bénissait les passants agenouillés. Le prêtre a béni l'assistance. Il se dit également en parlant de l'Acte religieux par lequel les pères et les mères appellent sur leurs enfants la protection céleste. Noé bénit Sem et Japhet et maudit Cham. Il a béni ses enfants avant de mourir. Il signifie aussi Louer, glorifier, remercier avec des sentiments de vénération et de reconnaissance. Bénir Dieu de la grâce qu'il nous a faite. Bénit soit Dieu. Le Ciel en soit béni. Bénissons le Seigneur. Bénissons la main qui nous a créés. Tout le monde vous bénit. On vous bénira, si vous faites cette bonne action. On dit de même Bénir la mémoire de quelqu'un. Il se dit, dans un sens analogue, en parlant des Choses qui rappellent quelque agréable souvenir, et généralement de Tout ce dont on a lieu de se féliciter. Je bénis le lieu, l'heure, le moment où je vous ai vu. Je bénis le hasard qui me fait vous rencontrer. Il signifie encore Combler de faveurs, faire prospérer; et, dans cette acception, il ne se dit que de Dieu. Dieu avait béni la race d'Abraham. Que Dieu bénisse vos armes! Le Seigneur bénira votre sainte entreprise, bénira vos efforts. Dieu bénit les nombreuses familles. Fam., Dieu vous bénisse, se dit à une Personne qui éternue. Il se dit encore ironiquement, en signe de mécontentement, à une Personne dont le discours ou la conduite nous fâche ou nous contrarie. Vous nous donnez là une belle nouvelle, Dieu vous bénisse! Vous avez fait là une chose bien adroite, Dieu vous bénisse! Ce verbe a deux participes passés. 1ø

BÉNIT, ITE, qui se dit de Certaines choses sur lesquelles la bénédiction du prêtre a été donnée avec les cérémonies prescrites. Eau bénite. Pain bénit. Cierge bénit. Médaille bénite. Les drapeaux ont été bénits. Fig. et fam., De l'eau bénite de cour, De vaines protestations de service et d'amitié. Donner à quelqu'un de l'eau bénite de cour. On dit dans un sens analogue C'est un donneur d'eau bénite.

BÉNI, IE, qui a toutes les autres significations de son verbe et s'emploie surtout en parlant des Personnes. Un peuple béni de Dieu.

Littré (1872-1877)

BÉNIR (bé-nir) v. a.
  • 1Consacrer au culte, au service divin avec certaines cérémonies. Bénir une église, bénir un cierge, bénir des drapeaux, un vaisseau, une cloche, une locomotive.

    Bénir des époux, un mariage, consacrer l'union conjugale suivant le rite religieux.

    Bénir un abbé, une abbesse, les installer dans leur dignité avec les cérémonies ecclésiastiques et en disant certaines prières.

  • 2Bénir les assistants, faire sur eux le signe de la croix.
  • 3Appeler sur quelqu'un les bénédictions du ciel. Il a béni ses enfants à son lit de mort. Sa dernière prière a béni nos tendresses, Voltaire, Tancrède, V, 3.
  • 4Donner des bénédictions, appeler le bonheur sur, louer. Bénir le Seigneur. Partout, en ce moment, on me bénit, on m'aime, Racine, Brit. IV, 3. Les Parthes à la foule, aux Syriens mêlés, Bénissent à l'envi le prince et Rodogune, Corneille, Rodog. V, 2. De mon nom, s'il se peut, bénissez la mémoire, Voltaire, Alz. V, 7.

    Il se dit aussi des choses qui causent une profonde satisfaction. Nous autres bénissons notre heureuse aventure, Corneille, Poly. V, 6. De bénir mon trépas quand ils l'ont prononcé, Racine, Baj. I, 2. Chacun devait bénir le bonheur de son règne, Racine, Brit. III, 8. Trop heureux en mon mal, je bénis ma défaite, Régnier, Élég. v.

  • 5Combler de faveurs, en parlant du ciel. Ce ne lui est rien [à Louis XIV] d'être l'homme que les autres hommes admirent : il veut être, avec David, l'homme selon le cœur de Dieu ; c'est pourquoi Dieu le bénit, Bossuet, Marie-Thér. Roi dont le ciel a toujours béni les armes, Fléchier, Dauph. Le ciel daigne bénir votre sceptre et vos jours, Corneille, Héracl. V, 3. Ces Juifs dont vous voulez délivrer la nature… Ont vu bénir le cours de leurs destins prospères, Racine, Esth. III, 4.

    Dieu vous bénisse ! Locution dont on se sert quelquefois en s'adressant à un pauvre à qui on n'a rien à donner. On le dit aussi ironiquement à quelqu'un dont les discours ou la conduite nous contrarient. On le dit enfin en s'adressant à une personne qui éternue. Eh ! parbleu ! je dirai à celui qui éternue : Dieu vous bénisse, et : va te coucher, à celui qui bâille, Beaumarchais, Barbier de Sév. III, 5.

REMARQUE

Malherbe a dit : Béni les plaisirs de leur couche, II, 4 ; au lieu de bénis, à l'impératif. C'est une forme légitime (l's n'appartenant pas étymologiquement à l'impératif), mais archaïque, qui pourtant pourrait être employée en vers pour la rime.

HISTORIQUE

XIe s. Et l'arcevesque de Deu les beneïst, Ch. de Rol. LXXXVII. [Il] Ne laisserat que [il] nous ne beneïsse, ib. CXLI. Et li evesque les ewes beneïssent, ib. CCLXVIII.

XIIe s. Quant vous aurai asous [absous] et beneïs, Ronc. p. 56. Beaux fils Malprimes, Mahons vous beneïe, ib. p. 126. Cil vous beneie qu'en [qui en] la croiz fut penez, ib. p. 203. Benoet soit li hardemens Où j'ai pris si bon espoir, Couci, XI. E là remest [il demeura] treis meis, e nostre sire benesquid Obededom et sa maisun, Rois, 140. E Joab, à ces paroles, chaï à terre e aürade benesquid le rei, Rois, 170.

XIIIe s. S'en vont vesque et abbé pour le lit beneïr, Berte, XII. [De Dieu] Soit vostre ame et la seue [sienne] en cest jour beneïte, ib. LIX. L'eure soit beneoite que je onque vous vi, ib. LIX. Et car me secourez, mere [de] Dieu beneoite, ib. XXIX. De Dieu et de saint Beneoist Puissent-il estre beneoist, la Rose, 14940. Beneoite soit esperance Qui les amans ainsinc avance ! ib. 2641. Note que femes qui segondes fois se marient, ne devent pas estre benoittes de provoire [prêtre], Liv. de Just. 220. Si en apelons le [la] benite virge Marie, qui mix [mieux] et plus hardiement vient prier son chier filz que nus autre, Beaumanoir, 15. L'evesques Pierre de Chaalons, que Diex absoille, les chassa touz deux, et beneÿ en abbé Mons Jehan de Mymeri, et li dona la croce, Joinville, 291. Amer Dieu et loer, veoir et beneïstre, C'est l'office des anges qui sont nostre menistre, J. de Meung, Test. 113.

XIVe s. Si me semble que nous devons beneyr et louer le roy du ciel qui a son peuple pourveu de tel roy terrien, Oresme, Prol. Aussi tost qu'aprouchiez furent de la clergie, Descendirent à pié trestuit à une fie ; à l'evesque s'en vont, qui tous les beneïe, Guesclin. 8789.

XVe s. S'attendoient que on portast la croix et l'eau benoiste au-devant, Commines, IV, 6. Il se tenoit près du benoitier, et, quand elle fut près, il lui bailla de l'eau benoite, Louis XI, Nouv. XLIV.

XVIe s. Ceste semence en laquelle toutes gens devoyent estre benites, à parler proprement, est Christ, Calvin, Instit. 250. Vous, messire Oudart, ne faillez y comparoistre en vostre beau suppelliz et estolle, avecques l'eaue beniste, comme pour les fianser, Rabelais, Pant. IV, 12. L'homme tel, Dieu le benira, Marot, IV, 265. Dont, sans fin, roy tant magnifique, Partout on benira, Marot, IV, 299. Bacchus alors chappeau de treille avoit Et arrivoit pour benistre la vigne, Marot, II, 352. Et quand jecté eurent de l'eau benie Sur leurs habits en grand cerimonie, Marot, IV, 32. Du pain benist, du pain d'espice, Marot, I, 211. D'où vient cette coustume de benir ceulx qui esternuent ? Montaigne, IV, 1. Le Seigneur vous benie, Palissy, 112. Messeigneurs d'Orleans et d'Angoulesme, voz très heureusement nez enfans, que Dieu benie, Amyot, Épît. Les femmes alloient chantant des cantiques à sa louange, en le benissant de ce qu'il avoit si vertueusement vescu, Amyot, Lyc. 55. Il estoit publiquement loué, beneit et honoré de tout le monde, Amyot, P. Aem. 57. De l'eauve [eau] beniste le plus petit est assez, Génin, Récréat. t. II, p. 237.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

BÉNIR. Ajoutez :
6Bénir de, accorder comme bénédiction. Jouissez en paix de la fortune dont la Providence a béni votre travail, Rousseau, Lett. à Rey, août 1766.

HISTORIQUE

XVIe s. Ajoutez : Si les princes sont touchez de veoir le monde benir la memoire de Trajan et abominer celle de Neron, Montaigne, III, 26.

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Étymologie de « bénir »

Provenç. benezir, benesir, bendir ; catal. beneir ; espagn. bendecir ; portug. benzer ; ital. benedire ; du latin benedicere, de bene, bien (voy. BIEN, adv.), et dicere (voy. DIRE).

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Du latin benedicere (littéralement : « dire du bien »), de bene et dicere.
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Phonétique du mot « bénir »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
bénir benir

Fréquence d'apparition du mot « bénir » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « bénir »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « bénir »

  • Demandez à Dieu de bénir votre travail, mais ne lui demandez pas de le faire à votre place.
    F. Robson
  • Il y a peu, Jean-Bernard Casteran, son épouse Fabienne et leurs enfants Nicolas et Coralie, issus de familles catholiques ferventes et pratiquantes, ont sollicité leur curé, le père Hilary pour bénir leurs brebis avant le départ à l’estive de Mont le jour de la fête du Sacré-Cœur et pour souhaiter que l’ours ne soit pas sur le chemin.
    ladepeche.fr — Cazaux-Debat. Au cœur sacré de la transhumance - ladepeche.fr
  • Au coucher du soleil, le curé Jorge Echegollén se rend devant les hôpitaux de Tijuana pour prier pour bénir les patients touchés par le coronavirus. Avant cela, le prêtre de 51 ans récite une prière sous les applaudissements de ses fidèles. 
    RTL.fr — Coronavirus au Mexique : un curé devant les hôpitaux pour bénir les malades
  • « Que le Seigneur te bénisse et te garde ! ». Dimanche 31 mai, jour de la Pentecôte, un chant interprété par près de 200 chanteurs de plus de 100 églises françaises a été diffusé sur YouTube et proposé à la fin de certains cultes et messes, récoltant pas moins de 50.000 vues sur YouTube en 24 heures. Issus d’horizons variés tels que des paroisses catholiques, des communautés orthodoxes, le Chemin Neuf, Hillsong, Porte Ouverte Chrétienne et bien d’autres, ces chrétiens ont voulu profiter de la Pentecôte, qui marque la venue de l’Esprit saint sur les apôtres, pour bénir leur pays.
    Aleteia : un regard chrétien sur l’actualité, la spiritualité et le lifestyle — Cette bénédiction œcuménique qui cartonne sur le web
  • La cérémonie a été reportée en principe au 13 septembre prochain. Mais les marins-pêcheurs honfleurais, très attachés à leurs traditions religieuses et un brin superstitieux, n’ont pas voulu commencer cette nouvelle saison de pêche sans faire auparavant bénir leurs bateaux. C’est ainsi qu’ils ont directement demandé au père Pascal Marie, curé de la paroisse, de venir bénir la flottille de pêche. « Je fais toujours une bénédiction, dès lors qu’on me le demande », a déclaré ce dernier.
    À Honfleur, les marins-pêcheurs n’ont pas pu attendre septembre pour faire bénir leurs bateaux | Le Pays d'Auge
  • – [...] Vous voyez ce qui se passe ; nous sommes deux enfants insensés, et nous avons joué avec la vie et la mort ; mais notre cœur est pur ; ne tuez pas Rosette, Dieu juste ! Je lui trouverai un mari, je réparerai ma faute ; elle est jeune, elle sera riche, elle sera heureuse ; ne faites pas cela, ô Dieu ! vous pouvez bénir encore quatre de vos enfants. Eh bien ! Camille, qu'y a-t-il ?– Elle est morte. Adieu, Perdican !
    Alfred de Musset —  On ne badine pas avec l'amour

Traductions du mot « bénir »

Langue Traduction
Anglais bless
Espagnol bendecir
Italien benedire
Allemand segnen
Portugais abençoar
Source : Google Translate API

Synonymes de « bénir »

Source : synonymes de bénir sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « bénir »

Combien de points fait le mot bénir au Scrabble ?

Nombre de points du mot bénir au scrabble : 6 points

Bénir

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