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Apprendre

Définitions de « apprendre »

Trésor de la Langue Française informatisé

APPRENDRE, verbe trans.

I.− Emploi trans.
A.− [Avec l'idée dominante d'enseign. ou de formation] Recevoir, donner un enseignement.
1. [Le suj. est le bénéficiaire de l'enseign.; l'obj. indique la matière enseignée] Recevoir un enseignement. Apprendre qqc., à faire qqc.
a) Acquérir la connaissance d'une chose par l'exercice de l'intelligence, de la mémoire, des mécanismes gestuels appropriés, etc.
[L'obj. désigne une matière d'enseign., une discipline, un contenu figurant dans un programme ou dans un livre, etc.] Apprendre la trigonométrie, le dessin :
1. Je veux commencer à apprendre le suédois, et mon premier essai sera pour vous témoigner dans une nouvelle langue les sentiments distingués que vous, monsieur, vous m'avez inspirés. Agréez-en l'assurance inviolable. Mmede Staël, Lettres de jeunesse,1786, p. 95.
2. Ce fut de cette manière, à force de l'entendre, qu'elle apprit le catéchisme, ... Flaubert, Trois contes,Un Cœur simple, 1877, p. 27.
En partic. Apprendre (par cœur) (une leçon, un texte, un morceau de musique, etc.) :
3. Sérénité souriante et tendre; équilibre dans la puissance; possession de soi; perfection. Et les concertos de Mozart (Hummel). Quel que soit le morceau, mon seul moyen de le travailler, c'est de l'apprendre par cœur. Gide, Journal,1927, p. 853.
4. − Vous êtes bien pressée, Suzanne. Vous voulez apprendre le rôle? − Croyez bien que je le sais. Comment vous dire sans vanité que je sais toujours par cœur Ophélie et Monime, Marguerite et Mélisande, Portia et Kitty Bell. Cinquante rôles pour le moins. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Suzanne et les jeunes hommes, 1941, p. 36.
Emploi abs. :
5. D'ailleurs, quand j'étais en âge d'apprendre, il n'y avait pas même de curés dans les paroisses ni de cloches dans les clochers. Lamartine, Le Tailleur de pierre de Saint-Point,1851, p. 422.
6. Je suppose que déjà sur les bancs de l'école on trouve des fanatiques, qui ont buté une fois, et qui sont offensés pour toujours; ils ont juré d'apprendre sans comprendre. Ils ont dit une fois ce qu'ils pensaient; et cela n'avait pas de sens. Ils ne s'y frottent plus. C'est pourquoi la méthode si simple d'apparence, et qui veut toujours éveiller le jugement, n'est pas sans périls. Alain, Propos,1931, p. 992.
Loc., domaine des ét. élémentaires.Il apprend bien (Ac.). Il a des facilités pour les études.
[L'obj. désigne une pratique] Acquérir par l'entraînement la maîtrise des procédés ou des mécanismes permettant de se livrer à une activité déterminée générale ou professionnelle. Apprendre une technique, un métier, un savoir faire :
7. Quel bonheur, par exemple, pour le fils d'un pauvre émigrant, qui dans son ancienne patrie a mené une vie inutile, désœuvrée, de pouvoir apprendre un métier, avec lequel, s'il est sage, il sera sûr de faire sa fortune, sur-tout dans un pays comme celui-ci, où les ouvriers sont si rares et si chers, vû son accroissement rapide? Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie,t. 3, 1801, p. 171.
8. La culture de l'intelligence est une arme. La question est de savoir si les bourgeois mettront cette arme dans un coin où elle rouillera, ou bien si elle sera reprise et maniée. Dans les universités, dans les écoles, dans les lycées, des jeunes gens sont en train d'apprendre le maniement académique de cette arme : ne feront-ils point un autre usage de cette connaissance? À l'heure où la civilisation de leurs pères est exposée au danger final, accepteront-ils de la défendre contre les hommes? Ou bien trahiront-ils leurs pères? Nizan, Les Chiens de garde,1932, p. 234.
Rem. La limite entre les 2 emplois sous 1 a est délicate : apprendre le dessin, le piano, etc. relèvent des 2 emplois.
b) P. ext. [L'obj. désigne ce qui touche la condition hum.] Acquérir par l'expérience, le contact des hommes, etc., la connaissance de ce qui sert pour la conduite de la vie. Apprendre les usages de la société, apprendre le monde :
9. Les domestiques apprennent le vice chez leurs maîtres ... entrés purs et naïfs − il y en a − dans le métier, ils sont vite pourris, au contact des habitudes dépravantes. Mirbeau, Le Journal d'une femme de chambre,1900, p. 260.
[Le compl. est un adv. de quantité] :
10. Ils n'ont rien appris, rien oublié. Lar. 19e, 1866.
Rem. Propos attribué à Talleyrand parlant de l'état d'esprit des émigrés à leur retour en France.
11. Ayant encore beaucoup à apprendre, j'aurais tort de retourner à elles et de contrarier mon adaptation par des fréquentations inopportunes. Car, − ne l'ai-je pas déjà signalé? − nous autres gens de Ménilmontant, nous proférons un langage spécial et nous nous entretenons de sujets spéciaux. Frapié, La Maternelle,1904, p. 63.
Rem. 1. Dans les 2 emplois apprendre se construit avec la prép. à + inf. Apprendre à lire, à raboter; à maîtriser ses passions :
12. Lorsqu'un enfant apprend à nager dans une rivière, la crainte de se noyer et la seule froidure de l'eau l'empêchent de se livrer au courant. Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 134.
13. Aimé restait là à réfléchir. Il apprenait à voir de près les choses. Comment chaque oiseau a son nid; comment la taupe fait son trou, et le renard fait son terrier, ménageant deux ou trois entrées, comment l'écureuil grimpe aux écorces lisses (grâce à ses griffes recourbées); comment aussi l'eau du ruisseau est si luisante au creux des mares qu'on peut compter dedans les feuilles, ... Ramuz, Aimé Pache, peintre vaudois,1911, p. 28.
Avec une nuance de menace :
14. − Sacré nom de Dieu, Lantibout, jura-t-il, vous aurez deux jours de salle de police pour vous apprendre à me répondre avec une impertinence pareille! Ah vous rarrangerez peaudezébie? Courteline, Le Train de 8 h 47,1888, p. 72.
Rem. 2. Dans les 2 emplois également, apprendre peut se construire avec une prop. complétive conj. que. J'ai appris à l'école que deux et deux font quatre :
15. Elle n'avoit point été formée à cette école chrétienne où, dès le berceau, l'homme apprend qu'il est né pour souffrir. Chateaubriand, Les Martyrs,t. 3, 1810, p. 158.
Rem. 3. Apprendre peut se construire avec un compl. prép. de indiquant la pers. de qui on tient un enseignement (avec une nuance d'information) :
16. Nous aimons mieux apprendre de nos semblables ce que nous sommes que de l'étudier en nous-mêmes. Je vais tous les jours demandant à ce qui m'entoure, si je suis un être bon, aimable, bien ordonné, digne de louange ou de blâme. Pourquoi ne le cherché-je pas uniquement en moi-même? Maine de Biran, Journal,1816, p. 236.
La prép. sur indique la matière :
17. − Nous avons encore beaucoup à apprendre sur l'être humain, mon vieux. Tu as vu dans quel état ils étaient; dans les cas « d'extrême abaissement du moral », comme dit le colonel, il se trouve toujours un type pour trahir. Malraux, L'Espoir,1937, p. 770.
Rem. 4. L'emploi passif est rare. Être appris. Accueillir comme il faut un enseignement (sur la vie) :
18. Elle [Ragotte] dit à propos des leçons que la vie nous donne : − Il faut être pris pour être appris. Renard, Nos frères farouches,1910, p. 62.
2. Emploi factitif. [Avec un obj. premier indiquant la matière enseignée et un obj. second. indiquant le bénéficiaire de l'enseign.] Faire apprendre, enseigner quelque chose à quelqu'un, donner un enseignement. Apprendre qqc. à qqn.
a) [Le suj. désigne la pers. enseignante] :
19. Allez apprendre aux Romains à mourir, mais d'une tout autre façon qu'en répandant votre sang dans leurs fêtes : assez long-temps ils ont étudié la leçon, faites-la leur pratiquer. Chateaubriand, Les Martyrs,t. 2, 1810, p. 75.
20. Une de ses manies était qu'on n'instruisait pas assez les enfants. − Qu'est-ce qu'on leur apprend à l'école? ... On ne leur apprend rien... Quand on les interroge sur des questions capitales... C'est une vraie pitié... Ils ne savent jamais quoi répondre... Mirbeau, Le Journal d'une femme de chambre,1900, p. 217.
21. MlleCourtaud est vieille parce qu'elle est ennuyeuse, parce qu'elle s'habille mal, parce qu'elle a toujours l'air de gémir en dedans, parce qu'elle vous apprend le piano comme si c'était une des punitions de l'existence. Romains, Les Hommes de bonne volonté,La Douceur de la vie, 1939, p. 54.
22. Apprends à repousser l'amitié, ou plutôt le rêve de l'amitié. Désirer l'amitié est une grande faute. L'amitié doit être une joie gratuite comme celles que donne l'art, ou la vie. Il faut la refuser pour être digne de la recevoir; elle est de l'ordre de la grâce (« Mon Dieu, éloignez-vous de moi ... »). Elle est de ces choses qui sont données par surcroît. S. Weil, La Pesanteur et la grâce,1943, p. 72.
[Avec une nuance de menace] :
23. ... je puis le dire, car voilà dix ans que je le demande; mais ils s'en repentiront, ils apprendront à me connaître, et ces services qu'ils n'ont pas voulu acheter, je les vendrai à d'autres. Scribe, Bertrand et Raton,1833, I, 1, p. 122.
24. − Zut! vous m'embêtez à la fin! Vraiment on n'a pas idée de ça! Vouloir me persuader que j'ai dit une chose quand je n'ai même pas ouvert la bouche, et me ficher des démentis parce que je rétablis les faits! ... Vous avez de la chance d'être une vieille bête, ce qui fait que je vous respecte; sans ça, vous verriez un peu! ... Je vous apprendrais les convenances, moi. Durant ce torrent d'indignation, Soupe pensa : « J'ai été trop loin ». Courteline, Messieurs-les-Ronds-de-Cuir,1893, 5etabl., 2, p. 179.
Loc. et proverbes. Apprendre à sa mère, à son père à faire des enfants. En parlant de ,,celui qui s'avise de donner des leçons à plus savant que lui.`` (Lar. 19e); ce n'est pas à un vieux singe qu'on apprend à faire des grimaces (Lar. 19e).
b) P. méton. [Le suj. désigne une discipline, une doctrine ou un doc.] :
25. Cette préface nous apprend que les conteurs du livre, conteurs de tous les formats, l'élite de nos conteurs, s'étant un soir réunis en assemblée extraordinaire, se sont d'abord constitués pléiade de conteurs. Nous sommes les vrais conteurs et les seuls, ont-ils déclaré; nul ne fera des contes hors nous et nos amis. Musset, Revue des Deux Mondes,1833, p. 332.
26. Les fossiles nous apprenent d'abord que la vie est très ancienne à la surface du globe, car on trouve des restes d'animaux ou de végétaux dans la plupart des roches sédimentaires. Ils nous apprennent de plus que les êtres d'autrefois représentent des formes différant d'autant plus des formes actuelles qu'elles sont plus anciennes; que ces êtres ont changé bien souvent avec le temps; qu'il y a eu des transformations successives des faunes et des flores. M. Boule, Conf. de géol.,1907, p. 52.
27. La théorie des quanta nous apprend que l'intensité spécifique du rayonnement du corps noir est donnée par : (...) formule vérifiée expérimentalement de façon satisfaisante. E. Schatzman, Astrophysique,1963, p. 10.
c) P. ext. [Le suj. désigne une expérience ou une rencontre de la vie] :
28. − Aider Ernest! s'écria Gobseck. Non, non! Le malheur est notre plus grand maître, le malheur lui apprendra la valeur de l'argent, celle des hommes et celle des femmes. Balzac, Gobseck,1830, p. 436.
Proverbe. Les bêtes nous apprennent à vivre. ,,Les hommes peuvent quelquefois tirer d'utiles instructions de ce qu'ils voient faire aux animaux.`` (Ac. 1835).
Rem. Comme le montrent les ex., l'obj. premier et ses constr. sont les mêmes que dans les emplois A 1 (cf. supra rem. 1, 2, 3).
B.− [L'idée dominante est celle d'une inform. indiquée dans l'obj. premier]
1. [Le suj. est le bénéficiaire de l'inform.] Recevoir communication de quelque chose. Apprendre qqc., apprendre une nouvelle :
29. ambroise. − Eh bien, qu'est-ce donc que j'apprends? Madame Évrard menace, et veut que Laure sorte! Oh! Je déclare... Collin d'Harleville, Le Vieux célibataire,1792, IV, 9, p. 108.
30. Les pêcheurs, qui venaient d'apprendre cette mort, la considéraient comme un mauvais présage. Jules, qui sortait de sa prostration, entendit le glas. Il eut le courage de plaisanter : « Ce n'est pas moi qui suis mort? » Avant qu'on ne lui eût répondu, il reprit conscience davantage et il regretta sa plaisanterie. Queffélec, Un Recteur de l'île de Sein,1944, p. 135.
Loc. En apprendre de belles, de bonnes :
31. thomas. − Tatiguoi! j'en apprends de belles. Et vous, monsieur le domestique, êtes-vous marié? le domestique. − Non. Leclerq, Proverbes dramatiques,Le Savetier et le financier, 1835, 4, p. 216.
Rem. 1. L'obj. est fréquemment une prop. compl. conj. que (cf. infra ex. 32). 2. La source de l'inform. s'exprime par un compl. prép. de ou par :
32. Il apprit d'eux que le roi de Pannonie ne se trouveroit point à la fête; sans témoigner ni dépit ni mécontentement, il avoit imaginé un prétexte pour s'éloigner tout le jour, en annonçant qu'il ne reviendroit que le lendemain. Mmede Genlis, Les Chevaliers du Cygne,t. 3, 1795, p. 347.
33. Thécla n'observe aucun des déguisements imposés à nos héroïnes; elle ne couvre d'aucun voile son amour profond, exclusif et pur; elle en parle sans réserve à son amant. « Où serait, lui dit-elle, la vérité sur la terre, si tu ne l'apprenais par ma bouche? » Constant, Wallstein,1809, p. XLVI.
34. Tout à coup j'apprends par les papiers publics le retour de Mmede Montholon en Europe : elle avait été, ainsi que moi, repoussée d'Angleterre et débarquée à Ostende. Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 2, 1823, p. 644.
2. [Le suj. exprime la pers. qui donne l'inform.; un compl. obj. second. en indique le bénéficiaire] Donner communication de quelque chose. Apprendre qqc. à qqn, apprendre à qqn que... :
35. René ramenant ses regards dans l'intérieur de la caverne, et les fixant sur un squelette, dit tout à coup : « Mila, pourrois-tu m'apprendre son nom? » − « Son nom! répéta l'Indienne épouvantée, je ne le sais pas : ces morts se ressemblent tous. » Chateaubriand, Les Natchez,1826, p. 342.
36. Mais vous savez toutes ces choses et je ne vous apprends rien : peut-être aussi que cette brutalité vous irrite. Excusez-moi : j'en suis hanté. Gide, Correspondance[avec P. Valéry], 1891, p. 87.
II.− Emploi pronom.
A.− [Avec l'idée dominante d'enseignement]
1. Emploi avec valeur réfl., rare.
a) [Le pron. représente l'obj. premier] :
37. On peut même dire que l'enfant se découvre d'abord en autrui; il identifie le nez ou l'oreille sur sa mère ou sur ses poupées avant de les identifier sur son propre corps; il s'apprend lui-même dans des attitudes qui sont commandées par le regard d'autrui : parade ou embarras, avant de s'apprendre comme objet physique d'observation directe. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 469.
b) [Le pron. représente l'obj. second.] :
38. [Janik, à son fiancé :] Aidez-moi donc à mettre là-dedans. Ces plats (...) Il faut s'apprendre à faire le ménage. J. Richepin, Le Flibustier,1888, p. 52.
2. Emploi avec valeur passive :
39. Un secret instinct de la vérité m'avertissait qu'en toute chose la théorie n'est rien auprès de la pratique, et le grave et silencieux sourire des vieux capitaines me tenait en garde contre toute cette pauvre science qui s'apprend en quelques jours de lecture. Vigny, Servitude et grandeur militaires,1835, p. 25.
40. Elle secoua la tête : « J'ai trente-sept ans et je ne connais aucun métier. Je peux me faire chiffonnière; et encore! − Ça s'apprend, un métier; rien ne t'empêche d'apprendre. » S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 283.
41. L'art de vivre avec son prochain ne s'apprend pas dans les nuages, ni dans les prières. Montherlant, Port-Royal,1954, p. 1034.
Rem. Cet emploi est fréq. surtout au présent.
B.− [Avec l'idée dominante d'inform.] Réfl. avec valeur passive, rare :
42. Rien ne s'apprend, si tôt que ce qu'on veut cacher. Desforges(Lar. 19e).
PRONONC. ET ORTH. : [apʀ ɑ ̃:dʀ ̣], j'apprends [ʒapʀ ɑ ̃]. Fér. Crit. t. 1 1787 admet la var. aprendre.
ÉTYMOL. ET HIST. A.− 1. a) 950-1000 « étudier, acquérir une connaissance » (St Léger, 18 ds Gdf. Compl. : Rovat que litteras apresist); xies. (Alexis, éd. Storey 33-4 : Puis ad escole libons pedre le mist : Tant aprist letres que bien en fut guarnit); b) 1155 « s'habituer, s'accoutumer à (+ inf.) » (Wace, Brut, 3940 ds Keller, Etude sur le voc. de Wace, p. 87); c) fin xiies. « fixer dans sa mémoire » (La mort de Garin, 2288 ds Dict. hist. Ac. fr. t. 3, p. 469); 2. ca 1175 « entendre dire, être informé de » (Chr. de Troyes, Chevalier Lion, éd. W. Foerster, 5258 ds T.-L. : Aloit por aprandre noveles Par les corz et par les päis). B.− a) 1130-40 « donner la connaissance (de qqc.) » (Wace, Conception ND, 570 ds Keller, Etude sur le voc. de Wace, p. 83 : Marie cest nom li ont mis que li angeles lor ot apris); b) ca 1150 aprendre qqn « instruire qqn » (Wace, St Nicolas, 68, ibid., p. 87 : Par grant entente fut apris) − 1740 (Boissy, Les Dehors trompeurs ds Dict. hist. Ac. fr. t. 3, p. 470); d'où 1174 apris part. passé adjectivé « instruit » (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. G. Hippeau, 3251 ds T.-L. : sage humme et des lettres apris); ca 1175 bien apris (Chr. de Troyes, Chevalier charrette, éd. W. Foerster, 596, ibid.), voir aussi malappris; c) ca 1175 « enseigner + prop. complétive » (Chr. de Troyes, Cligès, 30, éd. W. Foerster). Du lat. apprehendere « prendre, saisir » (voir appréhender); d'où en b. lat. le sens A 1 a) « saisir par l'esprit, apprendre, étudier » dep. le ves. (Prosper Tiro Aquitanus, Carm. de ingr., 856 ds TLL s.v., 308, 5); au sens B a) « informer », empr. au lat. médiév. (Chronicon Venetum, p. 164, 4 ds Mittellat. W. s.v., 810, 70).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 13 257. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 22 778, b) 18 615; xxes. : a) 17 323, b) 17 612.
BBG. − Bonnaire 1835. − Dem. 1802. − Foulq-St-Jean 1962. − Gir. t. 2 Nouv. Rem. 1834, p. 12. − Gottsch. Redens. 1930, p. 157, 245, 403. − Gramm. t. 1 1789. − Lacr. 1963. − Le Roux 1752. − Martin (E.). Si l'on peut dire apprendre quelqu'un à. Courrier (Le) de Vaugelas. 1874-75, t. 5, p. 156. − Pierreh. 1926. − Pierreh. Suppl. 1926. − Timm. 1892. − Tournemille (J.). Au jardin des loc. fr. Vie Lang. 1967, no189, p. 681.

Wiktionnaire

Verbe - français

apprendre \a.pʁɑ̃dʁ\ transitif 3e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : s’apprendre)

  1. Acquérir une connaissance ou un savoir-faire.
    • Comme je paraissais faible et que je boitais un peu, ma mère avait voulu me faire apprendre un métier plus doux que ceux de notre village ; […]. — (Erckmann-Chatrian, Histoire d’un conscrit de 1813, J. Hetzel, 1864)
    • Ce sont des harrâba, des soldats dressés à Gibraltar pour servir d’instructeurs à leurs camarades; mais ils se sont empressés d’oublier ce qu’ils avaient appris et ne se distinguent guère des autres troupiers marocains. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 95)
    • Dès sa première communion, gagé par l’un ou par l’autre, […], il était sans l’avoir appris devenu habille à menuiser, à charronner, à réparer un coutre, à ferrer un cheval. — (Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L’Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954, p. 10)
    • Elle débute comme perchwoman sur The Guard from the Underground de Kiyoshi Kurosawa. Elle fera durant dix ans ce travail où elle dit avoir beaucoup appris sur la mise en scène, avant de se lancer dans la réalisation, […]. — (Jean-Michel Frodon, Connaissez-vous Nami Iguchi ?, dans les Cahiers du cinéma,, n° 643, Éditions de l’Étoile, mars 2009, page 52)
  2. Contracter une disposition ou une habitude.
    • Si le son du canon glace d’effroi les assiégés, c'est par ce même son que certains s’accoutument à l'obus, apprennent à deviner les trajectoires et les impacts. — (Éric Fournier, Paris en ruines : Du Paris haussmannien au Paris communard, Éditions Imago, 2008, chapitre 2 - part. 1)
    • Les multirécidivistes sont paranos, ils connaissent le travail de la police et font des contre-observations. À chaque fois qu'ils tombent, ils analysent en détail le dossier judiciaire pour connaître ce qui leur a été fatal, apprenant de leurs maladresses. — (Fabio Benoit, Mauvaise personne, Lausanne & Paris : Éditions Favre, 2019)
    • Il apprit à régler ses passions. — J’ai appris de vous à modérer mes désirs.
  3. Connaître par une information.
    • Il me fait d’abord un cours de géographie, et j’apprends que la terre est un disque dont l’Arabie occupe le centre. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 123)
    • Je passe quelques jours à Serbonnes, jusqu’au 15 août. Au retour j’apprends quelques détails rétrospectifs. — (Michel Corday, L’envers de la guerre, vol.1 :1914-1916, Flammarion, 1932, p.143)
    • 14 mai. - On apprend que le haut clergé bouddhique a commencé une grève de la faim pour protester contre la discrimination dont il s'estime victime. — (Chronologie internationale: supplément bimensuel aux Notes et études documentaires, Paris : Direction de la Documentation, 1963, page 358)
    • Ma belle-mère m’avait appris, dans un moment d’égarement, qu'il avait été en prison pendant vingt ans pour inceste sur ses propres filles en Normandie et interdit de séjour depuis lors dans sa région. — (Rayane Mahdy, Itinéraire d’un enfant déraciné, Éditions Publibook, 2007, page 70)
  4. Retenir dans sa mémoire.
    • Les maîtres d’école prétendent que ce qu’on écrit se fourre plus avant dans la cervelle que ce qu’on apprend par cœur, et que c’est pour ça qu’ils font faire des devoirs aux enfants, au lieu de se contenter de leur faire réciter des leçons. — (Émile Thirion, La Politique au village, Fischbacher, 1896, page 137)
    • (Pronominal)Les vers s’apprennent plus facilement que la prose. — L’anglais s’apprend dès le primaire maintenant
    • (Absolument)Il apprend bien ; il refuse d’apprendre.
  5. Enseigner, donner quelque connaissance à une personne, faire savoir.
    • C’est lui qui m’a appris ce que je sais.
    • Le maitre qui lui a appris le dessin.
    • Il nous a appris de grandes nouvelles.
    • On m’apprend qu’il se marie.
    • Il y a des choses que l’usage seul apprend.
    • La tradition nous apprend que… Cette mésaventure lui apprendra à être circonspect, à se conduire avec prudence.
  6. Éduquer par la menace.
    • Je lui apprendrai bien à vivre, je lui apprendrai bien son devoir, Je le rangerai à son devoir.
    • Je lui apprendrai à parler, Je le forcerai de parler avec plus de convenance, de respect.
    • Je vous apprendrai à mentir, Je vous apprendrai ce qu’il en coute de mentir.
    • Bref, j’ai entendu Rivaud dire au procureur qu’il considérait ta démarche comme une goujaterie et que, en arrivant ici, il avait une forte envie de t’apprendre à vivre… — (Georges Simenon, Le fou de Bergerac, Fayard, 1932, réédition Le Livre de Poche, page 75)
  7. (Impersonnel, employé au futur) (Familier) Donner une leçon, tenir lieu de punition.
    • Il a eu un accident de voiture ? C’est bien fait ! Ça lui apprendra à faire des queues de poisson.
    • Prends ça ! Ça t’apprendra à me raconter des salades.
    • S’il se fait expulser du lycée, je serai la première à fêter son départ, et ça lui apprendra à faire accuser les gens à sa place.
  8. (Familier) Éduqué.
    • C’est un homme mal appris, C’est un homme qui parait n’avoir point reçu d’éducation. Note: Ce dernier usage, qui provient d'un ancien emploi du mot avec le régime direct d'une personne, a disparu après le XVIIIe siècle, et est donc considéré aujourd'hui comme désuet. Mal appris s'écrivait encore au XIXe siècle en deux mots, mais dans cet emploi, il ne s'écrit plus aujourd’hui qu'en un seul mot (i.e. malappris).
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

APPRENDRE. (Il se conjugue comme PRENDRE.) v. tr.
Acquérir une connaissance. Apprendre une langue. Apprendre les mathématiques, la géographie, la jurisprudence, etc. Apprendre à lire, à écrire. Apprendre à danser. J'ai appris par une longue expérience que... C'est un homme avec qui il y a toujours quelque chose à apprendre. Il apprit l'art de la guerre sous ce grand capitaine. Apprendre les usages de la bonne société. Une science ne s'apprend point sans peine. Les usages de la société s'apprennent en fréquentant le monde. Il signifie aussi Contracter une disposition, une habitude. Il apprit à régler ses passions. J'ai appris de vous à modérer mes désirs. N'apprendrez-vous jamais à vous taire? J'ai appris à mes dépens à me défier de lui. Il signifie également Connaître par une information. Qu'est-ce que j'apprends? Quelle nouvelle avez-vous apprise? J'apprends que vous devez partir ce soir. Ils s'apprirent réciproquement tout ce qu'ils avaient fait depuis leur séparation. Un malheur s'apprend plus vite qu'une bonne nouvelle. Il signifie encore Retenir dans sa mémoire. Apprendre quelque chose par cœur. Apprendre des vers, une leçon, un rôle. Les vers s'apprennent plus facilement que la prose. Absolument, Il apprend bien; il refuse d'apprendre.

APPRENDRE signifie aussi Enseigner, donner quelque connaissance à une personne, faire savoir. C'est lui qui m'a appris ce que je sais. Le maître qui lui a appris le dessin. Il nous a appris de grandes nouvelles. On m'apprend qu'il se marie. Il y a des choses que l'usage seul apprend. La tradition nous apprend que... Cette mésaventure lui apprendra à être circonspect, à se conduire avec prudence. Par menace, Je lui apprendrai bien à vivre, je lui apprendrai bien son devoir, Je le rangerai à son devoir. Je lui apprendrai à parler, Je le forcerai de parler avec plus de convenance, de respect. Je vous apprendrai à mentir, Je vous apprendrai ce qu'il en coûte de mentir. Fam., C'est un homme mal appris, C'est un homme qui paraît n'avoir point reçu d'éducation. Voyez MALAPPRIS.

Littré (1872-1877)

APPRENDRE (a-pran-dr'), j'apprends, ils apprennent, j'apprenais, j'appris, j'apprendrai, que j'apprenne, apprenant, appris v. a.
  • 1Acquérir une connaissance, retenir dans sa mémoire. Il avait appris tout ce qu'on peut apprendre. On croirait qu'il n'a jamais rien appris. Apprendre à jouer du piano. Apprendre à lire. Apprendre les danses les plus nouvelles. Apprendre à fond. Apprendre par cœur. Apprenez ces vers. Apprendre facilement. Si j'apprenais l'hébreu, les sciences, l'histoire, La Fontaine, Fab. VIII, 25. Trois sceptres conquis Font voir à quelle école il en a tant appris, Corneille, Nic. III, 2.

    Absolument. Il apprend continuellement.

  • 2Contracter une disposition, une habitude. Ils avaient appris à ne point quitter leurs drapeaux. J'appris à supporter le malheur. Et que les pauvres apprennent à ne désirer pas avec tant d'ardeur ce qu'on peut quitter avec joie, Bossuet, Le Tellier. N'apprendra-t-il pas dans la cour au moins un peu de complaisance ? Fléchier, II, 139. N'apprendras-tu jamais, âme basse et grossière, à voir par d'autres yeux que les yeux du vulgaire ? Corneille, Rodog. II, 2. L'ingrate, qui mettait son cœur à si haut prix, Apprend donc à son tour à souffrir des mépris, Racine, Andr. II, 1. Qu'en vous aimant, vos fils apprennent à vous craindre, Piron, Éc. des Pères, II, 5.
  • 3S'apercevoir, reconnaître. Il apprendra qui je suis. Apprends que rien n'a jamais été si honteux.
  • 4Être informé. J'ai appris par votre lettre… J'apprends que votre ennemi est mort. Apprends le reste. Tu demandes d'où j'ai appris cela si bien. J'avais appris de fâcheuses nouvelles. J'ai tout appris de lui et par lui. Dès que César eut appris par ses éclaireurs… … De votre bouche, ô ciel ! puis-je l'apprendre ? Racine, Brit. IV, 3.
  • 5Enseigner. Apprendre à quelqu'un les belles-lettres. Il lui apprenait à monter à cheval. L'habitude apprend à supporter la fatigue. L'expérience nous a appris… Mes exemples, un jour, ayant fait place aux vôtres, Ce que je vous apprends, vous l'apprendrez à d'autres, Corneille, Sertor. III, 2. On n'apprend pas aux hommes à être honnêtes gens, et on leur apprend tout le reste, Pascal, dans BOUHOURS.

    S'apprendre, enseigner à soi. Cette dame s'est appris à filer. Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'ils méditent ce dessein, ils se sont appris à tourmenter les gens sur la bulle et sur les brefs d'Innocent X, Pascal, Prov. 19.

    Faire savoir. On m'a appris la mort de votre oncle. L'histoire ou la tradition nous apprend… Des auteurs dignes de foi nous apprennent… Quel est donc ce secret que tu me veux apprendre ? Racine, Esth. II, 1.

    Familièrement. Apprendre à vivre à quelqu'un, l'obliger à se conduire autrement

    Apprendre à parler à quelqu'un, le corriger de son peu de retenue dans ses discours. La Vauguyon dit à Mme Pelot qu'il ne savait ce qui le tenait qu'il ne lui mît la tête en compote pour lui apprendre à l'appeler poltron, Saint-Simon, 14, 161.

  • 6S'apprendre. Être appris. Là où le droit civil s'apprend.

REMARQUE

1. Dans le sens d'acquérir des connaissances, on dit apprendre quelque chose de quelqu'un. Dans le sens d'enseigner, instruire : on apprend quelque chose à quelqu'un. Dans les deux sens, le verbe apprendre régit à devant les verbes.

2. Pourtant quelques auteurs ont dit apprendre de. Tous mes efforts ne m'ont de rien servi qu'à m'apprendre de ne plus tenter une chose impossible, Voiture, II, 26. Une maxime qui nous apprendra d'estimer la vie, Bossuet. Il n'y a aucune faute de grammaire à mettre de après apprendre ; mais l'usage actuel rejette cette tournure, qui reste un archaïsme.

3. On entend parfois dire : je n'ai besoin de personne pour apprendre mon fils ; il faut pour enseigner mon fils. Cette locution, aujourd'hui rejetée, n'est pourtant qu'un archaïsme. Apprendre avec le régime direct de la personne se trouve dans les auteurs du XVIIe siècle. Oiseaux qu'ils ont appris à chanter toutes sortes de ramages, Vaugelas, Q. C. 473. De cet emploi viennent les locutions, mal appris, bien appris.

4. Des grammairiens ont prétendu qu'on ne devait pas employer apprendre dans le sens d'enseigner, par exemple : apprendre le latin à un enfant ; et que cette tournure n'était fondée que sur l'autorité insuffisante de quelques dictionnaires. C'est une erreur ; apprendre en cet emploi est dans Corneille, et dans l'ancien français, comme on peut le voir à l'historique.

SYNONYME

1. APPRENDRE, ENSEIGNER, INSTRUIRE. Instruire, c'est donner l'instruction, rendre instruit. Enseigner, c'est donner des leçons d'un objet déterminé : on enseigne le latin, les mathématiques à un enfant. Apprendre a le même emploi qu'enseigner, mais d'une façon plus vague, et en ne portant pas l'esprit aussi précisément sur la leçon qui se donne. On instruit quelqu'un de son devoir, en le lui exposant. On lui enseigne son devoir, en lui en faisant la leçon. On lui apprend son devoir, en le lui faisant connaître d'une façon quelconque.

2. APPRENDRE, FAIRE SAVOIR, INFORMER. Je vous apprends une nouvelle d'une façon quelconque, soit qu'elle vous intéresse ou non, soit qu'elle soit sûre ou non. Je vous la fais savoir par une lettre ou un message. Je vous en informe, si elle vous importe, et si j'ai des renseignements fidèles.

HISTORIQUE

XIe s. Mout ad appris, qui bien conut ahan, Ch. de Rol. CLXXXI.

XIIe s. Demande et apren qui je sui et qui sont li prince qui me aident, Machab. I, 10. Jà nel [ne le] deüst ne soufrir ne vouloir La douce riens qui tant est bien aprise, Couci, XVII. À moi [près de moi] en peut li plus sages aprendre, Couci, v. Et les dames qui courtoises estoient [jadis], Ont tout laissé pour apenre à bourser, Quesnes, Romancero, p. 87. Se leur pese de ce que [je] vous ai di, Si s'en prennent à mon maistre d'Oisi, Qui m'a apris à chanter dès enfance, ib. p. 98. Bele, nous nous entraimions Quant à l'escole aprenions, ib. p. 62. Je m'occirai, s'autre que Garin m'ait [pour femme] ; Ou je ferai quanqu'amours m'aprendrait [m'apprendra], ib. p. 92. Ne cil ne sont bien appris ne courtois Qui m'ont repris, se j'ai dit mot d'Artois, ib. p. 83. [Un messager] Qui moult pesmes nouveles a as François aprises, Sax. XXIII. Merveille est de sage humme e des letres apris, Qu'il la cremur de Deu a si ariere mis, Th. le mart. 85.

XIIIe s. Pour aprendre françois leur filles et leur fils, Berte I. François savoit Aliste, car leans l'eut apris, ib. v. À enherber [empoisonner] m'aprist jadis une Juïse [juive], ib. LXXVI. Fille, dist-il, de cortoisie Ne de sens ne m'aprenés mie, la Rose, 6626. Si que cil qui s'entremetront de l'office [de bailli] puissent aprendre aucun exemple, Beaumanoir, 17. Et le roy li demanda où il avoit apris françois, et il dit que il avoit esté crestian, Joinville, 251.

XIVe s. Encor est-il verité que toute science, quant est de soy, il semble qu'elle peut estre aprise, Oresme, Eth. 173. Et cel aigle felon tenir et attraper Et mettre en ma geole pour apprendre à parler, Guesclin. 20536. Nous ordonnons qu'il [y] ait un cler qui apprendra nos filles, Du Cange, apprehendere. Courtoys estoit et bien aprins, Liv. du bon Jeh. 1016.

XVe s. Ils lui chaufferent si fort et appreingnirent [serrèrent] les plantes des piés que les soles d'iceulx lui en sont cheutes, Du Cange, attridere. Ce vous veil [je veux] apenre, la Pass. de N. S. J. C. On n'a pas sitost appris une terre ni un air où on ne fut oncques, Froissart, II, III, 83.

XVIe s. La douceur de sa grace, quelque souefve qu'elle soit, apprend les hommes de s'esmerveiller avec crainte, Calvin, Inst. 440. Les filles feurent bien apprises, et à tous presentarent plains hanapz de vin, Rabelais, Pant. IV, 54. … Non : mais afin que si bien j'en apprinse Que toy, qui ès des pastoureaux le prince, Prinsses plaisir à mon chant escouter, Marot, I, 221. Que philosopher, c'est apprendre à mourir, Montaigne, I, 68. Les Romains avoient apprins d'amollir ou d'estendre ce mot en periphrases, Montaigne, I, 72. Qui apprendroit les hommes à mourir leur apprendroit à vivre, Montaigne, I, 81. Il faut apprendre aux enfants de haïr les vices… et leur en apprendre la naturelle difformité, Montaigne, I, 108. Il fault que ce soit une personne trop mal apprise, Amyot, Solon, 39. Ayant composé quelques vers, il les apprit par cueur pour les prononcer en public, Amyot, Solon, 11. Il employoit à tous propos ce qu'il avoit appris de Anaxagoras, Amyot, Péric. 13. Et ensemble s'apprenoient et s'exercitoient à l'experience de la marine, Amyot, Péric. 22. … maintenant faut apprendre D'estre humble et doux et ne plus abboyer : Il faut apprendre à flechir et ployer, Ronsard, 739.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

APPRENDRE. - REM. Ajoutez :

5. L'emploi archaïque d'apprendre au sens d'enseigner, avec le régime direct de la personne, a été imité par Béranger : Vous que j'appris à pleurer sur la France, la Bonne vieille.

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Étymologie de « apprendre »

Apprehendere, de ad, à, et prehendere, prendre, saisir par l'esprit (voy. PRENDRE). Picard, bien apprins ; bourguig. éprarre, éparre ; provenç. aprendre, apenre, aprener ; catal. apender ; espagn. aprender ; ital. apprendere.

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Du latin apprehendere (« prendre, saisir, attraper »).
→ voir appréhender
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « apprendre »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
apprendre aprɑ̃dr

Fréquence d'apparition du mot « apprendre » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « apprendre »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « apprendre »

  • Je prends beaucoup plus de plaisir à m'instruire moi-même que non pas à mettre par écrit le peu que je sais.
    René Descartes
  • L'adolescence est le seul temps où l'on ait appris quelque chose.
    Marcel Proust — À la recherche du temps perdu, À l'ombre des jeunes filles en fleurs , Gallimard
  • Que les ignorants apprennent, que ceux qui savent aiment à se ressouvenir.
    Charles Jean François Hénault — Abrégé chronologique, Épigraphe
  • Il faut apprendre à mourir.
    Jules Michelet — Journal, 26 août 1839 , Gallimard
  • Apprendre sans réfléchir est vain. Réfléchir sans apprendre est dangereux.
    Confucius
  • La faiblesse humaine est d'avoir Des curiosités d'apprendre Ce qu'on ne voudrait pas savoir.
    Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière — Amphitryon, II, 3, Sosie
  • Il nous faut toujours apprendre pour apprendre enfin à mourir.
    Marie von Ebner-Eschenbach — Aphorismes
  • Je suis trop vieux pour apprendre.
    William Shakespeare — Le Roi Lear, II, 2, Kent King Lear, II, 2, Kent
  • Diriger et apprendre ne sont pas dissociables.
    John Fitzgerald Kennedy
  • Mieux vaut comprendre qu'apprendre.
    Gustave Le Bon
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Traductions du mot « apprendre »

Langue Traduction
Anglais learn
Italien imparare
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Synonymes de « apprendre »

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Antonymes de « apprendre »

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