« Dilemme » ou « dilemne » ?
Quelle est la bonne orthographe : « dilemme » ou « dilemne » ? Attention à l’écriture de ce mot qui fait l’objet d’erreurs trop fréquentes. S’il y a peu de mots qui se terminent par –emme en français (femme, gemme, flemme etc.), il n’est pas rare de voir leur orthographe atrophiée par -emne. Je vous explique comment écrire correctement « dilemme » dans cet article. Bonne lecture !
On écrit toujours « dilemme »
Règle : on écrit toujours « dilemme » avec deux « m » et non « dilemne ». On est en effet souvent influencé à tort par « indemne » qui lui s’écrit avec « mn ».
Définition de dilemme (source) : un « dilemme » désigne la situation dans laquelle se trouve une personne de devoir choisir entre les deux termes contradictoires et également insatisfaisants d’une alternative. Lorsqu’on n’arrive pas à choisir entre deux options, on est face à un dilemme.
L’« alternative », au contraire, doit conduire à deux solutions différentes selon que l’une ou l’autre proposition a été adoptée.
Dilemme vient du grec ancien δίλημμα, dilemma, composé de δι-, di- (« double ») et λῆμμα, lêmma (« proposition »), désignant ainsi une double proposition à laquelle on fait face.
A noter, pour ne pas simplifier les choses, qu’on trouve l’adjectif très rare « dilemnatique » écrit avec « mn » chez Balzac :
À quarante ans, la femme (…) éprouve un effroi solennel (…) Voici le sens dilemnatique de cette crise.
Balzac, Les Petits Bourgeois, 1850
Le dilemme cornélien
On assimile le dilemme au « dilemme cornélien » (ou choix cornélien), expression créée en l’honneur de Corneille qui expose ce genre de choix impossible dans plusieurs pièces de théâtre et notamment Le Cid et Polyeucte.
Dans Le Cid, Rodrigue qui est follement amoureux de Chimène, doit venger l’honneur de son père « bafoué » par le père de sa fiancée. Rodrigue est ainsi face à un dilemme cornélien : si Rodrigue obéit à son devoir, il doit tuer le père de sa promise, mais par conséquent perdre son amour ; s’il refuse la vengeance au profit de l’amour, il manque à son devoir et portera toute sa vie la marque de la lâcheté.
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Exemples d’usage du mot « dilemme »
Je suis devant un dilemme : faire ou ne rien faire ?
Georges-Marc Benamou, Comédie française: Choses vues au cœur du pouvoir, 2014
Je m’agite dans ce dilemme : être moral; être sincère.
Gide, Journal, 1892.
Pour elle, en ces heures-là, aucun autre dilemme qu’être ou ne pas être.
Mauriac, Cahier noir, 1943
On a fait ce dilemme : violation de la propriété, ou prime à la délation.
Proudhon, Révolution sociale, 1852
Une nouvelle dans tous les sens du mot peut-être parce que ces situations imprévues nous forcent à entrer plus profondément en contact avec nous-même, ces dilemmes douloureux que l’amour nous pose à tout instant, nous instruisent, nous découvrent successivement la matière dont nous sommes fait.
Marcel Proust, À la recherche du temps perdu
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Merci pour ces parfaites explications.
Mais don Diègue n'a pas manqué d'aplomb !
Il perd son sang-froid face au compte de Gormas et laisse ensuite à son fils le soin de régler son différent.
Mauvais père.
Mais enfin, s'il c'était mieux maîtrisé, le Cid n'aurait pas existé.