Mener une vie de patachon : définition et origine de l’expression
Sommaire
On utilise souvent l’expression « mener une vie de patachon » pour se moquer gentiment de quelqu’un de paresseux, préférant la fête au travail. Longtemps cantonnée au registre familier, cette locution est désormais d’un usage quelque peu désuet, mais n’a pas perdu son intérêt. Que signifie-t-elle vraiment ? D’où vient-elle ? Je vous explique tout sur « la vie de patachon » dans cet article.
Définition de « mener une vie de patachon »
Mener une vie de patachon signifie vivre dans l’excès, notamment dans les plaisirs faciles, la débauche : boire, sortir, fréquenter des lieux de plaisir, faire la fête sans retenue. On y associe l’idée d’une existence dissolue, marquée par une désinvolture et un refus des responsabilités, voire une certaine paresse.
La connotation peut être légèrement péjorative, mais elle n’est pas aussi dure que des expressions comme « mener une vie de débauché » ou « vivre dans la luxure ». On y sent davantage un mélange de critique et d’amusement, un peu comme on qualifierait un personnage haut en couleur, éternel noceur, mais inoffensif.
Celui ou celle qui mène une vie de patachon fait la grasse matinée, se réveille dans le coaltar, et s’en va par monts et par vaux.
Origine de l’expression
Pour comprendre cette expression, il faut d’abord s’intéresser à un mot oublié du langage courant : le patachon. Au XIXe siècle, un patachon désignait un voiturier conduisant une patache, une voiture (diligence) à chevaux utilisée pour le transport de voyageurs ou de marchandises sur de longues distances, et particulièrement inconfortable !
Ce métier avait certaines particularités : les patachons voyageaient de nuit, faisaient souvent halte dans les auberges et les relais, où ils prenaient le temps de manger, boire, et parfois s’adonner à des distractions moins recommandables. On leur attribuait une réputation de fêtards invétérés, prompts à noyer leur fatigue dans le vin, la camaraderie et les plaisirs de passage.
L’expression « mener une vie de patachon » serait née de cette image populaire du conducteur de patache menant une existence irrégulière, peu ordonnée, et volontiers épicurienne. Le mot apparaît dans les textes au XIXe siècle, et il est souvent employé pour décrire une vie sans contraintes, entre route, vin, femmes et chansons.
La première occurrence de « vie de patachon » dans les textes numérisés sur Gallica apparaît le 2 juin 1878, dans le Journal de Fourmies :
Inscrivez vous au Parcours Expressions & Proverbes
Découvrez chaque mercredi la signification et l'origine d'une expression ou proverbe francophone.

Selon le TLFi, le terme « patachon » est défini pour la première fois en 1832 :
« celui qui conduit la voiture qu’on nomme patache »
Raymond, Dictionnaire général de la langue française, 1832
Aujourd’hui, le mot « patachon » est tombé en désuétude. L’Académie française, dans son dictionnaire, explique que « [patachon] ne s’emploie plus aujourd’hui que dans l’expression familière Mener une vie de patachon, mener une vie désordonnée, dissipée. »
Usage actuel de « vie de patachon »
L’expression prend son essor à partir de 1850, et est de plus en plus utilisée ensuite :

Exemples d’usage de « vie de patachon »
Alors que son jeune mari menait une vie déréglée sans aucun motif connu, rentrant en pleine nuit lorsqu’on croyait qu’il avait passé la journée à l’Université, sortant soudain lorsqu’on croyait qu’il resterait à la maison, bref, alors qu’il menait une vie de patachon, comme dirait sa mère, Yasuko, elle, avait une vie tout à fait paisible, presque heureuse.
Yukio Mishima, Les amours interdites
Il était de notoriété publique que ces filles-là menaient une vie de patachon, il était donc normal qu’elles en payent le prix.
Serge Brussolo, Les Ombres du jardin
Après une vie de patachon voyageur, à l’âge de trente ans, Xavier entamait sa réelle vie d’adulte, de papa, se demandant, outre les boulots de circonstance, quelle serait l’idée lumineuse qui le conduirait à la fortune.
Bruno de Stabenrath, L’ami impossible
En s’embarquant à Buenos Aires, après une courte escale à Rio, il avait fallu dire au revoir à l’Amérique du Sud où Alekhine avait mené, un an durant, une vie de patachon, dans un été continu, de grand hôtel en grand hôtel, de casino en casino, d’hommages en victoires, d’avion de ligne en paquebot de croisière, d’open bar en open bar…
Arthur Larrue, La diagonale Alekhine