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À brûle-pourpoint : définition et origine de l’expression

L’expression « à brûle-pourpoint » vient du domaine militaire et a évolué avec le temps. Que signifie-t-elle exactement ? D’où provient-elle ? Je vous explique tout ci-dessous.

Définition de l’expression « à brûle-pourpoint »

L’expression « à brûle-pourpoint » signifie de manière soudaine, directe, sans prévenir. Elle est généralement utilisée pour désigner une remarque, une question, voire une attaque verbale faite sans ménagement, sans détour, parfois de façon un peu brutale.

Exemples :

  • Il m’a demandé, à brûle-pourpoint, si je comptais le quitter.
  • Son patron l’a convoqué à brûle-pourpoint, sans aucune explication.

Par extension, on emploie également l’expression dans le langage écrit ou journalistique pour souligner l’effet de surprise d’un événement ou d’une déclaration.

Orthographe de l’expression

À noter que l’orthographe de l’expression peut prêter à confusion. Certains pensent, à tort, qu’il s’agit de « brûle pour poing » ou encore « brûle-pourpoints », mais le mot « pourpoint » reste singulier et il ne faut pas oublier le trait d’union. On écrit donc toujours « à brûle-pourpoint ».

La réforme de l’orthographe de 1990 introduit cependant une variante. Désormais, l’expression peut également s’écrire « à brule-pourpoint » sans accent circonflexe.

Expressions similaires et traductions

Voici plusieurs expressions synonymes de « à brûle-pourpoint » en français :

  • De but en blanc
  • À l’improviste
  • Sans avertissement
  • De manière abrupte
  • Sans détour
  • Franchement
  • Sans ménagement
  • Sans ambages
  • Sans fard
  • Tout de go

L’expression a plusieurs équivalents dans d’autres langues :

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Langue Expression équivalente Traduction littérale
Anglais point-blank à bout portant / à brûle-pourpoint
Espagnol (Esp.) a boca de jarro à bec de pot
Espagnol (Arg.) a quemarropa à brûle-vêtement
Italien a bruciapelo à brûle-poil
Portugais a queima-roupa à brûle-vêtement

Origine de « à brûle-pourpoint »

L’origine de cette expression remonte au XVIe siècle et s’inscrit dans un contexte militaire. À cette époque, le pourpoint désigne un vêtement rembourré que les hommes portaient sous leur armure pour se protéger. Il s’agissait d’une sorte de veste courte, rembourrée de coton, qui recouvrait le torse.

Un soldat italien en pourpoint
Un soldat italien en pourpoint, Basilica di Santo Stefano Maggiore. Source : Wikipedia

Le mot « pourpoint » remonte au Moyen Âge et dérive du verbe ancien « pourpoindre », qui signifiait « piquer » ou « coudre en travers ». Ce verbe lui-même vient du latin perpunctus, participe passé de perpungere, signifiant « percer de part en part ».

On désignait ainsi un vêtement rembourré et matelassé, piqué de coutures pour maintenir son rembourrage, utilisé à des fins de protection. Selon les époques et les usages, le pourpoint pouvait se porter sous l’armure pour amortir les chocs, au-dessus pour des raisons esthétiques ou pratiques, ou même seul, comme habit de guerre ou de parade.

L’expression « à brûle-pourpoint » est formée du verbe « brûler » et du nom « pourpoint », et renvoie littéralement à un coup de feu tiré à une distance si proche que la poudre de l’arme brûle le pourpoint. Ce tir à bout portant (« tirer à brûle-pourpoint »), d’une soudaineté et violence extrême, ne donnait aucune possibilité d’esquive, d’où l’expression qui reflète cette soudaineté, violence et surprise.

Le sens figuré a progressivement supplanté le sens littéral. Dès le XVIIe siècle, « tirer à brûle-pourpoint » s’emploie de façon métaphorique pour désigner une action ou une parole soudaine et désarmante, sans plus aucune mention du contexte militaire.

Première apparition et usage

La première occurrence de l’expression apparaît en 1640 dans la Gazette de Théophraste Renaudot :

à brûle-pourpoint première occurrence
Source : Gallica

L’expression est de plus en plus utilisée au fil du temps, avec un pic de popularité dans les années 50 (le pic des années récentes est dû à l’importante numérisation de livres) :

à brûle-pourpoint_1750_2017_Livres – Ngram Viewer Français
Fréquence d’usage de « à brûle-pourpoint » dans les textes publiés depuis 1750. Source : Google Ngram / Gallicagram

Ce n’est pas la seule expression d’origine militaire en français. On trouve également :

Exemples d’usage dans la littérature

Avez-vous de l’argent ? fit-il à brûle-pourpoint en se retournant vers le prince. Un peu. Combien au juste ? Vingt-cinq roubles.

Fédor Dostoïevski, L’Idiot

Tu l’aimes ma fille ? demanda-t-il à brûle-pourpoint. Oui, dit le gendre.

Pierre Magnan, Le Mystère de Séraphin Monge

Vous n’avez pas de robe rouge ? lui demanda-t-il à brûle-pourpoint. Elle le regarda interloquée. Non, en effet, elle n’avait pas de robe rouge, c’était visible.

Jorge Semprún, La Montagne blanche

Il regretta aussitôt cette question. S’il avait parlé à brûle-pourpoint de Lechat, peut-être la brusquerie de l’attaque lui aurait-elle permis de surprendre sa mère.

Bernard Pingaud, Le Prisonnier
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Nicolas Le Roux

Nicolas Le Roux

Nicolas est le fondateur du site. Il a rédigé plusieurs centaines d'articles sur les difficultés de l'orthographe française depuis 2015. Passionné de littérature, il publie de temps en temps des critiques littéraires.

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