La réponse du berger à la bergère : définition et origine de l’expression
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Il n’est pas rare de devoir répondre à une attaque ou à une remarque avec autant d’esprit que notre interlocuteur. C’est « la réponse du berger à la bergère », image familière et champêtre qui révèle toute sa subtilité sous une apparente simplicité. Découvrez cette expression dans cet article.
Définition de l’expression « la réponse du berger à la bergère »
L’expression « la réponse du berger à la bergère » désigne le fait de répondre à quelqu’un avec la même intensité, le même ton ou la même ironie que ce dernier. Elle est souvent employée pour désigner une riposte vive, rapide et adaptée, une « bonne contrepartie », permettant à celui ou celle qui la formule de se mettre à égalité avec l’autre interlocuteur.
Il s’agit donc d’une réponse qui n’est pas simplement défensive mais aussi offensive, équilibrant le rapport de force dans la conversation. Cette locution peut être utilisée aussi bien dans un contexte amical que dans une situation plus conflictuelle, marquant alors une volonté de ne pas se laisser faire ou de rétablir un équilibre dans le dialogue.
Exemple : « Après avoir reçu de vives critiques du directeur, il lui a donné la réponse du berger à la bergère. »
Origine de l’expression « la réponse du berger à la bergère »
L’origine de cette expression remonte au XVIIe siècle, période riche en échanges littéraires et en jeux de langage, notamment dans la tradition pastorale. À l’époque, les pastorales étaient très populaires : ces œuvres littéraires ou théâtrales mettaient en scène des personnages idéalisés comme des bergers et des bergères, évoluant dans une nature idyllique.
La pastorale était généralement composée de dialogues vifs, pleins d’esprit et d’allusions amoureuses subtiles, où chaque réplique appelait une contre-réplique d’une égale finesse. Le dialogue pastoral était conçu comme une véritable joute verbale, un échange d’égaux où chacun rivalisait d’esprit et de subtilité. C’est précisément de cette habitude de répliquer avec esprit qu’est née l’expression « la réponse du berger à la bergère ».
On retrouve une illustration très parlante de ce type d’échanges dans les textes de certains auteurs classiques tels que Molière ou Marivaux, où les personnages, sous couvert d’une certaine simplicité champêtre, se livrent à des batailles verbales élégantes et incisives.
Peu à peu, l’usage de l’expression s’est élargi, passant d’un contexte purement amoureux à un sens plus général de répartie incisive dans toutes sortes de situations sociales ou professionnelles.
L’expression est de plus en plus utilisée à partir du XIXe siècle :

Exemples d’usage de l’expression
« Puisqu’elle me dit bonjour de cette manière-là, je vais lui faire la réponse du berger à la bergère. Bonjour, eh bien bonjour, puisque c’est comme ça chez vous. »
Béatrix Beck, Des accommodements avec le ciel
Il m’avait vivement reproché mon refus de l’ambassade à Washington, ou plutôt les formes de ce refus. J’avais répondu qu’il n’y avait là que la réponse du berger à la bergère, et qu’en l’espèce il était la bergère.
Emmanuel d’Astier, Sept fois sept jours
En début d’année, il lui a parlé d’avoir (enfin) un enfant. Elle n’a pas relevé et c’était assourdissant. Trois mois plus tard, elle a dit : « Je ne sais pas si je vais rester. » Réponse du berger à la bergère, il n’a rien rétorqué et ne l’a jamais interrogée plus avant.
Arnaud Cathrine, J’entends des regards que vous croyez muets
« Et le Liban ? Vous connaissez ? » Il se moquait de moi ce n’était pas bien méchant, une réponse du berger à la bergère, mais j’avais le ventre noué parce que je savais que je n’irais jamais au Liban, un de ces pays qui n’existent plus que dans la Bible,
Richard Millet, Dévorations
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