La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « tour »

Tour

Variantes Singulier Pluriel
Féminin tour tours

Définitions de « tour »

Trésor de la Langue Française informatisé

TOUR1, subst. fém.

A. −
1. Construction nettement plus haute que large, dominant un édifice ou un ensemble architectural et ayant généralement un rôle défensif. Dressant au-devant du zénith L'entassement brutal de ses tours octogones, L'Escurial étend son orgueil de granit (Verlaine, Poèmes saturn., 1866, p. 89).Barbacane (...) destinée à protéger les approches du pont-levis et des deux tours d'entrée (G. Leroux, Parfum, 1908, p. 40).V. beffroi ex. 1, château ex. 1 et 4, donjon A 1 ex. de Faure et ex. 1, forteresse A ex. de T'Serstevens.
SYNT. Vieille tour; grande, grosse, haute tour; tour carrée, polygonale, ronde; tour crénelée; tour à mâchicoulis; tour d'un château (fort), d'une enceinte, d'une forteresse; tour de guet; tour du beffroi; tour de l'Horloge (de la Conciergerie à Paris); tour de Nesle (à Paris, démolie en 1663); du haut d'une tour; au créneau, au pied, au sommet d'une tour; attaquer, défendre une tour.
Tour de Londres. Château de Londres, près de la Tamise, bâti par Guillaume le Conquérant, servant autrefois de prison. Stendhal fait dire à un philosophe anglais, d'ailleurs enfermé depuis dix ans à la Tour de Londres: « L'idée de Dieu est la plus utile aux tyrans » (Alain, Propos, 1914, p. 183).
P. métaph. ou au fig.
[P. réf. à la hauteur, à l'aspect massif d'une telle construction] Le frère, bizarre dans son habit du soir, en plein midi, la sœur qui était une tour d'étoffe noire où éclatait un mouchoir blanc (Mauriac, Nœud vip., 1932, p. 247).La tour noire du Matterhorn (Peyré, Matterhorn, 1939, p. 205).
[P. réf. au rôle défensif d'une telle construction] Quoi! toute sa construction d'héroïsme, cette haute tour humaine s'écroulerait? (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 523).Une tour de vertu ne devait pas danser plus de trois fois sans son frère (Jouve, Scène capit., 1935, p. 19).
Spécialement
ART MILIT. [Dans l'Antiq., au Moy. Âge] Construction en hauteur, mobile, servant à attaquer des remparts. Synon. beffroi (v. ce mot B), hélépole.Les assiégeants construisirent une machine prodigieuse (...) C'était une tour en bois, avec un pont mobile destiné à s'abattre sur le rempart (Mérimée, Cosaques d'autrefois, 1865, p. 89).
HÉRALD. Meuble représentant une telle construction. Une des tours d'argent que Nerval dessine dans ses armoiries d'imaginaire descendant d'un châtelain du Périgord (Durry, Nerval, 1956, p. 170).
JEUX (échecs). Pièce ressemblant à une telle construction, placée au début de la partie aux angles de l'échiquier et se déplaçant horizontalement ou verticalement. Gagner ou remettre une partie d'échecs, ayant donné la tour à son adversaire (Chamfort, Max. et pens., 1794, p. 44).
2. Clocher à section constante et à sommet plat. Tour(s) d'une cathédrale, d'une église; tours de Notre-Dame de Paris; tour Saint-Jacques (à Paris); tour (penchée) de Pise; tour romane. Du haut des tours les cloches ébranlées (Barbier, Ïambes, 1840, p. 65).De très bonne heure les façades [des églises] furent flanquées de tours, quelquefois une seule tour surmonte la porte principale (...) Les tours ont un double but, d'abord elles annoncent de loin les églises, puis elles peuvent aussi servir à la défense (Mérimée, Ét. arts Moy. Âge, 1870, p. 21).V. penché II B ex. de Michelet.
B. −
1. Construction isolée, nettement plus haute que large. Tour métallique; tour Eiffel (à Paris). La tour Magne, à Nîmes (Jeux et sports, 1967, p. 751).
Tour de Babel. Tour que les descendants de Noé tentèrent en vain d'élever à Babel, pour atteindre le ciel. La Tour de Babel fut construite de briques cuites et de bitume comme de nombreuses tours de Mésopotamie (Symboles1969).P. anal. V. babel B 1.
Au fig. Tour d'ivoire. Retraite où s'isole quelqu'un qui refuse tout contact et tout engagement. Monter, se murer, rester dans sa tour d'ivoire. Je sens le besoin de vivre dans un monde à part, en haut d'une tour d'ivoire, bien au-dessus de la fange où barbote le commun des hommes (Flaub., Corresp., 1871, p. 280).Votre science est impeccable, mais elle ne peut le rester qu'en s'enfermant dans une tour d'ivoire et en s'interdisant tout rapport avec le monde extérieur (H. Poincaré, Valeur sc., 1905, p. 23).
2. En partic.
a) Grand immeuble nettement plus haut que large, à usage d'habitation ou de bureaux. Synon. building, gratte-ciel.Tours de la Défense, tour Maine-Montparnasse (à Paris). Manhattan, à New-York, est le quartier des tours. Les nouvelles tours ne présentent plus, heureusement, l'aspect de gothique allongé. Ce sont des blocs équarris qui constituent une architecture de quantité (Arts et litt., 1936, p. 10-8).Tour de 17 étages destinée aux habitants ayant des activités du secteur tertiaire (Gds ensembles habit., 1963, p. 34).V. campanile ex. 2.
Rem. V. gratte-ciel rem.
b) Construction nettement plus haute que large servant à accomplir différentes opérations techniques ou servant de relai. Tour hertzienne. On aperçoit tout au loin un sommet en cône aplati, avec la tour d'un télégraphe par derrière (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 155).En faisant passer [le gaz de haut fourneau] dans une tour pleine de coke, dans laquelle tombent des filets d'eau (..) il sort de là saturé de vapeur (Haton de La Goupillière, Exploitation mines, 1905, p. 509).
Tour solaire. ,,Construction verticale comportant un héliostat et un spectrographe, destinée à capter les rayons solaires à une altitude suffisante pour échapper aux perturbations atmosphériques au voisinage du sol`` (Astron. 1980). Il existe une douzaine de (...) tours solaires au monde; on connaît celles des États-Unis au Mont-Wilson, la tour Einstein de Potsdam, celle de Monte Mario près de Rome (Muller1966).
Tour de contrôle. Édifice élevé dans lequel se trouve le service chargé du contrôle local de la circulation aérienne. La machine à calculer ou le radar (qui créeront la capacité du chef de la tour de contrôle) (David, Cybern., 1965, p. 168).V. déroutage ex. de David.
Tour de distillation. ,,Tour dans laquelle le pétrole brut est distillé soit à la pression atmosphérique, soit sous une pression réduite`` (Pétrol. 1964).
Tour d'extraction. ,,Construction supportant la machinerie d'extraction à l'aplomb d'un puits`` (GDEL).
Tour de forage. ,,Charpente que l'on dresse à l'endroit où l'on veut effectuer un forage, pour l'exécution des manœuvres de levage et de descente d'outils`` (Barbier Pétrole 1980).
Tour de fractionnement. ,,Tour dans laquelle le pétrole brut est, par distillation, séparé en un certain nombre de « fractions »`` (Pétrol. 1964).
Tour de lancement. ,,Type particulier de rampe de lancement où le dispositif de guidage mécanique initial est réalisé par des rails équidistants inclus dans une charpente`` (franterm Néol. 1984).
Tour de lavage. ,,Tour dans laquelle un gaz est débarrassé de ses impuretés par cheminement en sens inverse d'un liquide`` (Pétrol. 1964). Dans le cas d'un moteur fixe [de gazogène], la réfrigération sera assurée par un courant d'eau (souvent dans une tour de lavage) (Dupont, Bois carburant, 1941, p. 87).
Tour de montage. Ouvrage à structure métallique permettant l'érection des étages, l'accès aux différents niveaux de travail et la protection climatique du lanceur et du véhicule spatial (d'apr. franterm Néol. 1984).
Tour de refroidissement. ,,Construction, souvent en forme de tour, dans laquelle la chaleur non convertie d'une centrale est extraite au moyen d'air ou d'eau`` (Industries 1986). Pour chacune des 2 centrales nucléaires du Bugey, il faudra construire deux tours de refroidissement, car l'eau du Rhône ne suffit plus (Le Monde, 8 juin 1974ds Gilb. 1980).
Prononc. et Orth.: [tu:ʀ]. Homon. tour2 et 3. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 tur « construction fortifiée » (Roland, éd. J. Bédier, 98); ca 1200 fig. tuer (Moralités sur Job, éd. W. Foerster, p. 337, 25: en la tuer de contemplation); 1831 fig. être dans sa tour d'ivoire « se tenir à part, rester dans sa réserve » (Sainte-Beuve, Pensées d'août, Épître à M. Villemain ds Ritter, p. 518); b) 1580 tour de Babel (Montaigne, Essais, II, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 553); c) 1669 tour se dit d'une personne corpulente (Widerhold Fr.-all.); spéc. 2. 1539 désigne une machine de guerre (Est., s.v. ambulatorius: tour mouvente au moyen des roues qui sont dessoubz); 3. 1611 subst. masc. « pièce au jeu d'échecs » (Cotgr.); 1690 subst. fém. (Fur.); 4. 1636 désigne un bâtiment rappelant une tour (Monet: Tour de clocher); 1757 « ce qui rappelle la forme d'une tour » (Encyclop. t. 7, p. 691b, s.v. glacier); 5. 1765 « enceinte circulaire des bourdigues » (Duhamel du Monceau, Traité général des pesches, t. 1, 3esection, p. 129). Du lat. turris « tour », « ouvrage de siège, souvent monté sur roues », « tour portée par un éléphant » et « maison élevée; pigeonnier ». Bbg. Archit. 1972, p. 29, 169, 232. − Chautard Vie étrange Argot 1931, p. 560. − Quem. DDL t. 27.

TOUR2, subst. masc.

A. − TECHNOLOGIE
1. Machine-outil servant à façonner des pièces cylindriques tournant sur leur axe. Tour à bois; tour à aléser, à décolleter, à fileter, à tarauder; travailler qqc. au tour; chariot d'un tour. Le colonel avait fait installer un tour sous les combles, et là, toute la journée, seul, il tournait des coquetiers de buis (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 102).Les tours industriels modernes, équipés de cellules photo-électriques et thyratron ne reproduisent une figure-gabarit qu'en l'explorant de proche en proche (Ruyer, Cybern., 1954, p. 168).V. alésage ex. 2, fileter A 1 ex. de Traité sociol., guillocher ex. de Al. Brongniart, revolver B 1 ex. de P. Rousseau.
Échantillon* sur le tour. Fait* au tour.
En partic. Tour (de/du potier). Dispositif servant à façonner à la main des objets de poterie disposés sur un plateau circulaire horizontal tournant sur son axe. Tour à ébaucher, à tournasser. Assis sur un banc de bois, en bras de chemise, la « culotte » souillée d'argile, le potier, les jambes largement écartées, travaille à un tour qui est peu différent de celui du potier égyptien (Menon, Lecotté, Vill. Fr., 1, 1954, p. 31).[Prendre] forme comme la pâte blanche sur le tour du potier (Grandjean, Orfèvr. XIXes., 1962, p. 40).V. potier ex. de Du Camp, tournasser B ex. de Wurtz.
2. Boîte, armoire cylindrique tournant sur un pivot, encastrée dans un mur et servant à faire passer quelque chose, à communiquer. Je me rappelle que (...) arrivés au nouveau couvent, nous fûmes servis au moyen d'un tour (Zola, Nouv. Contes Ninon, 1874, p. 137).Madame Worms-Clavelin (...) pénétra dans le parloir, tandis que la sœur tourière avertissait par le tour que mademoiselle de Clavelin était appelée (A. France, Mannequin, 1897, p. 261).
En partic., vieilli. Une telle boîte, une telle armoire servant à faire passer les nouveaux-nés abandonnés. Tour d'un couvent, d'un hospice. Ses souvenirs le reportaient à l'ancien tour, à la boîte ronde tournant dans le mur: la mère arrivait en se cachant, enfournait l'enfant, donnait un coup de sonnette, puis se sauvait (Zola, Fécondité, 1899, p. 263).
B. −
1. BOULANG. ,,Couvercle du pétrin sur lequel le boulanger fait la tourne`` (GDEL).
2. PÂTISS. Table de marbre ou en bois épais servant à travailler la pâte au rouleau. (Dict. xixeet xxes.). Synon. pâtissoire.
Prononc. et Orth.: [tu:ʀ]. Homon. tour1 et 3. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin xies. judéo-fr. torn (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, p. 139, 1007: Torn, « treuil, roue − d'un puits, p. ex. − »); ca 1176 arbaleste a tor (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 6447); fin xiies. (Prise Orange, éd. Ch. Régnier, 1027: dars ovrez a tor); 1260 tour (Estienne Boileau, Livre métiers, éd. G.-B. Depping, p. 98: tornées à tour); 1406-14 fait a tour (Eustache Deschamps, Virelay, éd. de Queux de Saint Hilaire, t. 4, p. 217, 8); 1538 faict au tour (Est., s.v. tornatilis); 1672 fig. faite au tour (Sévigné, Lettre, 17 févr., éd. R. Duchêne, t. 1, p. 441, no246); 2. 1549 tour « appareil sur pivot permettant les échanges dedans dehors sans ouvrir la grille » (Est.); 3. 1680 « table de pâtissier » (Rich.). Du lat. tornus « instrument de tourneur », également att. au sens fig. en parlant du travail du poète et en lat. médiév. au sens de « tourniquet » xiies. ds Latham et Du Cange, s.v. tornus 6 et turnus 4, du gr. τ ο ́ ρ ν ο ς « machine-outil ».
DÉR. 1.
Tourer, verbe trans.,pâtiss. ,,Préparer une pâte feuilletée en pliant plusieurs fois sur lui-même un morceau de pâte et en l'abaissant au rouleau`` (Clém. Alim. 1978). [tuʀe], (il) toure [tu:ʀ]. 1reattest. 1765 (Encyclop. t. 16); de tour2(sens 3), dés. -er.
2.
Tourier, subst. masc.,pâtiss. Spécialiste de la préparation des pâtes, en particulier de la pâte feuilletée. Le premier tourier prépare la pâte des gâteaux fins et leur donne la forme primitive (P. Vinçard, Les Ouvriers de Paris, 1863ds Rigaud, Dict. arg. mod., 1881, p. 370). [tuʀje]. 1reattest. 1863 (P. Vinçard, loc. cit.). De tour2(sens 3), suff. -ier*.
BBG.Quem. DDL t. 1, 10.

TOUR3, subst. masc.

I. − [À propos d'une ligne ou d'un mouvement circulaire]
A. − [À propos d'une ligne circulaire]
1. Circonférence d'un corps, d'un lieu plus ou moins circulaire; mesure de cette circonférence. Faire x centimètres de tour de hanche, de poitrine, de taille; prendre le tour de taille de qqn. La terre a quarante mille kilomètres de tour (Ac. 1935). La modiste mesure notre tour de tête (Colette, Cl. école, 1900, p. 267).L'accroissement du tour de ventre (Saint-Exup., Citad., 1944, p. 664).
2. Limite extérieure d'une surface (à peu près) circulaire. Synon. bord, bordure, contour, périphérie, pourtour.Elle a le tour du visage agréable (Ac. 1835, 1878). Une grimace qui est son sourire plisse son nez et le tour de ses yeux (Giono, Colline, 1929, p. 73):
1. Le facteur apportait (...) le courrier (...) pendant qu'on était à table; chacun (...) s'emparait aussitôt d'un journal (...) et, durant un long temps, sur tout le tour de la table, l'invité que j'étais ne voyait plus un visage. Gide, Si le grain, 1924, p. 470.
Vx, DR. Tour d'échelle. ,,Servitude permettant au propriétaire d'appuyer une échelle sur le mur du voisin`` (Barr. 1967).
Tour de ville. Boulevard, promenade autour d'une ville. À Goettingen, les remparts constituent une promenade, un « tour de ville » célèbre (Brunhes, Géogr. hum., 1942, p. 104).
Loc. verb. [Le suj. désigne une chose] Faire le tour de qqc. Constituer la limite extérieure. Synon. entourer.Muraille qui fait le tour d'une ville. Un balcon qui faisait le tour des combles, comme dans les patios des maisons italiennes (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 63).
3.
a) Boucle, rond formé par une corde. Tu seras celui qui gardera la barque (...) tu l'amarreras tout contre terre, mais d'un tour pas trop solide (Loti, Ramuntcho, 1897, p. 99).
MAR. Tour mort. ,,Tour simple, (...) sans nœud ni croisure`` (Merrien 1958). On augmente les surfaces flottantes en faisant plusieurs tours morts successifs (Gruss1978).
b) Synon. rare de spire.Des coquilles dont les tours se déroulaient (Boule, Conf. géol., 1907, p. 79).
4. Vieilli. Garniture, décoration, accessoire qui entoure quelque chose. Tour de cheminée, de lit. Ce n'est pas son rôle que la petite Garcia envie à Maria Ancona, mais bien plutôt son tour de cou en renard teint (Colette, Music-hall, 1913, p. 40).Tour de manche. V. manche2.
Tour (de cheveux). Bande, garniture de faux cheveux maintenue autour de la tête. Leurs figures [des vieilles femmes] (...) ne manquent pas d'une certaine grâce triste, malgré des tours de cheveux dont les boucles restent aplaties (Balzac, U. Mirouët, 1841, p. 53).Fi des faux râteliers, des tours, des cosmétiques! Ta fraîcheur, tes cheveux, tes dents sont authentiques (Pommier, Colifichets, 1860, p. 143).
5. Rare. Ligne courbe. Synon. boucle, lacet, méandre.Tours et détours d'une rivière. Long fil d'Ariane (...) s'entortillant plusieurs fois sur lui-même dans les tours et les détours d'un labyrinthe avant de mener à la sortie (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 127).V. retour II A 1 b ex. de Michelet.
P. métaph. Au lieu d'entasser ses écus dans des coffres, il les plaça. Il apprit les tours et les détours de la spéculation (About, Roi mont., 1857, p. 27).
B. − [À propos d'un mouvement circulaire]
1.
a) Mouvement, déplacement (à peu près) circulaire où l'on revient au point de départ. Synon. révolution.Faire le tour de sa chambre, de la cour, du jardin, du lac, du parc, de la pièce, de la place, de la salle, de la ville; tour de manège; tour de ronde. Ainsi se parlait David, en faisant deux ou trois tours dans la chambre, les mains sur le dos (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p. 214).[Les hommes] remarquent seulement le tour de la lune d'ouest en est parmi les étoiles; (...) ils le comparent au tour que fait le soleil dans le même sens, mais en un an (Alain, Propos, 1921, p. 201).V. faire1II C 2 ex. de Lamartine.
Le sang de qqn ne fait qu'un tour. Quelqu'un est l'objet d'une vive colère. Le sang du Tarasconnais ne fit qu'un tour: « Misérables », cria-t-il d'une voix de tonnerre, « ravaler ainsi ces nobles bêtes! » (A. Daudet, Tartarin de T., 1872, p. 112).
C'est reparti pour un tour. L'action se répète. C'était reparti pour un tour. Le grand jeu. Le cinéma (...). Grandiose comme à l'ordinaire, le défilé avait commencé (A. Page, Tchao Pantin, 1987 [1982], p. 19 ds Bernet-Rézeau 1989).
Faire le tour du propriétaire*.
Faire trois petits tours (et s'en aller). [P. réf. à la chanson « Ainsi font, font, font les petites marionnettes. Ainsi font, font, font trois p'tits tours et puis s'en vont », pour souligner que quelqu'un ne fait qu'un passage bref quelque part] Combien de députés vont bientôt disparaître qui n'auront fait que trois petits tours dans cette Assemblée (Le Monde aujourd'hui,12-13 janv. 1986,p. 11, col. 3, ds Bernet-Rézeau 1989).
Tour de ville. Cavalcade, défilé publicitaire d'un cirque. La « parade » et le « tour de ville », si spectaculaires, ont pour objet principal de recruter des spectateurs (Hist. spect., 1965, p. 1528).
[Aux cartes] Jouer un tour, faire un tour. ,,Jouer un certain nombre de coups en sorte que tous les joueurs successivement aient une fois la main`` (Ac.).
En partic. Mouvement circulaire, généralement vif, d'une partie du corps. Le soldat avait son fusil en bandoulière, il donna un tour d'épaule pour le reprendre (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 62).Une dame (...) tapait de la grosse caisse (...) avec de brusques tours de bras (A. Daudet, Rois en exil, 1879, pp. 235-236).
Tour de rein(s). Synon. fam. de lumbago.Des coups de raquette au cul (...) à vous disloquer la colonne vertébrale, et l'on se fout des tours de rein (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 164).
À tour de bras. V. bras I B 2 a.
En un tour de main. V. main 1reSection I B 1 a.
SPORTS. Circuit fermé, effectué une ou plusieurs fois par un participant à une épreuve sportive. Battre le record du tour. Un cri général donna le signal du départ des coureurs. Deux beaux chevaux entiers (...) parcoururent le premier tour avec une rapidité dont mon compagnon lui-même fut surpris: le second tour s'acheva beaucoup moins vite (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 209).
Tour d'honneur. Tour effectué par le vainqueur d'une épreuve après sa victoire. L. enfourche sa bicyclette et fait le tour d'honneur que le public réclame (L'Auto-Vélo, 6 mai 1901ds Petiot 1982).
(Faire son) tour de piste*.
b) Loc. verb. Faire le tour
α) [Le suj. désigne une pers. ou un attribut d'une pers.]
[Le compl. d'obj. désigne différents lieux] Les visiter tous, s'y rendre successivement. Synon. tournée. − (...) que faites-vous ce soir?Le tour de quelques dancings (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 43).Journaliste qui fait le tour des commissariats pour recueillir les faits divers (Coston, A.B.C. journ., 1952, p. 199).
Passer en revue, examiner à fond.
[Le compl. d'obj. désigne des choses concr.] Le regard de Nadja fait maintenant le tour des maisons (Breton, Nadja, 1928, p. 81).Il parcourut la pièce, faisant le tour des objets familiers (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 191).
[Le compl. d'obj. désigne une chose abstr.] Faire le tour du problème, de la question, de la situation. L'aspect inachevé des toiles de Cézanne donne à ceux qui n'ont pas fait le tour de sa pensée l'impression d'une nature fruste (Faure, Hist. art, 1921, p. 211).Avoir fait le tour des choses. Avoir acquis une grande expérience. L'œil renseigné des quadragénaires qui ont à peu près fait le tour des choses (Camus, Chute, 1956, p. 1478).
[Le compl. d'obj. désigne une pers. considérée comme un obj. de connaissance] Avoir (vite) fait le tour de qqn. Tout connaître (facilement) de quelqu'un. Gautier est grand et fort, mais en vers comme en prose, on en a vite fait le tour (Thibaudet, Hist. litt. fr., 1936, p. 184).J'ai fait le tour de moi depuis longtemps (...); et l'inventaire de mon ameublement spirituel (Gide, Journal, 1944, p. 260).
[Le compl. d'obj. désigne des pers.] Les voir successivement. Faire le tour de ses invités. Dès que le cadet rentre, on l'envoie faire le tour des commerçants (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 61).
Faire un tour de table. Donner la parole successivement à chaque participant d'une réunion. Dès que se présente un choix important, le président de l'entreprise fait un tour de table et nous demande notre avis (L'Express, 3 juill. 1978ds Gilb. 1980, s.v. tour de table).
β) [Le suj. désigne une chose abstr., un symb.] Être largement répandu, connu. Nouvelle qui fait le tour d'une ville. Le drapeau tricolore a fait le tour du monde avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie! (Lamartine, 1849ds Doc. hist. contemp., p. 282).Il savait pertinemment, en dépit de l'air d'ignorance affecté par les domestiques, que son histoire faisait plusieurs fois le tour de la cuisine (Châteaubriant, Lourdines, 1911, p. 246).
2. (Petit) déplacement, promenade où l'on revient à son point de départ. Synon. balade (fam.), excursion, sortie.Faire un tour chez qqn; faire un tour dans les bois, au/dans le jardin, en montagne, dans le quartier, en ville; faire un tour à pied, en voiture; faire un grand, un petit tour; faire un tour avec son chien. C'était l'heure où, avant son dîner, M. Faîsme venait, en pantoufles, faire un tour dans le couloir (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 718).La troisième ou quatrième fois que je faisais escale à La Corogne je me laissai tout de même tenter d'aller faire un tour à terre (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 34).
Vieilli. Tour de promenade. Promenade. L'ecclésiastique le prit par-dessous le bras pour lui faire faire un tour de promenade dans le jardin (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 185).
[Dans un cont. métaph.] La prospérité corrompt les hommes, et (...) les plus heureux en apparence ont besoin de temps en temps de faire un tour à l'école du malheur (Dusaulx, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 24).
3. Périple, voyage où l'on revient généralement à son point de départ. Synon. circuit.Faire le tour de l'Europe. Une femme qui a fait le tour du monde, visité les sauvages, roulé sur les mers (Bernanos, Crime, 1935, p. 817):
2. Il s'agit de suggérer de nouveaux circuits, exigeant évidemment des agences un travail plus difficile que la répétition des « tours » habituels (...). Ainsi le Commissariat général, qui avait encouragé les agences à créer puis à maintenir le tour de Bretagne au départ de Paris, a eu la satisfaction de voir ce circuit connaître un succès croissant. Jocard, Tour. et action État, 1966, p. 123.
Rem. L'empl. sans déterm. est un anglicisme (v. tour-opérateur/tour-operator infra rem.).
Tour de France (des compagnons). Tour de France qu'effectuaient les compagnons pour parfaire leurs connaissances. Les compagnons qui accomplissaient leur tour de France, se déplaçant de ville en ville avec leurs secrets et leurs insignes (P. Rousseau, Hist. transp., 1961, p. 164).
SPORTS. Épreuve sportive parcourant une région, un pays en plusieurs étapes. Tour (cycliste) d'Espagne, d'Italie; tour (automobile) de Corse. Le rallye de Monte-Carlo, le tour de France automobile (Jeux et sports, 1967, p. 1638).
Tour (de France cycliste). Épreuve cycliste parcourant la France en plusieurs étapes. Synon. la grande Boucle*.Étapes du Tour; gagner le Tour de France. En 1903, naît le Tour de France, dont le fondateur, Henri Desgrange, allait, pendant plus de trente ans, créer en des comptes rendus pittoresques le style de la critique sportive (Comment parlent les sportifsds Vie Lang.1952, p. 137).V. cycliste ex. 1, maillot B 2 b ex. de G. Pérec.
P. méton. Les coureurs, la caravane de cette épreuve. Ils aimaient les sports. Il fallait les voir quand passait le Tour de France (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 84).
C. − Mouvement giratoire de trois cent-soixante degrés. Synon. rotation.Tour complet; tour de broche, de clef, d'hélice, de vilebrequin; tour de torsion; tour de valse; fermer la porte à double tour (de clef); rotation de x tours (par) minute, (par) seconde (abrév. tr/mn, tr/s). Le remueur saisit la champenoise par le fond (...) et la laisse retomber, écartée d'un sixième ou d'un huitième de tour de sa position première (Hamp, Champagne, 1909, p. 157).Dans les machines à temps d'arrêt, le cylindre fait un tour au contact du marbre pour imprimer la feuille puis s'arrête pour le laisser revenir (Civilis. écr., 1939, p. 8-10).V. roue A 1 ex. de Gyp et D 2 ex. de Sainte-Beuve.
Tour d'horizon. V. horizon C 2 c.Tour(s) de manivelle*. Donner le tour de manivelle*. Tour de vis*. Compteur* de tours. Compte-tours. V. comp. 3 s.v. compter.Donner un tour de clef. V. clef II A.Faire le tour du cadran*. Partir au quart de tour. V. quart2C.Quarante-cinq(-)tours. V. quarante.Trente-trois tours. V. trente.Soixante-dix-huit tours. V. soixante-dix.
En compos. Demi-tour*.
II. − [À propos d'une manière d'agir, d'être]
A. −
1. Exercice difficile, généralement montré en spectacle. Ils allèrent à Médrano. Mmed'Orgel, au roulement de tambour qui accompagnait le tour périlleux, se sentit faible (Radiguet, Bal, 1923, p. 137).Le « jongleur » du moyen âge (...) faisait (...) des tours d'escamoteur et d'acrobate pour amuser ses auditeurs (Arts et litt., 1935, p. 76-12).
SYNT. Tour de cartes (v. carte II C 2), de gibecière, de gobelet; tour d'acrobatie, d'adresse, d'agilité, d'équilibre, d'escamotage, de jonglage, de magie, de passe-passe*, de prestidigitation, de souplesse; faiseur* de tours; exécuter, faire un tour; avoir plus d'un tour, bien des tours dans son sac (v. sac1).
Vieilli. Tour de bâton, tour du bâton. Tour de prestidigitation. Au fig. Profit illicite. Synon. retour* de bâton.Son emploi lui vaut tant par an, sans le tour du bâton (Ac. 1835, 1878). Malgré les droits de commission et les tours de bâton de ses associés, il réalise un très-honnête bénéfice (Mérimée, Mél. hist. et littér., 1855, p. 313).
Tour de force. Action qui demande beaucoup de force. En portant ce fardeau jusque-là, vous avez fait un tour de force (Ac.).Sur la corde tendue un jeune voltigeur Apprenoit à danser; et déja son adresse, Ses tours de force, de souplesse, Faisoient venir maint spectateur (Florian, Fables, 1792, p. 94).Au fig. Exploit, coup de maître. Réussir sa vieillesse, quel tour de force! (Mauriac, Journal 2, 1937, p. 181).
2. Action habile et rusée commise au détriment de quelqu'un. Synon. blague2, coup, farce2, niche2.Filer avec un homme, se coller à seize ans, lorsqu'on avait une famille dans le besoin! (...) On pouvait pardonner une bêtise, mais une mère n'oubliait jamais un pareil tour (Zola, Germinal, 1885, p. 1331).C'était (...) une entourloupe continuelle... Il me faisait des tours effroyables (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 468).
SYNT. Tour pendable*; tour de brigand, de cochon* , jouer* un (bon) tour à qqn; jouer* un mauvais, un méchant, un sale, un vilain tour à qqn; faire, jouer à qqn un tour de sa façon*; cela/qqc. jouera un mauvais tour à qqn (v. jouer).
Le tour est joué. La mystification, la ruse a réussi. Ballmeyer profitait de l'inattention générale pour appliquer un fort coup de tampon sur l'ordre de mise en liberté (...). Le tour était joué. L'escroc sortit en jetant négligemment le papier signé et timbré aux gardes de la souricière (G. Leroux, Parfum, 1908, p. 58).
B. −
1. Manière spécifique d'être, de procéder, d'évoluer. Synon. allure, façon, forme, physionomie, tournure.Connaître les tours du métier; changer le tour d'une conversation; donner, prendre un mauvais tour, un tour aimable, intime, négligé, romanesque; tour que prennent les événements. Une résille tendue sur des cheveux très noirs les empêchait de perdre le tour plein d'agrément que M. Paul leur imprimait (Carco, Homme traqué, 1922, p. 17).Elle est spirituelle, c'est tout à fait le tour de son père (Proust, Fugit., 1922, p. 582).
Tour d'esprit. V. esprit 2eSection I B 1.
Tour de main. V. main 1reSection I H 1 d β.
2. Manière spécifique de s'exprimer, d'être exprimé; ce qui est exprimé. Synon. expression, formule, tournure.Tour de langage, d'une langue; tour grammatical, syntaxique; tour recherché. Vous avez dit quelque part, mon cher Huysmans, avec ce tour humoristique qui vous appartient: « Il faut que Dieu ne soit pas difficile pour se contenter de gens comme moi! » (Coppée, Bonne souffr., 1898, p. 168).« Cette église est très belle » est un tour parfaitement neutre: mais prononcée devant la cathédrale de Chartres, cette phrase peut rendre et communiquer une forte vibration émotive (Bally, Lang. et vie, 1952, p. 76).
Tour de phrase. V. phrase I A 1.
III. − [Dans une séquence réglée d'actions de même nature] Moment de faire quelque chose. Tour de corvée, de garde, de parole; attendre, céder, passer son tour; dire, se lever, parler, sortir à son tour; mon, ton... tour vient; c'est (à) mon, ton... tour (de faire qqc.); chacun (à) son tour. Le crieur qui indiquait aux tireurs leur tour était bien long à appeler le nom du duc (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 455).Les branches sautent, rasées à fleur de tronc, et puis sont sciées, et les fûts à leur tour débités en billes (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 49).
Vieilli. [Dans l'admin., dans l'armée] Tour de bête. Avancement à l'ancienneté. Passer capitaine à son tour de bête (Delvau1883).Blondel dut prendre son tour de bête, derrière on ne sait qui de ceux que les papiers administratifs ont, pour une fois, raison d'appeler, sans plus de cérémonie: « ce fonctionnaire » (L. Febvre, Blondel, [1940] ds Combats, 1953, p. 374).
[Dans un spectacle] Tour de chant. Ensemble des chansons interprétées par un/une artiste. C'est à Toulouse qu'il [Céleste] reprit la chanson des Pompiers de Nanterre et eut l'idée d'ajouter à son tour de chant un peu de mime, un peu de danse (Hist. spect., 1965, p. 1544).
Tour de faveur. Fait de passer avant le moment imparti à quelqu'un. L'an dernier, comme on organisait à Hanoï un détachement pour reprendre une pagode sur les pirates du Yen-Thé, il a sollicité un tour de faveur (Vogüé, Morts, 1899, p. 266).Les journaux (...) proprement politiques réservent un tour de faveur aux écrits des groupes dont ils partagent ou inspirent les tendances idéologiques (Meynaud, Groupes pression en Fr., 1958, p. 136).
Loc. adv.
Tour à tour
L'un après l'autre. Parler tour à tour. L'un des plus bavards s'avançait au milieu du groupe, et, prenant à témoin tour à tour chacun de ses compagnons qui l'approuvaient bruyamment, racontait quelque longue histoire de maraude (Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p. 14).Le système païen, le système chrétien, le système panthéiste, le système spiritualiste ont donné tour à tour ou simultanément des œuvres de valeur sensiblement égale (Faure, Espr. formes, 1927, p. 137).
Alternativement, successivement. Être tour à tour gai ou triste. Il poussait des cris tour à tour aigus et rauques, terrifiants et plaintifs (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 28).L'hyperthyroïdien passe allégrement d'un sujet à l'autre, tour à tour affirme et nie, lasse l'entourage par son humeur sautillante (Mounier, Traité caract., 1946, p. 168).
Rem. La graph. tour-à-tour est vieillie: Chaque état eut son collège de prêtres, lesquels, tour-à-tour auxiliaires ou rivaux, hâtèrent par leurs disputes le progrès des sciences et des découvertes (Volney, Ruines, 1791, p. 286).
À tour de rôle*.
Plus souvent* qu'à son tour.
En partic. Tour (de scrutin). Vote d'un scrutin. Scrutin à un, à deux tours; scrutin majoritaire uninominal à un, à deux tours; premier, deuxième tour d'une élection; être élu au premier tour. Poincaré au premier tour, au second tour Pams, arrivaient en tête de ce que les journaux du lendemain appelèrent la représentation des couturières de l'élection présidentielle (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 224).Si deux ou plusieurs membres ont obtenu le même nombre de voix sans qu'il y ait un siège pour chacun, il est procédé à un tour spécial de scrutin entre ces membres (Cons. S.D.N., 1938, p. 20).
BOULANG., PÂTISS. Chacune des façons donnée à la pâte à pain ou à la pâte feuilletée. (Dict. xixeet xxes.).
REM.
Tour-opérateur, tour-operator, subst. masc.Synon. de voyagiste (dér. s.v. voyage).Quand, voilà deux ans, l'Agence Havas le plaça à la tête de sa filiale Airtour, au moment de la fusion de celle-ci avec Euro 7, le passif des deux tour-operators associés s'élevait à treize millions de francs (Le Point, 25 juill. 1977, p. 62, col. 2).
Prononc. et Orth.: [tu:ʀ]. Homon. tour1 et 2. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Déb. xiies. al lur turn « lorsque c'est à eux » (St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 1092); à tour de rôle*; 1456-67 tour a tour « successivement » (Cent Nouvelles nouvelles, éd. F. P. Sweetser, p. 230); 1640 c'est à son tour (Oudin Curiositez); 1690 terme de jeu de cartes (Fur.); 1805 tour du scrutin, tour (Lunier, Dict. des sc. et des arts, t. 3, p. 299); 1818 théâtre tour de faveur (E. Deschamps, H. de Latouche, Le Tour de faveur [titre]); 1904 milit. tour de garde (Nouv. Lar. ill.). B. 1. a) 1121-34 avoir en tur « comporter, avoir dans ses limites » (Philippe de Thaon, Bestiaire, éd. E. Walberg, 1844); av. 1188 tor « ce qui limite quelque chose » (Partenopeus de Blois, éd. J. Gildea, 500); spéc. 1662 tour de visage (Pascal, Pensées, éd. L. Lafuma, 44-82, p. 504); b) ca 1280 avoir de tour « avoir un périmètre de » (Adenet le Roi, Cleomadès, éd. A. Henry, 15976); 2. 1373 tour « objet qui se dispose autour de quelque chose » (8 févr., Tut. des enf. de Maigne dou Gardin, A. Tournai ds Gdf. Compl.: tour de bos); 1559 tours de lictz (Amyot, Lyc., 23 ds Littré); 1386 désigne un accessoire vestimentaire (Compt. de l'argent., ap. Douet d'Arcq, Nouv. Compt., p. 165 ds Gdf. Compl.: tours de bras); vivant surtout dans le syntagme tour de cou 1671 (Pomey); 1765 mar. (Encyclop. t. 16, p. 455a: tour de cable); 3. a) ca 1176 tor « ligne sinueuse, détour » (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 106); spéc. 1872 mar. (Littré: Prendre du tour, gouverner de manière à contourner un cap, un navire, un danger); b) 1216 fig. tour « digression (dans un discours) » (Anger, trad. Vie St Grégoire, éd. P. Meyer, 1123 ds Romania t. 12, p. 167); 1559 plur. tours « détours » (Amyot, Thés., 22 ds Littré); c) ca 1225 faire maint tour au + indication de lieu (Reclus de Molliens, Miserere, éd. A. G. van Hamel, CLXXI, 7); ca 1380 faire un tour à « aller à » (Cuvelier, Livre du bon Jehan, éd. E. Charrière, 3311, t. 2, p. 530); 1609 faire un tour (de quay) « (le) parcourir rapidement » (La Petite bourgeoise, in Sigogne, Œuvres satiriques, p. 266 ds Quem. DDL t. 19); 1660 faire un tour « faire une promenade » (Oudin Fr.-Esp.), déjà 1640 (Oudin Curiositez: un Tour de pourmenade .i. une petite pourmenade. un petit Tour, idem); 4. a) 1616 faisant le tour de leur païs « le parcourant » (D'Aubigné, Tragiques, éd. E. Réaume et de Caussade, t. 4, p. 206); 1807 faire le tour de + subst. plur. « s'y rendre successivement » (Staël, Corinne, t. 3, p. 222); 1922 loc. faire le tour du propriétaire (Martin du G., Thib., Pénitenc., p. 759); b) ca 1830 fig. faire le tour de qqn « en étudier les divers aspects » (Sainte-Beuve, Poésies, Sonnets, Épilogue ds Littré); 5. 1690 (Fur.: Tour, se dit aussi d'un petit voyage qu'on fait en quelque lieu [...] tour de); 1798 tour de France (Ac.: On dit familièrement d'Un artisan, Faire son tour de France, pour dire, Parcourir la France en exerçant sa profession); déjà tour d'Espagne 1747 (Lesage, Gil. Bl., II, 7 [éd. 1757] ds Littré); 1869 tour de France « son parcours en suivant grossièrement ses frontières » (Le Vélocipède illustré, 20 mai, 4 in Jeanes, p. 183 ds Quem. DDL t. 3); 1903 tour de France désigne l'épreuve cycliste (Vie au Grand Air, 10 juill. ds Petiot); 1964 tour de ville (Lar. encyclop.: Tour de ville, cavalcade ou défilé publicitaires organisés par un cirque ambulant, lors de son arrivée dans une ville, à l'occasion de ses représentations); 6. 1901 sports tour d'honneur « celui effectué par le vainqueur de l'épreuve » (L'Auto-vélo, 6 mai ds Petiot); 1904 tour « parcours en circuit fermé que les concurrents doivent effectuer » (L'Auto, 25 avr., ibid.). C. 1. a) Ca 1160 ter « mouvement giratoire accompli par quelque chose » (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 245); ca 1165 « id. (de quelqu'un) » faire maint tour « se tourner de nombreuses fois » (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 18143); b) 1288 tor (de danse) (Deltambeor nostre dame, éd. W. Foerster, 172 ds Romania t. 2, p. 319); spéc. loc. 2. a) 1489 à tour (d'une serrure) (ds Ordonnances des rois de France, t. 20, p. 189); subsiste dans le syntagme à double tour (Widerhold Fr.-all.); b) ca 1510 à tours de bras « de toute la force de son bras » (O. de La Marche, Mém., éd. H. Beaune et J. d'Arbaumont, t. 2, p. 126); 1534 fig. (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder, 35, 7, p. 213); c) 1634 tour de main « coup » (Corneille, Galerie du Palais, I, IX, 248); 1640 (Oudin Curiositez: en vn Tour de main .i. en un instant); 1848 (Besch.: Les ouvriers appellent tour de main une opération tellement facile que tout le monde peut l'exécuter); d) 1583-90 tour de raings « avarie (d'un navire) » (Brant., Capit. fr., Œuvr., IV, 147 ds Gdf. Compl.); 1640 pop. (Oudin Curiositez: vn Tour de reins .i. un effort); av. 1654 fig. tour de reins « endroit faible (d'une œuvre) » (Balz., Barbon. ds Littré); 1675 tour « point faible (d'une personne) » (Sévigné, Lettre, 26 juill., éd. R. Duchêne, p. 22); e) 1854 lutte gr. tours de bras (Chapus, Le Sport à Paris ds Petiot). D. 1. 1176-84 tor « façon d'être, aspect extérieur » (Gautier d'Arras, Eracle, éd. G. Raynaud de Lage, 6503); subsiste surtout dans le domaine abstr. 1654 donner un certain tour aux choses (Sorel, Disc. sur l'A. fr. d'apr. l'Histoire de l'A., éd. Livet, t. 1 ds Brunot t. 3, pp. 251-252, note 1); 1659 avoir un tour dans l'esprit « avoir un certain genre d'esprit » (Molière, Précieuses ridicules, 9); 1672 tour d'esprit (Flech., Duch. de Mont. ds Littré); 1674 (Hauteroche, Crisp[in] music[ien], V, 1 ds Livet Molière); 2. 1181-90 tor « action ou moyen d'action qui suppose adresse, malice » saveir molt de tors, faire tors (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. W. Roach, 5438 et 5676); ca 1275 vilains tours « mauvais coup, tromperie » (Adenet le Roi, Enfances Ogier, éd. A. Henry, 2904); fin xiiies. mauvais tour (Roman du Chastelain de Coucy, 4908 ds T.-L.); 1377 joer de ses faus tours a aucun « jouer un mauvais tour à quelqu'un », v. jouer; 3. 1306 tour « mouvement exigeant souplesse et habileté » (Guillaume Guiart, Royaux lignages, éd. de Wailly et Delisle, 18385); spéc. tour de + subst. fin xives. fig. tour du baston (Grandes chron. de France, éd. R. Delachenal, t. 2, p. 304); xvies. tour de passe pas, v. passe-passe. Déverbal de tourner*.
STAT.Tour1, 2 et 3. Fréq. abs. littér.: 20 719. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 31 101, b) 28 507; xxes.: a) 32 138, b) 26 972.
BBG.Quem. DDL t. 3 (s.v. tour de France), t. 9 (id.), 18, 19, 32, 34, 36, 38.

Wiktionnaire

Nom commun 2 - français

tour \tuʁ\ masculin

  1. (Métrologie) (Géométrie) Angle particulier valant 360° ou 2π rad. Le secteur angulaire correspond alors au plan complet. Symbole : tr. Les vitesses angulaires s’expriment en général en tr/min.
  2. (Par extension) Périmètre, itinéraire suivant les contours d’un objet, d’un sujet.
    • Faire le tour d’une question
    • J’ai fait le tour du bâtiment, et je n’ai rien vu.
  3. (Sport, Tourisme) Circuit formant une boucle fermée.
    • As-tu suivi le Tour de France ?
  4. Mouvement d’allée et venue, de parcours fait dans un endroit donné.
    • Tu viens, on va faire un tour.
  5. Action exigeant de l’habileté, de l’agilité.
    • Les magiciens font des tours de passe-passe, des tours de magie.
    • La prestidigitation de certaines courtisanes réussit des tours incompréhensibles... — (Pierre Louÿs, Trois filles de leur mère, René Bonnel, Paris, 1926, chapitre II)
    • Autoritaire, le rouquin exposa à la jeune fille que mes bêtes étaient réellement des chevaux indomptés. Il était certainement dangereux de les approcher, pour qui ne connaissait pas les tours du métier. — (Maurice Constantin-Weyer, Un homme se penche sur son passé, 1928, réédition Nelson, pages 45-46)
  6. (Par extension) Action néfaste et malicieuse portée à l’encontre de quelqu’un d’autre.
    • Il m’a joué un tour, il va me le payer.
  7. Rang successif ou alternatif, dans le déroulement d’une activité ou d'une action.
    • L’Itabera illumine le quai.[…]. Des voyageurs montent à la coupée et en descendent. Nous la gravissons à notre tour. — (Albert Londres, L'Homme qui s'évada, Les Éditions de France, 1928, page 198)
    • C'était une élection toute politique. M. d'Haussonville passa au premier tour de scrutin, au nez et à la barbe du parti impérialiste, qui n'avait trouvé personne à lui opposer. — (Léon Séché, Le Cénacle de Joseph Delorme : 1827-1830 : Victor Hugo et les poètes, ‎Ligaran, 2015)
    • Un matin, elle assista à une scène qui la bouleversa. Un patient attendait son tour afin de passer une radio. Assis sur un chariot, il lisait un policier de la collection le Masque. — (Louis Nucéra, Le kiosque à musique, éd. Grasset, 1984)
  8. Forme, allure, apparence, manière.
    • Vicente en eût dit bien davantage si dans ce moment le château de Murviedro, que nous aperçûmes au tournant de la route, n’eût donné un autre tour à notre conversation. — (Prosper Mérimée, Lettres d’Espagne, 1832, réédition Éditions Complexe, 1989, page 121)
    • J’avais dit une fois :
      Et tous réunis, ils burent un bon verre de vin.
      « Un bon ! — Ce garçon-là n’a rien de fleuri, rien, rien ; je ne serais pas étonné qu’il fût méchant. Un bon ! Quand notre langue est si fertile en tours heureux, pour exprimer l’opération accomplie par ceux qui portent à leurs lèvres le jus de Bacchus, le nectar des Dieux !
      — (Jules Vallès, L’Enfant, G. Charpentier, 1889)
    • « Tu sais que, d’un mot, bien placé, on peut sauver un malheureux, donner un autre tour à son démon intérieur. Cela m’est arrivé plus d’une fois ». — (Léon Daudet, ‘’Souvenirs des milieux littéraires, politiques, artistiques et médicaux/Salons et Journaux’’, Grasset, 1917, réédition Le Livre de Poche, page 320)
    • […] elle anéantissait mes illusions en souriant à mon ennemi, en lui posant de ces questions niaises qui forment le fond de tant de conversations entre grandes personnes et dont elle attrapait le tour avec le talent d’imitation qu’ont presque toutes les petites filles. — (Julien Green, Le voyageur sur la terre, 1927, Le Livre de Poche, page 126)
  9. (Par ellipse) Tour d’abandon.
    • L’une des caractéristiques les plus marquantes des premiers hospices modernes pour enfants trouvés était une niche creusée dans un mur et pourvue d’une porte à tambour qui permettait à un parent ou à un serviteur de mettre un enfant en sécurité sans crainte d’être vu. En France, on appelait ça le tour, en Italie, la ruota. — (Jean Lelièvre, L’Enfant inefficient intellectuel, Bréal, 2005, page 172)
  10. (Droit) (Par ellipse) Droit du voisin possédant un mur privatif à passer dans la propriété contiguë pour l’entretenir. → voir tour d’échelle
    • On connaissait sous l’ancien droit, dans quelques coutumes, une servitude légale, nommée servitude d'échelage, ou tour de l’échelle, qui donnait le droit à chaque propriétaire , lorsqu’il faisait réparer son mur ou son édifice, de poser ses échelles sur l’héritage voisin. — (Claude Nicolas Lalaure, Traité des servitudes réelles, à Paris chez Tournachon-Molin, 1827, page 813)
  11. (Coiffure) Ensemble de cheveux postiches couronnant la tête.
    • Norine.– Un tour de cheveux blonds !… Palsambleu ! monsieur !…
      Lenglumé, à part.– Un tour !… Mais alors…
      (Regardant l’alcôve.) C’est une femme ! j’ai ramené une femme !… — (Eugène Labiche, L’affaire de la rue de Lourcine, 1857, Scène 3)
    • Norine, lisant.– « Plus : un bonnet de femme, un soulier du même sexe et un tour en cheveux appartenant à la demoiselle de comptoir. » — (Eugène Labiche, L’affaire de la rue de Lourcine, 1857, Scène 21)

Nom commun 1 - français

tour \tuʁ\ féminin

  1. Construction élevée, cylindrique, carrée ou polygonale.
    • Dans certains cas, le corps du moulin est fixe et forme une tour en maçonnerie, sur laquelle peut tourner la toiture en entraînant avec elle l'arbre et les ailes. — (Edmond Nivoit, Notions élémentaires sur l’industrie dans le département des Ardennes, E. Jolly, Charleville, 1869, page 114)
    • De style ogival flamboyant, à ornementation très fouillée, surtout dans la façade et les tours, ses arcs-boutants, ses clochetons, ses pinacles gothiques sont remarquables. — (Gustave Fraipont; Les Vosges, 1895)
    • Les bases des tours visigothes sont carrées ou ont été grossièrement arrondies pour recevoir les défenses du Ve siècle. — (Eugène Viollet-le-Duc, La Cité de Carcassonne, 1888)
    • La loge du concierge figure une tour carrée, avec une plate-forme à créneaux, garnie d'échauguettes. — (Octave Mirbeau, Le gamin qui cueillait les ceps, dans La vache tachetée, 1918)
    • Un adolescent est retiré de la file. Juste avant qu'une forte détonation venue d'une tour militaire l’envoie bouler sur l’asphalte, la tête broyée par une balle de mitrailleuse. — (Calixte Baniafouna, Devoir de mémoire, page 160, L'Harmattan, 2001)
  2. (Histoire, Militaire) Machine de guerre que les Romains attachaient sur le dos des éléphants de combat et dans lesquelles ils plaçaient ordinairement des archers.
  3. (Échecs) Pièce du jeu d’échecs, de la forme de la construction du même nom (1), pouvant se déplacer horizontalement et verticalement et située au début du jeu dans les angles de l’échiquier.
    • Le roi, en rocquant, ne doit sauter que deux cases, c'est à-dire, que la tour avec laquelle il rocque, se mettra sur la case attenant immédiatement au roi, et celui-ci, sautant par dessus, se placera de l'autre côté de la tour. — (Hilaire Le Gai, Almanach des jeux : Académie nouvelle, Paris : Passard, 1853, page 168)
    • Volontiers, comme il faisait naguère aux échecs, il eût donné la tour à l’adversaire, et, comme si l’événement tout à coup lui faisait le gain trop facile et désintéressait tout son jeu, il sentait qu’il n’aurait de cesse qu’il n’eût poussé plus loin le défi. — (André Gide, Les Caves du Vatican, 1914)
  4. (Industrie) Appareil vertical de forme généralement cylindrique.
    • Tour de dialyse.
    • Tour de lavage.
  5. (Informatique) Boîtier d’ordinateur non portable.
  6. (Sport) Construction supportant les différents plongeoirs.
    • Une tour de plongeons.
  7. (Héraldique) Meuble représentant le bâtiment du même nom dans les armoiries. Elle est généralement représentée ronde mais peut aussi être carrée. Elle présente généralement une porte pouvant être ouverte ou fermée, deux ouvertures ouvertes ou non et trois créneaux. Quand on s’éloigne de ces éléments, il est préférable de le spécifier dans le blasonnement. Elle est dite ouverte quand la porte est d’un autre émail, ajourée quand les fenêtres sont d’un autre émail, crénelée de n pièces quand le nombre de créneaux est différent de trois, girouettée quand elle porte une girouette, hersée quand la porte est remplacée par une herse, maçonnée quand les joints sont d’un émail particulier et donjonnée quand elle porte des donjons (il faut en préciser le nombre). À rapprocher de beffroi, donjon et phare.
    • D’azur à trois tours d’argent, maçonnées de sable, mal ordonnées, qui est de la commune de Beaufort de Savoie → voir illustration « armoiries avec 3 tours »
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Littré (1872-1877)

TOUR (tour) s. f.
  • 1Bâtiment élevé, rond ou à plusieurs faces, qui servait autrefois à fortifier l'enceinte des villes, des châteaux, etc. Les tours étaient carrées : chaque côté de la tour avait vingt pieds de largeur, Sacy, Bible, Judith, I, 3. Restait cette redoutable infanterie de l'armée d'Espagne dont les gros bataillons serrés, semblables à autant de tours, mais à des tours qui sauraient réparer leurs brèches…, Bossuet, Louis de Bourbon. Quand verrai-je, ô Sion, relever tes remparts, Et de tes tours les magnifiques faîtes ? Racine, Esth. I, 2. Diodore de Sicile nous apprend qu'il y avait sans cesse au haut de la tour de Babylone un astronome en faction qui observait les levers et les aspects des astres au moment de la naissance d'un enfant, Bailly, Hist. astr. anc. p. 144.

    Fig. Il est donc vrai que c'est la dernière goutte [n'avoir pas remis à temps une dépêche au roi] qui a fait répandre le verre [disgracier Pompone] ; ce qui nous fait chasser notre portier, quand il ne nous donne pas un billet quo nous attendons avec impatience, a fait tomber du haut de la tour, Sévigné, 8 déc. 1679.

    Fig. Défense. Le poëte Fortunat a chanté, après saint Chrysostome, que Rome avait deux remparts et deux tours dans saint Pierre et dans saint Paul, Bossuet, Var. XII.

  • 2Il se dit pour clocher. La tour de l'horloge. Ces temples, ces tours qui portent si haut dans les airs les éclatants attributs du christianisme, Mirabeau, Collection, t. v, p. 301. Proclamant sur son âme Les tours de Notre-Dame Centre de l'univers, Béranger, Jean de Paris.

    Tours de beurre, nom donné aux clochers de plusieurs de nos cathédrales, à cause qu'elles avaient été bâties à l'aide de fonds provenant des offrandes faites par les paroissiens qui avaient obtenu l'autorisation de manger du beurre en carême.

  • 3La tour de Babel, la tour que, suivant la Bible, les descendants de Noé essayèrent d'élever jusqu'au ciel, et dont Dieu arrêta la construction en faisant que les hommes cessèrent de parler le même langage et de s'entendre. Saint Jérôme… dit que la tour de Babel avait déjà quatre mille pas de hauteur ; ce qui ferait vingt mille pieds, si c'étaient des pas géométriques, Voltaire, Phil. Bible expl. Gen.

    Fig. Nous brûlons de désir de trouver une assiette ferme et une dernière base constante, pour y édifier une tour qui s'élève à l'infini, Pascal, Pens. I, 1, édit. HAVET.

    Fig. et familièrement. Tour de Babel ou tour de Babylone, lieu où tout le monde parle à la fois et sans s'entendre. C'est véritablement la tour de Babylone, Car chacun y babille, et tout du long de l'aune, Molière, Tart. I, 1.

  • 4La tour de Londres, vieux château bâti près de la Tamise par Guillaume le Conquérant, duc de Normandie. Semblable à l'aigle qui ne perd jamais de vue le nid de ses aiglons, Londres voit du sommet de sa tour ses colonies croître et prospérer sous ses regards attentifs, Raynal, Hist. phil. XIV, 4.

    Absolument, la Tour (avec une majuscule). Je voulais des premiers saluer à la Tour Le roi, qu'auprès de vous je croyais de retour, Delavigne, Enfants d'Édouard, II, 4.

  • 5Réduit construit dans les batteries de côte qui sont exposées à être attaquées avec du canon.
  • 6Tour casematée, ou tour maximilienne, tour en maçonnerie, garnie de canon, qui est employée dans la fortification allemande.
  • 7Tour tournante, espèce de tour en fer que l'on place sur le tillac des vaisseaux cuirassés, pour y loger des hommes et du canon.
  • 8Tour à feu, ou, simplement, tour, phare placé sur les côtes. La tour de Cordouan.
  • 9Tour de moulin à vent, le bâtiment rond qui porte les ailes et qui renferme la meule.
  • 10 Terme d'antiquité. Machines en forme de tours, placées sur le dos des éléphants, et remplies d'archers.

    Tour mobile, machine de guerre des anciens employée dans les siéges. Il fallut [dans les siéges chez les anciens] trouver un autre moyen pour arriver jusqu'à la hauteur du rempart ; et ce fut de bâtir des tours de bois roulantes plus hautes que les murs, et de les en rapprocher, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. II, p. 409, dans POUGENS.

  • 11Arbalète à tour, ancienne machine de guerre destinée à agir contre les tours ; il faut la distinguer de l'arbalète à tour, arme portative (voy. TOUR 2).
  • 12Aux échecs, la pièce qu'on appelait autrefois roc, et qui est placée aux coins de l'échiquier.
  • 13 Terme de pêche. Enceinte ronde des bourdigues, dans laquelle les poissons se rassemblent.
  • 14 Terme de construction. Tour ronde, se dit du parement convexe d'une portion de mur cylindrique.

    Tour creuse, parement concave d'un mur cylindrique.

  • 15 Terme de serrurerie. Tour creuse, nom des plaques de fonte circulaires qui se placent dans les angles du contre-cœur d'une cheminée.

HISTORIQUE

XIe s. Od [avec] ses cadables [machines de guerre] les turs en abatied, Ch. de Rol. VIII.

XIIe s. Il ont veü du Man la tor et le donjon, Sax. XXII. Vers nous ne se tenra [tiendra] forteresse ne tours, ib. XXVII.

XIIIe s. Or est Renart dedens sa tor, Ren. 917.

XVe s. Pour ce vous tien ma dame et ma deesse, Mon refuge, ma fortresse et ma tour, Deschamps, Poésies mss. f° 184.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « tour »

Bourguig. tor ; provenç. tor ; espagn. et ital. torre ; du lat. turris, qui est le grec τύρσις ou τύῤῥις. Les langues celtiques ont : gaél. torr, tour, éminence, monticule ; irland. tor.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

(Nom 1) Du latin turris (« tour »).
(Nom 2) De tourner.
(Nom 3) Du latin tornus (« tour de potier »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « tour »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
tour tur

Fréquence d'apparition du mot « tour » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « tour »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « tour »

  • Ton sein est une coupe ronde, pleine d’un vin aromatisé ; ton corps est un monceau de froment entouré de lis. Tes deux seins sont comme les deux jumeaux d’une gazelle. Ton cou est comme une tour d’ivoire ; tes yeux sont les piscines d’Hésébon, situées près de la porte Fille de la foule ; ton nez est droit et fier comme la tour du Liban, qui surveille le côté de Damas.
    Bible — Cantique des Cantiques
  • .Venu parler musique, le jeune mélomane doit répondre à toutes les questions de l’écrivain qui, dans sa tour d’ivoire, s’interroge sur la situation en Allemagne, sociale, politique, militaire.
    Jérôme Prieur — Proust fantôme
  • Et maintenant ? Où et quand trouverai-je le temps d’essayer de me voir. On veut me faire croire que pour penser un peu il n’est pas besoin d’une tour d’ivoire. Sans doute, mais elle est bien utile…
    Raymond Dumay — Mon plus calme visage
  • Hugo puissant et fort, Vigny soigneux et fin,D’un destin inégal, mais aucun d’eux en vain,Tentaient le grand succès et disputaient l’empire.Lamartine régna ; chantre ailé qui soupire,Il planait sans effort. Hugo, dur partisan(Comme chez Dante on voit, Florentin ou Pisan,Un baron féodal), combattit sous l’armure,Et tint haut sa bannière au milieu du murmure :Il la maintient encore ; et Vigny, plus secret,Comme en sa tour d’ivoire, avant midi, rentrait.
    Charles-Augustin Sainte-Beuve — Pensée d’Août
  • Pour nous, les acteurs, vous êtes un vrai mystère. Souvent, j’ai demandé à Alain Séguret s’il était possible de vous rencontrer, mais il vous décrit comme des gens assez peu liants, enfermés dans leur tour d’ivoire.
    Tonino Benacquista — Saga
  • Mais comme chaque chose a sa raison, et que la fantaisie d’un individu me paraît tout aussi légitime que l’appétit d’un million d’hommes et qu’elle peut tenir autant de place dans le monde, il faut, abstraction faite des choses, et indépendamment de l’humanité qui nous renie, vivre pour sa vocation, monter dans sa tour d’ivoire et là, comme une bayadère dans ses parfums, rester, seul, dans nos rêves
    Gustave Flaubert — Correspondance
  • […] il sait que je tremble pour Bost et il éprouve ma sérénité en me parlant des tortures mentales d’Ehrenbourg; il est d’ailleurs marrant, il n’est pas mobilisé et ne le sera pas, il est paisible comme tout et il parle avec un air d’héroïsme de s’enfermer dans une tour d’ivoire, de se faire une vie agréable, de boire, manger, se divertir […]
    Simone de Beauvoir — Lettres à Sartre
  • La femme est un sujet dont on n'a pas fini de faire le tour.
    Henri Jeanson
  • Ma négritude n’est pas une pierre, sa surdité ruée contre la clameur du jourma négritude n’est pas une taie d’eau morte sur l’œil mort de la terrema négritude n’est ni une tour ni une cathédrale
    Aimé Césaire — Cahier d’un retour au pays natal
  • Voici des hommes noirs debout qui nous regardent et je vous souhaite de ressentir comme moi le saisissement d’être vus. Car le blanc a joui trois mille ans du privilège de voir sans qu’on le voie ; il était regard pur, la lumière de ses yeux tirait toute chose de l’ombre natale, la blancheur de sa peau c’était un regard encore, de la lumière condensée. L’homme blanc, blanc parce qu’il était homme, blanc comme le jour, blanc comme la vérité, blanc comme la vertu, éclairait la création comme une torche, dévoilait l’essence secrète et blanche des êtres. Aujourd’hui ces hommes noirs nous regardent et notre regard rentre dans nos yeux ; des torches noires, à leur tour, éclairent le monde et nos têtes blanches ne sont plus que de petits lampions balancés par le vent…
    Jean-Paul Sartre — « Orphée noir »
Voir toutes les citations du mot « tour » →

Traductions du mot « tour »

Langue Traduction
Anglais tower
Espagnol torre
Italien torre
Allemand turm
Chinois
Arabe برج
Portugais torre
Russe башня
Japonais タワー
Basque dorrea
Corse torre
Source : Google Translate API

Synonymes de « tour »

Source : synonymes de tour sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot tour au Scrabble ?

Nombre de points du mot tour au scrabble : 4 points

Tour

Retour au sommaire ➦