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Ombrage

Variantes Singulier Pluriel
Masculin ombrage ombrages

Définitions de « ombrage »

Trésor de la Langue Française informatisé

OMBRAGE, subst. masc.

I. − [Correspond à ombre1]
A. −
1.
a) Ce qui produit de l'ombre.
Ensemble d'arbres, masse de feuillage faisant écran à la lumière du soleil. Ombrages épais, verts; beaux, vastes, vieux ombrages; l'ombrage des bois. Les longues murailles d'ombrages que forment les haies épaisses des lauriers taillés (...) nous dérobaient à tous les regards (Lamart.,Nouv. Confid.,1851, p. 196).C'était un de ces premiers jours où la forêt (...) ne tend plus aux vivants sous ses ombrages captieux l'asile traître de son insidieuse fraîcheur (Pergaud,De Goupil,1910, p. 110):
. Je n'atteindrai jamais de ces arbres si beaux La couronne verte et fleurie! On dit que le soleil dore leur beau feuillage, Et moi, sous leur impénétrable ombrage, Je devine à peine le jour! Desb.-Valm.,Idylles,1833, p. 4.
P. métaph. L'amitié couvre la vie du plus doux ombrage (Bern. de St-P.,Harm. nat.,1814, p. 310).
Système de protection contre la lumière solaire. Un double ombrage [pour les serres] au moment des grandes chaleurs sera nécessaire. Il se fera soit par badigeonnage des vitres, soit par l'emploi de toiles à ombrer (A. Zimmermann, R. Dougoud, Orchidées exotiques,Neuchâtel, 1959, p. 50).
b) P. anal.
Littér. Ce qui couvre d'une masse sombre, ce qui assombrit. Tes cheveux noirs hérissant ton visage, Sur ton manteau troué répandent leur ombrage (Barbier,Ïambes,1840, p.151).
2. Vieilli ou littér. Ombre produite par des arbres. Ombrages frais. La route est à l'ombrage et douce au pied (Giono,Baumugnes,1929, p. 119).Sur les derniers degrés de marbre, (...) les feuilles d'un tremble font cet ombrage vivant, si pareil au reflet sur un mur d'une eau agitée (Gracq,Syrtes,1951, p.54).
B. − Au fig. Sentiment de méfiance, de susceptibilité, de jalousie, etc., provoqué par la crainte d'être éclipsé, mal traité, etc. La crainte et les terreurs sont le partage des tyrans; je suis sans défiance et sans ombrage, parce que je hais le despotisme (Genlis,Chev. Cygne,t. 2, 1795, p. 27).[Des mélancoliques] ne sont aussi que trop habiles à faire leur propre tourment et celui de tout ce qui les approche, par leurs ombrages et leurs soupçons chimériques (Pinel,Alién. ment.,1801, p. 139).Vous étiez loin de cet abandon où votre coeur bien inspiré vous porte, mais dont vous éloignent je ne sais quels ombrages d'une raison faussement alarmée (M. de Guérin, Corresp.,1837, p. 287).
Loc. verb.
[Le suj. désigne un animal] Prendre ombrage. S'effaroucher, prendre peur. Tel un coursier rétif qui soudain prend ombrage, Ta mémoire recule, ô spectre épouvanté (Moréas,Ériphyle,1894, p. 209).
[Le suj. désigne une pers. ou une chose] Avoir de l'ombrage/beaucoup d'ombrage de (qqc.); prendre ombrage de (qqc.). S'inquiéter, s'offusquer de, jalouser. Nous ne pouvons souffrir aucune réputation; nos vanités prennent ombrage de tout; chacun se réjouit intérieurement quand un homme de mérite vient à mourir (Chateaubr.,Mém.,t. 4, 1848, p.376).
Donner, faire, porter ombrage à qqn; causer, donner de l'ombrage à qqn. Indisposer, inspirer de l'effroi, du dépit. Je crains tout, tout me fait ombrage; je me dis: «Il m'aime, mais demain m'aimera-t-il? (...)» (Flaub.,1reÉduc. sent.,1845, p. 145).Ce livre ne gêne personne, ne porte ombrage à aucun talent! (Goncourt,Journal,1890, p. 1161).
II. − [Correspond à ombrer B 2 a biol.] BIOL. Technique consistant à projeter un mince dépôt (généralement métallique) sur un objet (ou sur son moulage) pour accentuer le contraste de l'image lors de son examen au microscope électronique. Ombrage des frottis (Méd. Biol. t. 3 1972). V. ombrer ex. 2.
Prononc. et Orth.: [ɔ ̃bʀa:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1165 «ensemble de branches et de feuilles qui produit de l'ombre; ombre donnée par cet ensemble» (Benoît de Sainte-Maure, Troie, éd. L. Constans, 13384); 2. 1589 «soupçon, défiance» (Guillaume du Vair, Actions et traitez oratoires, éd. R. Radouant, p. 52); 1604 (Montchrestien, Tragédies, éd. L. Petit de Julleville, Aman, p. 257: Auroit-il pris de moy quelque sinistre ombrage?); 1611 donner ombrage à (Cotgr.). Dér. de ombre1*; suff. -age*. Fréq. abs. littér.: 761. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2093, b)992; xxes.: a) 664, b) 519.

ombrage « ensemble de branches et de feuilles qui donnent de l'ombre »

Wiktionnaire

Nom commun - français

ombrage \ɔ̃.bʁaʒ\ masculin

  1. Ensemble des branches et des feuilles des arbres, qui produit de l’ombre.
    • C’était là, oui là, sous ces ombrages propices au doux repos et aux austères méditations que tous les jours, tous les matins, de dix heures à midi, les couples revenant du marché s’arrêtaient et faisaient des stations, des stations… trop longues pour être honnêtes. — (Louis Pergaud, Le Sermon difficile, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
  2. Ombre donnée par cet ensemble de feuillage.
    • Ces arbres donnent un ombrage agréable.
  3. (Figuré) Malaise provenant de la crainte d’être éclipsé par une autre personne.
    • Donner de l’ombrage à quelqu’un.
    • Il en a pris ombrage. — Tout lui fait ombrage. — Tout lui porte ombrage.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Littré (1872-1877)

OMBRAGE (on-bra-j') s. m.
  • 1Réunion d'arbres, de branches, de feuilles qui donnent de l'ombre. Les cerfs sont étonnés d'y perdre leurs ombrages, Rotrou, Herc. mour. V, 1. Mes arrière-neveux me devront cet ombrage, La Fontaine, Fabl. XI, 8. Je trouve des promenades que j'ai faites, et dont le plant me donne un ombrage qui me fait souvenir que je ne suis pas jeune, Sévigné, Lettre à Bussy, 9 oct. 1675. Je reposais sous l'ombrage, Quand Néris vint m'éveiller, Béranger, Double ivr.

    Poétiquement. Les ombrages verts, l'ombre que font les arbres quand ils sont garnis de leurs feuilles.

  • 2 Par analogie. Obscurcissement, absence de lumière. Prenez garde comme l'art de la peinture y est bien observé, soit aux raccourcissements, soit aux ombrages ou aux proportions, D'Urfé, Astrée, I, 11. Et j'ai devant les yeux toujours quelque nuage Qui m'offusque la vue et m'y jette un ombrage, Corneille, Nicom. III, 4. Nos sens sont des trompeurs dont les fausses images à notre entendement n'offrent rien d'assuré, Et ne lui font rien voir qu'à travers cent nuages Qui jettent mille ombrages Dans l'œil mal éclairé, Corneille, Imit. I, 3. Comme le jour des nuits efface les ombrages, Ou comme le soleil dissipe les nuages, Senecé, Lett. à Mme ***.

    Faire ombrage, projeter une ombre qui nuit. Je fais jeter de grands arbres à bas, parce qu'ils font ombrage, Sévigné, 28 juin 1671.

  • 3 Fig. Soupçon, défiance (attendu que l'ombre excite la défiance et l'inquiétude, particulièrement chez les chevaux). Ton esprit amoureux n'aura-t-il point d'ombrage ? Corneille, Cid, II, 3. L'un conçoit de l'envie et l'autre de l'ombrage, Corneille, Poly. III, 1. Grâces aux immortels, l'effort de mon courage Et ma grandeur future ont mis Rome en ombrage, Corneille, Nicom. II, 3. La prudence et l'honnêteté peuvent bien diminuer la jalousie que l'intérêt fait naître entre les égaux ; mais elles ne peuvent jamais ôter tout l'ombrage que met dans l'esprit des supérieurs le soin de leur sûreté, Retz, Conjur. Fiesque. Quand d'un injuste ombrage Votre raison saura me réparer l'outrage, Molière, D. Garc. I, 3. Vivez, solennisez vos fêtes sans ombrage, Racine, Athal. III, 4. Son humeur aigrie et portée à la défiance et aux ombrages par des malheurs continuels, Rousseau, Corresp. t. VI, p. 392, dans POUGENS.

    Faire ombrage, causer de l'inquiétude, des soupçons. Tout vous nuit, tout vous perd, tout vous fait de l'ombrage, Corneille, Poly. V, 1. Un visir aux sultans fait toujours quelque ombrage, Racine, Bajaz. I, 1. Il pourrait même, sans un grand raffinement d'amour-propre, être humilié de cette bienveillance dédaigneuse, et se plaindre de ne faire à personne assez d'ombrage pour mériter au moins un ennemi, D'Alembert, Élog. St-Aulaire. On murmure, on m'alarme, et tout me fait ombrage, Voltaire, Oreste, II, 3.

    Prendre ombrage, devenir jaloux, se chagriner, s'inquiéter. Si bien que le sénat, prenant un juste ombrage D'un empire si grand sous un si grand courage…, Corneille, Nicom. I, 5. Et mon mari, de vous, ne peut prendre d'ombrage, Molière, Tart. IV, 4. Tout autre aurait pour moi pris les mêmes ombrages, Racine, Phèd. II, 5.

    Donner ombrage, donner de la jalousie, de l'envie, de l'inquiétude. Le moindre vaisseau dans la plage Nous donne aussitôt de l'ombrage, Scarron, Virg. I. Je sais qu'Idoménée a eu le malheur de vous donner des ombrages ; mais il est aisé de guérir toutes vos défiances, Fénelon, Tél. X. Sous Domitien, la religion chrétienne commença à donner quelque ombrage au gouvernement, Voltaire, Dict. phil. Église.

HISTORIQUE

XIIIe s. Fai nous œil à œil sans ombrage, Face à face, non par image, Ton fill veoir en majesté, le Miserere du reclus de Moliens, dans GODEFROY, Lex. de Corneille.

XVIe s. Un cler ruisseau bruyant près de l'umbrage, Marot, III, 293. Ils ont aperceu seulement de loin et en ombrage ce que nous voyons aujourd'hui en pleine clarté, Calvin, Instit. 268. Ce sont des ombrages qui leur viennent de quelques conceptions informes, Montaigne, I, 188. Cette femme sentant les premiers ombrages de grossesse…, Montaigne, II, 14. Ils sacrifioient des pourceaux en figure, payants Dieu en peincture et en umbrage, Montaigne, II, 136. Epicurus tient l'homme sage n'avoir qu'un umbrage et similitude du bonheur, Montaigne, II, 268. Les dogmatistes les plus fermes sont contraints en cet endroit, de se rejecter à l'abry des umbrages de l'Academie, Montaigne, II, 304. Tes bois Dont l'ombrage incertain lentement se remue, Ronsard, Forêt de Gastine.

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Étymologie de « ombrage »

De ombre avec le suffixe -age.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Provenç. umbratge ; du lat. umbraticus, qui vient de umbra, ombre. Dans l'ancienne langue, ombrage est adjectif et signifie soit ombreux, obscur : La prison onbrage, Quesnes, Romanc. p. 94. ; soit ombrageux : Gardés que vous ne soiiez ombrage vers lui, ne changeans de vostre talent, H. de Valenciennes, XII.

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Phonétique du mot « ombrage »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
ombrage ɔ̃braʒ

Fréquence d'apparition du mot « ombrage » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « ombrage »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « ombrage »

  • « L’agrivoltaïsme, c’est le développement d’une activité photovoltaïque compatible avec l’activité agricole, pas forcément sur les toits des bâtiments, cela peut être aussi des panneaux qui font à la fois de l’ombrage et qui protègent des excès d’eau, ou qui servent de support à des filets paragrêle », explique Sébastien Windsor, président des Chambres d’agricultures, pour qui la charte « permettra d’avoir une discussion à l’échelle locale, pour s’adapter à chaque contexte ».
    Terre-net — FNSEA APCA EDF signent une charte pour développer l'agrivoltaïsme
  • Comme le démontrent plusieurs études, l’ombrage, la richesse de la biodiversité et la charge des sols en microéléments ont des conséquences bénéfiques sur les problématiques des caféiers.
    Reporterre, le quotidien de l'écologie — Culture du café : la technologie contre les paysans
  • Notre temps n'est rien plus qu'un ombrage qui passe.
    Théodore Agrippa d'Aubigné — Les Tragiques
  • Les grands talents sont, pour l’ordinaire, plus rivaux qu'amis ; ils croissent et brillent séparés, de peur de se faire ombrage : les moutons s'attroupent et les lions s'isolent.
    Antoine de Rivarol — L’Esprit de Rivarol
  • Voici l'été : épousez une femme ombrageuse !
    Jules Jouy — L'Hydropathe

Traductions du mot « ombrage »

Langue Traduction
Anglais shady
Espagnol sombreado
Italien ombreggiato
Allemand schattig
Chinois 阴凉
Arabe ظليلة
Portugais sombrio
Russe тенистый
Japonais 日陰
Basque itzaltsua
Corse ombreggiata
Source : Google Translate API

Synonymes de « ombrage »

Source : synonymes de ombrage sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « ombrage »

Combien de points fait le mot ombrage au Scrabble ?

Nombre de points du mot ombrage au scrabble : 12 points

Ombrage

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