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Vin

Variantes Singulier Pluriel
Masculin vin vins

Définitions de « vin »

Trésor de la Langue Française informatisé

VIN, subst. masc.

I. − Courant
A. − [Issu exclusivement du raisin]
1.
a) Boisson, généralement alcoolisée, résultant de la fermentation du raisin ou du jus de raisin. Synon. pop. picrate, pinard.Vin bouché; amateur de vin; cave à vin; sauce au vin; goutte de vin; quart de vin; canon, fillette, pot de vin; verre à/de vin; acheter, boire, faire du vin; mettre du vin en bouteilles ; vin en carafe, en pichet, en bouteille. S'étant aperçu que le vin lui déliait la langue, et qu'il trahissait les pensées secrètes de son âme, il s'était dit: « La vigne est un plant de Gomorrhe (...): tu ne boiras plus le jus de la treille » (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p. 150).[Dans un cont. métaph.] :
1. Il regarde dans son dedans; vers la cave de sa poitrine où tant de choses se sont entassées depuis quatre-vingts ans de vie. Et ça s'est débouché tout d'un coup, ça a coulé, clair, puis épais, puis clair encore, la lie et le vin mélangés, comme si la bonde avait sauté d'un tonneau oublié. Giono, Colline, 1929, p. 115.
SYNT. Vin cacheté; vin de coopérative, de négociant, de propriétaire; vin en cercles, en fûts, en citerne, en vrac; barrique, cuve, feuillette, foudre, muid, pipe, tonneau de vin; hectolitre de vin; carafe de vin; bonbonne, bouteille, caisse de vin; éleveur, marchand de vin; commerce, fabrication, production, récolte, transport du vin; pays, région de vin; civilisation du vin; clarification, élevage, filtrage, soutirage du vin; coq, lapin, pêche, sole, soupe au vin; maquereau au vin blanc; clarifier, coller, élever, récolter, soutirer/tirer du vin; mettre du vin en perce; déguster, goûter, sabler, servir, verser du vin; sentir le vin.
Esprit(-)de(-)vin. V. esprit 1reSection II A 2.Lie-(-)de(-)vin. V. lie1A.Pot-de-vin*. Tache de vin. V. tache B 2 a.
Bar/bistrot à vin(s). Bar, bistrot où l'on peut consommer au verre des vins de qualité et même de grands crus. Les bistrots à vin attirent le jour des jeunes dynamiques qui grignotent un jambon de pays en dégustant un bon bordeaux (20 ans, nov. 1982, p. 94).Un bar à vin de qualité, où pour 100 à 150 F (sauf à s'égarer dans les grands vins...), on peut trouver le bonheur (L'Événement du Jeudi, 22 nov. 1984, p. 113, col. 2).
Brûler du vin. Distiller du vin. Les ustensiles nécessaires à brûler les vins de l'Angoumois qui fournissent, comme on sait, toutes les eaux-de-vie dites de Cognac (Balzac, Illus. perdues, 1843, p. 631).
LITURG. CHRÉT. [L'une des espèces de l'Eucharistie, signe sacramentel du sang du Christ] Le changement du pain et du vin dans le corps et le sang du Sauveur (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 17).Touchant l'un et l'autre le calice de la main gauche, (...) nous nous appuyâmes de nouveau sur l'autel pour la consécration du vin (Billy, Introïbo, 1939, p. 151).V. infra b θ vin de messe.
Souvent au plur. Espèce définie de vin. Carte des vins; halle, port aux vins; courtier, négociant en vins. Les pressoirs seuls restaient ouverts (...) et d'un bout à l'autre du village une moiteur de raisins pressés, la chaude exhalaison des vins qui fermentent, se mêlaient à l'odeur des poulaillers et des étables (Fromentin, Dominique, 1863, p. 10).Hartmann recoupait, pour sa clientèle anglaise, des vins parfaits sur la base d'Ay qui donne la force, Cramant la mousse, Verzenay le bouquet (Hamp, Champagne, 1909, p. 146).
P. méton.
Être dans le vin/les vins. Faire le commerce des vins. Ce vin est envoyé par un homme d'Épernay même, à qui j'en ai bien fait vendre, et à bon prix. (J'étais dans les vins) (Balzac, C. Birotteau, 1837, p. 317).Tu es marchand de vins en gros? Mais, mon pauvre garçon, il faut lâcher ça tout de suite! Tu ne feras rien dans le vin (Renard, Journal, 1894, p. 206).
[Avec déterm. spécificateur] Verre de vin. Un autre vin blanc, garçon (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 44).
b) [Avec déterm. spécificateur faisant réf.]
α) [à l'orig. géogr.] Vin américain, bourguignon, californien, français, grec, suisse; vin d'Algérie, d'Ay, de Beaune, de Bordeaux, de Bourgogne, de Champagne, de Chypre, d'Espagne, de France, d'Italie, de Madère, de Malaga, de Moselle, de Porto, du Rhin, de Samos, de Santorin, de Vouvray; vin de terroir. Remerciement à d'autres Bourguignons qui m'avaient envoyé du vin des différents crus les plus renommés (Béranger, Chans., t. 3, 1829, p. 22).La cave [de la Compagnie des Wagons-Lits] offre du vin d'Alsace entre Paris et Strasbourg, du vin de Vérone entre Milan et Venise (Defert, Pol. tour. en Fr., 1960, p. 72).
Vin du cru. Vin consommé dans la région où il est produit. V. amusant ex. 12.
β) [au sol ou au type gén. de la région de production] Vin de graves (v. grave2), de palus, de sable (v. sable1). Rouge, brun ou clairet, le vin des pierrailles régionales écumait dans les verres (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 247).
γ) [au cépage] Vin de grenache, de muscadet, de pineau. Il vint boire du vin de muscat dans notre villa (Sartre, Mots, 1964, p. 62).
δ) [au traitement ou à l'état de la vendange, à la fabrication ou au traitement du vin]
Vin de (mère) goutte (v. goutte1), vin de presse*, vin de nièmecuvée; vin de rape, vin de sucre (v. sucre1); vin de raisins secs; vin de paille*; vin de vendange* tardive.
Vin brûlé. Vin issu de raisins soumis à une forte insolation. Ce Hoggar 1880 (...) était frais comme un vin du Rhin, sec comme un vin de l'Ermitage. Et puis, soudain, remembrance des vins brûlés du Portugal, il se faisait sucré, fruiteux (Benoit, Atlant., 1919, p. 135).
Région. (Suisse). Vin du glacier. ,,Vin blanc dur du Valais, ainsi dénommé parce qu'après la vendange il est conservé dans des agglomérations situées à une très haute altitude`` (Lich. Vins 1984). C'est dans la cave sous le grenier que l'on garde, des années et des années, le fameux « vin du glacier », récolté sur les coteaux de Sierre et qui se bonifie chaque hiver (Brunhes, Géogr. hum., 1942, p. 251).
Vin de marc. Vin de qualité médiocre, actuellement interdit de fabrication, obtenu « en faisant refermenter du marc frais pressuré, étendu d'une petite quantité d'eau sucrée » (Dict. du vin, Boulogne-sur-Seine, éd. Sézanne, 1988).
Vin bourru* ; vin cuit*; vin sur lie (v. lie1), vin de copeau(x)*; vin muet*, muté, viné; muter (v. muter1), viner* un vin; mutage (dér. s.v. muter1), vinage* d'un vin; vin champagnisé (v. champagniser dér. s.v. champagne2), résiné*.
Vin de liqueur. V. liqueur B 2. En partic. Vin ayant un titre alcoométrique volumique compris entre 15 % et 22 %, obtenu à partir de moût ou de vin ayant un titre alcoométrique volumique naturel minimum de 12 %, additionné d'alcool, pendant ou après fermentation (d'apr. Dict. du vin, Boulogne-sur-Seine, éd. Sézanne, 1988).
Vin sans alcool. Vin auquel on fait subir un traitement particulier pour le débarrasser de l'alcool qu'il contient. Il est surprenant que les « vins sans alcool » n'aient eu aucun succès en France, alors que la « bière sans alcool » est présentée dans les distributeurs automatiques de boissons (Dict. du vinBoulogne-sur-Seine, éd. Sézanne,1988, p. 207).
Vin coupé, de coupage* ; couper* du vin.
Vin de chaudière. Vin destiné à être distillé pour donner de l'eau-de-vie. La folle-blanche (...) donne le premier vin de chaudière du monde (Pesquidoux, Un Petit univers, Paris, Plon, 1940, p. 28).
Vin artificiel, frelaté, sophistiqué*; mouiller*, mouillage* du vin; vin mouillé, trempé. Combien d'autres sortes de vols dans ce genre de commerce, par les vins fabriqués, drogués, quoique sans eau! (Fourier, Nouv. monde industr., 1830, p. 64).
Rem. Pour un autre sens de vin brûlé et de vin trempé, v. infra η.
ε) [à la catégorie de qualité] Gros vin; vin courant, fin. Donnez-moi à boire, non pas du vin supérieur que boivent ces messieurs,il fait allusion à une bouteille de saint-estèphe,mais du vin ordinaire (Goncourt, Journal, 1873, p. 939).Les millions d'hommes qui buvaient du faux grand vin seront humiliés de n'avoir plus sur leur table de bois plaqué que du Mousseux anonyme (Hamp, Champagne, 1909, p. 179).
Petit vin. Vin du terroir, sans prétention mais agréable à boire. V. petit I B 2 b ex. de Theuriet.
DR. COMM. Vin loyal et marchand; vin d'appellation* d'origine contrôlée (A.O.C.).
Vin d'appellation d'origine simple (A.O.S.). [Jusqu'en 1973] Vin appartenant à une catégorie pour laquelle ne sont envisagés que l'origine, l'aire de production et les cépages, conditions nécessaires mais non suffisantes de qualité (d'apr. Ren. Vin 1962, s.v. appellation d'origine simple).
Vin délimité de qualité supérieure (V.D.Q.S.). Vin d'appellation d'origine soumis à une réglementation qui fixe les différentes conditions de sa production, produit dans des régions qualitativement moins importantes que celles des A.O.C. (d'apr. La Vigne et le vin, Lyon, La Manufacture, 1988, p. 381).
Vin de qualité produit dans des régions déterminées (V.Q.P.R.D.). Vin appartenant à une catégorie regroupant les A.O.C. et les V.D.Q.S. (d'apr. La Vigne et le vin, Lyon, La Manufacture, 1988, p. 381).
Vin de pays. ,,Vin de table, non assorti d'appellation d'origine, répondant à une réglementation précise`` (d'apr. La Vigne et le vin, Lyon, La Manufacture, 1988, p. 381).
Vin de table. ,,Vin de consommation courante, ne bénéficiant d'aucune classification particulière, mais soumis à une réglementation concernant son titre alcoométrique (...) et son taux d'acidité`` (d'apr. La Vigne et le vin, Lyon, La Manufacture, 1988, p. 381).
ζ) [à la qualité appréciée de façon gén.] Mauvais vin; vin détestable, excellent, exquis; vin de la comète; vin d'une oreille, de deux oreilles (v. oreille I C 1) ; bonté d'un vin. N'en voulant pas [d'une piquette] pour sa table, C'est bien pourquoi (...) il vend ce vin impotable, Pour s'en acheter du bon (Ponchon, Muse cabaret, 1920, p. 80).
[Le déterm. désigne un type humain, pour évoquer une qualité] Nous avons passablement bu, mais des vins légers, des vins de femme, qui (...) ne laissent pas de flamme au front! Excepté une bouteille de vin du Rhin (...)! Vin d'homme, il ne doit être touché que par des lèvres viriles et ne circuler que dans de mâles poitrines (Barb. d'Aurev., Memor. 1, 1837, p. 128).V. arsouillerie dér. s.v. arsouille ex.
η) [au traitement à la consommation] Vin qui porte l'eau; boire du vin pur ou coupé/trempé d'eau; baptiser* du vin; vin frappé; frapper* un vin (de glace); chambrer* du vin.
Vin chaud, brûlé (vieilli). Vin chauffé additionné de sucre et souvent de cannelle et d'épices diverses. [Du Poirier] fit la conquête de M. de Sanréal (...) en lui demandant du vin brûlé. Sanréal avait inventé une façon nouvelle de faire ce breuvage adorable (Stendhal, L. Leuwen, t. 2, 1835, p. 204).Le vin chaud bouillait sur un feu de braise, soulevant sur sa houle empourprée des bouées de citron et des épaves de cannelle (Colette, Mais. Cl., 1922, p. 70).V. cannelle1ex. de Musset.
Rem. Pour un autre empl. de chaud déterm. vin, v. infra λ.
θ) [au moment, à l'occasion ou aux conditions de la fabrication ou de la dégustation] Vin de l'adieu, de l'amitié; vin de cerneaux (v. cerneau) ; vin de l'étrier*.
Vin de café. Vin rouge léger, obtenu en écourtant la macération du moût. C'est (...) parce que ces vins particuliers sont surtout consommés dans les cafés qu'ils portent ce nom, un peu bizarre, de « vins de café » (E. Nègre, P. Françot, Manuel prat. de vinification et de conservation des vins, 1941, p. 225).
Vin de carafe. Vin rouge résultant d'une vinification courte, destiné à être bu jeune, directement tiré autrefois du tonneau dans une carafe au moment d'être bu. Ces fameux « Beaujolais » sont des vins aimables par excellence (...). Vins de carafe, ils doivent être servis à la même température que leur titre alcoolique (Vins, Encyclop. prat. des vins du monde, Paris, Atlas, 1979, p. 90).
Vin de dessert. Vin liquoreux obtenu par surmaturation des raisins, vin de liqueur ou vin cuit, qui se boit avec les desserts. Les vins de dessert apportèrent leurs parfums et leurs flammes (Balzac, Peau chagr., 1831, p. 63).
Vin d'honneur. Vin offert pour honorer quelqu'un; p. méton., réception organisée à cette occasion. La colonie française de Constantinople m'a fait un accueil dont j'ai été profondément touché, m'offrant un vin d'honneur et puis un déjeuner (Barrès, Cahiers, t. 11, 1914, p. 83).
Vin de/du/d'un marché (vieilli). Vin que buvaient les parties contractantes à l'issue d'un marché. Le premier d'entre eux qui, en buvant le vin d'un marché, s'avisa de le prononcer [un sobriquet], reçut du vermicellier un coup de poing sur l'épaule (Balzac, Goriot, 1835, p. 103).
RELIG. CATH. Vin de messe, de communion, eucharistique. Vin (habituellement vin blanc en Occident, plus souvent vin rouge en Orient) sans aucun additif, constituant l'une des deux espèces de l'Eucharistie. La baraque (...) qui servait (...) de chapelle (...) flamba (...) avec (...) cinq ou six bouteilles de vin de messe, que les fidèles se reprochèrent amèrement de n'avoir pas chipées aux curés pour les boire (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 310).
ι) [aux caractéristiques visuelles]
[Couleur] Vin blanc, rosé, rouge; vin clairet*, cuisse* de bergère, doré, gris (v. gris1), œil-de-perdrix*, paillé (v. paillé1), paillet (v. paillet1), pelure* d'oignon, roux, tuilé* ; vin décoloré, sombre; vin bleu*, jaune*. Je me remets à boire ce vin de Puzzoles, épais et noir comme de l'encre d'imprimerie (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 167).
[Dégagement de gaz carbonique] Vin effervescent, mousseux (v. mousseux2), vin perlant (rem. 1 s.v. perlé), vin perlé, pétillant; vin qui mousse, pétille.
Vin tranquille. Vin qui ne présente aucun dégagement de gaz. Dom Pérignon et ses contemporains mirent à profit le réveil de la fermentation des vins tranquilles, au mois de mars, pour produire un vin mousseux (J.-P. Devroey, L'Éclair d'un bonheur, 1989, p. 110).
[Brillance, limpidité, fluidité] Vin brillant, clair, flou, louche, voilé; vin fluide; décanter un vin. Un petit vin blanc limpide comme eau de roche (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p. 355).Il reste un peu de vin au fond des quarts, un vin blond, un peu trouble, qui poisse les doigts (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 240).
κ) [aux caractéristiques olfactives] Arôme, bouquet (v. bouquet2), nez*, sève* d'un vin; vin bouqueté*; vin qui a une odeur d'abricot, de noisette, de pierre* à fusil, de truffe. Des vins qui ont du corps, du spiritueux et une légère odeur de violette qui les rend agréables (A. Jullien, Topogr. de tous les vignobles connus, Paris, A. Jullien, 1832, p. 160).
[Persistance de l'arôme] Vin court/long (en bouche). Vin qui a une persistance aromatique faible/intense, après absorption. Un vin qui a un bon nez mais vite dissipé, un vin plaisant un peu court en bouche (Le Nouvel Observateur, 24 oct. 1977, p. 89, col. 2).
λ) [aux caractéristiques gustatives] Vin franc (de goût) V. franc3; vin fruité*.
[Rapport entre les composantes] Vin corsé*, délicat, équilibré, harmonieux, lourd, robuste, rond (v. rond1), solide, souple; corps* d'un vin. Des fûts énormes renfermant le vin martial de l'Espagne, le xérès et ses dérivés (Huysmans, À rebours, 1884, p. 175).C'est vers des vins légers, tendres, fruités et relativement jeunes, qu'il convient de se diriger (Levadoux, Vigne, 1961, p. 119).
[Consistance] Vin coulant*, gras*, onctueux; vin qui a de la mâche (rem. s.v. mâcher1). V. supra ι ex. de Cendrars.
[Acidité, astringence] Vin acerbe, acide, âcre, amer, âpre, austère*, frais (v. frais1), piquant, plat (v. plat1), râpeux, rude*, styptique, vert*, vif*; vin à faire danser les chèvres (v. chèvre). V. reginglard ex. de Ponchon.
[Sucre] Vin brut*, doux*, liquoreux*, moelleux*, sec*, soyeux*, velouté*. M. de Gimblet, incapable de relever (...) les cuvées pauvres par un trésor de grands crus (...), ne livrait à ses meilleurs clients (...) que des vins de l'année, sans velours (Hamp, Champagne, 1909, p. 163).
[Alcool] Vin chaud*, faible, fort (v. fort1), généreux*, spiritueux, vineux* ; force d'un vin. C'est un filon de la Champagne voisine qui, sur ce coteau exposé au midi, produit des vins rouges et blancs qui ont encore assez de feu (Nerval, Filles feu, Angélique, 1854, p. 585).Elle avait sorti de l'armoire deux verres (...) et un flacon de vin des Cinq-Terres. Nous tenons ce breuvage d'un vague cousin qui a séjourné en Italie. (...) ce verre de vin puissant me fut un délice (Duhamel, Confess. min., 1920, p. 52).
[Effets secondaires d'un fort degré d'alcool] Vin capiteux*, fumeux*; fumées d'un vin; vin qui monte, porte à la tête.
[Agrément gustatif] Vin gouleyant, qui se laisse boire. Le vin ne paraissait absolument pas rachitique. Fruité, friand, très désaltérant, c'était un vrai vin (R. du vin de France, mai 1989, p. 10).
μ) [à l'évolution et à la durée] Vin de garde, de primeur*; vin jeune, nouveau*, vieux*, qui se fait, qui vieillit; vin mûr; vin qui se bonifie, se rabonnit, dépose, se dépouille (v. dépouiller). Gourmets qui peuvent indiquer la latitude sous laquelle un vin a mûri (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p. 50).V. supra λ ex. de Levadoux.
ν) [à une altération et à des maladies] Vin acescent, aigre, gras*, madérisé (v. madériser), mannité (dér. s.v. mannite), vin piqué*, pourri, taché, tourné*, visqueux* ; vin qui s'aigrit, graisse (v. graisser), jaunit, se pique (v. piquer), tourne (à l'aigre, à la graisse) ; vin qui sent le bouchon, le fût; vin qui a un goût d'évent; casse (v. casse1), graisse*, pousse (v. pousse1), tourne du vin. Enjouée jadis (...), elle était, en vieillissant, devenue (à la façon du vin éventé qui se tourne en vinaigre) d'humeur difficile (Flaub., MmeBovary, t. 1, 1857, p. 5).Si l'on vendange mûr, le vin tourne au gras sitôt le printemps (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 454).
c) Loc. et expr.
À bon vin point d'enseigne (ou var.). Ce qui est de qualité n'a pas besoin d'être vanté. Je vous engage de toutes mes forces à supprimer le: par les principaux écrivains de France. On ne se dit pas ces choses-là à soi-même. Laissez-le dire au public. Mettez simplement: Paris-Guide et rien avec. À bon vin point d'écriteau (Hugo, Corresp., 1867, p. 35).
(Quand) le vin est tiré, il faut le boire. V. boire1I A 2 d.
Mettre de l'eau dans son vin. V. eau I B 2 a.
Porter le vin. V. porter11reSection I A 1 a δ.Tenir le vin. V. tenir 1reSection I A 4 d.
Le (bon) vin réjouit le cœur de l'homme. V. cœur II D 1.
Avoir le vin + adj. évoquant un état affectif ou un type de comportement.Manifester cet état ou ce comportement après avoir bu une certaine quantité de vin. Avoir le vin gai, triste. Voilà tes soupçons qui te reprennent, mon bon ami Maffio. Tu as le vin étrangement monotone (Hugo, L. Borgia, 1833, iii, 1, p. 148).Écoute, Dominique, t'as eu une mauvaise vie. Tu picolais et t'avais le vin mauvais (Barbusse, Feu, 1916, p. 317).
[Loc. évoquant l'ivrognerie ou l'ivresse]
(Être) pris de vin(s). (Être) ivre. Les maçons pris De vins chantent la Marseillaise (Verlaine, Œuvres compl., t. 3, Invect., 1896, p. 355).
(Être) dans le vin (vieilli). (Être) ivre. Quand il était dans le vin, il voulait tout tuer (Sue, Myst. Paris, t. 5, 1843, p. 176).
(Être, flotter) entre deux vins. (Être) légèrement ivre. M. Courbet montre un jour des curés de campagne entre deux vins, un autre jour des courtisanes entre deux airs (Veuillot, Odeurs de Paris, 1866, p. 194).J'étais toujours entre deux vins et me mettais facilement en colère (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 198).
Pointe de vin. V. pointe I D 3.Sac à vin. V. sac1I C 1.Cuver son vin. V. cuver A 2.
d) P. métaph. [Suivi d'un subst. avec art. déf. introd. par de] C'est un plaisir perfide Que d'enivrer son âme avec le vin des sens (Musset, Namouna, 1832, p. 406):
2. ... heureux de trouver ces raisons de la supériorité de la Berma, tout en me doutant qu'elles ne l'expliquaient pas plus que celle de la Joconde ou du Persée de Benvenuto, l'exclamation d'un paysan: « C'est bien fait tout de même! c'est tout en or, et du beau! quel travail! », je partageai avec ivresse le vin grossier de cet enthousiasme populaire. Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 451.
2. [Avec déterm.] Boisson à base de vin contenant des substances étrangères au vin.
a) [Préparation culinaire]
α) Vin dans lequel ont été mises à infuser des plantes aromatiques ou des épices, très en vogue au Moyen Âge. Et les mêmes épices entrent en partie dans la composition de mélanges dont le vin fait le fond: les « vins herbés » (...), les « piments », où des plantes aromatiques, du miel et des épices ont été mis à infuser, à chaud ou à froid (Faral, Vie temps st Louis, 1942, p. 176).Les vins aromatisés entrent dans la classification des apéritifs à base de vin (M. Huet, V. Lauzeral, Dict. des vins et alcools, Paris, Hervas, 1990, s.v. vin aromatisé).
β) [Avec un compl. prép. de désignant un fruit] Boisson apéritive faite à base de vin, généralement rouge, dans lequel on a fait macérer des fruits. Vin d'orange(s). La Julia dit: « Ramasse-m'en des vertes; je te fais du vin de noix » (Giono, Gd troupeau, 1931, p. 59).
b) [Préparation médicinale] Vin contenant des agents médicamenteux. Vin médicinal; vin antiscorbutique, diurétique, fébrifuge, tonique; vin d'absinthe, d'aunée, de coca, de gentiane, de rhubarbe. Je suis un peu mieux, mais la fièvre va revenir ce soir, je la sens. On me met les pieds dans l'eau et on me donne du vin de quinquina (Chateaubr., Corresp., t. 2, 1821, p. 271).
B. − P. anal. Boisson alcoolisée résultant de la fermentation du suc d'un végétal ou du jus d'un fruit autre que le raisin, ou de ce végétal ou ce fruit macéré dans l'eau. Vin de banane(s), de fruit(s), de pêche(s), de (fleurs de) pissenlit, de riz. Il nous fit boire quelques verres d'un vin de groseilles qui avoit cinq ans, vin que l'on trouve plus communément parmi les bons colons de la Pensylvanie que dans les autres États (Crèvecœur, Voyage, t. 2, 1801, p. 68).Les Égyptiens fabriquaient à Péluse, sur les bords du Nil, une bière appelée boisson pélusienne, vin d'orge ou encore zythum (Industr. fr. brass., 1955, p. 17).
Vin de palmier, de palme(s). Boisson fermentée provenant du suc de palmier récolté après incision du tronc de cet arbre. Des oasis misérables où les gens du Nefzaoua boivent le vin de palmier (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 181).
Arbre à vin. Palmier dont on récolte le suc pour en faire une boisson fermentée. Les dattiers (...) commencèrent par ne plus donner de fruits, alors on leur coupa la tête pour en faire des arbres à vin,ce vin de palme un peu fade, qui n'est pas sans agrément (Tharaud, Fête arabe, 1912, p. 245).
II. − ALCHIM. Vin des philosophes, des sages. Mercure. Quant aux vaisseaux destinés à contenir le vin des philosophes, ou mercure, ils sont assez parlants pour nous dispenser d'en mettre en relief le sens ésotérique (Fulcanelli, Demeures philosophales, t. 1, 1929, p. 220).
REM. 1.
Vinerie, subst. fém.Installation de vinification, souvent à caractère industriel. Dans les départements du Midi, grands producteurs (...), et en Algérie, la vinification ne peut se pratiquer autrement qu'en grand (vineries et caves coopératives) (Brunerie, Industr. alim., 1949, p. 76).
2.
Viniphile, vinophile, adj.Qui aime le vin; de l'amateur de vin. Club vinophile de conseil (Le Monde loisirs, 17 mai 1986, p. 21, col. 1).
3.
Vinothèque, subst. fém.a) Cave à vin. Dans tous les cas, les (bons) professionnels du vin n'hésiteront pas à vous conseiller utilement dans l'installation d'une vinothèque sérieuse (L'Est Républicain, 20 févr. 1981, p. 24).En partic. ,,Meuble équipé pour conserver dans les meilleures conditions une collection de vins sélectionnés en bouteilles`` (Dict. du vin, op. cit., p. 207). b) Espace commercial où les vins sont exposés et vendus. [La baisse de la consommation de vin] s'explique aussi par l'évolution de la demande dont témoigne l'apparition, ici et là, d'élégantes vinothèques où l'on sélectionne son vin comme on choisit un livre dans une librairie (Les Vins de France, Paris, Hachette, 1989, p. 20).
Prononc. et Orth.: [vε ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Fin xes. « boisson alcoolisée provenant de la fermentation de raisin ou de jus de raisin » (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 93); b) 1409 mettre tant d'eaue au vin de qqn que « réduire les ambitions agressives de quelqu'un à un point tel que » (Pierre Salmon, [Le Fruictier], Demandes faictes par le roi Charles VI, éd. Crapelet, 56); 1443 mettre de l'eaue en son vin « modérer ses ambitions agressives » (Michault Taillevent, La Prise de Luxembourg, éd. R. Deschaux, 294); 1464-70 mettre de l'eaue en son vin « dominer sa colère, s'apaiser » (Georges Chastellain, Chronique, Fragments du livre IV révélés par l'Add. Ms. 54516 de la British Library, éd. J. Cl. Delclos, 232), cf. R. Ling. rom. t. 55, p. 283; 1606 (Nicot, s.v. Eaue: mettre de l'eaue au vin: arrester sa furie et impetuosité); 1648 mettre de l'eaue dedans son vin « id. » (Scarron, Virgile travesty, l. 1, éd. Paris, 1668, p. 46); c) 1697 Oh! le vin est tiré, Monsieur: il le faut boire (Regnard, Le Joueur, III, IX, éd. Dunkley, p. 165); 1869 Quand le vin est tiré, il faut le boire (A. Daudet, Lettres moulin, éd. Ripoll, 1986, p. 306); 2. déb. xives. vin douz (Antidotaire Nicolas, éd. P. Dorveaux, p. 18); 1372 vins nouveaulx (E. Deschamps, C'est la Chartre des bons enfants de Vertus en Champaigne ds Œuvres, éd. G. Raynaud, t. 7, p. 327); fin xives. vin blanc du plus vert « vin jeune, fort » (Id., Rondeau ds Œuvres, éd. Queux de St Hilaire, t. 4, p. 106); ca 1495-98 vins cuitz (André de La Vigne, Voyage de Naples, éd. A. Slerca, 4477); 1511 vins vieulx (P. Gringore, Jeu du prince des sotz et mere sotte ds Œuvres, éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, t. 1, p. 275); 1600 vins... de la mere-goutte (Ol. de Serres, Théâtre d'Agriculture, l. 3, chap. 9, p. 219); 1606 petit vin (Nicot); 1660 vin petillant (Oudin Fr.-Esp., s.v. pétillant); 1671 vin du païs (Pomey); 1674 vin de liqueur (Mmede Sévigné, Lettres, 5 janv., éd. G. Gailly, t. 1, p. 668); 1686 vin de Champagne (M. Baron, Le Rendez-vous des Thuilleries, 178 ds R. Ling. rom. t. 36, p. 226); 1694 vin coupé (Ac.); 1825 vin de paille (Brillat-Sav., Physiol. goût, p. 378); 1839 vin jaune (Comm. t. 2); 1841 vins bleus (Joigneaux, Prisons Paris, p. 216); 1844 vin bouché (Balzac, Paysans, p. 61); 1873 vin de pêche (Dumas); 3. 1462 « boisson symbole de l'ivresse, de l'ivrognerie » (Villon, Testament, éd. J. Rychner et A. Henry, 1021); 1546 « état d'ivresse » (Bible Gérard, Eccles., 19, fo39 vo); 1611 estre sur le vin « aimer à boire » (Cotgr.); 1621 être pris de vin (Montchrestien, Les Lacènes, éd. Petit de Julleville, p. 181); 1623 estre sujet au vin (N. Coeffeteau, Histoire romaine, p. 552); 1623 estre entre deux vins (Père F. Garasse, La Doctrine curieuse, p. 561); 1690 avoir mauvais vin (Fur.); 1718 avoir le vin mauvais (Ac.); 4. 1659 vin d'honneur, vin de messe (Duez, Dict. italien e françois, 2epart.); 1671 vin de l'étrier (Pomey); 5. 1389 « préparation médicinale dans laquelle le vin sert d'excipient » (Doctrine de sapience, fol. 40 ds La Curne); 1600 vins medecinaux (Ol. de Serres, op. cit., l. 3, chap. 10, p. 225); 6. 1317 vin de pommes (ap. Louvrex, Ed. et règlem. pour le pays de Liège, III, 180 ds Gdf. Compl.); ca 1440 vin de prunelles (Miracles de Ste Geneviève, éd. C. Sennewaldt, 2360); 1562 vin de dattes (Du Pinet, Pline, t. 2, p. 234); 1690 vin de palme (Fur.); 7. 1395 « vin donné en cadeau ou en pourboire » (L'Estoire de Griseldis, éd. M. Roques, 1293); 1549 vin des varlets (Est.); 1812 vin du domestique (J. C. Bailleul, Moyens de former un bon domestique, p. 111 ds Quem. DDL t. 25). Du lat. vinum « liqueur tirée d'autres fruits que le raisin », « vin ». Fréq. abs. littér.: 8 183. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 10 729, b) 15 686; xxes.: a) 13 697, b) 9 006.
DÉR.
Vinique, adj.a) Qui a rapport au vin. Tradition vinique. Cépages capables de donner satisfaction tant par leurs qualités culturales que par leurs qualités viniques (Levadoux, Vigne, 1961, p. 119).b) Propre au vin, dérivé du vin. Acides viniques. Cette distillation [des lies de vin] permet de récupérer l'alcool qui sert aux viticulteurs pour satisfaire aux prestations d'alcool vinique (P. Dussine, Comment faire de bons vins, 1976, p. 388). [vinik]. 1reattest. 1872 chim. acides viniques (Littré), 1876 « qui provient du vin » (Lar. 19e); de vin, suff. -ique*.
BBG.Bonnaud-Lamotte (D.). Vin, vigne et vigneron ds le T.L.F. C.U.M.F.I.D. 1983, no14, pp. 119-135. − Quem. DDL t. 8, 13, 19, 20, 30, 40.

Wiktionnaire

Nom commun - français

vin \vɛ̃\ masculin

  1. Boisson alcoolique obtenue par fermentation du jus de raisin et connue depuis plusieurs millénaires.
    • Le champagne déshonorait rarement sa table. Les bordeaux les plus célèbres et les plus parfumés cédaient le pas au bataillon lourd et serré des bourgognes, des vins d’Auvergne, d’Anjou et du Midi, et des vins étrangers, allemands, grecs, espagnols. — (Charles Baudelaire, La Fanfarlo, 1847 ; Gallimard, 2012, collection Folio, pages 59-60)
    • D’ailleurs le vin n’est pas toujours ce terrible lutteur sûr de sa victoire, et ayant juré de n’avoir ni pitié ni merci. Le vin est semblable à l’homme : on ne saura jamais jusqu’à quel point on peut l’estimer et le mépriser, l’aimer et le haïr, ni de combien d’actions sublimes ou de forfaits monstrueux il est capable. — (Charles Baudelaire, Du vin et du haschisch, 1851)
    • Si le vin disparaissait de la production humaine, je crois qu’il se ferait dans la santé et dans l’intellect de la planète un vide, une absence, une défectuosité beaucoup plus affreuse que tous les excès et les déviations dont on rend le vin responsable. — (Charles Baudelaire, Petits poèmes en proses : Les paradis artificiels, 1869)
    • Il leur suffisait de tremper le bout des doigts dans une pipe de cidre ou une cuvée de vin pour changer cidre et vin en bouse liquide ; […]. — (Octave Mirbeau, Rabalan,)
    • Au XVIe siècle encore, chez nos voisins la bière était la boisson du peuple et des domestiques « comme moins chère et plus commune » (Traité du Sidre, par Paulmier, 1573), et le cidre la boisson de luxe réservée aux maîtres. Nous avons vu qu'il en était tout différemment dans le Bas-Maine, à cette époque où le vin était appelé « Monsieur », et le cidre « Gilles du Pommain, breuvage de maczons ». — (A. Angot, Le cidre, son introduction dans le pays de Laval, 1889.)
    • Des coteaux d’Arbois, de Poligny et de Salins, descendait, chaque automne, avec les cuves pleines, le beau vin couleur peau d’oignon, jailli des grappes de poulsard, […]. — (Louis Pergaud, La Disparition mystérieuse, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Ça me rappelle le vieux port marseillais, les marchandes de coquillages, les pieds-paquets et le vin de Cassis, doré comme du soleil. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, pages 187-188)
    • Le vin comme l’amour,
      L’amour comme le vin,
      Qu’ils soient impérissables,
      Qu’ils soient sans lendemain,
      Qu’ils soient bourrus, tranquilles,
      Acerbes ou élégants,
      Je suis sûre qu’il ne faut pas
      Mettre d’eau dedans.
      — (Juliette Noureddine; « Petite messe solennelle » -2008)
  2. Boisson à base de vin et d’autres végétaux macérés ou infusés, parfois à usage pharmaceutique.
    • Vin d’orange, vin de noix.
  3. (Par analogie) Boisson alcoolisée obtenue par fermentation d’autres végétaux.
    • Vin de palme, vin de coco.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

VIN. n. m.
Liquide alcoolique, résultant de la fermentation du jus de raisin, et qui sert de boisson. Vin rouge. Vin blanc. Vin paillet. Vin gris. Vin clairet. Vin rosé. Vin bleu. Vin mousseux. Vin de paille. Vin qui a de la sève. Vin qui a du corps, qui a du montant, qui a de la force. Le bouquet du vin. Vin nouveau. Vin vieux. Vin généreux. Vin clair, trouble. Vin reposé. Gros vin. Petit vin. Vin vert, âpre, dur. Vin léger, plat. Vin sec, moelleux. Vin traître, capiteux. Vin qui porte à la tête. Vin de pressurage. Vin qui a de la liqueur. Vin qui graisse. Vin gâté, passé, tourné, piqué, éventé. Vin qui sent le fût, qui sent le bouchon. Vin naturel, remonté, sophistiqué, frelaté. Vin cuit. Vin fin. La lie du vin. Vin de Champagne, de Bourgogne, de Bordeaux. Vin du Rhin, d'Espagne, de Chypre. Vin muscat. Vin d'entremets. Vin de dessert. Vin de liqueur. Quai, halle aux vins. L'entrepôt des vins. Droits sur les vins. Un tonneau, une pièce, un quartaut de vin. Une bouteille, une carafe de vin. Un verre de vin. Faire du vin. Avoir du vin en cave. Avoir du vin en perce. Négociant en vins. Marchand de vin. Coller du vin. Éclaircir du vin. Tirer du vin. Mettre du vin en bouteilles. Prendre un doigt de vin, une goutte de vin. Boire son vin pur. Tremper son vin. Mettre de l'eau dans son vin. Déguster du vin. Les grands vins, Les vins des crus les plus renommés. Les grands vins de Bourgogne. Vin du cru, vin de pays, Vin fait avec le raisin recueilli dans l'endroit même où on le consomme. Vin de copeau, Vin que l'on a fait passer sur des copeaux, dans lequel on a fait tremper des copeaux pour l'éclaircir. Vin doux, Vin qui n'a point encore cuvé. Vin bourru, Vin nouveau qui n'a guère cuvé et qui se conserve doux. Vin coupé, Vin mêlé avec d'autre vin. Vin en cercles, Vin qui est dans des tonneaux. Vin de Messe, Vin de pur raisin, auquel on n'a rien ajouté et dont se servent les prêtres à la messe. Vin d'honneur, Vin que les municipalités, certaines sociétés, etc., offrent à des hôtes de marque. On lui offrit un vin d'honneur. Fig. et fam., Vin de derrière les fagots, Vin de choix mis en réserve. Cet homme a une pointe de vin, Le vin commence à le mettre en gaieté. Il est pris de vin, Il est déjà ivre. Porter bien le vin, Boire beaucoup sans qu'il y paraisse. Fig. et fam., Être entre deux vins, Approcher de l'ivresse. Fig. et fam., Cuver son vin, Dormir afin de laisser passer son ivresse. Fig. et pop., C'est un sac à vin se dit d'un Grand ivrogne. Fig., Cet homme a le vin mauvais, gai, triste, tendre, etc., Il est querelleur, gai, triste, tendre, etc., quand il a bu. Fig. et fam., Mettre de l'eau dans son vin, Se modérer sur quelque affaire, sur quelque prétention, montrer moins de chaleur, d'animosité, etc. Tache de vin, Anomalie congénitale du système circulatoire qui se traduit par des taches rouges sur le visage ou d'autres parties du corps. Il a une tache de vin sur la joue. Esprit-de-vin, Alcool extrait du vin par la distillation. Fig. et fam., Pot-de-vin. Voyez POT. Prov. et fig., À bon vin pas d'enseigne, Ce qui est bon n'a pas besoin d'être prôné. Prov. et fig., Quand le vin est tiré, il faut le boire se dit pour marquer qu'on est trop engagé dans une affaire pour reculer.

VIN se dit particulièrement de Diverses préparations pharmaceutiques faites avec du vin auquel on a mêlé d'autres substances. Vin de kola. Vin de quinquina. Il se dit, par extension, de Divers liquides fermentés et spiritueux que l'on tire des végétaux. Vin de prunelles. Vin de cannes, Suc fermenté de cannes à sucre. Vin de palme, Boisson obtenue avec la sève sucrée et fermentée du cocotier et de différents autres palmiers.

Littré (1872-1877)

VIN (vin ; l'n ne se lie pas : du vin excellent) s. m.
  • 1Liqueur alcoolique résultant de la fermentation du jus de raisin, et servant de boisson. Vin de Bourgogne. Vin loyal et marchand, vin de primeur, vin prompt à boire, vin de l'arrière-saison, vin rassis, vin cuit. Celui [feu sans lumière] qui échauffe le foin lorsqu'on l'a renfermé avant qu'il fût sec, ou qui fait bouillir les vins nouveaux lorsqu'on les laisse cuver sur la râpe, Descartes, Méth. v, 4. L'homme faible et léger sans un secours divin S'enivre de faveur comme on le fait de vin, Tristan, Panthée, III, 5. Le vin pris avec tempérance est une seconde vie : si vous en prenez modérément, vous serez sobre, Sacy, Bible, Ecclésiastiq. XXXI, 32. Quel est le cabaret honnête Où tu t'es coiffé le cerveau ? Était-ce un vin à faire fête ? Était-il vieux ou nouveau ? Molière, Amph. III, 3. Qu'est devenu ce teint… Où la joie en son lustre attirait les regards, Et le vin en rubis brillait de toutes parts ? Boileau, Sat. III. Que tous les vins pour moi deviennent vins de Brie, Boileau, ib. Les hommes peuvent conserver leur santé et leurs forces sans vin ; avec le vin ils courent risque de ruiner leur santé et de perdre les bonnes mœurs, Fénelon, Tél. VIII. Un grand aime la Champagne, abhorre la Brie ; il s'enivre de meilleur vin que l'homme du peuple : seule différence que la crapule laisse entre les conditions les plus disproportionnées, entre le seigneur et l'estafier, La Bruyère, IX. On croit que c'est aux Gaulois établis le long du Pô que nous devons l'invention utile de conserver le vin dans des vaisseaux de bois exactement fermés, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. x, p. 439, dans POUGENS. Le couvert est mis, le vin rafraîchi, on se mettra à table quand vous voudrez, Dancourt, Vert galant, sc. 12. Lorsque la Hollande faisait presque seule le commerce du midi au nord de l'Europe, les vins de France, qu'elle portait au nord, ne lui servaient en quelque manière que de fonds pour faire son commerce dans le nord, Montesquieu, Esp. XX, 6. On a planté plus de vignes, et on les a mieux cultivées ; on a fait de nouveaux vins qu'on ne connaissait pas auparavant, tels que ceux de Champagne, Voltaire, Louis XIV, 30. Les vins renfermés dans les caves dont la température est assez constamment à dix degrés, se conservent sans altération, Fourcroy, Conn. chim. t. VIII, p. 187. Le vin est un excellent remède pour les personnes qui n'en font pas habituellement usage ; c'est un tonique, un stomachique, un corroborant, un cordial très puissant, Fourcroy, ib. p. 141. Les vins délicats tournent à l'aigre ou au gras avec une telle facilité que ce n'est qu'avec les plus grandes précautions qu'on peut les conserver plusieurs années, Genlis, Maison rust. t. III, p. 304, dans POUGENS. Et de Beaune et d'Aï les rives fortunées… Sous leurs bruyants pressoirs font couler en ruisseaux Des vins délicieux, mûris sur leurs coteaux, Chénier, Hymne à la France. C'est avec le jus de raisin qu'on fait le vin ; ce jus est formé de beaucoup d'eau, d'une assez grande quantité de sucre, d'une matière particulière, très soluble dans l'eau, et d'une petite quantité de mucilage, de tartrate acide de potasse, de tartrate de chaux, de sel marin, de sulfate de potasse, Thenard, Traité de chim. t. III, p. 417, dans POUGENS. Les vins rouges proviennent du moût des raisins noirs avec l'enveloppe de leurs grains ; et les vins blancs, des raisins blancs, ou bien encore du moût des raisins noirs fermenté sans cette enveloppe, Thenard, ib. p. 419. Venez tous, passants, venez lire L'épitaphe que je me fais ; J'ai chanté l'amoureux délire, Le vin, la France et ses hauts faits, Béranger, Épitaphe.

    Fig. La raison une fois livrée à l'attrait des sens et prise de ce vin fumeux, Bossuet, Sermons, Amour du plaisir, 1. Le péril est comme le vin, il monte la tête, Staël, Corinne, XII, 2.

    Fig. Quels mets à ce cruel, quel vin préparez-vous ? Le sang de l'orphelin, les pleurs des misérables… C'est son breuvage le plus doux, Racine, Esth. III, 3.

    Les grands vins, les vins des crus les plus renommés. Les grands vins de Bourgogne.

    Vins frais, vins qui n'ont pas beaucoup d'alcool.

    Vins de propriétaires, vins vendus par les propriétaires eux-mêmes.

    Faire jambes de vin, bien boire pour être en état de bien marcher.

    Ce vin se laisse boire, il est passable ; il se fait boire, il est bon.

    Vin en cercles, le vin qui est dans les futailles.

    Vin de deux feuilles, de trois feuilles, etc. voy. FEUILLE n° 1.

    Vin de copeau, vin dans lequel on a fait tremper des copeaux pour l'éclaircir et le rendre plus tôt buvable.

    Vin de goutte, voy. GOUTTE 1, n° 17.

    Vin du cru, vin recueilli dans l'endroit même où on le consomme.

    Proverbialement. Il faut se défier du vin du cru (parce que beaucoup de crus sont mauvais).

    D'un bon vin, on dit qu'il rappelle son buveur.

    Du vin à faire danser les chèvres, vin très aigre.

    Du vin bon à laver les pieds des chevaux, très mauvais vin.

    Vin d'une oreille, de deux oreilles, voy. OREILLE, n° 6.

    Vin de l'étrier, vin que l'on boit au moment de monter à cheval.

    Vin de veille, vin qu'on met dans la chambre des princes en cas qu'ils en aient besoin la nuit.

    Vin d'honneur, ou vin de ville, vin que les officiers municipaux offrent à de hauts personnages, lorsque ceux-ci font leur entrée en certaines villes. En attendant que vous veniez faire votre entrée dans votre nouvelle ville qu'il est si difficile de fonder… avant que je vous présente le vin de ville, le plus détestable vin qu'on ait jamais bu, Voltaire, Lett. Mme de Choiseul, 9 avril 1770.

    Mettre de l'eau dans le vin, l'étendre d'eau, afin qu'il ne porte pas à la tête.

    Fig. Mettre de l'eau dans son vin, modérer ses paroles, ses prétentions.

    Vin de singe, s'est dit autrefois d'un vin qui met en gaieté. L'ayant fait mettre on ses goguettes par le moyen de deux ou trois verres d'un vin de singe, qu'il lui avait fait boire, Francion, VI, p. 242.

  • 2Vin doux, vin nouveau qui n'a pas encore cuvé. Qu'avec son écharpe il [notre maire] vendange, Et de vin doux on la barbouillera, Béranger, Vendanges.

    Vin bourru, vin nouveau qui n'a guère cuvé et qui se conserve doux.

    Vin coupé, vin mêlé, vin mêlé avec d'autre vin. À peine ai-je senti cette liqueur traîtresse, Que de ces vins mêlés j'ai reconnu l'adresse, Boileau, Sat. III.

    Vins plâtrés, voy. PLÂTRÉ.

    Vin tourné, vin qui a subi une fermentation nouvelle portant surtout sur ses tartrates et résultant soit de ce qu'il a été soumis à des variations de température, en été surtout, soit de ce qu'il a été mis dans des vases ayant contenu déjà du vin tourné. Du vin qu'a fait tourner l'orage Un vin nouveau bientôt consolera, Béranger, Vendanges.

  • 3Vin de cerneaux, vin rosé qui est bon à boire dans la saison des cerneaux.

    Vin de teinte, ou vin de teinture, gros vin qui donne de la couleur à des vins fabriqués. Marchand de vin de teinte, Tarif des patentes, 1858.

    Vins d'imitation, vins produits par différents mélanges et qui imitent certains vins naturels. Les vins d'imitation fabriqués à Cette.

    Vin de liqueur ou vin liqueur, vin très alcoolique qu'on boit, en petite quantité, à l'entremets et au dessert.

    Demi-vin ou petit vin, eau passée sur le marc de raisin, piquette. Les demi-vins, vins de refoul, piquettes et autres boissons tirées à clair, Arrêt du conseil d'État, 1er et 26 août 1741.

  • 4 Fig. Ivresse. Je respecte le vin ; va-t'en, retire-toi, Molière, Amph. III, 2. Le vin au plus muet fournissant des paroles, Chacun a débité ses maximes frivoles, Boileau, Sat. III. Trop sujet au vin, il avait perdu son emploi, Comte de Caylus, Œuv. t. x, p. 234, dans POUGENS. Rentrez donc, Rosine, cet homme paraît avoir du vin, Beaumarchais, Barb. de Sév. II, 12. Les trois grands défauts, le vin, le jeu et les femmes, Picard, Deux Philib. II, 19. De mes vieux compagnons de gloire Je viens de me voir entouré ; Nos souvenirs m'ont enivré, Le vin m'a rendu la mémoire, Béranger, Vieux drapeau.

    Entre deux vins, dans un état où l'on est excité sans être ivre. Adieu, ma fille, en voilà assez pour des gens entre deux vins, Sévigné, 29 août 1677. Il y a un temps infini qu'on ne voit plus de bourgeois ivres dans les rues, ni de petits maîtres entre deux vins rendre hommage au beau sexe dans les bosquets des Tuileries, Dancourt, Impromptu de Sur. sc. 6. Il ne serait même pas mal que vous eussiez l'air entre deux vins, Beaumarchais, Barb. de Sév. I 4. C'est un sac à vin, se dit d'un grand ivrogne Ivrogne que tu es !… sac à vin ! Molière, Méd. malgré lui, I, 1.

    Le vin lui sort par les yeux, se dit d'un homme extrêmement ivre.

    Avoir le vin bon, mauvais, gai, triste, avoir une ivresse douce, querelleuse, gaie, sombre. Je n'ai pas le vin bon, je vous en avertis, et je viens d'en boire copieusement, Dancourt, Loterie, sc. 27. Pour peu que j'eusse le vin furieux, je l'aurais déjà tué plus de trente fois, Dancourt, l'Opérat. Barry, sc. 14.

    Être en pointe de vin, commencer à être mis en gaieté par le vin. Quand ils furent un peu en pointe de vin, il leur fit signer que l'âme de l'empereur Marc-Aurèle resterait in statu quo…, Voltaire, l'Hom. aux 40 écus, Grande querelle.

    Être chaud de vin, commencer à être ivre.

    Être pris de vin, être déjà ivre.

    Porter bien le vin, son vin, boire beaucoup sans qu'il y paraisse.

    Tenir bien du vin, boire beaucoup. Vous vous faites honneur d'être un franc libertin ; Vous mettez votre gloire à tenir bien du vin, Regnard, le Distr. I, 6.

    Cuver son vin, dormir afin de laisser passer son ivresse, et fig. se donner le temps de revenir à la raison.

    Fig. S'enivrer de son vin, s'infatuer de ses propres idées.

  • 5Quelquefois, la force même du vin. Ainsi on dit en parlant d'un vin fort ou faible : il a beaucoup de vin, il a peu de vin.
  • 6Élevage des vins, l'ensemble des différents soins que l'on prend pour amener les vins par le progrès de l'âge à leur plus grande bonté.
  • 7Pot de vin, voy. POT, n° 12. (à POT, le Dict. de l'Académie met des traits d'union, pot-de-vin ; à VIN, il n'en met pas, pot de vin.)

    Le vin du marché, le vin que souvent ceux qui viennent de conclure un marché boivent ensemble. Boire le vin du marché.

    Fig. Charost brusqua ce dernier point du roi à lui, comme le vin du marché sans lequel il ne pouvait le conclure de bon cœur, Saint-Simon, 312, 84.

  • 8Tache de vin, tache rouge que quelques personnes ont, de naissance, sur quelque partie du corps.
  • 9Vins médicinaux, médicaments officinaux, liquides, résultant de l'action dissolvante du vin sur les diverses substances médicinales. Du vin de quinquina. Vin d'absinthe. Vin antimonié ou vin émétique. Quoi ! vous ne croyez pas au séné, ni à la casse, ni au vin émétique ? Molière, D. Juan, III, 1.
  • 10On a étendu le nom de vin à toutes les liqueurs fermentées et spiritueuses que l'on tire des végétaux, soit en en exprimant le suc, soit en les faisant macérer dans l'eau.

    Vin de cannes, suc de cannes à sucre qu'on a laissé fermenter

    Vin chinois, liqueur fermentée que les Chinois préparent avec le millet ou le sorgho.

    Vin de palme, boisson produite par la séve sucrée du cocotier et de différents autres palmiers, laquelle, obtenue par incision, éprouve bientôt la fermentation alcoolique par suite de la chaleur habituelle aux lieux où croissent ces végétaux.

    Vin de prunelles, vin que les paysans font avec des prunelles ou prunes sauvages.

    Fig. Vin de prunelles, mauvais vin, vin aigre et faible.

  • 11Poire de vin, variété de poire.
  • 12 Terme d'alchimie. Vin des sages, le mercure.

PROVERBES

À bon vin point d'enseigne, ce qui est bon n'a pas besoin d'être prôné.

après bon vin, bon cheval, quand on a bu un coup, on fait aller son cheval plus vite.

Le vin est tiré, il faut le boire, se dit d'une affaire où l'on est trop engagé pour reculer. Oh ! le vin est tiré, monsieur, il le faut boire, Regnard, le Joueur, III, 11.

Le vin trouble ne casse point les dents.

Un verre de vin avise bien un homme, se dit à ceux qu'on invite à boire un coup avant de commencer à discourir.

On ne connaît pas le vin au cercle.

Chaque vin a sa lie, ou nul vin sans lie.

Vin, fille, faveur et poirier, sont difficiles à conserver.

REMARQUE

Commerce de vin et non de vins.

HISTORIQUE

XIe s. [Les corps des morts] Ben sunt lavez de piment e de vin, Ch. de Rol. CCLX.

XIIe s. Present lor envoia, vin froit et bon poisson, Sax. XXII.

XIIIe s. À la nuit de l'Ascension, quant crieur portent vin, et la veille de la Pentecoste, Liv. des mét. 132. Plus a arpole en un setier de vin que en un mui d'iau, ce dit li vilains, Proverbes du vilain, ms. de st Germ. f° 75, dans LACURNE.

XIVe s. Quant aux vins, sachiez que, s'ils deviennent malades, il les convient garir de maladies par la maniere qui s'en suit, Ménagier, II, 3. Lors fis tant que j'eüs du pain, Et si prins du vin aux chevaulx [de l'eau], J. Bruyant, dans Ménagier, t. II, p. 38. Tout homs qui tient feu et lieu [à Mâcon] et veult paier vin d'ost au roy [taxe de guerre], Du Cange, vinum hostis. L'exposant prist trois los de vin de tainte du pris de huit sols ou environ, Du Cange, vinum tinctum.

XVe s. Quatre flacons pleins de blanc vin aussi bon que j'en avois point bu sur le chemin, Froissart, II, III, 9. Que aucun dudit mestier [de buffetier] ne mette en besongne lye puante, ne vin bouté ou puant, Du Cange, vinum betatum. Car, puis ce jour, il doubta tant Sa femme, son plet et sa noise Que, s'elle deïst de cervoise Que ce fust vin, il l'accordast, Deschamps, Miroir de mariage, p. 16. Et il dist qu'il [un courtier] sceust se il en pourroit trouver [une maison] à louer en la vielz rue du Temple entour l'ostel de la royne, et il lui paieroit bon vin [bon prix], Bibl. des ch. 6e série, t. I, p. 243. Vin perd mainte bonne maison, Villon, Testam. Se aucun avoit perdu quelque chose, elle se mesloit de le renseignier ; et qui eust à faire d'aucune fille secrete, elle en eust fait pour gracieux vin, Les évang. des quenouilles, p. 73.

XVIe s. Ce diable de Pantagruel, qui ha convaincu touts les resveurs et bejaunes sophistes, à ceste heure aura son vin [sera battu], Rabelais, Pant. II, 18. Tout le bon vin d'Aurelians poulsa et se guasta, Rabelais, II, 7. Si quelquefois elle daignoit en passant prendre son vin [se rafraîchir], elle nous feroit plaisir et honneur, Marguerite de Navarre, Nouv. XLIV. Le curé, qui connoissoit sa complexion, avoit appresté un petit tendron, pour son vin de coucher, Despériers, Contes, XXXVI. Vin de marché n'entre point en compte du prix pour en prendre droit de vente, sinon qu'il fust fort excessif, Loysel, 415. Les grands vins blancs d'Orleans, De Serres, 210. Par le sejour du poiré dans un tonneau à vin de vigne, De Serres, 251. Celle est la façon de toutes sortes de vins fruitiers, estans les pommes et les poires guides des autres fruits, De Serres, ib. N'estant jamais tant salutaire le vin bas [baissière] que l'autre, De Serres, 830. Le vin rapé pour les valets. - De l'usage des musquats, vin-cuits et vin-violets, autre chose ne s'en peut dire, De Serres, 830. Les trempés ou vins de despense, De Serres, 831. Vin sur lait est souhait ; laict sur vin est venin, H. Estienne, Précell. p. 170. … Nous en parlerons Sur le vin [le verre en main], et nous trouverons, Ce croy-je, de bien près parens, Rec. de farces, p. 451. Je mettray de l'eaue en ton vin, Génin, Recréat. t. II, p. 240. Vin d'asne, qui rend la personne assoupie ; vin de cerf, qui fait pleurer ; vin de lyon, qui rend querelleur ; vin de pie, qui fait cajoler ; vin de porc, qui fait rendre gorge ; vin de singe qui fait sauter et rire, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 219.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

VIN. Ajoutez :
13Vin du glacier, vin renommé du Valais (Suisse), provenant d'un cépage nommé le rèse et qui, transporté dans les hautes vallées, acquiert, au contact de l'air des glaciers, un bouquet remarquable.
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Étymologie de « vin »

(Xe siècle) Du latin vīnum ; voir la proximité étymologique de vin dans d’autres langues.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Provenç. vin, vi ; catal. vi ; espagn. vino ; portug. vinho ; ital. vino ; du lat. vinum. Des étymologistes rattachent οἶνος, vinum au sanscrit védique vena, aimable, amical ; d'autres, à vitis, mais vitis aurait donné vitinum et non vinum. Il est bien plus naturel d'y voir l'hébreu iin, vin : de ioun, faire effervescence, les Sémites ayant précédé les Indo-Européens dans la connaissance du vin.

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Phonétique du mot « vin »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
vin vɛ̃

Fréquence d'apparition du mot « vin » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « vin »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « vin »

  • Les vieux amis sont comme les vieux vins qui, en perdant de leur verdeur et de leur montant, gagnent en chaleur suave.
    Charles Augustin Sainte-Beuve — Correspondance, à Paul Lacroix, novembre 1838
  • Sac à vin ! il de chien et cœur de cerf !
    Homère — L'Iliade, I, 225 (traduction P. Mazon)
  • Il y a plus de paroles en un plein pot de vin qu'en un muid de cervoise.
    Chrétien de Troyes — Yvain ou le Chevalier au Lion
  • Le vin entre et la raison sort.
    Proverbe français
  • Lorsque le vin entre, le secret sort.
    Le Talmud
  • Si le vin manque, il manque tout.
    Proverbe latin
  • Sans morale, il n'y a plus de vin de Bordeaux, ni de style. La morale, c'est le goût de ce qui est pur et défie le temps.
    Jacques Boutelleau, dit Jacques Chardonne — L'Amour, c'est beaucoup plus que l'amour, Albin Michel
  • L'odeur du vin, ô combien plus est friant, riant, priant, plus céleste et délicieux que d'huile !
    François Rabelais — Gargantua, Prologue
  • Les événements vini-viticoles et œnotouristiques reprennent partout en France. Alors que les plaines de Saint-Ambroix dans le Gard se préparent à enregistrer des températures records tout le week-end, le village fortifié fêtera le vin le temps d'une journée. Sur l'initiative du syndicat des vins IGP Cévennes, le public, amateur de vin ou néophyte, est attendu ce dimanche 2 août de 10 h 30 à 21 h 30 sur la place de l'Église-de-Sent-Ambruèis, le nom occitan de la ville.
    Le Point — Agenda du vin – Saint-Ambroix fête le vin - Le Point
  • Un soir, l'âme du vin chantait dans les bouteilles.
    Charles Baudelaire — Les Fleurs du Mal, l'Âme du vin
Voir toutes les citations du mot « vin » →

Traductions du mot « vin »

Langue Traduction
Anglais wine
Espagnol vino
Italien vino
Allemand wein
Chinois 葡萄酒
Arabe نبيذ
Portugais vinho
Russe вино
Japonais ワイン
Basque ardoa
Corse vinu
Source : Google Translate API

Synonymes de « vin »

Source : synonymes de vin sur lebonsynonyme.fr

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