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Sublime

Variantes Singulier Pluriel
Masculin et féminin sublime sublimes

Définitions de « sublime »

Trésor de la Langue Française informatisé

SUBLIME, adj. et subst.

I. − Adjectif
A. − Vx. Qui est placé très haut, qui est au premier rang. Point sublime. Un rideau (...) sépare les régions inférieures du Ciel de ces régions sublimes (Chateaubr., Natchez, 1826, p. 177).Ce terme de sublime est très heureusement donné, car étymologiquement, il veut dire sous le seuil, ce qui implique une idée de limite extrême (Griveau, Élém. beau, 1892, p. 91).
HIST. La Sublime Porte. ,,Le gouvernement des sultans ottomans, qui avait son siège à Constantinople`` (Lar. Lang. fr.).
B. −
1. ANAT. [En parlant de certains muscles] Qui sont plus près de la peau que les autres appelés profonds. En anatomie, on donne le nom de Sublimes à certains muscles plus superficiellement situés que les autres (Littré-Robin1858).
2. MÉD. Respiration sublime. Respiration ,,qui est grande, accompagnée de mouvements des ailes du nez et d'élévation du thorax pendant l'inspiration`` (Littré-Robin 1865).
3. Au fig.
a) [En parlant de pers.] Dont les actes ou les sentiments suscitent l'admiration pour leur élévation. Artiste, enfant, femme, génie, peintre sublime. Je vous comprends, vous êtes sublime! (Zola, Fortune Rougon, 1871, p. 228):
1. Vous êtes un homme sublime, mon enfant, et si je comprends parfaitement l'intérêt prodigieux que peuvent avoir pour vous le spectacle et les bruits des parcs d'hiver que traverse le vent du nord, je m'inquiète au contraire de tout l'appareil mesquin qui peut, à force de petites blessures, anémier votre âme où bouillonne un sang chevaleresque. Giono, Angelo, 1958, p. 202.
b) [En parlant de choses] Qui, très haut dans la hiérarchie des valeurs esthétiques, morales ou spirituelles, suscite l'admiration ou provoque une émotion. Caractère, don, élan, expression, idée, jeu, moment, paysage, perfection, rêve, sentiment, spectacle, style sublime. Il tire de son intelligence des trésors de savoir et d'harmonie; il les jette à profusion sur le monde; puis, le contemplant revêtu de cette beauté sublime qu'il lui a faite, il croit que c'est le monde qui l'a éclairé (Lacord., Conf. N.-D., 1848, p. 146).Il faut relire ces pages sublimes des Misérables (Alain, Propos, 1925, p. 653).
Rem. Antéposé, sublime a une valeur d'intensif : Pendant douze ans, un ange a dérobé au monde, à la famille, aux devoirs, à toutes les entraves de la vie parisienne, deux heures pour les passer près de moi, sans que personne en sût rien; douze ans! Entendez-vous? Puis-je vouloir que ce sublime dévouement, qui m'a sauvé, se recommence? (Balzac, Corresp., 1836, p. 26).
P. exagér., fam. Excellent, délectable. Sublime, ce fromage de tête (A. Schifres, Les Parisiens, Paris, J.-Cl. Lattès, 1990, p. 210).
P. plaisant. [En parlant d'une sottise] Qui est vraiment remarquable. Il faut être si prodigieusement imbécile pour ne pas comprendre ce que le grattage veut dire, que les poursuites ne sont explicables que par un Zurlinden, sublime de bêtise! (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 484).
P. ext., fam. Sublime! [Exprime une haute admiration ou, isolé dans le dialogue, marque l'assentiment enthousiaste] Pierre: Je la respecte car elle vaut mieux que nous tous. Stéphan: Sublime! Et comment dire... Oui, encore une fois, chevaleresque (Camus, Possédés, 1959, 1repart., 4etabl., p. 983).
II. − Substantif
A. − [À propos d'une pers.] Celui, celle dont les actes ou les sentiments suscitent l'admiration. C'est le poète des poètes, l'imagination des imaginations, le sublime des sublimes (Chênedollé, Journal, 1833, p. 172).La résolution met le feu au regard; feu admirable qui se compose de la combustion des pensées timides. Les opiniâtres sont les sublimes (Hugo, Travaill. mer, 1866, p. 298).
Pop., vx. Ouvrier ivrogne. [Riant de cet ouvrier ivre qui s'était qualifié de sublime ouvrier] nous répétâmes: Voilà bien le sublime ouvrier... Quand un ivrogne venait nous demander des travaux nous nous disions: Bon, voici encore un sublime. Nous en prîmes tellement l'habitude que le mot fut admis (Poulot, Sublime, 1872, p. 12).
B. − [À propos d'une chose] Ce qu'il y a de plus élevé dans l'ordre moral, esthétique, intellectuel. L'idée du sublime; atteindre, toucher au sublime. Si nous partagions l'opinion presque générale, suivant laquelle le sublime n'est que le suprême degré du beau, il n'y aurait pas lieu évidemment de lui consacrer ici un chapitre spécial (Brencq, Beau, 1911, p. 69):
2. Les lois de la perspective se renversent avec la mémoire qui grandit ce qui de nous s'éloigne, nous faisant nous souvenir comme d'un lac d'un bassin de notre enfance, et pareillement transcende les événements historiques jusqu'à l'apothéose − et, si elle leur ajoute du sublime, leur enlève le contact humain et la faculté de nous émouvoir. Cocteau, Poés. crit. II, 1960, p. 234.
Spécialement
PHILOS. (esthét.). ,,Sentiment de plaisir éprouvé au contact d'un objet informe ou de tout objet impliquant une idée de totalité`` (GDEL). Kant est le premier philosophe qui ait décrit avec exactitude et profondeur les points de l'intelligence qui accompagnent la perception du sublime comme celle du beau (Franck1875).
RHÉT. Style, ton propre aux sujets et aux genres élevés. Le sublime est une catégorie du style qui touche à la sensibilité et donne l'intuition de la grandeur (Nér.Hist. Art1985).P. ell. On distingue communément trois genres de style oratoire, le simple, le sublime, et celui qu'on appelle moyen entre ces deux, ou bien le style tempéré (Barthes, Théorie Beau, 1895, p. 195).
Prononc. et Orth.: [syblim]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. a) Ca 1470 « (d'une chose) qui est très haut dans la hiérarchie des valeurs, admirable, parfait » (Georges Chastellain, Exposition sur Vérité mal prise ds Œuvres, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 6, p. 264); b) 1549 (?) « (d'une personne) qui est remarquable, qui suscite l'admiration » (Cl. Marot [?], Complainte d'un pastoureau chrestien ds Œuvres lyriques, éd. C. A. Mayer, p. 392: o Pan grand et sublime); 2. a) 1540 fig. « (d'une personne) haut placé » (La Grise, tr. Guevara, I, 17 ds Hug.); b) 1552 « de haute taille, grand et fort » grand chat soubelin (Rabelais, Quart Livre, LXVII, éd. R. Marichal, p. 266, 4); c) 1572 « (d'une chose) qui vient d'en haut, qui est situé en haut » (Amyot, Opin. des philos., III, 2 ds Littré: nuage haut eslevé [...] esclairé par une sublime lumiere); 3. 1546 « empreint de finesse » qualité soubeline (Rabelais, Tiers Livre, XVI, éd. M. A. Screech, p. 127, 96); 4. a) 1669 littér. (La Fontaine, Amours de Psyché et de Cupidon, I ds Œuvres, éd. H. Régnier, t. 8, p. 120: La tragédie a encore cela au dessus de la comédie, que le style dont elle se sert est sublime; et les beautés du sublime, si nous en croyons Longin et la vérité, sont bien plus grandes); 1671 le style sublime (Bouhours, Entretiens d'Ariste et d'Eugène, p. 70 ds Th. A. Litman, Le Sublime en France..., Paris, 1971, p. 20); b) 1674 à propos d'un ouvrage de l'esprit (Boileau, Art poétique, II ds Œuvres, éd. Fr. Escal, 1966, p. 166: Ses ouvrages [de Juvénal] tout pleins d'affreuses veritez, Etincellent pourtant de sublimes beautez). B. Subst. 1. 1659 lang. des Précieuses « le cerveau » (Molière, Précieuses ridicules, IX); 2. 1669 littér. (La Fontaine, loc. cit.); cf. 1674 (Boileau, Traité du Sublime ou du Merveilleux dans le discours, préf., p. 338: Il faut sçavoir que par Sublime, Longin n'entend pas ce que les orateursappellent le stile sublime: mais cet extraordinaire et ce merveilleux qui frape dans le discours et qui fait qu'un ouvrage enlève, ravit, transporte; cf. Th. A. Litman, op. cit., pp. 63-103); 3. 1690 « ce qui élève » (Fur.); 1718 (Ac.: il y a du sublime dans ces sentiments-là). Empr. au lat.sublimis (peut-être de sub + limis, anc. limus, propr. « qui monte en ligne oblique, qui s'élève en pente », Ern.-Meillet) « suspendu en l'air, qui est en l'air; haut élevé, placé en haut; (fig.) élevé, grand; sublime (terme de rhét. en parlant du style, Quintilien) »; à basse époque, subst. masc. plur. sublimes « les haut placés », Blaise Lat. chrét. Fréq. abs. littér.: 4 275. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 10 031, b) 6 350; xxes.: a) 4 855, b) 3 297.
DÉR.
Sublimement, adv.D'une manière sublime. Si, comme l'a défini sublimement Platon, la lumière du soleil n'est que l'ombre de Dieu, la vérité est son corps (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 308).Tout ce qui est sublimement écrit, et je prendrai un exemple dans le moderne tout ce que j'admire comme écriture dans Michelet est tout ce qu'il y a de plus facilement blaguable par le bon goût critique d'un reporter (Goncourt, Journal, 1882, p. 160). [syblimmɑ ̃]. Att. ds Ac 1762-1878. 1resattest. 1564 (J. Thierry, Dict. fr.-lat. d'apr. FEW t. 12, p. 343a), 1606 (Nicot); de sublime, suff. -ment2*.
BBG.Duch. Beauté. 1960, pp. 134-135 (et s.v. sublimement). − Elkner (B.A.). The Dancer from the dance... Australian journal of French studies. 1973, t. 10, no3, p. 274. − Quem. DDL t. 2. − Sainéan (L.). Rabelæsiana. R. des Ét. rabelaisiennes. 1912, t. 10, pp. 478-479.

Wiktionnaire

Nom commun - français

sublime \sy.blim\ masculin singulier

  1. Ce qu’il y a de très grand, de très élevé, d’excellent dans les sentiments, dans les actions vertueuses, dans le style.
    • Comme celle de son contemporain William Turner, l’œuvre de Martin illustre exemplairement le concept du sublime, tel qu’il fut théorisé par Edmund Burke en 1757, et qui marqua profondément la sensibilité artistique de la période, dans toute l’Europe. S’opposant au « beau », le sublime consiste en la représentation de phénomènes ou d’événements grandioses, démesurés, dont on goûte l’effet terrifiant sans avoir à craindre pour sa vie; un « délicieux frisson », en somme. — (Manuel JoverLe sixième sceau – Journal La Croix, page 18, 2-3 avril 2016)
    • Les hommes m’ont appelé fou ; mais la Science ne nous a pas encore appris si la folie est ou n’est pas le sublime de l’intelligence, […]. — (Edgar Poe, Éléonora, dans Histoires grotesques et sérieuses, traduction de Charles Baudelaire)
    • […] les philosophes modernes semblent d’accord pour demander que la morale de l’avenir présente le caractère du sublime, ce qui la séparerait de la petite morale catholique, qui est assez plate. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, Chap.VI, La moralité de la violence, 1908, p.296)
    • Le sublime de l’éloquence.
    • Longin a fait un Traité du sublime.
  2. (Œnologie) Grosse bouteille de vin de 150 L, soit 200 bouteilles.

Adjectif - français

sublime \sy.blim\ masculin et féminin identiques

  1. (Mélioratif) Qui est au plus haut degré de l’élévation, de la grandeur, de la noblesse, de la beauté ; il n’est usité que dans le domaine moral ou intellectuel.
    • Qui oserait blasphémer contre cette sublime épopée, qui commence à Valmy, et qui se déroule, en traits de feu, jusqu’à la sombre catastrophe de Waterloo ; épopée qui débute par un hymne de triomphe, et qui se ferme sous les plaintes d’une douloureuse élégie ? — (« Charlet », dans L’Urne : Recueil des travaux de J. Ottavi, avec une biographie de l’auteur, par Léon Gozlan, Paris : chez Paulin, 1843, p. 254)
    • Elle fut sublime d’affection, à toute heure, d’une douceur rare chez les jeunes filles, et bien appréciée par les témoins de cette tendresse. — (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
    • Quels termes saurai-je trouver, suffisamment simples dans leur sublimité, — suffisamment sublimes dans leur simplicité, — pour la simple énonciation de mon thème ? — (Edgar Poe, Eureka, 1848, traduction de Charles Baudelaire)
    • Kant disait que les deux choses les plus sublimes du monde sont le ciel étoilé au-dessus de nos têtes et la loi morale au fond de notre cœur. — (Pierre Rousseau, La Terre, ma Patrie, collection "Savoir', librairie Arthème Fayard, 1947, p. 351)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

SUBLIME. adj. des deux genres
. Qui est au plus haut degré de l'élévation, de la grandeur, de la noblesse, de la beauté; il n'est usité que dans le domaine moral ou intellectuel. C'est un homme d'un génie sublime. Esprit sublime. Âme sublime. Vertu sublime. Dévouement sublime. Pensée sublime. Vers sublime. Style sublime. Elle s'est montrée sublime dans cette tragique circonstance. Un orateur sublime. Il a été sublime de dévouement, d'abnégation. Il s'emploie aussi comme nom masculin et pour désigner Ce qu'il y a de très grand, de très élevé, d'excellent dans les sentiments, dans les actions vertueuses, dans le style. Le sublime de l'héroïsme. Un dévouement qui atteint au sublime. Le sublime de l'éloquence. Longin a fait un Traité du Sublime.

Littré (1872-1877)

SUBLIME (su-bli-m') adj.
  • 1Au sens latin et propre, usité seulement en termes d'anatomie et de médecine. Muscles sublimes, muscles plus superficiellement situés que leurs congénères que l'on désigne alors par le nom de profonds.

    Respiration sublime, celle qui est grande, accompagnée de mouvements des ailes du nez et d'élévation du thorax pendant l'inspiration.

    Fig. Les dons que je vous fais, Ils ne font point de honte au rang le plus sublime, Corneille, Héracl. I, 2. Si votre hymen m'élève à la grandeur sublime, Corneille, Sert. I, 3. Voilà par quel cas fortuit il est arrivé que tant d'Auvergnats ont paru à la cour de France dans les postes les plus sublimes sous Charles VIII, Louis XII et François Ier, Bayle, 1er article sur la famille Arnauld.

  • 2 Fig. Qui s'élève à une grande hauteur intellectuelle ou morale, en parlant des personnes. Un génie sublime. Il faudrait, Xénoclès, une âme plus sublime, Corneille, Agésil. v, 5. Saint Augustin, un si sublime docteur, un théologien si exact…, Bossuet, Avert. repr. d'idol. 5. Je ne me pique, mon cher et illustre maître, d'être ni aussi sublime que Platon, s'il est vrai qu'il soit aussi sublime qu'on le prétend, ni aussi obscur qu'il me paraît l'être ; vous me faites donc trop d'honneur de me comparer à lui, D'Alembert, Lett. à Volt. 7 août 1763. Sénèque est ici grand moraliste, excellent raisonneur, et de temps en temps peintre sublime, Diderot, Claude et Nér. II, 45. Maître puissant par qui tout génie est formé, Public, sublime auteur qu'on n'a jamais nommé ! Th. Gautier, Prol. de réouverture de l'Odéon.
  • 3Il se dit, dans le même sens, des choses intellectuelles et morales. L'hérésie des béguards, qui, se glorifiant d'une sublime et perpétuelle communication avec Dieu…, Bossuet, Ét. d'orais. x, 1. Ses ouvrages [de Juvénal], tout pleins d'affreuses vérités, étincellent pourtant de sublimes beautés, Boileau, Art p. II. Il n'y a personne qui ne sente la grandeur héroïque qui est renfermée dans ce mot, qu'il mourût, qui est d'autant plus sublime qu'il est simple et naturel, Boileau, Longin, Sublime, Préf. Il faut savoir que par sublime Longin n'entend pas ce que les orateurs appellent le style sublime, mais cet extraordinaire et ce merveilleux, qui frappe dans le discours, et qui fait qu'un ouvrage enlève, ravit, transporte, Boileau, ib. Tu n'es qu'un conjuré paré d'un nom sublime [ambassadeur], Voltaire, Brutus, v, 2. L'éloquence ne consiste point, comme tant d'auteurs l'ont dit d'après les anciens, à dire des choses grandes d'un style sublime, mais d'un style simple ; car il n'y a point proprement de style sublime, c'est la chose qui doit l'être ; et comment le style pourrait-il être sublime sans elle, ou plus qu'elle ? D'Alembert, Mél. litt. Œuv. t. III, p. 243. Ce tableau de la plus sublime des sciences naturelles [astronomie], toujours croissant au milieu même des révolutions des empires, pourra consoler des malheurs dont les récits remplissent les annales de tous les peuples, Laplace, Exp. v, préface.

    Style sublime, voy. STYLE.

  • 4 S. m. Ce qu'il y a de grand, d'excellent dans le style, dans les sentiments, dans les actions. Le sublime se peut trouver dans une seule pensée, dans une seule figure, dans un seul tour de paroles, Boileau, Longin, Sublime, Préf. Le sublime est une certaine force de discours propre à élever et à ravir l'âme, et qui provient ou de la grandeur de la pensée et de la noblesse du sentiment, ou de la magnificence des paroles, ou du tour harmonieux, vif et animé de l'expression, Boileau, ib. Réfl. 12. Et je hais un sublime ennuyeux et pesant, Boileau, Art p. III. Le sublime ne peint que la vérité ; mais, en un sujet noble, il la peint tout entière dans sa cause et dans son effet ; il est l'expression ou l'image la plus digne de cette vérité, La Bruyère, I. Qu'est-ce que le sublime ?… tout genre d'écrire reçoit-il le sublime, ou s'il n'y a que les grands sujets qui en soient capables ?… ou plutôt le naturel et le délicat ne sont-ils pas le sublime des ouvrages dont ils font la perfection ? qu'est-ce que le sublime ? où entre le sublime ? La Bruyère, I. On distingue plusieurs sortes de sublime ; il n'est pas toujours véhément et impétueux, Rollin, Traité des Ét. III, 3. Le sublime doit être dans le sentiment ou dans la pensée ; et la simplicité, dans l'expression, D'Alembert, Disc. Acad. franç. En général, le ridicule touche au sublime ; et, pour marcher sur la limite qui les sépare, sans la passer jamais, il faut bien prendre garde à soi, Marmontel, Œuv. t. v, p. 188. Savez-vous ma définition du sublime oratoire ? c'est l'art de tout dire sans être mis à la Bastille, dans un pays où il est défendu de rien dire, L'Abbé Galiani, cité par Sainte-Beuve, Causeries, t. I, p. 44. On n'arrive point au sublime par degrés ; des distances infinies le séparent même de ce qui n'est que beau, Staël, Corinne, IV, 3. Voyons l'homme non pas qui se complaît à peindre les pieuses douleurs et le sublime de la vertu, mais qui pénètre dans une âme perverse et mobile et la dévoile tout entière, Villemain, Litt. franç. XVIIIe siècle, 1re leçon.

    Par plaisanterie. Et sur des tons d'un sublime ennuyeux Psalmodier la cause infortunée D'un perroquet non moins brillant qu'Énée, Gresset, Ver-vert, I.

  • 5 Terme de beaux-arts. Le beau à un degré très éminent en un sujet grave. Si au sublime du technique l'artiste flamand avait réuni le sublime de l'idéal, on lui. élèverait des autels, Diderot, Salon de 1767, Œuvr. t. XIV, p. 498.
  • 6Ce qu'il y a d'exalté dans l'âme et la spiritualité. Fénelon vit Mme Guyon, leur esprit se plut l'un à l'autre, leur sublime s'amalgama, Saint-Simon, 31, 107.
  • 7 Familièrement. Ce qu'il y a de mieux. Le sublime de l'administration est de connaître quelle est la partie du pouvoir que l'on doit employer dans les diverses circonstances, Montesquieu, Espr. XII, 25.

HISTORIQUE

XVIe s. Jusques à quand, o Pan grand et sublime, Laisseras-tu cette gent tant infime ? Marot, I, 312. Ceste ruse est des plus sublimes, comme on parle aujourd'hui, H. Estienne, Apol. d'Hérod. p. 256, dans LACURNE.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

SUBLIME.
5Ajoutez : Le grand, dans ce sens figuré [dans le langage de l'art], s'il n'est pas exactement synonyme de sublime, peut être considéré, du moins, comme le terme positif dont sublime serait le superlatif, Boutard, Dict. des arts du dessin, au mot grand.
8 S. m. Dans l'argot des ouvriers parisiens, sublime, nom que se donnent certains ouvriers qui ne font rien d'utile, mais se livrent à la boisson, contractent des dettes qu'ils ne paient pas, et se font gloire de leurs vices et de leur paresse.

On a créé, par surcroît, le mot sublimisme pour désigner ce type.

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Étymologie de « sublime »

Du latin sublimis (« élevé, haut, sublime »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Lat. sublimis, Sublime s'est dit pour sublimé : Je suis lors dissoubs et sublime, Sans marteau, tenailles ne lime, Sans charbon, fumier, baing marie, Et sans fourneau de soufflerie, Nat. à l'alch. err. 339.

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Phonétique du mot « sublime »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
sublime syblim

Fréquence d'apparition du mot « sublime » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « sublime »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « sublime »

  • Le sublime touche, le beau charme.
    Emmanuel Kant — Observations sur le sentiment du beau et du sublime
  • L'extrême exactitude est le sublime des sots.
    Jacques Turgot
  • Ce qu’on en dira reprendra ses propres termes : « Je ne laisse voir aucun élément significatif de la plage que j’ai prise en photos, afin d’amener chacun à voyager dans son propre imaginaire. Ce qui m’attire, c’est de fixer dans la mémoire ces éléments éphémères ». Des éléments qui font écho, et c’est le but, à un autre travail photographique exposé rue Traverse, celui de son fils David Raoult. Ce dernier s’attache à offrir aux regards les marques qu’on remarque à peine sur les murs des villes. Une façon comme une autre de sublimer les traces laissées par le temps et les hommes, que côtoient les dessins de K-dada-, venue se joindre à eux.
    Le Telegramme — Une exposition qui sublime l’éphémère - Morlaix - Le Télégramme
  • Le paradoxe, c'est que le noir cache et sublime en même temps.
    Catherine Ormen-Corpet
  • On n'attend point le sublime par degrés; la distance entre le sublime et le tout juste beau est infinie.
    Madame de Staël — Corinne, ou l'Italie
  • Le sublime est la résonance d'une grande âme.
    Longin — Traité du sublime
  • Quel sublime enfantillage que l'amour !
    Alexandre Dumas, fils — La dame aux camélias
  • L'éloquence sublime est presque inséparable de la plaisanterie.
    Ghislaine Schoeller — Marie d'Ispahan
  • Le beau est supérieur au sublime parce qu'il est permanent et ne rassasie pas ; tandis que le sublime est relatif, passager et violent.
    Henri-Frédéric Amiel — Fragments d'un journal intime
  • La rapidité est sublime, et la lenteur majestueuse.
    Antoine de Rivarol — L’Esprit de Rivarol
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Traductions du mot « sublime »

Langue Traduction
Anglais gorgeous
Espagnol maravilloso
Italien bellissima
Allemand herrlich
Chinois 华丽
Arabe رائع
Portugais linda
Russe безумно красивая
Japonais ゴージャス
Basque ederrez
Corse bellissima
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Synonymes de « sublime »

Source : synonymes de sublime sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « sublime »

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Nombre de points du mot sublime au scrabble : 11 points

Sublime

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