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Sou

Variantes Singulier Pluriel
Masculin sou sous

Définitions de « sou »

Trésor de la Langue Française informatisé

SOU, subst. masc.

A. −
1. HIST., NUMISM.
a) Ancienne unité monétaire, de valeur variable selon les pays et les époques. En 1536, sous François 1er, le prix du setier étant de 3 livres 1 sou 11 deniers (Say,Écon. pol., 1832, p. 337).
b) P. méton. Pièce de monnaie correspondant à cette unité monétaire, à l'origine d'or puis d'argent, enfin de métal, et valant en France un vingtième de l'ancienne livre, soit douze deniers. Synon. vx sol (infra rem. 2).La valeur âprement apprise de chaque pièce, le liard, le sou, l'écu, et le beau double-louis d'or lourd à la fin (Claudel,Otage, 1911, I, 1, p. 228).Les enfants des écoles ont donné tous les sous de leur tirelire pour la couronne (Anouilh,Antigone, 1946, p. 188).P. métaph. Le premier sourire de ma chambre d'enfant m'inonde de larmes. Larmes claires comme ce rayon qui danse en sous d'or aux vitres (Colette,Cl. ménage, 1902, p. 259).
Sou tournois. Au Moyen Âge, pièce de métal précieux valant douze deniers. Sou parisis. Pièce de métal précieux valant quinze deniers. Les conseillers au parlement recevoient cinq sous parisis par jour de service (Chateaubr.,Disc. et opin., 1826, p. 59).
Sou marqué. Pièce de cuivre valant quinze deniers. On gage un écu de six livres contre un sou marqué que tu ne changerais pas ta caque pour la mienne? (Cladel,Ompdrailles, 1879, p. 175).
Loc. verb. fig., pop., vx. Faire de cent sous quatre livres et de quatre livres rien. Gaspiller son temps. P. anal. Ne vaut-il pas mieux avoir un pied à terre chez ta fille (...) et vivre huit mois de l'année à Chinon, que de commencer ici à faire de cinq sous six blancs, et de six blancs rien (Balzac,C. Birotteau, 1837, p. 14).
2.
a) [En France, dep. l'adoption du système décimal, à la Révolution, jusqu'en mars 1947 où les pièces de monnaie de cette valeur ont été retirées de la circulation] Unité monétaire minimale valant un vingtième de l'ancien franc (antérieur au premier janvier 1960), soit cinq centimes. Synon. pop. rond2.Pièce, billet de cent sous; pièce de dix sous, de vingt sous, de quarante sous; pain d'un sou, de deux sous; (x) sous de pourboire; gagner, payer (x) sous par jour; donner (x) sous à qqn. Elle (...) acheta une enveloppe d'un sou (Montherl., J. filles, 1936, p. 984):
M. Dupuy faisait démontrer (...) ce problème: un ouvrage coûte sept livres, quatre sous, trois deniers la toise; l'ouvrier en a fait deux toises, cinq pieds, trois pouces. Combien lui revient-il? Stendhal,H. Brulard, t. 1, 1836, p. 260.
Arg., pop. Pièce de dix sous. V. pièce I A 4.
Loc. verb. pop., fam.
Valoir (x francs) comme un sou. Valoir largement, amplement (cette somme). Cette maison vaut cent mille francs comme un sou (Lar. 19e). Trop cher? Cela [une potiche] vaut deux mille francs comme un sou (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Avent. paris., 1881, p. 764).
S'ennuyer, s'embêter à cent sous de l'heure. V. heure I A 1 c β loc.
[Avec une valeur d'intérêt, de taux]
DR., vx. Au sou la livre. (Ds Ac. 1798-1878). Synon. au marc le franc (v. marc1A dr.).
Sou du franc. Ancienne coutume consistant en la remise d'un sou par franc d'achat, consentie par les commerçants aux économes, aux domestiques chargés des achats de nourriture. Il n'y avait jamais eu chez nous de domestiques si corrompus qui n'eussent vite modifié, épuré leur conception de la vie jusqu'à ne plus toucher le « sou du franc » (Proust,Guermantes 2, 1921, p. 321).
Le sou pour livre, par livre (vx). Les quatre bourses de la cuisinière (...) la bourse du sou pour livre, la bourse de la gratte ou des profits de la halle, et la bourse de l'anse du panier (Goncourt,Sœur Philom., 1861, p. 83).
Sous de poche (vx). Argent de poche. Il y avait surtout, cette année-là, un certain nougat blanc où passèrent tous les sous de poche du collège (MmeV. Hugo, Hugo, 1863, p. 124).
Région. (Canada). Sou (noir). Unité monétaire valant un centième de l'ancienne piastre ou du dollar. Vigilante et économe, elle usait son linge à la corde et n'employait jamais un sou à des frivolités (Guèvremont,Survenant, 1945, p. 27).
b) P. méton. Pièce de monnaie de métal vil correspondant à cette unité monétaire et valant cinq centimes anciens. Jetant de temps en temps une épigramme comme on fait un ricochet sur l'eau avec un sou (Barb. d'Aurev.,Memor. 1, 1837, p. 117).À Sérianne ses parents lui gardaient les sous neufs qui sont tout dorés (Aragon,Beaux quart., 1936, p. 386).
Petit sou. Pièce de cinq centimes anciens. « Un petit sou, monsieur, s'il vous plaît! » Voilà ce que m'a chanté, au retour de ma course, un petit Savoyard arrivé tout juste à Reims (Chateaubr.,Mém., t. 3, 1848, p. 264).V. livre2B 4 ex.
Gros sou. Pièce de dix centimes anciens. Synon. décime, patard (vx, pop., fam.).J'avais fait une provision de gros sous, et nous dansions presque sans arrêt. Chaque air y passait à son tour (Romains,Hommes bonne vol., 1939, p. 139).
Loc. Être propre, net, luisant comme un sou neuf, comme un sou (vieilli); briller comme un sou neuf. V. neuf2I A 2 et propre2A 5 a.
3. P. ext. Pièce de monnaie quelconque. Zut, je n'ai plus de sous pour faire l'appoint. Des sous et des billets (Rob. 1985).
Vx ou région. (Québec). Sou blanc. Pièce d'argent. Excellent prétexte (...) à rendre une monnaie fantaisiste, où les sous blancs de Suisse comptent pour cinquante centimes (A. Daudet,Tartarin Alpes, 1885, p. 117).On y reçoit une grosse poignée de sous noirs, mais aussi des blancs. Pensez donc, des cinq sous d'argent (C. Jasmin, La Petite patrie, 1972, p. 43 ds Richesses Québec 1982).
JEUX. Appareil à sous. V. appareil I C 3.Machine à sous. V. machine I A 1 f.
B. − P. méton.
1. Dans des loc. et expr.
a) [Pour exprimer une somme modique ou la plus petite unité monétaire en avoir, en espèces] Jusqu'au dernier sou; à un sou près.
Loc. adv. Sou par sou, sou à sou. Par toutes petites sommes. Elle possédait quarante mille francs amassés sou à sou (Balzac,Goriot, 1835, p. 28).Quoi qu'il arrive, ne comptons jamais que sur cette espèce de courage que Dieu dispense au jour le jour, et comme sou par sou (Bernanos,Dialog. Carm., 1948, 4etabl., 1, p. 1652).
Proverbe. Un sou est un sou. Il ne faut pas gaspiller l'argent, même pour de toutes petites sommes. N'essayez pas de leur insinuer (...) qu'un sou est un sou; que cinq centimes par livre de pain et par jour font dix-huit francs au bout de l'année (Coppée,Bonne souffr., 1898, p. 43).
Les quatre sous (de qqn). Le peu d'argent (que possède quelqu'un). Il a mangé ses quatre sous. C'est nos pauvres quatre sous! C'est notre pauvre croûte à nous qu'il guigne? (Céline,Mort à crédit, 1936, p. 388).
[Dans une phrase nég., pour exprimer une absence totale d'argent, de ressources] Il t'a soigné sans jamais demander un sou (Zola,Fortune Rougon, 1871, p. 145).
Pas un sou. Pas la moindre somme d'argent. Vieilli. N'avoir ni sou ni maille; (être) sans sou ni maille. V. maille2B.
N'avoir pas un sou (vaillant, comptant) (vx). N'avoir pas d'argent du tout. Loc. verb. synon. n'avoir pas un denier, pas un écu, pas un liard (v. liard1). Comment payer le bois? Je n'ai pas un sou, mon enfant. J'ai tout donné (Balzac,Goriot, 1835, p. 287).− Marie! Marie! Je t'ai tout donné (...) je n'ai plus un sou vaillant (R. Bazin,Blé, 1907, p. 262).
N'avoir pas le (premier) sou (de/pour qqc.) (fam.). N'avoir pas la moindre somme d'argent pour financer un projet. Il a su par les voisins que nous n'avions pas le premier sou de notre billet (Balzac,Chabert, 1832, p. 81).Après le phylloxéra (...). Les vignobles avaient été ruinés (...) il fallait repiquer du plant américain. Alors la plupart des vignerons avaient abandonné; ils n'avaient pas le sou pour acheter les ceps (Aragon,Beaux quart., 1936, p. 91).
N'avoir pas le sou; être sans le sou. Être complètement dépourvu d'argent. Ce ne sera pas un appartement de mirliflor! mais vous excuserez de pauvres vignerons qui n'ont jamais le sou. Les impôts nous avalent tout (Balzac,E. Grandet, 1834, p. 67).
Loc. adj. Sans le sou. Sans argent. J'ai épousé une fille sans le sou (Renard,Journal, 1906, p. 1086).Empl. subst. Sans le sou. Personne sans argent. Les petits, les humbles, les sans le sou de ce monde (Mirbeau,Journal femme ch., 1900, p. 43).
b) Loc. [Avec un adj. numéral cardinal tel que un, deux, quatre, pour exprimer une valeur insignifiante]
Loc. adj. D'un sou, de deux sous, de quatre sous. De très faible valeur ou de valeur nulle. De 5 à 6 h. du matin quand je fais mes petites philosophies d'un sou, dans mes éternels cahiers sans aucune considération de public, sans vergogne (Valéry,Corresp.[avec G. Fourment], 1925, p. 187).
Être fichu comme quatre sous. Être très mal habillé. Son fameux public de quartier (...) lui pardonne, pourvu qu'elle reparaisse devant lui mal nippée, mal chaussée, fichue comme quatre sous, mais telle qu'avant la fugue (Colette,Vagab., 1910, p. 70).
P. anal. C'est bâti comme quatre sous. Voilà un chapeau que les moutons ne portent déjà plus, tellement on l'a posé à la hâte (Zola,Germinal, 1885, p. 1178).
Avoir (pour) deux sous de qqc. Avoir une très petite quantité de quelque chose. Si j'avais seulement pour deux sous d'idéal...! (Feydeau,Dame Maxim's, 1914, i, 6, p. 10).
c) Loc. verb. fig., fam. [Pour exprimer une nég. complète]
N'avoir pas un sou de. N'avoir pas du tout de. L'administration sévère de l'empereur Napoléon reviendrait au monde, que moi je n'ai pas un sou de friponneries à me reprocher (Stendhal,Rouge et Noir, 1830, p. 158).
Ne pas valoir un sou, deux sous. Ne pas valoir grand chose. Il est le jouet d'impressions extrêmes. Tantôt le poste ne valait pas deux sous. Maintenant, c'est un pactole (Romains,Knock, 1923, I, p. 7).
N'avoir pas un sou de, pas deux sous de (suivi d'un subst. abstr. désignant souvent une qualité). Être totalement dépourvu de. N'avoir pas un sou de bon sens, de malice, de talent, de jugeote. Ces reporters qui n'ont pas un sou de mémoire et qui ne descendent pas à prendre des notes! (Goncourt,Journal, 1895, p. 747).
Je ne donnerais pas un sou de, pas deux sous de ses chances, de sa vie. Son succès, sa vie sont bien compromis. Le commissaire, à part: C'est la crise! Je suis dans de beaux draps! Les deux hommes se regardent dans les yeux. Le commissaire ne donnerait pas deux sous de sa peau (Courteline,Client sér., Commissaire bon enfant, 1900, V, p. 184).
[Avec un adj.] Pas pour deux sous, pour un sou. Pas du tout. La petite est gentille, pas poseuse pour un sou (Arland,Ordre, 1929, p. 103).
2. Au plur., fam. Avoir, richesse, argent en espèces dont dispose quelqu'un. Avoir des sous; gagner des sous. Où crois-tu que je les trouverais les sous pour tes escarpins, pour tes cachemires, si je n'avais pas ce navire, ce règlement (Audiberti,Quoat, 1946, 1ertabl., p. 46).
Loc. verb. fig. Être près de ses sous. Synon. être près de ses pièces (v. pièce I A 4).V. près C 1 a β.
Gros sous. [En fonction de compl. déterminatif ou de compl. d'obj. indir. indiquant l'objet de la conversation] Argent, intérêt, finances. Des histoires, des questions de gros sous. Le premier soin au lendemain de la victoire est pour une question de salaire et de gros sous (Sainte-Beuve,Cahiers, 1869, p. 86).
REM. 1.
-sou, élém. de compos.a) [Le 1erélém. est une prép.] V. sans-le-sou.b) [Le 1erélém. est un verbe] V. grippe-sou.[Compl. d'obj. d'un thème verbal, sur le modèle de grippe-sou]
Ronge sous, empl. adj.,hapax. Il lui arrivait de la contempler [la maison] avec une sorte de convoitise dont elle riait la première, disant qu'à cette fibre propriétaire, elle se connaissait bien pour la fille de rentiers ronge sous (Aymé,Mais. basse, 1934, p. 90).
c) [Le 1erélém. est un adj.] α)
Demi-sou, subst. masc.Unité monétaire valant la moitié d'un sou de cinq centimes anciens. Des petits carrés de fer-blanc qui valaient à peu près le dixième d'un demi-sou (Tharaud,An prochain, 1924, p. 205).
β)
Trente-sous, subst. masc. inv.,région. (Canada). Pièce de vingt-cinq cents. Il sortit même plusieurs trente-sous à la vue de tout le monde (Guèvremont,Survenant, 1945, p. 220).
2.
Sol, subst. masc.,synon., vx. Un gros fermier d'Irlande leur avait dit ce qui suit: Lorsque mes vassaux s'endettent avec moi, je me fais payer en travail, mais ce travail je l'exige à cinq ou six sols par jour (Michelet,Journal, 1834, p. 139).Mais n'espérez pas tirer un sol de votre nouvelle invention, qui n'est pas nouvelle (France,Dieux ont soif, 1912, p. 39).Au fig. Petite quantité. J'aime trop mon repos, et je ne suis pas si sot de me faire pour des mots un sol de mélancolie. Quand il pleut, je laisse pleuvoir. Quand il tonne, je barytonne (Rolland,C. Breugnon, 1919, p. 19).
Prononc. et Orth.: [su]. Ac. 1694-1740: sou, sol; dep. 1762: sou, Sol, avec la valeur phonique de sou (Rouss.-Lacl. 1927, p. 167). Cependant, Fér. 1768: ,,Quelques-uns l'écrivent encore; et qui pis est, le prononcent de même``. Étymol. et Hist. Ca 1130 (Lois Guillaume le Conquérant, éd. J. E. Matzke, 1, §1). Du b. lat. solidus, -i, déb. ves. ds Blaise Lat. chrét., subst. de l'adj. solidus « massif, entier », v. solide. Fréq. abs. littér.: 3 786. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4 609, b) 7 120; xxes.: a) 7 039, b) 4 118. Bbg. Günther (V.), Wartburg (W. von). Das Angelsächsische Element im französischen Wortschatz. In: [Mél. Flasdieck (H.)]. Heidelberg, 1960, pp. 114-117. − Juneau (M.) L'Heureux (R.). La Lang. de deux meuniers québécois du milieu du xixes. In: Trav. de ling. québécoise. 1. Québec, 1975, p. 91. _ Livingston (Ch. H.). French etymological notes. Mod. Lang. Quart. 1944, t. 5, pp. 219-227. − Quem. DDL t. 10 (s.v. n'avoir pas le premier sou; n'avoir pas un sou de qqc.).

Wiktionnaire

Nom commun 2 - français

sou \Prononciation ?\ masculin au singulier uniquement

  1. Langue môn-khmer parlée au Laos.

Nom commun 1 - français

sou \su\ masculin

  1. (Numismatique) Monnaie d’or médiévale, dérivant du solidus romain.
    • Sur un sou d’or trouvé en Angleterre et frappé à Limoges au nom de Dagobert — (article de Maximin Deloche, 1878, [1])
  2. (Archaïsme) (France) Pièce de cuivre ou de nickel qui valait cinq centimes du franc antérieur à 1960.
    • Elle m’a montré de l’or ; c’est une pièce de vingt sous. Oh ! pourquoi me donner la soif des richesses ? Est-ce bien de la part d’une mère ? — (Jules Vallès, L’Enfant, G. Charpentier, 1889)
    • Ils en ont un à eux deux : un sou !
      Oui, ciel et maisons ! ils ont un rond, un croque, un rèche, un pélot ! (Chacun ses mots.)
      — (Léon Frapié, Le sou, dans Les contes de la maternelle, 1910, éditions Self, 1945, page 176)
    • Les enfants, dès qu’il l’apercevaient :
      « Bonjour, monsieur Lamoignon. »
      Il souriait, ravi, tirait de son gousset une pièce de dix sous :
      « Tenez, petits, courez acheter des bonbons.
      – Merci, monsieur Lamoignon. Au revoir, monsieur Lamoignon. »
      — (Marcel Arland, Terre natale, 1938, réédition Le Livre de Poche, page 192)
    • Lisses et froids, les gros sous de cuivre semblent d’eux-mêmes glisser dans ma main. — (Marcel Arland, Terre natale, 1938, réédition Le Livre de Poche, page 201)
    • Dans cette doublure j’ai retrouvé aussi un crayon et une pièce de cinq sous du temps où elles étaient percées. — (Paul Guth, Le mariage du Naïf, 1957, réédition Le Livre de Poche, page 98)
    • Pour une trentaine de sous, on achetait un lapin aux éclusiers et on le fricassait en chemin, sur un coupon garni de gazon et de pierres. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • Il me donnait chaque jour cinq sous, écrivant ensuite sur un carnet, en face de mon nom : 0 franc 25, et fit de même toute ma jeunesse. — (José Cabanis, Les cartes du temps, Gallimard, 1962, Le Livre de Poche, page 89)
    • Mais que pouvait-on acheter avec un sou ? Eh bien ! un croissant, un petit pain croustillant, un cornet-surprise, une tablette très mince de chocolat Menier enveloppée dans un papier jaune ; au moment de Pâques, un œuf dur, teint en rouge, une poignée de billes ou… un petit cervelas. — (Édouard Bled, Mes écoles, Robert Laffont, 1977, page 27)
    • On demanda aux enfants des écoles d’apporter une obole. Je donnai une pièce de cinq sous en nickel dont la valeur faciale, vingt-cinq centimes, était inscrite en grands chiffres dans un cadre. — (Édouard Bled, J’avais un an en 1900, Fayard, 1987, Le Livre de Poche, page 173)
  3. (Suisse) Pièce de cinq centimes de franc suisse.
  4. (Par extension) La valeur monétaire d’un sou.
    • Fernand « sortit son fric », laissa vingt sous de pourboire puis, ayant bu, il se dressa et dit: […]. — (Francis Carco, Images cachées, Éditions Albin Michel, Paris, 1928)
    • […], ô riche et chanceux Hérault, toi qui verses au cœur des citadins déprimés l'intarissable joie liquide de tes litres vendus par toi trente sous et revendus, par l'épicier ou sur le zinc, trois francs. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
  5. (Par extension) Argent.
    • Quand il fut de nouveau sans le sou, n’ayant aucun métier, répugnant d’ailleurs à toute besogne suivie, il voulut puiser encore dans la bourse des Rougon. — (Émile Zola, La Fortune des Rougon, 1870)
    • Il devait me les payer. Mais, comme par hasard, cet abominable pingre, doublé d'un combineur sans vergogne, n'avait jamais le sou sur lui, […]. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 175)
  6. (Canada) (XIXe s.) Cent-vingtième de dollar, équivalent à un demi-penny. Note : Aujourd’hui seulement usité dans l’expression trente sous.
  7. (Canada) (Informel) (Familier) Cent (centième de dollar).
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

SOU. n. m.
Pièce de cuivre ou de nickel valant cinq centimes. Donner un sou à un pauvre. Un petit sou. Prov., Un sou est un sou. Un gros sou, Une pièce de deux sous. Le sou du franc, Remise, ordinairement d'un vingtième, faite par les fournisseurs aux domestiques qui font le marché. Fam., Il n'a pas un sou, pas le sou; il n'a ni sou ni maille; il n'a pas un sou vaillant, Il n'a point d'argent. Fam., Manger ses quatre sous, Dépenser, perdre le peu qu'on possédait. Fam., Mettre sou sur sou, Amasser par petites sommes. Fam., Cette propriété vaut cent mille francs comme un sou, Elle les vaut amplement. Fam., Propre comme un sou neuf ou elliptiquement comme un sou, Très propre. Fam., Il n'a pas de bon sens pour un sou, Il n'a pas du tout de bon sens. Sou à sou, loc. adv. Par petites sommes. Il m'a payé sou à sou. Il a amassé sou à sou une petite fortune.

Littré (1872-1877)

SOU (sou) s. m.
  • 1Sou d'or, monnaie de l'empire romain.

    Monnaie employée en France sous la première race. La taille de ces sous d'or était de soixante et douze à la livre.

    Sou d'argent, le vingtième de la livre d'argent. Nous appelions, du temps de Charlemagne, une monnaie courante, faisant la vingtième partie d'une livre, un solide, du com romain solidum ; c'est ce solide que nous nommons un sou, Voltaire, Pol. et lég. Observ. sur Lass, Melon et Dutot. Supposé qu'une ville de France dût à une autre, au temps de Charlemagne, cent vingt sous ou solides de rente, soixante-douze onces d'argent ; elle s'acquitterait aujourd'hui de sa dette en payant ce que nous appelons un écu de six francs, Voltaire, Mœurs, 19.

  • 2 Anciennement. Monnaie de compte, la vingtième partie de l'ancienne livre, valant douze deniers (l'ancienne livre avait d'abord valu effectivement une livre d'argent ; mais, de réduction en réduction, elle en était venue à ne valoir qu'un peu moins d'un franc). Qu'un sou, quand il est assuré, Vaut mieux que cinq en espérance, La Fontaine, Fabl. IV, 2. Valère est un vrai fou, Qui jouerait votre bien jusques au dernier sou, Regnard, le Joueur, II, 2. Ces politiques… qui, n'ayant pu gouverner une servante, se mettent à enseigner les rois à deux sous la feuille, Voltaire, Mél. litt. Obs. sur le livre de la Félicité publique.

    La monnaie de cuivre qui avait cette valeur. Un sou bien marqué.

    Un petit sou, manière des enfants de demander en aumône un sou. Donnez ; peu me suffit, je ne suis qu'un enfant, Un petit sou me rend la vie, Guiraud, Poëmes, élég. le Petit Savoyard.

    Un gros sou, pièce de monnaie valant deux sous. Les pièces de deux sous, dont l'empreinte est presque effacée, sont un objet perpétuel de disputes, Mercier, Tabl. de Paris, ch. 535. La cour des monnaies a voulu que la pièce de deux sous, marquée ou non marquée, eût son cours ; tout vendeur s'était obstiné à vouloir la réduire à six liards, de sa propre autorité ; à cet effet, on les rayait d'une croix, pour désigner celles qui s'étaient usées ; on s'égosillait pendant vingt minutes avant de pouvoir fixer le taux d'une pièce, Mercier, ib.

    Terme d'ancienne pratique. Sou tournois, sou de douze deniers. Sou parisis, sou de quinze deniers.

    Sou marqué, ancienne pièce de cuivre valant quinze deniers. Ils composaient un trésor pour un homme qui n'avait jamais eu que des sous marqués dans sa poche, Marivaux, Pays. parv. 1re part. ch. 536.

    Au sou la livre, au prorata de ce que chacun a mis de fonds dans une entreprise. Cette expression vieillit. On dit habituellement : au marc le franc, ou mieux au centime le franc.

    Le sou pour livre, profit d'un vingtième. Je me contente de la livre pour sou, je veux dire du sou pour livre ; grâces au ciel j'exerce rondement ma profession, Lesage, Gil Bl. I, 15.

    Avoir un sou dans une affaire de finance, y être pour un sou, pour deux sous, y avoir un vingtième, un dixième. Ces phrases ont vieilli.

    Ancien terme de finances. Avoir un sou en dehors, avoir le droit de lever, outre la somme principale, un sou par livre pour les frais de recouvrement. On a un sou en dedans, lorsqu'on a, pour profit, un sou par livre de la somme principale.

    Sou pour livre, se disait de certains droits additionnels qu'on payait en sus de la taxe ou du prix convenu ; c'est ce qu'on nomme aujourd'hui centimes additionnels.

  • 3Aujourd'hui, la vingtième partie du franc, et valant cinq centimes. Je suis un sou de bon aloi, Mais en secret argentez-moi, Et me voilà fausse monnaie, Béranger, Refus.

    Une pièce de cent sous, une pièce de cinq francs.

    Propre comme un sou, très propre.

  • 4 Familièrement. Il n'a pas un sou, pas le sou, il n'a sou ni double, ni sou ni maille, il n'a pas le sou vaillant, il n'a pas d'argent. Le roi rend à M. de Nevers toutes ses charges ; de sorte que cette belle, qui n'a pas un sou, lui vaut mieux que la plus grande héritière de France, Sévigné, 8. Toute la cour est pleine de joie et de plaisirs pour le mariage de Monsieur de Chartres et de Mademoiselle de Blois ; il y aura un grand bal, où tous ceux qui disent qu'ils n'ont pas un sou, font des dépenses de deux ou trois cents pistoles, Sévigné, à Bussy, 27 janv. 1692. Ni la maison, ni moi n'avons un sou, Maintenon, Lett. à Mme de Caylus, 1er avr. 1718. Cela est résolu ; il faut aujourd'hui même, quoique je n'aie pas le sou, que je me donne un habit neuf, Brueys, Avoc. Pat. I, 1. Nos Français sont en pleine paix, et nous n'avons pas le sou, Voltaire, Lett. à Cath. II, 14 janv. 1772. Je voudrais être assez riche pour pouvoir disposer de tous les exemplaires ; ce serait une demi-publicité qui me conviendrait fort, mais je n'ai jamais un sou, Courier, Lett. I, 277.

    Ne pas avoir le premier sou, n'avoir aucun argent disponible, prêt pour une dépense. La plus incroyable chose du monde, c'est la dépense que font ces dames sans avoir le premier sou, Sévigné, 322.

    N'en avoir pas le premier sou, en parlant d'une entreprise, d'un payement, n'avoir pas la moindre somme pour commencer une entreprise, une opération, ou effectuer un payement. Je dois rembourser cette semaine dix mille francs, je n'en ai pas le premier sou.

    Sans un sou, sans le sou, pas le sou, sans un sou comptant, sans argent. Mis dehors, pas le sou ; ne savoir chez qui vivre, Boursault, les Deux Nicandres, I, 10. Ce serait un beau mouvement pour les pauvres courtisans qui reviennent sans un sou, Sévigné, 295. Vous êtes né gentilhomme, mais sans un sou, Maintenon, Lett. à M. d'Aubigné, 23 mai 1681. Il est un petit homme… Qui sans un sou comptant Vit content, Béranger, le P. homme gr. Bonheur étrange, Je bois et je mange, Sans un sou comptant, Béranger, Voy. au pays de Coc.

    Ne pas pouvoir disposer d'un sou, n'avoir pas d'argent disponible. Je vis au milieu de l'éclat de la fortune, et je ne puis disposer d'un sou, Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virg.

    N'avoir pas un sou de quelque chose, n'en retirer aucun argent. Il [d'Andilly] n'a jamais eu un sou d'aucun de ses livres, Sévigné, 74.

    Il n'a pas un sou de bien, il n'a aucune propriété. Heureux ceux qui n'ont pas un sou de rente viagère ! Mercier, Tabl. de Paris, ch. 652.

    Ne pas laisser un sou, se dit de celui qui trompe l'espoir de son héritier, soit qu'il ne laisse rien, soit qu'il dispose de ce qu'il laisse en faveur d'autres personnes. J'aimerais mieux voir mes biens au fond de la mer que de leur laisser jamais un sou, Al. Duval, les Hérit. 15.

    Populairement. Il a mangé ses quatre sous, il a mangé son peu de fortune. Je veux conserver mes quatre sous.

  • 5 Familièrement. Cette terre vaut cent mille francs comme un sou, elle les vaut amplement. Ce coquin-là vaut vingt mille livres de rente comme un sou, à un enfant de famille, Regnard, Retour imprév. 6.
  • 6Mettre sou sur sou, épargner sur les plus petites choses pour amasser.
  • 7Sou à sou, sou par sou, par petites sommes. Il va marchander avec eux sou à sou, Lesage, Diable boit. 17. Pissot, mon libraire… me donnait toujours très peu de chose de mes brochures, souvent rien du tout… il fallait attendre longtemps, et tirer sou à sou le peu qu'il me donnait, Rousseau, Conf. VIII. Le peu qui lui restait a passé, sou par sou, En linge, en aliments, ici, là, Dieu sait où, Lamartine, Joc. Prol. 29.
  • 8 Fig. Un sou, un peu. Bien plus, si pour un sou d'orage en quelque endroit S'amassait d'une ou d'autre sorte, L'homme en avait sa part, La Fontaine, Fabl. IV, 8.
  • 9Soudenier, sorte d'ancien impôt. Ces divers droits… sou-denier, travers…, Boisguillebert, Factum de la France, X.

PROVERBES

Il a fait de cent sous quatre livres et de quatre livres rien, il a mangé son avoir en mauvaises affaires.

Un sou amène l'autre, dans un commerce, à force de vendre de petits articles, on finit par gagner de l'argent.

HISTORIQUE

XIe s. E cent solz de forfait, Lois de Guill. 1.

XIIIe s. Sixante sols [un cheval] cousta, un an a, en certain, Berte, LXXIII. [Le bailli] y met le seel de le [la] baillie, et prent pour le seel de le [la] livre un sol, Beaumanoir, I, 40. Mais li sers ne pot lessier en son testament plus grant somme que cinq sous, Beaumanoir, XII, 3. Li arpens de bois, selonc drois pris, est prisiés dix sous l'arpent, Beaumanoir, XXVII, 12.

XVIe s. Un noble prince n'a jamais un sou ; thesauriser est fait de vilain, Rabelais, I, 33. Je veis avant hier un enfant que deux hommes et une nourrice… conduisoient pour tirer quelque soul de le montrer à cause de son estrangeté…, Montaigne, III, 136.

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Étymologie de « sou »

Bourguig. sô ; provenç. sol ; espagn. sueldo ; portug. et ital. soldo ; du lat. solidus, pièce d'or, proprement pièce entière, solide (voy. SOLIDE). Un sol qui se prononce un sou, comme un fol un fou, des ACCORDS, Bigarrures, t. I, p. 121, Paris, 1662.

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Phonétique du mot « sou »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
sou su

Fréquence d'apparition du mot « sou » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « sou »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « sou »

  • Pour un débiteur sans le sou, toutes les ardoises sont des tuiles.
    André Billy
  • Le radicalisme religieux irradie une sorte de « glamour ». Offrez une kalachnikov et un uniforme noir à un jeune sans le sou, sans emploi, et soudain vous conférez un pouvoir à celui qui se sent vulnérable et défavorisé.
    Salman Rushdie — L'Express, 22 juillet 2015
  • Quand on est militaire et qu'on n'a pas le sou, On devient millionnaire par une joie de rien du tout.
    Gilbert Bécaud — La marche de Babette
  • Nous n'avions pas le sou mais nous étions contents ; Nous étions malheureux, c'était là le bon temps.
    Jean-François Collin d'Harleville — Poésies fugitives
  • Il vaut mieux être maître d’un sou qu’esclave de deux.
    Proverbe albanais
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    Marseille News .net — "WhatsApp facturera un sou par message", le dernier canular Internet - Marseille News .net
  • Cent ans de chagrins ne paient pas un sou de dettes.
    Proverbe français
  • Je préfère les femmes qui me donnent de l'argent sans faire l'amour avec moi aux femmes qui font l'amour avec moi sans me donner un sou.
    Isidore Isou — Isou ou la mécanique des femmes
  • […] Soixante et quinze francs en pièces de quarante sous […].
    Gustave Flaubert — Madame Bovary
  • Cent livres de mélancolie ne payent pas un sou de dettes.
    Proverbe français
Voir toutes les citations du mot « sou » →

Traductions du mot « sou »

Langue Traduction
Anglais penny
Espagnol centavo
Italien centesimo
Allemand penny
Chinois 一分钱
Arabe بنس
Portugais centavo
Russe пенни
Japonais ペニー
Basque zentimo
Corse centesimu
Source : Google Translate API

Combien de points fait le mot sou au Scrabble ?

Nombre de points du mot sou au scrabble : 3 points

Sou

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