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Monnaie

Variantes Singulier Pluriel
Féminin monnaie monnaies

Définitions de « monnaie »

Trésor de la Langue Française informatisé

MONNAIE, subst. fém.

A. − Pièce d'alliage ou de métal de titre, forme et poids caractéristiques, frappée sur l'avers et le revers d'une empreinte particulière, et garantie par l'autorité d'émission comme moyen légal d'échange, de paiement et d'épargne. Monnaie fourrée*; fausse monnaie; monnaie de bronze, de cuivre, d'argent. Deux de mes grands oncles avaient rang de souverains et des monnaies à leur effigie sont au musée du Louvre (Villiers de L'I.-A.,Corresp.,1873, p.179).J'ai fouillé sur le rivage de l'océan un tumulus inviolé; j'y ai trouvé, selon la coutume, des haches de silex, des épées de bronze, des monnaies romaines (A. France,Île ping.,1908, p.3):
1. Sans qu'il soit encore permis de résoudre ce problème, nous rappellerons que, d'après les traditions de l'antiquité, l'invention de la monnaie d'or était attribuée aux Lydiens. J. Déchelette,Manuel archéol. préhist., celt. et gallo-rom.,t.2, 1914, p.406.
Hôtel de la Monnaie, des monnaies, ou simplement, La Monnaie. Établissement d'émission et de frappe des médailles et monnaies. (Dict. xixeet xxes.).
Battre, frapper (de la) monnaie. Fabriquer des pièces de monnaie. Ainsi il continuait à battre de la monnaie d'or et d'argent, tandis qu'il n'était permis à un vassal que de frapper de la monnaie de cuivre (Barante,Hist. ducs Bourg.,t.2, 1821-24, p.17).
P. métaph. Une comédienne au luxe accoutumée Bat aisément monnaie avec sa renommée (Augier,Aventur.,1848, p.208).Voilà Lamartine qui bat monnaie avec les rêves de sa jeunesse (Sainte-Beuve,Poisons,1869, p.88).
Rem. Monnaie de papier, fausse monnaie se prêtent volontiers à des emplois métaphoriques. La philantropie est la fausse monnaie de la charité (Chateaubr., Congrès Vérone, t.1, 1838, p.79). La notion de mécanismes, de formes, est l'or qui garantit la monnaie de papier des concepts scientifiques (Ruyer, Esq. philos. struct., 1930, p.234).
B. − DR. CIVIQUE. ,,Instrument légal assurant l'exécution des obligations de sommes d'argent et servant d'étalon de valeur pour l'estimation des biens n'ayant pas d'expression pécuniaire`` (Jur. 1974). Monnaie constante, flottante; monnaie étalon. La monnaie métallique n'a aucune place, aucune raison d'être, dans l'état collectiviste (Zola,Argent,1891, p.305).La Brige: Remarquez que je vais vous signer les billets, payables après-demain matin. Monsieur Saumâtre: Je n'accepte pas cette monnaie. La Brige: Pourquoi? Elle en vaut une autre (Courteline,Client sér.,Hortense couche-toi! 1894, ii, p.79).Il faut attendre 1926 pour que les Chambres procèdent à un simple réajustement des droits, conséquence de la dévaluation de la monnaie et de l'augmentation générale du coût de la vie (Stocker,Sel,1949, p.110).
Monnaie fiduciaire*.
Monnaie scripturale. ,,Monnaie immatérielle permettant d'opérer par virement le transport d'une somme du débit d'un compte au crédit d'un autre sans emploi d'aucune monnaie réelle`` (Banque 1963).
Monnaie de compte. ,,Valeur admise comme unité dans les comptes, mais qui n'est pas représentée par une monnaie réelle en circulation`` (Banque 1963).
En compos.:
2. Il avait été fabriqué pour 45 milliards d'assignats tombés à rien. Le Directoire se décida à brûler solennellement la planche qui servait à les imprimer, mais, se trouvant sans ressources, remplaça ce papier-monnaie par un autre, les mandats territoriaux, qui eurent aussitôt le même sort. Bainville,Hist. Fr.,t.2, 1924, p.90.
En partic. Unité monétaire particulière ayant cours dans un pays donné ou dans une communauté économique. Monnaie faible, forte; monnaie européenne; monnaie qui se dévalorise; stabilisation d'une monnaie. La monnaie française perd beaucoup au change en Italie, n'emporte donc que ce qu'il te faut pour le voyage (Flaub.,Corresp.,1851, p.133):
3. Comme l'Union soviétique était obligée de faire, pour certains produits, des achats à l'étranger, on a dû établir une équivalence entre la monnaie russe et les monnaies étrangères: celles-ci ayant changé de valeur, le rouble dut s'adapter à ces modifications. Lesourd, Gérard,Hist. écon.,1966, p.453.
Expr. fig.
(C'est) monnaie courante. Chose habituelle, pratique courante. Je me force pourtant à regarder en face cette dénonciation: nous avons vécu dans des temps où une infamie de cet ordre fut monnaie courante (Mauriac,Mém. intér.,1959, p.92).
Payer en monnaie de singe (fam.). Faire des grimaces, des plaisanteries au lieu de payer; ne pas s'acquitter d'une dette. Lousteau s'habituait à voir sa besogne faite par Dinah, et il la payait comme dit le peuple dans son langage énergique, en monnaie de singe (Balzac,Muse départ.,1844, p.222).
Expr. proverbiale. La mauvaise monnaie chasse la bonne. Quand deux valeurs sont en concurrence, la meilleure disparaît. Les conditions de la vie moderne tendent inévitablement, implacablement à égaliser les individus, à égaliser les caractères; et c'est malheureusement et nécessairement sur le type le plus bas que la moyenne tend à se réduire. La mauvaise monnaie chasse la bonne (Valéry,Variété III,1936, p.225).
C. − Ensemble de pièces et de billets de faible valeur. Menue, petite monnaie; ne pas avoir un sou de monnaie; passez la monnaie; monnaie d'appoint. Aurélie: Que te dit le conducteur du tramway si tu es longue à trouver ta monnaie? Constance: Il m'engueule, comme dirait Gabrielle (Giraudoux,Folle,1944, ii, p.121):
4. ... le mâle, un gamin, pipe au bec, lisait l'Humanité indifférent à sa compagne qui, tout en sirotant un lait chaud, s'amusait, seule, à polir ses ongles, à compter sa monnaie, à inspecter ses quenottes dans sa glace de poche et à observer du coin de l'œil les nouveaux venus... Martin du G.,Thib.,Sorell., 1928, p.1172.
Au fig. [Pour désigner ce qui a peu de valeur] Mais après tout, c'est un peu la petite monnaie de la gloire! (Goncourt,Journal,1887, p.686).À chaque manifestation des conservateurs (de 1875 à 1914), le radicalisme (...) a resserré d'un cran l'écrou administratif (...). Ces bonshommes en rébellion contre une douzaine de sergents de ville (...) c'était là cette race servile, la monnaie humaine qui passe de main en main (Bernanos,Gde peur,1931, p.ii).
Rendre la monnaie; (rendre) la monnaie sur/de telle ou telle somme. Donner une somme d'argent correspondant à la différence entre la valeur d'une pièce ou d'un billet et le prix d'une marchandise. Il faut que je fasse les comptes du chocolat. À vendre ça dans la bousculade de la récrée, tous les jours je m'y perds quand je rends la monnaie. J'y suis de ma poche (Montherl.,Ville prince,1951, ii, 2, p.888).
P. métaph. Le ton insolite de sa voix fait dresser toutes les têtes; c'est une discordance. Il ne sait pas rendre de monnaie; veut-il riposter, il tire de sa poche de l'or et pas de sous (Renan,Avenir sc.,1890, p.467).
Expr. fig. Rendre à qqn la monnaie de sa pièce. User envers quelqu'un des mêmes mauvais procédés; se venger de. Son frère n'a cette fois pas trop bien réussi dans ses calculs, et ne peut se féliciter de sa sagesse. Mais il a l'air de craindre qu'on ne s'aperçoive de sa mortification et qu'on ne lui rende la monnaie de sa pièce (Amiel,Journal,1866, p.290).
Faire de la monnaie; faire la monnaie de x francs. Échanger une grosse coupure contre son équivalent en coupures ou en pièces de moindre valeur. Quand la concierge fut en haut, elle lui dit, en lui tendant le billet: − M'ame Minet, vous voudriez aller me faire de la monnaie (Druon,Gdes fam.,t.1, 1948, p.98).
Loc. fig. Monnaie d'échange*.
D. − P. ext., pop. Synon. de argent.Le trou avait beau se creuser dans la monnaie, elle [Gervaise] tenait, de son air raisonnable, avec son tranquille sourire, les comptes de cette débâcle de leurs économies (Zola,Assommoir,1877, p.151).
REM.
Menouille, subst. fém.,arg. et pop. Monnaie, argent. La menouille en poche, on revient au rendez-vous [à l'assommoir] (Poulot,Sublime,1872, p.149).
Prononc. et Orth.: [mɔnε]. Ac. 1694, 1718: -noye, 1740-1798: -noie, dep. 1835: -naie. Delille, Poés. fugit., 1807, p.226; Suarès, Voy. Condottière, t.2, 1932, p.56 et t.3, 1932, p.86: -noie. Étymol. et Hist. 1. 1170 monoie «argent» (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 2062); 1216 monnoie (Guillaume Le Clerc, Fergus, éd. E. Martin, p.108, 24); spéc. 1181-90 monoie «pièce de métal servant aux échanges, frappée par une autorité souveraine» (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. W. Roach, 5761); ca 1245 monnoie «droit de battre monnaie» (Philippe Mousket, Chron., éd. de Reiffenberg, 1118); 1671 monoie «lieu destiné à la fabrication des monnaies» (Pomey); a) ca 1230 monnoie dou païs (Eustache le Moine, 57 ds T.-L.); 1296 monae corante (Dolo, A. Côtes-du-Nord ds Gdf. Compl.); b) 1297 bone mousnoie (Revenus des terres de l'Art., A.N. KK 394, fo8 ds Gdf. Compl.); 2emoitié xiiies. fig. fausse monoie (Les vers du monde ds Nouv. Rec. de Contes, éd. A. Jubinal, t.2, p.126); c) 1305 monoye blanche (Lettre patente, 19 mai ds Ordonnances des rois de France, t.1, p.430); 1653 fig. payer en la même monnaie «donner une chose équivalente, de même nature» (Th. Corn., L'Amour à la mode, I, 1 ds Littré); 2. 1365 petite monnoie «ensemble de pièces de faible valeur» (Oresme, Traictié des monnoies, éd. L. Wolowski, p.15); fin xives. «ensemble de pièces représentant la valeur d'une seule pièce» (Froissart, Chron., éd. L.Mirot, III, § 19, 2); 3. 1690 (Fur.: Il y a deux sortes de monnoyes, l'une réelle, comme sont toutes les espèces qui ont cours; l'autre imaginaire et de compte, inventées pour la facilité du commerce, ou de la supputation). Du lat. Moneta, d'abord «mère des muses», surnom de Junon, puis nom du temple qui lui était dédié à Rome et où l'on fondait la monnaie, d'où les sens «hôtel de la monnaie» et «argent monnayé», également att. en lat. médiév. au sens de «droit de battre monnaie» (ca 820 ds Nov. Gloss.). L'étymol. pop. a rapproché à tort Moneta de monere «avertir», v. Ern.-Meillet. Fréq. abs. littér.: 1677. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3737, b) 1809; xxes.: a) 1724, b) 1931. Bbg. Bambeck (M.). Galloromanische lexikalia aus volksprachlichen mittelalterlichen Urkunden. In: [Mél. Gamillscheg (E.)]. München, 1968, p.64 (s.v. monnoie). _ Quem. DDL t.10.

Wiktionnaire

Nom commun - français

monnaie \mɔ.nɛ\ féminin

  1. (Économie) Unité de mesure de la valeur et d’échange commerciaux (généralement émise par une institution officielle).
    • La vitesse de circulation de la monnaie croissait ainsi de jour en jour et sa répudiation définitive semblait devoir être prochaine. — (Wilfrid Baumgartner, Le Rentenmark (15 Octobre 1923 - 11 octobre 1924), Les Presses Universitaires de France, 1925 (réimpr. 2e éd. revue), p.93)
    • La monnaie est un attribut de souveraineté nationale jalousement gardé et chaque État-nation tient à avoir sa propre monnaie et à en fixer la valeur comme il lui plaît, par des décisions intérieures, nationales, souveraines. — (Emery Reves, Anatomie de la Paix, 1945)
    • En 1921, un triumvirat dirigé par le général José Maria Orellana (1921-1926) renversa Herrera. Orellana entreprit de renégocier avec l'entreprise d'électricité Bond & Share ; il créa le quetzal comme monnaie en parité avec le dollar, ce qui était une dévaluation de fait, au bénéfice des producteurs de café. — (L'enfer guatémaltèque, 1960-1996: le rapport de la Commission « Reconstitution de la mémoire historique », sous la direction de Maurice Barth, Karthala éditions, 2000, page 248)
    • Le bitcoin est défini comme une donnée informatique qui passe directement de l'ordinateur du vendeur à celui de l'acheteur en P2P (peer to peer, d'ordinateur à ordinateur). Ces monnaies virtuelles représentent donc l'outil rêvé pour les transactions qui nécessitent une opacité extrême et une discrétion totale comme celles qui participent au blanchiment de l’argent sale. — (Michel Hautefeuille & ‎Emma Wieviorka, La Légalisation des drogues: Une mesure de salut public, Odile Jacob, 2014)
  2. Ensemble des billets ou pièces utilisés comme monnaie dans les échanges commerciaux (par opposition aux chèques, aux cartes bancaires, à la monnaie électronique).
  3. (Spécialement) Ensemble des pièces d’or, d’argent, de bronze, de nickel, etc., frappées d’une empreinte légale, qui servent aux échanges et dont la valeur varie suivant le métal, le poids, le titre et la convention.
    • Abus et fraudes qui se commettent au pèsement des monnaies et des autres matières d’or et d’argent. — (Catalogue de l’histoire de France, page 273, Bibliothèque nationale, 1861)
    • Or, jusqu’au 19ème siècle, il y a convertibilité de ces trois valeurs : la monnaie or, de bon aloi, est thésaurisable. — (Laurent Gille, Aux sources de la valeur: des biens et des liens, 2006, page 226)
    • Il tira une poignée de monnaie et l’examina : trois pennies, une pièce de six pence et une d’un shilling. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 384 de l’édition de 1921)
  4. (Par extension) Tout bien utilisé par une société comme ayant une valeur définie.
    • En Mélanésie, surtout aux îles Salomon, où les Cyprées sont très courantes, on utilisait d’autres coquillages comme monnaie.[…]. A présent encore, à Malaïta, les femmes de l’atoll Langa Langa fabriquent de la monnaie avec les Chama que pêchent les hommes. — (R. Tucker Abbott, Kingdom of the seashell,)
    • Balzac n’a pas payé... Il n’a payé qu’en chefs-d'œuvre : monnaie qui n’a pas cours à l'Académie. — (Octave Mirbeau, La Mort de Balzac, 1907)
  5. Petites espèces.
    • N’avez-vous point de monnaie sur vous ?
    • [...] si bien qu'elle rencontra effectivement un coureur sur la route, à qui, faute de monnaie, elle remit cent francs de pourboire. — (Georges Simenon, Le Blanc à lunettes, chapitre IX, Gallimard, 1937)
  6. Pièces ou billets de moindre valeur que l’on donne en échange d’une pièce ou d’un billet, ou que l’on rend pour faire la différence entre le prix à payer et la somme versée.
    • La boulangère lui rendit la monnaie.
    • Je ne peux pas vous rendre la monnaie.
    • Donnez-moi la monnaie de cent francs.
    • Avez-vous la monnaie de ce billet de cent francs ?
  7. (Par extension) Atelier où l'on bat monnaie et qui en garantit la valeur.
    • C'est cette industrie privée qui fondra les métaux , les alliera entre eux , les laminera , les décapera , les découpera, etc. , et la monnaie de Paris viendra seulement leur imprimer le sceau de l’État; c'est cependant de la fonte et de toutes les opérations qui la suivent que dépend l'identité de la monnaie. — (Jean-François Terme, Discours sur les monnaies: prononcé dans la séance de la chambre des députés du 1er juin 1843, p. 15)
  8. (Figuré) Paroles dont il se fait une sorte d’échange dans la société.
    • Les compliments sont une monnaie dont chacun connaît la valeur.
  9. (Figuré) Bien qui subsiste correspondant à un bien disparu.
    • Si ce n’est point un harmonium, c’est sa monnaie, du moins. Un accordéon s’essouffle entre les mains de M. Caterna. — (Jules Verne, Claudius Bombarnac, chapitre XIX, J. Hetzel et Cie, Paris, 1892)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

MONNAIE. n. f.
Toute sorte de pièces d'or, d'argent, de bronze, de nickel, etc., frappées d'une empreinte légale, qui servent aux échanges et dont la valeur varie suivant le métal, le poids, le titre et la convention. Faire, émettre de nouvelle monnaie. Mettre une nouvelle monnaie en circulation. Refondre les monnaies. Certaines monnaies n'ont plus cours. Petite monnaie. Monnaie de cuivre, monnaie de billon. Monnaie étrangère. Fausse monnaie, Monnaie imitée par des faussaires, généralement avec un métal de peu de valeur. Monnaie de compte, Monnaie qui n'a jamais existé, ou qui n'existe plus en espèces réelles, mais qui a été inventée ou retenue pour faciliter les comptes, en les établissant toujours sur un pied certain et non variable; par opposition à Monnaie réelle ou effective, Monnaie dont il existe des pièces ayant cours dans le commerce. La guinée est une monnaie de compte. Le franc est une monnaie réelle. Monnaie fiduciaire, papier-monnaie, Papier créé par l'État ou avec son autorisation, pour faire office de monnaie. Monnaie obsidionale. Voyez OBSIDIONAL. Fig. et fam., Battre monnaie, Se procurer de l'argent. Il a battu monnaie de tous les côtés.

MONNAIE, dans un sens plus particulier, se dit des Petites espèces d'argent ou de billon. N'avez-vous point de monnaie sur vous? Je n'ai pas un sou de monnaie. On dit aussi dans le même sens Petite monnaie, monnaie divisionnaire. Il désigne aussi un Certain nombre de pièces ou de billets de moindre valeur que l'on donne en échange d'une pièce ou d'un billet, ou que l'on rend pour faire la différence entre le prix à payer et la somme versée. Je ne peux pas vous rendre la monnaie. Donnez-moi la monnaie de cent francs. Avez-vous la monnaie de ce billet de cent francs? ou, plus souvent elliptiquement, la monnaie de cent francs? Figurément, Ces généraux n'étaient que la monnaie de Turenne. Fig. et fam., Rendre, donner à quelqu'un la monnaie de sa pièce, Se venger, user de représailles. Fig. et fam., Il l'a payé en même monnaie, se dit de Quelqu'un qui, ayant reçu d'un autre ou quelque service ou quelque déplaisir, lui a rendu la pareille. Fig. et fam., Payer quelqu'un en monnaie de singe, Le payer par des grimaces ou des plaisanteries, se moquer de lui au lieu de le satisfaire réellement. Cette expression vient du souvenir des bateleurs qui payaient le péage en faisant gambader leur singe.

MONNAIE se dit, figurément, des Paroles dont il se fait une sorte d'échange dans la société. Les compliments sont une monnaie dont chacun connaît la valeur. C'est monnaie courante.

MONNAIE désigne aussi l'Établissement public où l'on frappe les monnaies. Porter des lingots à la Monnaie pour qu'ils soient convertis en espèces. Ce lieu s'appelle autrement Hôtel de la Monnaie, des Monnaies. Cour des Monnaies s'est dit d'une Cour supérieure établie pour juger souverainement de tout ce qui concernait les monnaies. Le premier président de la Cour des Monnaies.

Littré (1872-1877)

MONNAIE (mo-nê) s. f.
  • 1Pièce de métal servant aux échanges, frappée par une autorité souveraine, et marquée au coin de cette autorité ; en d'autres termes, lingot dont le poids et le titre sont certifiés. La monnaie d'or de France, sur mille parties, doit contenir 898 à 902 d'or, ou 900, terme moyen. Portion de matière à laquelle l'autorité publique a donné un poids et une valeur certaine pour servir de prix et égaler dans le commerce l'inégalité des choses, Bouteroue, Traité des monnaies, p. 8, dans RICHELET. Pourrait-on jamais s'imaginer l'étrange disproportion que le plus ou moins de pièces de monnaie met entre les hommes ? La Bruyère, VI. Interdire [à Sparte] tout usage de la monnaie d'or et d'argent, et en introduire à sa place une de fer, qui était d'un grand poids et d'une très petite valeur, et qui ne pouvait avoir de cours que dans le pays même, Rollin, Hist. anc. Œuvr. t. IV, p. 473, dans POUGENS. J'insiste souvent sur ce prix des monnaies ; c'est, ce me semble, le pouls d'un État, et une manière assez sûre de reconnaître ses forces, Voltaire, Mœurs, 51. Vous savez que la première monnaie d'or fut frappée sous Darius, fils d'Hystaspe, Voltaire, Quelq. niais. ch. 7. Suivant la Chronique de Paros, la première monnaie d'argent fut frappée par ordre de Phidon, dans l'île d'Égine, l'an 895 avant l'ère vulgaire, Levesque, Inst. Mém. sc. mor. et pol. t. III, p. 368.

    Battre monnaie, fabriquer de la monnaie, qui en effet se frappe au balancier, et autrefois se frappait au marteau. Le prince seul a droit de battre monnaie, Rousseau, Ém. III. L'Angleterre avait toujours été si pauvre que le roi Édouard III fut le premier qui fit battre de la monnaie d'or, Voltaire, Dict. phil. Argent.

    Fig. Battre monnaie, se procurer de l'argent. Chamillart avait battu monnaie de tout ce qu'il avait, et emprunté le reste, Saint-Simon, 70, 153. On ne peut que vous fournir du papier. - J'en ferai de l'espèce, moi, je battrai monnaie, je m'en charge, Dancourt, les Agiot. III, 9. La plume d'un négociant, d'un banquier doit battre monnaie sur son bureau, et laisser au peuple la monnaie des métaux, qui représente et paye journellement le travail de ses mains, Toulongeon, Inst. Mém. scienc. mor. et pol. t. IV, p. 428.

    Monnaie forte, nom que l'on donnait à la monnaie la plus pure d'alliage. Payer en monnaie forte, payer en espèces évaluées sur un pied avantageux à celui qui reçoit. Monnaie faible, celle qui ne pèse pas tout à fait le poids voulu.

  • 2Monnaie de compte ou monnaie imaginaire, monnaie qui n'a jamais existé ou qui n'existe plus, mais qui sert à faciliter les comptes, en les établissant toujours sur un pied certain et non variable, par opposition à monnaie réelle ou effective, monnaie dont il existe des pièces ayant cours dans le commerce. La livre tournois était une monnaie de compte ; on comptait par livres, sous et deniers : cent livres, deux cents livres ; mais, pour faire cent livres, il fallait seize écus de six livres, un écu de trois livres, une pièce de 15 sous et 5 sous.
  • 3Monnaie obsidionale, monnaie frappée dans une ville assiégée où on lui donne cours pendant le siége.

    On donne aussi le nom de monnaie à des pièces sans aucune valeur intrinsèque, mais passant pour monnaie en des temps difficiles. Le roi même fut réduit à payer ce qu'il achetait pour sa maison en une monnaie de cuir, qui avait au milieu un petit clou d'argent, Voltaire, Mœurs, 76.

  • 4Papier-monnaie, papier créé par le gouvernement pour faire office de monnaie.

    Monnaie fiduciaire, les billets, le papier.

  • 5Fausse monnaie, monnaie qui, imitant la monnaie de bon aloi, ne contient pas d'or ou d'argent, ou en contient moins qu'il ne faut. Hier fut ici pendue une femme pour avoir exposé de la fausse monnaie, et celui qui la faisait a eu sa grâce ; il y a de l'apparence que c'est qu'il avait de bonne monnaie, outre la fausse qu'il faisait, Patin, Lett. t. II, p. 204.

    Fig. Confondre l'apparence avec la vérité, Estimer le fantôme autant que la personne Et la fausse monnaie à l'égal de la bonne, Molière, Tart. I, 6. Je suis un sou de bon aloi ; Mais en secret argentez-moi, Et me voilà fausse monnaie, Béranger, Refus.

    On dit qu'un homme ferait de la fausse monnaie pour un autre, pour signifier qu'il lui est entièrement dévoué. Qu'elle ferait pour moi de la fausse monnaie, Régnier, Sat. X.

    Familièrement. Être décrié comme de la fausse monnaie, comme la fausse monnaie, comme fausse monnaie, avoir une très mauvaise réputation.

  • 6Menues pièces d'argent ou de billon. Je n'ai pas de monnaie sur moi. Je n'ai pas un sou de monnaie. Changer une pièce d'or en monnaie. Rendez-moi ma monnaie. Vous connaissez bien une dame qui n'aime point à changer un louis d'or, parce qu'elle trouve le même inconvénient pour la monnaie, Sévigné, 12 oct. 1677.

    Fig. Ne pouvoir supporter tous les mauvais caractères dont le monde est plein, n'est pas un fort bon caractère : il faut, dans le commerce, des pièces d'or et de la monnaie, La Bruyère, V.

    Valeur d'une pièce monnayée en plusieurs pièces moindres. La monnaie d'une pièce de cent sous.

    Fig. Les diseurs de bons mots appelèrent ces huit maréchaux [nommés après la mort de Turenne] la monnaie de M. de Turenne, Henri Martin, Hist. de France, LXXXIV.

    Valeur d'un billet en pièces d'or ou d'argent.

    Donner à quelqu'un de belle monnaie, donner des pièces d'or ou d'argent au lieu de pièces de cuivre ou de billon.

    Fig. Rendre à quelqu'un la monnaie de sa pièce, se venger, user de représailles, prendre sa revanche.

    Payer en monnaie de singe, voy. SINGE.

    Fig. Il l'a payé en même monnaie, se dit de celui qui, ayant reçu quelque service ou quelque déplaisir rend la pareille. C'est vous payer sur l'heure en la même monnaie, Th. Corneille, l'Amour à la mode, I, 1.

  • 7 Fig. Chose intellectuelle ou morale, dite monnaie en considération de sa valeur. Le plaisir, qui est la monnaie pour laquelle nous donnons tout ce qu'on veut, Pascal, Pens. VII, 30, éd. HAVET. La science est dans la plupart de ceux qui la cultivent une monnaie dont on fait grand cas, qui cependant n'ajoute au bien-être qu'autant qu'on la communique, et n'est bonne que dans le commerce, Rousseau, Hél. I, 12.

    Paroles ou actions dont il se fait une espèce d'échange dans la société. La science ne doit point être payée en même monnaie que la beauté, Fontenelle, Platon, Marg. d'Écosse. M. de Chevreuse fit force belles promesses, monnaie dont aucun ne se paya, Saint-Simon, 20, 238. Et de cette fausse monnoie Que le courtisan donne au roi, Et que le prince lui renvoie, Chacun vit ne songeant qu'à soi, Voltaire, Epît. 55.

  • 8Hôtel de la monnaie, des monnaies, et, par abréviation, la monnaie, établissement où l'on fabrique la monnaie. Aller à la monnaie. Porter des lingots à la monnaie. C'est ainsi que la monnaie des rois de France suivait la cour sous les deux premières races et au commencement de la troisième, Mongez, Inst. Mém. acad. inscr. t. IX, p. 211.

    Fig. et populairement. Être brouillé avec le directeur de la monnaie, n'avoir pas d'argent.

    La monnaie des médailles, le lieu où l'on frappe les médailles, les jetons.

  • 9Chambre des monnaies, érigée en cour par Henri II dans l'année 1551, cour supérieure qui était établie pour juger souverainement tout ce qui concernait les monnaies.
  • 10 Terme de botanique. La lunaire bisannuelle.

    Monnaie du pape, la lysimachie nummulaire ou monnayère.

  • 11Nom de diverses coquilles.
  • 12 Terme de minéralogie. Monnaie de Suède, nom donné anciennement, dans le commerce, au cuivre coulé en pains ronds.

PROVERBES

Monnaie fait tout.

Il n'a point de monnaie, faute de grosses pièces, se dit de quelqu'un qui prend ce prétexte pour éviter une menue dépense.

REMARQUE

Dans le XVIIe siècle, on prononçait encore monnoie, témoin ces vers : D'un ton qui témoignait sa joie : Que de filles, Ô dieux ! mes pièces de monnoie Ont produites !…, La Fontaine, Fabl. IV, 12. Lorsqu'un homme vous vient embrasser avec joie, Il faut bien le payer de la même monnoie, Molière, Mis. I, 1. Mais la diphthongue oie n'avait pas alors exactement le son ouvert qu'elle a aujourd'hui, et on disait, comme cela se dit encore en quelques provinces, monoué [monnoie], roué [roi], etc.

HISTORIQUE

XIIe s. Je te doing congé de faire ta propre monoie, Machab. I, 15.

XIIIe s. Monoie si fut establie Por les giens qui n'avoient mie Chescun vin, blé, bestes ne dras, Image du monde, III, 12. Cil font la povre gent tuer, Et les monnoies remuer, Ren. 10968.

XIVe s. Et est monnoie aucunement le moien en commutations, car par elle mesure l'en toutes teles choses, Oresme, Eth. 151. Et que nulle monnoie ne soit prise au royaume, de la Saint Jean en avant, là où il n'a point de propre monnoie, fors la monnoie le roi… et puet [peut] et doit courre la monnoie le roy par tout son roiaume sans contredit de nulli qui ait propre monnoie, ou [au] point que ele courra en la terre le roy, Du Cange, moneta regia. Et fait crier que nus [nul], sur peine de corps et d'avoir, ne soit ousez trebuchier ni fondre nos monoies blanches ni noires que nous faisons faire, Lett. pat. 19 mai 1305. Que nuls orfevres ne rachatent… nules monnoies d'or ne d'argent, blanches ne noires, ne nul argent en plate quelque il soit, Ordonnance, juin 1313. Se ainsi estoit que li ouvriers et monoiers ne peussent garnir nos monnoies de tant d'ouvriers et monoiers comme l'en [l'on] auroit mestier [besoin], Ordonn. 25 sept. 1327.

XVe s. Et tous les jours [le comte de Foix] faisoit donner cinq francs en petite monnoie, pour l'amour de Dieu, et l'aumosne à sa porte à toutes gens, Froissart, II, III, 13. Vous luy donnerez quelque enseignement dont il pourra mieux valloir ; car ung marchant ne vault riens sanz monnoye, ne ung jeune homme sanz conduite, Perceforest, t. III, f° 115. Je, Jehan Hennequart, varlet de chambre et peintre de mon très redoubté seigneur M. S. le duc de Bourgongne, confesse avoir reçu … pour avoir fait plusieurs patrons pour faire coings de nouvelles monnoies, au nombre de trente manieres, dont je fis quatre de couleurs, lesquels M. D. S. choisit entre les autres, De Laborde, Émaux, p. 396.

XVIe s. À pouvres gens menue monnoie, Cotgrave

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

MONNAIE. Ajoutez :
13Monnaie de faillite, admission au passif chirographaire d'un failli. M. C… [syndic de la faillite T…] l'a assigné… afin d'être autorisé à prendre possession des arbres et bois en provenant, offrant d'en payer le prix en monnaie de faillite,… donne acte au demandeur de ce qu'il offre d'admettre le sieur T… [vendeur des arbres] au passif de la faillite pour le montant de sa créance en principal et accessoires, Gaz. des Trib. 29 oct. 1876, p. 1056, 1re col.
14Monnaie de papier, valeur qui naît des contrats et qui est échangeable contre espèces à la demande du porteur.
Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « monnaie »

Wall. manoie ; provenç. et espagn. moneda ; port. moeda ; ital. moneta ; du lat. moneta. Moneta (e long), qui signifie sans doute celle qui avertit, était un surnom de Junon à Rome, Juno Moneta ; c'est dans son temple qu'on fabriquait la monnaie ; de là moneta prit le sens de monnaie.

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Provient du latin moneta. On frappait la monnaie au temple de Junon Monéta à Rome. Par métonymie, cet antique hôtel des monnaies a désigné la matrice ou le coin utilisé pour battre les pièces puis l’argent lui-même.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « monnaie »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
monnaie mɔnɛ

Fréquence d'apparition du mot « monnaie » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « monnaie »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « monnaie »

  • Le mot ressemble à la monnaie fiduciaire offrant la même utilité et les mêmes dangers.
    Théodule Ribot
  • Cette pièce de monnaie n'est vraiment à toi que si elle quitte ta main.
  • Conseil. Petite monnaie d'usage courant.
    Ambrose Bierce — Le Dictionnaire du diable
  • Ouvreuse : silhouette féminine qui éclaire votre porte-monnaie.
    Chaval
  • La parole est la menue monnaie du silence.
    Georges Meredith — L'Épreuve de Richard Feverel
  • Il faut retourner sept fois la monnaie dans sa poche avant de donner un pourboire.
    Luis Rego
  • Les fausses opinions ressemblent à la fausse monnaie qui est frappée d'abord par de grands coupables, et dépensée ensuite par d'honnêtes gens qui perpétuent le crime sans savoir ce qu'ils font.
    comte Joseph de Maistre — Les Soirées de Saint-Pétersbourg
  • Ce ne sont pas des mots qu'il faut au marché, c'est de la monnaie.
    Hérondas — Mimes, VII, 49-50 (traduction L. Laloy)
  • Il faut mépriser l'argent, surtout la petite monnaie.
    François Cavanna
  • Depuis 2017, le musée de la Monnaie de Paris ouvre ses portes au public pour faire découvrir l’art du métal à travers un projet unique qui ravit autant les grands que les petits : celui d’une expérience multi-sensorielle et interactive. Aussi appelé le musée du 11 Conti, ce temple de la monnaie nous glisse dans les coulisses d’un art qui pourrait nous sembler étranger et qui, pourtant, nous est familier ; car des gravures aux pièces en passant par les bijoux, ce précieux métal est un indispensable qui nous accompagne au quotidien.
    Le Bonbon — La Monnaie de Paris, une visite en or !
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Images d'illustration du mot « monnaie »

⚠️ Ces images proviennent de Unsplash et n'illustrent pas toujours parfaitement le mot en question.

Traductions du mot « monnaie »

Langue Traduction
Anglais currency
Espagnol cambio
Italien moneta
Allemand veränderung
Chinois 更改
Arabe يتغيرون
Portugais mudança
Russe изменение
Japonais 変化する
Basque aldaketaren
Corse cambia
Source : Google Translate API

Synonymes de « monnaie »

Source : synonymes de monnaie sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot monnaie au Scrabble ?

Nombre de points du mot monnaie au scrabble : 9 points

Monnaie

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