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Sacre

Variantes Singulier Pluriel
Masculin sacre sacres

Définitions de « sacre »

Trésor de la Langue Française informatisé

SACRE1, subst. masc.

[Corresp. à sacrer1]
A − LITURG. CATH.
1. Cérémonie religieuse par laquelle l'Église reconnaît à un souverain une autorité de droit divin. Sacre du roi, d'un empereur; cérémonie, onction, pompe du sacre. Hérauts d'armes et brandisseurs des insignes royaux au sacre de Bonaparte, ils [ces jureurs du Champ-de-Mai] rempliront les mêmes fonctions au sacre de Charles X (Chateaubr.,Mém., t. 2, 1848, p. 601).Reims, vous êtes la ville du sacre. Vous êtes donc la plus belle ville du royaume de France. Et il n'y a pas de cérémonie plus belle au monde, il n'y a pas dans le monde de cérémonie aussi belle que le sacre du roi de France, dans aucun pays (Péguy,Myst. charité, 1910, p. 43).V. autorité ex. 4, légitimité ex. 4.
P. anal. Le faubourg d'Eyoub avec sa mosquée, où les sultans, à leur avénement au trône, vont ceindre le sabre de Mahomet; sacre de sang, consécration de la force, religion du despotisme musulman (Lamart.,Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 432).
2. Vieilli. Cérémonie liturgique au cours de laquelle un prêtre reçoit la consécration épiscopale. Synon. consécration, ordination* épiscopale.M. Hugon avait servi d'acolyte au sacre de M. de Talleyrand à la chapelle d'Issy, en 1788 (Renan,Souv. enf., 1883, p. 267).
B. − P. anal. Consécration solennelle et quasi religieuse d'une personne ou d'une chose jugée exceptionnelle en son genre, excellente en son domaine. Cette persévérance, ce sérieux, qui vient du respect de son art et d'une religion intérieure, c'est la moralité de l'artiste, son sacre divin, qui le met à part (Michelet,Oiseau, 1856, p. 252).La révolution française, c'est le sacre de l'humanité (Hugo,Misér., t. 1, 1862, p. 53).
En partic. [Désignant le caractère sacré ou d'exception que confère l'épreuve ou la misère] Sa noblesse, ses années le grandissent, et la douleur y ajoutant son sacre, bien des hommes sentent les larmes leur monter aux yeux (R. Bazin,Blé, 1907, p. 353).
Prononc. et Orth.: [sakʀ ̭]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1170 « cérémonie par laquelle un roi est sacré » (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 6805); b) 1174-76 « consécration d'un évêque » (Guernes de Pont-Sainte-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 4790); 2. 1816 p. ext., fig. « consécration » (Chateaubr., Mél. pol., t. 2, p. 230). Déverbal de sacrer*. Bbg. Gougenheim (G.). Sacre, sacré, sacripant. B. Soc. Ling. Paris. 1959, t. 54, n o1, pp. V-VI; Qq. faits d'étymol. secondaire. B. jeunes Rom. 1961, t. 4, pp. 3-8. − Quem. DDL t. 19. − Thierbach (A.). Untersuchungen zur Benennung der Kirchenfeste in den romanischen Sprachen. Berlin, 1951, p. 104, 107, 108, 123.

SACRE2, subst. masc.

A. − ORNITH. Oiseau de proie de la famille des Falconidés, habitant l'Asie et l'Europe orientale, qui peut être dressé pour la chasse au vol. La fauconnerie, peut-être, dépassait la meute; le bon seigneur (...) s'était procuré des tiercelets du Caucase, des sacres de Babylone, des gerfauts d'Allemagne, et des faucons-pèlerins (Flaub.,St Julien l'Hospitalier, 1877, p. 89).C'est la Ville plus vive aux feux de mille glaives, le vol des sacres sur les marbres (Saint-John Perse,Exil, 1942, p. 258).
Rem. ,,En termes de fauconnerie, il ne se dit que de la femelle`` (Ac. 1935).
Vieilli. [Dans des compar.] M. de Burelviller qui avait l'air d'un grand sacre et qui peut-être avait été chassé d'un régiment et cherchait à se raccrocher à un autre (Stendhal,H. Brulard,t. 1, 1836, p. 472).
B. − Au fig., vx. ,,Homme capable de toutes sortes de méfaits`` (Ac. 1935). Synon. rapace.
Prononc. et Orth.: [sakʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Fin xiiies. ornith. (Frédéric II de Hohenstaufen, De arte venandi cum avibus, éd. G. Holmér, chap. 24, 2, p. 82: li sacre). B. a) 2emoit. xves. « homme d'armes, ou brigand (?) » (Martial d'Auvergne, Vigiles, B.N. fr. 5054, 214: Si vindrent assieger la Dacre Estant du costé de Bordeaulx Ou d'Orval moult terrible sacre, leur fist bien machier leurs morceaulx); b) 1507-08 (D'Amerval, Livre de la diablerie, éd. Ch.-F. Ward, p. 17b: [Lucifer à Satan] Acours bien tost, faulx sacrilege, Le pire de tout mon college. Dors-tu, mauldit symoniacre, Tant horrible et terrible sacre?), encore att. par Saint-Simon (cf. Pilastre, Lex. sommaire de la lang. de Saint-Simon, p. 133), v. aussi Littré. A empr. à l'ar. ṣaqr « faucon », très prob. lui-même empr. au lat. sacer « sacré », qui a été empl. comme épith. du faucon par Virgile, Énéide, XI, 721: accipiter [...] sacer ales (OLD, s.v. sacer 4 b); cf. aussi Servius, Commentaires sur l'Enéide, XI, 721 ds TLL I, 322, 46: accipiter ι ̔ ε ́ ρ α ξ dicitur, hoc est sacer. B empl. fig. de A, cf. H. Estienne, Precellence du langage françois, 1579, éd. Huguet, p. 129: ,,Nostre langage se sert, par metaphore, du nom d'un autre oiseau de proye, à sçavoir du Sacre. Car nous disons C'est un sacre, ou C'est un merveilleux sacre, de celuy qui, en quelque lieu qu'il puisse mettre les mains, happe tout, rifle tout, racle tout, et, en somme, auquel rien n'eschappe``; une infl. des représentants du germ. sakman « valet d'armée, pillard » cf. 1422 sacquement « soldat qui pille » et xvies. saccard « valet d'armée » (v. FEW t. 17, p. 7) n'est cependant pas à exclure. Les interférences entre sacre1, sacre2, sacre3expliquent prob. l'empl. blasphématoire de sacre et sacré (v. sacre3), le sens « jurer » de sacrer* et, selon Gougenheim (ds B. jeunes Rom., n o4, pp. 5-7), si la disparition de l'adj. sacre « sacré » après le xvies. (v. sacre3) peut s'expliquer par l'homophonie fâcheuse avec sacre « brigand », celui-ci aurait subi le contre-coup de cette disparition en perdant sa vitalité.
DÉR.
Sacret, subst. masc.,fauconn. Mâle du sacre. C'était la femelle qui portait le nom de sacre, le mâle s'appelait sacret; il n'y a d'autres différences entre eux que dans la grandeur (Baudr.Chasses1834).[sakʀ ε]. Att. ds Ac. dep. 1798. 1reattest. 1377 (Gace de La Buigne, Roman des deduis, éd. Å. Blomqvist, 803: de sacres, de sacrez); de sacre2, suff. -et*.
BBG.Callebaut (B.). Index hist. et explicatif des n. des oiseaux en fr. Trav. Ling. Gand. 1980, n o7, p. 147.

SACRE3, subst. masc.

Région. (Canada). [Corresp. à sacrer2; juron ou imprécation] Synon. région. sacrement.Le gars qui échappait un sacre dans ses colères (R. Lemelin,Au pied de la pente douce, 1944, p. 40 ds Richesses Québec 1982, p. 2058).
Mettre en sacre. Mettre en colère, de mauvaise humeur. Ça prend un gros paquet de niaiseries comme Jacky, pour mettre tout le monde en sacre! (M. Riddez,Rue des Pignons,1966,p. 287, ds Richesses Québec 1982, p. 2059).
Prononc.: [sakʀ]. Étymol. et Hist. a) 1552 sacre Dieu (v. sacrebleu); b) 1642 par la sacre-bleu (v. sacrebleu); c) 1549 et sacre du Gouvernement! (Agréable récit in Choix de mazarinades, I, 16 ds Quem. DDL t. 19); d) 1750 sacre non pas d'un chien (J.-J. Vadé, Le Paquet de mouchoirs, p. 41); e) 1789 sacre-nom d'un cœur! (Compliment des poissardes de Paris à MM. les électeurs, p. 4 ds Quem. DDL t. 19); f) 1894 subst. canadianisme sacre « juron, blasphème, imprécation » et être en sacre « être en colère », comme le sacre « à l'extrême » (S. Clapin, Dict. can.-fr.). Empl. blasphématoire soit de sacre1(cf. ciboire, Dieu, dans les loc. interj.), soit de l'adj. sacre « sacré » (issu du lat. sacer « sacré », ou bien dér. régr. de sacré, sacrer*), usité au xvies. (vers 1513, Jean Lemaire, Concorde des deux langages, éd. J. Frappier, p. 21), empl. également comme subst. aux sens de « objet sacré; chant religieux; fête religieuse; Saint-Sacrement », v. Hug., cf. également ca 1250 par le sacrement empl. comme juron sacrement* et serment empl. comme juron ou imprécation dans certains parlers région., et sacrementer « jurer » (1609 ds Pierreh.), v. FEW t. 11, pp. 35-39. Selon Gougenheim (ds B. jeunes Rom., n o4, pp. 5-7) l'existence du subst. sacre « brigand, homme sans foi, ni loi » (empl. fig. de sacre « rapace », v. sacre2), expliquerait la disparition de l'adj. sacre apr. le xvies. (cette disparition permettant de faire cesser l'homon.) et l'empl. blasphématoire de sacre et sacré serait à rattacher à sacre « brigand », d'où sacrer « proférer des jurons » (de même que pester a été formé sur l'interj. peste!).
STAT.Sacre1, 2 et 3. Fréq. abs. littér.: 237. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 498, b) 357; xxes.: a) 318, b) 199.
BBG.Vincent (D.). Pressions et impressions sur les sacres au Québec. S.I., 1982, p. 35.

Wiktionnaire

Nom commun 3 - français

sacre \sakʁ\ masculin

  1. Grand oiseau de proie du genre des faucons. Note : En fauconnerie, ce terme n’était appliqué qu’à la femelle, pour le mâle ont utilise sacret.
    • La fauconnerie, peut-être, dépassait la meute ; le bon seigneur, à force d’argent, s’était procuré des tiercelets du Caucase, des sacres de Babylone, des gerfauts d’Allemagne, et des faucons pèlerins, capturés sur les falaises, au bord des mers froides, en de lointains pays. — (Gustave Flaubert, Trois Contes : La Légende de Saint Julien l’Hospitalier, 1877)
    • Plus grand et plus massif que le Faucon pèlerin, le Sacre a un plumage brun terreux, de fines moustaches et une calotte pâle, souvent blanchâtre. — (Frédéric Jiguet, Aurélien Audevard, Petit Larousse des oiseaux de France et d'Europe, Larousse, 2016, page 160)
  2. (Armement) Ancien canon pesant 2850 livres et qui lance des projectiles de cinq livres. (Selon Cotgrave repris ensuite par Littré).
    • Viennent ensuite deux pièces qui ne font pas partie des calibres de France, il s agit d un canon pierrier et d'un sacre. — (Max Guérout, ‎Bernard Liou, La Grande Maîtresse, nef de François Ier, Éd. PUPS, Paris 2001)

Nom commun 2 - français

sacre \sakʁ\ masculin

  1. (Vieilli) Homme grossier, immoral, capable de toute sorte de méfaits.
    • Ne se rencontre plus que dans l'expression : Jurer comme un sacre.

Nom commun 1 - français

sacre \sakʁ\ masculin

  1. (Monarchie) Cérémonie religieuse par laquelle on consacre un souverain.
    • Le sacre de Napoléon.
    • Aujourd’hui, 7 septembre, a lieu la grande représentation du sacre d’un sultan. — (Pierre Loti, Aziyadé, 1879)
  2. Consécration d’un évêque.
    • Assister au sacre d’un évêque.
  3. (Figuré) Obtention d’un titre dans une compétition, notamment sportive.
    • MotoGP : Fabio Quartararo est « dans un rêve » au lendemain de son sacre de champion du monde. — (Présentation d’une vidéo de France Info, 25 octobre 2021 → lire en ligne)
  4. (Québec) Juron, voire un blasphème.
    • […] avec son langage direct, épicé de sacres bien sentis, et sa poésie de bum de bonne famille. — (L’actualité, 15 avril 2006)
    • Selon François Avard, TQS a exigé, au moment de la rédaction des scénarios de Bob Gratton : ma vie, my life, une réduction du nombre de sacres. C’est tout. « On a retiré des sacres et je ne crois pas que ça nuise à la vulgarité de la série. Elle est tout aussi vulgaire. Qu’il y ait un sacre ou 12, ça ne change pas grand-chose », explique François Avard […]. — (Cyberpresse, 1er décembre 2006)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

SACRE. n. m.
Grand oiseau de proie du genre des faucons. Lorsque le sacre fond sur sa proie... En termes de Fauconnerie, il ne se disait que de la Femelle. Voyez SACRET. Fig., Un sacre s'est dit pour un Homme capable de toutes sortes de méfaits.

Littré (1872-1877)

SACRE (sa-kr') s. m.
  • 1Action par laquelle on sacre un roi. Le sacre n'est qu'une cérémonie, mais elle en impose au peuple, Voltaire, Hist. Parlem. XXXIV. Quoique Philippe n'eût encore que sept ans, la cérémonie de son sacre se fit à Reims le 23 mai, jour de la Pentecôte 1059, du vivant de son père, qui mourut l'année d'après, Brial, Mém. hist et lit. anc. t. IV, p. 490.

    Fig. [Napoléon] Des porte-clefs anglais misérable risée, Au sacre du malheur il retrempe ses droits, Hugo, Orient. 40.

  • 2L'action par laquelle on sacre un évêque. Pour dire un mot de moi en particulier et sur un fait dans le fond très indifférent, étais-je indigne d'être invité par M. de Cambrai à faire son sacre, moi qu'il appelait, quoique indigne, son père et son maître ? Bossuet, Remarques sur la rép. de M. de Cambrai, Avant propos.
  • 3Se disait de la procession de la Fête-Dieu. Le sacre d'Angers.

HISTORIQUE

XIIe s. Ã tel sacre ne dut prodome metre destre, Th. le mart. 127.

XVe s. Ceux de la cité de Reims doivent le sacre du roi, Froissart, II, II, 74. De ce sacre sont tous les roys de France Oint et sacré, et non autre lignée, Deschamps, Sur quels points doit durer ce royaume. Encore ay-je d'autres veüs Jurer le sang que Dieux jecta, Et par le ventre Dieu le plus, Par le sacre que Dieux sacra, Par cil qui sa mort pardonna, Deschamps, Poés. mss. f° 32. La veille du sacre [de la Fête-Dieu], Hist. d'Artus III, p. 748, dans LACURNE.

XVIe s. De son bon gré ta gent bien disposée Au jour très saint de ton sacre courra, Marot, IV, 321.

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Étymologie de « sacre »

Voy. SACRER ; provenç. et ital. sagra ; espagn. sacra.

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(Nom 1) Du verbe sacrer.
(Nom 2) Du latin ecclésiastique sacer (« frappé d'anathème »), lui même du latin classique sacer (« maudit, exécrable »).
(Nom 3) De l’arabe صقر, çaqr (« faucon, oiseau de proie »).
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Phonétique du mot « sacre »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
sacre sakr

Fréquence d'apparition du mot « sacre » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « sacre »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « sacre »

  • Le sacrement de mariage est un désinfectant.
    Louis Veuillot — Les libres penseurs
  • Ne donnez pas aux chiens ce qui est sacré, ne jetez pas vos perles devant les porcs.
    Évangile selon saint Matthieu, VII, 6
  • Il faut dire : La crasse du tympan et non Le sacre du printemps.
    Marcel Duchamp
  • L'amour est un sacrement qui doit être pris à genoux.
    Oscar Wilde
  • Plus on est semblable à tout le monde, plus on est comme il faut. C'est le sacre de la multitude.
    Léon Bloy — Exégèse des lieux communs
  • Le divorce est le sacrement de l'adultère.
    Jean-François Guichard

Traductions du mot « sacre »

Langue Traduction
Anglais sacred
Espagnol sagrado
Italien sacro
Allemand heilig
Chinois 神圣
Arabe مقدس
Portugais sagrado
Russe священный
Japonais 神聖
Basque sakratuak
Corse sacru
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Synonymes de « sacre »

Source : synonymes de sacre sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « sacre »

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Sacre

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