La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « prône »

Prône

Variantes Singulier Pluriel
Masculin prône prônes

Définitions de « prône »

Trésor de la Langue Française informatisé

PRÔNE, subst. masc.

A. − ARCHIT. RELIG. Grille séparant le choeur de la nef. V. ambon ex. 4.
B. − RELIG. Instruction, accompagnée d'avis, qu'un prêtre fait aux fidèles à la messe paroissiale du dimanche. Synon. homélie, prêche, sermon.Prières du prône; faire le prône. Les prônes du curé, touchant le dogme ou la morale, étaient impersonnels (Mauriac, Th. Desqueyroux, 1927, p.234).V. afficher ex. 4; promesse A 1 ex. de Maupassant:
. Demain, je vous parlerai sermon. Nous entendrons l'abbé Roques. C'est toujours mon prédicateur favori. Ce n'est pas que les autres ne soient excellents. M. Caminade nous a donné dimanche un très-bon prône. Il me tardait de l'entendre prêcher à voix haute. E. de Guérin, Lettres, 1834, p.48.
Recommander qqn au prône. Recommander quelqu'un à la charité ou aux prières des fidèles au moment du prône. Recommander un défunt au prône. Il aura fait un acte de haute bienfaisance pour lequel M. le curé le recommandera dans son prône (Proudhon, Propriété, 1840, p.265).P. anal., pop., fam., vieilli, p.antiphr. Signaler quelqu'un comme individu à surveiller ou à abattre, mettre quelqu'un sur la liste noire. Enfin, le plus jeune des Chaussard fut assassiné dans une de ces affaires nocturnes particulières à la police; il est à croire que Contenson se débarrassa de ses réclamations ou de ses remords en le recommandant, comme on dit, au prône (Balzac, Mmede La Chanterie, 1844, p.342).
Fam. Remontrance longue, ennuyeuse et de ton moralisateur. Les doctes propos, les homélies de Gargantua, les prônes moralisants de son fils: voilà notre lot (L. Febvre, L'Homme, la légende, l'oeuvre, [1931] ds Combats, 1953p.256).
Prononc. et Orth.: [pʀ ο:n]. Ac. 1694, 1718: prosne; dep. 1740: prône. Étymol. et Hist.1. Fin xies. judéo-fr. prodne [?] «treillage, grille» (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t.1, 857); 1240-80 (Baudoin de Condé, Poésies, 161, 269 ds T.-L.); 2. «grille séparant le choeur de la nef dans une église» a) 1176-81 devant laquelle se tenait le possédé pendant la cérémonie de l'exorcisme (Chrétien de Troyes, Chevalier au lion, éd. M. Roques, 629: Home qu'an ne puet chastiier Devroit en au mostier lïer Come desvé, devant les prones [var. prosne, ms. F xiiies., éd. W. Foerster]); b) déb. xiiies. devant laquelle le prêtre prononce l'homélie venir sermoner a son proisne (Jean Bodel, De Brunain, la vache au prestre, 5 ds Fabliaux, éd. P. Nardin, 1965, p.41); 3. ca 1190 faire le prorne «faire le hâbleur, le fanfaron» (Id., Jeu de St Nicolas, éd. A. Henry, 617); 4. 1420, 7 oct. [copie xviies.] «homélie de la messe paroissiale» au prosne de la messe (doc. ds Arch. de Bretagne, t.6, 1892, p.51); 1675 p.antiphr. être recommandé au prône «être censuré comme on le mérite» (Nouv. dict. fr.-all., Basle, pour J. H. Widerhold, d'apr. FEW t.9, p.478a); 5. 1640, 6 mai fam. «bavardage de ton mi-sérieux» (Chapelain, A M. de Balzac ds Lettres, éd. Ph. Tamizey de Larroque, t.1, p.616b); 6. 1675, 19 août, id. «remontrances intempestives» (Sévigné, Lettres, éd. E. Gérard-Gailly, t.1, p.811). Du lat. propthyra, -orum, subst. neutre plur. «espace devant la porte d'entrée, vestibule [chez les Grecs]» (Vitruve), att. à basse époque sous la forme du sing. protirum, devenu p.dissim. *protinum (cf. la forme dissimilée protulum ixes. ds CGL t.5, p.324, 59: protirum anteianuam quodvitiose vulgo dicitur protulum); le lat. est empr. au gr. π ρ ο ́ θ υ ρ α, plur. de π ρ ο ́ θ υ ρ ο ν «couloir allant de la porte d'entrée à la porte intérieure; porche, portique». -t- devenu -d- et mis en contact avec -n-, a abouti à la fricative sonore [ð] devenue [z], d'où prosne. - J. Cornu ds Z. rom. Philol. t.16, 1892, pp.517-518. Fréq. abs. littér.: 75. Bbg. Haust (J.). Note sur l'étymol. du fr. palonnier, prône... In: [Mél. Thomas (A.)]. Paris, 1927, pp.203-209. _Paris (G.). Romania. 1892, t.21, pp.122-123. _Quem. DDL t.11.

Wiktionnaire

Nom commun - français

prône \pʁon\ masculin

  1. (Religion) Instruction chrétienne que le curé ou un vicaire fait tous les dimanches en chaire, à la messe paroissiale.
    • On ne doit dans les règles commencer la moisson qu’après qu’elle a été indiquée au prône de l’Église paroissiale. — (L’agronome ou dictionnaire portatif du cultivateur, Rouen, 1787)
    • Elle eut un air aussi stupide que peut l'être celui d'un paysan breton écoutant le prône de son curé. — (Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, Paris, 1832)
    • Venez à la messe, ne manquez pas mon prône surtout, j’ai quelque chose de très sérieux, de très intéressant, de très grave à vous apprendre ; venez, vous verrez que vous ne vous en repentirez pas. — (Louis Pergaud, Le Sermon difficile, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • (Par hyperbole)Mêmes les gamines grandelettes peuvent prier en se rendant à l'école et au retour : ça leur fera oublier les prônes du maître d’école, ce suppôt de Satan-là. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • On chauffait le four cependant pour faire encore une grosse fournée de fars et de gâteaux pour les fêtes patronales, celle du village, celle de la profession, la Saint-Crépin, celle du maître Tremblot, la Saint-Joseph, celle de la maîtresse celle des mémères, et pour les douze fêtes carillonnées qu’imposait encore en ce temps-là le propre du temps d’un maître artisan. On comprenait alors la plainte du patron savetier de la fable, si incompréhensible pour le travailleur moderne : « On nous ruine en fêtes, et M. le curé de quelque nouveau saint charge toujours son prône ! ». — (Henri Vincenot, La Billebaude, 1978, p. 115)
  2. (Figuré) (Vieilli) Remontrance importune qu’une personne fait à une autre.
    • Je me moque de son prône.
    • Quand donc finira-t-il son prône ?
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

PRÔNE. n. m.
Instruction chrétienne que le curé ou un vicaire fait tous les dimanches en chaire, à la messe paroissiale. Faire le prône. Le curé ayant achevé son prône. Les bans furent publiés au prône. Les prières du prône. Recommander quelqu'un au prône, Le recommander aux prières ou aux charités des fidèles, lorsqu'on est en chaire pour faire le prône.

PRÔNE se dit, figurément et familièrement, d'une Remontrance importune qu'une personne fait à une autre. Je me moque de son prône. Quand donc finira-t-il son prône? Il est vieux en ce sens.

Littré (1872-1877)

PRÔNE (prô-n') s. m.
  • Instruction chrétienne faite chaque dimanche à la messe paroissiale. Bien que du Moulin [ministre protestant] en son livre Semble n'avoir rien ignoré, Le meilleur est toujours de suivre Le prône de notre curé, Vers mis par Racan sur un exemplaire du livre de du Moulin contre le cardinal du Perron. Je me plais à servir mon prochain, et c'est ce qu'on nous recommande au prône, Marivaux, Pays. parv. part. I. On ne sait quel est cet homme [saint Paul] qui, dans une espèce de prône commun, dit familièrement des mots sublimes, Chateaubriand, Génie, II, VI, 2.

    Recommander quelqu'un au prône, le recommander aux fidèles lorsqu'on fait le prône ; et fig se plaindre de lui à ses supérieurs, pour lui attirer quelque châtiment. Vous avez fait une action de bon citoyen de recommander au prône d'un avocat général les infamies de la Beaumelle, Voltaire, Lett. en vers et en prose, 146. Dans votre beau discours du trône, Méchant, vous m'avez désigné ; C'est me recommander au prône, Béranger, Mes jours gras.

    Fig. et familièrement. Remontrances, observations. C'est depuis quatre jours que le roi s'est expliqué là-dessus [l'obligation de donner le monseigneur aux maréchaux], et que les prônes du maréchal de Gramont ont soutenu l'affaire, Sévigné, 19 août 1675. M. de Laurens vous porte un petit paquet que je vous donne… si vous pensez me venir faire des prônes et des discours et des refus, vous me fâcherez et vous me décontenancerez au dernier point, Sévigné, 20 juin 1672. … je vois, sur ce début de prône, Que ta bouche déjà s'ouvre large d'une aune, Boileau, Ép. X. Quand aura-t-il fini son prône Au nom de l'autel et du trône ? Car il est d'un ennui mortel Au nom du trône et de l'autel, Épigr. contre un député qui sous la Restaur. parlait toujours du trône et de l'autel.

HISTORIQUE

XIIe s. Home qu'an [on] ne puet [peut] chastier [corriger], Devroit an au mostier lier, Come desvé, devant les prones, Chrestien de Troyes, Chev. au lyon, v. 625.

XIIIe s. Et adont le [la] justice doit fere dire au prosne et en plain marcié, que tix coze [telle chose] a esté trovée, Beaumanoir, XXIV, 20.

XVe s. Il monta en son prone, et dit les mots qui s'ensuivent : - ainsi descendit de son prone, et s'en alla à sa maison, Louis XI, Nouv. LXXXI. Lors entre en l'eglise, et, ainsi qu'il fut à genouillons, il regarde à dextre partie, et voit unes prones [grille] d'argent moult bien faites…, Lancelot du lac, t. II, f° 32, dans LACURNE.

XVIe s. Faire declarer au prosne de l'eglise, Montaigne, II, 14.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « prône »

Lat. praeconium, publication, de praeco, crieur public, qui paraît être de même origine que praecia, crieur public, lequel vient de prae et cio.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

(Siècle à préciser) Du latin prothyra (« vestibule »), devenu successivement protirum, puis, par dissimilation *protinum, \t\ devenu \d\ et mis en contact avec \n\, a abouti à la fricative sonore \ð\ devenue \z\, d'où prosne en ancien français qui avait le sens de « grille séparant la nef du chœur dans une église »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « prône »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
prône pron

Fréquence d'apparition du mot « prône » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « prône »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « prône »

  • […] on nous ruine en fêtes ; L'une fait tort à l'autre ; et Monsieur le curé De quelque nouveau saint charge toujours son prône.
    Jean de La Fontaine — Fables, le Savetier et le Financier
  • Est-il donc si utopiste ou réactionnaire de prôner l'attachement aux valeurs de la patrie ?
    Bernadette Chirac — Conversation avec Patrick de Carolis
  • Rachadi Saindou, ex-adjoint au maire de Dembeni lors de la mandature précédente, a été élu président de la Cadema le 12 juillet dernier. Il prône la continuité pour les projets de l’intercommunalité.
    Le Journal De Mayotte — Rachadi Saindou prône la continuité pour les projets de la Cadema - Le Journal De Mayotte actualité
  • Face aux conséquences dans le tennis de la pandémie, le Landais Jacques Dupré, ancien vice-président de la Fédération internationale, prône une réforme de la gouvernance mondiale de ce sport
    SudOuest.fr — « Un pouvoir contestable » : le Landais Jacques Dupré prône une nouvelle gouvernance du tennis mondial

Traductions du mot « prône »

Langue Traduction
Anglais advocate
Espagnol abogado
Italien avvocato
Allemand befürworten
Chinois 主张
Arabe المؤيد
Portugais advogado
Russe адвокат
Japonais 提唱する
Basque defendatzaile
Corse avvucatu
Source : Google Translate API

Antonymes de « prône »

Combien de points fait le mot prône au Scrabble ?

Nombre de points du mot prône au scrabble : 6 points

Prône

Retour au sommaire ➦