La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « prêche »

Prêche

Variantes Singulier Pluriel
Masculin prêche prêches

Définitions de « prêche »

Trésor de la Langue Française informatisé

PRÊCHE, subst. masc.

A. − RELIG. PROTEST.
1. Sermon s'appuyant sur un passage de l'Écriture et qui constitue l'essentiel du culte ordinaire; par méton. le culte. Faire un prêche; appeler (les fidèles) au prêche. Le dimanche, les offices du village terminés, il avait un prêche dans la montagne pour les bergers, les bûcherons, les fromagers (A. Daudet, Évangéliste,1883, p.155):
1. En vain le chancelier multipliait les édits; personne ne les observait. Les calvinistes ne trouvaient pas qu'il leur donnât assez et le parti catholique trouvait qu'il leur donnait trop. Les uns troublaient la messe, les autres le prêche, sans qu'on sût jamais qui avait commencé. Bainville,Hist. Fr., t.1, 1924, p.166.
2. P. méton., vieilli.
a) Lieu de culte, temple. Ici, un oratoire roman (...); là, un fronton de prêche protestant (Goncourt,Journal,1885, p.487).Cette vieille et mythique cathédrale des évêques de Bâle (...), le zèle iconoclaste de Luther en a fait un prêche (Lorrain,Sens. et souv.,1895, p.271):
2. ... il a été légalement reconnu, sans la moindre opposition, qu'enlever dans un prêche calviniste une table, un banc, une nappe, ou une bible dans une synagogue, étoit un véritable sacrilège... Lamennais,Religion,1825, p.56.
P. plaisant. Maintenant le boulevard va devenir un prêche perpétuel. Quand un auteur aura quelques termes de loyer à payer, il fera une pièce honnête; s'il a beaucoup de dettes, une pièce angélique. Belle institution! (Baudel.,Art romant., Drames et romans honnêtes, 1851, p.418).
Aller au prêche, porter ses enfants au prêche. Pratiquer ou se convertir, convertir ses enfants au protestantisme. Les Protestants, dans quelques-unes des Provinces-Unies, forçaient les parents catholiques de porter leurs nouveau-nés au prêche [pour les y faire baptiser] (Sainte-Beuve,Port-Royal, t.5, 1859, p.164).
Expr. Il ne va ni à messe ni à prêche. V. messe A 1.
b) Religion protestante. Chez les jeunes gens de la bourgeoisie française, le Prêche rencontra cette disposition noble vers les sacrifices en tout genre, qui anime la jeunesse, à laquelle l'égoïsme est inconnu (Balzac,Martyr calv.,1841, p.64).
B. − P. anal., RELIG. CATH. Homélie, prône, sermon. Une chose surtout (...) soulevait [l'abbé Tolbiac] de colère et d'indignation, l'amour. Il en parlait dans ses prêches avec emportement, en termes crus (Maupass.,Une vie,1883, p.186):
3. ... c'était l'heure, pour nous, d'assister, dans la petite église, à une messe pour le repos des morts de la guerre (...). Un prêche nous fut fait par un jeune soldat-prêtre, (...) heureux de trouver là une occasion d'exercer son éloquence. Vercors,Sil. mer,1942, p.18.
P. anal. Parfois en écoutant, le soir, un prêche socialiste, à telle phrase de l'orateur et sur sa méthode historique, nous reconnûmes des fragments et la dialectique même [de Hegel] (Barrès,Scènes et doctr., t.2, 1902, p.244).
C. − Avec une connotation péj. Discours moralisateur, pontifiant, exalté. Prêche prétentieux; prêche d'illuminé; faire du prêche à propos de tout; (argumenter sur) un ton de prêche. Quand je voudrai entendre un prêche, je me ferai huguenot (Dumas père, Henri III,1829, ii, 4, p.153).Il se retourna solennellement vers Agnès et enfin entama le prêche dont il rêvait depuis plusieurs semaines (Drieu La Roch.,Rêv. bourg.,1937, p.209).V. prêcher ex. 8:
4. ... j'ai entendu bien des prêches sur ma patrie. La patrie, c'était ceci, cela. Il ne m'est rien resté de ces formules apprises en même temps que la table de multiplication. Guéhenno,Journal homme 40 ans,1934, p.32.
P. métaph. Comparer maintenant l'artiste [Goya] avec le courtisan [Charlet]: ici de superbes dessins, là un prêche voltairien (Baudel.,Curios. esthét.,1857, p.187).
Prononc. et Orth.: [pʀ ε ʃ]. Ac. 1694 et 1718: presche; dep. 1740: prêche. Étymol. et Hist. Ca 1350 «discours, sermon» (Gilles Li Muisis, Poés., éd. Kervyn de Lettenhove, t.1, p.63); 1580 «sermon» (Montaigne, Essais, éd. P. Villey, II, 31, p.715); spéc. 1534 «sermon d'un ministre protestant» (Doc. 488a ds Corresp. des réformateurs, éd. A.-L. Herminjard, t.3, p.411); 1548 «lieu où s'assemblent les protestants» (Cramer, p.37 ds Richard, p.87); 1674 «religion protestante» (Boileau, Épître III, 6, éd. A. Cahen, p.21). Déverbal de prêcher*; cf. l'a. fr. prëechement «discours, sermon» ca 1190 (Hue d'Oisi, 5 ds P. Meyer, Rec. d'anc. textes fr., p.367: preechemans) −1660 (Oudin Fr.-Esp.). Bbg. Richard (W.) 1959, p.80; pp.85-87; p.114, 248.

Wiktionnaire

Nom commun - français

prêche \pʁɛʃ\ (France) ou \pʁɛːʃ\ (Québec) masculin

  1. (Religion) Discours, sermon tenu devant une assemblée de croyants dans un but d’enseignement, d’édification.
    • Jamais à l’école. Jamais de boulot. Des pérégrinations messianiques à travers l’Asie, des prêches d’une virulence absolue et une haine implacable à l’encontre du monde entier. — (Yasmina Khadra, Morituri, éditions Baleine, 1997, page 18)
    • "Cette charge revenait aux prophètes", déclare Hassan Ali Kasi à l'AFP dans la capitale Islamabad. "L'un des tout premiers éléments du prêche, c'était la récitation. C'est aussi vieux que l'islam." — (Le Courrier du Vietnam, La récitation coranique, un art et une discipline de fer, lecourrier.vn, 17 avril 2021)
  2. (En particulier) (Protestantisme) Sermons que les ministres de la religion protestante font dans leurs temples.
    • Aller, assister au prêche.
    • Monsieur d’Espard, qui a suivi cette affaire, m’a menée à l’Oratoire où cette femme va au prêche, car elle est protestante. — (Honoré de Balzac, L’Interdiction, 1839)
    • Jobs au contraire, amaigri par la maladie, son visage soucieux, piqué d’une barbe clairsemée, douloureusement posé sur sa main droite, évoque un de ces évangélistes itinérants au moment où, se retrouvant pour la dixième fois peut-être à débiter ses prêches devant une assistance clairsemée et indifférente, il est tout à coup envahi par le doute. — (Michel Houellebecq, La carte et le territoire, 2010, J’ai lu, pages 186-187)
  3. (Familier) Discours moralisateur et ennuyeux.
    • Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Littré (1872-1877)

PRÊCHE (prê-che) s. m.
  • 1Sermon des ministres protestants. Il [Pasquier] voudrait bien que les sermons s'appelassent le prêche ; car ce mot lui revient mieux que celui de sermon ou de concion, Garasse, Recherche des rech. p. 722, dans LACURNE. Les pilleries qui furent l'effet de leurs premiers prêches [des calvinistes], Bossuet, Var. x, 50. Calvin régla la forme des prières et des prêches, Voltaire, Mœurs, 138. Qui a été plus assidu à des prêches et au chant des psaumes que le prince d'Orange, Guillaume le Taciturne, fondateur de la république de Hollande, et Gustave Adolphe, vainqueur de l'Allemagne ? Voltaire, Fragm. sur l'hist. VII.

    Droit de prêche, droit assuré aux protestants par le traité de paix d'Amboise (1563).

  • 2 Fig. Le protestantisme. Mais que sert que ta main leur dessille les yeux, Si toujours dans leur âme une pudeur rebelle, Près d'embrasser l'Église, au prêche les rappelle ? Boileau, Épît. III.

    Aller au prêche, se rendre au prêche, quitter le prêche, embrasser la religion protestante, ou la quitte

  • 3Lieu où s'assemblent les protestants pour l'exercice de leur religion. Madame Catherine, sœur du roi [Henri IV], qui n'avait pas été obligée, comme lui, de se faire catholique, tenait un prêche public dans son palais, Voltaire, Hist. parl. XXIX. On abattit tous les prêches en France, lors de la révocation de l'édit de Nantes, Dict. de l'Acad.
  • 4 Par dérision. Un sermon, un discours. Frère André ne marchanda point, Et lui fit ce beau petit prêche, La Fontaine, Cordel.

HISTORIQUE

XVIe s. Il permit que les protestants feissent comme ils avoient faict, et leur laissa leurs presches et prescheurs, Brantôme, Leve. Je voy de jour à autre rongner les ongles à ceux de la religion ; defenses leur ont esté faites de faire presches aux villes esquelles le roy sejourneroit, Pasquier, Lettres, t. I, p. 257. Le dire est aultre chose que le faire : il fault considerer le presche à part, et le prescheur à part, Montaigne, III, 140.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « prêche »

Voy. PRECHER ; provenç. predic, prezic. L'ancienne langue disait preechement.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

(Date à préciser) Déverbal sans suffixe de prêcher, du latin praedicare (cf. ancien français prëechement, « discours, sermon »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « prêche »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
prêche prɛʃ

Fréquence d'apparition du mot « prêche » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « prêche »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « prêche »

  • Les héros doivent toujours quitter la ville. Parce que nul n'est prophète en son pays, parce qu'il faut toujours sortir pour prêcher, et donc prêcher toujours ailleurs, et donc toujours quitter. Pour se refaire une virginité.
    Christine Angot — Quitter la ville
  • L’imam Nanfo Ismaël Diaby, dont les prêches en malinké provoquent la désapprobation de la ligue islamique, a été interdit par l’État de conduire la prière en Guinée. Sa moquée avait été saccagée en début de semaine.
    JeuneAfrique.com — Guinée : l’imam qui conduisait la prière en malinké interdit de prêche – Jeune Afrique
  • Il n'y a point de chapelle, si petite soit-elle, où l'on prêche au moins un fois dans l'année.
    Proverbe tchèque
  • Qui prêche la guerre est le chapelain du diable.
    Proverbe anglais
  • Ne prêche pas parce que tu dois dire quelque chose, mais parce que tu as quelque chose à dire.
    Richard Whately
  • Il n’est rien de si aisé que de prêcher la patience aux affligés, quand on est dans la prospérité.
    Chevalier de Méré — Maximes, sentences et réflexions morales et politiques
  • Le monde est plein d'erreurs ; mais de là je conclus Que prêcher la raison n'est qu'une erreur de plus.
    Claude Rulhière — Discours sur les disputes
  • A des oreilles sourdes, il n’est pas bon de prêcher.
    Proverbe allemand
  • Quand le renard se met à prêcher, prends garde à ta poule.
    Proverbe basque
  • Ce n'est pas parce qu'on prêche dans les églises que les paratonnerres y sont inutiles.
    Georg Christoph Lichtenberg — Aphorismes
Voir toutes les citations du mot « prêche » →

Traductions du mot « prêche »

Langue Traduction
Anglais preach
Espagnol predicar
Italien predicare
Allemand predigen
Chinois 宣讲
Arabe الوعظ
Portugais pregar
Russe проповедовать
Japonais 説教
Basque predica
Corse predicà
Source : Google Translate API

Antonymes de « prêche »

Combien de points fait le mot prêche au Scrabble ?

Nombre de points du mot prêche au scrabble : 12 points

Prêche

Retour au sommaire ➦