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Paraître

Variantes Singulier Pluriel
Masculin paraître paraîtres

Définitions de « paraître »

Trésor de la Langue Française informatisé

PARAÎTRE1, verbe intrans.

I. − Devenir visible.
A. − Qqc. paraît
1. Se présenter à la vue, soudainement ou progressivement. Les fleurs mâles du coudrier, qui paraissent dès l'hiver, se manifestent sous la forme de chenilles suspendues aux branches (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p.323).Au-dessus des saules paraissait une fumée blanche qui quelquefois s'élevait dans le ciel en tournoyant (Stendhal, Chartreuse, 1839, p.39).Sa voix tremblait, des larmes parurent dans ses yeux (Zola, Débâcle, 1892, p.488).
En partic. [Le suj. désigne un astre] Apparaître à l'horizon. Synon. se lever.Une première étoile parut sitôt le jour retiré (Ramuz, Gde peur mont., 1926, p.35).
[P. méton.] Le jour paraît. Le ciel, de lilas très pâle, pâlit encore, et tout à coup une immense déchirure jaune le fendit à l'est. L'aube parut dans le désert vide (Benoit, Atlant., 1919, p.315).
Au fig.
Commencer à exister, venir au jour. Synon. éclore, naître.Avec la sensibilité paraît la conscience à un degré quelconque, et tous les rapports possibles, antérieurs comme postérieurs, viennent dès lors se centraliser sous la catégorie de personnalité (Renouvier, Essais crit. gén., 3eessai, 1864, p.vii).
Être manifeste, être mis en évidence. Synon. éclater, surgir, ressortir.La vérité du sentiment paraissait dans les regards de Sara (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p.15).S'ils proclamaient leurs objectifs avec cette franchise où paraissent les objectifs mêmes de la révolution qui les menace... (Nizan, Chiens garde, 1932, p.116).
2. Domaine de la commun.
a) [Le suj. désigne une production] Être publié, mis en vente, être livré au public. (Livre) à paraître, qui vient de paraître; paraître le jeudi. Une Saison en Enfer, parue à Bruxelles, 1873, chez Poot et Cie, 37, rue aux Choux, sombra corps et biens dans un oubli monstrueux (Verlaine, OEuvres compl., t.4, Poètes maud., 1884, p.34).Samedi 8 décembre. Ce matin a paru à la librairie Quantin l'édition illustrée de l'Histoire de la société française pendant la Révolution (Goncourt, Journal, 1888, p.871).Les films de qualité parus sous l'occupation se comptent sur les doigts (Cacérès, Hist. éduc. pop., 1964, p.120).
[P. méton. du suj.] −Quand paraissons-nous? −Votre livre? mais il a paru il y a huit jours (A. Daudet, Immortel, 1888, p.55):
1. Mon article est expédié depuis lundi à Denis, avec une lettre, où je déclare me soumettre à son appréciation, et où je lui annonce mon article sur Claudel. Pas de réponse encore. Je ne sais donc si et quand je paraîtrai. Le numéro de juin ne m'est pas encore parvenu. Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p.190.
b) [Le suj. désigne un texte, un article] Être publié. Annonce parue dans un journal. Pas une seule fois leur nom [à certains artistes de nos deux grandes scènes lyriques] n'a paru sur l'affiche, et n'y paraîtra de longtemps (P. Lalo, Mus., 1899, p.52).Une série de dispositions qui ont fait l'objet de deux ordonnances, d'un décret et d'une circulaire parus simultanément au Journal officiel (Réforme hospit., 1959, p.7).Faire paraître. Publier. Faire paraître une annonce.
Rem. En ce sens I A 2, paraître s'emploie avec l'auxil. avoir si l'on veut présenter l'action dans son accomplissement, avec l'auxil. être si l'on veut insister sur le résultat.
B. − Qqn paraît.Se faire voir avec une certaine soudaineté, intentionnellement ou non. Synon. se montrer.Paraître à la porte, sur le seuil; paraître en public. Chaque matin, mon entrepreneur paraissait à l'heure du déjeuner afin de connaître le résultat de mes démarches (Reybaud, J. Paturot, 1842, p.253).C'est alors qu'au balcon Sérieux comme un pape Paraît le pape (Prévert, Paroles, 1936, p.132).V. cercle II B ex. de Hugo.
Au fig. Commencer à se manifester, à jouer un rôle. Voici un poète [Dante] qui parut dans un siècle tumultueux, qui marcha comme enveloppé d'orages (Ozanam, Philos. Dante, 1838, p.14).L'univers change autour de nous (...): de nouveaux peuples paraissent sur la scène du monde; d'anciens peuples ressuscitent au milieu des ruines (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p.283).
II. − Être visible, être vu.
A. − Qqc. paraît
1. Se voir. Vous avez cru effacer cette tache, elle paraît encore (Ac.).Les courtisans, il est vrai, ne font rien; nulle oeuvre, nulle besogne qui paraisse (Courier, Pamphlets pol., Au réd. «Censeur», 1820, p.33).
Empl. impers. Il paraissait des taches livides en plusieurs endroits de son corps (Ac.1835-1935).
Au fig. Être manifeste. Il va bientôt paraître que je n'acquis point une suffisante intelligence des opérations qu'effectuait cette dame vénérable (A. France, Pt Pierre, 1918, p.54).
2. Empl. impers. Il y paraît. Cela se voit, il y a des marques, des traces. L'orage a passé par cette contrée, il y paraît (Ac.).
[Le plus souvent avec un adv. ou dans un cont. négatif] Je les ai écrites, presque toutes [ces notices], il y a fort longtemps, à une époque où j'avais peu d'expérience, et il n'y paraît que trop (A. France, Génie lat., 1909, p.ii):
2. ... ceux-ci [les sergents de ville] (...) époussetaient alors, en se jouant, du bout de leurs sorties-de-bal, les têtes espiègles et mutines. C'était une attention qui, pour être délicate, n'en n'était pas moins sensible. Le lendemain, il n'y paraissait plus. Villiers de L'I.-A., Contes cruels, 1883, p.9.
Sans qu'il y paraisse. Sans que cela se remarque, sans qu'on s'en doute. Maître, si tu as un ennemi, dis-le, et je t'en débarrasserai sans qu'il y paraisse autrement (Musset, Lorenzaccio, 1834, iii, 1, p.167).
B. − Qqn paraît.Se montrer dans un lieu, dans une circonstance où l'on a quelque chose à faire. Synon. être présent, prendre part à.Comment? Trois heures et demie étaient sonnées et ce lambin n'avait pas paru (Cladel, Ompdrailles, 1879, p.330).Le premier peloton déboucha au milieu d'insultes. On lui montrait le poing... on l'accusait de ne plus jamais paraître à la bataille, sinon quand la besogne était faite (Adam, Enf. Aust., 1902, p.94):
3. Sur les cent cinquante électeurs dont se composait le collége dont je briguais les suffrages se trouvaient vingt légitimistes, opulents propriétaires du pays, qui ne paraissaient jamais à l'élection, et vingt autres noms qui, pour des motifs divers, ne devaient pas répondre à l'appel. Restaient cent-dix votants. Reybaud, J. Paturot, 1842, p.321.
En partic.
Synon. de comparaître.Paraître à la barre, devant ses juges; paraître devant Dieu. Accusée, paraissez devant le tribunal du Saint-Office (Mérimée, Théâtre C. Gazul, 1825, p.138).Paraître en justice est toujours une chose grave, quand on ne traite pas la procédure comme une distraction et la chicane comme un moyen d'hygiène (Reybaud, J. Paturot, 1842, p.214).À peine installé au clos, le marquis fit paraître tous les hommes des campagnes circonvoisines et leur fit donner les étrivières pour avoir violé le tombeau de Virgilii (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p.150).
[Le suj. désigne un acteur, un personnage] Se présenter sur scène, jouer un rôle dans un film. Paraître sur la scène du Français, au dernier acte, dans les Misérables.
Loc. verb. Paraître à son avantage. Se montrer sous son meilleur jour. V. bouffer ex. 7.
Empl. abs. Se faire remarquer, vouloir briller, se mettre en vue. Synon. briller.Aimer à paraître, vouloir paraître; le désir de paraître. Je ne cherche pas à paraître. Je n'ai pas le souci de plaire. Je me suffis à moi-même (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p.844).
C. − Faire, laisser paraître qqc.Faire, laisser voir.
1. Qqn fait, laisse paraître qqc.Synon. manifester, montrer.Faire paraître son chagrin, son bon sens; laisser paraître son amour, sa curiosité, son déplaisir, sa faiblesse, sa joie, sa surprise. Je m'appliquais à ne rien laisser paraître de mes sentiments, à n'avoir l'air étonné de rien, choqué de rien (Duhamel, Confess. min., 1920, p.139).Il [le juge] ne songeait visiblement qu'à faire paraître sa puissance et à se rendre redoutable (A. France, Vie fleur, 1922, p.433).
2. Qqc. fait, laisse paraître qqc.Des nuages très bas (...) ne laissaient plus paraître les dernières étoiles que dans la profondeur de leurs déchirures (Malraux, Cond. hum., 1933, p.192).
III. − Être vu sous un certain aspect.
A. − Sembler, avoir l'air.
1. Paraître (à qqn) + attribut du suj.
a) Qqn paraît.Paraître austère, désirable, joli, gai, grand; paraître indifférent, insensible; paraître à l'aise, au-dessus de tout soupçon. Oh! Je dois vous paraître un peu fou... Je me contredis! Mais je suis venu pour tout vous avouer (Bernstein, Secret, 1913, i, 6, p.9).Pour ne pas paraître une prostituée aux yeux du monde, vous vous êtes prostituée aux yeux de Dieu? (Salacrou, Terre ronde, 1938, ii, 3, p.209).
b) Qqc. paraît.Paraître chimérique, facile, favorable, invraisemblable; paraître sans réplique. Tout compte fait, je me trouvais, par suite de mes gains, à la tête d'une dizaine de mille francs qui me paraissaient un capital inépuisable (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p.176).En cet Armagnac, où l'on cuit presque tout encore à la fine graisse d'oie, user du beurre pour les aliments paraissait une hérésie (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p.245).
2. Paraître (à qqn) + inf.
a) Qqn paraît.Paraître comprendre, hésiter, ignorer, se souvenir; paraître à plaindre, souffrir. Sans paraître y prêter la moindre attention, l'abbé Cruchot avait su deviner la conversation de Charles et de Madame des Grassins (Balzac, E. Grandet, 1834, p.61):
4. −Hé bien, le hasard... −Il n'y a pas de hasard, monsieur. −C'est du moins le nom que je donne à la Providence lorsqu'elle me paraît compliquer les choses au lieu de les simplifier. Bernanos, Crime, 1935, p.855.
En partic. Avoir un aspect physique correspondant à tel âge. Elle paraissait avoir quatorze ans, et d'autres disaient seize, tant elle était grande et déjà femme de corps et de manières (R. Bazin, Blé, 1907, p.74).
[Le plus souvent, p.ell. de l'inf.] Synon. de faire (v. faire1III F).Paraître vieux. Il accuse quarante-deux ans, mais ne paraît pas son âge (Gide, Voy. Congo, 1927, p.774).Un homme paraissant la soixantaine bien sonnée (Montherl., Célibataires, 1934, p.737).Cette gronderie sucrée m'écoeura. J'étais surtout vexé de paraître encore assez jeune pour la subir. Si mes douze ans en paraissaient dix, j'avais la dureté des garçons de quatorze (H. Bazin, Vipère, 1948, p.91).
b) Qqc. paraît.Le sens moral me paraît baisser de plus en plus; on se rue dans le médiocre (Flaub., Corresp., 1862, p.17).C'est à l'appel de la France que nous avons obéi. Au moment où tout paraissait crouler dans le désastre et dans le désespoir (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p.628).
B. − [P. oppos. à être effectivement] Avoir l'apparence de, passer pour. Il ne suffit pas de paraître homme de bien, il faut l'être (Ac.).J'ai toujours voulu, je veux encore paraître ce que je ne suis pas, et je néglige trop ce que je pourrais être (Maine de Biran, Journal, 1816, p.160):
5. Mon esprit ergotait tantôt, pour savoir s'il faut d'abord être, pour ensuite paraître; ou paraître d'abord, puis être ce que l'on paraît? (Comme ceux qui achètent d'abord à crédit, puis, après, s'inquiètent de la somme qu'il faut pour solder leur dette; paraître avant que d'être, c'est s'endetter envers le monde extérieur). Gide, Journal, 1891, p.25.
C. − Empl. impers.
1. Littéraire
Il me (nous, vous, etc.) paraît que + ind. ou cond. J'ai l'impression que. À mesure que nous avançons vers l'Amérique, je ne puis m'empêcher de devenir plus triste. Je ne sais pourquoi, il me paraît que le temps le plus heureux de notre vie aura été celui de la traversée (Vigny, Serv. et grand. milit., 1835, p.44).Il me parut qu'il faisait froid et même que ce froid était sépulcral (Jouve, Scène capit., 1935, p.186).
Il ne (me) paraît pas que + subj. Il ne (me) semble pas que. Il ne paraît pas qu'il [Le Corrège] soit jamais sorti de son pays natal (Gautier, Guide Louvre, 1872, p.36).Il ne me paraît pas qu'on puisse correctement parler (ainsi que fait la radio) de «défense acharnée»; ce dernier mot doit être réservé pour l'attaque (Gide, Journal, 1943, p.250).
À ce qu'il me paraît; autant, selon, suivant qu'il me paraît. À ce qu'il me semble, pour autant que je puisse en juger. À ce qu'il me paraît, cette affaire est fort embrouillée (Ac.1935).
2. [Pour exprimer une appréciation, une estimation, un jugement ou encore un renforcement] Il (me, te, lui, etc.) paraît + adj. ou adv.
a) [Suivi de de + inf.] Il paraît nécessaire d'agir ainsi, il me paraît inutile d'insister. Ça nous paraît drôle de nous trouver dans une chambre claire, tendue de papier moucheté de fleurs lilas et feuillé de vert (Huysmans, Soir. Médan, Sac au dos, 1880, p.135).Impossible de tout citer de ce Pardon (...). Mais il nous paraîtrait mal de prendre congé de Corbière sans donner en entier le poème intitulé la Fin (Verlaine, OEuvres compl., t. 4, Poètes maud., 1884, p.13).
b) [Suivi de que + ind., cond. ou subj.] Il me paraît évident que cette manière de faire me frustrerait (Delacroix, Journal, 1822, p.20).Il paraît bien qu'il goûta avec plaisir à la fille de Jephté (A. France, Mannequin, 1897, p.279).
3. En partic. Il paraît, il paraîtrait que + ind. ou cond. On dit que, on prétend que, le bruit court que. Il paraît que sir Archibald Falkland a été assassiné (Farrère, Homme qui assass., 1907, p.321).Elle m'a fait dire qu'elle tâcherait de passer tout à l'heure si elle avait un instant. Il paraît qu'elle a un travail fou (Bourdet, Sexe faible, 1931, i, p.253).Il paraît qu'à Verdun il meurt plus de cinq mille hommes par jour (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p.236).
P. ell.
Paraît que (fam.), paraîtrait que (fam.):
6. Il [l'aubergiste] expliquait: −Paraît que c'est un comte! Le jour que je l'ai vu débarquer, j'ai dit au père: «C'est un homme qu'a des passions. Regarde les boursoufles qu'il a sous les yeux. Ça, tu sais, ça ne trompe pas». Moi, quelque chose me dit qu'il a fait des malhonnêtetés. Montherl., Célibataires, 1934, p.898.
Il paraît, il paraîtrait. −Ah! Te voilà! beugla-t-il [l'officier] en reconnaissant La Guillaumette. Eh bien! Tu es encore un joli coco, et tu en fais de belles, il paraît! (Courteline, Train 8h47, 1888, 1repart., iv, p.39).Politesse de nos aïeux, vous êtes morte, Il paraît, on le dit. Vous êtes tout au moins, chez nous, en quelque sorte Tombée en discrédit (Ponchon, Muse cabaret, 1920, p.281).
En incise. Paraît-il. Je pleurais, je me roulais sur mon lit, j'étais paraît-il, dans un état inquiétant. On envoya chercher le docteur (Gyp, Souv. pte fille, 1928, p.79).
À ce qu'il paraît. Selon ce qu'on dit, selon les apparences. Celle qui devint la Calonne, celle qui coucha à ce qu'il paraît avec toute la Pologne (Goncourt, Journal, 1864, p.87).−Ah! Vous voilà!... Vous vous révoltez, à ce qu'il paraît (Zola, Germinal, 1885, p.1319).
Prononc. et Orth.: [paʀ εtʀ ̭], (il) paraît [paʀ ε]. Ac. 1694 et 1718: paroistre, ,,on prononce ordinairement parestre``; 1740-1798: paroître, ,,on prononce parêtre``; dep. 1835: paraître. Conjug. Ind. prés. je, tu parais, il paraît, nous paraissons, vous paraissez, ils paraissent; imp.je paraissais,... nous paraissions; passé simple je parus,... nous parûmes; fut. je paraîtrai,... nous paraîtrons; impér. parais, paraissons, paraissez; subj. prés. que je paraisse,... que nous paraissions; subj. imp. que je parusse,... que nous parussions; part. prés. paraissant; part. passé paru, ayant paru. V. connaître. Étymol. et Hist. I. A. 1. Fin xes. fut. 3epers. du sing. «se faire voir soudainement, se montrer (en parlant du Christ ressuscité)» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 362: Quar el zo dis que resurdra Et al terz di vius pareistra), ex. isolé; 1583-90 se paroistre «(d'une personne) se faire voir, se présenter» (Brantôme, Grands capitaines estrangers ds OEuvres, éd. L. Lalanne, t. 1, p.148); 1636 intrans. (Corneille, Cid, V, 1: Paraissez, Navarrais, Maures et Castillans...); a) 1583-90 «briller, se distinguer» (Brantôme, op. cit., p.99: Il monstroit bien [...] qu'il vouloit se signaller et parestre par dessus les autres); 1617 empl. abs. (D'Aubigné, Faeneste, I, 2 ds OEuvres, éd. E. Réaume et Fr. de Caussade, t. 2, p.387: je vous demande pourquoi vous vous donnez tant de peines. Faeneste. Pour parestre); b) 1667 faire paroistre «tirer de l'obscurité, mettre en renom» (Boileau, Satires, IX ds OEuvres, éd. F. Escal, p.53); 2. 1632 «intervenir dans une affaire» (Rotrou, Hercule mourant, IV, 1 ds OEuvres, éd. 1820, t. 2, p.51: Mais tu portes le coup et tu ne parois pas); 3. 1666 «se présenter devant un tribunal» [cf. comparaître] (Molière, Misanthrope, II, 6). B. 1. Ca 1165 «être, devenir visible, pointer, surgir» (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 20142: beslivant ala li cous, Por quant del test pareist li os; 25993: Trei mile veiles de color I pareissent sor maz dreciees); fin xiiies. (Id., ibid., 955, var. ms. K: Quant vint contre le tens novel [...] Que la flors pareist blanche e bele); av. 1630 faire paroystre (D'Aubigné, La Création, II, éd. citée, t. 3, p.339: Avent que le soleil fist ses rayons paroystre); 2. ca 1165 «(d'un sentiment, d'une qualité, d'un défaut) être perceptible, se manifester» (Benoît de Ste-Maure, op. cit., 8258, 25160); 1656 faire paraître «montrer» (Segrais, Nouv. franç., 5eNouv., p.13-14 ds Livet Molière: en luy faisant paraître une vertu trop sévère). C. 1. Ca 1165 suivi d'un attribut du suj. (Benoît de Ste-Maure, op. cit., 19396: Tant com li siegles tient e dure, Pareistra mais sa sepoulture Riche desci qu'al finement); 1666 (Molière, op. cit., II, 4: La géante paroît une déesse aux yeux); 2. suivi d'un inf. av. 1622 paroistre de + inf. «sembler» (Fr. de Sales, Lettres, 229 −XII, 301 −ds Hug.); 1685 paraître + inf. (Bossuet, Oraison funèbre de Anne de Gonzague ds OEuvres, éd. B. Velat et Y. Champailler, p.149); 3. 1672 suivi d'un adj. numéral indiquant l'âge d'une personne (avec ell. du verbe avoir) (Lettre de Mmede La Fayette à Mmede Sévigné, 30 déc. ds Lettres de Mmede Sévigné, éd. M. Monmerqué, 310, t. 3, p.180: Elle paraît soixante ans). II. Empl. comme verbe unipersonnel A. 1. Ca 1165 i pareisse! «que la chose se voie, qu'il y en ait des marques!» (Benoît de Ste-Maure, op. cit., 13505: S'onc m'amastes, or i pareisse!); ca 1590 il y paroist (Montaigne, Essais, I, XX, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p.90); 1690 il y paroist bien; sans qu'il y paroisse (Fur.); 2. a) fin xiiies. bien i pareist que + ind. «il est bien visible que» (Benoît de Ste-Maure, op. cit., 12135, var. ms. K; 12931, var. ms. K: molt lor pareist bien [...] que...); b) 1636 il paroit que + subj. «il semble que, il est visible que» (Monet, p.634b); 1670 il paroist que + ind. «id.» (Racine, Bérénice, Préf.); 1680, 26 juin il me paroît que «j'ai la conviction que» (Sévigné, Lettres, éd. É. Gérard-Gailly, p.758); c) 1718 il paraît suivi d'un adj. attribut + de suivi de l'inf. (Massillon, Carême, Doutes sur la relig. ds Littré: Il paraît glorieux de ne rien croire). Du lat. vulg. parescere, très rarement relevé (ves., Anonym. med., éd. Piechotta ds Löfstedt, p.58; viiies. Angleterre ds Blaise Lat. chrét.), verbe inchoatif formé sur parere «apparaître, se montrer», au mode impers. paret «il est patent, il est manifeste». L'a. fr. paroistre ne semble pratiquement pas att. entre Benoît de Ste-Maure (où l'on relève paroir à côté de paroistre) et la 2emoitié du .vies.; il est possible que le mot ait été repris à cette époque à la lang. d'oc par l'intermédiaire du Poitou et se soit répandu dans le domaine d'oïl (FEW t. 7, 647a): a. prov. pareisser 1145-80 (Bernard de Ventadour, Chansons, éd. C. Appel, 24, 2, p.140); xiies. (Peire Rogier, éd. C. Appel, I, 1, p.38); fin xiies. (Giraut de Borneilh, éd. A. Kolsen, 27, 11 et gloss.). De parere est issu l'a. fr. paroir (ca 1100 «apparaître [en parlant de l'aube]» Roland, éd. J. Bédier, 2845; 1119 «paraître [+ inf.]» Philippe de Thaon, Comput, éd. E. Mall, 2528; ca 1140 parut «il apparut, on vit clairement [+ interr. indir.]» Gaimar, Estoire des Engleis, éd. A. Bell, 2248), encore relevé au xvies. (Cotgr.; Hug.), évincé à cette époque par paraître. Fréq. abs. littér.: 42220. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 62710, b) 60800; xxes.: a) 54429, b) 60738. Bbg. Lanly (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp.254-255. _ Roulet (E.). Des Modalités implicites intégrées en fr. contemp. Cah. F. Saussure. 1979, no33, pp.58-61.

PARAÎTRE2, subst. masc.

Lang. philos. ou littér., au sing. seulement. Apparence (par oppos. à l'être). J'envie les hommes comme Berryer (...) toujours attentif au désir du monde, au paraître, à ce qui est superficiel, et satisfait de cela (Delacroix, Journal, 1854, p.231).Quiconque a l'être ne peut avoir l'apparence. L'apparence enchaîne l'être. Le cours du temps arrache le paraître de l'être et l'être du paraître, par violence (S. Weil, Pesanteur, 1943, p.47).
Prononc. et Orth.: [paʀ εtʀ ̭]. Ac. 1798: paroître. V. paraître1. Étymol. et Hist. 1617 (D'Aubigné, Méditations sur les psaumes, Ps. 84 ds OEuvres, éd. E. Réaume et Fr. de Caussade, t.2, p.146). Subst. de paraître1*. Bbg. Gohin 1903, p.231.

Wiktionnaire

Nom commun - français

paraître \pa.ʁɛtʁ\ masculin (orthographe traditionnelle)

  1. Apparence.
    • Ni le choix de ses amis ni celui des mets n'étaient faits par la vanité : car en tout il préférait l'être au paraître. — (Voltaire, Zadig ou la Destinée, IV. L'envieux, 1748)
    • — Que sommes-nous ? Des artistes, n’est-ce pas ? des comédiens qui par leur seul aspect doivent provoquer la curiosité. Crois-tu que si nous allions tantôt sur la place publique habillés comme des bourgeois ou des paysans, nous forcerions les gens à nous regarder et à s’arrêter autour de nous ? Non, n’est-ce pas ? Apprends donc que dans la vie le paraître est quelquefois indispensable ; cela est fâcheux, mais nous n’y pouvons rien. — (Hector Malot, Sans famille, 1878)

Verbe - français

paraître \pa.ʁɛtʁ\ intransitif 3e groupe (voir la conjugaison) (orthographe traditionnelle)

  1. Être exposé à la vue ; se faire ou se laisser voir ; se manifester.
    • Tirez les cordes de votre arc jusqu’à vos oreilles, et abattez de vos traits tous ceux qui paraîtront sur le rempart. — (Walter Scott, Ivanhoé, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
    • Le jour commençait à paraître; la générale retentissait, battue dans toutes les sections de Paris; ce mouvement et ce bruit se répercutaient jusque dans la tour, et glaçaient le sang dans les veines de l'abbé de Firmont et de Cléry. — (Alexandre Dumas, La Comtesse de Charny, 6e partie, chap. 23, 1853)
    • De temps en temps, un requin paraissait à la surface avec son cortège habituel de rémoras parasites et de poissons-pilotes. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • Notre hôte, absent au moment de notre arrivée, ne tarde pas à paraître et me fait l'accueil auquel je m'attendais de sa part. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 38)
  2. Être mis en vente ou en circulation, en parlant d’un livre ou d’une publication.
    • Die Gleichheit parait sur quatre grandes pages : son tirage est faible : 4000 exemplaires en 1900. — (Annik Mahaim, Alix Holt et Jacqueline Heinen, Femmes et mouvement ouvrier: Allemagne d'avant 1914, Révolution russe, Révolution espagnole, Paris : Éditions La Brèche, 1979, page 50)
  3. Briller ; se distinguer ; se faire remarquer.
    • Il ne s'était pas diverti à paraître dans les salons, hauts lieux du papillonnage, où paonnaient des sots éventés et des sirènes plâtrées, et où cancanaient des caillettes d'alcôve et des potiches au ventre rembourré. — (Patrick Roegiers, Le Cousin de Fragonard, Le Seuil, 2013, chapitre 12)
    • Elle n'était pas amoureuse, mais elle aimait paraître avec le bel Italien qui exhibait sa fortune de manière un peu ostentatoire et démontrait un dilettantisme ajoutant à son charme. — (Justine Laval, Les Romanesques, tome 5 : L'enfant de l'amour, Éditions 92, 2011, chapitre 3)
  4. Sembler ; avoir l’apparence.
    • Quelque peu disposé que vous parussiez à accepter la place d’académicien, il a cru vraisemblablement entrevoir dans vos yeux une envie d'y être forcé, et s'est persuadé qu'au moment que vous seriez élu vous ne vous feriez plus prier pour occuper une place qu'on ne pourrait plus vous soupçonner d'avoir recherchée : il s'est trompé et vous l'avez refusée. — (« Lettre XXV de Nicolas Boileau à M. de Lamoignon, Auteuil, le 7 juillet 1703 », dans les Œuvres complètes de Boileau, tome 4, Paris : chez Philippe, 1837, page 108)
    • La courte nuit d’été lui parut cependant interminablement longue. Il éprouvait une sensation désagréable d’insécurité et il s’imaginait, sans la moindre raison, que le jour la dissiperait. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 98 de l’édition de 1921)
    • […], la discussion ne paraissant point épuisée, ils continuèrent, dans le crépuscule qui tombait, à marcher en devisant, l’un le pot à la main, l’autre son parapluie sous le bras… — (Louis Pergaud, La Disparition mystérieuse, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Dans l'intérieur, qui paraissait impraticable, des routes se sont miraculeusement ouvertes, parcourues aussitôt par des automobiles. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • Le Sapin (Abies pectinata) se rencontre aussi en Normandie ; sa spontanéité paraît certaine. — (Henri Gaussen, Géographie des Plantes, Armand Colin, 1933, page 86)
    • Céline Thiébault était alors une jeune fille « bienfaisante », une de ces grandes filles brunes qui paraissent vingt ans au lieu de quinze, de celles qu’à la campagne on compare volontiers à une pouliche et que les hommes, vieux et jeunes, détaillent avec une basse envie, un violent désir. — (Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L’Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954, p. 19)
    • Tout cela était très important et pas éloigné de l’école, quoiqu’il en parût. — (Édouard Bled, « Mes écoles », Robert Laffont, 1977, page 273.)
  5. Se montrer dans un lieu ou dans certaines circonstances.
    • Tout à coup la porte opposée à celle par laquelle il était entré s’ouvrit, et deux pages parurent, portant des flambeaux […]. — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre V)
    • Il appuya sur le bouton d’une sonnette. Un domestique en livrée parut aussitôt. — (André Dhôtel, Le Pays où l'on n’arrive jamais, 1955)

Note :

Ce verbe peut se conjuguer avec l’auxiliaire être ou avoir, sauf dans le sens « avoir l’apparence », où il utilise toujours avoir.
Dans le sens 1, la langue moderne préfère apparaître, qui se conjugue avec être.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

PARAÎTRE. (Je parais, tu parais, il paraît. Je paraissais. Je parus. J'ai paru. Je paraîtrai. Parais. Que je paraisse. Paraissant.) v. intr.
Être exposé à la vue, se faire ou se laisser voir, se manifester. Les bourgeons paraissent aux arbres. Une étoile qui commence à paraître sur l'horizon. Vous avez cru effacer cette tache, elle paraît encore. Paraître en public. Paraître sur la scène. Voici l'acteur qui paraît le plus souvent. Il n'a fait que paraître et disparaître. Depuis longtemps il ne paraît plus. Il n'ose plus paraître. Il n'ose paraître devant vous. Les grands génies que ce siècle vit paraître. Il a fait paraître un grand courage. Il a laissé paraître des sentiments qui ne lui font pas honneur. Son innocence a paru dans tout son jour. On l'emploie quelquefois impersonnellement. Il paraissait des taches livides en plusieurs endroits de son corps. Il a paru de grands génies dans ce siècle-là. Il y paraît, On le voit bien, il y a des marques, il en reste des marques. L'orage a passé par cette contrée, il y paraît. Elle a été longtemps affaiblie par la maladie, mais il n'y paraît plus. Sans qu'il y paraisse, il est fort riche.

PARAÎTRE signifie Être mis en vente, en circulation, en parlant d'un Livre, d'une publication. Quand votre ouvrage paraîtra-t-il? Quand ferez-vous paraître votre brochure? La troisième livraison de ce recueil n'a pas encore paru. Il paraîtra sur ce sujet un excellent article. Ce journal a cessé de paraître. Ce livre vient de paraître.

PARAÎTRE signifie encore Briller, se distinguer, se faire remarquer. Les jeunes gens veulent quelque chose qui paraisse, aiment les choses qui paraissent. Il cherche à paraître. C'est un vaniteux qui ne veut que paraître. Il signifie aussi Sembler, avoir l'apparence. Cela me paraît beau. Cela me paraît ainsi. Il me paraît fort honnête homme. Ces raisons paraissent bonnes. Il paraît être satisfait. Il ne paraît pas ce qu'il est. Il ne suffit pas de paraître homme de bien, il faut l'être. Ces lunettes font paraître les objets beaucoup plus grands qu'ils ne sont. En ce sens, il est souvent impersonnel. Il me paraît que vous vous êtes trompé. Suivant, selon, autant qu'il me paraît, à ce qu'il me paraît, cette affaire est fort embrouillée. Il paraît que vous avez tort. Absolument, Être et paraître sont deux. Il vaut mieux être que paraître. On dit substantivement : L'être et le paraître.

Littré (1872-1877)

PARAÎTRE (pa-rê-tr') v. n.

je parais, tu parais, il paraît, nous paraissons, vous paraissez, ils paraissent ; je paraissais ; je parus, nous parûmes ; je paraîtrai ; je paraîtrais ; parais, paraissons ; que je paraisse, que nous paraissions ; que je parusse ; paraissant, paru. L'i prend un circonflexe toutes les fois qu'il n'est pas suivi de l's, c'est-à-dire quand on a supprimé l's étymologique.

  • 1Être vu, être en vue, en parlant des choses. Une croix lui parut dans l'air, Bossuet, Hist. I, 11. Il était aisé à la reine de faire sentir une grandeur qui lui était naturelle : elle était née dans une cour [de Madrid] où la majesté se plaît à paraître avec tout son appareil, Bossuet, Mar.-Thér. Les drapeaux du croissant dans nos champs vont paraître, Voltaire, Tancr. IV, 1.

    Cela paraît comme le nez au milieu du visage (voy. NEZ, à la fin).

  • 2Se faire voir, se laisser voir, se montrer, en parlant des personnes. Paraissez, Navarrois, Maures et Castillans, Et tout ce que l'Espagne a nourri de vaillants, Corneille, Cid, v, 2. Mais ce prince paraît, souffrez que je l'évite, Corneille, Œdipe, III, 4. Allez vite paraître Où vous devez [devant le tribunal des maréchaux], Molière, Mis. II, 7. La vie est courte, c'est bientôt fait ; le fleuve qui nous entraîne est si rapide, qu'à peine pouvons-nous y paraître, Sévigné, 3 avr. 1681. Ceux qui ont vu de quel front il [Charles Ier] a paru dans la salle de Westminster…, Bossuet, Reine d'Anglet. Charles Gustave parut à la Pologne surprise et trahie comme un lion qui tient sa proie dans ses ongles, Bossuet, Anne de Gonz. Pradon, comme un soleil, en nos ans a paru, Boileau, Sat. IX. Devant ce fier monarque, Élise, je parus, Racine, Esth. I, 1. Quoi donc ! Éliacin a paru devant elle, Racine, Athal. II, 2. Comment oserait-il [Alexandre] paraître devant la sœur de Clitus, et lui présenter une main souillée du sang de son frère ? Rollin, Hist. anc. Œuv. t. VI, p. 462, dans POUGENS. Je m'intéressais moins à Monime représentée par la demoiselle Gaussin, qu'à la Gaussin qui paraissait sous le nom de Monime, Marivaux, Pays. parv. part. VI. Ce législateur sévère avait défendu, sous peine de mort, de paraître avec des armes dans la place publique, Barthélemy, Anach. ch. 63.

    Paraître chez quelqu'un, dans un salon, y aller en visite. Je lui proposai d'aller ensemble chez Mme de Vambures ; on sera surpris que je n'y aie pas encore paru, Marivaux, Pays. parv. part. 7. Il [P. L. Courier] parut dans les salons ministériels du temps, et cela seul suffit pour faire changer de conduite à son égard le préfet du département et tout ce qui dépendait du préfet ; c'était là tout ce qu'il voulait ; il remercia, salua et ne reparut plus, Carrel, Œuv. t. v, p. 203.

  • 3Paraître dans une affaire, y intervenir. Mais tu portes le coup et tu ne parais pas, Rotrou, Herc. mour. IV, 1. Je vous conjure de ne paraître dans cette affaire-là que le moins que vous pourrez, Maintenon, Lett. au duc de Noail. t. v, p. 248, dans POUGENS. Quatre de mes amis, que j'ai choisis exprès, Sans que vous paraissiez, se chargent du succès, Baron, École des pères, v, 3.
  • 4 Fig. Il se dit des choses qu'on aperçoit des yeux de l'esprit. Ce grand cœur qui paraît aux discours que tu tiens, Corneille, Cid, II, 2. La guerre civile leur parut alors [à chacun] avec tout ce que ses événements ont d'incertain et d'horrible, La Rochefoucauld, Mém. 188. Cette déclaration [d'amour] est suivie d'un prompt courroux, qui paraît à notre rougeur, Molière, Préc. 5. Ne sont-ce pas des faussetés bien hardies, puisque le contraire paraît à la vue de tout Paris ? Pascal, Prov. X. L'homme est si grand que sa grandeur paraît même en ce qu'il se connaît misérable, Pascal, dans COUSIN. Il [Louis XIV] l'a comblé [Jacques II] de toutes choses, et grandes et petites …la générosité, la magnificence, la magnanimité n'ont jamais tant paru que dans cette occasion, Sévigné, 2 mars 1689. Il y a un air de ralentissement dans tout le mouvement de la guerre qui a paru d'abord, Sévigné, 22 sept 1688. Tant d'erreurs téméraires et extravagantes qu'on voyait paraître tous les jours [en religion, dans l'Angleterre], Bossuet, Reine d'Anglet. Et dans une si haute élévation, qui vit jamais paraître en cette princesse ou le moindre sentiment d'orgueil, ou le moindre air de mépris ? Bossuet, Mar.-Thér. Pourvu que ce qui paraît d'une famille éclate, brille, et fasse honneur dans le monde…, Massillon, Carême, Vocation. Des âmes qui… bornent toute leur conversion à un changement chimérique qui ne paraît point, tandis que tout ce qui paraît est encore le même, Massillon, Carême, Vérit. culte.
  • 5Venir sur le théâtre du monde. Les mahométans parurent, conquirent et se divisèrent, Montesquieu, Espr. XXI, 19. Clément d'Alexandrie parut dans le second siècle ; il avait été l'élève de Pantarnus, philosophe stoïcien, avant que d'être chrétien, Diderot, Opin. des anc. philos. (Jésus-Christ). L'Iliade et l'Odyssée étaient à peine connues dans la Grèce, lorsque Lycurgue parut en Ionie, Barthélemy, Anach. Introd. part 1re.
  • 6Briller, se faire remarquer, faire figure. Voulant paraître devant ses hôtes et les régaler, Scarron, Rom. com. I, 9. Nous ne nous contentons pas de la vie que nous avons en nous et en notre propre être : nous voulons vivre dans l'idée des autres d'une vie imaginaire, et nous nous efforçons pour cela de paraître, Pascal, Pens. II, 1, éd. HAVET. Quand je quitte Paris et mes amies, ce n'est pas pour paraître aux états, Sévigné, 69. Il [Ch. de Sévigné] trouve l'invention de dépenser sans paraître, de perdre sans jouer, et de payer sans s'acquitter, Sévigné, 27 mai 1680. Dans ce grand monde où chacun veut paraître, On est esclave, et chez moi je suis maître, Voltaire, Droit du seigneur, III, 1.
  • 7Ressortir, faire de l'effet, en parlant de choses. Brancas est arrivé cette nuit… il est pâmé au pied du lit de cette pauvre malade : nulle amitié ne paraît devant la sienne, Sévigné, 25 sept. 1676.

    Paraître à quelqu'un, faire un grand effet sur quelqu'un, l'intéresser vivement. Je veux voir le paysan de Sully qui m'apporta hier votre lettre… je le trouve bien heureux de vous avoir vue ; hélas ! comme un moment me paraîtrait, et que j'ai de regret à tous ceux que j'ai perdus ! Sévigné, 9 févr. 1671. Bon Dieu ! un homme qui vous a vue, qui vient de vous quitter, qui vous a parlé, comme cela me paraît ! Sévigné, 42. Si vous saviez comme cette cruauté paraît à tout le monde, de lui avoir ôté ces deux hommes [deux serviteurs retirés à Fouquet après sa condamnation] ! Sévigné, 21 déc. 1664.

  • 8Être publié, en parlant d'un livre qu'on met en vente, d'un morceau qu'imprime un journal. Votre article a paru dans tel journal, dans telle revue. En 1687 parut l'admirable livre de M. Newton : Des principes mathématiques de la philosophie naturelle, Rollin, Hist. anc. liv. XXVII, ch. 1er. Croira-t-on que l'ouvrage célèbre de Bossuet pour la défense des quatre propositions n'a paru qu'en 1730, vingt-six ans après sa mort ? D'Alembert, Éloges, Bossuet.

    Il se dit aussi des pièces qu'on joue. Cette tragédie [le Cid], l'une des plus morales et des plus intéressantes qui aient paru sur aucun théâtre du monde, Marmontel, Œuv. t. XVI, p. 374.

  • 9Avoir l'apparence, sembler. La géante paraît une déesse aux yeux, Molière, Mis. II, 5. Et les soins où je vois tant de femmes sensibles Me paraissent aux yeux des pauvretés horribles, Molière, Femm. sav. I, 1. Nous avons été longtemps à choisir [entre des bateliers sur la Loire] : l'un nous paraissait trop jeune, l'autre trop vieux ; l'un avait trop d'envie de nous avoir, cela nous paraissait d'un gueux, dont le bateau était pourri, Sévigné, 11 sept. 1675. Qu'elle nous parut au-dessus de ces lâches chrétiens qui s'imaginent avancer leur mort quand ils préparent leur confession ! Bossuet, Duch. d'Orl. Quand les maux qu'ils [les peuples] souffrent leur paraissent plus insupportables que ceux qu'ils prévoient, Bossuet, Reine d'Anglet. L'aveugle parut alors changer de voix et de visage, Bossuet, Anne de Gonz. Soyez ce que vous paraissez ; ou ce que vous n'êtes pas, cessez de le paraître, Bourdaloue, 5e dim. après la Pentecôte, Dominic. t. II, p. 482. Pour paraître honnête homme, en un mot, il faut l'être, Boileau, Sat. X. Le roi depuis ce temps paraît n'y plus penser, Racine, Esth. II, 1. Rien n'est comme il vous paraît, ni à la place où vous croyez qu'il soit, Voltaire, Dict. phil. Apparence. Des services plus importants ne m'ont pas paru si dignes de reconnaissance, Rousseau, Conf. IV.

    Paraître se construit avec un nombre d'années, pour signifier que la personne semble avoir tel âge ; il y a ellipse du verbe avoir. Elle paraît soixante ans, Sévigné, 30 déc. 1672. La fille unique du prince de Monaco avait trente-quatre ou trente-cinq ans, et les paraissait, Saint-Simon, 33, 129.

  • 10 Impersonnellement, en parlant de personnes et de choses. Il a paru autrefois des hommes audacieux qui… Quand il paraîtra de grands génies. Il paraît une comète. Savez-vous qu'il paraît deux petits volumes de lettres de Mme de Pompadour ? elles sont écrites d'un style léger et naturel… plusieurs faits sont vrais, quelques-uns faux, peu d'expressions de mauvais ton ; tous ceux qui n'auront pas connu cette femme croiront que ces lettres sont d'elle, Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 6 juillet 1772.

    Il y paraît, c'est-à-dire on le voit bien, la chose se montre. Sans qu'il y paraisse, c'est un homme fort instruit. Tous mercenaires de nouvelle levée, sans expérience, sans courage… il y parut bien dans le combat ; ils ne purent soutenir la première attaque, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. I, p. 340, dans POUGENS. L'esprit républicain est au fond aussi ambitieux que l'esprit monarchique ; il y parut bien quelques mois après, Voltaire, Louis XIV, 21.

    Il n'y a rien qui n'y paraisse, cela est encore très sensible, très évident. Il me dit être géomètre ; et il n'y avait rien qui n'y parût, car il était dans une rêverie profonde, Montesquieu, Lett. pers. 128.

    Ironiquement. Il n'y a rien qui n'y paraisse, cela est manifestement faux. Vous dites qu'il est brave ; il n'y a rien qui n'y paraisse, je l'ai vu lâcher pied en mainte circonstance.

    Il n'y paraît pas, il n'y paraît plus, c'est-à-dire il n'en reste pas, il n'en reste plus de trace. Mon fils est toujours les délices de Quimper… j'espère que dans quinze jours, il n'y paraîtra plus, et qu'il sera prêt à partir avec les autres, Sévigné, 399. Et moyennant un bon repas Dans un moment ou deux il n'y paraîtra pas, Dancourt, Sancho Pança, v, 15. En bon historiographe et en bon citoyen, j'allai voir en passant les champs de Fontenoi, de Raucoux et de Laufelt ; il n'y paraissait pas ; tout cela était couvert des plus beaux blés du monde, Voltaire, Voy. à Berlin.

  • 11Il paraît, il semble, c'est l'apparence. Il me paraît que mon fils est à Fontainebleau, sans être à la cour, Sévigné, 26 juin 1680. Oui, vous [la fontaine de Bourbon] pouvez chasser l'humeur apoplectique…, Mais, quand je lis ces vers par votre onde inspirés, Il me paraît, admirable fontaine, Que vous n'eûtes jamais la vertu d'Hippocrène, Boileau, Épigr. XVIII. Il ne paraît pas qu'on ait défini le sublime, La Bruyère, I. Il me parut que je devais, en sauvant ma vie, sauver celle des autres, Fénelon, Tél. IV. On se fait honneur de ces grands exemples ; il paraît glorieux de ne rien croire d'après de si illustres exemples, Massillon, Carême, Doutes sur la relig.

    Il ne me paraît pas (non paret), termes dont à Rome les juges se servaient pour déclarer qu'ils n'absolvaient ni ne condamnaient. Chacun donnait son avis d'une de ces trois manières : j'absous ; je condamne ; il ne me paraît pas, Montesquieu, Espr. VI, 4.

  • 12Laisser paraître, ne pas cacher complétement. Elle a bien plus de mérite et d'esprit qu'elle n'en laisse paraître, Sévigné, 542.
  • 13Faire paraître, montrer. Nous allons tous le remercier des extrêmes bontés qu'il nous fait paraître, Molière, Impr. sc. 10. Quels sentiments aurai-je à lui faire paraître ? Molière, Tart. v, 4. Sans prendre garde à la fin à laquelle on la destine [une bulle] et qu'ils [les jésuites] ont fait paraître si à découvert dans des pièces si authentiques, Pascal, Prov. XIX. Voici un commencement de guerre, où d'abord nous faisons paraître notre dernière ressource, Sévigné, 13 avr. 1689. Faites paraître vos talents… de quels talents me parlez-vous, et à qui voulez-vous que je les fasse paraître ? Bossuet, Disc. vie cachée. Quelle assemblée l'apôtre saint Jean nous fait paraître ! ce grand prophète nous ouvre le ciel…, Bossuet, Mar.-Thér. [Certains sages, en prenant le parti de la retraite] ont affecté de faire paraître que, très contents de leurs propres biens et de leur propre suffisance, ils savaient trouver en eux-mêmes non seulement tout leur entretien, mais encore tout leur secours et tout leur plaisir, Bossuet, Vêtures, Pour la profession d'une demoiselle, Préambule. …Il ne faut pas toujours Juger de ce qu'on sent par ce qu'on fait paraître, Deshoulières, Poésies, t. II, p. 137. Je m'en fie aux transports qu'elle m'a fait paraître, Racine, Brit. v, 1.

    Faire paraître, mettre en état de faire figure. Nous ferions des épargnes pour faire vivre et paraître notre enfant ; c'est tout mon but, Sévigné, 5 fév. 1688.

    Faire paraître, tirer de l'obscurité. Loin de les décrier [des poëtes critiqués], je les ai fait paraître, Boileau, Sat. IX.

    Faire paraître, publier. Quand ferez-vous paraître votre brochure ?

  • 14Se faire paraître, se faire voir, se manifester. Toi, pense à te guérir, et crois que, pour le mieux, Je ne veux pas montrer ce perfide à tes yeux ; Sans doute qu'aussitôt qu'il se ferait paraître…, Corneille, Clit. III, 1. L'amour s'y fait paraître avec la majesté, Corneille, Rodog. v, 2. Votre sincérité s'y fait assez paraître, Corneille, ib. v, 3. Mais si son amitié pour vous se fait paraître, Molière, Mis. I, 1. Il y a si peu de personnes à qui Dieu se fasse paraître par ces coups extraordinaires…, Pascal, Lett. à Mlle de Roannez, 2.

    Voltaire a condamné la locution se faire paraître. Elle a pourtant, comme on voit, de bonnes autorités ; mais elle a vieilli.

  • 15 S. m. Apparence. Préférer l'être au paraître.

    PROVERBE

    Être et paraître sont deux.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

REMARQUE

Paraître régit l'infinitif sans préposition ; on dit : Vous me paraissez douter de ma sincérité, ou il me paraît que vous doutez de ma sincérité. Dans le sens négatif, il régit le subjonctif : Il ne paraît pas que vous doutiez de ma sincérité.

HISTORIQUE

XIIIe s. …Tous [la reine Blanche] les hait et desdaigne ; Bien y parut, l'autre jour, à Compaigne, Quant li baron ne purent droit avoir, Hues de la Ferté, Romanc. p. 184. Bien parut puis à Charle, qui fut rois poestis…, Berte, v. Bien en monstre semblant et bien i a paru Que ce que elles font à Bertain mout valu, ib. L.

XVIe s. Il y paroist à la farcissure de mes exemples, Montaigne, I, 81. Le faiste d'aulcuns bastiments paroist encores, Montaigne, I, 232. Et pour ce que la plus generale difference des buts et complexions des hommes est que les uns pointent leurs desirs et desseins aux apparences, et les autres aux effects, l'autheur a commencé ces dialogues par un baron de Gascogne [baron en l'air], qui a pour seigneurie Faeneste, signifiant en grec paroistre, D'Aubigné, Faeneste, préface.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

PARAÎTRE. - REM. Ajoutez :

2. On connaît la tournure : Il a cinquante ans, et il les paraît (voy. d'ailleurs le n° 9). Voici un emploi différent, mais analogue, de paraître, dans une lettre de Louis XIV : Ce que vous me mandez de mes vaisseaux me donne encore plus d'inquiétude que vous n'en paraissez, car je vois que la tempête a continué…, Lett. etc. de Colbert, t. VI, p. 316.

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Étymologie de « paraître »

Prov. paraisser ; cat. parexer ; esp. parecer ; d'une forme non latine parescere, de parere, paraître. Freund pense que parēre est la forme neutre de parĕre, et veut dire fondamentalement être engendré, être mis au jour. L'ancienne langue avait dérivé directement du latin parēre le verbe paroir, qui se conjuguait : il pert, il paraît ; il parra, il paraîtra ; parant, paraissant ; il paroit, il paraissait, etc. Berry, faire paraître une chose à quelqu'un, représenter, convaincre : Je lui ai fait paraître que.

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(Xe siècle) Du moyen français paroistre, de l’ancien français paroistre, pareistre, du latin vulgaire parescere, verbe inchoatif formé sur le latin pārēre (« apparaître, se montrer »). Cognat de l’occitan paréisser, du catalan parèixer, de l’espagnol parecer, du portugais parecer, de l’italien parere.
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Phonétique du mot « paraître »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
paraître paraitr

Fréquence d'apparition du mot « paraître » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « paraître »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « paraître »

  • La paresse peut paraître attrayante, mais le travail apporte la satisfaction.
    Anne Frank
  • On ne peut à la fois être sincère et le paraître.
    André Gide — L'immoraliste
  • La femme excelle à ne pas paraître stupide.
    Jules Huot de GoncourtEdmond Huot de Goncourt — Journal, Fasquelle
  • Tout système est une entreprise de l'esprit contre lui-même. Une œuvre exprime non l'être d'un auteur, mais sa volonté de paraître, qui choisit, ordonne, accorde, masque, exagère.
    Paul Valéry — Variété, Une vue de Descartes , Gallimard
  • Le sommeil est une sorte de protection, si paradoxal que cela puisse paraître.
    Samuel Beckett — Molloy
  • La fortune fait paraître nos vertus et nos vices comme la lumière fait paraître les objets.
    François de La Rochefoucauld — Maximes
  • Le désir de paraître habile empêche souvent de le devenir.
    François de La Rochefoucauld — Maximes
  • Le livre est à paraître le 13 août en France, sous le titre Harry et Meghan, libres, aux éditions du Seuil. 
    Marie Claire — La biographie à paraître de Meghan et Harry inquiéterait la famille royale - Marie Claire
  • Rien n’empêche tant d’être naturel que l’envie de le paraître.
    François de La Rochefoucauld — Maximes
  • Chacun met son être dans le paraître.
    Jean-Jacques Rousseau
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Traductions du mot « paraître »

Langue Traduction
Anglais to appear
Espagnol a aparecer
Italien apparire
Allemand erscheinen
Chinois 出现
Arabe لتظهر
Portugais aparecer
Russe появляться
Japonais 現れる
Basque agertu
Corse apparsu
Source : Google Translate API

Antonymes de « paraître »

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Nombre de points du mot paraître au scrabble : 9 points

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