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Lanterne

Variantes Singulier Pluriel
Féminin lanterne lanternes

Définitions de « lanterne »

Trésor de la Langue Française informatisé

LANTERNE, subst. fém.

I.
A. −
1. Appareil d'éclairage, souvent portatif, constitué d'une boîte ou d'une enveloppe à parois transparentes ou translucides, à l'intérieur de laquelle est placée une source lumineuse. Globes de verre dépoli, tout pareils aux lanternes de papier d'une fête des lanternes (Goncourt, Journal,1867, p. 347).Petite lanterne que les facteurs portent sur le ventre (Renard, Journal,1897, p. 436).Ils avaient une lanterne à vitres de corne dont ils n'auraient d'ailleurs pas eu besoin, à cause du beau clair de lune qu'il faisait cette nuit-là (Ramuz, Derborence,1934, p. 38):
1. La patronne levait au-dessus de sa tête une lanterne à pétrole, tandis que l'on faisait reculer le cheval entre les brancards. Sous la lumière de la lanterne, des silhouettes immenses se projetaient sur la route et se cassaient sur les maisons d'en face. Arland, Ordre,1929, p. 484.
a) Lanterne + déterm.
Lanterne chinoise. Lanterne de papier, généralement colorée. Sous les rayons jaunes d'une lanterne chinoise elle regardait, navrée, à son côté, ce petit homme (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Avent. paris., 1881, p. 767).
Lanterne vénitienne. Lanterne de papier décorative, généralement plissée en accordéon :
2. Les yoles se mettaient en route, portant à l'avant une lanterne vénitienne. On ne distinguait point les embarcations, non seulement ces petits falots de couleur, rapides et dansants, pareils à des lucioles en délire... Maupass., Contes et nouv., t. 1, Femme de Paul, 1881, p. 1225.
Lanterne rouge (infra 2). [P. réf. à la lanterne qui indiquait une maison de prostitution] Il y avait çà et là l'enseigne d'une maison louche, une lanterne rouge (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 353).
Lanterne sourde (infra c). Lanterne dont on peut cacher la source lumineuse à l'aide d'un volet. Tu seras dans la nuit et devant le miroir Sans trouver le volet de la lanterne sourde, Et tu ne verras pas la forme de ta vie (Romains, Vie unan.,1908, p. 25).
Lanterne de Diogène. [P. allus. littér. au philosophe grec qui, dit-on, s'est promené avec une lanterne en plein jour afin de trouver un homme] Un homme d'esprit est perdu s'il ne joint pas à l'esprit l'énergie de caractère. Quand on a la lanterne de Diogène, il faut avoir son bâton. Il n'y a personne qui ait plus d'ennemis dans le monde (Chamfort, Max. et pens.,1794, p. 50).
b) P. métaph. Quelle lumière cette lanterne sale du pauvre poète peut-elle jeter sur la Bonne chanson et sur Sagesse? (Thibaudet, Réflex. litt.,1936, p. 9).
c) Argot
Fenêtre, ventre (transparent de maigreur); œil (Esn. 1966).
Lanterne sourde. Contrebandier (Esn. 1966).
2. Appareil d'éclairage équipant certains véhicules. Il avait aperçu, tout à coup, les lanternes d'un train (Tharaud, Dingley,1906, p. 82).Un cycliste sans plaque ni lanterne (Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. 157).
AUTOM., gén. au plur. Lampe qui donne la lumière la plus faible. Synon. veilleuse.Allumer ses lanternes. Feux rouges des lanternes arrière des autos (Malraux, Condit. hum.,1933, p. 359).
Lanterne rouge. [P. réf. à la lanterne placée à l'arrière du dernier véhicule d'un convoi pour en signaler la fin] L'on n'aperçut bientôt plus que les trois lanternes rouges du dernier wagon (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 122).
Au fig. [Le plus souvent à propos d'une course] Le dernier. « Il est dernier! » En effet, de foulée grande, Jacques n'entre pas vite en action. Au premier virage, il est encore « lanterne rouge » (Montherl., Olymp.,1924, p. 311).
3. Réverbère. (Dict. xixeet xxes.).
[P. réf. aux événements survenus pendant la Révolution]
Mettre, être à la lanterne. Pendre, être pendu aux cordes d'un réverbère. C'est un fier aristocrate, qui a manqué plus de dix fois d'être à la lanterne (Sénac de Meilhan, Émigré,1797, p. 1556).
À la lanterne! [Cri par lequel le peuple réclamait ces exécutions sommaires] « À la lanterne! À la lanterne, les aristocrates! Ça ira! » Et les autres tremblent, ils se cachent (Erckm.-Chatr., Hist. paysan., t. 1, 1870, p. 343).
4. Lanterne à projections ou de projection. Appareil de projection. Synon. usuel projecteur :
3. Aurelle, arrivant au mess pour le thé, n'y trouva que le révérend Mac Ivor, qui réparait une lanterne à projections. − Hullo, Messiou, dit celui-ci, bien content de vous voir. Je prépare ma lanterne pour faire un sermon sportif aux hommes de B. Company quand ils sortiront des tranchées. Maurois, Silences Bramble,1918, p. 91.
Lanterne magique. Lanterne de projection à l'aide de laquelle on projetait des images peintes sur des plaques de verre. Parfois il ouvrait une porte, et se trouvait dans une chambre où l'on montrait la lanterne magique. Des enfants applaudissaient à grand bruit (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 93).
P. métaph. La lanterne magique de la vie projette et fait tourner autour de moi ses pâles tableaux (Amiel, Journal,1866, p. 116).
[P. allus. à la fable de Florian : Le singe qui montre la lanterne magique]
Oublier d'éclairer sa lanterne. Omettre un point essentiel. (Dict. xixeet xxes.).
Éclairer la lanterne (de qqn). Aider (quelqu'un) à comprendre quelque chose; l'éclairer. T'Serstevens lit, prend des notes marginales pour éclairer sa lanterne, comparer, comprendre, s'instruire, rire, n'être pas dupe (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 384):
4. Les difficultés de communications entre Le Caire et Brazzaville n'ont rien à voir avec l'attitude que j'ai dû prendre et qui a produit l'effet recherché. Ceci dit pour bien éclairer la lanterne. De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 409.
B. − P. anal.
1. ARCHITECTURE
a) Construction généralement circulaire, munie d'ouvertures, qui surmonte un bâtiment et peut en assurer l'éclairage ou l'aération. Six fenêtres sur la rue, six autres sur une terrasse intérieure font de la pièce oblongue une étroite lanterne (Lorrain, Heures Corse,1905, p. 78):
5. Quatre journalistes étaient là, presque détendus : d'abord parce qu'ils étaient maintenant à l'air libre, que les lieux clos rendent l'angoisse plus intense, et ensuite parce que la lanterne du central, plus petite que sa tour, semblait moins vulnérable. Malraux, Espoir,1937, p. 756.
En partic. Petite tour ajourée surmontant un édifice. Au sommet [des tours d'églises au xviiiesiècle] s'élevait une flèche portée par une lanterne souvent octogone (Lenoir, Archit. monast.,1856, p. 217).
Lanterne (des morts). Colonne creuse en haut de laquelle une source lumineuse signalait l'emplacement d'une tombe, d'un cimetière ou d'un établissement religieux. On construisit, au moyen âge, dans plusieurs cimetières, des espèces de colonnes creuses, monuments funéraires destinés à recevoir une lampe qui devait brûler, soit la nuit, soit dans certaines occasions. On leur donna, pour cela, le nom de lanterne de cimetière, lanterne des morts, phare funéraire, colonne creuse ou lampadaire (E. Hubert, Les Lampadaires du département de l'Indre ds Revue du Centre, 1889, p. 109).
b) Vx. Loge, tribune aménagée dans des lieux d'assemblée afin de pouvoir entendre et voir ce qui s'y passe sans être vu. (Dict. xixeet xxes.).
2. ART MILIT.
a) Vx. Boîte destinée à contenir des balles et de la mitraille. (Dict. xixeet xxes.).
b) Dispositif qui sert à introduire un projectile dans une pièce d'artillerie lourde. Le projectile amené sur la brouette de chargement [pour le mortier de 220] est déposé dans une lanterne de chargement qui est mue à l'aide de manivelles (Alvin, Artill., Matér., 1908, p. 244).
3. MAR., vieilli. Partie creuse de l'axe du gouvernail destinée à laisser passer les ferrures de l'étambot. (Dict. xixeet xxes.).
4. TECHNOLOGIE
a) Vx. Petite boîte à parois vitrées dont l'usage permet de se servir d'un trébuchet à l'abri du vent. (Dict. xixe, Lar. 20e, Lar. encyclop., Quillet 1965, Rob.).
b) Sorte de cage composée de plusieurs fuseaux fixés à deux plaques circulaires et servant de pignon; p. ext., roue dentée ou non qui sert dans un engrenage. [Dans la mécanique Jacquard actuelle] L'une des extrémités [du cylindre] est munie d'une lanterne composée de deux plaquettes de fer réunies par quatre entretoises sur lesquelles peuvent agir deux loquets ou clanches pour faire tourner le cylindre dans un sens ou dans l'autre (Araud, Ch. Thomas, Fabric. drap,1921, p. 34).
c) Élément en forme de cage qui coiffe parfois l'extrémité d'une cheminée sur le toit. Des lanternes en terre cuite avec couvercle à placer sur la souche d'une cheminée à l'orifice d'un tuyau de fumée (Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 5, 1928, p. 92).
5. ZOOL. Lanterne d'Aristote. Appareil masticateur des oursins. L'oursin, dont la bouche s'appelle, on ne sait pourquoi, lanterne d'Aristote (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 257).
II. − Vieilli, gén. au plur. Propos futiles et sans intérêt. Il traitait vite, ne riait jamais, avait des opinions, s'asseyait devant une copie, critiquait, disait des mots d'art : « C'est creux (...) ça fait lanterne... » (Goncourt, Man. Salomon,1867, p. 107).
Prendre des vessies pour des lanternes. Se méprendre, faire une confusion absurde et naïve. Deux fois par semaine, le Journal s'incendiait de la prose de ce voyageur. Par lui, nous apprîmes enfin (...) que le comble de l'aveuglement est de prendre des vessies pour des lanternes (Bloy, Journal,1903, p. 166).
REM.
Lanterne-tempête, subst. fém.Lanterne munie d'un dispositif destiné à éviter qu'elle ne s'éteigne sous l'action du vent. Synon. lampe*-tempête.J'avais une de ces petites lanternes portatives dites lanternes-tempête, et je l'avais glissée sous le pliant pour n'en être pas gêné (Duhamel, Suzanne,1941, p. 217).
Prononc. et Orth. : [lɑ ̃tε ʀn̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. a) Ca 1100 « sorte de boîte à parois plus ou moins transparentes dans laquelle on place une source de lumière » (Roland, éd. J. Bédier, 2643 : Asez i ad lanternes e carbuncles); ca 1210 vendre vecies por lanternes (Guiot de Provins, Bible, éd. J. Orr, 2628); d'où b) 1585 au plur. « propos sans importance, fadaises » (N. du Fail, Contes et Discours, éd. J. Assézat, II, 81); 2. a) 1613 lanterne vive (M. Régnier, Satire XI ds Œuvres, éd. J. Plattard, p. 97); 1685 lanterne magique (Fur.); b) 1878 oublier d'éclairer sa lanterne « omettre un point important pour se faire comprendre » (Lar. 19eSuppl. qui cite J. Loiseleur); 3. a) 1689, 13 avr. « réverbère qui servait à l'éclairage des rues » (MmeDe Sévigné, Lettres, éd. M. Monmerqué, 9, 17); ,,vx`` ds Besch. 1845; d'où b) 1789 « potence » (Mounier, Exposé, 26 oct., Arch. Parl. 1resér., t. IX, p. 568, col. 1 ds Brunot t. 9, p. 882, note 1); 4. 1835 « appareil d'éclairage adapté à l'avant d'un véhicule » (Balzac, Ferragus, p. 66). II. 1. 1508 « ornement en forme de lanterne et à jour qui surmonte une pièce de vaisselle » (Inv. génér. des meubles à MgrMonsieur le Légat ds A. Deville, Comptes... du Château de Gaillon, p. 503); 2. 1546 arch. « sorte de tribune d'où l'on peut voir et entendre sans être vu » (J. Martin, trad. Fr. Colonna, Songe de Poliphile, 88 ro[Kerver] ds Quem. DDL. t. 7); 3. 1559 id. « dôme vitré placé au-dessus d'un édifice pour en éclairer l'intérieur » (Amyot, Péric. 28 ds Littré); 4. 1611 « pignon d'un engrenage » lanterne a pagnon (Cotgr.); 5. 1660 « cuiller qu'on remplit pour en charger le canon » (Oudin Fr.-Esp.); 6. 1805 « appareil masticateur des oursins » (Cuvier, Anat. comp., t. 3, p. 329); 1828 lanterne d'Aristote (Mozin-Biber t. 2). Du lat. lanterna « lanterne », empr. au gr. λ α μ π τ η ́ ρ. Le sens I 2 b p. allus. au singe de la fable de Florian, Le Singe qui montre la lanterne magique ds Fables, 1792, p. 80 dans laquelle celui-ci invite les spectateurs à admirer des images qu'ils ne peuvent voir, puisqu'il a oublié d'allumer la lanterne. Fréq. abs. littér. : 1 592. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 056, b) 3 032; xxes. : a) 3 378, b) 2 216. Bbg. Corbett (N.L.) Prendre des vessies pour des lanternes. Fr. mod. 1969, t. 37, pp. 193-197. - Dub. Pol. 1962, p. 329. - Kellman (S.G.) The Mirror and the magic lantern. Neophilologus. 1977, t. 61, pp. 43-47. - Quem. DDL t. 9, 11, 18, 20.

Wiktionnaire

Nom commun - ancien français

lanterne \Prononciation ?\ féminin

  1. Lanterne.
    • Une lanterne atant li baille — (Partonopeus de Blois, manuscrit de la Bibliothèque apostolique vaticane. 1175-1200. Fol. 25v. b.)

Nom commun - français

lanterne \lɑ̃.tɛʁn\ féminin

  1. Boîte de verre, ou d’autre matière transparente, dans laquelle on enferme une lumière pour la protéger du vent.
    • Ils avaient monté la côte dans le demi-jour, car Bert désirait aller aussi loin que possible avant d’allumer ses lanternes ou d’essayer de les allumer, car le résultat semblait douteux. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 55 de l’édition de 1921)
    • Au nombre d’une demi-douzaine, munis de lanternes, ils s’engagèrent sur le chemin de Salins, qu’avaient dû suivre les deux hommes. — (Louis Pergaud, La Disparition mystérieuse, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Une lueur marque le seuil des maisons moins pauvres, où l’on ne regarde pas à la dépense d’une lanterne […] — (Out-el-Kouloub, « Zariffa », dans Trois Contes de l’Amour et de la Mort, 1940)
    • De l’autre côté de la chaussée, le poste de police dont le drapeau pendait obliquement, comme une loque, mal éclairé par la lanterne, avait un air peu engageant. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • Il suffit pour s'en convaincre de faire le tour des jardins individuels où l'on rencontre, à de nombreux exemplaires, les toboggans et balançoires Euro-loisirs, les lanternes Leroy-Merlin et l’herbe de la Pampa en provenance directe du Jardiland. — (François Lapoix, Sauver la ville : écologie du milieu urbain, Éditions Sang de la terre, 1990, chap. 4)
  2. (Métrologie) (Vieilli) Petite armoire vitrée où l’on renferme à l’abri de l’air les trébuchets ou balances très sensibles.
  3. (Architecture) Tourelle ouverte par les côtés, posée sur le comble d’un édifice et ordinairement au-dessus d’un dôme, d’une coupole.
    • La base de cet étrange monument est comme lui pleine d’élégance et de mystère : c’est un double escalier qui s’élève en deux spirales entrelacées depuis les fondements les plus lointains de l’édifice jusqu’au-dessus des plus hauts clochers, et se termine par une lanterne ou cabinet à jour, couronnée d’une fleur de lis colossale, aperçue de bien loin. — (Alfred de Vigny, Cinq-Mars, 1826)
    • Ces entraits, en se croisant à mi-bois entre chaque pièce, moisent aussi le poinçon qui monte dans la lanterne et s'élève jusque dans la flèche pyramidale qui la surmonte; […]. — (Amand Rose Émy, Traité de l'art de la charpenterie, tome 2, Paris : chez Carilian-Goeury & chez Dalmont, 1841, page 235)
    • La lanterne du dôme des invalides.
  4. (Architecture) Cage circulaire ou carrée, garnie de fenêtres et de vitraux, et placée au-dessus d’un édifice pour en éclairer l’intérieur par en haut.
    • L’aérage se fait alors par la partie demi-circulaire du châssis qui est mobile et par la lanterne supérieure, […]. — (D. de Prat, Nouveau manuel complet de filature ; 1re partie : Fibres animales & minérales, Encyclopédie Roret, 1914)
  5. (Architecture) Loge placée dans quelques salles de réunions solennelles, et d’où, sans être vu, on peut voir et écouter.
    • Lorsque le roi tenait un lit de justice, les dames se plaçaient dans les lanternes de la Grand-Chambre.
  6. (Mécanique) Pignon à lanterne. Pignon d’engrenage pourvu de fuseaux entre lesquels s’enclenchent les dents d’une autre roue ou d’une crémaillère.
  7. (Cyclisme) Dispositif d’éclairage d’une bicyclette.
    • Il voulait faire tout de suite l’épreuve de ses nouvelles connaissances et proposa de descendre au Clusot et de remonter par les treize lacets. Il était trop tard. Le soleil était déjà caché par les crêtes.
      « On remontera aux lanternes.
      — On ne court pas aux lanternes.
      — L’hiver dernier, je me suis entraîné à la lanterne. »
      — (Roger Vailland, 325.000 francs, 1954, réédition Le Livre de Poche, pages 189-190)
  8. (Cuisine) Type de pâtes en morceaux striés et incurvés.
  9. (Botanique) Synonyme d’alkékenge (car le fruit est contenu dans une vésicule qui devient transparente, semblable à une lanterne).
  10. (Au pluriel) (Figuré) (Familier) Fadaises, contes absurdes, ridicules.
    • Tout ce qu’il nous a dit là, ce sont des lanternes.
    • Conter des lanternes.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

LANTERNE. n. f.
Sorte de boîte de verre, ou d'autre matière transparente, dans laquelle on enferme une lumière pour la protéger du vent. Lanterne ronde, carrée. Allumer, éteindre une lanterne. Lanternes de voiture. Lanterne à réflecteurs. Lanterne sourde, Sorte de lanterne faite de manière que celui qui la porte voit sans être vu, et qu'il en cache entièrement la lumière à volonté. Fig. et fam., Prendre des vessies pour des lanternes. Voyez VESSIE. Mettre à la lanterne s'est dit populairement, dans la Révolution, pour Pendre quelqu'un aux cordes d'un réverbère, sorte d'assassinat dont on cite de nombreux exemples dans les émeutes de 1789 à 1793. La populace en réclamant ces exécutions avait l'habitude de crier : À la lanterne! Lanterne magique, Instrument d'optique qui, au moyen de lentilles et de verres peints, projette des images sur une toile ou sur une muraille blanche. Montrer la lanterne magique. Fig. et fam., C'est une lanterne magique, une vraie lanterne magique, se dit d'une Réunion où un grand nombre de personnes ne font que passer et se succèdent les unes aux autres. On dit dans le même sens Le monde est une lanterne magique.

LANTERNE, en termes d'Essayeur d'or et d'argent, désigne une Espèce de petite armoire vitrée où l'on renferme à l'abri de l'air les trébuchets ou balances très sensibles. En termes d'Architecture, il signifie Sorte de tourelle ouverte par les côtés, posée sur le comble d'un édifice et ordinairement au-dessus d'un dôme, d'une coupole. La lanterne du dôme des Invalides. Il se dit également d'une Espèce de cage circulaire ou carrée, garnie de fenêtres et de vitraux, et placée au-dessus d'un édifice pour en éclairer l'intérieur par en haut. La lanterne de la salle de la Bourse. Il se dit encore d'Espèces de loges placées dans quelques salles de réunions solennelles, et d'où, sans être vu, on peut voir et écouter. Lorsque le roi tenait un lit de justice, les dames se plaçaient dans les lanternes de la Grand-Chambre. En termes de Mécanique, il désigne une Petite roue formée de plusieurs fuseaux, dans laquelle engrènent les dents d'une autre roue.

LANTERNES, au pluriel, se dit, figurément et familièrement, de Fadaises, de contes absurdes, ridicules. Tout ce qu'il nous a dit là, ce sont des lanternes. Conter des lanternes.

Littré (1872-1877)

LANTERNE (lan-tèr-n') s. f.
  • 1Boîte garnie d'une substance transparente, corne ou vitres, où l'on enferme une chandelle, de peur que le vent ne l'éteigne. Une lanterne en corne. Les vitres d'une lanterne. Il fait du vent, prenez une lanterne. Le roi arriva hier au soir à Chantilly ; il courut un cerf au clair de la lune ; les lanternes firent des merveilles, Sévigné, 24 avr. 1671.

    Fig. Diogène cherchait en plein midi, une lanterne à la main, un homme à Corinthe ; de là l'emploi figuré de lanterne pour instrument de recherche, mais seulement quand il s'agit des caractères, des mœurs, des habitudes des gens. Connaissez les humeurs qu'il [le ciel] verse dessus nous, Ce qui se fait dessus, ce qui se fait dessous ; Portez une lanterne aux cachots de nature, Régnier, Sat. IX. J'ai pris cent et cent fois la lanterne en la main, Régnier, ib. XI. Cependant, lorsque aux yeux leur portant la lanterne, J'examine au grand jour l'esprit qui les gouverne, Boileau, Sat. X. Lanterne en main, dans l'Athènes moderne, Chercher un homme est un dessein fort beau, Béranger, Nouv. Diog.

    Fig. Il veut faire croire que des vessies sont des lanternes, c'est-à-dire il veut faire croire des choses absurdes et bizarres. Quand ma vessie me fait souvenir qu'elle n'est pas une lanterne, comme dit le proverbe, je relis les lettres du roi philosophe, D'Alembert, Lett. au roi de Prusse, 3 mars 1782.

  • 2Lanterne sourde, sorte de lanterne faite de manière que celui qui la porte voit sans être vu, et qu'il en cache entièrement la lumière à volonté. Celui qui tient une lampe est vu plutôt qu'il ne voit, à moins qu'il n'ait une lanterne sourde, Voltaire, Philos. Bible expl. Juges, note o.
  • 3Lanterne magique, instrument d'optique qui, au moyen de lentilles et de verres peints, fait voir différents objets grossis sur une toile ou sur une muraille blanche. Montrer la lanterne magique. Il [le singe] n'avait oublié qu'un point, C'était d'éclairer sa lanterne, Florian, Fables, le Singe qui montre la lanterne magique.

    Fig. Oublier d'allumer la lanterne (par allusion à la fable de Florian), oublier de faire ce qui est nécessaire pour que l'on comprenne.

    Lanterne vive, ancien nom de la lanterne magique. …Lanterne vive Où des oisons bridés, guenuches, éléphants, Chiens, chats, lièvres, renards et mainte étrange bête Courent l'une après l'autre…, Régnier, Sat. X.

    Fig. et familièrement. C'est une lanterne magique, une vraie lanterne magique, c'est une société, une compagnie où un grand nombre de personnes ne font que passer, et se succèdent les unes aux autres.

    On dit dans le même sens : Le monde est une lanterne magique.

  • 4Nom que portèrent dans le principe les réverbères des rues de Paris. Je montrerai les baux de mes maisons [à Paris], je produirai mes quittances des boues et lanternes, Sévigné, 13 avr. 1689. Être à Paris en butte au public, j'aimerais mieux être une lanterne des rues exposée au vent et à la grêle, Voltaire, Lett. d'Argental, 22 juill. 1752.

    Pendant la Révolution française, mettre à la lanterne, se servir des cordes des réverbères pour pendre ceux que désignait la fureur populaire.

    À la lanterne ! cri sauvage, pendant la révolution, par lequel on appelait la vengeance populaire sur quelqu'un. On criait : L'abbé Maury à la lanterne ! - Eh bien, répondit-il, quand vous m'aurez mis à la lanterne, y verrez-vous plus clair ?

  • 5L'île des Lanternes, nom donné par Rabelais à un pays fantastique habité par les faux savants.

    Au plur. Lanternes, fadaises, contes absurdes, ridicules Voilà bien des lanternes, ma chère enfant ; mais toujours vous dire que je vous aime, que je ne songe qu'à vous, que je ne suis occupée que de ce qui vous touche, que vous êtes le charme de ma vie, que jamais personne n'a été aimée si chèrement que vous ; cette répétition vous ennuierait, Sévigné, 20. Le frater [M. de Sévigné] vous va conter des lanternes, Sévigné, 244. J'ai un grand dégoût pour les conversations inutiles qui ne tombent sur rien du tout, des oui, des voire, des lanternes où l'on ne prend aucune sorte d'intérêt, Sévigné, 19 juin 1680. Je suis très fâché qu'il y ait une ville en France, nommée Paris, où il soit permis à un Fréron d'insulter l'héritière du nom de Corneille ; on ne m'écrit sur cela que des lanternes, Voltaire, Lett. Damilaville, 18 févr. 1761.

  • 6Tourelle ouverte par les côtés, et placée sur un dôme, sur le comble d'un édifice, etc. La lanterne du dôme des Invalides.

    Lanterne de Démosthène, petit monument antique d'Athènes, qui a la forme d'une tourelle soutenue par des colonnes.

    Lanterne de Diogène, nom donné abusivement à un monument qui est fait en imitation de la lanterne de Démosthène et placé dans le parc de Saint-Cloud ; il est orné de terres cuites moulées sur la tour des vents d'Athènes.

    Espèce de cage circulaire ou carrée, garnie de fenêtres et de vitraux, et placée au-dessus d'un édifice pour en éclairer l'intérieur par en haut. La lanterne de la salle de la Bourse.

  • 7Petit cabinet de menuiserie qu'on élève dans quelques lieux d'assemblée pour y placer des personnes qui veulent écouter sans être vues. Nous avions des gens dans les lanternes qui ne manquaient pas de jeter des bruits de ce qui se passait dans la salle, Retz, III, 43. M. le prince de Conti gagna tout d'une voix son procès contre Mme de Nemours à l'audience de la grand'chambre ; j'étais dans la lanterne avec le prince de Conti, Saint-Simon, 33, 125. [Mme de Maintenon] à la messe occupait une de ces petites tribunes en lanternes dorées qui ne semblaient faites que pour le roi et la reine, Voltaire, Louis XIV, 27.
  • 8 Terme d'essayeur d'or et d'argent. Espèce de petite armoire vitrée où l'on place les balances très fines, pour que l'action de l'air ne les fasse pas trébucher.
  • 9Partie de la crosse d'un évêque, ou du bâton d'un chantre, qui est à jour, et qui représente une espèce de cage.
  • 10Petite roue formée de plusieurs fuseaux dans laquelle engrènent les dents d'une autre roue.

    Roue de cric qui se trouve à la partie supérieure du madrier des plombiers.

    Terme d'horlogerie. Plaque de fer ronde, percée d'autant de trous que les pignons ont d'ailes.

  • 11Ancien terme d'artillerie. Sorte de grande cuiller avec laquelle, avant l'invention des gargousses, on portait la poudre au fond du canon.
  • 12Ancien terme de marine. Cylindre de bois ou de fer-blanc qui peut contenir une gargousse ou de la mitraille.

    Se dit aussi de la partie creusée sur l'avant de la mèche du gouvernail, pour laisser sous chaque gond le passage libre à la ferrure de l'étambot.

  • 13Instrument dont le gazier se sert pour enlever les soies de l'ourdissoir, et les porter sur les ensouples du métier de tisserand.

    Cage du moulin qui sert à ourdir les chaînes d'étoffes.

  • 14Chez les tourbiers, sorte de cône à jour que l'on fait avec la tourbe pour la conserver.
  • 15Champignon d'Amérique qui a la forme d'une sorte de cul-de-lampe, supporté par trois colonnes, de la famille des clathracées, laternea triscapa. Lanterne rouge, le clathre cancellé, même famille.
  • 16Nom marchand de plusieurs coquilles qui sont renflées, minces et un peu transparentes.
  • 17Lanterne d'Aristote, appareil de pièces calcaires qu'on trouve dans l'estomac des crustacés.

HISTORIQUE

XIIe s. Où n'eüst cierge ou lanterne enfichée, Roncis. 118.

XIIIe s. Li Turs tint sor le mur la lanterne embrasée ; Par devers la cité l'avoit bien aombrée, Et par devers l'eschiele fu la clartés tournée, Ch. d'Ant. VI, 554.

XIVe s. Une lanterne d'argent doré, De Laborde, Émaux, p. 355.

XVIe s. Je fis faire grand nombre de lanternes de terre à certains potiers pour enfermer mes vaisseaux quand je les mettois au four, Palissy, 318. Deux ou trois de ces lanternes (ainsi appelle-t-on telle charpenterie) mettra-on au colombier, s'il est basti en figure barlongue et s'il est grand et spacieux, De Serres, 388. Xenocles fut celuy qui feit la lanterne ou cul-delampe, qui couvre le sanctuaire, Amyot, Péric. 28.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

LANTERNE.
1Ajoutez :

Faire lanterne, se dit, en termes de peinture, d'ombres trop transparentes. La moitié du corps est baignée d'une ombre illuminée de reflets un peu trop transparents peut-être et qui, en certains endroits, font ce qu'on appelle lanterne, Th. Gautier, Moniteur universel, 9 mai 1868.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

LANTERNE, s. f. (Gram. & Art méchaniq.) il se dit en général de petite machine faite ou revêtue de quelque chose de solide & de transparent, ouverte par sa partie supérieure & fermée de toute autre part ; au centre de laquelle on puisse placer un corps lumineux, de maniere qu’il éclaire au-dessus, que sa fumée s’échappe & que le vent ne l’éteigne pas. Il y en a de gaze, de toile, de peau de vessie de cochon, de corne, de verre, de papier, &c.

Lanterne, (Hydr.) se dit d’un petit dome de treillage élevé au-dessus d’un grand, auquel il sert d’amortissement. Dans une machine hydraulique, c’est une piece à jour faite en lanterne avec des fuseaux qui s’engrenent dans les dents d’un rouet, pour faire agir les corps de pompe. (K)

Lanterne Magique, (Dioptr.) machine inventée par le P. Kircker, jésuite, laquelle a la propriété de faire paroître en grand sur une muraille blanche des figures peintes en petit sur des morceaux de verre minces, & avec des couleurs bien transparentes.

Pour cet effet, on éclaire fortement par-derriere le verre peint, sur lequel est placé la représentation de l’objet, & on place par-devant à quelque distance de ce verre qui est placé, deux autres verres lenticulaires, qui ont la propriété d’écarter les rayons qui partent de l’objet, de les rendre divergens, & par conséquent de donner sur la muraille opposée une représentation de l’image beaucoup plus grande que l’objet. On place ordinairement ces deux verres dans un tuyau, où ils sont mobiles, afin qu’on puisse les approcher ou les éloigner l’un de l’autre, suffisamment pour rendre l’image distincte sur la muraille.

Ce tuyau est attaché au-devant d’une boëte quarrée dans laquelle est le porte-objet ; & pour que la lanterne fasse encore plus d’effet, on place dans cette même boëte un miroir sphérique, dont la lumiere occupe à peu-près le foyer ; & au-devant du porte-objet, entre la lumiere & lui, on place un troisieme verre lenticulaire. Ordinairement on fait glisser le porte-objet par une coulisse pratiquée en M, tout auprès du troisieme verre lenticulaire. Voyez la figure 10. d’Optique, où vous verrez la forme de la lanterne magique. N O est le porte-objet, sur lequel sont peintes différentes figures qu’on fait passer successivement entre le tuyau & la boëte, comme la figure le représente. On peut voir sur la lanterne magique l’essai physique de M. Muschenbrock §. 1320 & suivans, & les leçons de Physique de M. l’Abbé Nollet, tome V. vers la fin. La théorie de la lanterne magique est fondée sur une proposition bien simple ; si on place un objet un peu au-delà du foyer d’une lentille, l’image de cet objet se trouvera de l’autre côté de la lentille, & la grandeur de l’image sera à celle de l’objet, à peu-près comme la distance de l’image à la lentille est à celle de l’objet à la lentille. Voyez Lentille. Ainsi on pourroit faire des lanternes magiques avec un seul verre lenticulaire ; la multiplication de ces verres sert à augmenter l’effet. (O)

Lanterne, (Méchaniq.) est une roue, dans laquelle une autre roue engrene. Elle differe du pignon en ce que les dents du pignon sont saillantes, & placées au-dessus & tout-autour de la circonférence du pignon, au lieu que les dents de la lanterne (si on peut les appeller ainsi) sont creusées au-dedans du corps même, & ne sont proprement que des trous où les dents d’une autre roue doivent entrer. Voyez Dents, Roue, Engrénage & Pignon. Voyez aussi l’article Calcul des nombres. (O)

Lanterne la, (Fortification.) est un instrument pour charger le canon. On l’appelle quelquefois cuillere. Elle est ordinairement de cuivre rouge : elle sert à porter la poudre dans la piece, & elle est faite en forme d’une longue cuillere ronde. On la monte sur une tête, masse, ou boëte emmanchée d’une hampe ou long bâton. Elle est ainsi composée de deux parties ; savoir, de sa boëte qui est de bois d’orine, & qui est tournée selon le calibre de la piece pour laquelle elle est destinée : elle a de longueur un calibre & demi de la piece. L’autre partie est un morceau de cuivre attaché à la boëte avec des clous aussi de cuivre à la hauteur d’un demi-calibre.

La lanterne doit avoir trois calibres & demi de longueur, deux de largeur, & être arrondie par le bout de devant pour charger les pieces ordinaires.

La hampe est de bois de frêne ou de hêtre d’un pouce & demi de diametre, sa longueur est de douze piés jusqu’à dix. Voyez nos Planches d’Art militaire, & leur explic.

Lanterne de corne, (Hist. des inventions.) on prétend qu’on en faisoit autrefois de corne de bœuf sauvage, mais on n’en donne point de preuve ; Pline dit seulement, l. VIII. c. xv. que cette corne coupée en petites lames minces, étoit transparente. On cite Plaute dans son Prologue de l’Amphitrion, & Martial, l. XIV. épict. 16. Il est vrai que ces deux auteurs, dans les endroits que l’on vient de nommer, parlent des lanternes, mais ils n’en indiquent point la matiere ; je pense donc qu’on doit attribuer l’invention des lanternes de corne à Alfred le grand, qui, comme on sait, régnoit avec tant de gloire sur la fin du neuvieme siecle ; alors on mesuroit le tems en Angleterre avec des chandelles allumées ; l’usage même des clepsydres y étoit inconnu ; mais comme le vent faisoit brûler la lumiere inégalement, & qu’il rendoit la mesure du tems très-fautive, Alfred imagina de faire ratisser de la belle corne en feuilles transparentes, & de les encadrer dans des chassis de bois ; cette invention utile à tant d’égards devint générale ; & bientôt on la perfectionna par le secours du verre. (D. J.)

Lanterne, les Balanciers appellent lanterne une boëte assemblée, où, au lieu de panneaux de bois, ce sont des verres, dans laquelle on suspend un trébuchet, lorsque l’on veut peser bien juste quelque chose, comme quand on essaye de l’or ou quelque chose de précieux. Voyez les Planches du Balancier, & celles de Chimie.

Lanterne, terme de Boutonnier, ce sont deux especes de cylindres creux & à jour, formés par deux petites planches rondes & minces, percées de trous à leur circonférence, & placées à une certaine distance l’une de l’autre au moyen de plusieurs petites baguettes qui passent dans ces trous, ce qui forme une espece de cage ronde & oblongue. Les deux planches qui servent de fond à la cage sont percées au centre d’un trou, dans lequel on passe une broche qui sert d’axe au cylindre. Le mouvement que la roue du rouet imprime au rochet, arrange le fil autour du rochet, & par conséquent tire l’écheveau qui étant placé autour des lanternes, leur communique le mouvement qu’il a reçu. Voyez Planches du Boutonnier, qui représente une femme qui devide au moyen d’un rouet un écheveau sur un rochet ; l’écheveau est monté sur les deux lanternes ou tournettes, qui sont elles-mêmes montées sur un petit banc ou billot.

Lanterne, (Gazier.) qu’on nomme aussi plioir, est un terme de Gazier. C’est un instrument dessus qui sert à ces ouvriers pour ôter la soie de rond, l’ourdissoir, & la mettre sur les deux ensubles qui sont au haut du métier à gaze. Voyez Gaze.

Lanterne de Graveur est une machine propre à mettre de la lumiere pour travailler la nuit ; elle consiste en une partie qui forme le chandelier, & une feuille de papier huilée qui est colée sur un petit chassis. Voyez nos Pl. de Gravure, & l’art. Chassis de graveur.

Lanterne, (Horlog.) nom que l’on donne à une sorte de pignon ; on s’en sert particulierement dans les grandes machines. Voyez Pignon à Lanterne, & les Planches des machines hydrauliques.

Lanterne d’Essayeur (à la Monnoie.) est une espece de boëte terminée en chapiteau pointu en forme de quarré long, trois des côtés sont armés intérieurement de glaces, au-dessus des glaces & avant le chapiteau regne une petite conduite d’un lacet de soie qui va répondre au-bas & vis-à-vis le petit tiroir qui sert de base à la lanterne. Ce lacet a pour objet de lever une petite balance ou trébuchet. Cette lanterne ainsi préparée est pour que l’air ou autre corps ne fasse trébucher la balance. Voyez les Planches de Chimie.

Lanterne, les Orfevres appellent ainsi la partie d’une crosse d’évêque, ou d’un bâton de chantre, qui est grosse & à jour, & représente en quelque façon une lanterne.

Lanterne de l’Ourdissoir, (Ruban.) c’est positivement la cage pour loger le moulin servant à ourdir ; cette lanterne est composée de quatre grands piliers montant de la hauteur de six piés, larges de trois pouces, & épais de deux. Le pilier de devant porte dans le haut de son extrémité, & aussi par-devant, une entaille quarrée pour loger une poulie, sur laquelle doit passer la ficelle du blin ; ce même pilier a encore deux rainures de haut en bas des côtés de son épaisseur pour recevoir les arrêtes du blin qui doit monter & descendre le long d’elles, deux traverses emmortaisées l’une dans l’autre à leur centre, & dont les extrémités terminées en tenons viennent aboutir à quatre mortaises pratiquées haut & bas dans chacun des quatre piliers dont on vient de parler. Ces mortaises sont à quatre pouces des extrémités de ces piliers ; la traverse d’en haut est percée d’outre en outre directement à son centre d’un trou pour recevoir la broche de l’arbre du moulin ; cette traverse est encore percée de trois trous, mais non pas d’outre en outre comme le précédent ; ces trois trous sont pour recevoir les bouts des piés de la couronne ; les bras de cette traverse qui vient aboutir au pilier de devant, n’a point ce trou à cause du passage de la ficelle du blin, qui doit s’aller entortiller autour de la broche de l’arbre du moulin ; la traverse croisée d’en-bas a à son centre une petite entaille quarrée pour recevoir le tourillon quarré de la grande table ronde du fond. Voyez Blin, Arbre du Moulin, &c.

Lanternes fête des, (Hist. de la Chine.) fête qui se célebre à la Chine le quinzieme jour du premier mois, en suspendant ce jour-là dans les maisons & dans les rues un très-grand nombre de lanternes allumées.

Nos missionnaires donnent pour la plûpart des descriptions si merveilleuses de cette fête chinoise, qu’elles sont hors de toute vraissemblance ; & ceux qui se sont contentés d’en parler plus simplement, nous représentent encore cette fête comme une chose étonnante, par la multiplicité des lampes & des lumieres, par la quantité, la magnificence, la grandeur, les ornemens de dorure, de sculpture, de peinture & de vernis des lanternes.

Le P. le Comte prétend que les belles lanternes qu’on voit dans cette fête, sont ordinairement composées de six faces ou panneaux, dont chacun fait un cadre de quatre piés de hauteur, sur un pié & demi de large, d’un bois verni, & orné de dorures. Ils y tendent, dit-il, une fine toile de soie transparente, sur laquelle on a peint des fleurs, des rochers, & quelquefois des figures humaines. Ces six panneaux joints ensemble, composent un hexagone, surmonté dans les extrémités de six figures de sculpture qui en font le couronnement. On y suspend tout autour de larges bandes de satin de toutes couleurs, en forme de rubans, avec d’autres ornemens de soie qui tombent par les angles sans rien cacher de la peinture ou de la lumiere. Il y a tel seigneur, continue le voyageur missionnaire, qui retranche toute l’année quelque chose de sa table, de ses habits & de ses équipages, pour être ce jour-là magnifique en lanternes. Ils en suspendent à leurs fenêtres, dans leurs cours, dans leurs salles & dans les places publiques. Il ne manquoit plus au R. P. le Comte, pour embellir son récit, que d’illuminer encore toutes les barques & les vaisseaux de la Chine, des jolies lanternes de sa fabrique.

Ce qu’on peut dire de vrai, c’est que toutes les illuminations qui de tems immémorial se font de maniere ou d’autre par tout pays, sont des coutumes que le monde conserve des usages du feu, & du bien qu’il procure aux hommes. (D. J.)

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Étymologie de « lanterne »

Provenç. esp. et ital. lanterna ; catal. llanterna ; du lat. lanterna ou laterna. On pourrait rapporter, et on a en effet rapporté lāterna à lătēre ; ce serait lumière cachée, enfermée (Dux laterna viae clausis feror aurea flammis, MARTIAL, XIV, 61). Le suffixe erna se retrouverait dans cav-erna, etc. Mais l'ā fait grande difficulté, ainsi que an de lanterna. Pott préfère le tirer de λαμπτὴρ, flambeau.

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Du latin lanterna.
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Phonétique du mot « lanterne »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
lanterne lɑ̃tɛrn

Citations contenant le mot « lanterne »

  • Il n'avait oublié qu'un point : C'était d'éclairer sa lanterne. Jean-Pierre Claris de Florian, Fables, Le Singe qui montre la lanterne magique
  • Et les Apôtres, prenant leur Messie pour une lanterne, partirent éclairer le Monde. De Jacques Pater / Le Petit Pater illustré , 
  • La lanterne, cette grosse dame hydropique qui ne sort que le soir. De Jules Renard / Journal 1893 - 1898 , 
  • L'expérience est une lanterne attachée dans notre dos, qui n’éclaire que le chemin parcouru. De Confucius , 
  • Le commerçant qui ne fait pas de réclame ressemble à un homme qui aurait acheté une lanterne, mais serait trop avare pour payer la chandelle. De Diogène , 
  • Celui qui enseigne le bien aux autres, sans le faire, est semblable à l’aveugle qui porterait une lanterne. De Proverbe algérien , 
  • La philosophie éclaire comme la lanterne sourde et ne jette de la lumière en avant qu'à la condition de faire de l'ombre derrière elle. Victor Hugo, Tas de pierres, Éditions Milieu du monde
  • Il est des écrivains si suspects qu'ils arriveraient à nous faire prendre des lanternes pour des vessies. Jean Rostand, Pensées d'un biologiste, Stock
  • La lanterne n'éclaire que celui qui la tient. De Anonyme , 
  • Le flambeau de l'hymen est une lanterne sourde. De Samuel Richardson / Pamela or Virtue Rewarded , 
  • L’impossible, nous ne l’atteignons pas, mais il nous sert de lanterne. De René Char , 
  • L'assombrissement du jour et le pointillement des étoiles ou des lanternes éclairent mon esprit. De Charles Baudelaire / Le spleen de Paris , 
  • L’écrivain a ce singulier pouvoir de créer de la réalité avec des sornettes, de faire passer pour rouge ce qui est bleu, de transformer les vessies en lanternes. Qu’il ait du talent, et ses mensonges, deviennent plus vrais que des certitudes. De Roland Dorgelès , 
  • Cette roue sous laquelle nous tournons Est pareille à une lanterne magique. Le soleil est la lampe ; le monde l'écran ; Nous sommes les images qui passent. De Omar Khayyâm , 
  • Il en est plus d'un qui, à vouloir se hisser sous les feux des projecteurs, s'est retrouvé pendu à la lanterne. De Stanislaw Jerzy Lec / Nouvelles pensées échevelées , 
  • L'image du rêve est donc exactement à l'idée qui l'appelle ce que l'image de la lanterne magique est au verre éclairé qui la produit. De Hervey de Saint-Denys / Les rêves et les moyens de les diriger , 
  • Vessies - Personne n’en a jamais vu qui ressemblent à des lanternes, mais tout le monde en parle. De Pierre Daninos / Le Jacassin , 
  • Un réactionnaire, c'est quelqu'un qui prend les lanternes pour des vessies. De Jacques Dutronc / Pensées et répliques , 
  • 200 lanternes ont été distribuées à la population, en amont du lâcher, lundi soir, dans l’air. Journal L'Est Éclair abonné, À Radonvilliers, des dizaines de lanternes dans le ciel pour la Fête nationale
  • Nous poursuivons notre enquête sur ce qui a fait le cinéma, avant le cinéma. Après la photographie… La lanterne magique ! Parce que si nous avons beaucoup évoqué comment enregistrer des images fidèles de la réalité, et peut-être les animer, le cinéma, c’est aussi un spectacle. Découvrons comment nous en sommes venus à projeter en public des images agrandies… Et à les faire un peu bouger… ladepeche.fr, Castelnaudary. La lanterne magique - ladepeche.fr
  • La Ville de Pau organise un lâcher de lanternes depuis six lieux différents et incite les Palois à admirer le ciel depuis leur fenêtre. SudOuest.fr, Vidéo. Pau : 1 200 lanternes biodégradables dans le ciel du 14 juillet
  • Axa lanterne rouge du Cac 40 après une dégradation de Citi | investir.fr Investir, Axa lanterne rouge du Cac 40 après une dégradation de Citi, Actualité des marchés - Investir-Les Echos Bourse
  • Il n'avait oublié qu'un point : C'était d'éclairer sa lanterne. Jean-Pierre Claris de Florian, Fables, Le Singe qui montre la lanterne magique
  • Et les Apôtres, prenant leur Messie pour une lanterne, partirent éclairer le Monde. De Jacques Pater / Le Petit Pater illustré , 
  • La lanterne, cette grosse dame hydropique qui ne sort que le soir. De Jules Renard / Journal 1893 - 1898 , 
  • L'expérience est une lanterne attachée dans notre dos, qui n’éclaire que le chemin parcouru. De Confucius , 
  • Le commerçant qui ne fait pas de réclame ressemble à un homme qui aurait acheté une lanterne, mais serait trop avare pour payer la chandelle. De Diogène , 

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Traductions du mot « lanterne »

Langue Traduction
Anglais lantern
Espagnol linterna
Italien lanterna
Allemand laterne
Chinois 灯笼
Arabe فانوس
Portugais lanterna
Russe фонарь
Japonais 灯籠
Basque linterna
Corse lanterna
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Synonymes de « lanterne »

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Antonymes de « lanterne »

Combien de points fait le mot lanterne au Scrabble ?

Nombre de points du mot lanterne au scrabble : 8 points

Lanterne

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