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Jardin

Variantes Singulier Pluriel
Masculin jardin jardins

Définitions de « jardin »

Trésor de la Langue Française informatisé

JARDIN, subst. masc.

A. − Terrain, plus ou moins étendu, planté de végétaux.
1. Terrain généralement clos, attenant ou non à une habitation, planté de végétaux utiles ou d'agrément. Allées, arbres d'un jardin; beau jardin. Il me montra donc ses cours et ses bâtiments, les jardins d'agrément, les vergers et les potagers (Balzac, Lys,1836, p. 66).C'était (...) aux environs de Pâques, alors qu'au jardin, en même temps que les giroflées et les tulipes, s'épanouissaient suavement les lilas (Coppée, Bonne souffr.,1898, p. 24).
Entre cour et jardin :
1. Mon oncle Aymar habitait (...) un grand hôtel, entre cour et jardin. Mais le jardin était petit, et il avait loué, pas loin de chez lui, près de la porte Désilles, un grand jardin potager où sa nombreuse famille pouvait s'ébattre en liberté. Gyp, Souv. pte fille,1928, p. 74.
SYNT. Jardin fleuriste, fruitier, maraîcher, verger; jardin abandonné, charmant, fleuri, intérieur; jardin de l'hôtel, d'une villa; jardin de rapport; jardin de buis, de roses; jardin en friche; jardins du casino, de la ville; banc, cabane, chaise, chapeau de jardin; grille, haie, mur, porte, terrasse d'un jardin; amateur de jardins; à l'entrée, au bout, au fond du jardin; traverser le jardin; jouer, travailler au jardin, dans le jardin; aller, descendre, se promener au jardin, dans le jardin; entraîner quelqu'un au jardin, dans le jardin; donner, ouvrir sur le jardin; faire un tour de jardin, dans le jardin.
Jardin anglais*, à l'anglaise*, pittoresque.
Jardin français*, à la française*, classique, régulier.
Jardin familial. Terrain dont la location est soumise à des lois spéciales ayant leur origine dans la législation sur les H.B.M. (habitations à bon marché) et qui est cultivé personnellement par son locataire pour sa propre consommation et non à des fins commerciales. L'opportunité de jardins familiaux (...) s'appréciera en fonction du niveau social présumé (Gds ensembles habit.,1963, p. 26).
Jardin ouvrier. Terrain mis à la disposition d'un père de famille dans le cadre d'une œuvre sociale ou d'une initiative privée pour subvenir aux seuls besoins du foyer. Il eut faim, traîna, erra, sans logis, dormant au hasard dans les baraques des jardins ouvriers (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 186).
Jardin suspendu. Jardin disposé en terrasses. Les jardins suspendus de Babylone, les vastes palais des rois (...) attestent le règne des beaux-arts dans l'empire de Cyrus (Chateaubr., Essai Révol., t. 1, 1797, p. 330):
2. Il flâna dans Rome, et autour. La lumière romaine, les jardins suspendus, la campagne, que ceint, comme une écharpe d'or, la mer ensoleillée, lui révélèrent peu à peu le secret de la terre enchantée. Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1450.
Jardin de curé. Petit jardin bien entretenu, cultivé de façon rationnelle et comprenant une grande variété de plantes :
3. Le jardin, d'environ un arpent et clos de murs, était un jardin de curé, c'est-à-dire plein d'espaliers, d'arbres à fruits, de treilles, aux allées sablées et bordées de quenouilles, à carrés de légumes fumés avec le fumier provenant de l'écurie. Balzac, Paysans,1844, p. 246.
Jardin d'hiver. Pièce vitrée, serre dans laquelle poussent ou sont conservées des plantes sensibles au froid. Les feuillages immobiles du jardin d'hiver paraissaient pris dans un cristal transparent (Gracq, Syrtes,1951, p. 175).
[P. oppos. à la nature non domestiquée] Victorine (...) en avait fait quatre [des couronnes] (...) avec des fleurs des prés et les premières fleurs des jardins (Ramuz, Gde peur mont.,1926, p. 47).Les fraises de jardin et celles des bois (Pourrat, Gaspard,1930, p. 96).
2. [En tant que lieu d'un intérêt plus général, collectif ou destiné à des études particulières]
Jardin (public). Espace d'une certaine importance ménagé dans une ville, agrémenté d'arbres, de fleurs, de pelouses et destiné à la promenade, aux jeux des citadins. Le jardin du Luxembourg, des Tuileries :
4. Il se trouva dans un jardin public. Un enfant vint lui poser des gâteaux de sable sur les pans de sa redingote; d'autres, enhardis, s'approchèrent avec des audaces de moineaux. Puis, peu à peu interdits, (...) ils se mirent à regarder peureusement et doucement (...) ce grand monsieur si triste... M. Mauperin se leva et sortit du jardin. Goncourt, R. Mauperin,1864, p. 288.
Jardin botanique, jardin des plantes. Terrain d'une certaine importance où des végétaux sont cultivés et étudiés. Je tenais dans ma main la reine des Malvacées! (...) comment l'envoyer de si loin au Jardin des Plantes de Hambourg? (About, Roi mont.,1857, p. 132).Nos rêveries louvoyaient souvent aux abords du jardin botanique de Baillon (Duhamel, Jard. bêtes sauv.,1934, p. 61).
Jardin d'acclimatation. Endroit où l'on essaie d'acclimater des plantes et des animaux. Cette île était aussi à jour, pour les espèces à la mode, qu'un jardin d'acclimatation (Giraudoux, Suzanne,1921, p. 75).
Jardin zoologique (p. anal.). Vaste terrain regroupant toutes sortes d'animaux pour l'étude scientifique ou la curiosité du public. Un fossé (...) vous sépare [une chatte] de ceux qui vont, au jardin zoologique, narguer les félins (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 230).
3. Expr. fig.
a) Faire d'une chose comme des choux de son jardin. En disposer comme si c'était à soi (cf. Ac. 1798-1935).
b) Jeter une pierre, des pierres dans le jardin de qqn. Attaquer verbalement quelqu'un d'une façon allusive :
5. Au sortir de table (...), il [Charles X] me dit : « Chateaubriand, savez-vous que le National arrivé ce matin, déclare que j'avais le droit de faire mes ordonnances? − Sire, ai-je répondu, Votre Majesté jette des pierres dans mon jardin. » Le Roi indécis hésitait; puis prenant son parti : « J'ai quelque chose sur le cœur : vous m'avez diablement maltraité dans la première partie de votre discours à la Chambre des Pairs. » Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 251.
C'est (une chose est) une pierre dans le jardin de qqn. C'est une attaque voilée, indirecte, une chose désobligeante. Si le pauvre Germinal n'est pas joué, il aura été tout de même une fameuse pierre dans le jardin des imbéciles (Zola, Corresp.,1902, p. 647).
c) [P. allus. à la phrase de Voltaire qui termine Candide : « Il faut cultiver notre jardin », pour dire qu'il faut agir sans s'occuper de la marche du monde] :
6. − Le peuple? Il cultive son jardin. Il ne s'inquiète pas de nous. Chaque groupe de l'élite essaie de l'accaparer. Il ne se soucie d'aucun (...). Ils sont quelques millions qui n'usent même pas de leurs droits d'électeurs. Rolland, J.-Chr., Maison, 1909, p. 961.
B. − Domaine hist., littér. ou mythol.
1. Le dieu des jardins. Priape :
7. Grand'messe en l'honneur de saint Fiacre, patron des jardiniers. Quelqu'un sait-il, dans toute la Brie où il est particulièrement honoré, que ce saint, d'ailleurs authentique, a remplacé, très probablement, au viiesiècle, dans ces campagnes encore idolâtres, l'antique Priape, Dieu des jardins? Bloy, Journal,1901, p. 70.
2. Le jardin d'Éden, de délices, le premier jardin. Le paradis terrestre. On dirait véritablement que l'homme (...) se repent d'avoir choisi (...) dans le jardin de délices, d'Éden, le fruit qui donne la conscience du Bien et du Mal (Valéry, Variété IV,1938, p. 177).
3. Le jardin des Hespérides*.
4. Le(s) jardin(s) d'Épicure. Lieu où Épicure enseignait sa doctrine; secte correspondante. Des hommes voluptueux et corrompus se glissèrent souvent dans les jardins d'Épicure (Condorcet, Esq. tabl. hist.,1794, p. 74).
5. Les jardins de l'Académie*.
6. [P. réf. au jardin des Oliviers, lieu où commença la passion du Christ] Avoir vu pleurer mon cher Barrès, lui, si maître de soi!... Jardin des Oliviers dans Auteuil (Blanche, Modèles,1928, p. 67).
7. [P. réf. au Jardin des racines grecques, recueil des racines de la langue grecque élaboré par les grammairiens de Port-Royal] N'ayant, tout enfant, connu en fait de promenade et de jardin que le docte jardin des racines grecques (A. Daudet, Trente ans Paris,1888, p. 102).On le voit [A. France] au jardin des racines françaises attirant à soi la plus odorante et la plus rare, et quelquefois la plus naïve des fleurs (Valéry, Variété IV,1938p. 30).
8. THÉÂTRE. Côté* cour, côté jardin.
C. − P. anal. Ils vivent deux par deux, jouant, pêchant, allant regarder aux jardins de la mer les coquilles éclatantes, les anémones vivantes et fleuries (Mille, Barnavaux,1908, p. 127).Je m'enivrais des parfums somnolents exhalés par le jardin sauvage de sa chevelure (Milosz, Amour. initiation,1910, p. 95).
En partic.
1. Ce qui rappelle un jardin.
a) Jardin en réduction.
Jardins d'Adonis*. Je vous instruisais à faire avec ce sable (...) quelques fleurs des champs (...) ces jardins d'Adonis qui ne durent qu'une heure (France, Révolte anges,1914, p. 283).
Jardin japonais*.
b) Région, pays présentant certaines caractéristiques propres à un jardin (végétation abondante, fertilité, harmonie). Habiter, à l'ombre des villas, le jardin de l'Italie (Quinet, All. Ital.,1836, p. 161).
Le jardin de la France. La Touraine :
8. Dans ma géographie, j'ai vu qu'on appelait ce pays le jardin de la France. Jardin de la France! oui, et je l'aurais appelé comme ça, moi gamin!... ces parfums, ce calme, ces rives semées de maisons fraîches, et qui ourlent de vert et rose le ruban bleu de la Loire!... Vallès, J. Vingtras, Enf., 1879, p. 237.
2. Jardin d'enfants. Établissement privé recevant de jeunes enfants de moins de six ans (comparés à des plantes par Fröbel, instigateur de cette formule) dans un but d'éducation, de développement de leurs capacités par des exercices, des jeux appropriés. L'attachement à l'entreprise est mieux assuré par les « réalisations sociales » : cantines et restaurants (...), jardins d'enfants (Univers écon. et soc.,1960, p. 44-12).
D. − P. métaph. ou au fig.
1. Lieu, chose abstraite, harmonieuse que l'on apprécie, où s'épanouissent certaines richesses (sentiments, éléments culturels); personnalité pleine de chaleur humaine. Schumann, ô confident des âmes et des fleurs, (...) Jardin pensif, affectueux, frais et fidèle (Proust, Plais. et jours,1896, p. 139).Ma joie est un jardin dont vous êtes la rose (Noailles, Éblouiss.,1907, p. 81).Il ne faut jamais revenir au jardin de son enfance qui est un paradis perdu, le paradis des amours enfantines! (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 96).
2. En partic.
a) Jardin secret. Domaine propre à quelqu'un.Tout cela [la Porte Étroite, l'Immoraliste, les Nourritures] a formé un jardin secret, attentivement cultivé, dont nous avons aujourd'hui la clef (Thibaudet, Hist. litt. fr. de 1789 à nos jours,1936, p. 443).La liberté, c'est son jardin secret. Sa petite connivence avec lui-même (Sartre, Âge de raison,1945, p. 54).
b) [P. allus. au Cantique des Cantiques IV, 12-16, V, 1 où la femme, son sexe sont comparés à un jardin] :
9. On a même ajouté (les hommes, c'est si rosse) Que tu n'es plus qu'un porche où l'on entre en carrosse Une route, un jardin mal clos., Toulet, Vers inéd.,1920, p. 14.
REM.
Jardinerie, subst. fém.,,Établissement commercial, souvent de dimension importante, offrant tout ce qui concerne le jardin, principalement, pour les résidences situées à proximité des grandes agglomérations`` (J.O., 1974 ds Clé Mots).
Prononc. et Orth. : [ʒaʀdε ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 2equart du xiies. « terrain, généralement clos, où l'on cultive des végétaux utiles ou d'agrément » (Grand mal fit Adam, éd. H. Suchier, 88); b) 1732 jardin botanique « jardin où l'on cultive des plantes médicinales » (Nouv. maison rustique d'apr. FEW t. 16, p. 19b); 1798-99 « jardin où sont rassemblées des plantes de différentes espèces, classées de façon à en permettre l'observation scientifique » (E.-P. Ventenat, Tableau du règne végét. selon la méthode de Jussieu, t. 1); c) 1771 jardin anglais (L'Art de former les jardins modernes, ou l'art des jardins anglois, Paris, Jombert d'apr. le Cours complet d'agriculture... par une société d'agriculteurs, 1781-96, t. 6, p. 69); d) 1814 jardin français (Jouy, Hermite, t. 5, p. 259); 1859 jardin à la française (Du Camp, Hollande, p. 248); e) 1866 jardin d'hiver (Goncourt, Journal, p. 292); 2. 1532 « région riche, fertile » (Rabelais, Pantagruel, IX, 121, éd. V.L. Saulnier, p. 54 : jardin de France); 3. 1834 jardin zoologique (Michelet, Journal, p. 126); 4. 1859 jardin d'enfants (Id., ibid., p. 465). Remonte prob. à un gallo-rom. *hortus gardinus (gardinium attesté au ixes. en lat. médiév. ds Nierm.) « jardin entouré d'une clôture », dont le second élém. est issu de l'a. b. frq. *gart ou *gardo « clôture », cf., pour le sens, le got. garda « clôture » ainsi que, pour la forme, l'a. h. all. gart, garto « jardin », all. Garten, et le m. néerl. gaert (attesté dans des composés, boomgaert « jardin; verger », wijngaert « vignoble »), ainsi que l'a. fr. et le m. fr. jart, gart « jardin » (dep. le xiies. ds T.-L.; Gdf.). Du fr., jardin s'est répandu dans les autres lang. rom. (v. FEW t. 16, p. 21a; G. Rohlfs, Romanische Sprachgeographie, p. 110-111, 285) et en angl. (à partir de l'agn. gardin), cf. garden-party. Au sens 4, calque de l'all. Kindergarten, cette institution ayant été ainsi nommée par son fondateur, Fr. Fröbel, en 1840 (v. Brockhaus Enzykl.). Fréq. abs. littér. : 12 350. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 14 601, b) 22 473; xxes. : a) 21 691, b) 14 975. Bbg. Archit. 1972, p. 180. - Colomb. 1952-53, pp. 369-370. - Quem. DDL t. 17. - Walt. 1885, p. 67.

Wiktionnaire

Nom commun - français

jardin \ʒaʁ.dɛ̃\ masculin

  1. Lieu ordinairement clos de murailles, de haies, de fossés, dans lequel on cultive des légumes, des fleurs, des arbres, etc.
    • Après avoir considéré le jardin potager comme distinct des autres parties en culture, je traiterai du jardin fruitier dans un chapitre particulier et je donnerai quelques détails sur sa disposition, parce qu’elle importe beaucoup à sa production. — (Frédéric Gérard, Nouvelle flore usuelle et médicale, volume 1, page 289, 1856)
    • M. Nallet est un de ces hommes entièrement dévoués à l’arboriculture fruitière et qui met son jardin et les résultats de ses expériences à la disposition de tout le monde. — (Frédéric Burvenich et Hubert-J. Van Hulle, Excursion arboricole et pomologique à l’exposition universelle et aux environs de Paris, 1868)
    • Ils avaient une maison à eux. […]. Oh ! une vraie cabane ! […] ; mais avec un bon demi-arpent de jardin. — (Émile Thirion, La Politique au village, page 324, Fischbacher, 1896)
    • Et puis voici un populeux village, un village compact, ramassé, aux ruelles étroites et tortueuses, sans jardins, sans courtils, un village serré autour de son antique clocher. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde, 1931)
    • Oh ! les jardins d’aujourd’hui, comme ils me sont hostiles ! Et quel morne ennui les attriste. À quel rôle abject de tapis d’antichambre, de mosaïque d’écurie, de couvre-pied de cocottes, les jardiniers, mosaïculteurs et cloisonneurs de pelouses, n’ont-ils pas condamné les fleurs ! — (Octave Mirbeau, Le Concombre fugitif, édition 1921)
    • Jardin dickinsonien –
      Un enchevêtrement
      de tiges, feuilles et fleurs
      de sucepin,
      venant
      d’un herbier iridescent,
      envahit
      le jardin panoramique

      de ma vitre givrée.

      — (Cornéliu Tocan, Chutes microscopiques. 50 micronouvelles illustrées, Créatique, Québec, 2020, pages 59-60)
  2. Petite prairie qui se trouve au milieu d’un glacier, comme on en voit quelques-unes au sein de la mer de Glace dans la vallée de Chamonix.
    • Le Jardin est un groupe de rochers de protogine, polis et striés, faisant saillie entre les deux affluents qui forment le glacier de Talèfre : le premier, et le plus grand, descend de la portion du cirque comprise entre la tour des Courtes et les aiguilles de Triolet et de Talèfre ; le second, plus petit, provenant de l'aiguille Verte et de celle du Moine. — (Société botanique de France, Bulletin de la Société botanique de France, 1865, page 156)
  3. (Figuré) Pays fertile et d’une culture très variée.
    • La Touraine est appelée le jardin de la France à cause de la bonté et de l’abondance des fruits qu’elle produit.
  4. (Par extension) Lieu clos où l’on élève des êtres vivants.
    • Jardin d’enfants.
    • Jardin zoologique.
  5. (Marine) Sorte de couronnement en forme de galerie, qui orne la sole supérieure ou le plancher d’en haut des bouteilles des vaisseaux.
  6. Recueil versifié, florilège → voir jardin des racines grecques.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

JARDIN. n. m.
Lieu découvert, ordinairement clos de murs, de fossés, de haies, et joignant généralement les maisons, dans lequel on cultive des légumes, des fleurs, des arbres à fruits, etc. Jardin potager. Jardin fruitier. Jardin botanique. Jardin d'acclimatation. Jardin d'agrément. Jardin ouvrier. Jardin anglais. Jardin d'enfants. Jardin d'hiver, Pièce vitrée où des plantes d'ornement sont à l'abri. Fig. et fam., Faire d'une chose comme des choux de son jardin, En disposer comme si on en était le maître, le possesseur. Il semble que cela soit à vous, vous en faites comme des choux de votre jardin. Fig. et fam, Jeter une pierre, des pierres dans le jardin de quelqu'un, Mêler dans une conversation des paroles qui attaquent quelqu'un directement.

JARDIN se dit, figurément, d'un Pays fertile et dont la culture est très variée. La Touraine est le jardin de la France. Jardin des racines grecques, Recueil versifié des mots fondamentaux de la langue grecque.

Littré (1872-1877)

JARDIN (jar-din) s. m.
  • 1Espace clos d'ordinaire, planté de végétaux utiles ou d'agrément. Jardin fruitier. Le jardin du Luxembourg, des Tuileries. Elle avait dès longtemps du sage Quintinie Formé pour les jardins l'admirable génie, Perrault, dans RICHELET. Son bonheur consistait aux beautés d'un jardin ; Le Scythe l'y trouva qui, la serpe à la main…, La Fontaine, Fabl. XII, 20. Il [le riche] peut dans son jardin, tout peuplé d'arbres verts, Recéler le printemps au milieu des hivers, Boileau, Sat. VI. C'est donc ici d'Esther le superbe jardin, Racine, Esth. III, 1. Dans ce dernier palais [à Babylone] étaient ces jardins suspendus, si renommés parmi les Grecs ; ils formaient un carré dont chaque côté avait quatre cents pieds, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. II, p. 31, dans POUGENS. L'art des jardins a été créé et perfectionné par le Nostre pour l'agréable et par la Quintinie pour l'utile, Voltaire, Louis XIV, Artist.

    Fig. Jésus [lors de la Passion] est dans un jardin non de délices, comme le premier Adam, où il se perdit et tout le genre humain, mais dans un de supplices, où il s'est sauvé et tout le genre humain, Pascal, Pens. XXV, 1, édit. HAVET.

    Fig. Brillante sur ma tige, et l'honneur du jardin, Je n'ai vu luire encor que les feux du matin ; Je veux achever ma journée, Chénier, la Jeune captive.

    Jardin français, jardin régulier où règne la symétrie et où l'art ne se cache pas.

    Jardin anglais, jardin à l'anglaise, jardin irrégulier où l'art est caché sous l'apparence d'une nature agreste. Le lieu, environné de montagnes, de précipices profonds, de rochers couverts de mousses et de verdure, suffisait à lui seul pour dégoûter à jamais de ces froids jardins à l'anglaise où l'on a voulu follement imiter de semblables effets, Genlis, Veillées du chât. t. I, p. 240, dans POUGENS.

    Jardins potagers, jardins dans lesquels se trouvent, à peu près exclusivement, des plantes légumières. Jardins fruitiers, les vergers proprement dits. Jardins botaniques, jardins destinés à l'étude des végétaux. Jardin de pharmacie, jardin où l'on cultive des plantes médicinales. Jardins d'agrément, jardins qui ne rapportent ni légumes ni fruits et ne sont faits que pour le plaisir des yeux.

    Jardin des plantes, Jardin du roi, le jardin qui accompagne le Muséum d'histoire naturelle de Paris ; Jardin des plantes est aussi le nom qu'on donne aux jardins botaniques dans toutes les villes de France.

    Les jardins d'Épicure, jardin où Épicure philosophait, et, quelquefois, par métonymie, la secte épicurienne. On dit aussi les philosophes, la secte des jardins. Ô maison d'Aristippe, ô jardins d'Épicure, Vous qui me présentez, dans vos enclos divers, Ce qui souvent manque à mes vers, Le mérite de l'art soumis à la nature, Voltaire, Épître 76.

    Jardin des Hespérides, lieu où, suivant la mythologie, un dragon gardait les pommes d'or. Vos fruits [des orangers de Versailles] aux écorces solides Sont un véritable trésor ; Et le jardin des Hespérides N'avait point d'autres pommes d'or, La Fontaine, Psyché, I, p. 14. Quelques savants curieux ont cru que le jardin des Hespérides, gardé par un dragon, était une imitation du jardin d'Éden, gardé par un bœuf ailé, ou par un chérubin, Voltaire, Dict. phil. Paradis.

    Fig. et familièrement. Faire d'une chose comme des choux de son jardin, en disposer comme si on en était le maître, le possesseur.

    Fig. Jeter une pierre, des pierres dans le jardin de quelqu'un, attaquer quelqu'un indirectement ; locution prise de l'habitude des gamins de jeter des pierres par-dessus les murs des jardins et d'y causer du dommage. J'irai voir ces coquins qui jettent des pierres dans le jardin du patron [les Bretons fort échauffés contre le duc de Chaulnes, contre qui, du reste, ils avaient lancé des pierres], Sévigné, 3 juill. 1675.

    Fig. Le fruit de notre jardin, la chose qui nous est propre, qui nous occupe avant les autres. Voilà bien parler de la Bretagne, ma chère enfant, cela peut-être vous ennuiera ; mais cela est naturel, ce sont des fruits de notre jardin, Sévigné, 591.

    Fig. En termes mystiques, le jardin de l'Époux, la culture religieuse des âmes. Contentons-nous de savoir qu'il y a des plantes tardives dans le jardin de l'Époux ; que, pour en voir la fécondité, les directeurs des consciences, les laboureurs spirituels doivent attendre avec patience le fruit précieux de la terre…, Bossuet, Bourgoing.

    Fig. Ce qui produit des fruits intellectuels. Il disait qu'il aimait à voir croître dans les jardins d'autrui des plantes dont il avait fourni les graines, Fontenelle, Leibnitz.

  • 2 Fig. Pays fertile et dont la culture est très variée. Ils [les Hollandais] font un commerce immense à Cranganor [Inde], qui est, dit-on, un jardin de délices, Voltaire, Polit. et législ. Fragm. hist. sur l'Inde, X.

    Le jardin de la France, nom qu'on donne quelquefois à la Touraine. Tours, que l'on appelait le jardin de la France, se doit à cette heure nommer le paradis de la terre…, Voiture, Lett. 86.

    Le jardin de l'Europe, nom qu'on donne quelquefois à l'Italie.

  • 3Jardin sec, herbier.
  • 4 Terme de fauconnerie. Lieu où l'on expose les oiseaux de vol au soleil, le matin. Donner le jardin à l'oiseau, le mettre au grand air.
  • 5 Vulgairement. Le jardin pavé, la halle.
  • 6 Terme de marine. Partie supérieure des bouteilles d'un grand bâtiment.
  • 7Jardin des racines grecques, nom donné par les grammairiens de Port-Royal au recueil qu'ils avaient fait des racines grecques. On voit que les auteurs jouaient ici sur le mot de racine, qui se prend dans la nature en un sens qui justifie le mot jardin ; et en grammaire dans un autre sens auquel le mot jardin ne peut convenir que par abus.

HISTORIQUE

XIIIe s. Au jardin le [du] roi [il y] ot mainte table dressée, Berte, II. Dames i aura abeant, Qui ja n'en averont deduit ; Celes plantent jardin sanz fruit, Lai du conseil.

XVe s. Il est sailly de la maison de France, Creu au jardin semé de fleurs de lys, Orléans, I. Comme le suppliant se alloit esbattre tout seul autour du gard ou jardin… , Du Cange, gardignium. Au jardin de deux amans vrais et loyaulx ne peult lever pire herbe [que la jalousie], Perceforest, t. VI, f° 105. L'une lui dit ung brocart, l'autre li gete une pierre en son jardin, Les 15 joies de mariage, p. 31.

XVIe s. Le jardin de la cuisine [le potager], Nouv. coust. génér. t. II, p. 349. Jouer au jardin madame, la substance de ce jeu est que chacun des assistants doit donner un arbre, une beste dessus pour le garder, et un oyseau dessous pour chanter, et faut qu'il contreface le son ou voix de la beste et le chant de l'oyseau, puis l'on demande à la compagnie s'il a bien fait…, Des Accords, Escraignes dijonnoises, p. 10, dans LACURNE. Jardin aux fauxbourgs vaut cent solz au rebours, Cotgrave Cela n'est pas cru en ton jardin, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 256.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

JARDIN, s. m. (Arts.) lieu artistement planté & cultivé, soit pour nos besoins, soit pour nos plaisirs.

On a composé les jardins, suivant leur étendue, de potagers pour les légumes, de vergers pour les arbres fruitiers, de parterres pour les fleurs, de bois de haute-futaie pour le couvert. On les a embellis de terrasses, d’allées, de bosquets, de jets-d’eau, de statues, de boulingrins, pour les promenades, la fraîcheur, & les autres appanages du luxe ou du goût. Aussi le nom de jardin se prend en hébreu pour un lieu délicieux, planté d’arbres ; c’est ce que désigne le mot de jardin d’Eden. Le terme grec Παράδεισος, paradis, signifie la même chose. Delà vient encore que le nom de jardin a été appliqué à des pays fertiles, agréables & bien cultivés ; c’est ainsi qu’Athénée donne ce nom à une contrée de la Sicile auprès de Palerme ; la Touraine est nommée le jardin de la France par la même raison.

Il est quelquefois parlé, dans l’Ecriture-sainte, des jardins du roi, situés au pié des murs de Jérusalem. Il y avoit chez les Juifs des jardins consacrés à Vénus, à Adonis. Isaïe, chap. j, vers 29, reproche à ce peuple les scandales & les actes d’idolatrie qu’il y commettoit.

L’antiquité vante comme une des merveilles du monde, les jardins suspendus de Sémiramis ou de Babylone. Voyez Jardin de Babylone.

Les rois de Perse se plaisoient fort à briller par la dépense de leurs jardins ; & les satrapes, à l’imitation de leurs maîtres, en avoient dans les provinces de leur district, d’une étendue prodigieuse, clos de murs, en forme de parcs, dans lesquels ils enfermoient toutes sortes de bêtes pour la chasse. Xénophon nous parle de la beauté des jardins que Pharnabase fit à Dascyle.

Ammien Marcellin rapporte que ceux des Romains, dans le tems de leur opulence, étoient, pour me servir de ses expressions, instar villarum, quibus vivaria includi solebant. On y prisoit entr’autres pour leur magnificence, les jardins de Pompée, de Luculle, & de Mecene. Ils n’offroient pas seulement en spectacle au milieu de Rome des terres labourables, des viviers, des vergers, des potagers, des parterres, mais de superbes palais & de grands lieux de plaisance, ou maisons champêtres faites pour s’y reposer agréablement du tumulte des affaires. Jam quidem, dit Pline, liv. 29. ch. 4. hortorum nomine, in ipsâ urbe, delicias, agros, villasque possident. Le même goût continue de regner dans Rome moderne, appauvrie & dépeuplée.

Ce fut Cn. Marius, dont il reste quelques lettres à Ciceron, & qu’on nommoit par excellence l’ami d’Auguste, qui enseigna le premier aux Romains le rafinement du jardinage, l’art de greffer & de multiplier quelques uns des fruits étrangers des plus recherchés & des plus curieux. Il introduisit aussi la méthode de tailler les arbres & les bosquets dans des formes régulieres. Il passa la fin de ses jours dans un de ces lieux de plaisance de Rome, dont nous venons de parler, où il employoit son tems & ses études au progrès des plantations, aussi bien qu’à rafiner sur la délicatesse d’une vie splendide & luxurieuse, qui étoit le goût général de son siecle. Enfin il écrivit, sur les jardins & l’agriculture, plusieurs livres mentionnés par Columelle & autres auteurs de la vie rustique qui parurent après lui.

Les François si long-tems plongés dans la barbarie, n’ont point eu d’idées de la décoration des jardins ni du jardinage, avant le siecle de Louis XIV. C’est sous ce prince que cet art fut d’un côté créé, perfectionné par la Quintinie pour l’utile, & par le Nôtre pour l’agréable. Arrêtons-nous à faire connoître ces deux hommes rares.

Jean de la Quintinie, né près de Poitiers en 1626, vint à Paris s’attacher au barreau, & s’y distingua ; mais sa passion pour l’Agriculture l’emporta sur toute autre étude ; après avoir acquis la théorie de l’art, il fit un voyage en Italie pour s’y perfectionner, & de retour il ne songea plus qu’à joindre la pratique aux préceptes. Il trouva, par ses expériences, ce qu’on ne savoit pas encore en France, qu’un arbre transplanté ne prend de nourriture que par les racines qu’il a poussées depuis qu’il est replanté, & qui sont comme autant de bouches par lesquelles il reçoit l’humeur nourriciere de la terre. Il suit delà qu’au lieu de conserver les anciennes petites racines, quand on transplante un arbre, il faut les couper, parce qu’ordinairement elles se sechent & se moisissent.

La Quintinie découvrit encore la méthode de tailler fructueusement les arbres. Avant lui nous ne songions, en taillant un arbre, qu’à lui donner une belle forme, & le dégager des branches qui l’offusquent. Il a su, il nous a enseigné ce qu’il falloit faire pour contraindre un arbre à donner du fruit, & à en donner aux endroits où l’on veut qu’il en vienne, même à le répandre également sur toutes ses branches.

Il prétendoit, & l’expérience le confirme, qu’un arbre qui a trop de vigueur ne pousse ordinairement que des rameaux & des feuilles ; qu’il faut réprimer avec adresse la forte pente qu’il a à ne travailler que pour sa propre utilité ; qu’il faut lui couper de certaines grosses branches, où il porte presque toute sa séve, & l’obliger par ce moyen à nourrir les autres branches foibles & comme délaissées, parce que ce sont les seules qui fournissent du fruit en abondance.

Ainsi la Quintinie apprit de la nature,
Des utiles jardins l’agréable culture.

Charles II. roi d’Angleterre, lui donna beaucoup de marques de son estime dans des voyages qu’il fit à Londres. Il lui offrit une pension très considérable pour se l’attacher ; mais l’espérance de s’avancer pour le moins autant dans son pays, l’empêcha d’accepter ces offres avantageuses. Il ne se trompa pas ; M. Colberg le nomma directeur des jardins fruitiers & potagers de toutes les maisons royales ; & cette nouvelle charge fut créée en sa faveur.

André le Nôtre, né à Paris en 1625, mort en 1700, étoit un de ces génies créateurs, doué par la nature d’un goût & d’une sagacité singuliere, pour la distribution & l’embellissement des jardins. Il n’a jamais eu d’égal en cette partie, & n’a point encore trouvé de maître. On vit sans cesse éclore, sous le crayon de cet homme unique en son genre, mille compositions admirables, & nous devons à lui seul toutes les merveilles qui font les délices de nos maisons royales & de plaisance.

Cependant depuis la mort de ce célebre artiste, l’art de son invention a étrangement dégénéré parmi nous, & de tous les arts de goût, c’est peut-être celui qui a le plus perdu de nos jours. Loin d’avoir enchéri sur ses grandes & belles idées, nous avons laissé tomber absolument le bon goût, dont il nous avoit donné l’exemple & les principes ; nous ne savons plus faire aucune de ces choses, dans lesquelles il excelloit, des jardins tels que celui des Thuilleries, des terrasses comme celle de Saint-Germain en Laye, des boulingrins comme à Trianon, des portiques naturels comme à Marly, des treillages comme à Chantilly, des promenades comme celles de Meudon, des parterres du Tibre, ni finalement des parterres d’eau comme ceux de Versailles.

Qu’on blâme, si l’on veut, la situation de ce dernier château, ce n’est point la faute de le Nôtre ; il ne s’agit ici que de ses jardins. Qu’on dise que les richesses prodiguées dans cet endroit stérile y siéent aussi mal que la frisure & les pompons à un laid visage ; il sera toujours vrai qu’il a fallu beaucoup d’art, de génie & d’intelligence, pour embellir, à un point singulier de perfection, un des plus incultes lieux du royaume.

Jettons sans partialité les yeux sur notre siecle. Comment décorons-nous aujourd’hui les plus belles situations de notre choix, & dont le Nôtre auroit su tirer des merveilles ? Nous y employons un goût ridicule & mesquin. Les grandes allées droites nous paroissent insipides ; les palissades, froides & uniformes ; nous aimons à pratiquer des allées tortueuses, des parterres chantournés, & des bosquets découpés en pompons ; les plus grands lieux sont occupés par de petites parties toujours ornées sans grace, sans noblesse & sans simplicité. Les corbeilles de fleurs, fanées au bout de quelques jours, ont pris la place des parterres durables ; l’on voit par-tout des vases de terre cuite, des magots chinois, des bambochades, & autres pareils ouvrages de sculpture d’une exécution médiocre, qui nous prouvent assez clairement que la frivolité a étendu son empire sur toutes nos productions en ce genre.

Il n’en est pas de même d’une nation voisine, chez qui les jardins de bon goût sont aussi communs, que les magnifiques palais y sont rares. En Angleterre, ces sortes de promenades, pratiquables en tout tems, semblent faites pour être l’azyle d’un plaisir doux & serain ; le corps s’y délasse, l’esprit s’y distrait, les yeux y sont enchantés par le verd du gazon & des boulingrins ; la variété des fleurs y flatte agréablement l’odorat & la vûe. On n’affecte point de prodiguer dans ces lieux-là, je ne dis pas les petits, mais même les plus beaux ouvrages de l’art. La seule nature modestement parée, & jamais fardée, y étale ses ornemens & ses bienfaits. Profitons de ses libéralités, & contentons-nous d’employer l’industrie à varier ses spectacles. Que les eaux fassent naître les bosquets & les embellissent ! Que les ombrages des bois endorment les ruisseaux dans un lit de verdure ! Appellons les oiseaux dans ces endroits de délices ; leurs concerts y attireront les hommes, & feront cent fois mieux l’éloge d’un goût de sentiment, que le marbre & le bronze, dont l’étalage ne produit qu’une admiration stupide. Voyez au mot Jardin d’Eden, la charmante description de Milton ; elle s’accorde parfaitement à tout ce que nous venons de dire. (D. J.)

Jardin d’Eden, (Géog. sacrée.) nom du jardin que Dieu planta dès le commencement dans Eden, c’est-à-dire, dans un lieu de délices, comme porte le texte hébreu. Tandis que les savans recherchent sans succès la position de cette contrée (voyez Eden & ), amusons-nous de la description enchanteresse du jardin même, faite par Milton.

A blisfull field, circled with groves of myrrh,
And flowing odours, cassia, nard, and balm,
A wilderners of sweets ! for nature here
Wantonn’d as in prime, and play’d at will
Her virgin fancies, pouring forth more sweet
Wild, above rule or art, enormous bliss !
Out of this fertile ground, God caused to grow
All trees of noblest Kind for sight, smell, taste,
And all amidst them, stood the Tree of life,
High eminent, blooming ambrosial fruit
Of vegetable gold ; and next to life,
Our death, the Tree of Knowledge, grew fast by.
A happy rural seat, of various view !
Groves, whose rich trees wept odorous gums, and balm ;

Others whose fruit, burnish’d with golden rind,
Hung amiable ; Hesperian fable true,
If true, here only, and of delicious taste !
Betwixt them lawns, or level-downs, and flocks
Grazing the tender herb, were interpos’d ;
Or palmy hillock, or the flowry lap,
Of some irrignous valley, spread her store ;
Flow’rs of all hew, and without thorn, the rose :
Another side, umbrageous grots, and caves
Of cool recess, o’er which the mantling vine
Lays forth her purple grapes, and gently creeps
Luxuriant. Mean while murm’ring water fall
Down the slope hills, dispers’d, or in a lake
That to the fringed bank, wiht myrtle crown’d,
Her crystal, mirrour holds, unite their streams.
The birds their choir apply : Airs, vernal airs,
Breathing the smell of field and grove, attune
The trembling leafs, while universal Pan,
Knit with the graces, and the Hours in dance,
Led on th’eternal spring.....
Thus was this place. (D. J.)

Jardin, s. m. (Marine.) nom que quelques-uns donnent aux balcons d’un vaisseau, lorsqu’ils ne sont point couverts. (Q)

Jardin, (Fauconnerie.) on dit donner le jardin, & jardiner le lanier, le sacre, l’autour, &c. c’est l’exposer au soleil dans un jardin, ou sur la barre, ou sur le roc, ou sur la pierre froide.

Jardins de Babylone, (Hist. anc.) les jardins de Babylone ou de Semiramis ont été mis par les anciens au rang des merveilles du monde, c’est-à-dire des beaux ouvrages de l’art. Ils étoient soûtenus en l’air par un nombre prodigieux de colonnes de pierre, sur lesquelles posoit un assemblage immense de poutres de bois de palmier ; le tout supportoit un grand poids d’excellente terre rapportée, dans laquelle on avoit planté plusieurs sortes d’arbres, de fruits & de légumes, qu’on y cultivoit soigneusement. Les arrosemens se faisoient par des pompes ou canaux, dont l’eau venoit d’endroits plus élevés. Avec la même dépense, on auroit fait dans un terrein choisi des jardins infiniment supérieurs en goût, en beauté & en étendue ; mais ils n’auroient pas frappé par le merveilleux, & l’on ne sauroit dire jusqu’à quel point les hommes en sont épris. (D. J.)

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Étymologie de « jardin »

(XIIe siècle) Du bas latin gardinium (« jardin enclos ») attesté au neuvième siècle en latin médiéval, dérivé de l’ancien bas vieux-francique *gart → voir jart et gart (« jardin »)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Bourguig. jadin ; Berry, jardrin ; picard, gardin, guerdin ; provenç. jardin, gardi ; catal. jardi ; espagn. jardin ; portug. jardim ; ital. giardino ; du germanique : goth. gards, maison ; anc. h. allem. karto, garto ; allem. Garten ; isl. gort. Le latin hortus, jardin, le latin chors, chortis, cour de ferme, le bas-latin curtis, et le français la cour sont de même radical. Comparez l'ancien slave grad, le russe gorod, ville.

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Phonétique du mot « jardin »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
jardin ʒardɛ̃

Fréquence d'apparition du mot « jardin » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Citations contenant le mot « jardin »

  • Baiser ! Rose trémière au jardin des caresses !
    Paul Verlaine — Poèmes saturniens
  • La beauté est un jardin sauvage...
    Anne Rice — Lestat le Vampire
  • Pour faire un jardin, il faut un morceau de terre et l'éternité.
    Gilles Clément
  • Mon corps est un jardin, ma volonté est son jardinier.
    William Shakespeare
  • Un livre est comme un jardin que l’on porte dans sa poche.
    Gladys Taber
  • Mystérieux jardin de ma lointaine enfance, Royaume ensorcelé perdu dans la distance.
    Fernanda de Castro — Vieux jardin
  • Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin.
    François Marie Arouet, dit Voltaire — Candide
  • La rose est un jardin où se cachent des arbres.
    Djalal-Eddine Roumi
  • Badoure, il n'est jardin que des fleurs où l'on aime.
    Paul-Jean Toulet — Les Contrerimes, Émile-Paul
  • Il est plus probable que ce couple ait installé un jardin devant la porte de SON garage plutôt que devant LEUR garage.
    L'Obs — « Citizen Garden » : la folle histoire d’un mini-jardin installé sur une place de stationnement
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Images d'illustration du mot « jardin »

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Traductions du mot « jardin »

Langue Traduction
Anglais garden
Espagnol jardín
Italien giardino
Allemand garten
Chinois 花园
Arabe حديقة
Portugais jardim
Russe сад
Japonais 庭園
Basque lorategia
Corse giardinu
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Synonymes de « jardin »

Source : synonymes de jardin sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « jardin »

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Jardin

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