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Génie
Sommaire
- Définitions de « génie »
- Étymologie de « génie »
- Phonétique de « génie »
- Fréquence d'apparition du mot « génie » dans le journal Le Monde
- Évolution historique de l’usage du mot « génie »
- Citations contenant le mot « génie »
- Images d'illustration du mot « génie »
- Traductions du mot « génie »
- Synonymes de « génie »
- Antonymes de « génie »
- Combien de points fait le mot génie au Scrabble ?
Définitions de « génie »
Trésor de la Langue Française informatisé
GÉNIE, subst. masc.
Wiktionnaire
Nom commun 2 - français
génie \ʒe.ni\ masculin
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Djinn, esprit bon ou mauvais de la littérature arabe.
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Au bout de trois jours, sentant ses forces diminuer, il (Aladin) implora Dieu en joignant les mains et ainsi frotta l’anneau que le magicien avait passé à son doigt. Aussitôt un génie à la figure effroyable lui apparut et dit :
— Que veux-tu, je suis prêt à t’obéir comme ton esclave et l’esclave de tous ceux qui ont l’anneau au doigt ! — (Albert Robida, Aladin)
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Au bout de trois jours, sentant ses forces diminuer, il (Aladin) implora Dieu en joignant les mains et ainsi frotta l’anneau que le magicien avait passé à son doigt. Aussitôt un génie à la figure effroyable lui apparut et dit :
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Esprit bon ou mauvais de la culture vietnamienne.
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Dans l’esprit des H’mông, chaque forêt est gérée par un génie. Le culte consacré au génie de la forêt est lié étroitement à la protection des forêts. De plus, ce culte a pour but de solliciter une météo clémente propice à d’abondantes récoltes.
Les H’mông pratiquent le culte dédié au génie de la forêt au premier jour du Nouvel an lunaire car ils pensent que c’est le jour le plus approprié de l’année. — (Le Courrier du Vietnam, Le culte dédié au génie de la forêt, trait culturel original des H’mông, lecourrier.vn, 16 février 2021)
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Dans l’esprit des H’mông, chaque forêt est gérée par un génie. Le culte consacré au génie de la forêt est lié étroitement à la protection des forêts. De plus, ce culte a pour but de solliciter une météo clémente propice à d’abondantes récoltes.
Nom commun 1 - français
génie \ʒe.ni\ masculin et féminin identiques
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(Mythologie) Esprit ou démon qui, selon les Romains, présidait à certains lieux, à des villes, etc. — Note : Il se dit aussi des gnomes, des sylphes, des ondins et autres personnages fantastiques, qu’on trouve dans les traditions populaires et dans les contes de fées.
- Quand les temps sont durs et que la souffrance risque de dépasser ses forces de résistance, le paysan ira rendre visite au génie protecteur du village, petit monstre hilare ou grimaçant et barbouillera prudemment ses lèvres gourmandes des restes d’un pot d’opium ? — (Albert Gervais, Æsculape dans la Chine en révolte, Gallimard, 1953, page 20)
- Entité magique bonne ou mauvaise ayant une influence sur la destinée.
- C’est votre bon génie qui vous a inspiré ce dessein.
- Une génie donc, l’ayant aperçue de nuit, et, pour ne vous rien cacher, en liquette, — dont l’on voyait issir ses pieds roses, — en demeura incendiée d’admiration, et fit part de sa découverte à un génie mâle. — (Paul-Jean Toulet, Béhanzigue, Amiens, 1921, page 64)
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(Par extension) Personne qui par ses conseils ou ses exemples influe sur la vie d’une autre.
- Cet homme fut son mauvais génie.
- Sa sœur fut son bon génie.
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(Familier) Talent inné et exceptionnel d’une personne.
- Avoir du génie pour les affaires, pour la poésie. Avoir le génie de la peinture, de la musique, etc.
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(Par extension) Personne douée d’un talent exceptionnel dans un domaine.
- Ce joueur d’échec est un génie !
- John McEnroe est un génie du tennis.
- Le plus rare génie est toujours en rapport avec les lumières de ses contemporains, et l’on doit calculer, à peu près, de combien la pensée d’un homme peut dépasser les connaissances de son temps. Homère a recueilli les traditions qui existaient lorsqu’il a vécu, et l’histoire de tous les événements principaux était alors très poétique en elle-même. — (Germaine de Staël, De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales, 1800)
- Voilà le point central : ce que le clergé littéraire ou intellectuel ne supporte pas, dans sa médiocrité « manquant de force et d’haleine », c’est que la perfection aille directement au public, qu’il y ait donc une alliance naturelle entre le génie et le peuple. — (Philippe Sollers, Éloge de l’infini, Gallimard, page 436)
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(Par extension) Qualité des esprits supérieurs qui les rend capables de créer, d’inventer, d’entreprendre des choses extraordinaires, etc.
- À soixante-douze ans, il avait spéculé sur les cotons, en croyant au génie de Napoléon, sans savoir que le génie est aussi souvent au-dessus qu’au dessous des événements. — (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
- Les hommes qui ont reçu une éducation primaire ont, en général, la superstition du livre, et ils attribuent facilement du génie aux gens qui occupent beaucoup l'attention du monde lettré ; […]. — (Georges Sorel, Lettre à Daniel Halévy, 15 juillet 1907, dans Réflexions sur la violence, 1908)
- Le génie de la Résistance, c’est d’avoir su conjoindre, face à une même urgence historique, toutes les forces spirituelles de ce pays. — (Jean-Louis Crémieux-Brilhac, « Ce qui reste du gaullisme, c’est un sens aigu du social », dans Marianne, 12 juin 2010)
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Caractère propre et distinctif.
- Si tu t’exerces à vivre seulement ce que tu vis, c’est-à-dire le présent, tu pourras vivre tout le temps qui te reste jusqu’à la mort en le passant dans le calme, dans la bienveillance et l’amabilité envers ton génie. — (Paul Guimard, L’Âge de Pierre, Grasset, page 131)
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Rien n’est plus intéressant que de comparer des
traductions en vers ; elles révèlent à la fois le
génie de la langue traduite et celui des langues
dont se sont servis les traducteurs. — (Salomon Reinach, Cornélie, ou Le latin sans pleurs, 1912)
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Allégorie, personnification des arts, de la science, de l’industrie, d’une idée abstraite.
- Le génie de la Liberté.
- Le génie de la Bastille.
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(Militaire) Art de fortifier, d’attaquer, de défendre une place, un camp, un poste.
- Le génie militaire.
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(Par extension) Corps des officiers des soldats qui font l’application de cet art.
- Le génie est représenté dans l’armée marocaine par un petit corps d’ingénieurs (mohendisîn), dont la fonction principale et à peu près unique est de précéder les corps expéditionnaires et de choisir l’emplacement des campements. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 87)
- Le génie veut des fortifications partout, non seulement dans l'Est, où le nécessaire est fait, mais jusque sur les côtes. Pourquoi? — (Joseph Caillaux, Mes Mémoires, I, Ma jeunesse orgueilleuse, 1942)
- Domaine de connaissance lié à une technique.
- Génie mécanique.
Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)
L'esprit ou le démon, soit bon, soit mauvais, qui, selon l'opinion des anciens, accompagnait les hommes depuis leur naissance jusqu'à leur mort. Bon génie. Mauvais génie. Le génie de Socrate. Génie familier. C'est votre bon génie qui vous a inspiré ce dessein. Poussé d'un mauvais génie. Je ne sais quel malin génie me poursuit. Fig., Le bon génie, le mauvais génie de quelqu'un, La personne qui par ses conseils ou ses exemples exerce sur lui une bonne ou une mauvaise influence. Cet homme fut son mauvais génie. Sa sur fut son bon génie. Il se dit aussi des Esprits ou démons qui, selon l'opinion des anciens, présidaient à de certains lieux, à des villes, etc. Le génie du lieu. Le génie de Rome, du peuple romain. Génie tutélaire. Le génie de la peinture, de la poésie, de la musique, etc., Le génie qu'on suppose présider à chacun de ces arts. Il se dit également des Gnomes, des sylphes, des ondins et autres personnages fantastiques, qu'on trouve dans les traditions populaires et dans les contes de fées. Évoquer les génies. Il crut entendre la voix d'un génie. Un génie lui apparut. Il se dit, en termes de Poésie, de Sculpture et de Peinture, des Êtres allégoriques représentant les arts, la science, l'industrie, une idée abstraite. Le génie de la Liberté. Il se dit, par extension, des Figures pour lesquelles on représente ces êtres. Le génie de la Bastille. Il signifie encore Talent, disposition naturelle, aptitude pour une chose. Suivre son génie. S'abandonner à son génie. Forcer son génie. Avoir du génie pour les affaires, pour la poésie. Avoir le génie de la peinture, de la musique, etc. Le génie de la guerre. On le dit quelquefois en mauvaise part. Avoir le génie du mal, de la destruction. Il se dit, particulièrement, de cette Qualité des esprits supérieurs qui les rend capables de créer, d'inventer, d'entreprendre des choses extraordinaires, etc.; et, dans ce sens, on l'emploie souvent absolument. C'est un homme de génie. Cet homme a du génie. L'essor, le feu, l'enthousiasme du génie. Les écarts du génie. L'ascendant du génie. Étouffer le génie naissant. Être dépourvu de génie. Génie universel. Il est doué d'un génie supérieur. Il a une grande supériorité de génie. Son génie sut maîtriser la fortune. Le génie d'Homère, de Raphaël, de Racine, de Descartes. Il se joint quelquefois à des épithètes défavorables pour exprimer Le peu de génie ou de capacité d'une personne. Génie étroit, borné Pauvre génie. Petit génie. Génie médiocre. Il se dit également de Celui qui a du génie. Cet homme est un beau génie, un génie supérieur. Les grands génies qui ont fait la gloire de ce règne. Il signifie aussi Caractère propre et distinctif. Le génie d'une nation, d'un peuple. Chaque peuple a son génie. Le génie de la langue française est la clarté. Il signifie encore Art de fortifier, d'attaquer, de défendre une place, un camp, un poste. Le génie militaire. Par extension, il se dit du Corps des officiers des soldats qui font l'application de cet art. Il est entré dans le génie. Officier du génie. Les troupes du génie. On dit aussi Génie maritime, génie civil pour désigner l'Ensemble des Ingénieurs de la marine et des Ingénieurs civils.
Littré (1872-1877)
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1Terme du polythéisme. Esprit ou démon bon ou mauvais qui présidait à la destinée de chaque homme. On jurait par son génie. Le jour de la naissance on offrait un sacrifice au génie. Le mois de décembre était cher aux génies [à cause des repas des saturnales]. On racontait que le mauvais génie de Brutus lui avait apparu la veille de la bataille de Philippes.
Pour la dernière fois il faut que je vous nie Ce qu'exige de moi votre mauvais génie
, Mairet, Sophon. IV, 5.Mon génie étonné tremble devant le sien
, Racine, Brit. II, 2.Ton génie alarmé te parle par ma bouche
, Voltaire, M. de César, III, 5.C'est la loi, dit Topaze, chaque homme a ses deux génies ; c'est Platon qui l'a dit le premier, et d'autres l'ont répété ensuite ; tu vois que rien n'est plus véritable ; moi qui te parle, je suis ton bon génie, et ma charge était de veiller auprès de toi jusqu'au dernier moment de ta vie, je m'en suis fidèlement acquitté
, Voltaire, le Blanc et le Noir.Et toi, Ébène, avec tes quatre ailes noires, tu es sans doute mon mauvais génie ?
Voltaire, ib.Il y avait des génies mâles et des génies femelles ; les génies des dames s'appelaient, chez les Romains, des petites Junons ; on avait encore le plaisir de voir croître son génie ; dans l'enfance c'était une espèce de Cupidon avec des ailes ; dans la vieillesse, il portait une longue barbe ; quelquefois c'était un serpent
, Voltaire, Dict. phil. Génie.Le génie de Socrate, dit aussi démon (voy. DÉMON), voix qui se faisait entendre à lui pour le détourner de ce qu'il avait résolu, et non pour l'exhorter à rien entreprendre.
Vous le savez, amis ; souvent, dès ma jeunesse, Un génie inconnu m'inspira la sagesse
, Lamartine, Mort. de Socr.Fig. Le bon génie, le mauvais génie de quelqu'un, la personne qui, par ses exemples ou ses conseils ou ses actions, exerce une influence heureuse ou funeste sur la destinée de quelqu'un.
Il assure que vous êtes son bon génie
, Sévigné, 570.Fig. Un bon génie, une circonstance favorable.
Voyez qu'un bon génie à propos nous l'envoie
, Corneille, Hor. I, 1.Il se disait aussi des esprits ou démons qui présidaient à de certains lieux, à des villes, etc. Le génie du lieu. Le génie de Rome. Génie tutélaire.
L'un avait vu le génie de l'empire ou de la ville, l'autre celui de Mars et de Saturne ; les génies des quatre éléments s'étaient manifestés à plusieurs philosophes ; plus d'un sage avait vu son propre génie, tout cela d'abord en songe, mais les songes étaient les symboles de la vérité
, Voltaire, Dict. phil. Génie.Par extension. Le génie de la France, l'ange tutélaire de la France.
Fig. Le génie de la peinture, de la musique, le génie qu'on imagine comme présidant à chacun de ces arts.
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2 Par extension, dans la féerie, nom donné aux différents esprits que recélaient les éléments, les bois, les montagnes, etc. Évoquer les génies.
À peine eut-elle commencé à frotter cette lampe, qu'en un instant, en présence de son fils, un génie hideux et d'une grandeur gigantesque s'éleva et parut devant elle et lui dit d'une voix tonnante : Que veux-tu ? me voici prêt à t'obéir comme ton esclave et de tous ceux qui ont la lampe à la main, moi avec les autres esclaves de la lampe
, Galland, Mille et une Nuits, Lampe merveilleuse.Invoquons la faveur de ces puissants génies à qui des bois sacrés les nymphes sont unies
, Delavigne, Paria, II, 6.L'Alhambra ! l'Alhambra, palais que les génies Ont doré comme un rêve et rempli d'harmonies, Forteresse aux créneaux festonnés et croulants
, Hugo, Orient. XXX. - 3 Terme d'iconologie. Figures allégoriques d'enfants ou d'hommes ailés, qui, selon les attributs qu'on leur donne, représentent les vertus, les arts, les passions, etc.
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4 Fig. Talent inné, disposition naturelle à certaines choses (sens qui fut un néologisme dans la latinité et qui vient des qualités brillantes qu'on attribuait aux génies).
Il est bon de s'accommoder à son sujet ; mais il est encore meilleur de s'accommoder à son génie
, La Fontaine, Psyché, I, p. 88.Les mêmes degrés se rencontrent entre les génies qu'entre les conditions
, Pascal, dans COUSIN.Son génie à la géométrie commença à paraître lorsqu'il n'avait encore que douze ans
, Mme Périer, Vie de Pascal.Ce n'était pas seulement la guerre qui lui donnait de l'éclat ; son grand génie embrassait tout, l'antique comme le moderne, l'histoire, la philosophie, la théologie la plus sublime, et les arts avec les sciences
, Bossuet, Louis de Bourbon.Le génie de la princesse palatine se trouva également propre aux divertissements et aux affaires
, Bossuet, Anne de Gonz.Ce qui rend sa modération plus digne de nos louanges, c'est la force de son génie né pour l'action, et la vigueur qui, durant cinq ans, lui fit dévouer sa tête aux fureurs civiles
, Bossuet, le Tellier.Dans ces fatales conjonctures il fallait à un ministre étranger un homme d'un ferme génie qui…
, Bossuet, ib.Je sens de jour en jour dépérir mon génie
, Boileau, Épît. VIII.Mais pourtant on a vu le vin et le hasard Inspirer quelquefois une muse grossière, Et fournir sans génie un couplet à Linière
, Boileau, Art p. II.Il avait du génie pour la musique
, Hamilton, Gramm. 8.Ceux en qui on remarque le génie de la guerre
, Fénelon, Tél. XI.Nous n'avons fait aucun tort aux beaux-arts ni aux hommes qui ont un vrai génie pour les cultiver
, Fénelon, ib. XXII.La perfection consisterait à savoir assortir toujours son style à la matière qu'on traite ; mais qui peut être le maître de son habitude et ployer son génie à son gré ?
Voltaire, Dict. phil. Genre.Que la reine, en ces lieux, brillants de sa splendeur, De son puissant génie imprime la grandeur
, Voltaire, Sémir. I, 1.Le Poussin, déjà grand peintre avant d'avoir vu de bons tableaux, avait le génie de la peinture ; Lulli, qui ne vit aucun bon musicien en France, avait le génie de la musique
, Voltaire, Dict. phil. Génie.En mauvaise part. Avoir le génie du mal, de la destruction. Son génie le porte à mal faire.
De génie, se dit d'un travail inspiré par la propre invention de l'auteur, et quelquefois en s'écartant des règles communes.
Je sens que mon esprit travaille de génie
, Boileau, Sat. VII.Ses vers [de Boileau], forts et harmonieux, faits de génie, quoique travaillés avec art, pleins de traits et de poésie, seront lus encore quand la langue aura vieilli
, La Bruyère, Disc. à l'Acad. fr.Il [le peintre] ne travaillerait plus de génie
, Fénelon, Tél. XXII.Il est vrai qu'il n'y a que ce morceau qui soit de génie, et que le reste n'est que de travail et d'érudition ; mais on doit être fort obligé à un homme tel que lui, quand il veut bien, pour l'utilité publique, faire quelque chose qui ne soit pas de génie
, Fontenelle, Leibnitz.C'est le défaut de tous les écrivains qui n'écrivent point de génie, mais par imitation
, Vauvenargues, Dialog. Isocrate, Démosthènes. -
5Particulièrement, aptitude spéciale dépassant la mesure commune soit dans les lettres et les beaux-arts (concevoir et exprimer), soit dans les sciences et la philosophie (inventer, induire, déduire, systématiser), soit dans l'action telle que celle de l'homme d'État, du militaire, etc.
Le génie et les grands talents manquent souvent, quelquefois aussi les seules occasions ; tels peuvent être loués de ce qu'ils ont fait ; et tels, de ce qu'ils auraient fait
, La Bruyère, II.Tel, aux premiers accès d'une sainte manie, Mon esprit alarmé redoute du génie L'assaut victorieux
, Rousseau J.-B. Ode au Comte de Luc.Ajoutons que le génie dans la force même de l'âge n'est pas de toutes les heures, et que surtout il craint les approches de la vieillesse
, D'Olivet, Hist. Acad. t. II, p. 384, dans POUGENS.Ce terme de génie semble devoir désigner non pas indistinctement les grands talents, mais ceux dans lesquels il entre de l'invention
, Voltaire, Dict. phil. Génie.C'est le caractère du vrai génie de répandre la fécondité sur un sujet stérile, et de varier ce qui semble uniforme
, Voltaire, Vie de Molière.Le génie n'est autre chose qu'une grande aptitude à la patience
, Buffon, Disc. de réception à l'Acad.Il voit, comme l'a dit un grand homme, les abstraits dans les concrets, les concrets dans les abstraits ; Voilà le génie
, Bonnet, Ess. analyt. âme, ch. 16.Je ne demande point… Ni même, vœu plus doux ! que la main d'Uranie Embellisse mon front des palmes du génie
, Chénier, Ép. I.Le génie inspire le besoin de la gloire
, Staël, Corinne, XVI, 1.Je ne sais quelle force involontaire précipite le génie dans le malheur
, Staël, ib. XIII, 4.Le génie ne cherche point à combattre ce qui est dans l'essence des choses ; sa supériorité consiste, au contraire, à la deviner
, Staël, ib. VIII, 3.Parmi les causes d'accroissement de la population, il ne faut pas compter pour peu le repos de Napoléon ; depuis que ce grand homme est là où son rare génie l'a conduit, trois millions de jeunes gens seraient morts pour sa gloire, qui ont femme et enfants maintenant
, Courier, Lettre v.Et comment concevoir que Ninus, un héros… Par un noir parricide ait souillé son génie ?
Briffaut, Ninus II, I, 1.Mais quoi ! tandis que le génie Te ravit si loin de nos yeux, Les lâches clameurs de l'envie Te suivent jusque dans les cieux
, Lamartine, Méd. I, 19.Les siècles sont à toi, le monde est ta patrie ; Quand nous ne sommes plus, notre ombre a des autels, Où le juste avenir prépare à ton génie Des honneurs immortels
, Lamartine, Méd. I, 14.Homme de génie.
L'homme de génie est connu de la postérité ; l'homme en est ignoré
, Diderot, Claude et Nér. I, 102.Une des plus fortes passions est l'amour de la vérité dans l'homme de génie
, Laplace, Expos. v, 4.Fig. Ce qui inspire comme fait le génie.
Ils reçurent du ciel un cœur tel que le nôtre ; Ce cœur fut leur génie ; il fut leur Apollon, Et leur docte fontaine et leur sacré vallon
, Chénier, Ép. I.Non, l'amour, l'amitié, la sublime harmonie, Tous ces dons précieux n'ont qu'un même génie : Même souffle anima le poëte charmant, L'ami religieux et le parfait amant
, Chénier, ib.Joint à des épithètes défavorables il exprime le peu de génie, de capacité qu'a une personne. Génie borné. Petit génie. Pauvre génie. Génie médiocre.
Dans son génie étroit il est toujours captif, Pour lui Phébus est sourd et Pégase est rétif
, Boileau, Art p. I.On le dit aussi en ce sens, par modestie, en parlant de soi-même.
Je mesure mon vol à mon faible génie
, Boileau, Disc. au roi.Ami, je n'irai plus ravir si loin de moi, Dans les secrets de Dieu, ces comment, ces pourquoi, Ni du risible effort de mon faible génie, Aider péniblement la sagesse infinie
, Lamartine, Méd. I, 20. -
6Personne de génie. Un beau génie. Ce génie fut la lumière de son siècle.
Il ne fallait qu'ouvrir l'entrée des affaires à un génie si perçant, pour l'introduire bien avant dans les secrets de la politique
, Bossuet, le Tellier.Sitôt que d'Apollon un génie inspiré Trouve loin du vulgaire un chemin ignoré, En cent lieux contre lui les cabales s'amassent
, Boileau, Épît. VII.Il se peut que plusieurs personnes jouent mieux aux échecs que l'inventeur de ce jeu, et qu'ils lui gagnassent les grains de blé que le roi des Indes voulait lui donner ; mais cet inventeur était un génie, et ceux qui le gagneraient peuvent ne pas l'être
, Voltaire, Dict. phil. Génie.Roger Bacon fut un des génies les plus surprenants que la nature ait produits, et un des hommes les plus malheureux
, Diderot, Opin. des anc. philos. (scolastiques).Les génies les plus pénétrants, les plus profonds, ne se distinguent des autres hommes que parce qu'ils emploient un plus petit nombre de milieux
, Bonnet, Ess. psychol. ch. 80.Ironiquement.
Et jamais comme nous en bonne compagnie On ne voit chez les grands souper votre génie
, Gilbert, Apologie.Avec une épithète défavorable, il se dit d'un homme de peu d'esprit, de peu de portée.
Je suis facile à tromper, moi ; je suis le plus pauvre génie du monde
, Lesage, Crisp. riv. de son maître, sc. 19.C'est un bourgeois fort simple, un petit génie
, Lesage, ib. sc. 2.Que les petits génies se tiennent dans les bornes étroites de l'imitation, sans oser les franchir, à la bonne heure
, Lesage, Diable boît. ch. 14.Familièrement. Ce n'est pas un génie, se dit d'une personne qui a peu d'imagination, peu d'intelligence.
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7 Fig. Caractère propre et distinctif de personnes.
Il est vrai que du ciel la prudence infinie Départ à chaque peuple un différent génie
, Corneille, Cinna, II, 1.…Enfin, Burrhus, Néron découvre son génie ; Cette férocité que tu croyais fléchir. De tes faibles liens est prête à s'affranchir
, Racine, Brit. III, 2.Quelques vérités qui flattaient le génie de la nation
, Hamilton, Gramm. 7.Il n'est pas moins important d'étudier avec soin les mœurs des peuples, leur génie, leurs loix, leurs usages, leurs coutumes
, Rollin, Hist. anc. Préf.Caractère propre et distinctif de choses.
Il est malaisé de vous définir le livre ; vous en connaissez le génie
, Bossuet, Lett. 174.Durant la captivité et ensuite par le commerce qu'il fallut avoir avec les Chaldéens, les Juifs apprirent la langue chaldaïque, fort approchante de la leur et qui avait presque le même génie
, Bossuet, Hist. I, 8.On appelle génie d'une langue son aptitude à dire de la manière la plus courte et la plus harmonieuse ce que les autres langues expriment moins heureusement
, Voltaire, Dict. phil. Langues.Le génie de la langue française sera plus fait pour la conversation, parce que sa marche, nécessairement simple et régulière, ne gênera jamais l'esprit… le style lapidaire sera plus dans le génie de la langue latine
, Voltaire, ib. Génie.D'après l'athée, la nature est une langue dont les barbarismes forment seuls l'essence et le génie
, Chateaubriand, Génie, I, VI, 4.Le Nouveau Testament change le génie de la peinture
, Chateaubriand, Génie, III, I, 4.Terme de médecine. Caractère des affections régnantes. Génie inflammatoire. Génie bilieux.
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8 Terme de guerre. L'art de l'attaque et de la défense des places, des postes, etc. École d'artillerie et du génie. L'arme du génie.
S'il se rencontrait des obstacles imprévus dans la carrière du génie, peut-être pourrais-je tourner mes idées d'un autre côté
, Courier, Lett. I, 5.Absolument. Le génie, le corps des troupes de cette arme. Un officier du génie.
Génie militaire, se dit souvent aussi par opposition au corps des ingénieurs civils qu'on nomme le génie civil.
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9Le génie civil, l'art des constructions civiles.
Le corps d'ingénieurs chargé de ces constructions.
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10Génie maritime, l'art de construire les vaisseaux.
Corps d'officiers institué pour appliquer les hautes sciences à l'architecture navale.
HISTORIQUE
XVIe s. Bertrand Duguesclin fut un genie de ce caractere
, Mém. s. du G. ch. 1er.
Encyclopédie, 1re édition (1751)
GÉNIE, s. m. genius, (Mythologie. Littérat. Antiq.) esprit d’une nature très-subtile & très-déliée, que l’on croyoit dans le paganisme, présider à la naissance des hommes, les accompagner dans le cours de leur vie, veiller sur leur conduite, & être commis à leur garde jusqu’à leur mort.
La tradition la plus ancienne, la plus générale, & la plus constamment répandue, puisqu’elle subsiste encore, est que le monde soit rempli de génies. Cette opinion chimérique, après avoir si souvent changé de forme, successivement adoptée sous le nom de démons, de manes, de lares, de lémures, de pénates, a finalement donné lieu à l’introduction des fées, des gnomes, & des sylphes ; tant est singuliere la propagation permanente des erreurs superstitieuses sous différentes métamorphoses ! mais nous nous arrêtons aux siecles de l’antiquité, & nous tirons le rideau sur les nôtres.
Les génies habitoient dans la vaste étendue de l’air, & dans tout cet espace qui occupe le milieu entre le ciel & la terre ; leur corps étoit de matiere aérienne. On regardoit ces esprits subtils comme les ministres des dieux, qui ne daignant pas se mêler directement de la conduite du monde, & ne voulant pas aussi la négliger tout-à-fait, en commettoient le soin à ces êtres inférieurs. Ils étoient envoyés sur la terre par un maître commun, qui leur assignoit leur poste auprès des hommes pendant cette vie, & la conduite de l’ame après leur mort.
Ces sortes de divinités subalternes avoient l’immortalité des dieux & les passions des hommes, se réjoüissoient & s’affligeoient selon l’état de ceux à qui elles étoient liées.
Les génies accordés à chaque particulier ne joüissoient pas d’un pouvoir égal, & les uns étoient plus puissans que les autres ; c’est pour cela qu’un devin répondit à Marc-Antoine, qu’il feroit sagement de s’éloigner d’Auguste, parce que son génie craignoit celui d’Auguste.
De plus on pensoit qu’il y avoit un bon & un mauvais génie attaché à chaque personne. Le bon génie étoit censé procurer toutes sortes de félicités, & le mauvais tous les grands malheurs. De cette maniere, le sort de chaque particulier dépendoit de la supériorité de l’un de ces génies sur l’autre. On conçoit bien de-là que le bon génie devoit être très-honoré. Dès que nous naissons, dit Servius commentateur de Virgile, deux génies sont députés pour nous accompagner ; l’un nous exhorte au bien, l’autre nous pousse au mal ; ils sont appellés génies fort à-propos, parce qu’au moment de l’origine de chaque mortel, cum unusquisque genitus fuerit, ils sont commis pour observer les hommes & les veiller jusqu’après le trépas ; & alors nous sommes ou destinés à une meilleure vie, ou condamnés à une plus fâcheuse.
Les Romains donnoient dans leur langue le nom de génies à ceux-là seulement qui gardoient les hommes, & le nom de junons aux génies gardiens des femmes.
Ce n’est pas-là toute la nomenclature des génies : il y avoit encore les génies propres de chaque lieu ; les génies des peuples, les génies des provinces, les génies des villes, qu’on appelloit les grands génies. Ainsi Pline a raison de remarquer qu’il devoit y avoir un bien plus grand nombre de divinités dans la région du ciel, que d’hommes sur la terre.
On adoroit à Rome le génie public, c’est-à-dire la divinité tutélaire de l’empire ; rien n’est plus commun que cette inscription sur les médailles, genius pop. rom. le génie du peuple romain, ou genio pop. rom. au génie du peuple romain.
Après l’extinction de la république, la flaterie fit qu’on vint à jurer par le génie de l’empereur, comme les esclaves juroient par celui de leur maître ; & l’on faisoit des libations au génie des césars, comme à la divinité de laquelle ils tenoient leur puissance.
Mais personne ne manquoit d’offrir des sacrifices à son génie particulier le jour de sa naissance. Ces sacrifices étoient des fleurs, des gâteaux & du vin ; on n’y employoit jamais le sang, parce qu’il paroissoit injuste d’immoler des victimes au dieu qui présidoit à la vie, & qui étoit le plus grand ennemi de la mort : quand le luxe eut établi des recherches sensuelles, on crut devoir ajoûter les parfums & les essences aux fleurs & au vin ; prodiguer toutes ces choses un jour de naissance, c’est, dans le style d’Horace, appaiser son génie. « Il faut, dit-il, travailler à l’appaiser de cette maniere, parce que ce dieu nous avertissant chaque année que la vie est courte, il nous presse d’en profiter, & de l’honorer par des fêtes & des festins. Que le génie vienne donc lui-même assister aux honneurs que nous lui rendons, s’écrie Tibulle ; que ses cheveux soient ornés de bouquets de fleurs ; que le nard le plus pur coule de ses joues ; qu’il soit rassasié de gâteaux ; & qu’on lui verse du vin à pleines coupes ».
Ipse suos adsit genius visurus honores,
Cui decorent sanctas mollia serta comas,
Illius puro distillent tempora nardo ;
Atque satur libo sit madeatque mero.
Le platane étoit spécialement consacré au génie ; on lui faisoit des couronnes de ses feuilles & de ses fleurs ; on en ornoit ses autels.
Pour ce qui regarde les représentations des génies, on sait que l’antiquité les représentoit diversement, tantôt sous la figure de vieillards, tantôt en hommes barbus, souvent en jeunes enfans aîlés, & quelquefois sous la forme de serpens ; sur plusieurs médailles, c’est un homme nud tenant d’une main une patere qu’il avance sur un autel, & de l’autre un foüet.
Le génie du peuple romain étoit un jeune homme à demi-vêtu de son manteau, appuyé d’une main sur une pique, & tenant de l’autre la corne d’abondance. Les génies des villes, des colonies, & des provinces, portoient une tour sur la tête. Voyez Vaillant, numism. imper. Spon, recherches d’antiquit. dissert. ij. & le P. Kircher, en plusieurs endroits de ses ouvrages.
On trouve aussi souvent dans les inscriptions sépulcrales, que les génies y sont mis pour les manes, parce qu’avec le tems on vint à les identifier ; & le passage suivant d’Apulée le prouve : « Le génie, dit-il, est l’ame de l’homme délivrée & dégagée des liens du corps. De ces génies, les uns qui prennent soin de ceux qui demeurent après eux dans la maison, & qui sont doux & pacifiques, s’appellent génies familiers ; ceux au contraire qui errans de côté & d’autre causent sur leur route des terreurs paniques aux gens de bien, & font véritablement du mal aux méchans, ces génies-là ont le nom de dieux manes, & plus ordinairement celui de lares : ainsi l’on voit que le nom de génie vint à passer aux manes & aux lares ; enfin il devint commun aux pénates, aux lémures, & aux démons : mais dans le principe des choses, ce fut une plaisante imagination des philosophes, d’avoir fait de leur génie un dieu qu’il falloit honorer ». (D. J.)
Génie, (Philosophie & Littér.) L’étendue de l’esprit, la force de l’imagination, & l’activité de l’ame, voilà le génie. De la maniere dont on reçoit ses idées dépend celle dont on se les rappelle. L’homme jetté dans l’univers reçoit avec des sensations plus ou moins vives, les idées de tous les êtres. La plûpart des hommes n’éprouvent de sensations vives que par l’impression des objets qui ont un rapport immédiat à leurs besoins, à leur goût, &c. Tout ce qui est étranger à leurs passions, tout ce qui est sans analogie à leur maniere d’exister, ou n’est point apperçû par eux, ou n’en est vû qu’un instant sans être senti, & pour être à jamais oublié.
L’homme de génie est celui dont l’ame plus étendue frappée par les sensations de tous les êtres, intéressée à tout ce qui est dans la nature, ne reçoit pas une idée qu’elle n’éveille un sentiment, tout l’anime & tout s’y conserve.
Lorsque l’ame a été affectée par l’objet même, elle l’est encore par le souvenir ; mais dans l’homme de génie, l’imagination va plus loin ; il se rappelle des idées avec un sentiment plus vif qu’il ne les a reçûes, parce qu’à ces idées mille autres se lient, plus propres à faire naître le sentiment.
Le génie entouré des objets dont il s’occupe ne se souvient pas, il voit ; il ne se borne pas à voir, il est ému : dans le silence & l’obscurité du cabinet, il joüit de cette campagne riante & féconde ; il est glacé par le sifflement des vents ; il est brûlé par le soleil ; il est effrayé des tempêtes. L’ame se plaît souvent dans ces affections momentanées ; elles lui donnent un plaisir qui lui est précieux ; elle se livre à tout ce qui peut l’augmenter ; elle voudroit par des couleurs vraies, par des traits ineffaçables, donner un corps aux phantômes qui sont son ouvrage, qui la transportent ou qui l’amusent.
Veut-elle peindre quelques-uns de ces objets qui viennent l’agiter ? tantôt les êtres se dépouillent de leurs imperfections ; il ne se place dans ses tableaux que le sublime, l’agréable ; alors le génie peint en beau : tantôt elle ne voit dans les évenemens les plus tragiques que les circonstances les plus terribles ; & le génie répand dans ce moment les couleurs les plus sombres, les expressions énergiques de la plainte & de la douleur ; il anime la matiere, il colore la pensée : dans la chaleur de l’enthousiasme, il ne dispose ni de la nature ni de la suite de ses idées ; il est transporté dans la situation des personnages qu’il fait agir ; il a pris leur caractere : s’il éprouve dans le plus haut degré les passions héroïques, telles que la confiance d’une grande ame que le sentiment de ses forces éleve au-dessus de tout danger, telles que l’amour de la patrie porté jusqu’à l’oubli de soi-même, il produit le sublime, le moi de Médée, le qu’il mourût du vieil Horace, le je suis consul de Rome de Brutus : transporté par d’autres passions, il fait dire à Hermione, qui te l’a dit ? à Orosmane, j’étois aimé ; à Thieste, je reconnois mon frere.
Cette force de l’enthousiasme inspire le mot propre quand il a de l’énergie ; souvent elle le fait sacrifier à des figures hardies ; elle inspire l’harmonie imitative, les images de toute espece, les signes les plus sensibles, & les sons imitateurs, comme les mots qui caractérisent.
L’imagination prend des formes différentes ; elle les emprunte des différentes qualités qui forment le caractere de l’ame. Quelques passions, la diversité des circonstances, certaines qualités de l’esprit, donnent un tour particulier à l’imagination ; elle ne se rappelle pas avec sentiment toutes ses idées, parce qu’il n’y a pas toûjours des rapports entre elle & les êtres.
Le génie n’est pas toûjours génie ; quelquefois il est plus aimable que sublime ; il sent & peint moins dans les objets le beau que le gracieux ; il éprouve & fait moins éprouver des transports qu’une douce émotion.
Quelquefois dans l’homme de génie l’imagination est gaie ; elle s’occupe des legeres imperfections les hommes, des fautes & des folies ordinaires ; le contraire de l’ordre n’est pour elle que ridicule, mais d’une maniere si nouvelle, qu’il semble que ce soit le coup-d’œil de l’homme de génie qui ait mis dans l’objet le ridicule qu’il ne fait qu’y découvrir : l’imagination gaie d’un génie étendu, aggrandit le champ du ridicule ; & tandis que le vulgaire le voit & le sent dans ce qui choque les usages établis, le génie le découvre & le sent dans ce qui blesse l’ordre universel.
Le goût est souvent séparé du génie. Le génie est un pur don de la nature ; ce qu’il produit est l’ouvrage d’un moment ; le goût est l’ouvrage de l’étude & du tems ; il tient à la connoissance d’une multitude de regles ou établies ou supposées ; il fait produire des beautés qui ne sont que de convention. Pour qu’une chose soit belle selon les regles du goût, il faut qu’elle soit élégante, finie, travaillée sans le paroître : pour être de génie il faut quelquefois qu’elle soit négligée ; qu’elle ait l’air irrégulier, escarpé, sauvage. Le sublime & le génie brillent dans Shakespear comme des éclairs dans une longue nuit, & Racine est toûjours beau : Homere est plein de génie, & Virgile d’élégance.
Les regles & les lois du goût donneroient des entraves au génie ; il les brise pour voler au sublime, au pathétique, au grand. L’amour de ce beau éternel qui caractérise la nature ; la passion de conformer ses tableaux à je ne sais quel modele qu’il a créé, & d’après lequel il a les idées & les sentimens du beau, sont le goût de l’homme de génie. Le besoin d’exprimer les passions qui l’agitent, est continuellement gêné par la Grammaire & par l’usage : souvent l’idiome dans lequel il écrit se refuse à l’expression d’une image qui seroit sublime dans un autre idiome. Homere ne pouvoit trouver dans un seul dialecte les expressions nécessaires à son génie ; Milton viole à chaque instant les regles de sa langue, & va chercher des expressions énergiques dans trois ou quatre idiomes différens. Enfin la force & l’abondance, je ne sais quelle rudesse, l’irrégularité, le sublime, le pathétique, voilà dans les arts le caractere du génie ; il ne touche pas foiblement, il ne plaît pas sans étonner, il étonne encore par ses fautes.
Dans la Philosophie, où il faut peut-être toûjours une attention scrupuleuse, une timidité, une habitude de réflexion qui ne s’accordent guere avec la chaleur de l’imagination, & moins encore avec la confiance que donne le génie, sa marche est distinguée comme dans les arts ; il y répand fréquemment de brillantes erreurs ; il y a quelquefois de grands succès. Il faut dans la Philosophie chercher le vrai avec ardeur & l’espérer avec patience. Il faut des hommes qui puissent disposer de l’ordre & de la suite de leurs idées ; en suivre la chaîne pour conclure, ou l’interrompre pour douter : il faut de la recherche, de la discussion, de la lenteur ; & on n’a ces qualités ni dans le tumulte des passions, ni avec les fougues de l’imagination. Elles sont le partage de l’esprit étendu, maître de lui-même ; qui ne reçoit point une perception sans la comparer avec une perception ; qui cherche ce que divers objets ont de commun & ce qui les distingue entre eux ; qui pour rapprocher des idées éloignées, fait parcourir pas à-pas un long intervalle ; qui pour saisir les liaisons singulieres, délicates, fugitives de quelques idées voisines, ou leur opposition & leur contraste, sait tirer un objet particulier de la foule des objets de même espece ou d’espece différente, poser le microscope sur un point imperceptible ; & ne croit avoir bien vû qu’après avoir regardé long-tems. Ce sont ces hommes qui vont d’observations en observations à de justes conséquences, & ne trouvent que des analogies naturelles : la curiosité est leur mobile ; l’amour du vrai est leur passion ; le desir de le découvrir est en eux une volonté permanente qui les anime sans les échauffer, & qui conduit leur marche que l’expérience doit assûrer.
Le génie est frappé de tout ; & dès qu’il n’est point livré à ses pensées & subjugué par l’enthousiasme, il étudie, pour ainsi dire, sans s’en appercevoir ; il est forcé par les impressions que les objets sont sur lui, à s’enrichir sans cesse de connoissances qui ne lui ont rien coûté ; il jette sur la nature des coups-d’œil généraux & perce ses abîmes. Il recueille dans son sein des germes qui y entrent imperceptiblement, & qui produisent dans le tems des effets si surprenans, qu’il est lui-même tenté de se croire inspiré : il a pourtant le goût de l’observation ; mais il observe rapidement un grand espace, une multitude d’êtres.
Le mouvement, qui est son état naturel, est quelquefois si doux qu’à peine il l’apperçoit : mais le plus souvent ce mouvement excite des tempêtes, & le génie est plûtôt emporté par un torrent d’idées, qu’il ne suit librement de tranquilles réflexions. Dans l’homme que l’imagination domine, les idées se lient par les circonstances & par le sentiment : il ne voit souvent des idées abstraites que dans leur rapport avec les idées sensibles. Il donne aux abstractions une existence indépendante de l’esprit qui les a faites ; il réalise ses fantômes, son enthousiasme augmente au spectacle de ses créations, c’est-à-dire de ses nouvelles combinaisons, seules créations de l’homme : emporté par la foule de ses pensées, livré à la facilité de les combiner, forcé de produire, il trouve mille preuves spécieuses, & ne peut s’assûrer d’une seule ; il construit des édifices hardis que la raison n’oseroit habiter, & qui lui plaisent par leurs proportions & non par leur solidité ; il admire ses systèmes comme il admireroit le plan d’un poëme ; & il les adopte comme beaux, en croyant les aimer comme vrais.
Le vrai ou le faux dans les productions philosophiques, ne sont point les caracteres distinctifs du génie.
Il y bien peu d’erreurs dans Locke & trop peu de vérités dans milord Shafsterbury : le premier cependant n’est qu’un esprit étendu, pénétrant, & juste ; & le second est un génie du premier ordre. Locke a vû ; Shafsterbury a créé, construit, édifié : nous devons à Locke de grandes vérités froidement apperçûes, méthodiquement suivies, séchement annoncées ; & à Shafsterbury des systèmes brillans souvent peu fondés, pleins pourtant de vérités sublimes ; & dans ses momens d’erreur, il plaît & persuade encore par les charmes de son éloquence.
Le génie hâte cependant les progrès de la Philosophie par les découvertes les plus heureuses & les moins attendues : il s’éleve d’un vol d’aigle vers une vérité lumineuse, source de mille vérités auxquelles parviendra dans la suite en rampant la foule timide des sages observateurs. Mais à côté de cette vérité lumineuse, il placera les ouvrages de son imagination : incapable de marcher dans la carriere, & de parcourir successivement les intervalles, il part d’un point & s’élance vers le but ; il tire un principe fécond des ténebres ; il est rare qu’il suive la chaîne des conséquences ; il est prime-sautier, pour me servir de l’expression de Montagne. Il imagine plus qu’il n’a vû ; il produit plus qu’il ne découvre ; il entraîne plus qu’il ne conduit : il anima les Platon, les Descartes, les Malebranche, les Bacon, les Leibnitz ; & selon le plus ou le moins que l’imagination domina dans ces grands hommes, il fit éclorre des systèmes brillans, ou découvrir de grandes vérités.
Dans les sciences immenses & non encore approfondies du gouvernement, le génie a son caractere & ses effets aussi faciles à reconnoître que dans les Arts & dans la Philosophie : mais je doute que le génie, qui a si souvent pénétré de quelle maniere les hommes dans certains tems devoient être conduits, soit lui même propre à les conduire. Certaines qualités de l’esprit, comme certaines qualités du cœur, tiennent à d’autres, en excluent d’autres. Tout dans les plus grands hommes annonce des inconvéniens ou des bornes.
Le sang froid, cette qualité si nécessaire à ceux qui gouvernent, sans lequel on feroit rarement une application juste des moyens aux circonstances, sans lequel on seroit sujet aux inconséquences, sans lequel on manqueroit de la présence d’esprit ; le sang froid qui soumet l’activité de l’ame à la raison, & qui préserve dans tous les évenemens, de la crainte, de l’yvresse, de la précipitation, n’est-il pas une qualité qui ne peut exister dans les hommes que l’imagination maîtrise ? cette qualité n’est-elle pas absolument opposée au génie ? Il a sa source dans une extrème sensibilité qui le rend susceptible d’une foule d’impressions nouvelles par lesquelles il peut être détourné du dessein principal, contraint de manquer au secret, de sortir des lois de la raison, & de perdre par l’inégalité de la conduite, l’ascendant qu’il auroit pris par la supériorité des lumieres. Les hommes de génie forcés de sentir, décidés par leurs goûts, par leurs répugnances, distraits par mille objets, devinant trop, prévoyant peu, portant à l’excès leurs desirs, leurs espérances, ajoûtant ou retranchant sans cesse à la réalité des êtres, me paroissent plus faits pour renverser ou pour fonder les états que pour les maintenir, & pour rétablir l’ordre que pour le suivre.
Le génie dans les affaires n’est pas plus captivé par les circonstances, par les lois & par les usages, qu’il ne l’est dans les Beaux-Arts par les regles du goût, & dans la Philosophie par la méthode. Il y a des momens où il sauve sa patrie, qu’il perdroit dans la suite s’il y conservoit du pouvoir. Les systèmes sont plus dangereux en Politique qu’en Philosophie : l’imagination qui égare le philosophe ne lui fait faire que des erreurs ; l’imagination qui égare l’homme d’état lui fait faire des fautes & le malheur des hommes.
Qu’à la guerre donc & dans le conseil le génie semblable à la divinité parcoure d’un coup d’œil la multitude des possibles, voye le mieux & l’exécute ; mais qu’il ne manie pas long-tems les affaires où il faut attention, combinaisons, persévérance : qu’Alexandre & Condé soient maîtres des évenemens, & paroissent inspirés le jour d’une bataille, dans ces instans où manque le tems de délibérer, & où il faut que la premiere des pensées soit la meilleure ; qu’ils décident dans ces momens où il faut voir d’un coup-d’œil les rapports d’une position & d’un mouvement avec ses forces, celles de son ennemi, & le but qu’on se propose : mais que Turenne & Marlborough leur soient préférés quand il faudra diriger les opérations d’une campagne entiere.
Dans les Arts, dans les Sciences, dans les affaires, le génie semble changer la nature des choses ; son caractere se répand sur tout ce qu’il touche ; & ses lumieres s’élançant au-delà du passé & du présent, éclairent l’avenir : il dévance son siecle qui ne peut le suivre ; il laisse loin de lui l’esprit qui le critique avec raison, mais qui dans sa marche égale ne sort jamais de l’uniformité de la nature. Il est mieux senti que connu par l’homme qui veut le définir : ce seroit à lui-même à parler de lui ; & cet article que je n’aurois pas dû faire, devroit être l’ouvrage d’un de ces hommes extraordinaires[1] qui honore ce siecle, & qui pour connoître le génie n’auroit eu qu’à regarder en lui-même.
Genie, (le) s. m. (Art. milit.) ce mot signifie proprement dans notre langue la science des Ingénieurs ; ce qui renferme la fortification, l’attaque & la défense des places. Voyez Fortification, Attaque, Défense. Il signifie aussi le corps des Ingénieurs, c’est-à-dire des officiers chargés de la fortification, de l’attaque & de la défense des places. Voyez Ingenieur.
C’est à M. le maréchal de Vauban que l’on doit l’établissement du génie ou du corps des Ingénieurs.
« Avant cet établissement rien n’étoit plus rare en France, dit cet illustre maréchal, que les gens de cette profession. Le peu qu’il y en avoit subsistoit si peu de tems, qu’il étoit plus rare encore d’en voir qui se fussent trouvés à cinq ou six siéges. Ce petit nombre d’ingénieurs obligé d’être toûjours sur les travaux étoit si exposé, que presque tous se trouvoient ordinairement hors d’état de servir dès le commencement ou au milieu du siége ; ce qui les empêchoit d’en voir la fin, & de s’y rendre savans. Cet inconvénient joint à plusieurs autres défauts dans lesquels on tomboit, ne contribuoit pas peu à la longueur des siéges, & autres pertes considérables qu’on y faisoit ». Attaque des places par M. le maréchal de Vauban.
Un général qui faisoit un siége avant l’établissement des corps des Ingénieurs, choisissoit parmi les officiers d’infanterie ceux qui avoient acquis quelqu’expérience dans l’attaque des places, pour en conduire les travaux ; mais il arrivoit rarement, comme le remarque M. de Vauban, qu’on en trouvât d’assez habiles pour répondre entierement aux vûes du général, & le décharger du soin & de la direction de ces travaux. Henri IV. avoit eu cependant pour ingénieur Errard de Barleduc, dont le traité de fortification montre beaucoup d’intelligence & de capacité dans l’auteur. Sous Louis XIII. le chevalier de Ville servit en qualité d’ingénieur avec la plus grande distinction. Son ouvrage sur la fortification des places, & celui où il a traité de la charge des gouverneurs, font voir que ce savant auteur étoit également versé dans l’artillerie & le génie ; mais ces grands hommes qui ne pouvoient agir par-tout trouvoient peu de gens en état de les seconder.
Dans le commencement du regne de Louis XIV. le comte de Pagan se distingua beaucoup dans l’art de fortifier. Il fut le précurseur de M. le maréchal de Vauban, qui dans la fortification n’a guere fait que rectifier les idées générales de ce célebre ingénieur ; mais qui a par-tout donné des marques d’un génie supérieur & inventif, particulierement dans l’attaque des places, qu’il a portée à un degré de perfection auquel il est difficile de rien ajoûter.
Le chevalier de Clerville paroît aussi, par les différens mémoires sur les troubles de la minorité du roi Louis XIV, avoir eu beaucoup de réputation dans l’attaque des places. M. de Vauban commença à servir sous lui dans plusieurs siéges ; mais il s’éleva ensuite rapidement au-dessus de tous ceux qui l’avoient précédé dans la même carriere.
Par l’établissement du génie, le roi a toûjours un corps nombreux d’ingénieurs, suffisant pour servir dans ses armées en campagne & dans ses places. On ne fait point de siége depuis long-tems qu’il ne s’y en trouve trente-six ou quarante, partagés ordinairement en brigades de six ou sept hommes, afin que dans chaque attaque on puisse avoir trois brigades, qui se relevant alternativement tous les vingt quatre heures, partagent entr’eux les soins & les fatigues du travail, & le font avancer continuellement sans qu’il y ait aucune perte de tems.
C’est à l’établissement du génie que la France doit la supériorité qu’elle a, de l’aveu de toute l’Europe, dans l’attaque & la défense des places sur les nations voisines.
Le génie a toûjours eu un ministre ou un directeur général, chargé des fortifications & de tout ce qui concerne les Ingénieurs. Voyez Directeur ou Inspecteur général des Fortifications.
L’Artillerie qui avoit toûjours formé un corps particulier sous la direction du grand-maître de l’Artillerie, vient, depuis la suppression de cette importante charge, d’être unie à celui du génie. Par l’ordonnance du 8 Décembre 1755, ces deux corps n’en doivent plus faire qu’un seul sous la dénomination de corps royal de l’Artillerie & du Génie. (Q)
Étymologie de « génie »
Prov. genh, geinh, gienh, ginh ; cat. geni, giny ; esp. et ital. genio ; du lat. genius, génie, démon favorable. Génie est moderne en français ; la forme ancienne aurait été très voisine de celle du provençal, l'accent en latin étant sur ge.
- (Nom 1) (1532)[1] Du latin genius (« démon tutélaire qui préside à la conception, génie »)[2]. Le mot apparait pour la première fois, en français, sous la plume de François Rabelais[1]. Le sens de « art de fortifier, corps militaire en charge des fortifications » est dû à l’influence de ingénieur[1] qui lui est apparenté.
- (Nom 2) Croisement du précédent avec l’arabe جِنٌّ (jinnũ) (« djinn ») ; esprit, démon.
Phonétique du mot « génie »
Mot | Phonétique (Alphabet Phonétique International) | Prononciation |
---|---|---|
génie | ʒeni |
Fréquence d'apparition du mot « génie » dans le journal Le Monde
Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.
Évolution historique de l’usage du mot « génie »
Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.
Citations contenant le mot « génie »
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À moins d'être un génie, il vaut mieux s'efforcer d'être intelligible.
sir Anthony Hope Hawkins, dit Anthony Hope — The Dolly Dialogues -
Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie !
Pierre Augustin Caron de Beaumarchais — Le Mariage de Figaro, V, 3 -
Le génie abaisse davantage qu'il n'élève ; l'idée du génie empêche d'être simple, engage à montrer l'essentiel, à dissimuler ce qui décevrait : il n'est pas de génie concevable sans art.
Georges Bataille — L'expérience intérieure -
Le crétin diffère moins de l'homme ordinaire que celui-ci ne diffère de l'homme de génie.
Gustave Flaubert — Carnets -
Le génie est une question de muqueuses. L'art est une question de virgules.
Léon-Paul Fargue — Sous la lampe -
Le devoir est de vaincre, et un inéluctable despotisme participe du génie.
Stéphane Mallarmé — Les Poèmes d'Edgar Poe, Scolies -
[Balzac,] son métier c'est son génie.
Maurice Barrès — Mes cahiers, Plon -
Tout enfant est en quelque façon un génie, et tout génie un enfant.
Arthur Schopenhauer -
Que j'aimerais […] qu'on serve les fatalités de sa nature avec intelligence : il n'y a pas d'autre génie.
Louis Poirier, dit Julien Gracq — Un beau ténébreux, José Corti -
Extension de noblesse oblige : le génie n'oblige pas moins que la noblesse.
Franz Liszt — Über Paganini
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Traductions du mot « génie »
Langue | Traduction |
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Anglais | engineering |
Espagnol | genio |
Italien | genio |
Allemand | genius |
Chinois | 天才 |
Arabe | العبقري |
Portugais | gênio |
Russe | гениальность |
Japonais | 天才 |
Basque | jenio |
Corse | genius |
Synonymes de « génie »
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