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Génie

Définitions de « génie »

Trésor de la Langue Française informatisé

GÉNIE, subst. masc.

I. − Divinité, être surnaturel ou allégorique.
A. − Divinité influant sur la destinée d'une personne, d'une collectivité.
1. MYTH. ANTIQUE. Être divin ayant une fonction de guide et de protecteur, immanent à chaque individu dont il symbolise l'être spirituel et à la destinée duquel il préside. Le génie de Socrate (cf. démon A 1 a). On invoquait la puissance génératrice pour la terre et pour l'homme. Comme en Étrurie, chaque homme avait son génie protecteur, son Jupiter; chaque femme, sa Junon (Michelet, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 29).Comme personnification de l'être, le génie personnel est une force intérieure génératrice d'optimisme (P. Grimal, Dict. de la myth. gr. et romaine, Paris, P.U.F., 1951, p. 165).
Divinité tutélaire présidant à la destinée d'une collectivité, d'une organisation, d'un lieu. Génie protecteur du foyer, de la cité; génie tutélaire. Ô César, tu mourras sous une arme romaine. (...) Et ton culte proscrit avec toi périra. Et moi, je te suivrai, car je suis le Génie De Rome et de l'Empire (Ménard, Rêv. païen mystique,1876, p. 227).
2. Être surnaturel, esprit bon ou mauvais, inspirant une personne et influant sur sa destinée. Bon, mauvais génie; génie familier; être guidé par un malin génie. « Aimable Sara! » pensais-je, « mon bon génie t'a destinée à me donner tous les plaisirs!... » (Restif de La Bret., M. Nicolas,1796, p. 51).Le bon goût du comte, peut-être les conseils de son génie domestique, se montrèrent dans les circonstances nouvelles où le mettait le triomphe de sa cause (Balzac, Lys,1836, p. 104).Ce n'était pas moi qui agissais ainsi, mais mon destin, mon mauvais génie, je ne sais quel être qui habitait le mien, mais qui n'y était pas né (Musset, Confess. enf. s.,1836, p. 357) :
1. Baccarat avait trop attendu, le poison avait été plus prompt qu'elle, et Daï-Natha emportait dans la tombe le dernier mot de cette épouvantable énigme, le nom de cet homme, qu'une sorte de génie infernal, de divinité du mal semblait protéger sans cesse. Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 299.
3. P. anal. Personne dont l'influence est déterminante, en bien ou en mal, sur une personne, un organisme ou une institution. L'intention de l'auteur a été de faire d'Hildegonde et d'Honoria le bon et le mauvais génie d'Attila (Staël, Allemagne, t. 3, 1810, p. 146).N'abdiquez pas, belle tante, dit Théodose (...), vous êtes le bon génie de la famille (...). Vous rentrerez dans quarante mille francs d'ici à deux mois (Balzac, Pts Bourg.,1850, p. 180) :
2. Des Combes était un ami du patron, le bon génie du Théâtre des Carmes, le personnage providentiel qui toujours trouvait dix mille francs pour une fin de mois, celui qu'on envoyait discuter avec la propriétaire ou avec l'un des deux sous-locataires, l'homme de tous les dévouements, de tous les sacrifices et de toutes les corvées. Duhamel, Suzanne,1941, p. 12.
Rem. La docum. atteste un emploi dans ce sens désignant une qualité ou une passion : Cet esprit de contestation, qui fut le génie tourmenteur de Descartes (G. Bataille, Exp. int., 1943, p. 165). V. infra B malin génie.
B. − P. ext. Être surnaturel, mythique, doué de pouvoirs magiques. Synon. djinn, efrit, elfe, esprit, lutin, péri, sylphe.Génie des bois, des eaux, des sources; bon, mauvais génie; génie bienveillant, malfaisant; génie ailé, infernal; apparition d'un génie. Ces bienfaisans génies sont apparemment chargés de présider aux moissons, aux fontaines, aux rosées, aux fleurs et aux fruits de la terre (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 313).Les fées et les génies! Où étaient-ils, ces êtres qui pouvaient tout, et qui, d'un coup de baguette, vous faisaient entrer dans un monde de merveilles? (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 273).Les Touareg redoutent les ilhinen, les génies au front cornu, qui ont une queue, du poil pour vêtement, font mourir les troupeaux et tomber les hommes en catalepsie (Benoit, Atlant.,1919, p. 109) :
3. ... je crois certainement qu'il y a dans chaque planète un génie qui en règle les mouvements, et auquel il a été donné de voir l'ensemble de nos mondes, qu'à peine l'homme peut entrevoir. Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 364.
Malin génie. [P. allus. au malin génie trompeur de Descartes] Un malin génie, plus puissant encore que le malin génie de Descartes (Bergson, Essai donn. imm.,1889, p. 150) :
4. La conscience que j'ai de construire une vérité objective ne me donnerait jamais qu'une vérité objective pour moi, mon plus grand effort d'impartialité ne me ferait pas surmonter la subjectivité, comme Descartes l'exprime si bien par l'hypothèse du malin génie, si je n'avais, au-dessous de mes jugements, la certitude primordiale de toucher l'être même... Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 408.
Rem. La docum. atteste qq. emplois dans ce sens en parlant d'une pers. Les métaphores les plus obsédantes d'un Lautréamont, ce mauvais génie de la nuit (Cendrars, Lotiss. ciel, 1949, p. 221).
C. − Être allégorique personnifiant un principe, une maladie, un fléau quelconque, une idée abstraite. Génie de l'amour, des arts, de la gloire, du mal. Sont-ce là des manières et des chants dignes du génie de la nature qui vous voit et vous entend? (Dusaulx, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 250).Xerxès fuit à Salamine devant le génie de la liberté (Chateaubr., Essai Révol., t. 1, 1797, p. 307).C'est l'heure où le génie de la poésie va ceindre de l'auréole celui d'entre eux qui doit continuer l'héritage du grand vieillard [Goethe] (Quinet, All. et Ital.,1836, p. 29) :
5. Tarrou (...) après avoir noté dans ses carnets que les Chinois (...) vont jouer du tambourin devant le génie de la peste, remarquait qu'il était absolument impossible de savoir si, en réalité, le tambourin se montrait plus efficace que les mesures prophylactiques. Il ajoutait seulement que, pour trancher la question, il eût fallu être renseigné sur l'existence d'un génie de la peste et que notre ignorance sur ce point stérilisait toutes les opinions qu'on pouvait avoir. Camus, Peste,1947, p. 1293.
P. méton. Représentation de cet être allégorique. Le génie de la Bastille. Joséphie, qui, par sa gravité enfantine et sa beauté charmante, lui rappela ces génies de l'Amour et de la Mort, que les Romains sculptaient sur leurs sarcophages (A. France, Dieux ont soif,1912, p. 199).Des adolescents aux sourcils froncés étaient accoudés à l'entrée du métropolitain, comme des génies du Sommeil appuyés contre un tombeau (Montherl., Célibataires,1934, p. 850).Quatre figures colossales de génies marquent les points cardinaux : ce sont : Sed, taureau à face humaine; Nergal, lion à face humaine; Oustour, l'homme; Nattig, à tête d'aigle (Valéry, Variété III,1936, p. 124).Les fauteuils utilisent volontiers la simple volute, en guise de console d'accotoirs à la place de génie ailé ou de tout autre monstre extraordinaire (Viaux, Meuble Fr.,1962, p. 147).
II. − Aptitude, faculté, ensemble de caractères.
A. −
1. Class. et littér. [En parlant d'une pers.] Nature (bonne ou mauvaise), ensemble des aptitudes innées, des facultés intellectuelles, des dispositions morales. Génie borné; pauvre, petit génie; suivre son génie, forcer son génie (Ac.). Le paysan est tout à fait barbare vers Rhodez et Sarlat, mais rien n'égale son génie naturel (Stendhal, Mém. touriste, t. 1, 1838, p. 103).L'intelligence et le génie naturel ont été répartis par la nature avec une telle économie et une si grande providence, que l'organisme social n'a jamais à redouter ni surabondance ni disette de talents spéciaux (Proudhon, Propriété,1840, p. 309).Des hommes d'un génie étroit et ignorant, ou d'un génie vaste et instruit (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 629).Leur génie ordinaire ne s'élevait pas jusqu'à ces coups d'audace (De Vogüé, Morts,1899, p. 313).
P. ext., mod. Ensemble des tendances spécifiques et distinctives (caractérisant une réalité concrète, une personne, une communauté). Le génie moderne; le génie d'une époque, de l'espèce, d'une race. L'action de donner est ce qu'il y a de plus contraire au génie bourgeois (Bloy, Lieux communs,1902, p. 160).MmeÉmilie, vivant aux crochets de son frère, et n'ayant à penser à rien, et rien à faire, n'avait jamais une minute : c'est le génie féminin (Montherl., Célibataires,1934, p. 805).
[En parlant d'une langue] L'histoire de l'orthographe sera instructive, non-seulement sur l'origine des mots, mais sur la manière dont le génie de chaque langue tend à les modifier par l'usage (Destutt de Tr., Idéol. 2,1803, p. 384).Du moins le lecteur pénètre ici dans le génie de la langue anglaise; il apprend la différence qui existe entre les régimes des verbes dans cette langue et dans la nôtre (Chateaubr., Paradis perdu,1836, p. vii).Votre tournure de phrase est toute française et nullement latine. Il faut comprendre le génie d'une langue (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Quest. du lat., 1886, p. 566) :
6. J'ai soutenu qu'on pouvait obtenir en français une poésie légèrement mais nettement rythmée, qu'il n'y avait qu'à accentuer certains mots choisis pour leur sens et leur rôle dans le vers; que dans : « Ô toi que la nuit rend si belle », toi, nuit et belle étaient accentués et que les autres mots tombaient en route. Le malheur est qu'on récite les vers tout uniment, comme si c'était de la prose (...) les tentatives de Claudel sont contraires au génie de la langue. Green, Journal,1952, p. 163.
[En parlant d'un lieu, d'un pays] Le génie de la Grèce, de Rome. Je sentis aussi ce que l'on sent rarement à fond : le génie d'un lieu. Celui-ci, dans ce lourd été, a une puissance de concentration absorbante et pourtant féconde (Michelet, Journal,1857, p. 341).Ma tante avait le génie de sa province, l'amour des choses surannées, la peur des changements, l'horreur des nouveautés qui font du bruit (Fromentin, Dominique,1863, p. 68).Le génie de Venise respire tout entier dans ce splendide chef-d'œuvre [les Noces de Cana] avec son insouciance cosmopolite, son mélange de tous les costumes (Gautier, Guide Louvre,1872, p. 40).
[En parlant d'un peuple, d'une race, etc.] Génie national; génie allemand, français; génie d'une nation. Pour juger du génie d'un peuple, le vrai philosophe ne s'attache pas à découvrir çà et là quelques grands hommes (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 593).Le génie d'un peuple a beau plier sous une influence étrangère, il se redresse; car elle est temporelle et il est éternel (Taine, Philos. art, t. 2, 1865, p. 37).Ce tableau [la Sainte Famille de Rembrandt] si contraire au génie italien, c'est l'évangile traduit en langue vulgaire à l'usage des pauvres gens et des humbles de cœur (Gautier, Guide Louvre,1872, p. 57) :
7. Si nous nous représentons l'Allemagne, c'est encore l'Allemagne telle que la dépeignait Madame de Staël, un pays d'extase, un rêve continuel, une science qui se cherche toujours, un enivrement de théorie, tout le génie d'un peuple noyé dans l'infini... Quinet, All. et Ital.,1836, p. 2.
[En parlant d'une relig.] Le génie catholique, chrétien. Il y a beaucoup d'art et même de talent dans le Génie du Christianisme, mais (...) il ne s'y trouve pas apparence de bon sens (Delécluze, Journal,1827, p. 371).Le titre de Génie du Christianisme que je trouvai sur-le-champ m'inspira; je me mis à l'ouvrage (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 492).
2. Génie de.[Le compl. prép. désigne une activité, une action, une manière d'être ou de faire] Aptitude, disposition naturelle et remarquable (pour quelque chose de bon ou de mauvais). Génie de l'action, de l'administration, de l'intrigue, de la destruction; avoir le génie de l'à-propos, du commerce. Un grand casque de fer dans lequel on broyait la tête des suspects. Ce casque est lui-même d'une beauté étudiée. Venise poussa le génie des arts plastiques jusque dans la torture (Quinet, All. et Ital.,1836p. 149).La troisième [femme avait] la répartie soudaine et le génie du mot (Goncourt, Journal,1864, p. 11).M. Octave, cédant à son génie de n'aborder jamais une question franchement, au lieu de parler du fait nouveau, qui était la nouvelle dette, prit la question par la bande (Montherl., Célibataires,1934p. 807) :
8. Cette réputation de grand lettré, jointe à un véritable génie d'intrigue caché sous le masque de l'indifférence, avait fait entrer M. de Norpois à l'Académie des Sciences morales. Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 462.
[Sans compl. prép. de] :
9. L'enfant avait un pouvoir singulier de lire dans la pensée de sa mère. On trouve assez souvent − mais à ce degré, rarement, − ce génie instinctif chez les êtres du même sang : à peine ont-ils besoin de se regarder, pour savoir ce que l'autre pense; ils le devinent, à mille indices imperceptibles. Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1521.
Rem. La docum. atteste des emplois de génie dans ce sens a) [avec un compl. prép. introd. par pour] Avoir du génie pour le commerce, pour la politique. Le père donna l'accord, et tous quatre commencèrent avec cet ensemble, ce génie inné pour la musique que les Allemands seuls possèdent (Karr, Sous tilleuls, 1832, p. 280). M. de Vaize? Ce pair de France qui a tant de génie pour l'administration? (Stendhal, L. Leuwen, t. 2, 1835, p. 238). b) [avec un adj. indiquant un domaine d'activité] Génie administratif, politique. Rarement les pays très-favorisés de la nature ont eu le génie mercantile (Chateaubr., Essai Révol., t. 1, 1797, p. 312). Elle (...) s'ingéniait pour accroître la prospérité de la maison, trouvait des dessins d'étoffes et déployait un génie commercial inné (Balzac, C. Birotteau, 1837, p. 382). Je ne vous expliquerai pas (...) la nature de l'entreprise inventée par le génie financier de Nucingen (Id., Mais. Nucingen, 1838, p. 640).
SYNT. Génie des affaires, d'analyse, de l'audace, de la chicane, de la corruption, de la destruction, du faux, du mal, de l'observation, de l'organisation, de la perversité.
B. −
1. Aptitude, faculté supérieures de l'esprit portées au-delà du niveau commun (se manifestant dans des entreprises, des inventions, des créations jugées exceptionnelles ou extraordinaires). Génie admirable, élevé, étonnant, puissant; créations, découvertes du génie; avoir du génie. L'invention, cette première faculté de l'intelligence humaine, à laquelle on a donné le nom de génie (Condorcet, Esq. tabl. hist.,1794, p. 191).Le génie est l'instinct de tout voir et de tout comprendre, et le talent est le don de tout rendre et de tout exprimer (Chênedollé, Journal,1833, p. 162).Trois facultés (...) composent le génie : l'intelligence pour percevoir, l'imagination pour idéaliser, la volonté pour réaliser (Ozanam, Philos. Dante,1838, p. 73).Le génie, c'est d'avoir à la fois la faculté critique et les dons du simple. Le génie est enfant; le génie est peuple, le génie est simple (Renan, Avenir sc.,1890, p. 469).C'est le propre des grandes créations du génie humain qu'elles échappent aux intentions de leur auteur et qu'elles les débordent (Mauriac, Journal 2,1937, p. 173).Rimbaud satisfait exactement l'idée dramatique, fulgurante et courte, que les gens se font du génie (Cocteau, Poés. crit. I,1959, p. 82) :
10. Je parlai (...) de la grandeur de Napoléon; je m'exaltai, je vantai son génie universel, qui devinait les lois en faisant les codes, et l'avenir en faisant des événements. J'appuyai avec insolence sur la supériorité de ce génie, comparée au médiocre talent des hommes de tactique et de manœuvre. Vigny, Serv. et grand. milit.,1835, p. 186.
Rem. Génie, dans cet emploi, connote souvent l'idée du surhumain, d'un destin tragique ou dramatique (v. supra ex. de Cocteau). M. Tournier (Le Vent Paraclet, Paris, Gallimard, 1977, pp. 296-297) note, à ce propos : ,,Jean Cocteau (...) voulait que l'idée de génie fût humanisée, dédramatisée, replacée au niveau de tous les jours. « J'aime beaucoup, écrit-il [dans Le Foyer des artistes 1957], la façon désinvolte avec laquelle Stendhal emploie le mot génie. Il trouve du génie à une femme qui monte en voiture, à une femme qui sait sourire, à un joueur de cartes qui laisse gagner son adversaire. » Après Stendhal, on s'est fait une tout autre idée du génie. On l'a confisqué à tout un chacun pour l'accumuler sur la tête de quelques privilégiés qui s'appelaient Beethoven, Balzac, Victor Hugo, Wagner. Ces phares se dressaient au-dessus d'une foule stupide, stérile, antigéniale, le fameux « bourgeois » de Flaubert. Vision malheureuse, navrante et de surcroît mensongère. (...) tout le monde a du génie, lequel n'est pas un énorme et solitaire diamant, mais une poussière scintillante pulvérisée sur tous les hommes. C'est la chose la plus naturelle, la plus quotidienne``.
SYNT. Génie humain, génie de l'homme; génie audacieux, aventureux, créateur, entreprenant, exceptionnel, extraordinaire, fougueux, inquiet, inventif, profond, supérieur; empreinte, inspiration, instinct, intuition du génie; productions du génie; profondeur, rayonnement, supériorité du génie; admirer le génie; croire en son génie; être doué de génie, inspiré par le génie; manquer de génie; il y a du génie dans (qqc., qqn).
[Suivi d'un n. de pers. introd. par de, ou d'un adj. dér. d'un n. de pers.] Le génie de Molière, de Voltaire, de Shakespeare; le génie mozartien; l'essence de l'art et du génie beethovenien. Ce qui est sans égal et sans pareil, c'est Werther : on voit là tout ce que le génie de Goethe pouvoit produire quand il étoit passionné (Staël, Allemagne, t. 3, 1810, p. 246).Ce ne sont pas les masses qui ont compris le marxisme, c'est le génie de Marx qui les a devinées (Lacroix, Marxisme, existent., personn.,1949, p. 41) :
11. ... c'est dans ce combat extraordinaire de la sonate op. 106, livré par le génie de Beethoven, par tout son être − (forces obscures et, à leur suite, raison puissante, et volonté qui les maîtrise et les organise) − qu'est gagnée, en janvier 1819, la première, l'éclatante victoire, qui lui rendra la pleine confiance dans sa force et lui donnera l'audace joyeuse du corps-à-corps avec la Messe et la Neuvième, − les deux Titans. Rolland, Beethoven, t. 1, 1937, p. 214.
[Suivi d'un compl. introd. par de désignant un art, une sc. ou la pers. qui l'exerce, ou de l'adj. dér.] Génie de la poésie; génie du poète, du musicien; génie comique, dramatique, épique, géométrique, mathématique, musical, philosophique, scientifique. Il jugeait le plus grand effort du génie oratoire, et il trouvait Cicéron bien supérieur à Bossuet (Chênedollé, Journal,1821, p. 109).Son incontestable génie littéraire [de Renan] masqua la débilité de sa pensée à une époque plus soucieuse d'être séduite que d'être conduite (Massis, Jugements,1923, p. 12) :
12. Le génie poétique n'est pas le don verbal (le don verbal est nécessaire, quand il s'agit de mots, mais il égare souvent) : c'est la divination des ruines secrètement attendues, afin que tant de choses figées se défassent, se perdent, communiquent. Rien n'est plus rare. Cet instinct qui devine et le fait à coup sûr exige même, de qui le détient, le silence, la solitude : et plus il inspire, d'autant plus cruellement il isole. G. Bataille, Exp. int.,1943, p. 229.
Loc. proverbiale. Le génie est une longue patience. Par allus. Génie! Ô longue impatience! (Valéry, Charmes,1922, p. 144) :
13. Il construit un livre comme un maçon fait un mur, en mettant des moellons l'un sur l'autre, sans se presser, indéfiniment. Vraiment cela est beau dans son genre, et c'est peut-être une des formes de la longue patience dont parle Buffon et qui serait du génie. Lemaitre, Contemp.,1885, p. 268.
Rem. Littré attribue la phrase Le génie n'est autre chose qu'une grande aptitude à la patience à Buffon dans son Discours de réception à l'Académie, mais elle ne s'y trouve pas; Lal. 1968 mentionne une expr. légèrement différente rapportée par Hérault de Séchelles dans son Voyage à Montbard (p. 15) : M. de Buffon me dit (...) un de ces mots capables de produire un homme tout entier : le génie n'est qu'une plus grande aptitude à la patience.
Loc. prép. De génie. [Correspond à génial]
[En parlant d'une chose] Qui relève du génie, qui en est la marque, qui en a les caractères. Éclair, intuition, invention, œuvre de génie. Nos maîtres dans les écoles (...) nous ont-ils assez rebattu les oreilles avec le coup de génie d'Euclide sur le sujet des parallèles? (Nizan, Chiens garde,1932, p. 170).Lorsque Rabelais, dans Pantagruel, par un extraordinaire trait de génie inventif, imagine les « paroles gelées », il fait plus que préfigurer l'enregistrement du son (Schaeffer, Rech. mus. concr.,1952, p. 40).
[Avec un sens affaibli] Ingénieux, astucieux. Par une inspiration de génie, je portai la main à ma poche et en tirai mon discours pour le remettre au sténographe du Moniteur. Cette idée lumineuse me sauva (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 364) :
14. ... je dessinais sur la table de la salle à manger (...). J'avais déjà tracé cinq ou six soldats, par ma méthode ordinaire que je pratiquais avec facilité. Tout à coup, dans un éclair de génie, j'eus l'idée de représenter les bras et les jambes, non plus par un seul trait, mais au moyen de deux lignes parallèles. A. France, Pt Pierre,1918, p. 36.
[En parlant d'une pers.] Qui a du génie. Artiste, musicien, peintre, poète, sculpteur de génie; inventeur de génie; gens de génie. Écrivains de génie qui créent leur langue comme leurs idées, tels sont Pascal, Bossuet, Corneille (Chênedollé, Journal,1823, p. 124).Être une honnête et prude femme pour le monde, et se faire courtisane pour son mari, c'est être une femme de génie, et il y en a peu (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 279).Une des fonctions essentielles des hommes de génie ou, plus simplement, des bons esprits, est de découvrir les mots nouveaux qui s'appliquent aux choses nouvelles (J.-R. Bloch, Dest. du S.,1931, p. 150) :
15. ... un maître inconnu, l'homme de génie qui peignit pour le Roi René le manuscrit du « Cœur d'Amour épris » avait, dans une suite de prodigieux chefs-d'œuvre, précisé les variations de la clarté et de l'ombre au gré des heures. Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 147.
2. P. méton. Personne qui a du génie. Un grand génie; un génie incompris, méconnu, sublime. Un de ces génies bruts, de ces Pascal de village, qui semblent deviner les arts que les autres apprennent (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 113).Les grands génies négligent les petites choses (Proudhon, Propriété,1840, p. 175).Un groupe incomparable de génies, Goethe, Schiller, Kant, Beethoven sont venus le révéler à lui-même [le peuple allemand] (Renan, Avenir sc.,1890, p. 459).On s'habitue trop vite à faire un génie du moindre jeune homme bien doué (Rivière, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1907, p. 174).
Fam. Ce n'est pas un génie (!) C'est quelqu'un de médiocre. Synon. ce n'est pas un aigle.
Rem. Génie a dans cet emploi une valeur superl. plus forte que dans II B 1; ,,il ne s'applique qu'au petit nombre d'hommes dont l'apport marque d'une forte empreinte l'histoire de l'humanité`` (Rob.).
III. − Domaine des arts et des techniques.
A. − Génie militaire ou, p. ell., génie. Ensemble des techniques concernant les travaux de déblaiement, de fortification, de l'aménagement des moyens de communication, des transmissions. Les progrès du génie militaire au xviiesiècle (P. Lavedan, Urban.,1926, p. 159).
P. méton. Arme, service de l'armée chargé de ces travaux. Officier, soldat du génie; une compagnie du génie; le corps du génie militaire; école du génie. La nouvelle situation faite à la France, au point de vue de la défense de son territoire, crée de grandes obligations au génie militaire (Davout, Réorg. milit.,1871, p. 62).Les forces avancées avaient reçu l'ordre (dit-on) d'attendre l'arrivée du génie avant de franchir le fleuve. Le génie devait reconstruire le pont (Gide, Journal,1944, p. 266).
B. − P. anal. Génie génétique*.
1. Génie civil. Art et techniques des constructions civiles; p. méton., ensemble des ingénieurs civils. Les ouvrages du génie civil se sont trouvés complètement transformés par l'emploi du béton armé (Arts et litt.,1935, p. 2010).
2. Génie maritime. Art et technique de la construction navale; p. méton., corps d'ingénieurs militaires chargé de la construction des navires militaires. Des officiers du corps du génie maritime (Encyclop. éduc.,1960, p. 236).Les ingénieurs du Génie maritime français mirent au point le FNRS III, petit sous-marin des grandes profondeurs et premier bathyscaphe utilisable (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 686).
3. Génie rural. ,,Technique des améliorations réalisables à la campagne, concernant le sol ou la vie rurale`` (Plais.-Caill. 1958); p. méton., ,,administration ou corps d'ingénieurs chargés de cette fonction`` (Plais.-Caill. 1958). La recherche des propriétés et des exploitations, leur localisation, la détermination de la valeur des terres sont effectuées par les géomètres et ingénieurs du génie rural (Colloque géogr. appl.,1962, p. 40).
4. Génie chimique. ,,Science qui concerne les procédés industriels de transformation physico-chimique des matières premières en produits utiles à l'homme`` (Le CNRS en Champagne-Lorraine, Paris, CNRS, 1980, p. 30). Le génie chimique, science pluridisciplinaire pour l'ingénieur, contribuera à la solution de nombreux problèmes qui conditionnent l'avenir de notre société (Le CNRS en Champagne-Lorraine, Paris, CNRS, 1980, p. 31).
Prononc. et Orth. : [ʒeni]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. I. 1. 1532 « caractère, tendance naturelle de l'esprit » (Rabelais, Pantagruel, VI, éd. V. L. Saulnier, pp. 33-34); 1789 péj. avoir le génie de l'inaction (Staël, Lettres jeun., p. 460); 2. 1637 « aptitude particulière, accompagnée d'une grande puissance créatrice » (Chapelain, Les Sentiments de l'Académie sur la Tragi-Comédie du Cid ds Z. rom. Philol. t. 66, p. 186); 1697 « homme de génie » (Bayle, cité par H. Sommer, Génie, Beiträge zur Bedeutungsgeschichte des Wortes d'apr. FEW t. 4, p. 105b); 3. 1641 « caractère propre (ici d'un peuple) » (Corneille, Cinna, II, 1). II. 1. 1571 « esprit bon ou mauvais qui, dans la croyance des Anciens, présidait à la vie de chaque homme » (Ronsard, Poëmes, L. II, éd. P. Laumonnier, X, 303, 78); d'où 1637 « être mythique bon ou mauvais qui influe sur la destinée » (Malherbe, Epitre, 41, éd. Ad. Régnier, II, 411 : c'est le fait du bon génie ou d'une vertu divine qui est dans l'homme de bien); 1689 (Mmede Sévigné, Lettres, éd. M. Monmerqué, IX, 144 : il assure que vous êtes son bon génie); 2. 1704 sculpt. (Trév. : figures d'enfans aîles, avec des attributs, qui servent dans les ornemens à representer les vertus, et les passions); 3. 1791 « être surnaturel doué d'un pouvoir magique » (Volney, Ruines, p. 305 : Le génie du mal Ahrimane, figuré par la constellation du serpent). III. 1. Av. 1708 « art de fortifier » (Vauban, Mémoire pour servir d'instruction dans la conduite des sièges ds Fr. mod. t. 17, p. 67); 2. 1835 génie militaire (Boucher); 3. id. génie des Ponts et Chaussées (ibid.). Empr. au lat.genius « démon tutélaire qui préside à la conception, donc à la destinée d'un homme »; le sens de « caractère » est attesté dès le lat. du Bas Empire (TLL s.v., VI, 2, 1831). Le sens III est dû à l'infl. de ingénieur*. Fréq. abs. littér. : 9 926. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 21 418, b) 10 939; xxes. : a) 12 333, b) 10 657. Bbg. Besser (G.R.). Balzac's concept of genius. Genève-Paris, 1969, 286 p. - Christmann (H.-H.). Bemerkungen zum génie de la langue. In : [Mél. Klein (H.-W.)]. Göppingen, 1976, pp. 65-79; Zu den Begriffen génie de la langue und analogie in der Sprachwissenschaft des 16. bis 19. Jahrhunderts. Beitr. rom. Philol. 1977, t. 16, no1, pp. 91-94. - Matoré (G.), Greimas (A.-J.). La Naissance du génie au 18es. Fr. mod. 1957, t. 25, pp. 256-272. - Meissner (F.-J.). Wortgeschichtliche Untersuchungen im Umkreis von fr. enthousiasme und génie. Genève, 1979, 386 p. - Rosiello (L.). Analisi semantica dell'espressione genio della lingua... Quaderni dell' Istituto di glottologia. 1961, t. 6, pp. 89-102. - Schober (R.). Von der wirklichen Welt in der Dichtung. Berlin, 1970, p. 177, 419. - Willard (N.). Le Génie et la folie au 18es. Paris, 1963, 176 p. - Zumthor (P.), Sommer (H.). À propos du mot génie. Z. rom. Philol. 1950, t. 66, pp. 170-201.

Wiktionnaire

Nom commun 2 - français

génie \ʒe.ni\ masculin

  1. Djinn, esprit bon ou mauvais de la littérature arabe.
    • Au bout de trois jours, sentant ses forces diminuer, il (Aladin) implora Dieu en joignant les mains et ainsi frotta l’anneau que le magicien avait passé à son doigt. Aussitôt un génie à la figure effroyable lui apparut et dit :
      — Que veux-tu, je suis prêt à t’obéir comme ton esclave et l’esclave de tous ceux qui ont l’anneau au doigt !
      — (Albert Robida, Aladin)
  2. Esprit bon ou mauvais de la culture vietnamienne.
    • Dans l’esprit des H’mông, chaque forêt est gérée par un génie. Le culte consacré au génie de la forêt est lié étroitement à la protection des forêts. De plus, ce culte a pour but de solliciter une météo clémente propice à d’abondantes récoltes.
      Les H’mông pratiquent le culte dédié au génie de la forêt au premier jour du Nouvel an lunaire car ils pensent que c’est le jour le plus approprié de l’année.
      — (Le Courrier du Vietnam, Le culte dédié au génie de la forêt, trait culturel original des H’mông, lecourrier.vn, 16 février 2021)

Nom commun 1 - français

génie \ʒe.ni\ masculin et féminin identiques

  1. (Mythologie) Esprit ou démon qui, selon les Romains, présidait à certains lieux, à des villes, etc. — Note : Il se dit aussi des gnomes, des sylphes, des ondins et autres personnages fantastiques, qu’on trouve dans les traditions populaires et dans les contes de fées.
    • Quand les temps sont durs et que la souffrance risque de dépasser ses forces de résistance, le paysan ira rendre visite au génie protecteur du village, petit monstre hilare ou grimaçant et barbouillera prudemment ses lèvres gourmandes des restes d’un pot d’opium ? — (Albert Gervais, Æsculape dans la Chine en révolte, Gallimard, 1953, page 20)
  2. Entité magique bonne ou mauvaise ayant une influence sur la destinée.
    • C’est votre bon génie qui vous a inspiré ce dessein.
    • Une génie donc, l’ayant aperçue de nuit, et, pour ne vous rien cacher, en liquette, — dont l’on voyait issir ses pieds roses, — en demeura incendiée d’admiration, et fit part de sa découverte à un génie mâle. — (Paul-Jean Toulet, Béhanzigue, Amiens, 1921, page 64)
  3. (Par extension) Personne qui par ses conseils ou ses exemples influe sur la vie d’une autre.
    • Cet homme fut son mauvais génie.
    • Sa sœur fut son bon génie.
  4. (Familier) Talent inné et exceptionnel d’une personne.
    • Avoir du génie pour les affaires, pour la poésie. Avoir le génie de la peinture, de la musique, etc.
  5. (Par extension) Personne douée d’un talent exceptionnel dans un domaine.
    • Ce joueur d’échec est un génie !
    • John McEnroe est un génie du tennis.
    • Le plus rare génie est toujours en rapport avec les lumières de ses contemporains, et l’on doit calculer, à peu près, de combien la pensée d’un homme peut dépasser les connaissances de son temps. Homère a recueilli les traditions qui existaient lorsqu’il a vécu, et l’histoire de tous les événements principaux était alors très poétique en elle-même. — (Germaine de Staël, De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales, 1800)
    • Voilà le point central : ce que le clergé littéraire ou intellectuel ne supporte pas, dans sa médiocrité « manquant de force et d’haleine », c’est que la perfection aille directement au public, qu’il y ait donc une alliance naturelle entre le génie et le peuple. — (Philippe Sollers, Éloge de l’infini, Gallimard, page 436)
  6. (Par extension) Qualité des esprits supérieurs qui les rend capables de créer, d’inventer, d’entreprendre des choses extraordinaires, etc.
    • À soixante-douze ans, il avait spéculé sur les cotons, en croyant au génie de Napoléon, sans savoir que le génie est aussi souvent au-dessus qu’au dessous des événements. — (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
    • Les hommes qui ont reçu une éducation primaire ont, en général, la superstition du livre, et ils attribuent facilement du génie aux gens qui occupent beaucoup l'attention du monde lettré ; […]. — (Georges Sorel, Lettre à Daniel Halévy, 15 juillet 1907, dans Réflexions sur la violence, 1908)
    • Le génie de la Résistance, c’est d’avoir su conjoindre, face à une même urgence historique, toutes les forces spirituelles de ce pays. — (Jean-Louis Crémieux-Brilhac, « Ce qui reste du gaullisme, c’est un sens aigu du social », dans Marianne, 12 juin 2010)
  7. Caractère propre et distinctif.
    • Si tu t’exerces à vivre seulement ce que tu vis, c’est-à-dire le présent, tu pourras vivre tout le temps qui te reste jusqu’à la mort en le passant dans le calme, dans la bienveillance et l’amabilité envers ton génie. — (Paul Guimard, L’Âge de Pierre, Grasset, page 131)
    • Rien n’est plus intéressant que de comparer des
      traductions en vers ; elles révèlent à la fois le
      génie de la langue traduite et celui des langues
      dont se sont servis les traducteurs.
      — (Salomon Reinach, Cornélie, ou Le latin sans pleurs, 1912)
  8. Allégorie, personnification des arts, de la science, de l’industrie, d’une idée abstraite.
    • Le génie de la Liberté.
    • Le génie de la Bastille.
  9. (Militaire) Art de fortifier, d’attaquer, de défendre une place, un camp, un poste.
    • Le génie militaire.
  10. (Par extension) Corps des officiers des soldats qui font l’application de cet art.
    • Le génie est représenté dans l’armée marocaine par un petit corps d’ingénieurs (mohendisîn), dont la fonction principale et à peu près unique est de précéder les corps expéditionnaires et de choisir l’emplacement des campements. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 87)
    • Le génie veut des fortifications partout, non seulement dans l'Est, où le nécessaire est fait, mais jusque sur les côtes. Pourquoi? — (Joseph Caillaux, Mes Mémoires, I, Ma jeunesse orgueilleuse, 1942)
  11. Domaine de connaissance lié à une technique.
    • Génie mécanique.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

GÉNIE. n. m.
L'esprit ou le démon, soit bon, soit mauvais, qui, selon l'opinion des anciens, accompagnait les hommes depuis leur naissance jusqu'à leur mort. Bon génie. Mauvais génie. Le génie de Socrate. Génie familier. C'est votre bon génie qui vous a inspiré ce dessein. Poussé d'un mauvais génie. Je ne sais quel malin génie me poursuit. Fig., Le bon génie, le mauvais génie de quelqu'un, La personne qui par ses conseils ou ses exemples exerce sur lui une bonne ou une mauvaise influence. Cet homme fut son mauvais génie. Sa sœur fut son bon génie. Il se dit aussi des Esprits ou démons qui, selon l'opinion des anciens, présidaient à de certains lieux, à des villes, etc. Le génie du lieu. Le génie de Rome, du peuple romain. Génie tutélaire. Le génie de la peinture, de la poésie, de la musique, etc., Le génie qu'on suppose présider à chacun de ces arts. Il se dit également des Gnomes, des sylphes, des ondins et autres personnages fantastiques, qu'on trouve dans les traditions populaires et dans les contes de fées. Évoquer les génies. Il crut entendre la voix d'un génie. Un génie lui apparut. Il se dit, en termes de Poésie, de Sculpture et de Peinture, des Êtres allégoriques représentant les arts, la science, l'industrie, une idée abstraite. Le génie de la Liberté. Il se dit, par extension, des Figures pour lesquelles on représente ces êtres. Le génie de la Bastille. Il signifie encore Talent, disposition naturelle, aptitude pour une chose. Suivre son génie. S'abandonner à son génie. Forcer son génie. Avoir du génie pour les affaires, pour la poésie. Avoir le génie de la peinture, de la musique, etc. Le génie de la guerre. On le dit quelquefois en mauvaise part. Avoir le génie du mal, de la destruction. Il se dit, particulièrement, de cette Qualité des esprits supérieurs qui les rend capables de créer, d'inventer, d'entreprendre des choses extraordinaires, etc.; et, dans ce sens, on l'emploie souvent absolument. C'est un homme de génie. Cet homme a du génie. L'essor, le feu, l'enthousiasme du génie. Les écarts du génie. L'ascendant du génie. Étouffer le génie naissant. Être dépourvu de génie. Génie universel. Il est doué d'un génie supérieur. Il a une grande supériorité de génie. Son génie sut maîtriser la fortune. Le génie d'Homère, de Raphaël, de Racine, de Descartes. Il se joint quelquefois à des épithètes défavorables pour exprimer Le peu de génie ou de capacité d'une personne. Génie étroit, borné Pauvre génie. Petit génie. Génie médiocre. Il se dit également de Celui qui a du génie. Cet homme est un beau génie, un génie supérieur. Les grands génies qui ont fait la gloire de ce règne. Il signifie aussi Caractère propre et distinctif. Le génie d'une nation, d'un peuple. Chaque peuple a son génie. Le génie de la langue française est la clarté. Il signifie encore Art de fortifier, d'attaquer, de défendre une place, un camp, un poste. Le génie militaire. Par extension, il se dit du Corps des officiers des soldats qui font l'application de cet art. Il est entré dans le génie. Officier du génie. Les troupes du génie. On dit aussi Génie maritime, génie civil pour désigner l'Ensemble des Ingénieurs de la marine et des Ingénieurs civils.

Littré (1872-1877)

GÉNIE (jé-nie) s. m.
  • 1Terme du polythéisme. Esprit ou démon bon ou mauvais qui présidait à la destinée de chaque homme. On jurait par son génie. Le jour de la naissance on offrait un sacrifice au génie. Le mois de décembre était cher aux génies [à cause des repas des saturnales]. On racontait que le mauvais génie de Brutus lui avait apparu la veille de la bataille de Philippes. Pour la dernière fois il faut que je vous nie Ce qu'exige de moi votre mauvais génie, Mairet, Sophon. IV, 5. Mon génie étonné tremble devant le sien, Racine, Brit. II, 2. Ton génie alarmé te parle par ma bouche, Voltaire, M. de César, III, 5. C'est la loi, dit Topaze, chaque homme a ses deux génies ; c'est Platon qui l'a dit le premier, et d'autres l'ont répété ensuite ; tu vois que rien n'est plus véritable ; moi qui te parle, je suis ton bon génie, et ma charge était de veiller auprès de toi jusqu'au dernier moment de ta vie, je m'en suis fidèlement acquitté, Voltaire, le Blanc et le Noir. Et toi, Ébène, avec tes quatre ailes noires, tu es sans doute mon mauvais génie ? Voltaire, ib. Il y avait des génies mâles et des génies femelles ; les génies des dames s'appelaient, chez les Romains, des petites Junons ; on avait encore le plaisir de voir croître son génie ; dans l'enfance c'était une espèce de Cupidon avec des ailes ; dans la vieillesse, il portait une longue barbe ; quelquefois c'était un serpent, Voltaire, Dict. phil. Génie.

    Le génie de Socrate, dit aussi démon (voy. DÉMON), voix qui se faisait entendre à lui pour le détourner de ce qu'il avait résolu, et non pour l'exhorter à rien entreprendre. Vous le savez, amis ; souvent, dès ma jeunesse, Un génie inconnu m'inspira la sagesse, Lamartine, Mort. de Socr.

    Fig. Le bon génie, le mauvais génie de quelqu'un, la personne qui, par ses exemples ou ses conseils ou ses actions, exerce une influence heureuse ou funeste sur la destinée de quelqu'un. Il assure que vous êtes son bon génie, Sévigné, 570.

    Fig. Un bon génie, une circonstance favorable. Voyez qu'un bon génie à propos nous l'envoie, Corneille, Hor. I, 1.

    Il se disait aussi des esprits ou démons qui présidaient à de certains lieux, à des villes, etc. Le génie du lieu. Le génie de Rome. Génie tutélaire. L'un avait vu le génie de l'empire ou de la ville, l'autre celui de Mars et de Saturne ; les génies des quatre éléments s'étaient manifestés à plusieurs philosophes ; plus d'un sage avait vu son propre génie, tout cela d'abord en songe, mais les songes étaient les symboles de la vérité, Voltaire, Dict. phil. Génie.

    Par extension. Le génie de la France, l'ange tutélaire de la France.

    Fig. Le génie de la peinture, de la musique, le génie qu'on imagine comme présidant à chacun de ces arts.

  • 2 Par extension, dans la féerie, nom donné aux différents esprits que recélaient les éléments, les bois, les montagnes, etc. Évoquer les génies. À peine eut-elle commencé à frotter cette lampe, qu'en un instant, en présence de son fils, un génie hideux et d'une grandeur gigantesque s'éleva et parut devant elle et lui dit d'une voix tonnante : Que veux-tu ? me voici prêt à t'obéir comme ton esclave et de tous ceux qui ont la lampe à la main, moi avec les autres esclaves de la lampe, Galland, Mille et une Nuits, Lampe merveilleuse. Invoquons la faveur de ces puissants génies à qui des bois sacrés les nymphes sont unies, Delavigne, Paria, II, 6. L'Alhambra ! l'Alhambra, palais que les génies Ont doré comme un rêve et rempli d'harmonies, Forteresse aux créneaux festonnés et croulants, Hugo, Orient. XXX.
  • 3 Terme d'iconologie. Figures allégoriques d'enfants ou d'hommes ailés, qui, selon les attributs qu'on leur donne, représentent les vertus, les arts, les passions, etc.
  • 4 Fig. Talent inné, disposition naturelle à certaines choses (sens qui fut un néologisme dans la latinité et qui vient des qualités brillantes qu'on attribuait aux génies). Il est bon de s'accommoder à son sujet ; mais il est encore meilleur de s'accommoder à son génie, La Fontaine, Psyché, I, p. 88. Les mêmes degrés se rencontrent entre les génies qu'entre les conditions, Pascal, dans COUSIN. Son génie à la géométrie commença à paraître lorsqu'il n'avait encore que douze ans, Mme Périer, Vie de Pascal. Ce n'était pas seulement la guerre qui lui donnait de l'éclat ; son grand génie embrassait tout, l'antique comme le moderne, l'histoire, la philosophie, la théologie la plus sublime, et les arts avec les sciences, Bossuet, Louis de Bourbon. Le génie de la princesse palatine se trouva également propre aux divertissements et aux affaires, Bossuet, Anne de Gonz. Ce qui rend sa modération plus digne de nos louanges, c'est la force de son génie né pour l'action, et la vigueur qui, durant cinq ans, lui fit dévouer sa tête aux fureurs civiles, Bossuet, le Tellier. Dans ces fatales conjonctures il fallait à un ministre étranger un homme d'un ferme génie qui…, Bossuet, ib. Je sens de jour en jour dépérir mon génie, Boileau, Épît. VIII. Mais pourtant on a vu le vin et le hasard Inspirer quelquefois une muse grossière, Et fournir sans génie un couplet à Linière, Boileau, Art p. II. Il avait du génie pour la musique, Hamilton, Gramm. 8. Ceux en qui on remarque le génie de la guerre, Fénelon, Tél. XI. Nous n'avons fait aucun tort aux beaux-arts ni aux hommes qui ont un vrai génie pour les cultiver, Fénelon, ib. XXII. La perfection consisterait à savoir assortir toujours son style à la matière qu'on traite ; mais qui peut être le maître de son habitude et ployer son génie à son gré ? Voltaire, Dict. phil. Genre. Que la reine, en ces lieux, brillants de sa splendeur, De son puissant génie imprime la grandeur, Voltaire, Sémir. I, 1. Le Poussin, déjà grand peintre avant d'avoir vu de bons tableaux, avait le génie de la peinture ; Lulli, qui ne vit aucun bon musicien en France, avait le génie de la musique, Voltaire, Dict. phil. Génie.

    En mauvaise part. Avoir le génie du mal, de la destruction. Son génie le porte à mal faire.

    De génie, se dit d'un travail inspiré par la propre invention de l'auteur, et quelquefois en s'écartant des règles communes. Je sens que mon esprit travaille de génie, Boileau, Sat. VII. Ses vers [de Boileau], forts et harmonieux, faits de génie, quoique travaillés avec art, pleins de traits et de poésie, seront lus encore quand la langue aura vieilli, La Bruyère, Disc. à l'Acad. fr. Il [le peintre] ne travaillerait plus de génie, Fénelon, Tél. XXII. Il est vrai qu'il n'y a que ce morceau qui soit de génie, et que le reste n'est que de travail et d'érudition ; mais on doit être fort obligé à un homme tel que lui, quand il veut bien, pour l'utilité publique, faire quelque chose qui ne soit pas de génie, Fontenelle, Leibnitz. C'est le défaut de tous les écrivains qui n'écrivent point de génie, mais par imitation, Vauvenargues, Dialog. Isocrate, Démosthènes.

  • 5Particulièrement, aptitude spéciale dépassant la mesure commune soit dans les lettres et les beaux-arts (concevoir et exprimer), soit dans les sciences et la philosophie (inventer, induire, déduire, systématiser), soit dans l'action telle que celle de l'homme d'État, du militaire, etc. Le génie et les grands talents manquent souvent, quelquefois aussi les seules occasions ; tels peuvent être loués de ce qu'ils ont fait ; et tels, de ce qu'ils auraient fait, La Bruyère, II. Tel, aux premiers accès d'une sainte manie, Mon esprit alarmé redoute du génie L'assaut victorieux, Rousseau J.-B. Ode au Comte de Luc. Ajoutons que le génie dans la force même de l'âge n'est pas de toutes les heures, et que surtout il craint les approches de la vieillesse, D'Olivet, Hist. Acad. t. II, p. 384, dans POUGENS. Ce terme de génie semble devoir désigner non pas indistinctement les grands talents, mais ceux dans lesquels il entre de l'invention, Voltaire, Dict. phil. Génie. C'est le caractère du vrai génie de répandre la fécondité sur un sujet stérile, et de varier ce qui semble uniforme, Voltaire, Vie de Molière. Le génie n'est autre chose qu'une grande aptitude à la patience, Buffon, Disc. de réception à l'Acad. Il voit, comme l'a dit un grand homme, les abstraits dans les concrets, les concrets dans les abstraits ; Voilà le génie, Bonnet, Ess. analyt. âme, ch. 16. Je ne demande point… Ni même, vœu plus doux ! que la main d'Uranie Embellisse mon front des palmes du génie, Chénier, Ép. I. Le génie inspire le besoin de la gloire, Staël, Corinne, XVI, 1. Je ne sais quelle force involontaire précipite le génie dans le malheur, Staël, ib. XIII, 4. Le génie ne cherche point à combattre ce qui est dans l'essence des choses ; sa supériorité consiste, au contraire, à la deviner, Staël, ib. VIII, 3. Parmi les causes d'accroissement de la population, il ne faut pas compter pour peu le repos de Napoléon ; depuis que ce grand homme est là où son rare génie l'a conduit, trois millions de jeunes gens seraient morts pour sa gloire, qui ont femme et enfants maintenant, Courier, Lettre v. Et comment concevoir que Ninus, un héros… Par un noir parricide ait souillé son génie ? Briffaut, Ninus II, I, 1. Mais quoi ! tandis que le génie Te ravit si loin de nos yeux, Les lâches clameurs de l'envie Te suivent jusque dans les cieux, Lamartine, Méd. I, 19. Les siècles sont à toi, le monde est ta patrie ; Quand nous ne sommes plus, notre ombre a des autels, Où le juste avenir prépare à ton génie Des honneurs immortels, Lamartine, Méd. I, 14.

    Homme de génie. L'homme de génie est connu de la postérité ; l'homme en est ignoré, Diderot, Claude et Nér. I, 102. Une des plus fortes passions est l'amour de la vérité dans l'homme de génie, Laplace, Expos. v, 4.

    Fig. Ce qui inspire comme fait le génie. Ils reçurent du ciel un cœur tel que le nôtre ; Ce cœur fut leur génie ; il fut leur Apollon, Et leur docte fontaine et leur sacré vallon, Chénier, Ép. I. Non, l'amour, l'amitié, la sublime harmonie, Tous ces dons précieux n'ont qu'un même génie : Même souffle anima le poëte charmant, L'ami religieux et le parfait amant, Chénier, ib.

    Joint à des épithètes défavorables il exprime le peu de génie, de capacité qu'a une personne. Génie borné. Petit génie. Pauvre génie. Génie médiocre. Dans son génie étroit il est toujours captif, Pour lui Phébus est sourd et Pégase est rétif, Boileau, Art p. I.

    On le dit aussi en ce sens, par modestie, en parlant de soi-même. Je mesure mon vol à mon faible génie, Boileau, Disc. au roi. Ami, je n'irai plus ravir si loin de moi, Dans les secrets de Dieu, ces comment, ces pourquoi, Ni du risible effort de mon faible génie, Aider péniblement la sagesse infinie, Lamartine, Méd. I, 20.

  • 6Personne de génie. Un beau génie. Ce génie fut la lumière de son siècle. Il ne fallait qu'ouvrir l'entrée des affaires à un génie si perçant, pour l'introduire bien avant dans les secrets de la politique, Bossuet, le Tellier. Sitôt que d'Apollon un génie inspiré Trouve loin du vulgaire un chemin ignoré, En cent lieux contre lui les cabales s'amassent, Boileau, Épît. VII. Il se peut que plusieurs personnes jouent mieux aux échecs que l'inventeur de ce jeu, et qu'ils lui gagnassent les grains de blé que le roi des Indes voulait lui donner ; mais cet inventeur était un génie, et ceux qui le gagneraient peuvent ne pas l'être, Voltaire, Dict. phil. Génie. Roger Bacon fut un des génies les plus surprenants que la nature ait produits, et un des hommes les plus malheureux, Diderot, Opin. des anc. philos. (scolastiques). Les génies les plus pénétrants, les plus profonds, ne se distinguent des autres hommes que parce qu'ils emploient un plus petit nombre de milieux, Bonnet, Ess. psychol. ch. 80.

    Ironiquement. Et jamais comme nous en bonne compagnie On ne voit chez les grands souper votre génie, Gilbert, Apologie.

    Avec une épithète défavorable, il se dit d'un homme de peu d'esprit, de peu de portée. Je suis facile à tromper, moi ; je suis le plus pauvre génie du monde, Lesage, Crisp. riv. de son maître, sc. 19. C'est un bourgeois fort simple, un petit génie, Lesage, ib. sc. 2. Que les petits génies se tiennent dans les bornes étroites de l'imitation, sans oser les franchir, à la bonne heure, Lesage, Diable boît. ch. 14.

    Familièrement. Ce n'est pas un génie, se dit d'une personne qui a peu d'imagination, peu d'intelligence.

  • 7 Fig. Caractère propre et distinctif de personnes. Il est vrai que du ciel la prudence infinie Départ à chaque peuple un différent génie, Corneille, Cinna, II, 1. …Enfin, Burrhus, Néron découvre son génie ; Cette férocité que tu croyais fléchir. De tes faibles liens est prête à s'affranchir, Racine, Brit. III, 2. Quelques vérités qui flattaient le génie de la nation, Hamilton, Gramm. 7. Il n'est pas moins important d'étudier avec soin les mœurs des peuples, leur génie, leurs loix, leurs usages, leurs coutumes, Rollin, Hist. anc. Préf.

    Caractère propre et distinctif de choses. Il est malaisé de vous définir le livre ; vous en connaissez le génie, Bossuet, Lett. 174. Durant la captivité et ensuite par le commerce qu'il fallut avoir avec les Chaldéens, les Juifs apprirent la langue chaldaïque, fort approchante de la leur et qui avait presque le même génie, Bossuet, Hist. I, 8. On appelle génie d'une langue son aptitude à dire de la manière la plus courte et la plus harmonieuse ce que les autres langues expriment moins heureusement, Voltaire, Dict. phil. Langues. Le génie de la langue française sera plus fait pour la conversation, parce que sa marche, nécessairement simple et régulière, ne gênera jamais l'esprit… le style lapidaire sera plus dans le génie de la langue latine, Voltaire, ib. Génie. D'après l'athée, la nature est une langue dont les barbarismes forment seuls l'essence et le génie, Chateaubriand, Génie, I, VI, 4. Le Nouveau Testament change le génie de la peinture, Chateaubriand, Génie, III, I, 4.

    Terme de médecine. Caractère des affections régnantes. Génie inflammatoire. Génie bilieux.

  • 8 Terme de guerre. L'art de l'attaque et de la défense des places, des postes, etc. École d'artillerie et du génie. L'arme du génie. S'il se rencontrait des obstacles imprévus dans la carrière du génie, peut-être pourrais-je tourner mes idées d'un autre côté, Courier, Lett. I, 5.

    Absolument. Le génie, le corps des troupes de cette arme. Un officier du génie.

    Génie militaire, se dit souvent aussi par opposition au corps des ingénieurs civils qu'on nomme le génie civil.

  • 9Le génie civil, l'art des constructions civiles.

    Le corps d'ingénieurs chargé de ces constructions.

  • 10Génie maritime, l'art de construire les vaisseaux.

    Corps d'officiers institué pour appliquer les hautes sciences à l'architecture navale.

HISTORIQUE

XVIe s. Bertrand Duguesclin fut un genie de ce caractere, Mém. s. du G. ch. 1er.

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Étymologie de « génie »

Prov. genh, geinh, gienh, ginh ; cat. geni, giny ; esp. et ital. genio ; du lat. genius, génie, démon favorable. Génie est moderne en français ; la forme ancienne aurait été très voisine de celle du provençal, l'accent en latin étant sur ge.

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(Nom 1) (1532)[1] Du latin genius (« démon tutélaire qui préside à la conception, génie »)[2]. Le mot apparait pour la première fois, en français, sous la plume de François Rabelais[1]. Le sens de « art de fortifier, corps militaire en charge des fortifications » est dû à l’influence de ingénieur[1] qui lui est apparenté.
(Nom 2) Croisement du précédent avec l’arabe جِنٌّ (jinnũ) (« djinn ») ; esprit, démon.
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Phonétique du mot « génie »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
génie ʒeni

Fréquence d'apparition du mot « génie » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « génie »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « génie »

  • À moins d'être un génie, il vaut mieux s'efforcer d'être intelligible.
    sir Anthony Hope Hawkins, dit Anthony Hope — The Dolly Dialogues
  • Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie !
    Pierre Augustin Caron de Beaumarchais — Le Mariage de Figaro, V, 3
  • Le génie abaisse davantage qu'il n'élève ; l'idée du génie empêche d'être simple, engage à montrer l'essentiel, à dissimuler ce qui décevrait : il n'est pas de génie concevable sans art.
    Georges Bataille — L'expérience intérieure
  • Le crétin diffère moins de l'homme ordinaire que celui-ci ne diffère de l'homme de génie.
    Gustave Flaubert — Carnets
  • Le génie est une question de muqueuses. L'art est une question de virgules.
    Léon-Paul Fargue — Sous la lampe
  • Le devoir est de vaincre, et un inéluctable despotisme participe du génie.
    Stéphane Mallarmé — Les Poèmes d'Edgar Poe, Scolies
  • [Balzac,] son métier c'est son génie.
    Maurice Barrès — Mes cahiers, Plon
  • Tout enfant est en quelque façon un génie, et tout génie un enfant.
    Arthur Schopenhauer
  • Que j'aimerais […] qu'on serve les fatalités de sa nature avec intelligence : il n'y a pas d'autre génie.
    Louis Poirier, dit Julien Gracq — Un beau ténébreux, José Corti
  • Extension de noblesse oblige  : le génie n'oblige pas moins que la noblesse.
    Franz Liszt — Über Paganini
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Traductions du mot « génie »

Langue Traduction
Anglais genius
Espagnol genio
Italien genio
Allemand genius
Chinois 天才
Arabe العبقري
Portugais gênio
Russe гениальность
Japonais 天才
Basque jenio
Corse genius
Source : Google Translate API

Synonymes de « génie »

Source : synonymes de génie sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « génie »

Combien de points fait le mot génie au Scrabble ?

Nombre de points du mot génie au scrabble : 5 points

Génie

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